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Octobre 1988, vingt et un ans après: éclairages médiatiques croisés...

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admin"SNP1975"

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par Mohamed Ghriss *

1ère partie.

«Ils considèrent tout avec mépris, s'autorisant abus et anarchie, croyant le sage inutile, s'imposant comme les seuls valables...» Hadj M'Hamed El Anqa. (Extrait traduit d'un refrain de sa qacida populaire «Sobhan Allah ya L'tif)

Si pour nombre d'observa-teurs, les prémisses de l'ex-plosion d'octobre 1988, ont commencé à se dessiner dès la fin 1987, pour d'autres les signes avant-coureurs de cette fracture sociale remontent, au contraire, à une autre période d'amorce de contradictions complexes de la société algérienne. En effet, ces contradictions exacerbantes, cumulant, entre autres les frustrations multiples des citoyens résultant de l'oppression et injustices sociales systématiques, se sont signalées déjà au début des années 1980, durant lesquelles les émeutes sporadiques et le ras le bol général, ont atteint le point culminant avec, notamment, les soulèvements populaires massifs qui ont investi la rue, à travers les grands pôles sensibles de l'Algérie: ainsi la revendication massive du printemps berbère de 1980 en Kabylie, les évènements d'Oran en 1982 en passant par les manifestations de Constantine en 1986, etc., qui ont précédé, donc, l'explosion politico-sociale d'octobre 88, dont l'onde de choc s'est étendue, par la suite, sur tout le territoire national, annonçant, ainsi, la fin du «consensus national officiel» hégémonique, maintenu jusque là. Soit une rupture, rompant avec le monopartisme consacré d'auparavant, par l'irruption d'une brusque et profonde fracture dans le tissu social, synonyme de réorientation idéologique du système, et auquel sera donné le feu vert opérationnel à partir de l'été 1988, principalement, qui vit se multiplier les signes de l'annulation du 6è congrès du FLN prévu pour décembre de la même année, bien avant que Chadli Bendjedid ne suspende officiellement ; au mois de juillet, les travaux de la commission de sa préparation présidée par Mohammed Chérif Messaâdia, secondé de Mouloud Hamrouche et Abdelhamid Brahimi. Ceci alors que dans la rue, une rumeur persistante répand partout la nouvelle d'une grève générale prévue pour le 5 octobre - ce que confirmera plus tard le propre chef de la Sécurité Militaire, Lakhal Ayat, qui se serait agité en vain pour la prévenir, selon ses déclarations (M. Lakhal AYAT, in Sid Ahmed SEMIANE (dir.), Octobre, ils parlent, op. cit., p. 129.).

Une intense effervescence avait gagné toute la capitale, suite au discours présidentiel enflammé du 19 septembre, qui a suscité la stupeur de tous les Algériens, surpris par le ton «nouveau» de Chadli Bendjedid accusant ouvertement, - brisant le sacro-saint principe du tabou conformiste du centralisme dirigiste FLN-Gouvernement,- «d'entraver sa démarche», fustigeant les «incapables», mettant à l'index les «spéculateurs accumulant des richesses colossales en des temps records» et dénonçant les «incompétents» et «irresponsables» des clans rivaux, avertissant notamment, «ceux qui ne peuvent plus assumer leurs responsabilités doivent se démettre...ou ils seront démis».( cf. Extraits du discours du président Chadli publié dans El Moudjahid du 23/09/1988). C'est à croire qu'il tenait là un discours d'un parfait opposant au système, comme pour se démarquer du bilan d'un FLN n'ayant plus que quelques semaines de prééminence devant lui, alors qu'il en était, assez longtemps partie prenante auparavant...

De telles audacieuses invectives de grosses têtes du système apparatchik, émanant du premier responsable du pays, ne pouvaient être perçus par la population que comme une incitation à la révolte Une insubordination populaire qui irait, pardi, dans le sens des vœux du chef de file des «réformateurs» opposé aux caciques inamovibles, ce qui expliquerait pourquoi les premières vagues de manifestants criant leur colère, ciblant notamment qasmas FLN et institutions symboliques du régime, se sont vus retirer, sur leur passage, au moment opportun, les dispositifs répressifs, suivant des consignes de conduite tendant à renforcer l'opposition, par tous les moyens possibles, l'aile apparatchik rivale du clan FLNiste adverse.

Cette montée de tension sera davantage accentuée avec la manœuvre décidée en haut lieu de suppression de la prime annuelle des salariés de l'industrie, entraînant l'effet escompté, spécialement dans la contrée industrielle de la banlieue d'Alger, de Rouïba et Reghaïa, d'une paralysie totale de la zone, observant un appel à la grève. A cela s'ajoute, en vue de maintenir la pression sociale, la mesure en date du 29 septembre, avisant les banques par télex de la suppression de l'allocation devise dite «touristique», en plus des autres nombreuses initiatives impopulaires, ver /nant alimenter les folles rumeurs des émeutes à l'affût, dans les dix derniers jours du mois de septembre. Et le 1er octobre, la rumeur est à son paroxysme, s'étant propagée dans le tout Alger, parmi la population, juvénile surtout, qui se préparait à sortir dans la rue pour crier son ras le bol d'un système tyrannique castrateur, répercutant, partout, que «le 5 cela va barder !»...

En prévision des évènements, rapportent les échos de presse locaux et extérieurs, un imposant dispositif anti-émeutes est mis en place le 2 octobre, pour empêcher les débordements des manifestants, les forces de police, parfaitement organisées, gérant les affrontements avec des canons à eau et des chiens, ne tirant pas un seul coup, tandis que les principaux dirigeants du FLN sont «réquisitionnés» et «protégés par des commandos parachutistes. Et le 4 octobre, veille du déclenchement des émeutes, des forces spéciales de l'armée bouclent le siège du parti unique, rapporte l'envoyé spécial de journal français Le Monde, indiquant que «des chars sont venus dans le courant de la journée prendre position au bas des escaliers conduisant à l'esplanade d'Afrique. De l'autre côté, des automitrailleuses légères interdisent l'entrée principale» ( Le Monde, 8 octobre 1988).

Le discours du 19 septembre de Chadli jugé provocateur !

Vraisemblablement, toutes les parties d'un sombre scénario semblent avoir été mises en place, par des éléments apparentés au système auxquels ont répliqué leurs partenaires adverses, la «populace» ayant servi de «chair à canon», utilisable à souhait pour parvenir à leurs fins politiciennes. Ce qui ressort des multiples contradictions discréditant sur le terrain, à commencer par celles observées aux tous débuts du cauchemar, mors de la grève des ouvriers de la zone industrielle de Rouiba qui avait éclaté bien avant le 5 octobre. Il y a le témoignage, entre autres, de M. Messaoudi, secrétaire général de l'Union locale UGTA de Rouiba, qui rapporte notamment que le discours de Chadli «encourageant les travailleurs à défendre leurs droits, comme l'exemple des ouvriers grévistes égyptiens contre la cherté de la viande qu'il cita, coïncidait justement avec la revendication des 18 000 travailleurs de la Société Nationale des Véhicules industriels ( SNVI ) exacerbés par l'érosion de leur pouvoir d'achat, et ce d'autant plus qu'ils contestaient à suppression de la «prime de jouet» de 200 DA que la direction a décidé, pour raisons économiques, de ne plus accorder aux travailleurs.

Ce qui a soulevé un tollé général et enclenché une vague de protestation au niveau de toutes les unités de la SNVI.

«Le discours provocateur de Chadli qui coïncidait avec la contestation des lycéens a pris tout le monde de vitesse»,témoigne M. Messaoudi, (...) le 29 septembre, des centaines de travailleurs se regroupent à l'intérieur du complexe SNVI. En plus de la prime du jouet, les grévistes exigent la valorisation des salaires et la baisse des prix des produits alimentaires. La contestation ne tarde pas à gagner les autres unités telles que l'Enel, l'Emal, Anabib, GTP, Batimetal, l'Enab et l'Enag. «Les conseils de Chadli et les pénuries de l'époque ( café, cigarettes, semoule, et huile) ont contribué au pourrissement du climat social», dit M. Messaoudi qui ajoute que «des assemblées générales ont été organisées même à 5 h mais, curieusement, à chaque fois qu'un accord est conclu, il est torpillé le lendemain. Les sections syndicales et les fameuses cellules d'entreprise du parti FLN sont dépassées, voire contestées par une frange des travailleurs sous l'impulsion d'islamistes visiblement déterminés. Ces derniers qui étaient en hibernation, ont pu développer en douceur leur offensive grâce aux «moussalas» (mosquées aménagées à l'intérieur) mises à leur disposition.

Ce sont ces noyaux qui donneront quelques naissance, quelques mois plus tard, au SIT (Syndicat Islamique des Travailleurs).

Pour sa part, M.Chebab Aomar, secrétaire général de l'union de wilaya de Boumerdès, affirmera que le samedi 1er octobre, après que les travailleurs soient sortis dans la rue «la manifestation se voulait pacifique et elle répondait à la volonté qui ne demandaient que leurs droits, mais d'autres personnes animées par d'autres considérations ont bloqué la route». La manifestation dégénère et la police a eu recours aux bombes lacrymogènes pour dégager la route. «Le lendemain des groupes d'individus étrangers sont venus à bord de véhicules banalisés pour inciter les travailleurs à sortir dans la rue», indique M.Chebab . Et c'est ainsi que le mardi 3 octobre, des manifestants survoltés s'attaquent à l'unité de l'Enatb et à la brasserie de Reghaia, et tentent de l'incendier. L'attaque est repoussée par des centaines de travailleurs armés de gourdins et de bâtons, Le 5 octobre 1988, d'autres casseurs gonflés à bloc se dirigent vers les zones industrielles de Rouiba et de Reghaia. Ils seront chassés encore une fois par les ouvriers. «Non, la zone industrielle a subi le 5 octobre et ne l'a pas enfanté ! «affirme Messaoudi» (rapporté par Madjid T, in article «La zone industrielle de Rouiba n'a pas enfanté le 5 octobre...», Liberté du dimanche 5 octobre 2008).

