[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
L'Algérien et le Marocain ne se réduisent pas aux dirigeants. Il y a ici et là des sociétés civiles vivantes, exigeantes, des femmes et des hommes qui ont leur mot à dire et qui le disent haut et fort.
Au Maroc on se réjouit de cette grande marge de liberté d’expression et de droit de l’homme avec la venue de la nouvelle ère. Il y a des opinions politiques constituées ou en formation, constantes sur certaines questions de vie générale, ou changeantes sur d'autres. Le mauvais voisinage étant établi, installé, consommé entre l'Algérie et le Maroc, comment réagissent les Marocains ? Plus exactement, comment les Marocains voient-ils les Algériens d’aujourd'hui ? Ce regard, véhiculant clichés et stéréotypes, est traditionnellement chargé de sentiments divers et contrastés, tantôt d'admiration , tantôt d'agacement et de colère, mais toujours nuancé d'une bonne dose d'étonnement et de surprise. Qu'en est-il au juste ?
Un brin d'histoire pour commencer. Tout d’abord il faut noter que l’Afrique du nord est segmentée en trois portions, dont l’épellation est : « Maghreb aqsa-Magheb Awsat-Maghreb Adna » Au Maroc, c'est l'étrangeté qui domine dès qu'il s'agit des Algériens : ils ne sont pas comme nous. Un Algérien est un Wasti, c'est-à-dire originaire du Maghreb du centre ou du milieu, avec une connotation d'éloignement et de dépréciation. Dans le constat de différence, il y a reproche et réprobation. Ils ne sont pas comme nous, alors qu'ils devraient l'être. D'où, pour désigner les Algériens, l'expression « deuxièmes Francis » (deuxièmes Français, Français d'une autre catégorie), qui date du protectorat. Ils sont arabes, amazigh et musulmans, mais se comportent comme des Nasranis pour dire Européens). Ils boivent de l'alcool, ils tenaient des bars et à l'occasion, ils renseignaient les autorités françaises en temps du protectorat. Normal : les premiers débits de boisson étaient attribués à des Algériens. Pour l'aristocratie Marocaine, l'Algérien est un zoufri, déformation très significative d'ouvrier qui désigne le « voyou ».
Cette première image, peu flatteuse, s'est modifiée avec le temps. Le protectorat a amené dans ses bagages d'autres Algériens, des professeurs, des administrateurs, des juges, qui, eux, ont nourri une réputation de compétence et d'intégrité. Certaines familles ont même fait souche au Maroc et fourniront des cadres appréciés à la Révolution algérienne. Qui se sont transformés après en Marocains du « Malg » qui gouvernent aujourd’hui l’Algérie.(voir mes articles précédents).
Le 1er novembre 1954 et la guerre d'indépendance de l'Algérie vont transformer fondamentalement l'image des Algériens. Désormais, c'est l'héroïsme qui l'emporte de même que l’égoïsme. Les Algériens ne sont pas comme nous, ils sont mieux que nous en quelque sorte. C'est d'autant plus vrai que l'indépendance marocaine, après l'euphorie des débuts, laisse un vague sentiment d'inachèvement et de frustration. À coup sûr, pour la gauche unfpiste, éloignée du pouvoir par l’entourage de feu Hassan II, l'Algérie était un modèle, un régime progressiste révolutionnaire. Par admiration, dans les rues de la capitale Rabat, les étudiants Barkawi manifestaient au cri de ce slogan rimé (en arabe) : Ben Bella f’Ribat,wal Hassan tahta sabbat !« Ben Bella à Rabat et Hassan sous chaussures ! »
La « guerre des Sables » (octobre 1963) perturbe fortement la donne. Les relations entre la République algérienne démocratique et populaire et l'ancien Empire chérifien vont connaître une transformation profonde et durable qui n'épargne pas les deux peuples. Un épisode permet de saisir à vif les sentiments réciproques. On avait distribué des armes aux hommes valides des deux côtés. Le jour, ils se tiraient dessus à vue et, lorsqu'il faisait noir, ils se rattrapaient à coups d'injures. Les Algériens se défoulent en traitant les Mrarkas (pluriel de Marocain) de « mangeurs de méchoui », de « oulad sidi » et « oulad moulay », allusion aux titres hiérarchiques qui choquent dans une société qui se veut plus égalitaire. En face, pour invectiver les Wastas, on avait une préférence marquée pour les shmata, ce qui signifie en général « faux jeton » et désigne ici ceux qui ne respectent pas, suprême infamie, les accords et les engagements.(voir articles sur les engagements non tenus par les algériens.. !).
