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Luttons contre l'oubli

3 participants

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1Luttons contre l'oubli Empty Luttons contre l'oubli Mar 14 Sep - 2:39

admin"SNP1975"

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Disparitions forcées en Algérie


Passionnant débat à Paris entre intellectuels



Une soirée commémorative du 10e anniversaire de la création du Collectif des familles de disparus a eu lieu à Paris. Des historiens, sociologues et personnalités de la société civile ont animé un débat passionnant et parfois passionné.



Paris
De notre bureau


La question des disparitions forcées en Algérie est liée à la démocratisation de la société et du système politique, ont avancé les intervenants à la soirée commémorative du 10e anniversaire de la création du Collectif des familles de disparus en Algérie, notamment l'historien et ancien membre de la direction du FLN, Mohamed Harbi, et le professeur en droit international, Madjid Bencheikh. «La question des disparus ne peut avancer que si elle est liée à une cause politique, la cause de la démocratie et à une mobilisation en ce sens», a affirmé Mohamed Harbi à la faveur d'un débat dense, jeudi dernier à l'Espace Reuilly à Paris dont nous rapportons quelques éléments.
L'Algérie reconnaît 8023 disparus, a-t-il été avancé. Toutefois, les autorités algériennes «continuent à s'opposer à la reconnaissance et surtout à la mise en place d'une justice transitionnelle dont le mandat serait de reconnaître et de mettre à jour la vérité parce que sans vérité la douleur ne sera jamais apaisée», a indiqué la présidente de la FIDH, Souhayr Belhassen. Pour Mohamed Harbi, «c'est un combat qui va s'inscrire dans la durée. Or, la recomposition de la société algérienne est favorable à la reconduction de l'autoritarisme. On le voit bien à la multiplication des forces de répression qui atteignent aujourd'hui près de 500 000 personnes. Par ailleurs, sur le plan politique, la situation n'est guère brillante. La compétition sociale a pour enjeu non pas le contrôle de l'Etat mais l'obtention des faveurs de celui-ci». Et d'affirmer que «l'autoritarisme est indissociable des caractéristiques de la nomenklatura algérienne plus soucieuse d'intérêts particuliers que des intérêts de la nation», mais se disant toutefois convaincu que «la chaîne des drames que connaît l'Algérie depuis trop longtemps», que «les traumatismes qui l'ont meurtrie finiront bien par s'arrêter un jour pour peu que nous arrivions à éclairer l'opinion et que les forces nationales et internationales agissent en ce sens».
Madjid Bencheikh, professeur de droit international et ancien président d’Amnesty International Algérie, considère que «les familles de disparus ont non seulement réussi à impulser des actions sans doute parce qu'elles étaient déterminées, mobilisées par la recherche de la vérité, mais aussi, d'une manière plus générale, parce qu'il s'agit d'une cause juste». A ses yeux, le combat des familles de disparus est «un élément d'un combat plus global et pour que ceux qui ont disparu en Algérie ne le soient pas pour rien».
Et il estime que la Charte pour la paix et la réconciliation nationale est «le résultat d'une analyse qui fait croire à une victoire sur la violence, elle n'est pas le résultat d'une recherche des causes qui ont conduit l'Algérie à connaître cette violence. Cette manière de faire a abouti à un échec. Le terrorisme n'est pas éradiqué, la réconciliation nationale espérée ne semble pas produire de résultats en ce qui concerne la paix sociale».
«La société a besoin de savoir pour se reconstruire»
«Les disparitions forcées sont avant tout une forme de torture pour les personnes qui disparaissent et pour les familles, pour une communauté, pour tout un pays. Et cette forme de torture, c'est le jeu de la terreur des régimes autoritaires. La justice ce n'est pas la disparition, ce n'est pas la torture. La justice c'est si quelqu'un est coupable, qu'il ait droit à un procès équitable», intervient Geneviève Garrigos, présidente d’Amnesty International France. Et d'ajouter : «Moi, je viens d'Argentine où il y a eu 30 000 disparus.» «Votre combat n'est pas pour le passé, il est pour l'avenir. Lutter contre l'impunité, ce n'est pas uniquement pour ce qui s'est passé hier, c'est aussi pour un monde plus juste, un monde où la justice a un sens. Et aujourd'hui, le gouvernement algérien pense qu'avec la charte, il va tourner la page mais il devrait peut-être regarder ce qui se passe ailleurs, au Pérou, au Chili, en Argentine, au Cambodge. 20 ans, 30 ans après, malgré les lois d'amnistie, la société demande justice, elle a besoin de savoir pour se reconstruire. C'est pourquoi, il est impératif de demander qu'il y ait des enquêtes judiciaires indépendantes, que les familles aient le droit de se réunir en associations, de pouvoir s'exprimer.»