Autre témoignage de Sadek Hadjerès, ex-premier secrétaire du PAGS (Parti d'Avant-Garde socialiste clandestin) qui rapporte que dans la nuit du 4 au 5 octobre, la répression s'est abattue sur le mouvement social et politique pourtant pacifique des travailleurs : «Cette diversion grossière a ciblé massivement les cadres et les structures d'organisation du PAGS et des syndicats actifs. Elle va fournir après coup la preuve flagrante que des sphères étaient informées par avance des mouvements destructeurs des commandos de casseurs qu'ils allaient tolérer le lendemain(...) Ils visaient à brouiller les pistes (...) Les dizaines de cadres syndicaux et politiques arrêtés et «disparus» dans les casernes et lieux de détention seront sauvagement torturés comme on l'apprendra seulement quinze jours plus tard à leur libration. Leur arrestation «préventive» n'était pas fondée sur des actes mais sur les fiches de police établies durant les années précédentes. Certaines comportaient des erreurs grossières et ont frappé des gens n'ayant plus d'activité militante.» ; quant à l'ébranlement des manifestations, «(...) Le point de départ a été le déchaînement simultané à la mi-journée de jeunes notamment adolescents dans les artères centrales de la capitale et d'autres villes du pays. Leur déferlement n'avait rien d'un «chahut de gamins» spontané comme l'avait qualifié un responsable FLN de l'époque. Une grande partie de ces jeunes étaient peu ou pas du tout politisés ou membres d'organisations, ils avaient été attirés par les rumeurs lancées les derniers jours de septembre lorsque, avec le discours du président, le bras de fer des «chefs» avait débordé les coulisses du pouvoir.

D'autres, par contre, avaient été recrutés et étroitement encadrés sur le terrain pour un travail de casse sélectif dans les villes. La synchronisation, certains mots d'ordre provocateurs proférés, les cibles des destructions, les actes de diversion étaient orchestrés directement par des chefs de file reconnaissables à divers indices. Le scénario était visiblement planifié en haut lieu. Les services de sécurité, «débordés» ou sur ordre, sont pratiquement restés à distance sans réprimer ces jeunes.» ( Cf. «Les journées d'octobre 1988 :vues d'hier et d'aujourd'hui», témoignages dans Le Soir d'Algérie du dimanche 5 octobre 2008).

Par la suite, dans la brèche ainsi créée, se sont engouffrés des milliers de jeunes manifestants, arborant s d'autres significations, et exprimant leur révolte sans être pourtant porteurs d'un projet politique social précis. D'une manière générale, l'immense majorité des manifestants, s'agitant de façon inorganisée, leurs sensibilités idéologiques variant, - unis, conjoncturellement, seulement par leur colère et leur soif de justice,- occupaient la rue selon des solidarités de proximité ( quartiers, associations, etc.). Leurs heurts avec les forces de sûreté ont été férocement réprimés, des centaines d'entre eux ayant perdu la vie et des milliers blessés. «Ils ne sont pas à confondre avec une troisième vague de manifestants, entrés en lice dans les derniers jours à la suite de tractations du pouvoir impliquant une ou des mouvances islamistes»,qui, quoique «animés par le même sentiment de révolte, ils étaient minoritaires», néanmoins par rapport aux premières vagues d'insurgés,» mais relativement structurés et regroupés idéologiquement » de l'avis de Sadek Hadjerès (Cf ; Ibid ci-dessus).

De la manipulation dans l'air...

Pour sa part, Me Mokrane Ait Larbi, avocat et militant des droits de l'homme estime que:» (...) Le 5 octobre était une «frappe préventive» contre la démocratie. Un clan du pouvoir a poussé des milliers de jeunes dans les rues d'Alger avec un seul objectif : s'attaquer aux institutions. Un autre clan a utilisé l'armée pour défendre ces mêmes institutions. «L'ouverture», qui a suivi ces évènements, a été prise au sérieux par les Algériens qui avaient commencé à s'organiser, à s'exprimer et à revendiquer un régime démocratique. Le pouvoir, pour ne pas perdre le pouvoir, a procédé à d'autres frappes préventives, toujours contre la démocratie en agréant le FIS (...)» ( in interview réalisée par Madjid Makedhi , Supplément spécial d'El Watan consacré à la commémoration du 20ème anniversaire d'octobre 1988, édition du dimanche 5 octobre 2008).

Manigances de coulisses que le général Lakhal Ayat, ancien directeur des services de renseignements dépendants de la Présidence, (la DGPS), confirme en révélant, quelques années plus tard, qu' il y a bien eu «complot algéro-algérien» : l'ex patron de la très redoutable Sécurité Militaire (SM),après s'être dégagé de toute responsabilité gestion des évènements d'Octobre et qui a été limogé fin octobre, au même titre que le patron du FLN, Mohamed Chérif Messadia, tresse les contours de cette machination :«On a voulu faire croire au peuple que c'est la rue qui réclamait les changements». Je m'explique: si on proclame des réformes et que la rue bouge, cela veut dire que le pouvoir est désavoué. Mais si l'on fait bouger la rue et qu'on impose des réformes, cela veut dire que la rue réclame des changements» déclarait-il avant d'ajouter que les changements rapides et radicaux intervenus au lendemain d'Octobre ( le référendum du 3 novembre et la nouvelle Constitution de février 1989) n'étaient que «le dernier acte d'un scénario mal ficelé». ( cf. rapporté in article Octobre dans les livres...», de Mohand Aziri, Supplément spécial Octobre 1988 d'El Watan du 5 /10/2008).

Pour beaucoup d'observateurs de la période, politiciens, sociologues, journalistes, auteurs, etc., le virage d'«Octobre 1988», a été incontestablement la résultante d'une machination montée de toutes pièces, qui a commencé à se dessiner dès la fin 1987. Et surtout à partir de l'été 1988 qui vit se multiplier les signes avant - coureurs de l'annulation du 6 è congrès du FLN prévu pour décembre, Chadli Bendjedid suspendant dès le mois de juillet les travaux de la commission de sa préparation présidée par Mohammed Chérif Messaâdia, secondé de Mouloud Hamrouche et Abdelhamid Brahimi.

Il semblerait, à la lecture de ces divers écrits et témoignages, si l'on voudrait bien considérer les choses sous un autre angle divergent, que ce n'est pas à une «certaine autorité cherchant à faire d'une pierre deux coups» qui a tout a programmé, - «réprimant la veille et tolérant le lendemain des commandos de casseurs», - qu'on aurait affaire mais plutôt à deux factions d'autorités rivales s'affrontant sur le terrain, par groupes interposés, réagissant après le discours «détonateur» du président Chadli : d'une part les partisans des réformes qui auraient discrètement suscité la grève des travailleurs de la SNVI de Rouiba, en évitant les ouvriers structurés dans les sections UGTA ou cellules dépendantes du FLN comptant sur ceux de sensibilité différentes, et d'autre part les caciques, qui craignant de perdre leurs positions privilégiées avec la perspective menaçante des réformes annoncées auraient réagi en dépêchant sur le terrain des «commandos de casseurs» pour contrer les manifestants, comme cela s'est passé avec les travailleurs de Rouiba, et discréditer, ainsi, toute contestation citoyenne de la politique officielle du régime de la pensée unique.

Lorsque le mouvement de contestation s'amplifie, les «casseurs» infiltrent les manifestants, à commencer par la marche des lycéens, et se chargent de muer une manifestation - qui était destinée au départ à constituer un soutien aux réformistes qui l'ont, vraisemblablement, instiguée,- en une «contre- offensive» des recrues des pro - apparatchiks conservateurs noyant la contestation populaire escomptée dans la confusion générale des actes de violence discréditant ciblant les institutions d'Etat et principalement le chef de file des réformateurs par le slogan «Chadli assassin !». Ce qui fera dire à un tortionnaire maltraitant un citoyen embarqué, sur simple suspicion d'actes subversifs, selon un témoignage de presse in Algérie Actualité du 8 novembre 1988: «la balle était dans votre camp, nous l'avons récupérée à présent»). Propos, signifiant en d'autres termes, la lutte implacable de deux factions rivales, par gens interposées !

Quoi qu'il en soit, mal en prit aux apprentis sorciers et fomentateurs de troubles, de quelque bord qu'ils soient, qui dans leurs calculs et manigances éhontées, s'attendaient certainement à autre chose qu'à un cinglant retour de manivelle du à leurs grossières manipulations politiciennes, de totale déconsidération de l'Ethique et respect du aux droits et libertés humaines trop longtemps bafoués et réprimés: négligents et méprisants, ils étaient loin de se douter que le menu peuple, après des années de mal vie et d'incommensurables souffrances et endurances dus au système de l'autoritarisme, de la corruption, du népotisme et de la hogra ( oppression), avait la coupe pleine et n'attendait que la moindre étincelle pour s'embraser et donner libre cours à sa rage. Ainsi, certains meneurs des émeutiers d'octobre signalés ça et là, et oeuvrant vraisemblablement pour des parties occultes du système, tout comme ces voitures banalisées qui tiraient et sur la foule et sur les forces de l'ordre, s'ils ont réussi à mettre le feu aux poudres, ils ont néanmoins pas pu éviter de tout faire basculer en l'air. Car le ras de marée populaire qui s'embrasait, était tel, qu'il prit tout le monde de court, et en premier les comploteurs, jetant bas, toutes manœuvres politiciennes et sournois agissements manipulatoires des uns, ou recours précipités aux appels hypocrites à l'unité patriotique des autres.