Cette péripétie est précieuse, non seulement parce qu'elle nous donne un florilège sur la guerre des stéréotypes, mais parce qu'on y trouve, résumé, ce qui sera, pour les Marocains, l'idéologie dominante sur leurs incommodes voisins. Méchoui, sidi, Moulay... Si les Algériens nous reprochent notre excès de civilité ou notre goût pour la bonne chère, c'est qu'ils nous envient. Ce thème, on l'entendra dans les discours de feu Hassan II, comme dans les salons de Rabat, de Casablanca, ou partout dans les grandes villes du royaume.
Sur un mode moins polémique, les Marocains se sont persuadés que les Algériens, au fond, aiment le Maroc et les Marocains. Et ils le montrent volontiers quand ils séjournent dans le royaume. Ils apprécient le mode de vie, le faste, l'hospitalité, la belle vie, la sécurité, la libre expression et par-dessus tout les chikhates, ces chanteuses, danseuses folkloriques de l’Atlas au verbe salace et joyeux qui animent les mariages de toutes conditions et ne détonnent pas dans les soirées huppées.
On pourrait même déceler chez les Algériens qui découvrent le Maroc ou aiment y revenir une certaine nostalgie, ou, si l'on préfère, le mal du pays perdu. Dans le Maroc de toujours, ils retrouvent l'Algérie disparue. Dans les années 1980, un groupe de médecins algériens visite le royaume. Pendant dix jours, ils vont là où il faut aller : Rabat, Fès, Mekhnès, Marrakech... Au dernier dîner, leurs hôtes leur posent la question rituelle mais pas très innocente : « Alors, comment avez-vous trouvé le Maroc ? - Eh bien, c'est la même chose que chez nous... Avec les remparts en plus. » À la même question, un entrepreneur, qui envisageait de s'installer au Maroc, eut cette réponse : « C'est l'Algérie, mais une Algérie en panne ! » On peut citer encore cet homme politique qui avait sillonné le monde arabe mais rêvait de vivre dans la médina de Fès pour retrouver l'Algérie qu'il n'avait pas connue, l'Algérie de ses rêves.
Donc, les Algériens des villes traditionnelles de Tlemcen, Constantine, Annaba, et de Bjaia,qui se moquent du clan d’Oujda,dénonçant les pièces théâtrales jouées contre notre pays,soit par les Marocains du Malg,soit par les Chawis au pouvoir. Ces purs Algériens aiment les Marocains. Et ceux-ci le leur rendent bien. Ils aiment en eux ce qu'ils ne sont pas eux-mêmes, ce qu'ils n'osent pas être. Ils sont d'abord surpris par cette dignité à fleur de peau « typiquement algérienne », puis finissent par l'apprécier. Un concitoyen des Marocains Résidents à l’Etranger m'a raconté un jour, une curieuse histoire qui lui est arrivée à Alger. Il se promenait avec sa femme (une française) du côté de Bab el-Oued et s'arrêta à une échoppe qui vendait des crèmes à raser. Le marchand, un vieil homme plutôt taciturne, lui présente les marques disponibles et décline leur prix. Le Marocain hésite un moment et choisit la plus chère, puis demande à son épouse de payer. Le vieil homme s'interpose et oblige le client, en invoquant Dieu, à prendre la marchandise sans la payer : « Pour ne pas nous humilier devant la Gawriya [la Française]. » « Impensable au Maroc », conclut mon interlocuteur, avec un brin de regret et de jalousie.
Le portrait-robot de l'Algérien dessiné ici est loin d'être antipathique. Ombrageux, révolté, se mettant en colère pour un rien, prenant des libertés avec les choses de la religion, il devient franchement irrésistible lorsqu'il sacrifie à la prière : les versets coraniques qu'il récite sont truffés de mots mélangés de français et il ne peut s'empêcher de pester contre Dieu et tous les saints, insultant la religion,la sainte tradition, et la croyance ! Au jeu des comparaisons, le Marocain ne gagne pas toujours. Un lettré de Fès a dit un jour : « Notre pays est émollient et le relâchement nous atteint jusque dans nos vices et défauts. Regarde les Algériens : ils sont entiers, tout d'une pièce, ce sont des saints ou des salauds. Nous, lorsque la vertu nous fait défaut, nous sommes surtout des canailles ! »
La fraternisation entre Marocains et Algériens se fait sur le dos des Tunisiens. Aux yeux des Marocains, la première qualité des Algériens est qu'ils ne sont pas comme les Tunisiens. Et réciproquement, les Algériens créditent les Marocains du même avantage. Le Tunisien, plus proche de l'Orient, est censé posséder les qualités pacifiques du commerce, alors qu'entre les monts de l'Atlas et des Aurès ce sont les vertus guerrières qui l'emportent.
