Algérie-Maroc


Rejoignez le forum, c’est rapide et facile

Algérie-Maroc
Algérie-Maroc
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.
Algérie-Maroc

Forum de discussion entre Maghrébins, expulsés marocains d'algerie,algerie-maroc


Le deal à ne pas rater :
SSD interne Crucial BX500 2,5″ SATA – 500 Go à 29,99€
29.99 €
Voir le deal

Vous n'êtes pas connecté. Connectez-vous ou enregistrez-vous

Terhzaz, le général du FAR qui en savait trop

Aller en bas  Message [Page 1 sur 1]

admin"SNP1975"

admin
Admin

Terhzaz, le général qui en savait trop


INTERVIEW - Kaddour Terhzaz, haut gradé de 72 ans, croupit en prison. Il a été condamné à douze ans de détention. Sa fille, Sonia Terhzaz, affirme qu'il est victime d'une machination.

Sonia Terhzaz, la fille général Kaddour Terhzaz

Pourquoi votre père est-il détenu au Maroc ?

Sonia Terhzaz : Mon père, Kaddour Terhzaz, était une personnalité militaire reconnue et appréciée de tous pour ses compétences et sa probité. Il a pris sa retraite à 58 ans et vivait, depuis, une retraite heureuse et sans histoires, à Rabat, avec ma mère. Subitement, sans que rien le laisse présager, le 9 novembre 2008, des gendarmes sont venus l'arrêter devant chez lui. Ma mère l'a attendu, sans comprendre, toute la journée... Tout s'est enchaîné très vite, trop vite : arrestation, interrogatoire succinct au commissariat, incarcération à la prison de Salé. Dix-neuf jours plus tard, il a été condamné à douze ans de prison ferme par le tribunal permanent des Forces armées royales. Le procès s'est déroulé en deux heures, et mon père n'a pas eu le droit de présenter des témoins à décharge. On l'accuse d'avoir "divulgué" des informations militaires qui portaient soi-disant "atteinte à la sécurité extérieure de l'Etat" dans une lettre adressée en 2005 au roi Mohammed VI et destinée à attirer son attention sur les conditions de retour faites aux anciens pilotes marocains prisonniers du Polisario à Tindouf pendant vingt-cinq ans, et rentrés sans honneur. Il s'agissait en fait d'une simple lettre de solidarité, qui sollicitait une amélioration de leurs conditions de retour. Ces "prisonniers de guerre" ont sacrifié un quart de leur vie pour servir leur pays et ils ont été libérés vingt-cinq ans après, mis à la retraite d'office, avec le grade qu'ils avaient au moment de leur capture, d'où des préjudices de carrière considérables. Quel était le fameux "secret" divulgué dans sa lettre d'après le jugement rendu par le tribunal militaire permanent des Forces armées royales ? C'était l'"absence de protection antimissiles" des avions de combat pendant le conflit au Sahara, leur sous-équipement. Or, cette soi-disant divulgation d'informations militaires secrètes avait déjà été faite un an avant l'envoi par mon père de la lettre à Sa Majesté le Roi, dans le quotidien Aujourd'hui le Maroc daté du 7 mai 2004. La lettre de mon père, quant à elle, datait du 14 février 2005. Il s'agissait ainsi d'un secret de polichinelle. Et pour avoir révélé un secret qui n'en était pas un, mon père a écopé de douze ans de prison. Quant à l'unique destinataire de cette lettre, il n'est autre que le roi Mohammed VI lui-même. Il ne peut bien sûr y avoir aucun secret dans son cas puisque c'est lui qui est à la fois Chef suprême et chef d'état-major des forces armées ! Sachant, en outre, que ce fameux "secret" avait déjà été révélé dans la presse un an avant l'envoi de cette lettre par mon père...

Que lui reprochent les autorités ?

Officiellement, les autorités, ou plutôt l'armée, lui reprochent d'avoir divulgué un secret. Mais les raisons invoquées sont tellement improbables qu'on comprend dès lors qu'il s'agit d'un règlement de comptes. Mon père avait déjà envoyé des lettres à Sa Majesté dans le passé, en sa qualité de commandant en second ou en tant que militaire à la retraite. Il estimait qu'il était de sa responsabilité de tenir le roi au courant des problèmes que rencontrait l'armée. N'a-t-il pas égratigné au passage des gens qui ne voulaient pas que certaines choses soient révélées ?
Comment peut-on expliquer une peine aussi lourde ?
On ne peut pas expliquer une peine aussi lourde, face aux éléments du dossier mis à notre disposition. On ne peut pas condamner à douze ans de prison pour avoir envoyé une lettre un homme à la retraite depuis quinze ans. On ne peut pas accuser un homme d'avoir divulgué un secret qui n'en était pas un et surtout sans apporter de preuves de la divulgation. S'il avait révélé un quelconque secret dans la presse, il aurait été très aisé d'en retrouver les traces. Cette condamnation cherche à dissuader ceux qui oseraient s'exprimer sur les affaires militaires du royaume, que ce soit dans la presse ou au travers d'une lettre destinée au roi.

Quelles sont ses conditions de détention ?


Les premières actions que nous avons entreprises remontent à un an. Elles ont considérablement contribué à aggraver les conditions carcérales de mon père. Alors qu'il bénéficiait d'un régime de détention plutôt favorable, il s'est retrouvé dans une cellule d'isolement, a été privé de douches et de repas chauds. Il est maintenant seul dans une cellule ouverte, un semi-couloir pour être plus précis. Il est constamment fouillé. Mon père, à l'heure actuelle, est toujours dans la même cellule. Il a 73 ans et dort par terre malgré un état de santé très dégradé.

Comment menez-vous votre combat au quotidien ?

uste après la condamnation de mon père, ma famille et moi-même ne savions plus que faire. Nous étions dans le flou le plus total. Nous cherchions inlassablement à comprendre comment on avait pu en arriver là. Nous avions ainsi décidé de ne rien faire pendant une année, une longue année, en espérant une absolution. Cependant, le temps a passé et nous avons commencé à nous sentir coupables. Voilà maintenant près d'un an que je promène ma petite valise de ville en ville. Je suis beaucoup soutenue par ma famille et par toutes les personnes que nous avons sollicitées depuis le début de notre campagne de soutien. Nous ne cherchons pas à causer du tort à notre pays. Bien au contraire, c'est lui rendre justice que de défendre un homme qui a tant œuvré pour lui. On m'a fait comprendre que mes déplacements à Grenade, mes pérégrinations en France, à Washington, à Bruxelles ou encore à Genève étaient considérés comme de la provocation et que nos actions n'ont fait que braquer encore plus les autorités marocaines. Mais nous n'avions plus aucun espoir de libération. Après avoir attendu un an, il a fallu que nous réagissions au plus vite.

Propos recueillis par Pierre Cherruau

http://www.marocainsdalgerie.net

Revenir en haut  Message [Page 1 sur 1]

Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum