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OUJDA NOTRE LIEU DE MEMOIRE

5 participants

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1OUJDA NOTRE LIEU DE MEMOIRE Empty OUJDA NOTRE LIEU DE MEMOIRE Jeu 7 Fév - 17:21

admin"SNP1975"

admin
Admin

Oujda


[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
Oujda est la capitale de l’est du Royaume du Maroc. C’est une ville frontière avec l’Algérie.
Proprement dit c’est la porte terrestre du Maroc. Elle est bâtie sur la plaine d’Angad bordée par une des plus belles régions montagneuses du Maroc : les beni-Isnassen. Cette situation géographique privilégiée fait d’elle un carrefour entre le Maroc et les autres pays du Maghreb et d’Afrique du nord d’une part et entre le Maroc et l’Europe via Nador d’autre part.
Fondée en 994 par Ziri Ben Attia chef de la tribu de Maghraoua ( groupe de nomades Zéèntes), Oujda est restée la capitale de son royaume pendant 80 années.
Les historiens arabes rapportent que Ziri Ben Attia voulait faire d’Oujda un lien de retrait en cas de revers, estimant qu’il se trouvait plus en sécurité au milieu d’une plaine déserte parcourue par des nomades zénétes qu’à Fès ou à Tlemcen où la population citadine lui était moins attachée.
A travers de cette ville Ziri Ben Attia voulut contrôler un carrefour où se croi les caravanes allant de la mer à Sijilmassa et celles unissant Tlemcen à Fès.
Oujda était donc un nœud d’un trafic commercial important au carrefour de deux axes essentiels de circulation.
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La domination des Maghraoua ne dura que quatre-vingt ans. Oujda hébergera ensuite successivement les almoravides et les almohades, qui, en 1208, y élevèrent une nouvelle ceinture de fortification.
Plus tard , les Méridiens de Fès et les Abdelouadites de Tlemcen en firent un enjeu qui aboutit à sa destruction complète en 1271 le roi Mérinide Abou Youssef reconstruisit la ville en bâtissant une casbah, un palais, une mosquée(Djamaa El Kebir) qui existe encore aujourd’hui.
Oujda fut de nouveau ruinée entre 1335 et 1336 par le sultan Abou l’Hassan.
Aprés 1336, la ville se construisit peu à peu, en 1679 le Sultan Alaouite Moulay Ismail fit restaurer en partie les principaux édifices d’Oujda qui tomba peu après aux mains des tures qui prit fin en 1795.
Entre 1894 et 1896, une enceinte fut élevée pour protéger la ville qui avait alors la forme d’un polygone irrégulier d’une superficie de 28 hectares environ.
Aucune modification ne devrait être apportée à son aspect jusqu’en 1907, époque de l’occupation de la ville d’Oujda par les troupes françaises le 29 mars.

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] Trois portes principales donnaient accès dans l’agglomération à l’est :

Bab Sidi Abdelouahab porte ogivale encadrée de deux bastions au dessus de laquelle le Maghzen faisait accrocher les têtes coupées des rebelles d’où son nom de " porte de tête "

Au nord :Bab El Khemis. La médina comprenait neuf quartiers aux différents fractions de la population oujda : ( achegfane – ahl oujda – oulad amrane – ahl el jamel – oulad el gadi – oulad aîssa – le mellah)
La médina comprenait aussi le quartier des marchés ( commerçant et ratissant) et le quartier de la casbah ( bureaux du maghzen)

Prés de la porte Bab Sidi Abdelouahab, un souk mmou marché se tenait chaque jeudi , cinq fondouk ou hôtels trois mosquées Djamaâ El Kebir , Djamaâ Heddada , Djamaa Sidi Okba) une medersa ou collège, trois synagogues.

Dans les jardins, irrigués par des séguia, alimentés par les sources de Sidi Yahia Benyounes , les gens d’Oujda faisaient des cultures maraîchères .
Pour des motifs de sécurité, le camp militaire français s’installe sur une butte (572m) qui à 900 mètre au sud dominait la médina.

Vers 1920 des constructions d’intérêt communs apparaissent :

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] Un marché couvert arabe sur la place de Bab Sidi Abdelouahab
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] des abattoirs près de le Kasba
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] l’immeuble du trésor
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] le Tribunal de première instance
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] le lycée des garçons et l’ancien collège des jeunes filles.

