Max Nordau : discours au 1er Congrès sioniste de Bâle, 29 août 1897
AUTEUR: TLAXCALA
Traduit par Tlaxcala
Un document historique
À l’occasion du deuxième anniversaire de sa fondation, Tlaxcala, le réseau de traducteurs pour la diversité linguistique, offre à ses lecteurs et amis un document historique : le discours de Max Nordau au Premier Congrès sioniste de Bâle, dont il était le 1er vice-président, en août 1897. Ce discours, tout comme l’ensemble des interventions au Congrès, est resté confidentiel depuis 111 ans et n’a vraiment circulé qu’en langue allemande. Le « Protocole officiel » du Congrès, basé sur les notes sténographiques, a été publié par l’Association Erez Israel de Vienne en 1897, et republié en 1911 à Prague. Tlaxcala prépare une édition multilingue des 130 pages de ce « Protocole », document historique fondamental pour comprendre la genèse de l’État juif, qui fête cette année son 60ème anniversaire. Le discours de Max Nordau que nous publions aujourd’hui en plusieurs langues est un avant-goût de cette publication. Nous lançons un appel à tous ceux qui seraient intéressés à participer –financièrement et techniquement – à ce chantier. Nous écrire à tlaxcala@tlaxcala.es.
Herzl à l'Hôtel des Trois Rois, Bâle, Aoüt 1897
Photos du Congrès. À Dr. Herzl dans son rôle de Président
On m'a demandé d'écrire une introduction à l’adresse de Max Nordau au Premier Congrès sioniste, mais la vérité est simple: le discours de Nordau n'a pas besoin d'une introduction. Sa présentation de 1897 est une brillante exposition de l'identité de la diaspora et sa complexité.
Malgré ses antécédents hongrois, Nordau se sentait affilié à la culture allemande - et qui pourrait expliquer son attitude romantique völkisch. Toutefois, comme dans le cas de Herzl, la conversion de Nordau au sionisme à a été déclenchée par l'Affaire Dreyfus et ce qui lui paraissait être l'inévitable émergence de l'antisémitisme européen.
Dans une certaine mesure, Nordau a réussi à prédire l'échec total de l'État juif à venir. l'aspiration nostalgique de Nordau au ghetto, à la ségrégation et à l'isolement juif peut être comprise comme une anticipation de l’insupportable réalité israélienne contemporaine de "murs de défense", ainsi que le puissant arsenal nucléaire qui menace tous les jours la paix dans le monde.
Les 162 délégués et le programme du Congrès
AUTEUR: TLAXCALA
Traduit par Tlaxcala
Un document historique
À l’occasion du deuxième anniversaire de sa fondation, Tlaxcala, le réseau de traducteurs pour la diversité linguistique, offre à ses lecteurs et amis un document historique : le discours de Max Nordau au Premier Congrès sioniste de Bâle, dont il était le 1er vice-président, en août 1897. Ce discours, tout comme l’ensemble des interventions au Congrès, est resté confidentiel depuis 111 ans et n’a vraiment circulé qu’en langue allemande. Le « Protocole officiel » du Congrès, basé sur les notes sténographiques, a été publié par l’Association Erez Israel de Vienne en 1897, et republié en 1911 à Prague. Tlaxcala prépare une édition multilingue des 130 pages de ce « Protocole », document historique fondamental pour comprendre la genèse de l’État juif, qui fête cette année son 60ème anniversaire. Le discours de Max Nordau que nous publions aujourd’hui en plusieurs langues est un avant-goût de cette publication. Nous lançons un appel à tous ceux qui seraient intéressés à participer –financièrement et techniquement – à ce chantier. Nous écrire à tlaxcala@tlaxcala.es.
Un coup de poker
Né en 1849 à Budapest, Simon Miksa Südfeld change son nom en Max Nordau lorsqu’il s’installe à Berlin en 1873. Journaliste, il est envoyé par la Die Neue Freie Press à Paris, où il passera la majeure partie de sa vie et mourra en 1923. Alors que l’histoire a retenu le nom de Theodor Herzl comme fondateur du sionisme moderne, c’est de fait Nordau qui fut à l’origine de l’organisation du Congrès fondateur de Bâle, tenu au casino de la ville suisse, après le refus de la communauté juive de Munich de l’héberger. 162 délégués y participèrent.