Bien entendu, la forte sympathie mâtinée d'admiration qu'éprouvent les Marocains à l'endroit des Algériens a été ébranlée par l'affaire du Sahara, affaire créée de toutes pièces par le duo Boukharouba-Boutaflika. La position de l'Algérie n'a jamais été comprise et choquait profondément les Marocains. Évoquant l'aide apportée par le royaume du Maroc et son peuple généreux à sa lutte de libération, on dénonçait volontiers l'ingratitude de l'Algérie. Fort heureusement, on s'en prenait à l'Algérie, à ses dirigeants et singulièrement à Houari Boumedienne, et après lui à la junte militaire de Ben Aaknoune, mais pas aux Algériens dans leur ensemble. Et c'est justice, car les Algériens eux-mêmes ne se sont jamais sentis concernés par l'affaire du Sahara...dont la plupart disait souvent et dit encore « Ma Aâla Balich – je connaît pas »C’est un sal jeu de gouvernants.
L'incompréhension marocaine à l'égard de la position officielle de l'Algérie, et plus précisément des locataires du palais d’El Moradiah d’Alger sur les « provinces Marocaines du Sud » s'accompagne d'une réelle inquiétude. Jusqu'au début des années 1980, Pour venger ses premières défaites après la marche verte (Les 2 Amgala et Gueltat Zemmour), l’armée algérienne déguisée en Polisario pouvait porter des coups durs à l'armée marocaine au-delà même du Sahara Marocain occidental, et l'Algérie, forte de son pétrole, de sa diplomatie, faisait vraiment peur. Elle exerçait aussi une irrésistible fascination. « À l'époque, rappelle un professeur de Sciences, on se croyait obligé, en rédigeant un mémoire sur les relations internationales, de citer les articles de la révolution Algérienne, la Pravda locale ! »
L'ouverture des frontières en 1988 permet soudain aux deux peuples de se découvrir dans leurs réalités respectives, loin des craintes et des fantasmagories. Côté algérien, c'est le rush vers l'Eldorado Marocain et sur les objets de consommation courante, fruits, légumes, textiles et hashish aussi. Ils ne cachent pas leur bonheur et se font photographier devant des pyramides de pastèques et de Bananes, buvant savourement du Coca-Cola à bas prix. De l'autre côté, les universitaires qui rendent visite à leurs collègues à Alger ou à Constantine se délestent rapidement de leurs complexes. On assiste même, à la faveur de l'ouverture, à une inversion des attitudes et des rôles : les Marocains découvrent qu'ils ne sont pas si mal lotis chez eux et regardent leurs voisins avec tristesse : « Les pauvres !... »
La montée des islamistes en Algérie après le soulèvement populaire d’octobre 1988, l'interruption du processus électoral, la guerre civile,l’incertitude et l’insécurité susciteront un grand intérêt au Maroc, surtout au début. Dans la classe politique et au-delà, le sentiment dominant est bien exprimé par le verbe arabe « tashaffi », qui signifie « se réjouir du malheur d’autrui ». Bien entendu, cette attitude malsaine n'est pas sans lien avec la trouille que suscitait, encore hier, le pays voisin. Plutôt que de chercher à comprendre les tenants et les aboutissants de la crise, on se contente de commentaires péremptoires du genre : « Les Algériens n'ont que ce qu'ils méritent. » Avec ce corollaire : « Ça ne risque pas de nous arriver, nous, nous sommes différents. »
Le Maroc sera frappé par le terrorisme islamiste en juin 1994 (hôtel Asni à Marrakech, en mai 2003 à Casablanca, mais on n'a pas remis en question le postulat de base : l'Algérie n'est pas le Maroc.
Maintenant que l'Algérie est en train de sortir peu à peu du tunnel et retrouve ses marques et son assurance, comment sera-t-elle perçue au Maroc ? Peut-on esquisser un état de l'opinion dans le royaume, qui est concerné au premier chef par le retour de l'Algérie ? Pour tenter de répondre, il faudrait que l'histoire cède la place à la géographie. Le regard change en effet radicalement au fur et à mesure que l'on s'approche de la frontière. Et l'Algérie vue de l'Oriental n'est pas celle dont on parle à Rabat ou à Casablanca
À Oujda, « on vit aux heures marocaines et algériennes aux grés des circonstances. Certes la région est plus aiguillée sur l’Ouest et se considère comme centralité mais l’Algérie n’est pas pour autant un ancien souvenir, effacé à jamais de nos ardoises d’écoliers»(1). Les marchands de fruits secs participent aux enchères des dattes très prisées (Deglet Nour). Lorsque vous êtes invité chez un notable algérien, il arrive qu'il précise que la viande de son tagine est marocaine. Ce qui n'est pas la règle. On roule avec du carburant algérien, vendu dans des jerricanes le long des routes à proximité de la frontière, pas loin du poste douanier « Zouj Bghal ».
Les échanges vers l'Algérie ne sont pas moins intenses. Sur les marchés de la petite ville algérienne de « Maghnia », on trouve des fruits et légumes qui ont poussé au Maroc, mais aussi des pantalons jeans, djellabas, babouches de la bonne qualité « harf ryal » caftans (très recherchés pendant la saison des mariages), tissus d'ameublement, électronique en provenance de Nador dans le Nord... Faut-il préciser que tous ces produits, la frontière étant officiellement fermée, empruntent les réseaux plus que tolérés de la contrebande.
L'amélioration des relations entre l'Algérie et le Maroc est un souhait, une revendication très populaire. Il y va de la vie quotidienne de la région, sinon de sa prospérité malgré que Sidna ordonnait en compensation des grands projets d’infrastructure économique et social pour le bien être de la région orientale et. Et c'est parce que le gouvernement algérien le sait qu'il tarde à faire le « cadeau » et répondre à la main tendue du Maroc.
En s'éloignant d'Oujda, à Rabat ou à Casablanca, on découvre, non sans surprise, que l'Algérie ne fait plus recette. Il faut se résoudre à l'évidence : la rupture a fait son oeuvre. Le sentiment dominant n'est pas la désaffection, la détestation ou l'inquiétude, mais l'indifférence. On ne parle plus de l'Algérie, et, si vous y amenez la conversation, on regarde poliment ailleurs. La réconciliation, les retrouvailles ? On n'y croit pas, on n'y croit plus. La rupture n'est pas uniquement dans les esprits, elle est dans les faits et elle est générale. D'ordinaire, quand les gouvernements ne se parlent plus, les partis politiques maintiennent au minimum des relations entre les deux pays. Ce n'est plus le cas. Seul le socialiste Abderrahmane Youssoufi, lorsqu'il était à la tête du gouvernement d’alternance, s'était démené pour mettre fin à la brouille. Il a échoué et personne ne songe à le relayer. Sondage impromptu : famille du quartier chic de Casablanca ; si la fille annonce à son père qu'elle veut épouser un Algérien, le père ne lui donne pas sa bénédiction. Avec un Nesrani (Européen ?) Il sera plus accommodant et posera des questions sur le futur conjoint et sa famille. Pour épouser la dulcinée, il devra seulement, s'il n'est pas musulman, se convertir en Islam (une formalité)...
Lorsque les relations, sous le gouvernement de José María Aznar, étaient détestables avec l'Espagne, on s'en désolait dans les milieux d'affaires, déplorant la perte de temps et le manque à gagner. Rien de tel à propos de la rupture avec l'Algérie. « Il semble bien que le Maghreb ne soit plus au coeur des préoccupations, dit un politologue. La région en tant que concept opératoire favorisant les échanges et la prospérité est en train de s'effacer au profit de la mondialisation, qui, paradoxalement, paraît moins abstraite. » Aujourd'hui, dans un certain Maroc qui n'est pas tout le Maroc mais qui compte, l'Espagne, la France, l'Europe, l'Amérique... vous disent quelque chose. L'Algérie ? Ne connais pas.
On peut supposer que des initiatives judicieuses et, surtout, une réelle politique de coopération devraient avoir raison de la désaffection actuelle et relanceraient le grand Maghreb. Peut-être !
En attendant, c'est le Maghreb de l'ignorance qui domine par obstacles algériens. Aussi bien en Algérie qu'au Maroc, l'état des opinions publiques, dès qu'il s'agit du pays voisin, est calamiteux. Quiconque connaît les deux pays ou simplement continue de s'y intéresser est atterré par les inepties proférées par les uns sur les autres et réciproquement. À défaut de se connaître, on se contente de misérables stéréotypes plaqués sur des réalités politiques devenues opaques. Pour les Algériens, le Maroc est le royaume des esclaves prosternés, le Maroc de baise-main. Les Marocains sont des sujets serviles, éternellement soumis à un tout-puissant et mystérieux Makhzen. Aux yeux des Marocains, la vie politique est tout aussi absente en Algérie, république de l’anarchie, de la manipulation exercée dans l'ombre, dans les coulisses par l'armée ou, mieux, la fameuse S.M., la Sécurité militaire. On le voit, la politique au Maghreb n'est pas très compliquée : S.M. ici et S.M. là !
Pour ne pas rester sur cette note sombre, un dernier mot sur le football et un match mémorable. Décembre 1979 : Algérie-Maroc à Casablanca. (5-1). Une correction sans précédent, la honte. Au cours de la démonstration, le public casablancais est, bien entendu, dans tous ses états. À un moment, un slogan surgit de la foule dans l'intention, semble-t-il, de limiter les dégâts et de canaliser la colère : « Le Sahara est marocain ! » Le slogan est aussitôt repris et amplifié avec cet additif lourd de sens : « Le Sahara est marocain, mais le foot est algérien ! » Et les Casablancais réservent leurs encouragements et applaudissements à l'équipe adverse,même sentiment exprimé aussi lors du dernier derby de la CAN Egypte-Algérie au Soudan. Comme quoi, le Grand Maghreb des peuples n'est peut-être pas un slogan obsolète.
Chihab
(1) AK
L'Algérien et le Marocain ne se réduisent pas aux dirigeants. Il y a ici et là des sociétés civiles vivantes, exigeantes, des femmes et des hommes qui ont leur mot à dire et qui le disent haut et fort.
Au Maroc on se réjouit de cette grande marge de liberté d’expression et de droit de l’homme avec la venue de la nouvelle ère. Il y a des opinions politiques constituées ou en formation, constantes sur certaines questions de vie générale, ou changeantes sur d'autres. Le mauvais voisinage étant établi, installé, consommé entre l'Algérie et le Maroc, comment réagissent les Marocains ? Plus exactement, comment les Marocains voient-ils les Algériens d’aujourd'hui ? Ce regard, véhiculant clichés et stéréotypes, est traditionnellement chargé de sentiments divers et contrastés, tantôt d'admiration , tantôt d'agacement et de colère, mais toujours nuancé d'une bonne dose d'étonnement et de surprise. Qu'en est-il au juste ?
Un brin d'histoire pour commencer. Tout d’abord il faut noter que l’Afrique du nord est segmentée en trois portions, dont l’épellation est : « Maghreb aqsa-Magheb Awsat-Maghreb Adna » Au Maroc, c'est l'étrangeté qui domine dès qu'il s'agit des Algériens : ils ne sont pas comme nous. Un Algérien est un Wasti, c'est-à-dire originaire du Maghreb du centre ou du milieu, avec une connotation d'éloignement et de dépréciation. Dans le constat de différence, il y a reproche et réprobation. Ils ne sont pas comme nous, alors qu'ils devraient l'être. D'où, pour désigner les Algériens, l'expression « deuxièmes Francis » (deuxièmes Français, Français d'une autre catégorie), qui date du protectorat. Ils sont arabes, amazigh et musulmans, mais se comportent comme des Nasranis pour dire Européens). Ils boivent de l'alcool, ils tenaient des bars et à l'occasion, ils renseignaient les autorités françaises en temps du protectorat. Normal : les premiers débits de boisson étaient attribués à des Algériens. Pour l'aristocratie Marocaine, l'Algérien est un zoufri, déformation très significative d'ouvrier qui désigne le « voyou ».
Cette première image, peu flatteuse, s'est modifiée avec le temps. Le protectorat a amené dans ses bagages d'autres Algériens, des professeurs, des administrateurs, des juges, qui, eux, ont nourri une réputation de compétence et d'intégrité. Certaines familles ont même fait souche au Maroc et fourniront des cadres appréciés à la Révolution algérienne. Qui se sont transformés après en Marocains du « Malg » qui gouvernent aujourd’hui l’Algérie.(voir mes articles précédents).
Le 1er novembre 1954 et la guerre d'indépendance de l'Algérie vont transformer fondamentalement l'image des Algériens. Désormais, c'est l'héroïsme qui l'emporte de même que l’égoïsme. Les Algériens ne sont pas comme nous, ils sont mieux que nous en quelque sorte. C'est d'autant plus vrai que l'indépendance marocaine, après l'euphorie des débuts, laisse un vague sentiment d'inachèvement et de frustration. À coup sûr, pour la gauche unfpiste, éloignée du pouvoir par l’entourage de feu Hassan II, l'Algérie était un modèle, un régime progressiste révolutionnaire. Par admiration, dans les rues de la capitale Rabat, les étudiants Barkawi manifestaient au cri de ce slogan rimé (en arabe) : Ben Bella f’Ribat,wal Hassan tahta sabbat !« Ben Bella à Rabat et Hassan sous chaussures ! »
La « guerre des Sables » (octobre 1963) perturbe fortement la donne. Les relations entre la République algérienne démocratique et populaire et l'ancien Empire chérifien vont connaître une transformation profonde et durable qui n'épargne pas les deux peuples. Un épisode permet de saisir à vif les sentiments réciproques. On avait distribué des armes aux hommes valides des deux côtés. Le jour, ils se tiraient dessus à vue et, lorsqu'il faisait noir, ils se rattrapaient à coups d'injures. Les Algériens se défoulent en traitant les Mrarkas (pluriel de Marocain) de « mangeurs de méchoui », de « oulad sidi » et « oulad moulay », allusion aux titres hiérarchiques qui choquent dans une société qui se veut plus égalitaire. En face, pour invectiver les Wastas, on avait une préférence marquée pour les shmata, ce qui signifie en général « faux jeton » et désigne ici ceux qui ne respectent pas, suprême infamie, les accords et les engagements.(voir articles sur les engagements non tenus par les algériens.. !).
Cette péripétie est précieuse, non seulement parce qu'elle nous donne un florilège sur la guerre des stéréotypes, mais parce qu'on y trouve, résumé, ce qui sera, pour les Marocains, l'idéologie dominante sur leurs incommodes voisins. Méchoui, sidi, Moulay... Si les Algériens nous reprochent notre excès de civilité ou notre goût pour la bonne chère, c'est qu'ils nous envient. Ce thème, on l'entendra dans les discours de feu Hassan II, comme dans les salons de Rabat, de Casablanca, ou partout dans les grandes villes du royaume.
Sur un mode moins polémique, les Marocains se sont persuadés que les Algériens, au fond, aiment le Maroc et les Marocains. Et ils le montrent volontiers quand ils séjournent dans le royaume. Ils apprécient le mode de vie, le faste, l'hospitalité, la belle vie, la sécurité, la libre expression et par-dessus tout les chikhates, ces chanteuses, danseuses folkloriques de l’Atlas au verbe salace et joyeux qui animent les mariages de toutes conditions et ne détonnent pas dans les soirées huppées.
On pourrait même déceler chez les Algériens qui découvrent le Maroc ou aiment y revenir une certaine nostalgie, ou, si l'on préfère, le mal du pays perdu. Dans le Maroc de toujours, ils retrouvent l'Algérie disparue. Dans les années 1980, un groupe de médecins algériens visite le royaume. Pendant dix jours, ils vont là où il faut aller : Rabat, Fès, Mekhnès, Marrakech... Au dernier dîner, leurs hôtes leur posent la question rituelle mais pas très innocente : « Alors, comment avez-vous trouvé le Maroc ? - Eh bien, c'est la même chose que chez nous... Avec les remparts en plus. » À la même question, un entrepreneur, qui envisageait de s'installer au Maroc, eut cette réponse : « C'est l'Algérie, mais une Algérie en panne ! » On peut citer encore cet homme politique qui avait sillonné le monde arabe mais rêvait de vivre dans la médina de Fès pour retrouver l'Algérie qu'il n'avait pas connue, l'Algérie de ses rêves.
Donc, les Algériens des villes traditionnelles de Tlemcen, Constantine, Annaba, et de Bjaia,qui se moquent du clan d’Oujda,dénonçant les pièces théâtrales jouées contre notre pays,soit par les Marocains du Malg,soit par les Chawis au pouvoir. Ces purs Algériens aiment les Marocains. Et ceux-ci le leur rendent bien. Ils aiment en eux ce qu'ils ne sont pas eux-mêmes, ce qu'ils n'osent pas être. Ils sont d'abord surpris par cette dignité à fleur de peau « typiquement algérienne », puis finissent par l'apprécier. Un concitoyen des Marocains Résidents à l’Etranger m'a raconté un jour, une curieuse histoire qui lui est arrivée à Alger. Il se promenait avec sa femme (une française) du côté de Bab el-Oued et s'arrêta à une échoppe qui vendait des crèmes à raser. Le marchand, un vieil homme plutôt taciturne, lui présente les marques disponibles et décline leur prix. Le Marocain hésite un moment et choisit la plus chère, puis demande à son épouse de payer. Le vieil homme s'interpose et oblige le client, en invoquant Dieu, à prendre la marchandise sans la payer : « Pour ne pas nous humilier devant la Gawriya [la Française]. » « Impensable au Maroc », conclut mon interlocuteur, avec un brin de regret et de jalousie.
Le portrait-robot de l'Algérien dessiné ici est loin d'être antipathique. Ombrageux, révolté, se mettant en colère pour un rien, prenant des libertés avec les choses de la religion, il devient franchement irrésistible lorsqu'il sacrifie à la prière : les versets coraniques qu'il récite sont truffés de mots mélangés de français et il ne peut s'empêcher de pester contre Dieu et tous les saints, insultant la religion,la sainte tradition, et la croyance ! Au jeu des comparaisons, le Marocain ne gagne pas toujours. Un lettré de Fès a dit un jour : « Notre pays est émollient et le relâchement nous atteint jusque dans nos vices et défauts. Regarde les Algériens : ils sont entiers, tout d'une pièce, ce sont des saints ou des salauds. Nous, lorsque la vertu nous fait défaut, nous sommes surtout des canailles ! »
La fraternisation entre Marocains et Algériens se fait sur le dos des Tunisiens. Aux yeux des Marocains, la première qualité des Algériens est qu'ils ne sont pas comme les Tunisiens. Et réciproquement, les Algériens créditent les Marocains du même avantage. Le Tunisien, plus proche de l'Orient, est censé posséder les qualités pacifiques du commerce, alors qu'entre les monts de l'Atlas et des Aurès ce sont les vertus guerrières qui l'emportent.
Bien entendu, la forte sympathie mâtinée d'admiration qu'éprouvent les Marocains à l'endroit des Algériens a été ébranlée par l'affaire du Sahara, affaire créée de toutes pièces par le duo Boukharouba-Boutaflika. La position de l'Algérie n'a jamais été comprise et choquait profondément les Marocains. Évoquant l'aide apportée par le royaume du Maroc et son peuple généreux à sa lutte de libération, on dénonçait volontiers l'ingratitude de l'Algérie. Fort heureusement, on s'en prenait à l'Algérie, à ses dirigeants et singulièrement à Houari Boumedienne, et après lui à la junte militaire de Ben Aaknoune, mais pas aux Algériens dans leur ensemble. Et c'est justice, car les Algériens eux-mêmes ne se sont jamais sentis concernés par l'affaire du Sahara...dont la plupart disait souvent et dit encore « Ma Aâla Balich – je connaît pas »C’est un sal jeu de gouvernants.
L'incompréhension marocaine à l'égard de la position officielle de l'Algérie, et plus précisément des locataires du palais d’El Moradiah d’Alger sur les « provinces Marocaines du Sud » s'accompagne d'une réelle inquiétude. Jusqu'au début des années 1980, Pour venger ses premières défaites après la marche verte (Les 2 Amgala et Gueltat Zemmour), l’armée algérienne déguisée en Polisario pouvait porter des coups durs à l'armée marocaine au-delà même du Sahara Marocain occidental, et l'Algérie, forte de son pétrole, de sa diplomatie, faisait vraiment peur. Elle exerçait aussi une irrésistible fascination. « À l'époque, rappelle un professeur de Sciences, on se croyait obligé, en rédigeant un mémoire sur les relations internationales, de citer les articles de la révolution Algérienne, la Pravda locale ! »
L'ouverture des frontières en 1988 permet soudain aux deux peuples de se découvrir dans leurs réalités respectives, loin des craintes et des fantasmagories. Côté algérien, c'est le rush vers l'Eldorado Marocain et sur les objets de consommation courante, fruits, légumes, textiles et hashish aussi. Ils ne cachent pas leur bonheur et se font photographier devant des pyramides de pastèques et de Bananes, buvant savourement du Coca-Cola à bas prix. De l'autre côté, les universitaires qui rendent visite à leurs collègues à Alger ou à Constantine se délestent rapidement de leurs complexes. On assiste même, à la faveur de l'ouverture, à une inversion des attitudes et des rôles : les Marocains découvrent qu'ils ne sont pas si mal lotis chez eux et regardent leurs voisins avec tristesse : « Les pauvres !... »
La montée des islamistes en Algérie après le soulèvement populaire d’octobre 1988, l'interruption du processus électoral, la guerre civile,l’incertitude et l’insécurité susciteront un grand intérêt au Maroc, surtout au début. Dans la classe politique et au-delà, le sentiment dominant est bien exprimé par le verbe arabe « tashaffi », qui signifie « se réjouir du malheur d’autrui ». Bien entendu, cette attitude malsaine n'est pas sans lien avec la trouille que suscitait, encore hier, le pays voisin. Plutôt que de chercher à comprendre les tenants et les aboutissants de la crise, on se contente de commentaires péremptoires du genre : « Les Algériens n'ont que ce qu'ils méritent. » Avec ce corollaire : « Ça ne risque pas de nous arriver, nous, nous sommes différents. »
Le Maroc sera frappé par le terrorisme islamiste en juin 1994 (hôtel Asni à Marrakech, en mai 2003 à Casablanca, mais on n'a pas remis en question le postulat de base : l'Algérie n'est pas le Maroc.
Maintenant que l'Algérie est en train de sortir peu à peu du tunnel et retrouve ses marques et son assurance, comment sera-t-elle perçue au Maroc ? Peut-on esquisser un état de l'opinion dans le royaume, qui est concerné au premier chef par le retour de l'Algérie ? Pour tenter de répondre, il faudrait que l'histoire cède la place à la géographie. Le regard change en effet radicalement au fur et à mesure que l'on s'approche de la frontière. Et l'Algérie vue de l'Oriental n'est pas celle dont on parle à Rabat ou à Casablanca
À Oujda, « on vit aux heures marocaines et algériennes aux grés des circonstances. Certes la région est plus aiguillée sur l’Ouest et se considère comme centralité mais l’Algérie n’est pas pour autant un ancien souvenir, effacé à jamais de nos ardoises d’écoliers»(1). Les marchands de fruits secs participent aux enchères des dattes très prisées (Deglet Nour). Lorsque vous êtes invité chez un notable algérien, il arrive qu'il précise que la viande de son tagine est marocaine. Ce qui n'est pas la règle. On roule avec du carburant algérien, vendu dans des jerricanes le long des routes à proximité de la frontière, pas loin du poste douanier « Zouj Bghal ».
Les échanges vers l'Algérie ne sont pas moins intenses. Sur les marchés de la petite ville algérienne de « Maghnia », on trouve des fruits et légumes qui ont poussé au Maroc, mais aussi des pantalons jeans, djellabas, babouches de la bonne qualité « harf ryal » caftans (très recherchés pendant la saison des mariages), tissus d'ameublement, électronique en provenance de Nador dans le Nord... Faut-il préciser que tous ces produits, la frontière étant officiellement fermée, empruntent les réseaux plus que tolérés de la contrebande.
