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AU PAYS DES MOUJAHIDINES A L'ENVERS

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admin"SNP1975"

admin
Admin

Ce récit porte un doigt accusateur sur les anciens moudjahiddines, les vrais, qui ont survécu à la guerre d’Algérie. Il reflète le sentiment général des orphelins et victimes de cette guerre qui s’estiment trahis, par ceux-là même qui devaient défendre leurs droits.

Mon père est mort durant la guerre, tombé au champ d’honneur, comme on dit, laissant une veuve de vingt deux ans et trois enfants, dont l’aîné n’excédant pas les six ans. On nous disait, pour nous consoler, qu’il est un martyr, qu’il est mort pour la mère patrie, que les portes du paradis lui sont ouvertes. On nous disait qu’il n’est pas mort pour rien, qu’à l’indépendance nous serions enfin libres, que nous serions traités comme les enfants des survivants, encore mieux.

A l’indépendance, c’était la ruée vers les biens vacants. Les maquisards, fraîchement descendus des maquis, armes aux poings, se sont partagés ce qu’il y avait de mieux comme maisons et locaux. Une fois installés, ils ont casé leurs proches, avant de s’occuper, pour se donner bonne conscience, des victimes de la guerre qui étaient, en ces jours de liesse populaire, encore sous le choc. La plupart ont été casés dans des cités qu’occupaient les harkis et qu’on baptisa « Cités des martyrs ». Certaines familles ont été casées dans les maisons coloniales restantes mais souvent en cohabitation.

En tant que victimes de la guerre, l’état nous a octroyé des pensions : 300DA par trimestre pour les veuves et 90DA par trimestre pour chaque enfant jusqu’à l’age de 18 ans ou 21 ans pour ceux qui ont suivi des études supérieures. Il fallait se nourrir, s’habiller, étudier… Avec 1DA par jours. C’est pourquoi, bon nombre de veuves, par nécessité absolue, se sont retrouvées femmes de ménage dans les hôpitaux, les établissements scolaires, etc. Si nos martyrs, qu’on ne cesse de glorifier, pouvaient savoir ce que sont devenues leurs femmes, ils se retourneraient dans leurs tombes. Privés de soutien moral, de moyens, la plupart des orphelins de guerre ont mis fin, très tôt, à leur scolarité. Dans mon village, qui compte près de mille martyrs, cinq seulement ont fait des études supérieures.

Pendant ce temps, en plus des pensions et des postes de travail pour lesquels ils étaient prioritaires (des anciens moudjahiddines illettrés ont occupé des postes de directeurs d’entreprises publiques), l’état accordait d’autres privilèges aux vivants, tels que des licences de débits de boissons alcoolisées, bureaux tabacs bons, d’achats de voitures et camions…

En 1981, une loi portant cession des biens de l’état fut décrétée. Mais à qui a profité cette loi ? Ce n’est sûrement pas à ceux et celles qu’on a casés dans les cités de harkis ou en cohabitation, ce n’est sûrement pas à ceux et celles qui occupaient de vieux appartements en HLM. Cette loi a été concoctée pour permettre à ceux qui, en 1962, ont occupé les grandes villas, les résidences de luxe, d’en devenir propriétaires avec un abattement de 40% sur le prix de cession quand ce n’est pas au dinar symbolique.

Les orphelins ont malgré tout grandi, ils sont devenus adultes. Pour revendiquer les droits légitimes dont ils ont été privés jusque là, ils se sont organisés en associations. Devenus une force, on les courtise pour les considérations électoralistes et légitimistes. C’est ainsi qu’en 1999, enfin, une loi en faveur des moudjahiddines et ayant droits (les victimes de la guerre) a été votée. A ce jour, seul l’article portant sur la retraite et qui accorde un bonus de sept ans et demi de cotisations pour les enfants de chouhada’ a été appliquée et pas dans son intégralité (80% au lieu de 100%). Mais ne vous y trompez pas, ce n’est point une faveur. Avec la privatisation, le rééchelonnement de la dette, les conditions du FMI, l’état agonisant des entreprises publiques, des compressions de personnels s’imposaient. Mais on ne pouvait le faire quand on sait que beaucoup d’entreprises comptaient au moins 50% d’orphelins de guerre dans leurs effectifs et qu’on ne pouvait licencier. La parade a donc été trouvée. Elle a permis de réduire les effectifs (retraite en plus de départs volontaire) sans créer de tensions sociales. Voilà pourquoi, l’état s’est empressé d’appliquer uniquement cet article de la loi.