Né en 1849 à Budapest, Simon Miksa Südfeld change son nom en Max Nordau lorsqu’il s’installe à Berlin en 1873. Journaliste, il est envoyé par la Die Neue Freie Press à Paris, où il passera la majeure partie de sa vie et mourra en 1923. Alors que l’histoire a retenu le nom de Theodor Herzl comme fondateur du sionisme moderne, c’est de fait Nordau qui fut à l’origine de l’organisation du Congrès fondateur de Bâle, tenu au casino de la ville suisse, après le refus de la communauté juive de Munich de l’héberger. 162 délégués y participèrent.
Nordau, connu pour ses œuvres Les mensonges conventionnels de notre civilisation (1883), Dégénérescence (1892) et Paradoxes sociologiques (1896), est l’inventeur du terme Entartung (dégénérescence), qui connaîtra le succès que l’on sait, avec les nazis, qui décréteront le combat contre l’art dégénéré.
Tout comme Herzl, Nordau était parfaitement assimilé à la culture européenne et totalement athée. Comme Herzl, il s’est redécouvert juif lors de l’Affaire Dreyfus, concluant de cette affaire que l’assimilation des Juifs était un leurre et que la seule solution qui s’offrait à eux était la création d’un État-nation, fondé sur les notions héritées du romantisme allemand et dans la foulée des nationalismes européens du XIXème siècle. Les termes utilisés par Nordau dans son discours sont explicites : il parle des Juifs comme « Rasse » (race) et comme « Stamm » (tribu).
La naissance du sionisme étatique moderne marque une défaite de la pensée rationaliste héritée des Lumières et de la révolution française chez des intellectuels qui en étaient fortement imprégnés. La conception romantique allemande de la nation, qui débouchera sur l’idéologie Völkisch (national-populaire) du Blut und Boden (le sang et le sol) commune au sionisme et au nazisme), était en opposition flagrante avec la conception héritée de la révolution française et résumée dans une formule souveraine par Ernest Renan : « La nation est un plébiscite quotidien », autrement dit elle ne relève pas de facteurs « naturels », mais d’un acte de volonté.
Nordau, Herzl et leurs camarades ont réussi l’énigmatique coup de poker consistant à concilier ces deux conceptions opposées.
Il y a un avant et un après le Congrès de Bâle.
Avant ce congrès, Theodor Herzl écrit dans son Journal :
« Il y a un fait, que je tais, à savoir que je ne dispose que d’une armée de Schnorrer (parasites, escrocs en yiddish, NdT. Je ne suis qu’à la tête de petits garçons, de mendiants et de schmock (têtes de nœuds*, en yiddish, NdT). Beaucoup m’exploitent. D’autres sont déjà envieux ou déloyaux. Les troisièmes se défilent dès qu’une petite carrière s’offre à eux. Peu d’entre eux sont des enthousiastes désintéressés. Pourtant cette armée pourrait amplement suffire, pour peu que nous ayons du succès. Alors là, ça pourrait devenir une solide armée régulière. On verra bien ce qu’apportera le proche avenir. »
Nordau, Herzl et leurs camarades ont réussi l’énigmatique coup de poker consistant à concilier ces deux conceptions opposées.
Il y a un avant et un après le Congrès de Bâle.
Avant ce congrès, Theodor Herzl écrit dans son Journal :
« Il y a un fait, que je tais, à savoir que je ne dispose que d’une armée de Schnorrer (parasites, escrocs en yiddish, NdT. Je ne suis qu’à la tête de petits garçons, de mendiants et de schmock (têtes de nœuds*, en yiddish, NdT). Beaucoup m’exploitent. D’autres sont déjà envieux ou déloyaux. Les troisièmes se défilent dès qu’une petite carrière s’offre à eux. Peu d’entre eux sont des enthousiastes désintéressés. Pourtant cette armée pourrait amplement suffire, pour peu que nous ayons du succès. Alors là, ça pourrait devenir une solide armée régulière. On verra bien ce qu’apportera le proche avenir. »
Theodor Herzl, 24. August 1897, in : Briefe und Tagebücher. Bd. 2: Zionistisches Tagebuch 1895—1899. Berlin 1984, S. 535.
