Violence inter-quartiers à Alger
Les jeunes livrés aux combats de rue
La violence gangrène le comportement sociétal des Algériens. Elle devient le mode de conduite par excellence, la voie de recours des citoyens en mal de citoyenneté. Les jeunes qui se mettent en première ligne d’une tendance à l’expression brutale semblent être encouragés dans ce recours spasmodique à la voie de la casse et la voix du bâton.
Même les meetings sportifs sont appréhendés comme des combats de guerre ; la raison déclare forfait dans le grand stade Algérie qui semble se complaire dans l’enfantement de toutes formes de violence. Ne se débarrassant pas encore des affres du terrorisme, auquel s’est greffé le banditisme, voilà que la violence s’habille d’une nouvelle forme aux consonances « hooliganistes » et où l’on dresse carrément des quartiers contre d’autres. Même à deux minutes du Palais d’El Mouradia, pourtant aux barricades bien sûres, ces voix arrivent à vibrer telles des signaux rouges qui annoncent que rien ne va plus dans cette république qui souffre de tant de maux. La localité de Bir Mourad Raïs voisine a vécu avant-hier une nuit très singulière, marquée par des rixes entre jeunes qui ont failli dégénérées. Une quinzaine de jeunes d’El Harrach, armés de couteaux et de barres de fer, sont arrivés dans la soirée, déterminés à casser du « birmouradrassien », rameutés par un nouvel habitant de Bir Mourad Raïs originaire de leur localité. Le quartier traditionnellement paisible s’est livré à des scènes de bagarre qui semblaient interminables. Au-delà de l’origine de la rixe elle-même qui peut arriver n’importe où, il est utile de signaler la lenteur de l’intervention de la police et le débordement que l’incident aurait pu provoquer si leur attente s’était faite plus longue. Une fois sur les lieux, les sirènes et gyrophares des véhicules des forces de l’ordre ont fait disperser les jeunes dont la colère était difficilement maîtrisable. Un des véhicules a même été la cible d’une attaque à l’arme blanche. Les policiers ont eu du mal à calmer les jeunes du quartier se sentant menacés et attaqués dans leur antre intime. La crainte de représailles reste entière et la facilité avec laquelle des jeunes peuvent se balader armés et passer d’une localité à une autre est loin de rassurer les habitants de Bir Mourad Raïs. S’il est dramatique de voir se dresser des jeunes les uns contre les autres au lieu de les voir ouvrir des ponts de rencontres et d’échanges fraternels, il est utile de noter que le pourrissement a atteint le seuil de la pestilence. Cet incident renseigne sur la facilité avec laquelle une poudrière peut trouver l’étincelle de son déchaînement. Ce qui s’est passé à Berriane, à Oran, à Chlef et dans d’autres localités du pays sont autant de signes alarmants sur la précarité de la situation sécuritaire et sur l’incapacité de l’Etat à canaliser une colère juvénile de plus en plus expressive. La violence trouve son mode d’emploi et la paix est loin de voir voler sa colombe.
Par [url=mailto://]N. B.[/url]