Ce qui incita l'ensemble du staff étatique, tendance réformatrice et tendance opposée, à se serrer conjointement les coudes pour sauver le vaisseau gouvernemental de la dérive totale. Et le bouleversement était d'une telle ampleur, par la suite, avec les centaines de morts de jeunes Algériens criant leur ras le bol de la Hogra (l'oppression), l'injustice sociale, la corruption, le piston, la mal vie et la misère sociale, etc., que l'initiative latente des réformes, pomme de discorde fermentant en sourdine, s'imposait à présent désormais au grand jour et de façon éminemment urgente, «structurellement surtout, et non pas superficiellement», cela s'entendait: c'est-à-dire allant au-delà des modestes réaménagements initialement envisagés, dans le cadre uniformisant de la politique de bricolage du parti FLN cherchant, par le biais de son feu vert donné à quelques associations du mouvement citoyen, appuyées par ses classiques organisations de masse affiliées, à faire créditer l'idée d'un pluralisme... de façade, sans grande portée politique et efficience concrète...

Les jours suivant le fatidique 5 octobre...

Tout au long des fatidiques journées d'octobre, le chef de cabinet du président Chadli, le général Larbi Belkheir affirme que c'est par le courrier que lui adresse la population que le président a appris les faits ; il en aurait été «outré». «Il était impensable pour lui que des Algériens torturent des Algériens», poursuit-il, avant de diluer les torts et les complicités en les multipliant : «Deux problèmes s'étaient posés à la présidence: celui de la torture et celui des voitures banalisées. A suivre.

* Auteur indépendant de textes journalistiques, dramatiques et littéraires

( éditeur de l'ex-magazine culturel bilingue indépendant «Tassili Star» (1999 - 2001).

Source : Quotidien d'Oran

http://www.marocainsdalgerie.net

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Octobre 1988, vingt et un ans après : éclairages médiatiques croisés...
par Mohamed Ghriss*
Octobre 1988, vingt et un ans après: éclairages médiatiques croisés... Spacer 2ème partie



Le président a demandé des explications, mais nous n'avons jamais eu de suite. [...] Chadli avait discuté de la torture avec la LADH [Ligue algérienne des droits de l'homme] de Brahimi. Les choses sont restées en l'état et les enquêtes n'ont pas abouti.

[Les tortures] ne sont pas le fait des unités de l'armée.» ( Larbi BELKHEIR, in Sid Ahmed SEMIANE (dir.), Octobre, ils parlent, pp. 111-126).

Autant d'interrogations empreintes de suspicion, soulevées un peu partout, dans la presse étrangère et par quelques rares voix algériennes locales, tentant de deviner qui sont derrière ces actes ignobles ?. Ainsi, Frédéric Fritscher, du journal Le Monde qui écrivait : «Où étaient donc les forces de police, ce mercredi [5 octobre, premier jour des émeutes] ? Elles avaient reçu des instructions précises. Même les agents de circulation avaient déserté les carrefours. Comme si tout était prévu, à défaut d'être orchestré. Qui avait donc bien pu, mardi soir [4 octobre], prévenir certains commerçants de la rue Didouche-Mourad, en leur conseillant de laisser leur rideau baissé le lendemain ? Qui étaient ces adultes à l'air sévère et décidé qui guidaient, mercredi matin, ces hordes déchaînées dans Alger, ville ouverte. Si nous avions entendu parler des uns, nous avons vu les autres ! Fallait-il donc en arriver à cette extrémité pour pouvoir en appeler aux militaires et décréter, le lendemain, l'état de siège ? Qui étaient ces civils en jeans, baskets et blousons de cuir qui, au milieu des manifestants sortaient soudain un pistolet et ouvraient le feu ? Qui étaient ces cinq hommes en civil montés sur le plateau arrière d'une 404 bâchée qui ont tiré sur la foule à Kouba ? Qui étaient encore ceux qui, à bord de voitures de sociétés nationales, lâchaient, ici et là, quelques rafales d'armes automatiques ?» (Le Monde du 15 octobre, par Frédéric Fritscher).

Coté presse algérienne, qui était bâillonnée et pour ne citer qu'un titre rapportant les échos d'un débat, lors d'une table ronde organisée en décembre 1988, dans les locaux de l'ex revue «REVAF», la publication restitua les propos d'un participant témoignant sur les journées mouvementées, qui évoquera de go : «Il y a eu (...) un travail de sape. Certains éléments ont encadré les jeunes durant la tragique semaine d'octobre. Par exemple, les jeunes déferlant devant le Ministère des Transports, ont été stoppés par un adulte qui leur a ordonné de saccager la vitrine de l'institution et de la Banque à coté.

Au- delà des causes fondamentales, il y a, manifestement, manipulation par des gens armés qui ne se sont pas gênés de tirer sur les enfants comme ce fut le cas à Cheraga.

C'était la provocation pour faire soulever la population - ce sont des gens qui avaient pour mission de déstabiliser le pays»( Débat : Cartes sur table, in Révolution Africaine n° 1291du 02 décembre 1988).

Pour en revenir aux émeutes, ces dernières qui se sont ébranlées le 5 octobre à Alger, connaissent un répit au soir du 7, l'état de siège ayant été décrété et le couvre-feu relativement respecté. Ce qui permet aux hommes de l'ANP de vite déployer ses importants contingents militaires et se préparer à toutes éventualités. Certains observateurs auraient vu d'un oeil louche «un tel déploiement de moyens, dépêchés de si loin, (...) intervenu que pour faire fuir de vulgaires pillards et quelques lycéens déchaînés», considérant l'opération, «de surcroît, pour justifier la neutralisation du FLN et le maintien au pouvoir du président Chadli, celui-ci «devant» apparaître comme pliant sous la pression de la rue, «concédant» la démocratie pour préserver le pays d'un désastre». Comme quoi, ces interprétations tendent à justifier « la présence du corps d'armée pro - Chadli (contesté par les factions rivales) sur le terrain» pour l'appuyer énergiquement ! D'autres commentaires n'ont pas manqué de relever le recours de Chadli, dans un moment de désarroi, aux conseils du président Français M. Mitterrand, et dans ce contexte, le choix sollicitant le concours du général Khaled Nezzar, un ex- du corps d'armée française, ne semble pas du tout fortuit !

D'autant plus que l'Hexagone ne voyait pas d'un mauvais oeil l'émergence d'un nouveau régime expurgé de l'héritage Boumediéniste, alors que, selon divers échos de presse, les stratèges du Royaume Uni guettaient l'émergence d'un pourvoir islamiste théocratique à Alger vers lequel ils se rueraient aussitôt pour sceller «d'excellents rapports de coopération privilégiée !»

Sur le terrain des opérations proprement dites, tout semble témoigner de la mise en chantier d'un plan de manœuvres, «rigoureusement exécuté par des équipes qui agissent depuis une cellule de la Présidence», rapporte-t-on. Cette cellule, pour accélérer la bonne marche de ce plan, ( celui secret que le nouveau patron de la redoutable sécurité militaire, Mohamed Betchine, - en remplacement de l'ex boss Lakhal Ayat, démis de ses fonctions, en même temps que Mohamed Chérif Messadia le n° 2 du FLN, - croit savoir dénommé «plan Potemkine»), ira jusqu'à «instrumentaliser un courant politique d'opposition qui, loin d'avoir été à l'origine des émeutes, n'avait fait que «prendre le train en marche: l'islamisme radical» ( Larbi BELKHEIR, in Sid Ahmed SEMIANE (dir.), Octobre, ils parlent, pp. 111-126). De même qu'un Coordonnateur des services de sécurité à la Présidence, est-il rapporté, «prend langue avec les leaders islamistes et leur demande d'organiser une manifestation pour ramener le calme» ( Medjdoub LAKHAL AYAT, in Sid Ahmed SEMIANE (dir.), Octobre, ils parlent, p. 132). Ce qui concourut à ramener un certain calme, avec notamment la cessation de scènes de pillage, l'évitement des incendies des édifices publics, la sédition sociale se muant en... «manifestations islamistes» ! Mais, après qu'une première marche s'est déroulée sans heurts, tout allait basculer par la suite : précisément à partir du 7, et les 8 et 9 octobre, c'est l'escalade : «d'étranges provocateurs en civil sillonnent les manifestations islamistes et tirent dans la foule» ( Cf. Fréderic Fritscher, Le Monde, 15 octobre 1988). Ceux -là mêmes qui, depuis le commencement des troubles, sillonnaient dans des véhicules banalisés les points chauds de la capitale, tirant et sur la foule et sur les représentants des forces de l'ordre, cherchant visiblement l'embrasement général. Ce qui, bien entendu, a contribué à ajouter de l'huile sur le feu, poussant les insurgés à s'en prendre, rageusement à tout ce qui symbolise l'institution de l'État, la réplique suscitée des militaires embusqués fauchant ,alors, plusieurs centaines de jeunes manifestants...

