Celui qui exerce le pouvoir est voue a combattre ,
Celui qui a tort et a raison le conteste.
Édition du Mercredi 05 Mars 2008 N° 1751
L'événement
Nationale
Kabylie
Culture
Sports
enregistrez vous a notre newsletter et recevez quotidiennement les titres du journal
se désabonner
Article consulté 248 fois
Droits de l’Homme et du citoyen
C'est l'oppression qui a créé la liberté
Une conférence s'est tenue hier, au siège de la Ligue algérienne des droits de l'homme (LADDH), pour mettre à jour la situation catastrophique de la vie quotidienne de l'Algérien.
La rencontre a été animée conjointement par l'actuel président, qui n'est autre que l'éminent avocat Mustapha Bouchachi, en présence du grand militant des causes justes, maître Ali Yahia Abdenour. Du haut de ses 87 ans, le pionnier des droits de l'Homme en Algérie continue d'éclairer les nouvelles générations sur les droits de l'Homme dans notre pays, chose loin d’être aisée tenant compte de la précarité de la situation. M. Bouchachi, abordant les dernières tueries de Ghaza, appelle les Etats arabes à réagir avant l'extermination des Palestiniens. Sur ce point, il dira que "le citoyen algérien ne peut même pas manifester son soutien du fait de l'état d'urgence qui dure depuis 16 ans". Le président de la ligue se lance sur un autre sentier aussi caillouteux et impraticable : les procédures pénales dont le législateur a modifié le texte le mois de décembre 2006, pour garder un œil sur le citoyen, parmi les articles Me Bouchachi dénonce: " Intrusion au domicile sans préavis et à tout moment, installation de caméras et de micros à l'intérieur des habitats privés…", sous le couvert de la recherche du crime. Selon M. Bouchachi "c'est une atteinte à la Constitution". S'agissant des prisons algériennes, le défenseur des droits de l'Homme s’est dit choqué par l'attitude de l'administration vis-à-vis des détenus. Il a annoncé que la semaine passée, "des prisonniers ont subi des sévices corporels et des tortures au niveau de la prison d'El-Harrach, chose qu'on a constaté de visu, la cause, c'est que l'administration pénitentiaire a décidé de fermer -tenez-vous bien- la salle de prière". Mustapha Bouchachi, s'est étalé sur d'autres sujets, tels la mise en danger de la liberté de la presse, la création de partis politiques, l'abrogation de la condamnation à mort, l'adhésion de l'Algérie au Tribunal pénal international ( TPI), et enfin le phénomène des Haragas.
Harragas: nos jeunes n'ont de courage que pour partir
Sur ce phénomène, le professeur Kamel Daoud, chargé des affaires extérieures au sein de la Ligue dira " les jeunes haragas n'ont de courage que pour partir, et si toutefois ils sont interceptés au large des frontières, ils subissent les pires atrocités de la part de nos pays voisins" ironise-t-il. "La Libye avec la bénédiction de l'Union européenne, et dans le cadre du programme Frontex, fait subir à nos jeunes des formes de barbaries les plus primaires" ajoute-t-il. Le professeur annonce que pas moins de 64 personnes ont été enterrées sous X. Sachant que la mer rejette les cadavres, alors que les familles ne voient rien venir, donc y a anguille sous roche. On interpelle les pouvoirs publics a y faire face et de sauver notre force "la jeunesse".
Corruption: sport national
Autre spécialiste des droits de l'homme, Me Ben Issad, avec une force de convaincre digne des grands maîtres, il aborde le sujet qu'il a défini comme sport national: la Corruption. Sur un ton grave, il plaide pour une égalité des ressources nationales, il défend le droit de tout citoyen algérien à la grève, du moment que l'Algérie a ratifié les différentes conventions internationales. Ben Issad revient à la charge sur l'état d'urgence en déclarant que " l'état d'urgence est exceptionnel, et limité dans le temps". Et d'ajouter que la révision du droit de la famille est une exigence de nos jours.
Enfin, arrive le tour de maître Ali Yahia Abdenour, lequel dresse son sonstat, et pose le problème d'une manière philosophique sur tous les domaines de la vie en Algérie à commencer par la révision constitutionnelle et le 3e mandat du Président sortant Abdelaziz Bouteflika.
