Le père du chef du Polisario fait partie du CORCAS
Khalil Rkibi : pour les non-initiés, ce nom perdu au milieu de la liste des cent quarante membres du Conseil royal consultatif pour les affaires sahariennes (Corcas), dont la composition a été rendue publique le 25 mars à Laayoune, ne signifie rien. Pour les Sahraouis, en revanche, c’est un petit événement. Ce vieil homme, ancien sous-officier de l’armée marocaine, est en effet le propre père de Mohamed Abdelaziz, chef du Polisario et président de la RASD. Le condensé en quelque sorte des complexités d’un dossier qui pourrait, en ce premier semestre 2006 - et vu de Rabat -, connaître une évolution décisive.
Khalil Rkibi était présent à Laayoune lors du discours prononcé par Mohammed VI à l’issue de sa visite d’une semaine (20-25 mars) au Sahara occidental. Lui et ses collègues sahraouis du nouveau Conseil - chefs de tribus, notables, représentants de la société civile, femmes, hommes d’affaires - ont entendu le roi annoncer une prochaine proposition d’autonomie interne pour les « provinces du Sud », tout en réaffirmant que le Maroc ne cédera pas « un seul pouce ni un grain de sable de notre cher Sahara ». Une solution de compromis présentée comme « définitive » par le souverain - et rejetée par avance, comme il fallait s’y attendre, aussi bien par Alger que par… le fils de Khalil Rkibi.
De quoi s’agit-il ? D’une « vraie autonomie », assure-t-on à Rabat, à la fois large et lâche, dont les ingrédients ne seront plus définis dans le secret du Palais et les cuisines du ministère de l’Intérieur, mais après consultation des partis et du nouveau Conseil consultatif sahraoui. Ce projet, que Taïeb Fassi Fihri, le secrétaire d’État aux Affaires étrangères, accompagné de Mustapha Sahel, le représentant marocain auprès de l’ONU, a présenté à Jacques Chirac le 31 mars en prélude à une tournée des capitales des pays membres permanents du Conseil de sécurité, préfigure une régionalisation de l’ensemble du royaume. « Nous savons pertinemment que la communauté internationale n’est plus disposée à nous entendre parler de l’intégration pure et simple du Sahara occidental au Maroc, confie un proche du dossier. Elle nous réclame, en particulier les Américains, une proposition alternative au plan de règlement onusien qui soit sérieuse et réaliste, c’est-à-dire consensuelle et nourrie d’une approche démocratique et non plus sécuritaire de cette affaire. Eh bien ! la voici. » On n’en saura guère plus avant fin avril-début mai, date à laquelle cette proposition devrait être présentée à l’ONU. Mais la philosophie est claire : le « grain de sable » sahraoui restera marocain. Et il s’autogérera.
En sommeil depuis sa création, il y a une vingtaine d’années, le Corcas rénové et renouvelé constitue-t-il l’embryon de la future assemblée locale des « provinces autonomes du Sud » ? Sans doute. La composition de cette instance, dont la moitié des membres sont des élus, a été étudiée avec minutie pour la rendre la plus représentative possible de la nouvelle société sahraouie : 10 % de femmes, 15 % de membres de la société civile et même quelques anciens détenus politiques. À sa tête figurent deux notabilités expérimentées au profil très makhzénien. Nommé président du Conseil, le reguibi Khali Hanna Ould Er Rachid (57 ans) est un ancien secrétaire d’État aux Affaires sahariennes sous Hassan II. Quant au secrétaire général, Ben Khali Hanna Maalaïnine, médecin gynécologue, il est depuis vingt ans gouverneur dans la partie nord du royaume.
Une page serait-elle en train de se tourner au Sahara ? Expert en symboles comme son père, Mohammed VI a tenu à sa manière à marquer sa différence. Il s’est rendu à deux reprises, dont une fois au volant de sa voiture de sport accompagné de son frère Moulay Rachid, dans le quartier frondeur et populaire de Maatallah, d’où étaient parties en mai 2005 les émeutes de Laayoune. Trente et un jeunes activistes sahraouis de cette mini-Intifada ont été à cette occasion libérés. Et, pour bien marquer que le nord du Maroc ne considérait plus « son » Sahara avec la condescendance qu’on lui a tant de fois reprochée, c’est en costume classique et non plus accoutré en tenue locale que le roi a effectué sa tournée. Moins de folklore, plus de respect : les Sahraouis de Sa Majesté ont apprécié.