Au soir du deuxième jour du Congrès, Herzl écrit :
«Je n’ai plus besoin d’écrire l’histoire de la journée d’hier, d’autres sont déjà en train de le faire. »
«Je n’ai plus besoin d’écrire l’histoire de la journée d’hier, d’autres sont déjà en train de le faire. »
Theodor Herzl, 30. August 1897, in : Briefe und Tagebücher. Bd. 2: Zionistisches Tagebuch 1895—1899. Berlin 1984, S. 538.
Herzl à l'Hôtel des Trois Rois, Bâle, Aoüt 1897
Quatre jours après le Congrès, Herzl écrit :
« Si je devais résumer le Congrès de Bâle en un mot – ce que je me garderais bien de faire publiquement – ce serait celui-ci : à Bâle, j’ai fondé l’État des Juifs. Si je le disais aujourd’hui, je récolterais un rire universel. Peut-être dans cinq ans, en tout cas dans cinquante, chacun s’en rendra compte. L’État est essentiel dans la volonté étatique du peuple, il peut même se fonder sur la seule volonté d’un individu suffisamment puissant (l'État c'est moi, Louis XIV). Le territoire n’est que le sous-main concret, l’État a toujours, même là où il dispose d’un territoire, quelque chose d’abstrait. L’État de l’Église existe même sans territoire, sinon le Pape ne serait pas souverain. À Bâle j’ai donc créé cette abstraction, invisible aux yeux de la plupart des gens. Et de fait, avec des moyens infintésimaux. J’ai chauffé les gens progressivement en créant une ambiance étatique et j’ai produit en eux le sentiment qu’ils étaient l’Assemblée nationale. »
« Si je devais résumer le Congrès de Bâle en un mot – ce que je me garderais bien de faire publiquement – ce serait celui-ci : à Bâle, j’ai fondé l’État des Juifs. Si je le disais aujourd’hui, je récolterais un rire universel. Peut-être dans cinq ans, en tout cas dans cinquante, chacun s’en rendra compte. L’État est essentiel dans la volonté étatique du peuple, il peut même se fonder sur la seule volonté d’un individu suffisamment puissant (l'État c'est moi, Louis XIV). Le territoire n’est que le sous-main concret, l’État a toujours, même là où il dispose d’un territoire, quelque chose d’abstrait. L’État de l’Église existe même sans territoire, sinon le Pape ne serait pas souverain. À Bâle j’ai donc créé cette abstraction, invisible aux yeux de la plupart des gens. Et de fait, avec des moyens infintésimaux. J’ai chauffé les gens progressivement en créant une ambiance étatique et j’ai produit en eux le sentiment qu’ils étaient l’Assemblée nationale. »
Theodor Herzl, 3. September 1897, in : Briefe und Tagebücher. Bd. 2: Zionistisches Tagebuch 1895—1899. Berlin 1984, p. 539.
Herzl avait réussi son coup.
Fausto Giudice (Tlaxcala)
Photos du Congrès. À Dr. Herzl dans son rôle de Président
Tlaxcala étant né de la rencontre d’écrivains et traducteurs militants qui se sont connus à l’occasion d’un travail de traduction d’une interview de Gilad Atzmon, il nous a paru évident de demander à Gilad de présenter le discours de Max Nordau.
Nordau - une introduction
Gilad Atzmon
Gilad Atzmon
On m'a demandé d'écrire une introduction à l’adresse de Max Nordau au Premier Congrès sioniste, mais la vérité est simple: le discours de Nordau n'a pas besoin d'une introduction. Sa présentation de 1897 est une brillante exposition de l'identité de la diaspora et sa complexité.
Malgré ses antécédents hongrois, Nordau se sentait affilié à la culture allemande - et qui pourrait expliquer son attitude romantique völkisch. Toutefois, comme dans le cas de Herzl, la conversion de Nordau au sionisme à a été déclenchée par l'Affaire Dreyfus et ce qui lui paraissait être l'inévitable émergence de l'antisémitisme européen.
Dans une certaine mesure, Nordau a réussi à prédire l'échec total de l'État juif à venir. l'aspiration nostalgique de Nordau au ghetto, à la ségrégation et à l'isolement juif peut être comprise comme une anticipation de l’insupportable réalité israélienne contemporaine de "murs de défense", ainsi que le puissant arsenal nucléaire qui menace tous les jours la paix dans le monde.
« Le Juif », dit Nordau, «se considère comme appartenant à une race à part, qui n'a rien de commun avec les autres habitants du pays. Le Juif émancipé », poursuit-il, « peu sûr de lui dans ses relations avec les autres, anxieux lorsqu’il entre en contact avec des inconnus, méfiant envers les sentiments secrets de ses amis eux-mêmes. » Par conséquent, selon Nordau, le Juif ne peut jamais se remettre de la perte initiale du ghetto, qu'il décrit comme un «refuge». Pour Nordau, la seule façon de sauver les Juifs de leur humiliante condition était de lancer le projet national sioniste.
Nordau, à l'instar de nombreux penseurs romantiques allemands de son temps, a rejeté l'esprit des Lumières et la rationalité, qui avaient imposé l'émancipation aux Juifs et à leurs pays hôtes. « Les nations qui ont émancipé les Juifs », déclare-t-il, « se sont trompés sur leur propres sentiments. Pour être complètement efficace, cette émancipation devait exister dans les cœurs avant d’exister dans la loi. » Selon la ligne de pensée de Nordau, puisque les Juifs n’étaient pas vraiment aimés par leur pays d'accueil, le projet d'émancipation était vouée à l'échec.
Selon Nordau, certains Juifs tenteront de sauver leur âme, en devenant les «nouveaux Marranes ». Ils « abjurent le judaïsme avec colère et amertume, et tout au fond d’eux-mêmes, même s’ils ne se l’avouent pas, ils conserve(raie)nt à l’égard du christianisme la rancune pour l’humiliation et le mensonge qu’ils s’imposent, la haine qui les a poussés à mentir. » Cet aperçu intuitif formulé par Nordau à la fin du XIXème siècle contribue à expliquer l'émergence de nombreuses écoles juives cosmopolite de pensée qui rejetaient aussi bien le sionisme que le judaïsme. mais, en ce qui concerne la politique juive, aucune de ces écoles n’a survécu à l'Holocauste. Le Bund, qui était le principal rival politique du sionisme, a disparu. De fait, aucune seule école juive politique cosmopolite n’a réussi à subsister jusqu’au XXIème siècle. Le sionisme est la seule idéologie politique organique cohérente et authentique qui soit disponible pour les Juifs.
Comme Nordau l’a prédit, l'État juif à venir allait ressusciter le ghetto juif qu'il a lui-même décrit comme
1. Un moyen d’existence où le Juif trouve enfin des conditions de vie les plus simples mais les plus élémentaires.
2. L’assurance d’une existence sociale dans une communauté bien intentionnée.
3. Un endroit qui offre au Juif avec la possibilité de mettre tous ses pouvoirs au service du développement de son être véritable.
Aussi triste que cela puisse être, il s'agit là effectivement d'une description exacte de la réalité israélienne. Il s’agit en effet de l’assurance d’une existence sociale dans une communauté bien intentionnée engagée dans un nettoyage ethnique de la population autochtone du pays, c'est-à-dire les Palestiniens. En Israël, le Juif célèbre la « possibilité de mettre tous ses pouvoirs au service du développement de son être véritable.» Dans la pratique, cela signifie: affamer la population de Gaza, jeter des bombes sur les civils et arrêter des femmes enceintes aux barrages routiers et aux postes de contrôle.
Dans l'État juif, l’Israélien recherche sa véritable authenticité. De manière tragique, cette même authenticité se traduit en pratique dans la réalité inhumaine de l’abus contre des millions de Palestiniens: ceux qui s'accrochent à leurs terres contre toute attente, ceux qui sont soumis à un terrorisme d'État dans le camp de concentration de Gaza et ceux qui sont échoués en diaspora depuis 60 ans et ne sont pas autorisés à retourner sur la terre qui leur appartient, et à eux seul.
Autant Nordau a été assez habile pour décrire la complexité liée à l’identité juive en diaspora, autant il a échoué à voir l’horreur que deviendrait l'État sioniste une fois que les Juifs auraient libre cours pour gérer leur « État pour les seuls Juifs »sont une fois libéré, de gérer leurs «seul état juif ». En fin de compte, nul n'est parfait, pas même Nordau.
Nordau, à l'instar de nombreux penseurs romantiques allemands de son temps, a rejeté l'esprit des Lumières et la rationalité, qui avaient imposé l'émancipation aux Juifs et à leurs pays hôtes. « Les nations qui ont émancipé les Juifs », déclare-t-il, « se sont trompés sur leur propres sentiments. Pour être complètement efficace, cette émancipation devait exister dans les cœurs avant d’exister dans la loi. » Selon la ligne de pensée de Nordau, puisque les Juifs n’étaient pas vraiment aimés par leur pays d'accueil, le projet d'émancipation était vouée à l'échec.
Selon Nordau, certains Juifs tenteront de sauver leur âme, en devenant les «nouveaux Marranes ». Ils « abjurent le judaïsme avec colère et amertume, et tout au fond d’eux-mêmes, même s’ils ne se l’avouent pas, ils conserve(raie)nt à l’égard du christianisme la rancune pour l’humiliation et le mensonge qu’ils s’imposent, la haine qui les a poussés à mentir. » Cet aperçu intuitif formulé par Nordau à la fin du XIXème siècle contribue à expliquer l'émergence de nombreuses écoles juives cosmopolite de pensée qui rejetaient aussi bien le sionisme que le judaïsme. mais, en ce qui concerne la politique juive, aucune de ces écoles n’a survécu à l'Holocauste. Le Bund, qui était le principal rival politique du sionisme, a disparu. De fait, aucune seule école juive politique cosmopolite n’a réussi à subsister jusqu’au XXIème siècle. Le sionisme est la seule idéologie politique organique cohérente et authentique qui soit disponible pour les Juifs.
Comme Nordau l’a prédit, l'État juif à venir allait ressusciter le ghetto juif qu'il a lui-même décrit comme
1. Un moyen d’existence où le Juif trouve enfin des conditions de vie les plus simples mais les plus élémentaires.
2. L’assurance d’une existence sociale dans une communauté bien intentionnée.
3. Un endroit qui offre au Juif avec la possibilité de mettre tous ses pouvoirs au service du développement de son être véritable.
Aussi triste que cela puisse être, il s'agit là effectivement d'une description exacte de la réalité israélienne. Il s’agit en effet de l’assurance d’une existence sociale dans une communauté bien intentionnée engagée dans un nettoyage ethnique de la population autochtone du pays, c'est-à-dire les Palestiniens. En Israël, le Juif célèbre la « possibilité de mettre tous ses pouvoirs au service du développement de son être véritable.» Dans la pratique, cela signifie: affamer la population de Gaza, jeter des bombes sur les civils et arrêter des femmes enceintes aux barrages routiers et aux postes de contrôle.
Dans l'État juif, l’Israélien recherche sa véritable authenticité. De manière tragique, cette même authenticité se traduit en pratique dans la réalité inhumaine de l’abus contre des millions de Palestiniens: ceux qui s'accrochent à leurs terres contre toute attente, ceux qui sont soumis à un terrorisme d'État dans le camp de concentration de Gaza et ceux qui sont échoués en diaspora depuis 60 ans et ne sont pas autorisés à retourner sur la terre qui leur appartient, et à eux seul.
Autant Nordau a été assez habile pour décrire la complexité liée à l’identité juive en diaspora, autant il a échoué à voir l’horreur que deviendrait l'État sioniste une fois que les Juifs auraient libre cours pour gérer leur « État pour les seuls Juifs »sont une fois libéré, de gérer leurs «seul état juif ». En fin de compte, nul n'est parfait, pas même Nordau.
Traduit par Fausto Giudice
Les 162 délégués et le programme du Congrès
Discours au Congrès de Bâle ( 29 août 1897)