Il dira à ce propos
“Il est prématuré de répondre à ces deux questions du fait que le Président de la République n'a pris aucune décision les concernant, la question étant posé il faut lui apporter un début de réponse qui relève seul de ma responsabilité.
Les présidentielles d'avril 2009 se mettent en place sous la houlette du président, décidé à intervenir dans ce domaine, quitte à déclencher des polémiques, il déteste l'idée d'avoir un jour un successeur, avec la ténacité d'un homme politique entièrement voué à la consolidation de son pouvoir centralisé par le mécanisme présidentiel, qui accentue sa primauté en fixant la marge d'action du Parlement selon le principe: "Vous devez faire ce que j'ai décidé que vous feriez". C'est un pouvoir personnel confinant à la monarchie. Il est convaincu de la nécessité pour régner, d'opposer les Algériens les uns contre les autres. Il a élargi la fracture qui divise le peuple. Une partie de la société côtoie, observe, épie l'autre, les personnes nourrissent l'un envers l'autre une solide défiance.”
Comment préserver la stabilité d'une société profondément divisée par ses antagonismes politiques et sociaux?
Celui qui exerce le pouvoir est voué à combattre celui qui à tort et à raison le conteste. Le culte d'un homme ne peut constituer l'idéal d'un pays comme l'Algérie. Les admirateurs du Président, sincères ou non, sont nombreux, même parmi l'intelligentsia. Les adversaires qui cherchent un sens à leur vie sont plus nombreux et le voient d'un œil plein d'humour. C'est l'ironie qui les sauvera. Cette année verra des pamphlets qui permettront dans un style direct et une langue dure et parfois crue, d'exprimer un climat d'incertitude, d'interrogation, de doute, qui ronge les nerfs des Algériens.
Les hagiographes du président se démènent pour donner de sa personne une image forte dans l'opinion publique. Les Algériens sont surpris et choqués par la force avec laquelle les défenseurs du narcissisme intellectuel, font bouger une partie des masses populaires pour assurer son destin social, par le soutien à un troisième mandat du Président.
Il faut se méfier de ceux qui prennent le train en marche, mais veulent courir plus vite que la locomotive. Les Algériens dans leur ensemble se demandent s'ils doivent choisir une attitude de soutien au troisième mandat, de neutralité ou d'opposition. Dans l'immédiat le rouleau compresseur du pouvoir a mobilisé le ban et l'arrière-ban d'une partie de la société pour justifier le 3e mandat et la non alternance politique pour congeler l'Algérie, et assurer au Président un avantage et la maîtrise du jeu.
Des Algériens ont suivi les ordres donnés par le pouvoir, et d'autres ne guettent que le cours des événements pour retourner leur veste. Ils se voient obligés de rejoindre le pouvoir, non par conviction idéologique ou par militantisme convaincu, mais par intérêt, par résignation ou par peur. Il faut vaincre la peur qui s'installe dans la société. Etrange adhésion. Les Algériens inscrivent leurs actions dans la perspective de prolongation de la crise, et tant qu'elle durera, les durs seront encore plus brutaux. Il s'agira de réprimer les pensées démocratiques qui sont différentes des pensées officielles. Le pouvoir va décrocher ses flèches à coup de tirs nourries, continus, cinglants et volontier provocateurs, sur l'opposition. La télévision unique est celle du mépris des faits, de l'intox, et de la manipulation de l'opinion publique. Le pouvoir va se crisper, fermer le jeu sans ménagements, dès que le processus échappera un tant soit peu à son contrôle. Le terrorisme intellectuel suscite une révolte dans l'opinion publique, qui ne l'accepte pas. C'est la même pièce de théâtre politique jouée déjà en 1999 et en 2004, que l'on nous fera jouer avec les mêmes acteurs. Le souvenir est encore frais de la fraude électorale. Le scrutin, comme d'habitude, passera au mieux pour une formalité, au pire pour une force. Il n'y aura pas de démocratie tant que le peuple ne choisira pas librement ses élus.
