La pauvreté, une tare américaine
L'état de grâce de Barack Obama, cette éphémère période postélectorale où le nouveau président, porté par l'opinion et les sondages, a les coudées franches, semble révolu. Outre qu'une majorité d'Américains n'est pas d'accord sur le fait que l'Afghanistan soit une «bonne guerre», la rentrée politique s'annonce en effet particulièrement difficile pour le président Obama au niveau interne.
Sa principale promesse de campagne, l'instauration d'une couverture médicale pour les Américains qui ne disposent pas d'une assurance privée, est violemment battue en brèche par l'opposition républicaine et une bonne partie des dirigeants élus du parti démocrate. L'affaire est particulièrement sensible au pays de la réussite individuelle. La même thématique avait déjà fortement affaibli Bill Clinton lorsqu'il dirigeait l'exécutif. Son épouse, l'actuelle secrétaire d'Etat, alors chargée du dossier, avait essuyé des salves de critiques d'une virulence croissante. Jusqu'à jeter l'éponge et s'avouer vaincue.
Dans le pays le plus riche du monde, qui se pose en modèle économique et social pour la planète, près de cinquante millions d'individus, sur une population totale de trois cent cinq millions d'habitants, ne bénéficient d'aucune couverture contre les aléas de la vie. En cas de maladie et de nécessité de soins, un Américain sur six est condamné à espérer une aléatoire charité ou à mourir dans l'indifférence glaciale d'une société qui représente la pauvreté comme une tare. Le débat est révélateur de ce que certains politologues appellent «l'idéologie américaine», une représentation du monde où la réussite matérielle est à la portée de tous, pour autant que l'on fasse preuve d'opiniâtreté, d'opportunisme et de sens des affaires. Dans cette vision simpliste et brutale, ceux qui échouent n'ont qu'à s'en prendre à eux-mêmes.
La morale de cette société est une morale du succès économique, l'échec est considéré comme une faiblesse coupable. Dans cet ordre ressassé jusqu'à la nausée, les pauvres sont comptables de leur situation et ne doivent en aucun cas s'en remettre à l'Etat pour faire face aux contraintes qu'ils peuvent subir. Bien entendu, ces pauvres, considérés comme des handicapés, peuvent bénéficier de la compassion des plus riches, elle n'est pas rare. Mais ils ne peuvent espérer que leur situation leur ouvre des droits assumés par la collectivité.
C'est en surfant sur ces lieux communs impitoyables que la droite américaine, celle de Fox News et des lobbies, mène une campagne d'une très grande violence contre Barack Obama. Le système de santé américain, quasi complètement privatisé, est l'un des plus onéreux et des moins efficaces au monde. Ceux-là mêmes qui sont les chantres de la privatisation illimitée reconnaissent, du bout des lèvres certes, que les systèmes publics européens sont, de loin, bien plus performants.
Mais cette reconnaissance bute immédiatement sur le credo libéral et sa vulgarite du chacun pour soi, du chacun selon ses moyens. La solidarité n'est vraiment pas une valeur américaine. Face à la charge et au feu roulant d'une propagande aussi vulgaire que très souvent grossièrement mensongère, l'équipe Obama fait preuve de désarroi et montre même des signes de panique. Cet affaiblissement très perceptible n'est pas de bon augure, le rétrécissement des marges de manoeuvre interne de la Maison-Blanche est préoccupant.
L'incapacité à mener à bien ce qui apparaissait comme l'épine dorsale de la politique intérieure pénalise Obama vis-à-vis de son électorat et contribue à le décrédibiliser à l'extérieur des Etats-Unis.
L'état de grâce de Barack Obama, cette éphémère période postélectorale où le nouveau président, porté par l'opinion et les sondages, a les coudées franches, semble révolu. Outre qu'une majorité d'Américains n'est pas d'accord sur le fait que l'Afghanistan soit une «bonne guerre», la rentrée politique s'annonce en effet particulièrement difficile pour le président Obama au niveau interne.
Sa principale promesse de campagne, l'instauration d'une couverture médicale pour les Américains qui ne disposent pas d'une assurance privée, est violemment battue en brèche par l'opposition républicaine et une bonne partie des dirigeants élus du parti démocrate. L'affaire est particulièrement sensible au pays de la réussite individuelle. La même thématique avait déjà fortement affaibli Bill Clinton lorsqu'il dirigeait l'exécutif. Son épouse, l'actuelle secrétaire d'Etat, alors chargée du dossier, avait essuyé des salves de critiques d'une virulence croissante. Jusqu'à jeter l'éponge et s'avouer vaincue.
Dans le pays le plus riche du monde, qui se pose en modèle économique et social pour la planète, près de cinquante millions d'individus, sur une population totale de trois cent cinq millions d'habitants, ne bénéficient d'aucune couverture contre les aléas de la vie. En cas de maladie et de nécessité de soins, un Américain sur six est condamné à espérer une aléatoire charité ou à mourir dans l'indifférence glaciale d'une société qui représente la pauvreté comme une tare. Le débat est révélateur de ce que certains politologues appellent «l'idéologie américaine», une représentation du monde où la réussite matérielle est à la portée de tous, pour autant que l'on fasse preuve d'opiniâtreté, d'opportunisme et de sens des affaires. Dans cette vision simpliste et brutale, ceux qui échouent n'ont qu'à s'en prendre à eux-mêmes.
La morale de cette société est une morale du succès économique, l'échec est considéré comme une faiblesse coupable. Dans cet ordre ressassé jusqu'à la nausée, les pauvres sont comptables de leur situation et ne doivent en aucun cas s'en remettre à l'Etat pour faire face aux contraintes qu'ils peuvent subir. Bien entendu, ces pauvres, considérés comme des handicapés, peuvent bénéficier de la compassion des plus riches, elle n'est pas rare. Mais ils ne peuvent espérer que leur situation leur ouvre des droits assumés par la collectivité.
C'est en surfant sur ces lieux communs impitoyables que la droite américaine, celle de Fox News et des lobbies, mène une campagne d'une très grande violence contre Barack Obama. Le système de santé américain, quasi complètement privatisé, est l'un des plus onéreux et des moins efficaces au monde. Ceux-là mêmes qui sont les chantres de la privatisation illimitée reconnaissent, du bout des lèvres certes, que les systèmes publics européens sont, de loin, bien plus performants.
Mais cette reconnaissance bute immédiatement sur le credo libéral et sa vulgarite du chacun pour soi, du chacun selon ses moyens. La solidarité n'est vraiment pas une valeur américaine. Face à la charge et au feu roulant d'une propagande aussi vulgaire que très souvent grossièrement mensongère, l'équipe Obama fait preuve de désarroi et montre même des signes de panique. Cet affaiblissement très perceptible n'est pas de bon augure, le rétrécissement des marges de manoeuvre interne de la Maison-Blanche est préoccupant.
L'incapacité à mener à bien ce qui apparaissait comme l'épine dorsale de la politique intérieure pénalise Obama vis-à-vis de son électorat et contribue à le décrédibiliser à l'extérieur des Etats-Unis.