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Histoire d'un Déporté

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1Histoire d'un Déporté Empty Histoire d'un Déporté Sam 26 Mai - 9:47

admin"SNP1975"

admin
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Histoire d'un Déporté


La déportation est un épisode effroyable de notre Histoire et les blessures qui en résultent ne se referment pas. Les mots ne sont pas assez forts pour traduire la souffrance de cet enfer organisé où les tentatives de déshumanisation sont nombreuses.
Il n’est d’ailleurs pas rare qu’un ancien déporté préfère le mutisme au récit de ces horreurs.
Né en 1924 à La Mothe-Saint-Héray (Deux-Sèvres), Pierre ROPIQUET est déporté à DACHAU en 1944, mais il attendra 1989 pour lever véritablement le voile sur son passé.
Depuis, il se rend régulièrement auprès des collégiens et des lycéens car il est conscient de la nécessité de témoigner tant qu'il est encore temps.

En tant qu’enseignante, le « Devoir de Mémoire » me conduit à écrire son témoignage pour qu’à jamais son récit reste gravé dans nos mémoires et que ce drame n’ait pas été vécu en vain.

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2Histoire d'un Déporté Empty Re: Histoire d'un Déporté Sam 26 Mai - 10:09

admin"SNP1975"

admin
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Arrestation Prison

une circulaire de Vichy impose à tous les jeunes nés en 1924, de se faire recenser dans leur mairie, afin d’établir des listes de main d’œuvre pour le S.T.O. en Allemagne. (Service du Travail Obligatoire, instauré en février 1943)
Vous êtes né en 1924, cette circulaire s’applique donc à votre cas.
Quel choix faites-vous ?
Je refuse. Pour ma part, il n’était pas question d’aller travailler en Allemagne pour deux raisons. La première est que mon père, grand mutilé de la guerre 14-18, a, tous les matins, des soins qui durent vingt minutes …

… La deuxième raison est mon esprit patriotique. A l’époque, j’ai même une idée bien arrêtée, celle de rejoindre l’Angleterre …

… Quand partez-vous ?
Dès le 1er février, mes parents me voient partir le cœur gros. Sur le chemin qui mène à la gare, je croise Monsieur Faure. Il est résistant et avait été mon professeur d’histoire géographie. Il me questionne, me demande si j’ai un point de chute, et ayant répondu affirmativement, me conseille d’avoir une autre carte d’identité qu’il se propose de me faire passer par l’intermédiaire de ma belle-sœur, à Chatellerault …

… un matin nous allons Maurice, Marcel et moi-même faire des fagots, dans un champ en contrebas de la maison.
Nous ne tardons pas à voir arriver un petit groupe de personnes dans notre direction, et même si Maurice a reconnu de loin son ami Edgar, nous ne savons pas qui l’accompagne. En fait c’est la Gestapo. Le premier réflexe de mon cousin est donc de me dire de me cacher dans la haie, ce que je fais en vain car ma cachette est repérée. Quelqu’un braque son arme sur moi et je suis obligé de rejoindre les autres …

« extraits de l’ouvrage »
… Vous arrivez à la prison de la Pierre Levée, vous sépare t-on de vos compagnons de voyage ?
Tout à fait, chacun se retrouve dans une petite cour triangulaire, sans nourriture jusqu’au soir.
A la nuit tombée, et toujours en prenant garde de nous séparer, on nous fait entrer dans le bâtiment de la prison pour nous donner une paillasse et une couverture…

… Bilan ?
J’ai la mâchoire fracturée à coups de poing, je crache trois molaires sur la table, j’ai le dos labouré à coups de nerf de bœuf et j’en passe, je n’en peux plus. J’arrive dans un sale état dans ma cellule et M. Monestier s’occupe de mon état physique comme de mon état moral …

… A quoi peut bien servir cette cellule ?
Certainement à rassembler les prisonniers avant qu’ils ne partent. D’ailleurs je pense que notre départ en train est proche, mais dans la nuit du 21 au 22 juin, la gare de Poitiers est bombardée …

...Savez-vous où l’on vous conduit ?
Absolument pas. Nous roulons toute la journée, debout dans le camion. Je me souviens avoir traversé Orléans et peu après, des avions alliés ont survolé notre convoi. En conséquence, nous nous arrêtons au bord de la route pour nous jeter dans les fossés, les gardiens en premier ...