Le “OUI” au 3e mandat se confond avec le monolithisme, l'inconditionnalité, la confiance aveugle, c'est l'abandon de la liberté pour l'autorité du citoyen au projet des institutions. Gangrène par la corruption, certains Algériens ne songent qu'a s'enrichir d'une manière effrénée, au vu et au su de tout le monde. Le pouvoir qui dispose des hydrocarbures, c'est-à-dire de l'argent trouvé et non gagné, n'hésite pas à gaspiller son capital, à user et abuser des richesses du pays.
La procédure qui va être engagée est illégale au regard de la Constitution, et profondément illégitime.Le parcours du Président s'achève dans la confusion et la morosité. Il croit détenir à lui seul la vérité, sur la manière de conduire les affaires du pays. S'il en fait son titre de gloire, le peuple lui n'oublie pas, ne pardonne pas. Il faut d'abord dresser un tableau et un constat, et rejeter le 3e mandat avec calme et détermination. Le manque d'informations sur ce qui ce passe en haut est bien ressenti en bas par le peuple. Pour gagner un combat, il ne suffit pas de savoir se battre, il faut aussi et surtout choisir soigneusement le lieu et le moment de l'affrontement politique. Le pouvoir ne peut faire oublier ses échecs, son archaïsme. Quand l'oubli s'installe dans l'histoire, la détourne et la mutile, la situation du pays entraîne une maturation des esprits, et une grande vigilance dans le déroulement du processus de démoralisation. Il y a d'abord la tentative de ceux qui veulent fabriquer un nouveau leader. Ce n'est certainement pas le moment car il risque d'obtenir des effets opposés aux buts poursuivis. Il faut se méfier de ceux qui se considèrent comme des joueurs d'échecs, qui sacrifient certaines pièces pour pouvoir gagner.
Les moyens dévorent la fin
L'objectif, ce n'est pas la conquête du pouvoir par quelques-uns et pour les autres c'est la mobilisation des Algériens au service de l'intérêt national.
Une fois découverte, la marginalisation du peuple de la vie politique, et la dépossession de ses droits, il ne reste plus que deux voies à suivre, la capitulation ou la rupture, s'intégrer dans le système politique en place à la recherche du pouvoir et des privilèges, ou bien peser sur les événements pour garantir l'ouverture du champ politique et médiatique afin de préparer dans de bonnes conditions le retour à la souveraineté populaire.
Dans le débat, chacun doit dire ce qu'il est, ce qu'il croit, ce qu'il fait, ce qu'il sait, ce qu'il pense. Si l'on veut gagner, il n'y a qu'une seule solution, l'union à la base.
Il existe dans la société un accord profond sur quelques priorités essentielles autour desquelles les Algériens pourraient se rassembler. La défense du caractère démocratique et pluraliste de notre société, doit passer avant tout intérêt partisan. Le simple bon sens implique qu'il est temps d'agir, si l'on veut maintenir le pluralisme de la presse et la liberté d'expression, ce domaine qui nous concerne tous dans notre vie et notre liberté de chaque jour.
L'affirmation de la liberté n'est rien sans les conditions de la LIBERTE
Il faut élaborer une forme d'expression de l'opposition ouverte sur la société, car une opposition rigide est vouée à l'assèchement. Il n'y a pas d'action politique sans valeurs, sans une certaine conception de l'homme, de ses droits et ses devoirs. La politique, c'est peser sur son temps, sur les décisions du pouvoir, sur la pensée politique. Il faut retenir une politique adaptée aux exigences de la situation présente, et se doter des moyens de sa mise en œuvre dans toutes ses dimensions.
Au lieu de s'apposer sur des formules, il faut mettre en valeur ce que les Algériens ont en commun de plus fort, leur attachement à la démocratie. Il faut travailler pour l'Algérie du 21e siècle, la lumière crue qu'il faut projeter sur les choses n'accentue pas les contraintes, mais restitue les nuances réelles à des regards sans œillères. Le rassembler, signifie avant tout, construire une véritable démocratie qui satisfasse les exigences de liberté et de justice, car il n'y a pas de liberté sans justice, ni de justice sans liberté.
Les partis politiques doivent dépasser les contingences partisanes et les querelles politiques vaines et anachroniques qui paralysent leurs actions ; ils doivent trouver en eux-mêmes la capacité d'offrir à l'Algérie une perspective mobilisatrice, et situer les véritables enjeux de la nouvelle donne politique.
Lounis Melbouci
revenir à la rubrique "Nationale"
Celui qui a tort et a raison le conteste.
Édition du Mercredi 05 Mars 2008 N° 1751
L'événement
Nationale
Kabylie
Culture
Sports
enregistrez vous a notre newsletter et recevez quotidiennement les titres du journal
se désabonner
Article consulté 248 fois
Droits de l’Homme et du citoyen
C'est l'oppression qui a créé la liberté
Une conférence s'est tenue hier, au siège de la Ligue algérienne des droits de l'homme (LADDH), pour mettre à jour la situation catastrophique de la vie quotidienne de l'Algérien.
La rencontre a été animée conjointement par l'actuel président, qui n'est autre que l'éminent avocat Mustapha Bouchachi, en présence du grand militant des causes justes, maître Ali Yahia Abdenour. Du haut de ses 87 ans, le pionnier des droits de l'Homme en Algérie continue d'éclairer les nouvelles générations sur les droits de l'Homme dans notre pays, chose loin d’être aisée tenant compte de la précarité de la situation. M. Bouchachi, abordant les dernières tueries de Ghaza, appelle les Etats arabes à réagir avant l'extermination des Palestiniens. Sur ce point, il dira que "le citoyen algérien ne peut même pas manifester son soutien du fait de l'état d'urgence qui dure depuis 16 ans". Le président de la ligue se lance sur un autre sentier aussi caillouteux et impraticable : les procédures pénales dont le législateur a modifié le texte le mois de décembre 2006, pour garder un œil sur le citoyen, parmi les articles Me Bouchachi dénonce: " Intrusion au domicile sans préavis et à tout moment, installation de caméras et de micros à l'intérieur des habitats privés…", sous le couvert de la recherche du crime. Selon M. Bouchachi "c'est une atteinte à la Constitution". S'agissant des prisons algériennes, le défenseur des droits de l'Homme s’est dit choqué par l'attitude de l'administration vis-à-vis des détenus. Il a annoncé que la semaine passée, "des prisonniers ont subi des sévices corporels et des tortures au niveau de la prison d'El-Harrach, chose qu'on a constaté de visu, la cause, c'est que l'administration pénitentiaire a décidé de fermer -tenez-vous bien- la salle de prière". Mustapha Bouchachi, s'est étalé sur d'autres sujets, tels la mise en danger de la liberté de la presse, la création de partis politiques, l'abrogation de la condamnation à mort, l'adhésion de l'Algérie au Tribunal pénal international ( TPI), et enfin le phénomène des Haragas.
Harragas: nos jeunes n'ont de courage que pour partir
Sur ce phénomène, le professeur Kamel Daoud, chargé des affaires extérieures au sein de la Ligue dira " les jeunes haragas n'ont de courage que pour partir, et si toutefois ils sont interceptés au large des frontières, ils subissent les pires atrocités de la part de nos pays voisins" ironise-t-il. "La Libye avec la bénédiction de l'Union européenne, et dans le cadre du programme Frontex, fait subir à nos jeunes des formes de barbaries les plus primaires" ajoute-t-il. Le professeur annonce que pas moins de 64 personnes ont été enterrées sous X. Sachant que la mer rejette les cadavres, alors que les familles ne voient rien venir, donc y a anguille sous roche. On interpelle les pouvoirs publics a y faire face et de sauver notre force "la jeunesse".
Corruption: sport national
Autre spécialiste des droits de l'homme, Me Ben Issad, avec une force de convaincre digne des grands maîtres, il aborde le sujet qu'il a défini comme sport national: la Corruption. Sur un ton grave, il plaide pour une égalité des ressources nationales, il défend le droit de tout citoyen algérien à la grève, du moment que l'Algérie a ratifié les différentes conventions internationales. Ben Issad revient à la charge sur l'état d'urgence en déclarant que " l'état d'urgence est exceptionnel, et limité dans le temps". Et d'ajouter que la révision du droit de la famille est une exigence de nos jours.
Enfin, arrive le tour de maître Ali Yahia Abdenour, lequel dresse son sonstat, et pose le problème d'une manière philosophique sur tous les domaines de la vie en Algérie à commencer par la révision constitutionnelle et le 3e mandat du Président sortant Abdelaziz Bouteflika.