Ce qui importait, surtout pour les calculateurs tapis dans l'ombre, c'était bien évidemment le bon déroulement de leur machination, exploitant habilement toutes manœuvre susceptibles de canaliser la furia déchaînée des islamistes en direction de «l'obstacle gouvernement - conservateur et ses alliés» pour inciter à le décrier publiquement et le rejeter massivement, facilitant et justifiant, de la sorte, la velléité de sa liquidation politique officielle, pour servir, évidemment, les parties occultes tirant profit de l'opération. Cependant, et tenant compte de nombre de considérations et détails d'échos de presse et avis divers qui se recoupent, vraisemblablement, certains hauts responsables, n'étaient pas au courant des stratagèmes secrètement déployés, déplorant sincèrement les effroyables bains de sang, comme l'a publiquement regretté Chadli Bendjeddid, visiblement non mis au parfum de certaines manoeuvres souterraines de son propre staff. Cette préoccupante question de heurts sanglants et de répression traumatisante, fort embarrassante pour les animateurs du plan dénommé «Potemkine» (?) attelés surtout à l'exécution, coûte que coûte, de leur machination, ces derniers ne pouvaient, tout au plus, que tenter d'en limiter les dommages occasionnés. Leur principal souci consistant , en cette étape opérationnelle, à impulser une autre tournure aux évènements: c'est-à-dire accroître de l'ampleur de l'»islamisation» de la révolte qui n'apparaît pas, au début de façon évidente aux yeux de la presse étrangère qui couvre les événements. Ceci en vue de l'exposition d'un semblant de rapports de forces agissant sur le terrain, tendant à avertir ou dissuader, vraisemblablement, l'armada du camp adverse FLNiste conservateur pour tétaniser toute tentative de réaction de sa part. En dressant, notamment en face de lui, l'épouvantail de cette autre présence de force «publique», qui le rejette totalement, et qui est à même de s'opposer «massivement» et «durablement» à son règne perdurant.

Autrement dit, «force populaire», et «islamiste puissante» anti-FLN, légitimant «solidairement» le vœu de renouveau idéologique libérateur, en s'affichant, apparemment, ouvertement du coté de leurs adversaires, de surcroît : les réformistes, accréditant, ainsi du coup, la thèse (évidemment leurrante ) du soutien de la rue au train des réformes envisagées, et ce, dans le but de rallier aux projets des partisans du changement, la majorité des cadres apparatchiks hésitants et isoler les têtes dures, afin de les évincer, le moment venu, en catimini, et le tour est joué !...

Le manœuvre tendant à donner «un cachet islamiste à la révolte» s'annonçait dès lors fructueuse, apparemment, puisque les islamistes secrètement contactés par les architectes des chamboulements en cours, n'allaient pas tarder à réagir pour faire entendre «pacifiquement» leurs voix dans les rues, comme «cela leur avait été demandé» par les «tireurs de ficelles», redoutant les fâcheuses dérives et leurs répercussions Et ce d'autant plus qu'il fallait «faire gaffe» face aux débordements imprévisibles du bouillonnant Ali Benhadj futur numéro 2 du FIS ( Front Islamique du Salut qui naîtra plus tard à la faveur de la loi sur les libres associations à caractère politique), et qui la veille du 10 octobre, «légitime dans un prêche la révolte des jeunes - l'une de leurs demandes est de pouvoir récupérer les corps de leurs proches abattus. Il les invite à manifester le lendemain à partir de la mosquée de Sidi-M'hammed (Alger). Mais une cellule de crise réunie autour du cheikh Ahmed Sahnoun, l'un des leaders historiques de la mouvance islamiste, flaire la provocation. De fait, des hommes armés seront repérés parmi les manifestants, comme en attestera notamment le journaliste Abed Charef»( Cf. Abed CHAREF, Octobre 1988, le Grand Dérapage, p. 3). Le bulletin du CCU ( Comité de Coordination inter- Universitaire d'Alger Centre, rapporte dans in témoignage sur la journée du 10 octobre : «A l'appel de Ali Belhadj des milliers de citoyens (jeunes, vieux, femmes) se rassemblent à Belcourt, les jeunes des quartiers Nord Ouest (Casbah, Bab El Oued, Bologhine, Soustara) entreprennent une marche silencieuse et pacifique vers Bab El Oued. Au niveau du siège de la DGSN, un franc tireur ouvre le feu, l'Armée riposte en mitraillant la foule, bilan : 36 morts.», « (...) l'état de siège est levé le 12 octobre . Vient ensuite l'heure des bilans : 179 morts sont dénombrés officiellement, plus de 500 morts d'après les Algérois, des milliers d'arrestations et les personnes libérées témoignent des tortures subies.» (Cf. Bulletin de liaison du Comité de Coordination inter- Universitaire région Centre n° 1, Alger 1988). Autre témoignage sur la fusillade à Bab El Oued qui fait plusieurs morts: selon El-Hadi Khédiri, il y aurait eu «un coup de feu, provocateur tiré de la foule islamiste», mais on n'a jamais pu le prouver. Mais force est de constater que ces « coups bas», qui rappellent curieusement ceux des « tirs perfides à l'improviste des mystérieux véhicules banalisés», ne sont pas sans servir, vraisemblablement, les desseins obscurs des «concocteurs» attitrés d'un plan démoniaque visant à amener les islamistes en première ligne, pour justifier, par là- même, a posteriori, l'initiative de l'état de siège, «condition sine qua non de la favorisation, en sourdine, du changement de fusil d'épaule pour la nouvelle équipe du pouvoir (et les redistributions de cartes) qui pourrait désormais se passer du bureau politique du FLN, placé hors jeu. Et last but not the least, on se chargera de retourner, par la suite, les furieux manifestants s'attaquant aux symboles de l'Etat et du parti FLN, à un apaisement relatif en leur annonçant, publiquement, des promesses de renouveau social...



Le discours historique de Chadli du 10 octobre

Les lendemains immédiats des émeutes des premières journées d'octobre s'ouvrent sur le constat horrifiant de centaines de morts, les chiffres officiels minimisant manifestement le nombre véridique des jeunes infortunées victimes de la tragédie qui ont crié le ras le bol de leur mal vie, poitrines nues face aux canons faucheurs du rouleau compresseur des forces de l'ordre. L'émotion de la population indignée est à son comble, l'angoisse est insoutenable, devant le spectacle désolant d'un massacre qui aurait pu être évité, l'ampleur du désastre s'observant également dans les hôpitaux et les établissements de santé, les Algériens atterrés, implorant le ciel pour que cesse au plus vite le cauchemar incroyable auxquels ils ont assisté, impuissants, n'en croyant pas leurs yeux : ils ont vécu jusqu'ici pour voir non pas se réaliser les promesses de progrès, de développement d'une Algérie pourvoyeuse d' un avenir radieux pour leur progéniture mais pour voir, hélas, l'Armée Nationale Populaire (ANP), héritière de la glorieuse Armée de Libération Nationale (ALN), tirer sans état d'âme sur leurs malheureux enfants laissés pour compte!!!...

Devant la colère populaire, le fiasco général et la tournure tragique qu'avait pris l'ampleur catastrophique des émeutes, l'opprobre jeté sur les dirigeants défaillants, et la révolte qui menaçait de s'attaquer à tout moment, à tous les membres de l'appareillage du système, sans exception, conservateurs et partisans des réformes, une réunion des hauts cadres décideurs de la nation, fit convoquée d'urgence. Et dans ce contexte particulier de tensions, de dérouté et de désarroi du président, des voix d'intervenants s'élevèrent, entre autres celle du général Benyelles, selon l'ouvrage « Sanawat el fawdha wa el djounoun» ( Les années d'anarchie et de démence) de l'universitaire Mohamed Khodja ), pour suggérer au chef de l'Etat de présenter sagement sa démission et d'annoncer des élections présidentielles, après l'intervalle de 45 jours d'intérim, assuré par le président de l'Assemblée Nationale. Ce que Chadli semblait résolu à entreprendre «si cela devait servir à ramener l'accalmie sociale», selon lui.

Et c'est dans ce contexte pesant, qu'au soir du 10 octobre 1988, à 20 heures, le président Chadli prend la parole sur l'unique chaîne de télévision du pays, commençant par son faire part et son regret devant les pertes humaines et dégâts immenses à travers Alger et les autres villes d'Algérie gagnées par la furia des émeutes, pour interpeller, par la suite : « A qui profite tout ceci ? Pourquoi toutes ces destructions des biens publics du peuple?...». Il justifie dès lors l'état de siège qui s'imposait ne disposant pas d'autre moyen dissuasif efficient que celui du recours à l'intervention de l'armée, affirmant sur un ton pathétique ne pas comprendre que les manifestants aient pu saccager des lycées et des centres de santé... Et alors que certains caciques s'attendaient à ce que le président annonce sa démission devant les caméras de la télévision, coup de théâtre ! Chadli, met de coté son propos attendu, et sort de la poche gauche de sa veste un «autre discours», concocté par le staff Hamrouche selon Mohamed Khodja, et poursuit, avec un peu plus de résolution les lignes - forces de cette autre «feuille de route», commençant par rappeler, au préalable, qu'il n'avait pas voulu de ce poste en 1979 lorsqu'on l'avait sollicité la première fois pour la magistrature suprême. Et invitant tout le monde à ne pas croire ceux qui tenteront de «dénaturer» son intervention en la «prenant pour le début d'une campagne électorale prétendant à un troisième mandat», il exhortera, pour la circonstance, les citoyens à le soutenir «en cette étape difficile», pour la «patrie, pour la Révolution et pour le peuple». En contre-partie, il promet d'engager une lutte inlassable contre la hausse exorbitante des prix des produits de consommation et à assurer leur disponibilité sur le marché, indiquant que «des mesures ont été prises dans tous les domaines au profit des (...) revenus bas [et] de la jeunesse». Mais ce qui a particulièrement retenu l'attention des Algériens dans le discours présidentiel, c'est cette petite phrase selon laquelle «on ne peut procéder à des réformes économiques, agricoles, éducatives et administratives sans aborder les réformes politiques, [qui] seront soumises prochainement».