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3Histoire d'un Déporté Empty Re: Histoire d'un Déporté Sam 26 Mai - 10:11

admin"SNP1975"

admin
Admin

Le train de la mort




« extraits de l’ouvrage »
… A quoi ressemble votre wagon ?
C’est un wagon à bestiaux, en bois. Il y a aux quatre angles, quatre lucarnes : deux sont obturées par des volets en bois, les deux autres par des fils de fer barbelés …

… J ‘ai encore dans les oreilles le bruit que fait le loquet de la porte qui tombe dans son encoche. Nous sommes réellement enfermés. Le train s’ébranle à 9 H 15 , avec ses 22 wagons …

… Y a - t-il des arrêts pendant ce voyage ?
Oui, plusieurs. Tout d’abord, peu après notre départ, le train stoppe dans une gare. C’est celle de Saint Brice Courcelles, mais à l’époque je ne le sais pas : la résistance fer veut à tout prix empêcher le convoi d’arriver en Allemagne, car dans ce convoi se trouve le chef de la gare de Reims. En fait Falala, le chef de gare, est au dernier moment rayé de la liste …

… Oui il y en a d’autres …

… Comme dans notre wagon une personne est malade, c’est la seule, les Allemands nous demandent de l’emmener dans un wagon situé en queue de train. André Tesson et moi même nous chargeons de cette mission. Au fur et à mesure que nous avançons le long du train, les portes s’ouvrent et nous avons alors une vision d’horreur …

… Pour les 1630 restants, il y a encore un espoir de vie. Dans ce convoi, nous sommes 33 Deux Sèvriens, 18 rentreront de déportation

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4Histoire d'un Déporté Empty Re: Histoire d'un Déporté Sam 26 Mai - 10:13

admin"SNP1975"

admin
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Le camp de Dachau






« extraits de l’ouvrage »
… Le 5 juillet, à 15 heures, le train entre en gare de Dachau. Est-ce un soulagement pour vous ?
Pour moi oui, car cela signifie que le voyage se termine, que nous allons quitter ce train et son horrible odeur. Mais bien vite je m’inquiète car un de nos camarades de Saint Maixent, René Chaigneau a pour nous cette réflexion : « c’est Dachau les gars …

… Sur le quai, les SS et leurs chiens nous attendent. Nous devons nous mettre en rang par cinq et marcher à peu près deux kilomètres de la gare vers le camp. Pendant le trajet nous sommes injuriés par les civils allemands et les enfants nous lancent des cailloux …

… Nous nous arrêtons sur la grande place où un déporté fait l’appel sous une petite pluie fine. Je revois encore le SS tenir le parapluie au-dessus de ce déporté, ce n’est pas lui qu’il veut protéger, mais l’unique liste des déportés du convoi. Quand il cite le nom d’un camarade mort pendant le voyage, nous osons dire entre les dents « Mort pour la France » …

… Après ces quelques moments passés au camp, qu’avez vous envie de dire ?
Quand on rentre dans un camp de concentration, il faut laisser ses biens personnels : pour ma part, je laisse un petit sac et dans une petite pochette en papier, je glisse une chevalière, ma vraie carte d’identité et un billet de 5 francs.
Il faut laisser son identité : je ne m’appelle plus Ropiquet, je deviens le matricule 77 363 …

… De quoi se composent vos repas ?
La soupe est toujours très claire composée de rutabagas. Nous recevons aussi un bout de pain et un petit morceau de margarine que j’ai bien du mal à avaler au début …

… Vous restez donc dans cet endroit 40 jours.
Eh bien non pas exactement, puisque le 21 juillet nous devons regagner la place d’appel où un SS demande à chacun sa profession. Je ne m’inquiète pas, je me dis que nous allons bientôt aller travailler

Asuivre

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