Nous sommes les Marocains d'Algerie. Nous sommes les Algeriens du Maroc . On est le trait d'union. !
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Il était une fois dans l’Oriental
Dans les mailles du trafic illicite transfrontalier)
Il était une fois dans l’Oriental
Il y a 14 ans, Oujda, capitale de la région de l’Oriental, fêtait son premier millénaire. En 994, Ziri Bnou Attya a fondé cette ville, sur ordre des califes Omeyyades de Cordoue, au milieu de la plaine des Angads. Son emplacement en faisait le point de croisement de deux grandes routes commerciales, celle qui va de l’ouest à l’est, de Fès à Tlemcen, et celle du nord au sud, qui relie la Méditerranée à Sidjilmassa. Aujourd’hui encore, c’est une plate forme d’échanges commerciaux…illicites, les caravaniers ayant été remplacés par…les contrebandiers !
Des endroits comme souk El fellah, souk Tanja et souk Mellilia ont acquis une notoriété partout à travers le pays pour tous les produits bons marché qu’on peut y trouver, importés illégalement d’Algérie et de Mellilia.
Quotidiennement, les marchandises de contrebande sont déversées par voitures et camions sur ces marchés, qui en assurent la distribution à l’échelle nationale.
La région de l’Oriental, c’est la deuxième plus grande région du Maroc, 82 820 km2, soit 11,6% de la superficie totale. Elle est composée de la préfecture d’Oujda-Angad et de 5 provinces : Jerrada, Berkane, Taourirt, Figuig et Nador. C’est aussi l’une des régions du pays les moins développées.
La population de l’Oriental est de 1,9 millions d’habitants (recensement générale de 2004), dont 1,1 millions en milieu urbain.
49.9% des habitants de l’Oriental sont des jeunes de moins de 25 ans. Et le chômage touche la moitié de la population active. Dans toute la région, il n’y a pas plus de 239 entreprises industrielles, dont 110 établissements qui offrent du travail à quelques 4245 personnes.
« Presque chaque famille de la région comprend un membre émigré. C’est grâce aux transferts financiers de ces derniers que nombre de familles arrivent à survivre », explique un enseignant oujdi à la retraite, qui a eu l’opportunité et le temps de voir grandir des générations de jeunes de sa ville. En effet, 28,3% des Marocains Résidants à l’Etranger sont originaires de l’Oriental.
En fait, sa situation géographique, qui devrait assurer sa prospérité, est la cause, au contraire, de ses difficultés actuelles. La région de l’Oriental est baignée au nord par la Méditerranée, bordée à l’est et au sud-est par la frontière maroco-algérienne, appuyée sur les provinces d’Al Hoceima, Taza, Boulmane et Errachidia sur son flanc ouest. Sa position excentrée par rapport aux régions économiquement les plus dynamiques du pays (Oujda est située à 632Km de Casablanca), ajoutée à la fermeture des frontières maroco-algériennes, l’ont condamnée pendant longtemps à l’exclusion.
Le plus dure pour la population locale, s’agissant de la fermeture des frontières, relève surtout du plan affectif. Pendant des siècles, les habitants de la région, des deux côtés des frontières, ont entretenus des relations familiales et économiques très importantes. Plus que le commerce, ce sont les familles déchirées qui espèrent, un jour, pouvoir se retrouver sans avoir à emprunter des chemins détournés.
Trafic de subsistance
Car si les frontières terrestres sont fermées, depuis 1994, cela n’empêche pas pour autant la circulation des biens et personnes, non sans risques et difficultés.
La frontière entre la région de l’Oriental et l’Algérie court sur 540Kms, de Saïdia à Figuig, avec tout un chapelet de petites villes et de douars le long du tracé frontalier. Face à Saïdia se trouve, du côté algérien, Marsa Ben Mhidi, Ahfir est limitrophe de Boukanoun, et Oujda est à quelques kilomètres seulement de Maghniya. Et quand les frontières sont closes, la contrebande remplace les activités commerciales que l’on ne peut plus mener légalement.
Selon une étude menée par la Chambre de commerce, d’industrie et des services d’Oujda, l’économie parallèle est devenue « la principale source de revenus pour les populations frontalières ». Cette étude souligne, par ailleurs, qu’il y a « une absence de spécialisation sociale dans le milieu des contrebandiers, car tout le monte trafique, du plus petit paysan au grand négociant, femmes et enfants y participent aussi activement selon leurs forces ». La contrebande ne serait, donc, qu’un trafic de subsistance, dans une région rongée par le chômage.
La CCIS d’Oujda ne partage pas, toutefois, cette conclusion. « Selon les lieux et les produits, la contrebande relève d’individus isolés (ou regroupés à l’occasion), de fraudeurs occasionnels, mais aussi de grandes bandes professionnelles puissamment organisées ».
