Algérie-Maroc : frontière fermée, tension croissante
Alger rapatrie ses ressortissants, victimes d’une véritable chasse à l’homme. C’est le résultat de multiples litiges entre les deux pays.
LA fermeture de la frontière terrestre entre l’Algérie et le Maroc, décidée samedi par Alger, est le point culminant d’une montée progressive de la tension. L’escalade s’est accélérée ces derniers jours quand le gouvernement marocain a accusé des Algériens de se livrer à des actes de violence sur son territoire : au cours de la chasse à l’homme lancée mercredi après l’assassinat de deux touristes espagnols dans le casse d’un hôtel de Marrackech, « un groupe composé de ressortissants algériens et d’un Marocain venus de France » a été arrêté à Fès, selon un communiqué du ministère de l’Intérieur de Rabat. D’importantes quantités d’armes auraient été trouvées à la suite de ces arrestations dans une maison d’Aknoul, près de Taza, au nord du Maroc.
Le Maroc a aussitôt fait porter toute la responsabilité à l’Algérie et annoncé l’obligation immédiate de visas pour les Algériens. Alger a répondu dans un premier temps par la réciprocité. Mais très vite les choses se sont aggravées compte tenu de l’attitude des autorités marocaines : l’ambassade d’Algérie à Rabat a signalé des dizaines d’Algériens mis à la porte de leurs hôtels et priés de regagner immédiatement leur pays tandis que des centaines d’autres affirmaient avoir été brutalisés par les policiers.
Une centaine de ressortissants franco-algériens qui devaient regagner la France en passant par le Maroc et l’Espagne étaient également bloqués à la frontière du Maroc. Le Quai d’Orsay a exprimé « sa préoccupation » et demandé à Rabat « d’éviter la discrimination entre citoyens français ».
A Alger, le chargé d’affaires de l’ambassade du Maroc a été convoqué samedi soir par le ministère des Affaires étrangères qui lui a fait part « des préoccupations de l’Etat algérien à l’égard des agissements des agents de l’ordre marocains vis-à-vis des citoyens algériens résidant au Maroc ».
La compagnie Air Algérie a affrété, dimanche, des vols spéciaux à partir de Casablanca pour rapatrier les Algériens et tous les moyens de transports disponibles par air et par mer ont été mobilisés. Des dizaines de milliers d’Algériens se rendent annuellement au Maroc, pour des séjours touristiques, depuis 1988, date de la réouverture de la frontière algéro-marocaine après une dizaine d’années de fermeture en raison de la tension provoquée dans les relations entre Alger et Rabat par le conflit du Sahara occidental.
Un.
hasard ?
Ce n’est sans doute pas un hasard si ces événements surviennent au moment où la question du Sahara occidental revient sur le devant de la scène, avec le début du recensement des électeurs qui participeront au référendum d’autodétermination organisé par l’ONU dans l’ancienne colonie espagnole, occupée depuis 1974 par le Maroc. Des observateurs de l’Organisation de l’unité africaine et du Front Polisario sont arrivés samedi à El Ayoun pour participer à ces opérations et une délégation marocaine aurait dû arriver à Tindouf (sud de l’Algérie), où vivent depuis vingt ans des milliers de réfugiés sahraouis. L’Algérie a toujours soutenu
région en jeu
Autre pomme de discorde entre l’Algérie et le Maroc : Alger a souvent reproché ces derniers mois au Maroc de servir de base arrière à des intégristes armés et de fermer les yeux sur les trafics d’armes à destination des groupes islamistes armés. Enfin, le Maroc a ajouté une épine dans le pied de l’Algérie en annonçant la semaine dernière qu’à compter de la prochaine rentrée la langue berbère serait enseignée dans toutes les écoles primaires marocaines. Un exemple aussitôt mis en exergue par le mouvement berbériste algérien dont c’est une des principales revendications. Le Mouvement culturel berbère (MCB) a annoncé, dimanche, qu’il « boycotterait la prochaine rentrée jusqu’à l’introduction de la langue amazigh dans l’enseignement ». Un boycott qui, s’ajoutant aux menaces islamistes contre les enseignants et les écoles, risque de compromettre la rentrée des classes en Algérie.
Quant aux relations algéro-marocaines, la nouvelle zone de turbulence qu’elles traversent risque de nuire à l’équilibre de toute la région : chacun sera en effet tenté d’encourager les opposants chez l’autre, jetant de l’huile sur un feu déjà brûlant, celui de l’intégrisme.
FRANÇOISE GERMAIN-ROBIN
Source : L'HUMANITE.
La suite des commentaires:
http://www.algerie-dz.com/forums/showthread.php?t=66521
Alger rapatrie ses ressortissants, victimes d’une véritable chasse à l’homme. C’est le résultat de multiples litiges entre les deux pays.