Il dira à ce propos
“Il est prématuré de répondre à ces deux questions du fait que le Président de la République n'a pris aucune décision les concernant, la question étant posé il faut lui apporter un début de réponse qui relève seul de ma responsabilité.
Les présidentielles d'avril 2009 se mettent en place sous la houlette du président, décidé à intervenir dans ce domaine, quitte à déclencher des polémiques, il déteste l'idée d'avoir un jour un successeur, avec la ténacité d'un homme politique entièrement voué à la consolidation de son pouvoir centralisé par le mécanisme présidentiel, qui accentue sa primauté en fixant la marge d'action du Parlement selon le principe: "Vous devez faire ce que j'ai décidé que vous feriez". C'est un pouvoir personnel confinant à la monarchie. Il est convaincu de la nécessité pour régner, d'opposer les Algériens les uns contre les autres. Il a élargi la fracture qui divise le peuple. Une partie de la société côtoie, observe, épie l'autre, les personnes nourrissent l'un envers l'autre une solide défiance.”
Comment préserver la stabilité d'une société profondément divisée par ses antagonismes politiques et sociaux?
Celui qui exerce le pouvoir est voué à combattre celui qui à tort et à raison le conteste. Le culte d'un homme ne peut constituer l'idéal d'un pays comme l'Algérie. Les admirateurs du Président, sincères ou non, sont nombreux, même parmi l'intelligentsia. Les adversaires qui cherchent un sens à leur vie sont plus nombreux et le voient d'un œil plein d'humour. C'est l'ironie qui les sauvera. Cette année verra des pamphlets qui permettront dans un style direct et une langue dure et parfois crue, d'exprimer un climat d'incertitude, d'interrogation, de doute, qui ronge les nerfs des Algériens.
Les hagiographes du président se démènent pour donner de sa personne une image forte dans l'opinion publique. Les Algériens sont surpris et choqués par la force avec laquelle les défenseurs du narcissisme intellectuel, font bouger une partie des masses populaires pour assurer son destin social, par le soutien à un troisième mandat du Président.
Il faut se méfier de ceux qui prennent le train en marche, mais veulent courir plus vite que la locomotive. Les Algériens dans leur ensemble se demandent s'ils doivent choisir une attitude de soutien au troisième mandat, de neutralité ou d'opposition. Dans l'immédiat le rouleau compresseur du pouvoir a mobilisé le ban et l'arrière-ban d'une partie de la société pour justifier le 3e mandat et la non alternance politique pour congeler l'Algérie, et assurer au Président un avantage et la maîtrise du jeu.
Des Algériens ont suivi les ordres donnés par le pouvoir, et d'autres ne guettent que le cours des événements pour retourner leur veste. Ils se voient obligés de rejoindre le pouvoir, non par conviction idéologique ou par militantisme convaincu, mais par intérêt, par résignation ou par peur. Il faut vaincre la peur qui s'installe dans la société. Etrange adhésion. Les Algériens inscrivent leurs actions dans la perspective de prolongation de la crise, et tant qu'elle durera, les durs seront encore plus brutaux. Il s'agira de réprimer les pensées démocratiques qui sont différentes des pensées officielles. Le pouvoir va décrocher ses flèches à coup de tirs nourries, continus, cinglants et volontier provocateurs, sur l'opposition. La télévision unique est celle du mépris des faits, de l'intox, et de la manipulation de l'opinion publique. Le pouvoir va se crisper, fermer le jeu sans ménagements, dès que le processus échappera un tant soit peu à son contrôle. Le terrorisme intellectuel suscite une révolte dans l'opinion publique, qui ne l'accepte pas. C'est la même pièce de théâtre politique jouée déjà en 1999 et en 2004, que l'on nous fera jouer avec les mêmes acteurs. Le souvenir est encore frais de la fraude électorale. Le scrutin, comme d'habitude, passera au mieux pour une formalité, au pire pour une force. Il n'y aura pas de démocratie tant que le peuple ne choisira pas librement ses élus.