jeuneafrique.com
Khalil Rkibi : pour les non-initiés, ce nom perdu au milieu de la liste des cent quarante membres du Conseil royal consultatif pour les affaires sahariennes (Corcas), dont la composition a été rendue publique le 25 mars à Laayoune, ne signifie rien. Pour les Sahraouis, en revanche, c’est un petit événement. Ce vieil homme, ancien sous-officier de l’armée marocaine, est en effet le propre père de Mohamed Abdelaziz, chef du Polisario et président de la RASD. Le condensé en quelque sorte des complexités d’un dossier qui pourrait, en ce premier semestre 2006 - et vu de Rabat -, connaître une évolution décisive.
Khalil Rkibi était présent à Laayoune lors du discours prononcé par Mohammed VI à l’issue de sa visite d’une semaine (20-25 mars) au Sahara occidental. Lui et ses collègues sahraouis du nouveau Conseil - chefs de tribus, notables, représentants de la société civile, femmes, hommes d’affaires - ont entendu le roi annoncer une prochaine proposition d’autonomie interne pour les « provinces du Sud », tout en réaffirmant que le Maroc ne cédera pas « un seul pouce ni un grain de sable de notre cher Sahara ». Une solution de compromis présentée comme « définitive » par le souverain - et rejetée par avance, comme il fallait s’y attendre, aussi bien par Alger que par… le fils de Khalil Rkibi.
De quoi s’agit-il ? D’une « vraie autonomie », assure-t-on à Rabat, à la fois large et lâche, dont les ingrédients ne seront plus définis dans le secret du Palais et les cuisines du ministère de l’Intérieur, mais après consultation des partis et du nouveau Conseil consultatif sahraoui. Ce projet, que Taïeb Fassi Fihri, le secrétaire d’État aux Affaires étrangères, accompagné de Mustapha Sahel, le représentant marocain auprès de l’ONU, a présenté à Jacques Chirac le 31 mars en prélude à une tournée des capitales des pays membres permanents du Conseil de sécurité, préfigure une régionalisation de l’ensemble du royaume. « Nous savons pertinemment que la communauté internationale n’est plus disposée à nous entendre parler de l’intégration pure et simple du Sahara occidental au Maroc, confie un proche du dossier. Elle nous réclame, en particulier les Américains, une proposition alternative au plan de règlement onusien qui soit sérieuse et réaliste, c’est-à-dire consensuelle et nourrie d’une approche démocratique et non plus sécuritaire de cette affaire. Eh bien ! la voici. » On n’en saura guère plus avant fin avril-début mai, date à laquelle cette proposition devrait être présentée à l’ONU. Mais la philosophie est claire : le « grain de sable » sahraoui restera marocain. Et il s’autogérera.
En sommeil depuis sa création, il y a une vingtaine d’années, le Corcas rénové et renouvelé constitue-t-il l’embryon de la future assemblée locale des « provinces autonomes du Sud » ? Sans doute. La composition de cette instance, dont la moitié des membres sont des élus, a été étudiée avec minutie pour la rendre la plus représentative possible de la nouvelle société sahraouie : 10 % de femmes, 15 % de membres de la société civile et même quelques anciens détenus politiques. À sa tête figurent deux notabilités expérimentées au profil très makhzénien. Nommé président du Conseil, le reguibi Khali Hanna Ould Er Rachid (57 ans) est un ancien secrétaire d’État aux Affaires sahariennes sous Hassan II. Quant au secrétaire général, Ben Khali Hanna Maalaïnine, médecin gynécologue, il est depuis vingt ans gouverneur dans la partie nord du royaume.
Une page serait-elle en train de se tourner au Sahara ? Expert en symboles comme son père, Mohammed VI a tenu à sa manière à marquer sa différence. Il s’est rendu à deux reprises, dont une fois au volant de sa voiture de sport accompagné de son frère Moulay Rachid, dans le quartier frondeur et populaire de Maatallah, d’où étaient parties en mai 2005 les émeutes de Laayoune. Trente et un jeunes activistes sahraouis de cette mini-Intifada ont été à cette occasion libérés. Et, pour bien marquer que le nord du Maroc ne considérait plus « son » Sahara avec la condescendance qu’on lui a tant de fois reprochée, c’est en costume classique et non plus accoutré en tenue locale que le roi a effectué sa tournée. Moins de folklore, plus de respect : les Sahraouis de Sa Majesté ont apprécié.
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