En 1910 la voie normale des chemins de fer était prolongée de Marnia d’Algérie jusqu’à Oujda.
Pour des raisons d’ordre technique, la gare fut construite à trois kilomètres au nord de la médina.(village koulouche) vers 1920, apparaissaient des constructions d’intérêt commun : un marché couvert arabe sur la place abdelouahab, un abattoirs prés de la kasbah, l’immeuble du trésor, le tribunal de première instance, le lycée de garçon et l’ancien collège de jeunes filles.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
La construction d’une nouvelle gare, décidée en 1928, en raison de l’éloignement de la gare primitive, a contribué à interdire toute extension vers l’Ouest de la ville arrêtée à l’est par les jardin ne peut que se développer selon un axe nord-sud .
En effet, les contraintes de la topographie ont imposé la localisation de la gare sur la rive droite de Oued-Nachef.
Liens conseillés

http://www.marocainsdalgerie.net

2OUJDA NOTRE LIEU DE MEMOIRE Empty Merci... Jeu 7 Fév - 20:58

Sidhoum

Sidhoum

Fascinant Admin., tout simplement fascinant….+ tous ces souvenirs merveilleux d’enfance dans cet endroit…

3OUJDA NOTRE LIEU DE MEMOIRE Empty Re: OUJDA NOTRE LIEU DE MEMOIRE Jeu 7 Fév - 21:07

admin"SNP1975"

admin
Admin

En 1962 plus de six joueurs algeriens formaient le MCO OUJDA.
On dit que hammam essabouni , les freres Megri et le chanteur Bouchenak et bien d'Autres sont d'origines algerienne.
Sidhoum stp raconte nous oujda sa communauté et sa sociologie.
Il ya aussi deporté Djamel de Oujda qui peut nous parlé de cette ville histoire.



Dernière édition par le Jeu 7 Fév - 21:57, édité 1 fois

http://www.marocainsdalgerie.net

4OUJDA NOTRE LIEU DE MEMOIRE Empty Re: OUJDA NOTRE LIEU DE MEMOIRE Jeu 7 Fév - 21:29

Sidhoum

Sidhoum

Je te jure que les frères Megri sont des cousins et je les connais tous même la sœur qui a temporairement participé avec eux dans leurs chansons, leur mère s’appelle « badra ». Ils étaient beaucoup plus âgés que moi et on passait les vacances d’été a Saidia. Je vais aussi te raconter l’histoire drôle de baba e’nou (baba la pluie). Le pauvre était l’idiot du village (je crois schizophrène, il était adulte) et dés qu’on le voyait passer, on lui hurlait “baba e’nou!!!” . Dés qu’il entendait ça, il commence à déchirer tous ses habits sur place par crise. Le pauvre…on l’aimait bien et la vie était si heureuse et si simple. C’est pour ça que je comprends très bien tes émotions et ceux de Lillas et Luchar21, parce que vous ressentez la même chose envers Oran. Notre monde tordu nous exige pour aimer un pays, il faut démontrer son mépris pour un autre pays. Pourquoi ne pas aimer les deux, merde!!!!

Sidhoum

Sidhoum

Ce que je trouve d’émouvants avec tous ces souvenirs d’Oujda, c’est que pendant que nos frères Marocains étaient en train de vivre le calvaire en Algérie, nous vivions comme des Rois sur une terre Marocaine, preuve de l’hospitalité et de la gentillesse de ce peuple qui nous a reçu sur sa propre terre et nous a élevé au lieu de nous rabaisser. Les Algériens avaient pris d’assaut tout le quartier adjacent le lycée Technique (sur la route de Oued Nachef) ou jadis habitaient les Français. Ils ont finit par acheter toutes ces belles villas et c’est la ou je suis né et j’ai grandi (prés de la clinique Klouch). Je peux dire sans hésitation que jamais, jamais, jamais, il n’y eu aucune friction entre Algériens et Marocains preuve de la sagesse d’un Roi et de son peuple accueillant. Je n’ai gardé que des souvenirs merveilleux du Maroc et que des cauchemars d’Algérie. Les bouhioufs n’arriveront jamais a comprendre cela.

becharelkhir

becharelkhir

Et ceux-là mème dont tu parle ici qui étaient-ce des musulmans ou des Nsara et autres juifs dont tu fais tout pour les réhabiliter et les mettre hors de tout doute?

Eh oui puisque tu dis tout,je vais te dire moi aussi ce que nous avions fais pour vous ici a Berkane que tu connais parfaitement (sans doute),et c'est sur que tu connais aussi ce lac appelé "Ouaoualout" qui n'est pas loin de la ville, là où se trouvait une base des "Moujahidines"...et si tu veux en savoir plus demande-le moi.