Le “OUI” au 3e mandat se confond avec le monolithisme, l'inconditionnalité, la confiance aveugle, c'est l'abandon de la liberté pour l'autorité du citoyen au projet des institutions. Gangrène par la corruption, certains Algériens ne songent qu'a s'enrichir d'une manière effrénée, au vu et au su de tout le monde. Le pouvoir qui dispose des hydrocarbures, c'est-à-dire de l'argent trouvé et non gagné, n'hésite pas à gaspiller son capital, à user et abuser des richesses du pays.
La procédure qui va être engagée est illégale au regard de la Constitution, et profondément illégitime.Le parcours du Président s'achève dans la confusion et la morosité. Il croit détenir à lui seul la vérité, sur la manière de conduire les affaires du pays. S'il en fait son titre de gloire, le peuple lui n'oublie pas, ne pardonne pas. Il faut d'abord dresser un tableau et un constat, et rejeter le 3e mandat avec calme et détermination. Le manque d'informations sur ce qui ce passe en haut est bien ressenti en bas par le peuple. Pour gagner un combat, il ne suffit pas de savoir se battre, il faut aussi et surtout choisir soigneusement le lieu et le moment de l'affrontement politique. Le pouvoir ne peut faire oublier ses échecs, son archaïsme. Quand l'oubli s'installe dans l'histoire, la détourne et la mutile, la situation du pays entraîne une maturation des esprits, et une grande vigilance dans le déroulement du processus de démoralisation. Il y a d'abord la tentative de ceux qui veulent fabriquer un nouveau leader. Ce n'est certainement pas le moment car il risque d'obtenir des effets opposés aux buts poursuivis. Il faut se méfier de ceux qui se considèrent comme des joueurs d'échecs, qui sacrifient certaines pièces pour pouvoir gagner.
Les moyens dévorent la fin
L'objectif, ce n'est pas la conquête du pouvoir par quelques-uns et pour les autres c'est la mobilisation des Algériens au service de l'intérêt national.
Une fois découverte, la marginalisation du peuple de la vie politique, et la dépossession de ses droits, il ne reste plus que deux voies à suivre, la capitulation ou la rupture, s'intégrer dans le système politique en place à la recherche du pouvoir et des privilèges, ou bien peser sur les événements pour garantir l'ouverture du champ politique et médiatique afin de préparer dans de bonnes conditions le retour à la souveraineté populaire.
Dans le débat, chacun doit dire ce qu'il est, ce qu'il croit, ce qu'il fait, ce qu'il sait, ce qu'il pense. Si l'on veut gagner, il n'y a qu'une seule solution, l'union à la base.
Il existe dans la société un accord profond sur quelques priorités essentielles autour desquelles les Algériens pourraient se rassembler. La défense du caractère démocratique et pluraliste de notre société, doit passer avant tout intérêt partisan. Le simple bon sens implique qu'il est temps d'agir, si l'on veut maintenir le pluralisme de la presse et la liberté d'expression, ce domaine qui nous concerne tous dans notre vie et notre liberté de chaque jour.
L'affirmation de la liberté n'est rien sans les conditions de la LIBERTE
Il faut élaborer une forme d'expression de l'opposition ouverte sur la société, car une opposition rigide est vouée à l'assèchement. Il n'y a pas d'action politique sans valeurs, sans une certaine conception de l'homme, de ses droits et ses devoirs. La politique, c'est peser sur son temps, sur les décisions du pouvoir, sur la pensée politique. Il faut retenir une politique adaptée aux exigences de la situation présente, et se doter des moyens de sa mise en œuvre dans toutes ses dimensions.
Au lieu de s'apposer sur des formules, il faut mettre en valeur ce que les Algériens ont en commun de plus fort, leur attachement à la démocratie. Il faut travailler pour l'Algérie du 21e siècle, la lumière crue qu'il faut projeter sur les choses n'accentue pas les contraintes, mais restitue les nuances réelles à des regards sans œillères. Le rassembler, signifie avant tout, construire une véritable démocratie qui satisfasse les exigences de liberté et de justice, car il n'y a pas de liberté sans justice, ni de justice sans liberté.
Les partis politiques doivent dépasser les contingences partisanes et les querelles politiques vaines et anachroniques qui paralysent leurs actions ; ils doivent trouver en eux-mêmes la capacité d'offrir à l'Algérie une perspective mobilisatrice, et situer les véritables enjeux de la nouvelle donne politique.
Lounis Melbouci
revenir à la rubrique "Nationale"