A suivre


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Octobre 1988, vingt et un ans après : éclairages médiatiques croisés...
par Mohamed Ghriss *

Suite et Fin



Ces réformes, poursuit Chadli comme pour couper l'herbe sous les pieds de ses détracteurs, «doivent s'opérer nécessairement dans un climat de calme et de sérénité...». Et comme prévu par les stratèges du staff de la Présidence, le message du discours présidentiel fait mouche, étant visiblement bien reçu par les masses populaires, dont une partie aurait même approuvé l'intervention de l'armée jugée indispensable, en pareilles spéciales circonstances, pour mettre un terme au désordre dévastateur. C'est ainsi que des foules de manifestants sortirent scander à tue-tête, tout de suite après le discours du président Chadli, les mots d'ordre placés dans certaines bouches : « Djeich, Chaab, maak ya Chadli !» (Armée et peuple avec toi Chadli ! ). Autrement dit, exit définitif des rangs de la prise de décision politique de tous les éléments FLNistes et partisans du monopartisme socialiste... alors que ces derniers s'attendaient, vraisemblablement, à récupérer la mise, après le fameux historique discours de Chadli Bendjeddid du 10 octobre 1988 qui les prit tous de court avec son contenu - programme extensible et ses prolongements d'effets extérieurs dans la rue tout à fait inattendus... Il ne restait plus, alors aux désapprobateurs de l'initiative présidentielle, en l'occurrence les rivaux de l'aile FLN conservatrice, qu'à ranger leurs affaires et à jeter un dernier regard, plein de nostalgie, sur les enclos privilégiés de la grande famille du sérail apparatchik avec laquelle ils divorçaient, désormais. Deux heures à peine après le discours présidentiel, (rapporte le journal Libération), les journalistes étrangers, jusque-là tenus à l'écart, sont sollicités à leurs lieux de résidence: «Descendez dans le hall, un minibus va vous emmener suivre les manifestations de soutien au président Chadli.», leur indique le guide officiel qui leur fait traverser des barrages, fait faire au bus le tour de la ville dans tous les sens... à la recherche des premiers éléments de ces manifestants annoncés !? Mais, rien, pas âme qui vive, dans des rues désertes...«Où sont les manifestants ?», Interrogent les journalistes. «Je ne sais pas, on les attend, ils sont en retard», répond le guide. Puis, «tout à coup, un début de manifestation de soutien: trois Golf Volkswagen portant des plaques d'immatriculation militaires klaxonnent à qui mieux en tournant autour de nous», raconte Gilles Millet (dans Libération du 12 octobre 1988). Spectacle de commencement, en quelque sorte, en attendant la suite du cortège de manifestations de soutien à Chadli mobilisées par les clans alliés, et ce d'autant plus que les citoyens allaient voir apparaître, curieusement, sur les étals des produits de consommation absents depuis longtemps, et les robinets d'eau couler à flots, sans interruption ! Fait rarissime, l'institution étatique, d'habitude si indifférente aux doléances des citoyens, accédait à certains de leurs vœux, de même qu' «à l'aube du mercredi 12, à Belcourt, au Champ de manœuvrés et dans bien d'autres quartiers, militaires, gendarmes et blindés ont disparu comme par enchantement» (Jeune Afrique, n° 1452, 2 novembre 1988 ), ce qui était de bonne augure pour la nouvelle ère Chadlienne se dessinant à l'horizon, dans l'esprit de l'humble citoyen «invité» à soutenir le président et son équipe...contre les caciques ! El-Moudjahid, sans se départir de sa tradition de langue de bois, se met de la partie, quoique ses journalistes ont été injustement maintenus à l'écart des événements, contrairement à certains titres sollicités de la presse étrangère, affirmant que le discours de Chadli a suscité un «soutien massif [et un] élan spontané d'adhésion au contenu du message du chef de l'État «(El-Moudjahid du 12 octobre 1988). Manipulation ou pas, ce soutien de la population manifestant dans les rues est effectif, scandant «les mots d'ordre : Djich, Chaab, maak ya Chadli !» qui va conforter le président et son staff dans ses positions et perspectives de reformes hors contraintes des visions conformistes des conservateurs, (depuis qu'il rêvait à ça, suite aux voeux qu'il s'était promis après les voyages, notamment en 1986, en France et aux Etats- Unis, comme pour signifier, alors, sa volonté de changer de cap idéologique depuis...).

Ces manifestations pacifistes contribuent dans une grande mesure à ramener le calme, et Larbi Belkheir, Mouloud Hamrouche, et leurs alliés du staff de la Présidence, s'empressent, alors, de parachever leur dessein en procédant à l'élimination systématique de leurs principaux adversaires au sommet du pouvoir. Ainsi, le mois d'octobre, arrive à peine à son terme que la presse annonce deux limogeages spectaculaires : celui du prestigieux secrétaire général du FLN, Mohammed Chérif Messaâdia, remplacé par Abdelhamid Mehri; et celui du chef de la branche principale de l'ex-Sécurité militaire (devenue «DGPS»), en l'occurrence le général M.Lakhal Ayat qui sera remplacé par Mohamed Betchine Novembre 1988 : «un remaniement de la hiérarchie militaire consacre la mise à la retraite forcée de presque tous les officiers récalcitrants de l'aile «orientaliste» : la purge frappe une dizaine de généraux, qui n'ont d'autre choix que d'accepter les réformes «dans le calme». Puis, en décembre 88, Chadli confirmé dans ses pouvoirs par le 6è congrès du FLN, promeut le général Khaled Nezzar, qui n'était pas en bons termes avec son chef hiérarchique, le général Belhouchet durant la répression des émeutes, «comme chef d'état-major de l'ANP, avec comme adjoint L. Zeroual(...)«( Cf. «Le Géant aux yeux bleus ; Novembre ou est ta victoire ?», Abdel'Alim Medjaoui, Casbah Editions, p.394, A1ger2007). Et la boucle est bouclée avec la sollicitation de personnalités politiques algériennes de diverses sensibilités pour soutenir le gouvernement réformiste et répondre aux aspirations de la volonté des «citoyens sincères» chers au président - lequel, pour reprendre l'expression de Noureddine Aït-Hamouda, «doit être soutenu par tous les Algériens qui aspirent à la démocratie» ( Le Monde, 15 octobre 1988)., alors que, de son coté Abdelhamid Mehri, le nouveau secrétaire général du FLN, s'active à donner une conférence de presse ou il affirmera «l'attachement à l'unité d'action patriotique la plus large (...) le pluralisme politique comme première étape du processus démocratique engagé» (Cf.Abdel'Alim Medjaoui, «Le Géant aux yeux bleus», Ibid ). La presse s'y mettant, l'enthousiasme aidant, tout semble aller pour le mieux pour la perspective des réformes, audacieusement envisagées, à présent, notamment dans leur volet politique pluraliste, le système du parti unique étant unanimement tenu pour responsable de toutes les déboires de l'Algérie, il sera aboli.



Mouloud Hamrouche: «Octobre 1988 a mis fin à la légitimité historique et révolutionnaire du nationalisme algérien»



