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Le discours du président Sarkozy au palais du Latran : « l’u

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admin"SNP1975"

admin
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Le discours du président Sarkozy au palais du Latran : « l’union sacrée » de la République française et de l’Église catholique ?
Le discours du président Sarkozy au palais du Latran, le 20 décembre 2007, inaugure à l’évidence une nouvelle ère dans les relations qu’entretiennent le Vatican et la République française. Jamais aucun président n’était allé aussi loin dans l’expression d’une volonté de symbiose avec la religion catholique, solennellement désignée, comme au temps du Concordat de Bonaparte, «notre religion majoritaire», après avoir évoqué l’Histoire de l’intime association de la monarchie française et de l’Église catholique depuis Clovis.

Le discours du président Sarkozy au palais du Latran : « l’u 201207_visite Sans doute, le président a-t-il rappelé également que la laïcité était un des socles incontestés de la République et qu’il prétendait tenir « les deux bouts de la chaîne », celui de la religion et celui de la laïcité. Mais il est patent qu’un des bouts est mieux tenu que l’autre.

Car cette laïcité qu’il qualifie de « positive » - en existerait-il une qui soit négative ? - il n’a cessé de la discréditer au profit de la religion catholique. La première ne peut rivaliser avec la seconde, selon lui, ni par sa doctrine ni par la valeur de ses acteurs.

Une prétendue impuissance laïque à fonder une transcendance

- La laïcité est jugée impuissante à proposer un sens à l’existence, quand la religion, au contraire, en fournit un avec ses explications « sur ce qui se passe avant la vie et ce qui se passe après la mort » : elle donne aux hommes une espérance en les soumettant à une transcendance. Il est curieux qu’en 2007, on puisse encore asséner de pareilles hypothèses comme des évidences et prendre les fantaisies d’une mythologie pour une représentation fidèle de la réalité.

- Pis, on ne l’aurait pas cru, mais « la morale laïque, selon le président Sarkozy, risque toujours de s’épuiser ou de se changer en fanatisme quand elle n’est pas adossée à une espérance qui comble l’aspiration à l’infini ».

Où est-il allé pêcher ça ? Ce ne sont tout de même pas les tyrannies communistes et nazies qui l’autorisent à jeter l’opprobre sur une pensée humaine qui depuis les Grecs cherche à édifier la dignité humaine sur autre chose que sur l’adoration des idoles derrière lesquels se cachent toujours les tyrans, et qui voit dans le respect des droits de la personne une transcendance à mesure humaine qui l’emporte sur toutes les autres mythologies. C’est exonérer à bon compte en tout cas ces religions de leurs folies meurtrières dans leur projet totalitaire et planétaire dont l’Histoire en est le récit ininterrompu : a-t-on oublié qu’il y a un peu plus de deux cents ans, au XVIIIe siècle, on arrachait la langue d’un jeune homme, le Chevalier de la Barre, et qu’on le martyrisait à mort parce qu’il n’avait pas ôté son chapeau devant une profession ? Aujourd’hui, il arrive qu’une jeune fille soit brûlée vive pour avoir osé seulement marcher nu-tête dans la rue.

Des acteurs laïques prétendument sans charisme

- La laïcité n’est pas mieux traitée dans ses représentants qui ne peuvent, selon le président Sarkozy, se comparer à ceux qu’habite une foi religieuse. Le texte vaut d’être cité : « Dans la transmission des valeurs et dans l’apprentissage de la différence entre le bien et le mal, l’instituteur ne pourra jamais remplacer le pasteur ou le curé, même s’il est important qu’il s’en approche, parce qu’il lui manquera toujours la radicalité du sacrifice de sa vie et le charisme d’un engagement porté par l’espérance. » Qui parle ici ? Un président de la République française ou un pape catholique ?

- Mieux, le président va pousser le ridicule jusqu’à oser comparer « la vocation » religieuse à la sienne, ce qui n’est pas forcément un compliment, puisqu’il peut lui être reproché de confondre « oblation » et « ambition effrénée », voire arrivisme avec son cortège bachique d’incultes du show-biz : « Sachez, s’est-il écrié dans un cri du coeur, que nous avons au moins une chose en commun : c’est la vocation. On n’est pas prêtre à moitié, on l’est dans toutes les dimensions de sa vie. Croyez bien qu’on n’est pas non plus président de la République à moitié. Je comprends que vous vous soyez sentis appelés par une force irrépressible qui venait de l’intérieur, parce que moi-même je ne me suis jamais assis pour me demander si j’allais faire ce que j’ai fait, je l’ai fait. Je comprends les sacrifices que vous faites pour répondre à votre vocation parce que moi-même je sais ceux que j’ai faits pour réaliser la mienne ».

Un personnel religieux travaillant plus en gagnant moins

- Voilà qui doit faire du bien à ces malheureux qui, souvent, par pression sociologique, se sont trouvés dans le passé embarqués, malgré eux, sans en avoir vraiment conscience, faute d’ une éducation ouverte, dans le métier de prêtre ou de religieux où il leur était exigé de faire vœu 1- de chasteté, 2- de pauvreté et 3- d’obéissance. On ne peut s’offrir à meilleur compte personnel plus corvéable à merci tout en le mettant dans l’incapacité morale et économique de s’y soustraire.

- En cas de résistance, en Bretagne, par exemple, vers 1960, ces fameux éducateurs religieux, adonnés, comme dit le président, « à la formation des intelligences et des cœurs », n’hésitaient pas à exercer les pires pressions sur le récalcitrant qu’ils tentaient de culpabiliser à mort, au besoin en essayant de mobiliser sa famille pour le réduire, s’il rejoignait « le monde » avec le projet de faire des études et qu’il se détournait du « ministère du Christ », comme ces « invités à la noce » de la parabole évangélique trouvant de bons prétextes pour ne pas s’y rendre !

