Le Maroc observe sans trop rêver
La recherche d’un emploi préoccupe la jeunesse marocaine, peu encline à descendre pour autant dans la rue.
Devant le comptoir de son magasin d’alimentation, Rachid jette un œil sur les journaux du matin : «Vous avez vu la Tunisie ? Nous, ça ne risque pas d’arriver. Avec la monarchie, on a la stabilité. »
La stabilité, les autorités marocaines y veillent toutefois depuis la révolution tunisienne. Le premier ministre vient d’annoncer la fixation d’un quota de 10 % pour le recrutement dans l’administration marocaine des diplômés chômeurs, en 2011 et 2012. Le taux de chômage au Maroc avoisine les 10 %, mais atteint paradoxalement près de 18 % chez les diplômés du supérieur et 27 % chez les diplômés des facultés.
« Moi, la seule chose qui m’intéresse, c’est de trouver un boulot. Ce qui se passe en Tunisie, ce ne sont pas mes affaires », renchérit Yassin, 20 ans. Cet étudiant en deuxième année d’économie accumule les petits boulots, tour à tour réparateur de paraboles, vendeur de téléphones, opérateur dans un centre d’appels. Son avenir, incertain, l’obsède.[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
"Des conditions semblables"
« Il y a en Tunisie et au Maroc des conditions semblables : la concentration du pouvoir, l’absence de partage des richesses, une grande pauvreté, un chômage important chez les jeunes. La différence, c’est qu’en Tunisie, la population est plus instruite, l’enseignement est demeuré un vecteur de transmission des valeurs humaines et des solidarités. Ce sont des choses qui n’existent plus au Maroc. Ceux qui sortent de l’université ne sont pas prêts à jouer un rôle dans le changement de la société comme cela se passait auparavant», analyse Khadija Ryadi, présidente de l’Association marocaine des droits humains (AMDH).
La liberté de ton désormais revendiquée par les Tunisiens, peu de Marocains la jalousent, tellement sont ancrées dans les esprits les fameuses lignes rouges : Dieu, la patrie et le roi (Allah, al Watan, al Malik). [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
« Une liberté "artificielle, de façade"
« La liberté ici, les Marocains savent très bien qu’elle est artificielle, de façade », poursuit Khadija Ryadi, pour qui, « ces derniers temps, le Maroc fait marche arrière » : « Il n’y a qu’à voir le traitement de la presse, des associations de défense des droits humains, des blogueurs »
Asma, la trentaine, issue de la bourgeoisie casablancaise, approuve : « Un pays comme le nôtre, avec sa culture, a besoin d’être encadré. Il faut être prêt pour la liberté. Et nous ne le sommes pas.»
« Dans les bus, les taxis, à l’épicerie, les gens parlent, ils ne sont pas contents, les prix ont beaucoup augmenté, la facture d’électricité aussi, reconnaît Malika, qui travaille depuis ses sept ans. Mais c’est difficile de descendre dans la rue. On n’a pas envie de se faire arrêter. »
Christelle MAROT, à Casablanca - [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]
La recherche d’un emploi préoccupe la jeunesse marocaine, peu encline à descendre pour autant dans la rue.
Devant le comptoir de son magasin d’alimentation, Rachid jette un œil sur les journaux du matin : «Vous avez vu la Tunisie ? Nous, ça ne risque pas d’arriver. Avec la monarchie, on a la stabilité. »
La stabilité, les autorités marocaines y veillent toutefois depuis la révolution tunisienne. Le premier ministre vient d’annoncer la fixation d’un quota de 10 % pour le recrutement dans l’administration marocaine des diplômés chômeurs, en 2011 et 2012. Le taux de chômage au Maroc avoisine les 10 %, mais atteint paradoxalement près de 18 % chez les diplômés du supérieur et 27 % chez les diplômés des facultés.
« Moi, la seule chose qui m’intéresse, c’est de trouver un boulot. Ce qui se passe en Tunisie, ce ne sont pas mes affaires », renchérit Yassin, 20 ans. Cet étudiant en deuxième année d’économie accumule les petits boulots, tour à tour réparateur de paraboles, vendeur de téléphones, opérateur dans un centre d’appels. Son avenir, incertain, l’obsède.[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
"Des conditions semblables"
« Il y a en Tunisie et au Maroc des conditions semblables : la concentration du pouvoir, l’absence de partage des richesses, une grande pauvreté, un chômage important chez les jeunes. La différence, c’est qu’en Tunisie, la population est plus instruite, l’enseignement est demeuré un vecteur de transmission des valeurs humaines et des solidarités. Ce sont des choses qui n’existent plus au Maroc. Ceux qui sortent de l’université ne sont pas prêts à jouer un rôle dans le changement de la société comme cela se passait auparavant», analyse Khadija Ryadi, présidente de l’Association marocaine des droits humains (AMDH).
La liberté de ton désormais revendiquée par les Tunisiens, peu de Marocains la jalousent, tellement sont ancrées dans les esprits les fameuses lignes rouges : Dieu, la patrie et le roi (Allah, al Watan, al Malik). [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
« Une liberté "artificielle, de façade"
« La liberté ici, les Marocains savent très bien qu’elle est artificielle, de façade », poursuit Khadija Ryadi, pour qui, « ces derniers temps, le Maroc fait marche arrière » : « Il n’y a qu’à voir le traitement de la presse, des associations de défense des droits humains, des blogueurs »
Asma, la trentaine, issue de la bourgeoisie casablancaise, approuve : « Un pays comme le nôtre, avec sa culture, a besoin d’être encadré. Il faut être prêt pour la liberté. Et nous ne le sommes pas.»
« Dans les bus, les taxis, à l’épicerie, les gens parlent, ils ne sont pas contents, les prix ont beaucoup augmenté, la facture d’électricité aussi, reconnaît Malika, qui travaille depuis ses sept ans. Mais c’est difficile de descendre dans la rue. On n’a pas envie de se faire arrêter. »
Christelle MAROT, à Casablanca - [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]
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