C'est désormais l'ère nouvelle de l'instauration du multipartisme, avec la consécration d'une presse «indépendante», la liberté d'expression, liberté d'association, liberté d'entreprendre, l'observation des droits humains et citoyens, droits de la femme et de l'enfance, la perspective d'une justice indépendante, etc., bref, l ‘avenir semblait présenter, un tournant tellement rénovateur et fondamentalement mutationnel que Mouloud Hamrouche, l'un des principaux chefs de file de ces réformes politico-économiques, n'hésitera pas à dire lors d'une interview sur cette question, 12 ans plus tard et avec du recul, que «les évènements d'Octobre 1988 avaient mis fin à la légitimité historique et révolutionnaire du courant nationaliste algérien», estimant que «(...) depuis l'indépendance jusqu'à maintenant, nous vivons sous le même système qui n'a pas changé, ses instrumentations et préoccupations non plus. Les régimes des présidents Ahmed Ben Bella, Boumedienne, Bendjedid, Mohamed Boudiaf, Ali Kafi, Liamine Zeroual, ou celui de monsieur Bouteflika aujourd'hui, représentent, chacun, le prolongement de ce qui précède, recourant à la même logique, les mêmes instruments et justifications. Et tout ce que l'on peut relever comme élément distinctif, a trait à certaines circonstances internes et internationales, et quelques différences d'ordre économique dues essentiellement aux revenus des hydrocarbures, et pas autre chose!», soulignant conséquemment,» l'unique tentative de changement fut l'initiative enclenchée à la suite des événements d'Octobre 1988 ayant trait aux réformes économiques, constitutionnelles, politiques. Mais le refus des réformes envisagées et la tentative de revenir sur les acquis libertés fondamentales, politiques entre autres, économiques et culturelles que les réformes ont consacrées, a vite fait de précipiter les dangereuses déviations et d'alimenter la violence et la répression.(...)», ajoutant, «(...) On n'a jamais déterminé d'où doit procéder le pouvoir malgré l'intense débat idéologique à toutes les étapes évolutives du pays: le programme de Tripoli en 1962, la Charte d'Alger en 1964, le Charte Nationale en 1976, et durant ces étapes la souveraineté de la société ne fut point reconnue, les libertés non légiférées, les droits non considérés, les modalités d'accès au pouvoir non définies, et toute proposition de contrôle de politique politicienne et principe de libre élection furent catégoriquement rejetés...» (Cf.in interview réalisée par Abd el ‘Alli Rezaki, Hebdomadaire arabophone Kawalis du 04 au 10 décembre 2000,traduit par Mohamed Ghriss ). Ce qui laisse croire que la tentative avortée de «de la parenthèse réformiste de 1988», et comme en faut cas l'avis de certains observateurs et politologues, fut, vraisemblablement, un véritable coup de force tenté contre l'inertie d'un système sclérosé, soit plus exactement «un putsh constitutionnel», ( ce n'est ni le premier, ni le dernier dans l'histoire mouvementée de l'Algérie post-indépendance), réussissant, en partie à briser le monopartisme ambiant jusque-là du système algérien, qui, en dépit de l'abolition du règne du parti unique reprit rapidement le dessus sur les appétences de changement, comme pour dire « les centres décisionnels apparatchiks subsistent ailleurs !». L'ex chef de «gouvernement réformiste» tirera plus tard ses conclusions:«Il a été démontré, preuves à l'appui, qu'il ne faut s' attendre à aucun bénéfice qui puisse résulter de la perpétuation stérile de ces sempiternelles voies procédurales de gestion caduque . Il est grand temps d'introduire un changement radical dans le domaine économique afin de préserver les chances d'avenir du pays». (Cf. in interview réalisée par Abd el ‘Alli Rezaki, Hebdomadaire arabophone Kawalis du 04 au 10 décembre 2000, traduit par Mohamed Ghriss).

Cette volonté affichée du changement socioéconomique structurel coûte que coûte de l'ancien premier ministre «réformateur», explique pourquoi ce dernier (et ses alliés), n'avait pas hésité, lors des événements d'octobre, à recourir à tous les moyens pour parvenir à ses fins, en s'attelant, notamment, «à s'appuyer sur le contrepoids de la rue qu'ils opposera, autant que nécessaire, à ses adversaires», en veillant à ce que l'apport de ce renfort public ne puisse pas déborder, pour permettre à cette force, comme le souligne Mohammed Maarfia, «de s'exprimer avec une violence gérable, afin que des élections apparaissent aux militaires comme le moyen le plus approprié pour maintenir l'ordre et leur résultat final admis par eux»(Cf. article «Mouloud Hamrouche ou la stratégie du pire», Hebdo libéré numéro 72 du 12 au 18 août 1992).

Cette stratégie politique du pouvoir de cette époque, le général Larbi Belkheir, excella, de son coté dans l'exposition de sa démonstration vis-à-vis de la mouvance islamique, entre autres, comme le rapporta l'ouvrage «Octobre, ils parlent», en ces termes: «Il faut savoir que certains responsables développaient l'analyse selon laquelle les islamistes étant incapables d'endoctriner la société, il fallait les laisser activer jusqu'à ce que cette dernière les rejette. D'autres courants d'influence sont apparus plus tard qui soutenaient que la légalisation des islamistes était le meilleur moyen de les maîtriser et de mieux connaître leur organisation. Selon un autre courant, le légalisation des islamistes pourrait s'avérer dangereuse» ( Cf. Octobre, ils parlent, Sid Ahmed Semiane, éditions Le Matin, Alger). Et effectivement il y a lieu à craindre, en pareilles circonstances le retour de manivelle, qui fut d'ailleurs assez démonstratif, par la suite : Chadli, sans l'avis de ses conseillers, a amorcé les trois cas de figure. Il a légalisé les islamistes ; la société ne les a pas rejetés. Il a pénétré à travers les interstices de l'organisation islamiste. Il a joué et usé de «l'espionnite» lorsque les islamistes devinrent menaçants...et il risquait, sans qu'il puisse le soupçonner un seul instant, de faire les frais, un jour, de ce flirt aventureux avec les intégristes (comme en témoigne l'exemple de feu le président égyptien Annouar Es-Sadet, qui s'est cru être en rapports pacifistes avec les islamistes mais qui l'ont assassiné sauvagement, n'en croyant lui-même pas à ce geste de folie meurtrière dans ses dernières paroles: «Mouch ma'aqoul ?» (Ce n'est pas possible ?)...Mais c'est bien vrai que jouer avec le feu, a été de tout temps un sport particulièrement dangereux.



L'avènement du multipartisme et de la presse privée...



Succédant aux bouleversantes premières semaines d'octobre 1988, un climat nouveau parut s'installer dans le pays, avec notamment ce souffle naissant d'une fragile démocratie balbutiante. : «De la mi-1989 à la mi-1991, l'Algérie a connu l'expérience démocratique la plus tumultueuse et la plus franche du monde arabe, écrira Abed Charef. Des manifestations regroupant des centaines de milliers de personnes se sont déroulées, sans donner lieu à des incidents significatifs (Abed Charef Algérie, le grand dérapage, p. 17). «Durant le seul premier semestre 1990, écrira-t-il par ailleurs, 1 482 conflits sociaux sont signalés. 200 000 travailleurs se sont mis en grève pendant cette période» (Le Monde, 15 février 1989).Le 23 février 1989 verra l'adoption par référendum populaire, la nouvelle Constitution sanctionnant la fin du régime socialiste à parti unique et autorisant désormais la création d'«associations à caractère politique». Opportunité que saisiront aussitôt des leaders et personnalités politiques pour fonder partis et mouvements associatifs-culturalistes, etc. A l'image de Said Saadi qui crée le RCD (Rassemblement pour la Culture et la Démocratie) ; , Abassi Madani le FIS, ( Font Islamique du Salut), Louisa Hanoun l'OST (l'Organisation Socialiste des Travailleurs (qui deviendra le PT : Parti des Travailleurs); etc., avant que ne suive une étape d'avalanche des partis qui voit naître, par exemple, l'Union des forces démocratique (UFD)., d'Ahmed Mahsas, militant du mouvement national et ancien ministre de l'Agriculture; le Parti de l'unité populaire (PUP), le Mouvement des universitaires démocrates (MUD) ; le Mouvement des écologistes algériens (MEA); le Parti national algérien (PNA, parti libéral); Le Mouvement pour la démocratie en Algérie (MDA) de Ben Bella;. le Parti d'Avant- Garde Socialiste (PAGS) de Sadek Hadjérès et d'Abdelhamid Benzine, le Parti Social Démocrate (PSD); le Parti National pour la Solidarité et le Développement (PNSD), l'Union des Forces Populaires (UFP), le Parti du Peuple Algérien (PPA) de Mohammed Memchaoui, neveu de Messali Hadj, le Parti pour le Renouveau Algérien (PRA) de Nour Eddine Boukrouh, continuateur de la pensée de Malek Bennabi, etc., etc. Autant de sigles de formations politiques, dont certaines sont à l'initiative de familiers des cercles du pouvoir... Et parallèlement à cette scène des nouveaux partis et associations libres consacrant le multipartisme, le tableau est progressivement complété par les premiers titres de presse libre, qui s'enquiert d'assainir au plus vite le secteur pollué de la communication écrite surtout, ( la radio et la télévision n'étant pas touchés par le décret de privatisation, l'Algérie demeurant, ainsi, à ce jour l'un des rares pays au monde à ne disposer d'aucune station radio ou télévision privée). Ces nouveaux titres indépendants francophones (tels que El Watan, Le Quotidien d'Oran, Liberté, La République, Le Soir, Le Jeune Indépendant, etc.), ou arabophones ( tels que El Khabar, Ec-Chourouq El-Arabi, El Yaoumi, Es-Safir, etc), s'imposèrent alors, comme tache immédiate le droit d'informer, le plus objectivement possible, le public des lecteurs Et ce d'autant plus qu'il fallait restituer une information crédible à propos des violentes manifestations algéroises des jeunes qui ont gagné, en quelques jours, presque tout du territoire algérien, événements que les journaux et la télévision sous contrôle de l'Etat et du parti FLN, soudainement frappés de stupeur, censuraient et défiguraient totalement : certains écrits et propos «diffusés dans une langue de bois chère aux thuriféraires du système, jetaient l'anathème sur les jeunes manifestants accusés d'être la proie facile de manipulations étrangères : Révolution Africaine, dans son édition du 14 octobre 1988, parlait de «vandalisme», El Moudjahid, Ech-Chaab, Horizons, El Massa, traitaient les événements avec la même pénétrante intelligence qui avait fait dire le 7 octobre sur Radio Beur à Ali Ammar, président de l'Amicale des Algériens en Europe et pur produit du système: «Pour moi, c'est un chahut de gamins qui a dérapé -un point c'est tout». «A elle seule, cette phrase était - la parfaite illustration de la courte vision d'un grand nombre d'hommes politiques élevés dans le sérail d'un pouvoir de clans (...) totalement coupés des réalités du pays (...)»,( Lazhari Labter, Journalistes Algériens 1988- 1998, éd.Chihab 2007 ?).