Puisque tu reconnais l'hospitalité marocaine,pourquoi tu les blèsse dans leur profond ame quand tu dis ce qui tu dis, de ce qui est des plus sacré pour eux? Ou bien tu les récompensent de cette façon de leur soutient total pour ta révolution ?

7OUJDA NOTRE LIEU DE MEMOIRE Empty Re: OUJDA NOTRE LIEU DE MEMOIRE Ven 8 Fév - 13:22

admin"SNP1975"

admin
Admin

Bechar je t'invite vivement à nous raconter ce que la mémoire collective de Berkane a emmagasiné de la présence des Algeriens sur son sol.
Merci

http://www.marocainsdalgerie.net

8OUJDA NOTRE LIEU DE MEMOIRE Empty Re: OUJDA NOTRE LIEU DE MEMOIRE Ven 8 Fév - 23:23

lurchar21

lurchar21

changed my mind



Dernière édition par le Sam 9 Fév - 20:59, édité 1 fois

9OUJDA NOTRE LIEU DE MEMOIRE Empty Re: OUJDA NOTRE LIEU DE MEMOIRE Sam 9 Fév - 12:27

lilas

lilas

Sidhoum a écrit:Je te jure que les frères Megri sont des cousins et je les connais tous même la sœur qui a temporairement participé avec eux dans leurs chansons, leur mère s’appelle « badra ». Ils étaient beaucoup plus âgés que moi et on passait les vacances d’été a Saidia. Je vais aussi te raconter l’histoire drôle de baba e’nou (baba la pluie). Le pauvre était l’idiot du village (je crois schizophrène, il était adulte) et dés qu’on le voyait passer, on lui hurlait “baba e’nou!!!” . Dés qu’il entendait ça, il commence à déchirer tous ses habits sur place par crise. Le pauvre…on l’aimait bien et la vie était si heureuse et si simple. C’est pour ça que je comprends très bien tes émotions et ceux de Lillas et Luchar21, parce que vous ressentez la même chose envers Oran. Notre monde tordu nous exige pour aimer un pays, il faut démontrer son mépris pour un autre pays. Pourquoi ne pas aimer les deux, merde!!!!

Oui sidhoum, bonne question pourquoi ne pas aimer les 2 pays ?
J'aurai tant aimé pouvoir naviguer entre l'oranie et le rif,
J'aurai tant aimé que ma famille puisse etre nomade,
J'aurai tant aimé voir ma grand-mère mourir heureuse,
J'aurai tant aimé qu'elle décide du lieu de son décé,
je suis sûre que son choix aurait été oran,
je suis sûre qu'elle aimé aller à Nador,
je suis encore sûre qu'elle aimé revenir à ses attaches (oran),
Je suis sûre de sa peine dans ce maudit camion,
il y a une expression cabyle qui dit "beau comme un camion"
mais le camion qui a embarqué ma grand mère, celui là
je suis sûre qu'il était affreux,
je suis sûre qu'elle aimé ses deux pays,
je ne suis plus sûre que dans le camion elle aie pu en aimer un !
Elle est devenue comme le lait sur au goût aigre et acide,
Son odeur de grand-mère je ne l'ai plus retrouvé !
cette odeur qui me donnait envie d'être constamment accroché à elle,
cette odeur de hammam, d'huile d'olives et de pain cuit au four,
Je suis "sur", elle a tout laissé là bas,
sa raison "d'hêtre" oui comme l'arbre (grand arbre de la famille des fagacées, à petites feuilles ovales caduques, au tronc puissant et à l'écorce lisse et cendrée, à fleurs monoïques et aux fruits entourés d'une cupule) n'y était plus, a quoi bon être si , elle n'y est plus !
Pour toutes ces raisons, je suis sûre qu'elle ne pouvait plus aimé !
ni son pays d'accueil, ni son pays d'origine,
pourtant elle n'a jamais nier les deux, juste les faits qui ont niés son attache à ces deux pays !