Nacéra Dutour, à l'origine de la création du CFDA en 1998, témoigne : «Quand on a tenu notre premier rassemblement (place Addis-Abeba à Alger tous les mercredis jusqu'à leur récente interdiction, ndlr), les gens nous fuyaient comme la peste, petit à petit l'opinion a commencé à changer, le fait qu'on est là depuis 12 ans y a fait beaucoup. Nous avons réussi à gagner la confiance de beaucoup d'associations algériennes, surtout des associations féministes, de personnalités connues.» La mère du jeune Amine, disparu en 1997, souligne la création, avec les associations de victimes du terrorisme Djazaïrouna et Soumoud de l'association des victimes algériennes et, depuis, mènent leurs activités en commun. Et Madjid Bencheikh de relever : «La jonction des familles de disparus et d'autres associations de victimes du terrorisme m'apparaît comme un espoir des véritables solutions de réconciliation qu'il faut imaginer pour l'Algérie.» Contrairement à des causes moins proches, comment expliquer que dans le cas des disparus, il n'y a pas plus de mobilisation en Algérie ? Pas plus de dénonciation ? Est-il demandé aux intervenants.
Selon Geneviève Garrigos, présidente d'Amnesty International France, «ce n'est, malheureusement, pas spécifique à l'Algérie. C'est difficile de se mobiliser dans son pays quand il y a une chape de plomb. En Amérique latine, les lois sur l'amnistie ont commencé à sauter au bout de plus de 20 ans. Il faut du temps à une société pour qu'elle comprenne que ce n'est pas l'oubli qui va la guérir mais que c'est la vérité et la justice».
«Déficit national»
Et Mohamed Harbi d'enchaîner : «La société algérienne demeure très fragmentée quand il s'agit de la question politique et de la démocratie. Elle n'arrive pas encore pour différentes causes d'ordre sociologique et d'ordre politique aussi à se réunifier et à prendre à bras-le-corps une question aussi importante que celle des disparus qui, dans d'autres pays, a beaucoup mobilisé l'opinion et a été un des facteurs d'ouverture d'un champ démocratique.»
Mohamed Harbi pousse l'analyse : la classe moyenne algérienne est «divisée, fragmentée, elle réclame la démocratie mais, en réalité, elle n'a jamais fait le bilan de l'histoire algérienne et sa mémoire est une mémoire déficiente. Les forums démocratiques n'ont jamais duré longtemps parce que la relation personnalisée dans le champ politique reste très forte et elle est handicapante». Autre question de la salle : n'est-on pas à un moment où il faut dépasser l'étiquette «éradicateurs» et «réconciliateurs» et voir ce que les uns et les autres ont en commun, c'est-à-dire des idées de démocratie ou tout au moins de modernité ?«Le rayonnement du RCD ou du FFS ou d'autres groupes politiques dans la société est extrêmement limité, même si potentiellement la cause démocratique est liée à ces courants, mais d'une manière générale dans les classes moyennes, et cela se voit aussi à travers la presse, le vrai problème c'est leur incorporation dans le système», reprend Mohamed Harbi.
«On le constate dans la présence sur la scène politique d'un certain nombre de partis et aux scissions permanentes qu'il y a dans ces partis... Le système ne tient pas simplement parce qu'il est autoritaire, il tient aussi parce qu'il a des supports dans la société.» Et de son point de vue, «tant qu'on n'aura pas bien circonscrit ce phénomène, les possibilités de sortie de crise et de création d'un champ politique – parce qu'il n'y a pas un vrai champ politique aujourd'hui, il y a un marché de la confusion généralisée dans les débats sur la sortie de crise» – restent problématiques. Mohamed Harbi relève le problème du «déficit national». Et de dire que «la nation algérienne, ce n'est pas une nation d'individus, c'est pour l'essentiel encore une nation de familles et beaucoup de problèmes de survie ne se résolvent pas à l'échelle individuelle, mais à l'échelle familiale. C'est un phénomène très important qui peut expliquer nombre de comportements politiques dans la société».
Madjid Bencheikh, après avoir rappelé la prévalence, au moment de la discussion sur la Charte pour la paix et la réconciliation nationale, d'«un courant important dans la société selon lequel il fallait tourner la page», note que le système politique algérien, «malgré les transformations qui ont suivi octobre 1988 et la mise en place du multipartisme, a des caractéristiques qui durent depuis les lendemains de l'indépendance, c'est-à-dire un système qui a à son centre un commandement militaire qui organise la stratégie du système».