D'autres journalistes, profitant de la lame de fond qui secoue néanmoins le pays, tentent de leur côté de s'organiser hors des structures du parti. Six mois avant les émeutes, le 9 mai 1988, certains d'entre eux avaient déjà tenté de briser les liens de sujétion qui les liaient au pouvoir en créant le Mouvement des journalistes algériens (MJA). «La dévalorisation de notre métier constitue une grave atteinte à la crédibilité de l'information nationale, avec en prime un journalisme qui s'oriente dangereusement vers un fonctionnariat débilitant et une catégorie de rédacteurs porte-plume sans impact sur le citoyen» écrivaient-ils (Ghania Mouffok, Être journaliste en Algérie, Reporters sans frontières, Paris, 1996, p. 24.). Dans un manifeste remis au ministre de l'Information Bachir Rouis, ils tiraient la sonnette d'alarme sur leur profession, qu'ils décrivaient dans des termes peu équivoques: «Articles sans vie, vides de sens, plats et insipides», «inquisition intellectuelle». La réponse à leurs doléances fut une revalorisation des salaires de 50 %... quelques jours à peine avant les émeutes. Le 10 octobre 1988, jour du massacre de Bab-el-Oued, quelque soixante-dix journalistes remettent à l'AFP un communiqué qui va avoir un retentissement mondial : ils «condamnent l'utilisation violente et meurtrière de la force armée et l'inconséquence avec laquelle l'ordre a tenté d'être rétabli», dénoncent le fait que leur travail se fait «au mépris de toute éthique professionnelle et du droit élémentaire du citoyen à l'information» et regrettent d'être «interdits d'informer objectivement» (Ghania Mouffok, Ibid., p. 16)...

Alors que les manifestations juvéniles faisaient rage dans les rues d'Alger, les journalistes n'avaient aucune possibilité d'exercer leur profession, n'ayant le droit ni d'être informés, ni d'informer, ce qui suscita l'agitation et la grogne qui gagna peu à peu les salles de rédaction. La nécessité imposait la tenue d'urgence d'assemblées des journalistes, et loin des regards indiscrets : l'heure était grave. Et c'est dans les bureaux de l'Union des Journalistes Algériens, place de la Grande Poste, que dans la matinée du 10 octobre 1988 pas moins de 72 journalistes s'entassèrent dans le couloir et la pièce principale du siège poussiéreux de l'UJA, engageant dans le plus grand désordre une vive discussion sur les tragiques évènements que traversait le pays. « S'y mêlaient des informations sujettes à caution, des analyses politiques personnelles, des développements vaseux, seuls ceux qui avaient une activité clandestine ailleurs savaient quoi tirer de cette réunion à laquelle la présence compacte du PAGS et celle, minime mais pointue des trotskistes, n'avaient pas encore livré toutes les idées», rapporte dans un témoignage Maachou Blidi, ajoutant que les journalistes réunis étaient toutefois parvenus au stade d'un accord insistant sur la nécessité et le devoir de dénoncer les graves dépassements et atteintes aux droits humains, et entre autres la revendication légitime de l'exercice normal et correct du métier d'informer et de témoigner comme il se doit, sans empêchements et entraves dans la fonction. Ainsi dans une atmosphère enfumée par les cigarettes s'était élaborée une déclaration que «Dahbia Yacef et Aziouz Mokhtari allèrent la porter à l'AFP, à deux cent mètres de là, ou Abed Charef exerçait comme stringer. Par précaution, Abderahmane Mahmoudi recommanda que personne d'autre que ces deux-là ne quitte les lieux avant qu'ils aient le temps d'arriver au bureau de l'agence (...) Pendant ce détail de sécurité, des fenêtres donnant sur le port, on pouvait voir passer les marcheurs, par centaines, qui se dirigeaient vers Bab El Oued. Et dont on n'entendait que le bruit des sandales sur la chaussée. Nul ne pouvait savoir qu'au bout de cette procession surprenante, éclaterait la fusillade qui ferait une quarantaine de morts à proximité du siège de la DGSN. Et que, parmi eux, il y aurait notre confrère Sid Ali Menniche, de l'APS, qui était là pour son métier.» ( Maachou Blidi, in article «Octobre 88 et la presse : une journée particulière», Le Quotidien d'Oran du jeudi 05 octobre 2000). Pour une journée particulière s'en fut vraiment une qui fera date pour avoir vu l'accouchement dans la douleur d'un communiqué contestataire qui sera audacieusement divulgué, en la journée mémorable du lundi 10 octobre 1988. Le communiqué des journalistes de la wilaya d'Alger, dénonçant clairement les tentatives de bâillonnement, énonçait en substance :

«Nous journalistes Algériens réunis à Alger le Lundi 10 Octobre à 10H»

I- Informons l'opinion publique nationale et internationale que nous avons été et sommes toujours interdits d'informer objectivement des faits et événements qu'a connu le pays notamment depuis l'explosion populaire du 05 Octobre, Dénonçons l'utilisation tendancieuse faite en ces circonstances graves avec des médias nationaux et ce au mépris de toute éthique professionnelle et du droit élémentaire du citoyen à l'information.

II- rappellent avoir déclaré dans les différents documents adoptés par notre mouvement (9 mai, P.V, etc...) que les atteintes de plus en plus graves aux conditions de vie et aux droits sociaux des acquis des couches les plus larges du peuple algérien, concourraient à créer les conditions d'une telle explosion populaire. Et cela en l'absence de toute possibilité d'expression démocratique (...)

(...)VI- Demandons l'établissement des libertés démocratiques dans leur totalité seules garantes d'un large débat national dans lequel l'ensemble des masses populaires pourra s'exprimer autour de leur avenir. (Extrait du communiqué des journalistes de la wilaya d'Alger, dont nous avons acquis une copie originale durant nos débuts de collaboration avec el moudjahid). Face, donc, à la désinformation pratiquée par certains médias étatiques, les journalistes algériens ont été nombreux à réagir, entreprenant des initiatives, à l'instar du Comité National contre la torture, d'universitaires et autres, qui attestent que la société, censée être laminée, est tout de même bien vivante et prête à reprendre son destin en main. Mais le pouvoir ne l'entendant pas de cette oreille, voyait d'un mauvais...il de telles manifestations de la liberté et leur perspective d'extension qui risqueraient de saper les fondements du système.

Aussi il intensifie ses manœuvres dilatoires de manipulations, d'intimidations, interdictions, arrestations, censures etc., qui se perpétuent, au-delà même des débuts officiels de la soi-disant nouvelle ère démocratique après l'approbation de la nouvelle constitution «pluraliste» au suffrage universel. Et pour mieux voiler ses agissements portant une atteinte flagrante aux libertés et droits civiques, le pouvoir ne s'embarrasse pas d'entreprendre parallèlement certaines initiatives «poudre aux yeux» faussement dissimulatrices : ainsi, par exemple, le 6 mai 1989, le Parlement ratifiera la Convention Internationale contre la torture qui fera sortir le Comité National Contre la Torture de ses gonds, arguant du fait que «le comble de l'ironie est atteint quand les parlementaires votent la ratification de textes internationaux contre la torture sans jamais mettre en question celle qui a ravagé l'Algérie en octobre 1988», s'indigne-t-il dans un long communiqué, ajoutant qu'il est étonnant que les députés «n'aient pas cru nécessaire jusqu'à présent de prendre position, au moins par une simple condamnation verbale, sur l'atteinte à l'intégrité physique et morale qu'une partie de la nation algérienne a subie en octobre» (Le Monde du 29 juin 1989). Cependant, ces sournoises initiatives destinées à détourner l'attention de l'opinion internationale par le sempiternel «ça se passe ailleurs, pas chez nous !», loin de leurrer les esprits de quiconque, par de pareilles ratifications d'un semblant de cheminement dans le bon sens, elles ne trompent absolument personne sur la technique habituelle du double langage du pouvoir, l'un fait de bonnes intentions pour l'étranger, et l'autre de mensonges à usage interne..



Plus jamais ça !



Dix ans après octobre 1988, c'est -dire en 1998, les principaux acteurs de la répression d'octobre reviendront sur la question de la torture dans un livre d'entretiens, «Octobre, ils parlent» (Sid Ahmed Semiane dit SAS .) Sur la question ignominieuse de la torture, Nezzar affirme qu'à sa connaissance, il n'y a eu qu'un seul centre de torture. Ce qui l'inquiétait, confiait - t-il, «c'étaient les témoignages selon lesquels les responsables des sévices revêtaient des uniformes de parachutistes dans un centre à Alger [qui] était rattaché à la présidence», tout comme l'étaient les «auteurs des sévices et des brutalités». Quant à la tragédie d'octobre qui a causé de nombreux morts, des blessés et des handicapés à vie, il la déplore bien sûr, mais elle était selon lui inscrite dans la fatalité des événements. Cependant, nombre de détails lancinants dans cette interview sont éludés, contredisant les nombreux témoignages recueillis par le Comité national contre la torture, question usage des balles réelles contre les manifestants civils déchaînés, le comandant des forces répressives arguera du manque d'expérience des jeunes recrues du service national totalement inaccoutumés à ce genre d'épreuves les prenant au dépourvu, minimisant néanmoins, grotesquement, leurs dépassements en affirmant : «Beaucoup de victimes des événements d'octobre ont d'ailleurs été fauchées par des balles perdues. On a aussi tiré par terre pour disperser la foule. Les noyaux et les enveloppes de balles, en ricochant, ont mortellement atteint des personnes. Nous n'avons pas tiré pour tuer et les instructions n'ont jamais été données dans ce sens» (Khaled NEZZAR, in Sid Ahmed SEMIANE (dir.), ibid., pp. 65-93).