10OUJDA NOTRE LIEU DE MEMOIRE Empty Re: OUJDA NOTRE LIEU DE MEMOIRE Sam 9 Fév - 20:49

lurchar21

lurchar21

Lilas , on nous a fait trop souffrire . Le pire ce n'est pas seulement la deportation de nos parents avec rien que le linge qu'ils portaient sur eux. Ce qui me degoute ,c'est comment mes vieux parents et d'autres ont etaient traite , mes parents etaient vieux ,fragiles et toujours pas retablis du deuil de la perte de leurs enfants.
C'est vraiment dure d'accepter que des Musulmans nous traitent de cette facon sans pitie et sans compassion. Il est impossible de pardonner et tourner la page. Aucun pays Musulmans n'a ose dennoncer ou condamner cette lachete et injustice

11OUJDA NOTRE LIEU DE MEMOIRE Empty Re: OUJDA NOTRE LIEU DE MEMOIRE Sam 9 Fév - 22:32

admin"SNP1975"

admin
Admin

Tu parles de quelle pays arabe qui respectent les droits de l'homme.
Il ont ni 3ahd wala mitaq. Ils se disent musulmans en commettant des actes barbares.

En 1986 j'ai fait specialement un voyage de paris à Tripoli pour observer un autre drame . Il s'agissait de la deportation des tunisiens nés au pays de la jamahiria du bedouin au cheuveux bouclés.

http://www.marocainsdalgerie.net

12OUJDA NOTRE LIEU DE MEMOIRE Empty Re: OUJDA NOTRE LIEU DE MEMOIRE Sam 9 Fév - 22:36

admin"SNP1975"

admin
Admin

par JACQUES BERTOIN

Loin des centres de décision, coincé entre la mer et une frontière
algérienne fermée, Oujda surprend par sa gaieté et son optimisme.