Nadjia Bouzeghrane



Dernière édition par admin le Mar 14 Sep - 2:47, édité 1 fois

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2Luttons contre l'oubli Empty Re: Luttons contre l'oubli Mar 14 Sep - 2:46

admin"SNP1975"

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Une pensée à mes amis victimes de la bêtise humaine.

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3Luttons contre l'oubli Empty Re: Luttons contre l'oubli Mar 14 Sep - 12:10

moi même

moi même

Rendez-nous nos enfants !



La pratique des disparitions forcées en Algérie



Entre 1992 et 2000, on estime qu’entre 6000 (chiffre aujourd’hui reconnu par les autorités algériennes) et 18000 personnes (selon la Ligue Algérienne des Droits de l’Homme) ont disparu en Algérie à la suite d’opérations menées par les services de sécurité (militaires, le DRS, policiers, agents de la brigade anti-terroriste, gendarmes, gardes communaux, groupes de légitime défense, miliciens appelés « patriotes »).

Le Collectif des Familles de Disparu(e)s en Algérie (CFDA) a réuni pour sa part plus de 8000 dossiers depuis 1998 et le Groupe de Travail des Nations Unies sur les Disparitions Forcées ou Involontaires a été saisi de nombreux cas dont la majeure partie est dans l’attente d’être traitée.



Ce chiffre dépasse celui des «disparitions » organisées ces dix dernières années dans tout autre pays, à l’exception de la période de guerre en Bosnie. Ces actes, commis de façon systématique à la fois par les entités étatiques et les entités non étatiques organisées sont des crimes contre l’Humanité.



Les victimes de disparitions forcées sont principalement des hommes entre 20 à 25 ans.



Les arrestations se faisaient de jour comme de nuit devant des témoins qu’ils soient des voisins ou des membres de la famille.

Ils ont été arrêtés à leur domicile en présence de leur famille et souvent aussi sur leur lieu de travail sous les yeux de leurs collègues où les officiers responsables de l’arrestation présentaient leur carte officielle au chef de la victime. Ils prétendaient l’emmener pour un interrogatoire. D’autres sont arrêtés au moment d’un « ratissage » dans le quartier. Les forces de sécurité avaient pour habitude, lorsqu’un attentat venait d’arriver ou lorsqu’ils étaient à la recherche de quelqu’un dans le quartier, d’embarquer tous les hommes qui se trouvaient sur leur chemin. D’autres ont été arrêté parce qu’ils avaient la malchance d’avoir un frère, un oncle, un cousin qui avaient rejoint les groupes islamiques armés. Les forces de sécurité les arrêtaient pour obtenir des informations sur ce membre de la famille parti au maquis. Les témoins, membres de la famille, voisins, amis et collègues ont témoigné sur l’honneur dans de nombreux cas qu’ils avaient assisté à l’arrestation du disparu à laquelle un agent des forces de l’ordre avait procédé.



