LE PRESIDENT SOUFFE LE CHAUD ET LE FROID.
POINT DE PRESSE DU PRÉSIDENT SAHRAOUI
«Les Marocains veulent aller vers le pourrissement»
02 Mars 2008 - Page : 4
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Si l’option de la guerre sera imposée aux Sahraouis, ces derniers ne lésineront sur aucun moyen pour défendre leur territoire et faire valoir leurs droits.
Le président de la République sahraouie (Rasd) a dénoncé, hier, lors d’une conférence de presse, la montée de l’esprit belliqueux chez les Marocains. Ces derniers s’adonnaient, depuis quelque temps, à un véritable jeu de haute voltige avec les marchands d’armes, en l’occurrence la France et les USA.
«Nous exprimons nos vives préoccupations quant aux recours répétitifs du Maroc à l’armement, au moment où la voie de la paix est recommandée par les Nations unies», laissa entendre Mohamed Abdelaziz, hier, clôturant une semaine de festivités consacrée au 32e anniversaire de la proclamation de la Rasd.
Mais Mohamed Abdelaziz, sur un ton ferme, n’a pas hésité à répondre du tac au tac pour dire que «si l’option de la guerre sera imposée aux Sahraouis, ces derniers ne lésineront sur aucun moyen pour défendre leur territoire et faire valoir leurs droits».
Mohamed Abdelaziz a fait remarquer que depuis l’arrivée du roi Mohammed VI, le Maroc n’a cessé de privilégier la voie militaire, tournant carrément le dos à la légalité internationale et les résolutions des Nations unies sur le Sahara occidental.
«Il y a bel et bien une réelle volonté d’aller, de nouveau, vers une nouvelle escalade contre le peuple sahraoui.»
Le président sahraoui, sans détours ni faux-fuyants, s’est dit convaincu que toutes les actions d’armement et de réarmement entreprises par le Royaume chérifien tendent à être utilisées contre le peuple sahraoui. Depuis les contrats des F-16 conclus avec les USA, le Maroc ne s’est pas arrêté à ce stade.
Des sources militaires du Royaume chérifien ont révélé, récemment l’intention du Maroc d’acquérir un matériel de surveillance infrarouge hautement sophistiqué, acheté auprès d’une société américaine spécialisée dans l’équipement militaire. Ce genre d’équipements est utilisé surtout dans les opérations d’espionnage.
Les mêmes sources ont fait savoir que le Maroc a également signé d’autres contrats militaires avec les partenaires américains, dont le montant s’élèverait à quelque 250 millions de dollars.
Il s’agit surtout de l’achat des avions de guerre de type F-1 et F-5, dotés de matériel de surveillance infrarouge. Interrogé précisément sur cette montée de l’esprit belliqueux chez les Marocains, le président sahraoui a expliqué que le Maroc a choisi de s’enliser encore dans sa politique expansionniste au Sahara occidental pour imposer le fait accompli par la guerre.
Nous apprenons également que le Royaume chérifien a signé d’autres convention militaires avec la France pour l’achat des missiles de type Mirage. Un deuxième contrat avec la société française Sagem tend à équiper l’armée royale avec d’autres appareils de guerre.
Face à cette frénésie d’armement chez les Marocains, le président sahraoui a conclu que la responsabilité d’un éventuel dérapage incombera au Maroc et à ses parrains traditionnels ainsi qu’à l’ONU qui, pourtant, est sur les lieux pour veiller au maintien de la paix.
Le marché d’armement conclu avec les Américains est évalué à 2,4 milliards de dollars et les 24 avions de combat qui seront livrés au Maroc devront placer le pays de Sa Majesté à la 25e place des Etats possesseurs des F-16. Il y a bel et bien, bruit de bottes et le spectre de la guerre risque de prendre corps.
Mohamed Abdelaziz, lors d’une conférence de presse tenue à Rabouni, le Quartier général du Front Polisario, a interpellé l’ONU pour assumer ses pleines responsabilités dans le dossier sahraoui et faire respecter les résolutions du Conseil de sécurité sur le Sahara occidental.
Sur sa lancée, le président sahraoui a appelé les Marocains à réviser leurs positions aux fins de surmonter l’impasse dans laquelle se sont embourbées les négociations de Manhasset. Mohamed Abdelaziz a réitéré la position inchangeable de son pays, à savoir l’urgence d’organiser un référendum d’autodétermination dans lequel le peuple sahraoui devra choisir sa destinée.
«Le choix et le dernier mot reviennent au peuple sahraoui. Ce dernier aura, le jour du référendum, toutes les solutions possibles, mais son choix devra être respecté en fin de compte», a expliqué encore le secrétaire général du Front Polisario.
82 pays reconnaissent actuellement la République sahraouie, selon Mohamed Abdelaziz, qui a appelé les pays ayant reconnu le Kosovo à faire de même pour la République sahraouie.
De notre envoyé spécial Ali TITOUCHE