L'amélioration des relations entre l'Algérie et le Maroc est un souhait, une revendication très populaire. Il y va de la vie quotidienne de la région, sinon de sa prospérité malgré que Sidna ordonnait en compensation des grands projets d’infrastructure économique et social pour le bien être de la région orientale et. Et c'est parce que le gouvernement algérien le sait qu'il tarde à faire le « cadeau » et répondre à la main tendue du Maroc.
En s'éloignant d'Oujda, à Rabat ou à Casablanca, on découvre, non sans surprise, que l'Algérie ne fait plus recette. Il faut se résoudre à l'évidence : la rupture a fait son oeuvre. Le sentiment dominant n'est pas la désaffection, la détestation ou l'inquiétude, mais l'indifférence. On ne parle plus de l'Algérie, et, si vous y amenez la conversation, on regarde poliment ailleurs. La réconciliation, les retrouvailles ? On n'y croit pas, on n'y croit plus. La rupture n'est pas uniquement dans les esprits, elle est dans les faits et elle est générale. D'ordinaire, quand les gouvernements ne se parlent plus, les partis politiques maintiennent au minimum des relations entre les deux pays. Ce n'est plus le cas. Seul le socialiste Abderrahmane Youssoufi, lorsqu'il était à la tête du gouvernement d’alternance, s'était démené pour mettre fin à la brouille. Il a échoué et personne ne songe à le relayer. Sondage impromptu : famille du quartier chic de Casablanca ; si la fille annonce à son père qu'elle veut épouser un Algérien, le père ne lui donne pas sa bénédiction. Avec un Nesrani (Européen ?) Il sera plus accommodant et posera des questions sur le futur conjoint et sa famille. Pour épouser la dulcinée, il devra seulement, s'il n'est pas musulman, se convertir en Islam (une formalité)...
Lorsque les relations, sous le gouvernement de José María Aznar, étaient détestables avec l'Espagne, on s'en désolait dans les milieux d'affaires, déplorant la perte de temps et le manque à gagner. Rien de tel à propos de la rupture avec l'Algérie. « Il semble bien que le Maghreb ne soit plus au coeur des préoccupations, dit un politologue. La région en tant que concept opératoire favorisant les échanges et la prospérité est en train de s'effacer au profit de la mondialisation, qui, paradoxalement, paraît moins abstraite. » Aujourd'hui, dans un certain Maroc qui n'est pas tout le Maroc mais qui compte, l'Espagne, la France, l'Europe, l'Amérique... vous disent quelque chose. L'Algérie ? Ne connais pas.
On peut supposer que des initiatives judicieuses et, surtout, une réelle politique de coopération devraient avoir raison de la désaffection actuelle et relanceraient le grand Maghreb. Peut-être !
En attendant, c'est le Maghreb de l'ignorance qui domine par obstacles algériens. Aussi bien en Algérie qu'au Maroc, l'état des opinions publiques, dès qu'il s'agit du pays voisin, est calamiteux. Quiconque connaît les deux pays ou simplement continue de s'y intéresser est atterré par les inepties proférées par les uns sur les autres et réciproquement. À défaut de se connaître, on se contente de misérables stéréotypes plaqués sur des réalités politiques devenues opaques. Pour les Algériens, le Maroc est le royaume des esclaves prosternés, le Maroc de baise-main. Les Marocains sont des sujets serviles, éternellement soumis à un tout-puissant et mystérieux Makhzen. Aux yeux des Marocains, la vie politique est tout aussi absente en Algérie, république de l’anarchie, de la manipulation exercée dans l'ombre, dans les coulisses par l'armée ou, mieux, la fameuse S.M., la Sécurité militaire. On le voit, la politique au Maghreb n'est pas très compliquée : S.M. ici et S.M. là !
Pour ne pas rester sur cette note sombre, un dernier mot sur le football et un match mémorable. Décembre 1979 : Algérie-Maroc à Casablanca. (5-1). Une correction sans précédent, la honte. Au cours de la démonstration, le public casablancais est, bien entendu, dans tous ses états. À un moment, un slogan surgit de la foule dans l'intention, semble-t-il, de limiter les dégâts et de canaliser la colère : « Le Sahara est marocain ! » Le slogan est aussitôt repris et amplifié avec cet additif lourd de sens : « Le Sahara est marocain, mais le foot est algérien ! » Et les Casablancais réservent leurs encouragements et applaudissements à l'équipe adverse,même sentiment exprimé aussi lors du dernier derby de la CAN Egypte-Algérie au Soudan. Comme quoi, le Grand Maghreb des peuples n'est peut-être pas un slogan obsolète.
Chihab
(1) AK
Dernière édition par admin le Sam 6 Nov - 20:51, édité 1 fois