De plus, dans de nombreux cas la famille du disparu(e)s connaît nommément la personne responsable de l’arrestation et de la disparition. Des noms récurrents figurent dans les dossiers constitués par le CFDA. Il s’agit par exemple des miliciens de Monsieur « Fergane » à Relizane à l’ouest du pays, de « l’officier Saad » ou de l’officier de police qui a semé la terreur et surnommé le « chrétien » à Alger. Le chef de la brigade de gendarmerie de Fouka « Zoubir » qui avec le garde communal Gherdis ont, quant à eux, arrêté au moins 80 personnes, victimes de disparitions forcées, rien que dans la cité de Ain Hadjar. A Baraki, le commandant de la caserne militaire, M’Barek a également été l’auteur de beaucoup de disparitions. La liste est encore longue.



Lorsque les arrestations se faisaient en groupe, certains étaient relâchés le jour même et pouvaient avertir les familles de l’endroit où leur fils, leur mari ou leur père était détenu. Les membres de la famille se rendaient donc au commissariat ou à la brigade de gendarmerie, au commissariat central d’Alger, du commissariat de Oued Koriche, dit des « barreaux rouges », de Bourouba ou encore au centre du DRS de « Château Neuf » pou ne citer que ces lieux tristement connus des familles de disparu(e)s.



Dans les premières années, certaines familles en se rendant dans ces lieux de détention, parvenaient à obtenir des informations mais très rares sont celles qui ont pu revoir leur parent après leur arrestation. Par contre, la famille pouvait leur apporter de la nourriture, des vêtements propres, et les forces de sécurité leur répondaient que leur parent allait bientôt être relâché. Et du jour au lendemain, les agents répondaient que leur fils avait été « transféré vers une destination inconnue » ou tout simplement qu’ « il ne le connaissait pas », qu «’il n’était pas détenu » dans ce commissariat ou cette brigade en niant l’avoir arrêté. D’autres diront aussi qu’ « il a été relâché » mais la famille n’aura plus jamais de leur nouvelle.

A l’instar de la famille de Salah Saker, disparu depuis le 29 mai 1994 et au sujet de qui le Comité des droits de l’Homme a rendu ses observations en 2006 (http://www.unhchr.ch/tbs/doc.nsf/(Symbol)/CCPR.C.86.D.992.2001.Fr?Opendocument). Dans le dossier de Salah figure un document prouvant qu’il a été détenu pendant 1 mois au commissariat et qu’il a été livré au centre régional d’enquête et d’investigation de la cinquième région militaire en date du 3 juillet 1994.



Voilà la petite partie de vérité que connaissent les familles de disparu(e)s mais l’autre partie de la vérité qu’elles cherchent à connaître sur le sort de leur proche disparu et obtenir des réponses à toutes questions qu’elles se posent à savoir s’ils sont vivants ou s’ils sont morts, mais aussi pourquoi ils ont été arrêtés, ce qui leur était reproché et surtout pourquoi, jusqu’à présent, leur droit de savoir a été bafoué.



Les familles de victimes se sont tournées vers toutes les institutions de la République algérienne sans obtenir de réponses. Lorsqu’elles se sont tournées vers la justice algérienne, au pénal le procès aboutissait systématiquement à un « non-lieu en l’état », sans d’ailleurs qu’aucune famille ne comprenne ce terme et les raisons pour lesquelles cette décision était prononcée. Les affaires étaient parfois transférées à la chambre des affaires civiles et aboutissaient également à un non-lieu. Certains dossiers ont été jugés par le juge des affaires familiales qui rendaient un jugement de disparition et parfois prononçait un jugement donnant le droit à l’épouse de la victime de gérer les biens du foyer.

Cependant, la majorité des personnes accusées de participation à un acte de « disparition » n’ont pas été inculpée ni jugée en dépit de l’acharnement des autorités algériennes à dire que les responsables ont été punis. Les familles de disparu(e)s n’ont reçu aucune information concrète et vérifiable sur le sort de leurs proches. Aucune enquête criminelle appropriée n’a été ouverte et les autorités ne se donnent la peine ni de consulter ni d’informer les familles lorsque des fosses communes pouvant contenir les restes de leurs proches sont découverts. De plus, rien n’a été fait pour empêcher les forces de l’ordre de récidiver. C’est régulièrement et en toute impunité qu’elles passent outre les lois stipulant que toute arrestation doit être enregistrée et doit obéir à certaines règles.



Les familles aujourd’hui ont besoin de connaître toute la vérité sur le sort de leur parent disparu. Elles demandent que les disparus encore vivants soient libérés immédiatement et que les dépouilles des disparus décédés leur soient restituées. Les familles de disparu(e)s demandent avant tout cette vérité mais il faut également que les responsables de ces disparitions soient identifiés, que des enquêtes sur cette pratique qui a fait souffrir tant de familles en Algérie soient menées et que cesse définitivement cette pratique en Algérie.



Aujourd’hui les textes d’application de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale et en particulier les articles 45 et 46 de l’ordonnance 06-01 entravent complètement le droit à la vérité, à la justice et la liberté d’expression des victimes et familles de victimes de disparition forcée. Seule une Commission vérité dans le cadre d’un processus de justice transitionnelle pourrait permettre aux victimes et à leurs familles de recouvrer l’exercice de leurs droits fondamentaux et pourrait permettre aux Algériens de vivre dans un climat de paix véritable et durable.

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4Luttons contre l'oubli Empty Re: Luttons contre l'oubli Mar 14 Sep - 15:54

boumedienne

boumedienne

in cha allah qu'allah aide ces familles...il ne veulent pas d'argent , mais les corps , les corps de leur enfants ,c'est quand meme pas impossible...dite nous ou vous avez mis le corps de leur gosses.....

je compatit avec la douleur de ces familles....une mere reste un MERE...

5Luttons contre l'oubli Empty Re: Luttons contre l'oubli Sam 2 Oct - 0:15

admin"SNP1975"

admin
Admin

Alger: Rassemblement de familles de disparus

par Ghania Oukazi
«Prônant l'oubli et consacrant l'impunité, cette charte interdit tout recours aux familles des victimes de la décennie 90.»

C'est, entre autres, par cette phrase que les familles et collectifs des familles des disparus (CFDA et SOS Disparus) ont voulu convaincre les citoyens pour se joindre à eux hier au rassemblement qu'ils ont organisé devant la Grande Poste d'Alger pour commémorer l'an 5 de l'adoption de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale. Proposée à référendum populaire en septembre 2005, la charte en question est entrée en vigueur le 28 février 2006. «Dès l'annonce de ce référendum, le CFDA et SOS Disparus ont mené une vaste campagne pour alerter l'opinion publique nationale et internationale sur les conséquences néfastes de cette charte», ont écrit ces organisations dans l'appel au rassemblement qu'elles ont transmis discrètement aux milieux de la presse. «Nous devons être discrets parce que si les autorités le savent, elles nous enverront la police pour nous empêcher de manifester», nous disait mardi une représentante de SOS Disparus.

Les autorités politiques ont, pour rappel, décidé depuis le mois dernier, subitement et brutalement, d'interdire le rassemblement que ces familles tenaient tous les mercredis et ce depuis douze longues années, devant le siège de la Commission nationale consultative pour la promotion et la protection des droits de l'homme (CNCPPDH). En organisant la manifestation d'hier, elles ont tenu à rappeler leur rejet des dispositions de la Charte qui, à leurs yeux, «renforce d'une part le dispositif d'amnistie des groupes armés et accorde l'impunité aux agents de l'Etat». Elles dénoncent aussi dans leur appel le fait qu'«aujourd'hui, l'Etat continue de harceler les familles des disparu(e)s pour qu'elles acceptent que soient établis des jugements de décès et tente d'acheter leur silence en leur offrant des indemnisations».

Témoignages poignants

Elles sont venues hier nombreuses près de la Grande Poste pour «réaffirmer leur droit de connaître toute la vérité sur le sort de leurs proches». Elles font savoir qu'«aucune loi inique, ni mesure de répression ne les fera renoncer à ce droit».