- Il faut avoir approché ces recteurs - comme on dit en Bretagne - curés de campagne pauvres, souvent délaissés et méprisés de leur hiérarchie, pour témoigner de leur détresse et trouver d’une indécence insoutenable la prétention d’un président Sarkozy à vouloir comparer « leur vocation » à la sienne qui, sans chasteté ni obéissance ni encore moins pauvreté, le conduit, en jets privés ou non, de Fouquets’s en yacht et de Disneyland en palace sur les bords du Nil. C’est odieux, cette impudeur !

- Et, le comble, c’est qu’ il appelle de ses vœux une campagne de recrutement d’agents religieux comme autrefois : « L’intérêt de la République, prône-t-il, c’est qu’il y ait beaucoup d’hommes et de femmes qui espèrent. La désaffection progressive des paroisses rurales, le désert spirituel des banlieues, la disparition des patronages, la pénurie de prêtres, n’ont pas rendu les Français plus heureux. C’est une évidence ». Faire de cette simple corrélation une relation de cause à effet, il fallait oser ! Comme si l’abandon de ses chaînes religieuses était un achèvement et non un recommencement !

Une déraison apparente très rationnelle : la recherche d’une « union sacrée »

Tant de déraison apparente à ciel ouvert trouve toutefois sa logique rationnelle.
- Il est évident que cette symbiose souhaitée entre la République et l’Église vise un but : plus qu’une cohésion nationale, une mobilisation : « Je considère, affirme le président, qu’une nation qui ignore l’héritage éthique, spirituel, religieux de son histoire commet un crime contre sa culture, contre ce mélange d’histoire, de patrimoine, d’art et de traditions populaires, qui imprègne si profondément notre manière de vivre et de penser. Arracher la racine, c’est perdre la signification, c’est affaiblir le ciment de l’identité nationale, et dessécher davantage encore les rapports sociaux qui ont tant besoin de symboles de mémoire ».

- Toutes les forces vives, et d’abord celles dites spirituelles, sont donc invitées à s’unir et à se serrer les coudes. Le président donne même des gages : il fait acte de repentance pour les violences passées (les congrégations dispersées, les inventaires de biens religieux) : « La laïcité, affirme-t-il , ne saurait être la négation du passé. Elle n’a pas le pouvoir de couper la France de ses racines chrétiennes. Elle a tenté de le faire, regrette-t-il. Elle n’aurait pas dû ». Surtout, l’Église se voit presque promettre la reconnaissance officielle des diplômes que décernent ses institutions universitaires, y compris ceux de théologie !

- Il est urgent, en effet, selon lui, de « (regarder) ensemble les enjeux de l’avenir et non plus seulement les blessures du passé », car il y a péril en la demeure. Le président définit ce danger à évoquant son projet d’ « union méditerranéenne », volet second de sa stratégie : « Dans cette partie du monde, lâche-t-il, où les religions et les traditions culturelles exacerbent souvent les passions, où le choc des civilisations peut rester à l’état de fantasme ou basculer dans la réalité la plus tragique, nous devons conjuguer nos efforts pour atteindre une coexistence paisible, respectueuse de chacun sans renier nos convictions profondes, dans une zone de paix et de prospérité. Cette perspective rencontre, me semble-t-il, l’intérêt du Saint-Siège ».

- En somme, la lutte contre une nouvelle mythologie conquérante extérieure nécessite une étroite alliance avec la mythologie traditionnelle que la République avait fini par tenir en respect. Doutant de pouvoir compter sur les vertus des hussards noirs/instituteurs dont on a peut-être un peu trop dit qu’elle leur doit son implantation, elle en appelle, sous la houlette du président Sarkozy, à ces braves gens à qui la foi a l’immense mérite de leur faire oublier qu’ils n’ont qu’une vie pour se donner corps et âme à la propagation de leurs croyances attendrissantes et pour faire pièce à l’égale voire supérieure abnégation parfois mortelle des militants d’en face.

Le président Sarkozy a ainsi tenu à saluer la mémoire des sept moines de Tibhérine près de Médéa au sud d’Alger, lâchement assassinés le 21 mai 1995, tout comme, le 1er août suivant, Mgr Pierre Claverie, archevêque d’Alger.
Le rapprochement avec un de ses prédécesseurs, le cardinal Lavigerie, est tentant. En recevant, le 12 novembre 1890, à Alger, l’état-major de l’escadre de Méditerrannée, il avait dans un toast célèbre donné le coup d’envoi du « ralliement » des catholiques à la République que jusqu’ici ils abhorraient et tenaient par tradition monarchiste pour « la gueuse » usurpatrice du trône. Après la crise boulangiste, à la fin des années 80, les républicains modérés se sont montrés plus conciliants : on parlait alors d’ « esprit nouveau ». La revanche contre l’Allemagne pour récupérer l’Alsace-Lorraine nécessitait déjà de préparer « l’Union sacrée » qui adviendra en 1914.

Le discours du palais du Latran a toutes chances de rester comme celui du « ralliement » inverse de la République à l’Église catholique dans la défense d’une tradition commune jugée menacée. Voilà pour les partisans de la laïcité matière à débat, voire à embarras. Car existe-t-il « hic et nunc » une stratégie alternative immédiatement opérationnelle ?
Le discours du président Sarkozy au palais du Latran : « l’u Moton307

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