Dix ans après, les autres articles ne sont toujours pas appliqués parce que les anciens maquisards ne sont pas rassasiés. Ils exercent des pressions à travers leur organisation pour que leur progéniture soit alignée avec les orphelins de guerre et bénéficie donc de cette loi. Ils vont même pousser leur zèle jusqu’à souffler à leurs enfants de créer une organisation : L’organisation nationale des fils de moudjahiddines est née. Pourquoi donc une telle organisation ? Quels droits peuvent ils faire prévaloir, eux qui n’ont manqué de rien ? Quels préjudices ont-ils donc subi et que nous ignorons ? Ou alors veulent-ils préparer la relève, hériter de l’organisation de leurs parents et de ses privilèges ? Combien de fois n’ai-je pas entendu des anciens moudjahiddines dire, parlant des martyrs : « Ils n’avaient qu’à ne pas mourir ! ». Après l’année 2000, pendant que l’état remettait des chèques aux milliers d’islamistes « repentis » malgré leurs méfaits, on continuait à renier les enfants de ceux qui ont donné leurs vies pour la liberté.

La dignité des enfants de martyrs ne cesse d’être bafouée. Cela est devenu carrément du chantage : « On prend tout ou personne ne prend ». Le ministère des moudjahiddines n’a-t-il pas déclaré à l’adresse des orphelins de guerre : « Vous n’aurez rien du tout ! ». Ainsi, ils ont tout bloqué. C’est pourquoi moi, aujourd’hui, je dis : Basta ! Monsieur Abbas et monsieur Abada, avec tout le respect que je vous dois, même si ce n’est pas réciproque, arrêtez votre cirque. Je doute fort de votre sincérité, quand vous exigez de la France repentance. Exigence que vous brandissez selon la conjoncture. C’est peut-être aussi votre façon de manifester votre existence, de faire rappeler que vous êtes encore là, comme une entité incontournable. A chaque fois que vous voulez refaire une virginité à votre corporation et au pouvoir, vous attaquez l’ennemi d’hier. Je vais vous dire le fond de ma pensée : Avant d’exiger repentance de la France et au lieu de vous mêler du choix du peuple français, qui lui au moins choisit son président et ses représentants librement, vous feriez mieux de :

- Nettoyer autours de vous pour débusquer les milliers de faux moudjahiddines et ceux qui ont témoigné pour eux pour quelques milliers de dinars. Les gens qui ont bouffé l’argent du peuple et des orphelins.

- Faire au nom de tous vos compères votre mea culpa, votre examen de conscience et vous serez surpris de découvrir que vous avez trahi vos compagnons d’armes, ceux qui n’ont pas survécu à la guerre ou « n’auraient pas du mourir ». Vous avez vite fait d’oublier, occupés que étiez à vouloir toujours plus, le serment que vous vous êtes fait : « Nous jurons devant Dieu de nous occuper comme des nôtres, des enfants de ceux qui ne survivraient pas à la guerre… ». Vous avez failli, admettez-le. Depuis l’indépendance, votre organisation a prêté allégeance à tous les pouvoirs qui se sont succédés au lieu d’être les gardiens des valeurs de Novembre en mettant des gardes fous. Vous avez choisi d’être sucrés et de fermer les yeux.

Avec tout le respect que je vous dois en tant que véritables moudjahiddines, même si encore une fois le respect n’est pas réciproque, dites moi messieurs Abbas et Abada au nom de qui vous parlez quand vous demandez repentance ? Est-ce au nom de ces milliers de faux moudjahiddines qui n’ont jamais connu le maquis ? Est-ce au nom des victimes de la guerre ? Ceux là, puisque j’en fais partie, s’en foutent éperdument de cette repentance. Ils attendent plutôt la vôtre. Faites preuve d’audace et de courage en débusquant tous les faux et en condamnant tous les vrais qui ont témoigné pour eux. Demandez pardon au nom de ce que vous appelez « la famille révolutionnaire », à toutes ces veuves de martyrs devenues boniches, aux orphelins que vous appelez communément « Les enfants des veuves » dont le préjudice moral (auquel vous avez contribué) plus que matériel est inestimable. Demandez pardon à tous ces moudjahiddines, dont Abane Ramdane, assassinés au maquis par leurs frères d’armes. Faites d’abord ça, ensuite nous causerons du colonialisme. Si vous n’êtes pas capables de le faire, de grâce, ayez la décence, vous et vos confrères, de vous taire. Taisez-vous car nous n’avons que faire de vos gesticulations qui ne trompent plus personne. Taisez-vous sinon vous risquez un de ces jours de voir les martyrs revenir hanter vos nuits s’ils ne le font pas déjà comme me l’ont avoué certains moudjahiddines qui reconnaissent avoir trahi.

Par MUS.

Source : Rescapés de la guerre d’Algérie, qu’avez-vous fait de votre serment



Dernière édition par Admin le Mar 1 Avr - 21:41, édité 1 fois

http://www.marocainsdalgerie.net

admin"SNP1975"

admin
Admin

Récit poignant est proche de la vérité.
Sinon quel est l'utilité de l'organisation des enfants des moujahidines.

http://www.marocainsdalgerie.net

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