Il était 10h quand les premières femmes avançaient hier discrètement vers le jardin faisant face à la Grande Poste, en plein centre de la capitale. «Mon fils avait 21 ans, il a été emmené au commissariat central (Bd Amirouche), je ne l'ai plus revu. Le fils de mes voisins a été arrêté en même temps. Il a dit au juge d'instruction que mon fils est mort après avoir été torturé, qu'il lui a fait la chahada. Moi, sa mère, j'ai déposé une plainte auprès de la Cour suprême pour arrestation et crime volontaire», raconte l'une d'elles. «J'ai continué à me présenter au tribunal d'Hussein Dey et en 2008, on m'a dit que l'affaire est classée, que je ne devais plus demander quoi que ce soit…», a-t-elle ajouté.

Elles se mettent à plusieurs pour relater les faits de disparitions de leurs proches. «On nous dit qu'il y a des tombes anonymes, des personnes qui ont été enterrées sous X, qu'ils fassent des tests ADN pour savoir d'où elles viennent, parce qu'ils disent que nos enfants ont été terroristes alors qu'ils n'avaient rien à voir…» «Mon mari a été arrêté sur les lieux de son travail le 31 janvier 1993, on m'a remis un acte de décès daté du 1er février 1993. Trouvez-vous ça normal ?» «Ils ont pris mon mari qui avait 82 ans et mon fils 24 ans…» «On nous dit que nos enfants sont morts dans des accrochages. Alors où sont les corps ? Qu'on nous les donne pour qu'on fasse notre deuil ?»

«Rien ne nous arrêtera!»

Il est 10h25. La place commence à se remplir de femmes et d'hommes. Des portraits sont brandis. «C'était un avocat». «C'était un étudiant». «Il faisait un stage pour être imam.» «C'était un assistant du DG d'une entreprise publique.»… Les fonctions sont nombreuses et diverses mais le drame de la disparition forcée a eu le même effet tragique sur les familles. «Non à l'impunité ; Justice et Vérité !», lit-on sur la large banderole déployée au premier rang des manifestants. Les manifestants étaient venus de plusieurs villes. «Oran, Jijel, Tizi Ouzou, Médéa, Tiaret», lit-on sur les pancartes.

«Ya houkam bladna, ouine rahoum ouledna (Gouvernants de notre pays, où sont nos enfants ?» «La Ouiam, La Salam, La Raha Lelhoukam ! (Non à la réconciliation et à la paix. Pas de répit pour les gouvernants !)» Bien que ce sont de vieilles personnes atteintes, selon plusieurs d'entre elles, de maladies chroniques, elles scandaient à gorge déployée des slogans qui résument à eux seuls la profonde détresse dans laquelle elles ont été plongées. «Ouledna kadhiyatna, hata chi ma yhabasna ! (Nos enfants sont notre cause, rien ne nous arrêtera !)» «Ya Rais Bouteflika, aâlah tkhabi el hakika ! (Président Bouteflika, pourquoi cachez-vous la vérité ? )» «Aâdalatna khaina, mahkama doualia ! (Notre justice triche, nous voulons un tribunal international !)» La place de la Grande Poste grouille de monde. Manifestants entourés par de nombreux citoyens et badauds ont fait foule.

Il était 11h quand un fourgon de police arrive. Un policier en descend, téléphone mobile à l'oreille et talkie-walkie à la main. «Vous êtes journaliste ?», a-t-il interrogé notre chef de bureau. «Oui», lui répond-il. «Donnez-moi votre carte professionnelle», réclame le policier. Mais le temps que le journaliste sorte sa carte de son cartable, le policier fait demi-tour et se met à côté du fourgon. Instruction venue «d'en haut» de ne pas intervenir ? Probablement puisque aucun policier ne s'est approché des manifestants. Aucun signe de répression n'a été visible contrairement au mois dernier où les agents de sécurité ont traîné quelques-uns de ces mêmes manifestants par terre.