Apostrophé à propos de la question de la torture, le général Medjdoub Lakhal Ayat, à la tête de la principale branche de la SM ( DGPS) jusqu'au moment où il est limogé en octobre 1988, affirme, lui aussi contre toute évidence, que «la DGPS n'a rien à voir avec la torture, ni avec le centre de Sidi-Fredj». Quant à son successeur, le général Mohamed Betchine, directeur de la DCSA (Direction centrale de la sécurité de l'armée), l'autre branche de la SM, également sévèrement mis en cause, il sera le seul, douze ans après les faits, à reconnaître du bout des lèvres la responsabilité de l'un des clans du pouvoir dans la préparation des émeutes et dans la répression : «Les manifestations d'octobre 1988 et les séances de torture qui ont suivi ont été programmées à l'intérieur d'appareils.» Il déclarera qu'outre Sidi-Fredj, existait un autre centre de torture, «l'école Tamentfoust [où] 1 267 personnes ont été emprisonnées» (Le Matin du 5 octobre 2000).

Alors que certains officiels parmi les hauts cadres apparatchiks,civils et militaires, - à l'exception des non concernés ( «Hacha li ma yest'halch») - partagent notoirement la responsabilité de la répression d'octobre 1988, ces messieurs, refusant d'assumer leurs responsabilités, ils se renvoient les uns aux autres, à demi-mots, celle des dépassements inadmissibles...

Finalement ce que l'on pourrait retenir de tout ce qui précède, c'est que, vraisemblablement, le FLN n'était pas le véritable pourvoyeur des grandes manoeuvres de coulisses ayant enfanté les évènements d'octobre, situation complexe que pourrait résumer le témoignage récent de Sid Ahmed Ghozali, ex Premier ministre et ex haut responsable de la société algérienne des hydrocarbures Sonatrach : «Aboutissement prévisible des développements politiques et sociaux passés, l'explosion, l'explosion du 5 octobre a suivi de deux semaines à peine le discours du 19 septembre, ce qui introduit l'inévitable question sur les motivations de ceux ou celui qui ont rédigé le discours.

Ont-ils voulu allumer la mèche pour mieux maîtriser, en l'anticipant, une explosion annoncée et pourquoi? Selon le communiqué officiel du Secrétariat général de la présidence ce sont les trabendistes qui ont exploité la pénurie de semoule et de lait pour servir leurs intérêts. Cette explication n'a pas trouvé crédit, ni à l'intérieur, ni à l'extérieur.

On la verra par la suite revenir à tout bout de champ, comme un alibi à usage multiple ; n'est-on pas allé jusqu'à jeter l'opprobre sur un homme comme Rabah BITAT, leader historique de la lutte de libération nationale, président de l'Assemblée nationale, parce que celui-ci avait exprimé sa préoccupation sur la montée des prix ? Et n'a -t-on pas provoqué ainsi son remplacement sur le champ à la présidence de l'APN ?Tout s'est passé comme si on a voulu créer l'évènement avant le congrès, livrer en bouc émissaire le FLN à la vindicte populaire en voir d'explosion - ce n'est pas par hasard si les cibles principales des émeutes furent les Qasmas -, anticiper l'explosion en la contrôlant, juste pour effrayer la population et lui dire «voilà ce qui risque de vous arriver si nous partons», pour finir par rebondir le régime sous une autre forme et le pérenniser»( Sid Ahmed Ghozai, Question d'Etat, Entretien avec Mohamed Chafik Mesbah, pp. 193-194, Casbah Editions, Alger 2009).

Il faut dire que les observateurs se sont fait à l'idée depuis longtemps, concernant l'explosion d'Octobre 88, que le FLN n'était pas le véritable chef d'orchestre des initiatives entreprises, ni qu'il était d'ailleurs le maître à bord d'un système politique autarcique qui perdure depuis 1962, ne représentant jusque-là que la façade apparente d'un pouvoir qui est en vérité -qui ne le sait ?- aux mains de l'armée, ou est plus exactement sous commandement de la DGPS (ex Sécurité Militaire) et services rattachés à la Présidence, un pouvoir bicéphale comme on le désigne, qui fait et défait les régimes successifs en Algérie, comme il l'entend, par jeux d'alliances stratégiques et cooptations négociées d'hommes «idéaux de circonstances». Avec cette marge, toutefois, que ces derniers, s'ils sont assez audacieux et entreprenants, qui pourraient néanmoins tenter de se libérer de la tutelle imposée, arguant des recommandations officielles de la récente Constitution qui définit les prérogatives de chaque institution, et circonscrivant notamment l'armée et ses corps sécuritaires affiliés, dans leur cadre professionnel moderne. Et ce d'autant plus qu' après la publication du texte de la nouvelle constitution, «l'ANP décide de ne plus siéger au CC-FLN pour marquer «sa totale adhésion au processus démocratique en cours» ; l'ANP approuve les conventions internationales relatives à la protection des droits de l'homme, et la nouvelle loi sur « les associations à caractère politique» ( Cf. «Le Géant aux yeux bleus ; Novembre ou est ta victoire ?», (Abdel'Alim Medjaoui, Casbah Editions, p.394, A1ger2007).

Ce qui, en principe, promet de tenir à distance le spectre du diktat des hommes de casquette d'il n'y a pas longtemps, ou l'on voit ; comme le mentionne le général Yahia Rahal dans «Histoires de pouvoir», «comment un lobby de l'ANP a arraché par un coup de force au CC la décision de faire désigner par Chadli, Secrétaire général, au congrès extraordinaire de fin 83, les membres du BP, que le 5 è congrès avait élus. «L'Armée, dira-t-il, demande au CC de recommander au Congrès extraordinaire de revoir les statuts du parti de manière à ce que les membres du BP soient désignés par le SG !( Et c'est ainsi que ce congrès) a accordé les pleins pouvoirs à Chadli B. et donné le signal de la décennie noire...»( Cf .Yahia Rahal, «Histoires de pouvoir, un général témoigne», p.72, Casbah Editions, Alger ?)..

Cette décennie noire, qui de l'avis des politologues avisés pouvait parfaitement être évitée ou au pire minimisée, mais la bêtise humaine des calculs politiciens et ambitions démesurées d'hommes assoiffés de pouvoirs et dépourvus de stratégies de managements et de communication, ont faut que l'Algérie sombre dans le cauchemar terroriste, lui causant, encore, des milliers de victimes de l'infamie, perdant aux tous débuts de la tragédie nationale, le regretté Mohamed BOUDIAF, «Tayeb El Wattani»,un des prestigieux leaders historiques de la Révolution Algérienne, lâchement assassiné alors qu'investi de la responsabilité de la magistrature suprême, il se promettait d'éradiquer terrorisme et groupes maffieux politico-financiers...

Quoi qu'il en soit, les temps changent et l'histoire évolue, et, de nos jours, en cette aube vagissante du 3 è millénaire ou les richesses ne se mesurent pas en matières de rentes et prédations - comme si l'on ne parvenait jamais à sortir de l'ère absolutiste des règnes féodaux du diktat, oppression et mépris des droits et libertés humains inaliénables, - il apparaît plus qu'urgent d'œuvrer d'arrache- pied, plus que jamais par le passé et résolument à tous les niveaux, pour amener à terme le processus de démocratisation pluraliste structurelle aux fins d'aboutir à l'avènement d'un Etat de droit souverain : soit un gouvernement civil, chapeautant une société de participation citoyenne, à la confiance enfin renouée avec l'institution d'Etat garantissant pleinement les libertés citoyennes, plurilinguisme, diversités culturelles, tolérances religieuses, etc., tributaires, il va sans dire, d'un milieu qui se devrait de s'ouvrir sur la modernité universelle, l'éthique et la paix sociale, etc., sur lesquelles veille une justice indépendante, à même de prévenir tous fâcheux ingrédients susceptibles de plonger, à l'avenir le pays dans d'autres dangereuses dérives dont les responsables et fomentateurs de troubles, - à quelque niveau qu'ils soient à l'intérieur des sphères du pouvoir ou en dehors d'elles - devront bien un jour, rendre compte de leurs forfaits, ou faire acte de repentance, devant l'Histoire, ou le tribunal de la conscience humaine, ou la justice immanente de l'Omnipotent qu'invoquent le peuple supplicié ou les familles traumatisées des victimes d'injustices barbares, condamnées, haut et fort par la mise en garde massive: «Plus jamais ça !». Et il faudrait bien, que dorénavant, tous nos grands Messieurs des sphères dirigistes, - excepté les honorables responsables respectueux d'Ethique et des droits citoyens-commencent à considérer avec un peu plus d'importance la vie de leurs compatriotes administrés, comme le suggère la citation mise en exergue du maestro national El Hadj M'Hamed El Anqa, et ce, en cessant, notamment, de réprimer systématiquement les libertés fondamentales et droits citoyens garantis par la Constitution, par leur jeu continu et insensé d'ambitions démesurées qui risquent d'attiser, à leur insu, les feux rageurs de la «fitna», recommencée, à chaque fois, cycliquement, par les bricoleurs rentiers, ennemis viscéraux déclarés de la démocratie, des droits de l'homme, et partant de la paix sociale.



* Auteur indépendant de textes journalistiques, dramatiques et littéraires

( éditeur de l'ex-magazine culturel bilingue indépendant «Tassili Star» (1999 - 2001).



N.B: Références directement incluses dans le

http://www.marocainsdalgerie.net

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