LA fermeture de la frontière terrestre entre l’Algérie et le Maroc, décidée samedi par Alger, est le point culminant d’une montée progressive de la tension. L’escalade s’est accélérée ces derniers jours quand le gouvernement marocain a accusé des Algériens de se livrer à des actes de violence sur son territoire : au cours de la chasse à l’homme lancée mercredi après l’assassinat de deux touristes espagnols dans le casse d’un hôtel de Marrackech, « un groupe composé de ressortissants algériens et d’un Marocain venus de France » a été arrêté à Fès, selon un communiqué du ministère de l’Intérieur de Rabat. D’importantes quantités d’armes auraient été trouvées à la suite de ces arrestations dans une maison d’Aknoul, près de Taza, au nord du Maroc.
Le Maroc a aussitôt fait porter toute la responsabilité à l’Algérie et annoncé l’obligation immédiate de visas pour les Algériens. Alger a répondu dans un premier temps par la réciprocité. Mais très vite les choses se sont aggravées compte tenu de l’attitude des autorités marocaines : l’ambassade d’Algérie à Rabat a signalé des dizaines d’Algériens mis à la porte de leurs hôtels et priés de regagner immédiatement leur pays tandis que des centaines d’autres affirmaient avoir été brutalisés par les policiers.
Une centaine de ressortissants franco-algériens qui devaient regagner la France en passant par le Maroc et l’Espagne étaient également bloqués à la frontière du Maroc. Le Quai d’Orsay a exprimé « sa préoccupation » et demandé à Rabat « d’éviter la discrimination entre citoyens français ».
A Alger, le chargé d’affaires de l’ambassade du Maroc a été convoqué samedi soir par le ministère des Affaires étrangères qui lui a fait part « des préoccupations de l’Etat algérien à l’égard des agissements des agents de l’ordre marocains vis-à-vis des citoyens algériens résidant au Maroc ».
La compagnie Air Algérie a affrété, dimanche, des vols spéciaux à partir de Casablanca pour rapatrier les Algériens et tous les moyens de transports disponibles par air et par mer ont été mobilisés. Des dizaines de milliers d’Algériens se rendent annuellement au Maroc, pour des séjours touristiques, depuis 1988, date de la réouverture de la frontière algéro-marocaine après une dizaine d’années de fermeture en raison de la tension provoquée dans les relations entre Alger et Rabat par le conflit du Sahara occidental.
Un.
hasard ?
Ce n’est sans doute pas un hasard si ces événements surviennent au moment où la question du Sahara occidental revient sur le devant de la scène, avec le début du recensement des électeurs qui participeront au référendum d’autodétermination organisé par l’ONU dans l’ancienne colonie espagnole, occupée depuis 1974 par le Maroc. Des observateurs de l’Organisation de l’unité africaine et du Front Polisario sont arrivés samedi à El Ayoun pour participer à ces opérations et une délégation marocaine aurait dû arriver à Tindouf (sud de l’Algérie), où vivent depuis vingt ans des milliers de réfugiés sahraouis. L’Algérie a toujours soutenu
- y compris militairement - la lutte des Sahraouis contre le Maroc, et le président Zéroual a, ces derniers jours, réaffirmé ce soutien dans un de ses discours qui n’a certainement pas été apprécié à Rabat.
région en jeu
Autre pomme de discorde entre l’Algérie et le Maroc : Alger a souvent reproché ces derniers mois au Maroc de servir de base arrière à des intégristes armés et de fermer les yeux sur les trafics d’armes à destination des groupes islamistes armés. Enfin, le Maroc a ajouté une épine dans le pied de l’Algérie en annonçant la semaine dernière qu’à compter de la prochaine rentrée la langue berbère serait enseignée dans toutes les écoles primaires marocaines. Un exemple aussitôt mis en exergue par le mouvement berbériste algérien dont c’est une des principales revendications. Le Mouvement culturel berbère (MCB) a annoncé, dimanche, qu’il « boycotterait la prochaine rentrée jusqu’à l’introduction de la langue amazigh dans l’enseignement ». Un boycott qui, s’ajoutant aux menaces islamistes contre les enseignants et les écoles, risque de compromettre la rentrée des classes en Algérie.
Quant aux relations algéro-marocaines, la nouvelle zone de turbulence qu’elles traversent risque de nuire à l’équilibre de toute la région : chacun sera en effet tenté d’encourager les opposants chez l’autre, jetant de l’huile sur un feu déjà brûlant, celui de l’intégrisme.
FRANÇOISE GERMAIN-ROBIN
Source : L'HUMANITE.
La suite des commentaires:
http://www.algerie-dz.com/forums/showthread.php?t=66521