Le rappel du comité des droits de l'homme de l'ONU

«Ya houkam bladna, ma biôouche ouledna ! (Gouvernants de notre pays, nous ne vendons pas nos enfants !» continuent les familles de scander. «Bouteflika hram aâlik, deme ouledna itabaâ fik ! (Bouteflika, c'est un pêché pour vous, le sang de nos enfants vous suit !)»

Quelques minutes plus tard, des femmes de la police et de la BMPJ se rapprochent du lieu de la manifestation. «Ça y est, cette fois-ci, on leur a ramené des femmes…», nous a dit un agent de sécurité. «Pour qu'elles puissent bousculer facilement ces femmes ?», interrogeons-nous. «Non, on ne les touchera pas», a-t-il répondu.

«Ya houkam ya masôoulin, ouine rahoum el mafkoudine ? (Gouvernants, vous qui êtes responsables, où sont les disparus)». La manifestation continue encore plus forte. «Fi blad el houria, essoudjoune essaria ! (Dans le pays de la liberté, il y a des prisons secrètes !)» «Ya Ksentini ya kedhab, ouache kolt fi jinev ? (Ksentini, le menteur, qu'as-tu dit à Genève ?)» Les policiers en faction remarquent la présence d'un photographe étranger. «Avez-vous une autorisation pour photographier ?», lui demandent-ils. «C'est un Américain, il a un ordre de mission d'un journal algérien», leur répond son interprète. «C'est marqué reportage photos, c'est vaste…», lui dit un policier en civil. «Suivez-nous au commissariat, on doit vérifier», recommande son collègue au photographe américain. Les familles se dispersent vers les coups de 12h avec la promesse de continuer le combat pour «la justice et la vérité».
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6Luttons contre l'oubli Empty Re: Luttons contre l'oubli Sam 2 Oct - 0:17

admin"SNP1975"

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Indemnisations des familles des disparus: Les regrets d'une mère qui a accepté de signer

par G. O.

Non, je n'ai pas vendu mon fils, je voulais que cette jeunesse vive mieux !» nous a dit Mme Aribi qui a accepté de se faire indemniser conformément aux dispositions de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale. Elle raconte comment en 1993, son fils de 18 ans a été pris de la maison pour ne plus revenir. «Quand j'ai dit oui à la Charte, je pensais aider quelque part à ce que cette jeunesse vive en paix,» ne cesse-t-elle de répéter. Elle nous fait savoir qu'elle a accepté de faire enregistrer son fils comme décédé. «On m'a demandé de signer un papier et m'ont donné 94 millions et on m'a dit que c'était une aide sociale. Lisez, vous voyez, c'est une trahison !» nous dit-elle avec la gorge serrée. «Je ne peux pas comprendre les lois toute seule, on n'a pas à nos côtés des avocats qui nous expliquent et nous aident à arracher nos droits, on se retrouve seul !» se plaint-elle. «Le jour où j'ai signé, je traînais les pieds, j'ai perdu connaissance,» raconte-t-elle. «Je pensais que le fils qui me reste va bien vivre, il gagne aujourd'hui 10 000 DA, pour toute une famille dont les parents sont malades ! Est-ce que c'est ça les bienfaits de la Charte ?» Interroge-t-elle. «Oui, j'ai regretté, je n'aurais pas dû accepter de signer. Je suis une femme de la révolution, je ne paie pas mes sacrifices d'hier et d'aujourd'hui avec l'âme de mon fils.»

«L'Etat algérien ne peut se prévaloir des textes de la charte et a le devoir de mener des enquêtes approfondies sur les violations supposées des droits de l'Homme, en particulier lorsqu'il s'agit de disparitions forcées(…) mais aussi d'engager des poursuites pénales contre quiconque est présumé responsable de ces violations (…) .» C'est ce que le comité des droits de l'homme de l'ONU a notifié aux autorités algériennes et que les familles des disparus ont tenu à mettre dans la lettre qu'elles ont distribuée sur place et qu'elles ont intitulée «non à l'oubli, non à la fourberie !»
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