Quand on veut désigner le « Maroc profond », par contraste avec la mégapole de Rabat-Casa, les fastes historiques de Marrakech, l’immense Sud désert ou les avatars de Tanger, port cosmopolite en lisière de l’Europe, on pose le doigt tout en haut et à droite de la carte du pays. Là, derrière l’écran montagneux formé par l’Atlas et par le Rif, coincé dans l’angle formé par la côte de la Méditerranée, au Nord, et la frontière algérienne, à l’Est, au terminus de l’ancienne voie ferrée, aujourd’hui saturée, qui traverse Fès et Taza, se trouve Oujda, la capitale de la région de l’Oriental, au débouché d’une plaine aride. Voilà une ville dont on peut dire qu’elle a subi, depuis plusieurs années, le pire de ce qui pouvait lui être réservé dans à peu près tous les domaines. Éloignée des principaux marchés du royaume tout autant que de ses centres de décision, elle est devenue le symbole de la métropole provinciale excentrée qui doit se battre seule contre un sort adverse. À Oujda, la nature, pas plus que la géographie, ne fait de cadeaux aux habitants du lieu. Dans la zone agricole et pastorale qui constitue son arrière-pays, on a assisté à une raréfaction quantitative et à une détérioration qualitative de l’eau, dues à la sécheresse. L’irrigation des terres agricoles a souvent été compromise, ainsi que, parfois, jusqu’à la santé des citadins, du fait de la pollution des nappes dans lesquelles puisent les réseaux d’eau potable. Sans parler de la dégradation quasi inexorable des différentes composantes du milieu naturel. Dans un tel contexte, l’exode rural a ravagé les campagnes. Les ressources du sous-sol, jadis abondantes, sont elles aussi asséchées : les autorités viennent de mettre un point final à l’exploitation des mines de charbon et des aciéries de la ville voisine de Jerada, longtemps moribondes. Et c’est à la municipalité d’Oujda qu’il revient de faire face, tant bien que mal, à l’afflux des mineurs en chômage, qui débarquent par milliers en quête d’une installation précaire dans un ensemble urbain déjà fragile. Mais les contraintes de la géographie, du climat et de la géologie ne sont pas seules à s’exercer sur Oujda : la cité de l’Oriental est encore plus clairement victime de la politique des hommes. Ainsi l’émigration a-t-elle toujours constitué, pour cette région et sa capitale, un véritable « poumon », en lui apportant l’oxygène des devises expédiées, notamment de France, par les fils du pays partis faire leur vie ailleurs sans avoir coupé les ponts avec leur famille. Ce complément de ressources n’a rien perdu de son importance pour les ménages oujdis, mais les obstacles administratifs désormais posés au départ, ainsi que la limitation du mouvement migratoire voulue par les autorités françaises et marocaines tendent à la réduction de cette manne. Par ailleurs, l’activité touristique marque le pas. De toutes les régions du Maroc, l’Oriental est celle qui affiche l’équipement touristique le plus faible et une fréquentation limitée aux villégiatures des stations balnéaires voisines. La faute en incombe sans doute au manque de richesses patrimoniales – Oujda n’est pas une ville qui se visite –, aux retards enregistrés dans la construction de l’autoroute côtière qui doit relier, via Nador, Oujda à Tanger, mais surtout à la situation de cul-de-sac qui est devenue la sienne depuis la fermeture de la frontière algérienne.
C’est en effet là, enfin et surtout, que le bât blesse : depuis plusieurs années, la porte de l’Algérie a été murée, conséquence des relations difficiles qu’entretiennent les deux pays. Bref, le tableau de la désolation semble complet ! Et pourtant, ce sont des images riantes, des perspectives optimistes et des visages sereins qui émaillent mes souvenirs du séjour que j’ai fait à Oujda au début de cet automne. J’y ai trouvé une cité volontiers fleurie, où l’on déambule avec plaisir, de nouveaux quartiers propres et nets, et même des villas qui auraient leur place à Casablanca-Anfa ou à Rabat-Souissi. Quant à cette rue qu’on a souvent dit livrée aux défilés islamistes, aux portes de la Médina, elle était en fête, le soir de mon arrivée, pour accueillir un grand spectacle de cirque africain – le Circus Baobab, invité par l’Institut français.
Il y a, de toute évidence, à Oujda, quelque chose qui fait mentir les chiffres et les évaluations des analystes financiers. Peut-être une solidarité née d’un destin partagé, conforme aux traditions familiales et culturelles de l’Oriental, qui expliquerait que l’intégration des nouveaux arrivants se soit faite « en douceur », sans les tensions qu’on peut toujours redouter quand une population augmente à ce point en quelques années (on frôle aujourd’hui les 1,5 million d’habitants dans le Grand-Oujda). Même les services publics, dont les moyens limités sont soumis à dure épreuve par l’inflation démographique, réussissent à s’adapter en mettant à contribution les nombreuses associations d’entraide créées localement. Il va de soi que les groupements à caractère intégriste « ne font rien pour rien », qu’il s’agisse de financer l’opération d’un malade, d’organiser le mariage d’un célibataire ou de fournir le mouton pour une fête, mais, comme tout le monde le sait, chacun est libre de gérer les relations qu’il souhaite instaurer avec eux, d’en rester à une simple rencontre d’occasion ou d’en faire un compagnonnage durable. À ce sentiment qu’ont les Oujdis d’appartenir à une même communauté s’ajoute une autre vertu traditionnelle de l’Oriental : la « débrouille ». Si vous voulez faire des affaires à Oujda, un bon conseil : n’ouvrez ni une pompe à essence ni un bureau de tabac! Ici, l’essence et les cigarettes s’achètent ailleurs que dans les commerces qui leur sont officiellement dédiés… Il faut, dans ce même ordre d’idées, visiter les différents « marchés de gros » de la ville, et notamment les trois souks qui en occupent le centre : Melilla et Al Qods, qui sont espagnols, et El Fellah, qui est algérien. Cela signifie que vous vous procurerez notamment dans les premiers, outre les sempiternels téléphones portables et autres dispositifs électroniques, le meilleur de la plomberie et de la quincaillerie madrilènes, tandis que le troisième vous offrira les montagnes de produits d’entretien, les kilomètres de tissus, de tapis et autres massifs de marmites à couscous made in Algeria. Le tout à des tarifs défiant toute concurrence… ou la perception des droits de douane ! La mer est vaste ; le port voisin de Nador, assez largement doté en embarcations de toutes natures ; l’enclave espagnole, toute proche ; et la frontière terrestre avec l’Algérie, bien discrète – entre Oujda et Saïda, un simple oued, à sec, qui plus est. Tout cela facilite l’éclosion d’une économie parallèle dont les performances contribuent à l’impression générale de prospérité relevée dans cette région. En reprenant la route de Rabat, il m’a semblé que les multiples contrôles routiers – qui renchérissaient le prix des denrées transportées d’autant de « taxes » – avaient été allégés : peut-être le signe que l’État a choisi d’accompagner la croissance des ressources locales plutôt que de la contrarier ? Laissons au père Lépine, une figure familière d’Oujda depuis près de trois décennies, le soin de conclure avec la philosophie du pasteur sur l’aptitude de la ville à pratiquer des coexistences en tout genre : « Je suis heureux que ce soit le wali qui ait proposé de relever la croix de mon église. Je suis heureux, aussi, que dans le pâté de maisons où je suis installé il y ait l’église, une mosquée en construction, et, entre les deux, une école. Pour le reste, Oujda est une ville de frontières. Les gens passent… et, si les frontières sont fermées, eh bien, ils passent quand même ! »

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