S’il est un village qui traduit le mieux l’ampleur de la contrebande le long de la ligne frontalière, c’est bien Béni Drar. Situé à une vingtaine de kilomètres d’Oujda, le village, qui ne fait pas plus de 10.000 habitants, est entièrement consacré à la contrebande.
A part les cafés et les maisons d’habitations, situées toutes à l’étage, Béni Drar, ce sont rues et ruelles le long desquelles s’alignent des garages remplis de jerricans d’essence et de pneus, d’autres bondés de produits de contrebande, marmites, casseroles, cocottes, poêles, fabriqués en Algérie, des matelas et couvertures, des sacs de 50Kg de farine et de lait en poudre, importé de Belgique, des dattes... Et les prix sont très concurrentiels. Du thé vert importé de Chine, à 50 dhs le kilo, le pneu neuf à 370 dhs,…
Le produit phare de Béni Drar, toutefois, celui qui lui a valu l’appellation de Koweït-City, c’est le carburant, vendu en jerricans de 30 litres à 125 dhs. Si par malheur, un jour, un incendie devait se déclarer dans l’une des nombreuses « stations d’essence » de fortune de Béni Drar, c’est tout le village qui sautera et l’explosion se fera entendre à des kilomètres à la ronde.
En fait, c’est tout au long de la route reliant Oujda à Saïdia que l’on peut voir des “vendeurs” de carburant de contrebande. De temps à autre, apparaissent des bidons de plastique jaune coupé en deux, fixés par le goulot à des bâtons planté par terre et soutenus par des pierres. A côté, des hommes accroupis, se couvrant la tête contre le soleil avec ce qui se présente. D’autres font signe de la main, le pouce tourné vers le bas.
D’autres encore tiennent à la main des bidons et les agitent au passage des voitures. « C’est pour signaler aux automobilistes qu’ils vendent du carburant. Les jerricans d’essence sont cachés dans les maisons. Ils les ramènent en brouettes pour servir les clients.
Avant, ils exposaient les jerricans d’essence au bord même de la route, mais depuis que les gendarmes se sont mis à sévir contre eux, ils se contentent de tenir leurs bidons vides à la main. Il y a beaucoup de petits revendeurs de ce genre. « Ils s’approvisionnent directement auprès des passeurs » indique Mohamed, un habitant de la région qui nous a fait découvrir les petits secrets de la zone frontalière.
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Il était une fois dans l’Oriental
Dans les mailles du trafic illicite transfrontalier)
Il était une fois dans l’Oriental
Il y a 14 ans, Oujda, capitale de la région de l’Oriental, fêtait son premier millénaire. En 994, Ziri Bnou Attya a fondé cette ville, sur ordre des califes Omeyyades de Cordoue, au milieu de la plaine des Angads. Son emplacement en faisait le point de croisement de deux grandes routes commerciales, celle qui va de l’ouest à l’est, de Fès à Tlemcen, et celle du nord au sud, qui relie la Méditerranée à Sidjilmassa. Aujourd’hui encore, c’est une plate forme d’échanges commerciaux…illicites, les caravaniers ayant été remplacés par…les contrebandiers !
Des endroits comme souk El fellah, souk Tanja et souk Mellilia ont acquis une notoriété partout à travers le pays pour tous les produits bons marché qu’on peut y trouver, importés illégalement d’Algérie et de Mellilia.
Quotidiennement, les marchandises de contrebande sont déversées par voitures et camions sur ces marchés, qui en assurent la distribution à l’échelle nationale.
La région de l’Oriental, c’est la deuxième plus grande région du Maroc, 82 820 km2, soit 11,6% de la superficie totale. Elle est composée de la préfecture d’Oujda-Angad et de 5 provinces : Jerrada, Berkane, Taourirt, Figuig et Nador. C’est aussi l’une des régions du pays les moins développées.
La population de l’Oriental est de 1,9 millions d’habitants (recensement générale de 2004), dont 1,1 millions en milieu urbain.
49.9% des habitants de l’Oriental sont des jeunes de moins de 25 ans. Et le chômage touche la moitié de la population active. Dans toute la région, il n’y a pas plus de 239 entreprises industrielles, dont 110 établissements qui offrent du travail à quelques 4245 personnes.
« Presque chaque famille de la région comprend un membre émigré. C’est grâce aux transferts financiers de ces derniers que nombre de familles arrivent à survivre », explique un enseignant oujdi à la retraite, qui a eu l’opportunité et le temps de voir grandir des générations de jeunes de sa ville. En effet, 28,3% des Marocains Résidants à l’Etranger sont originaires de l’Oriental.
En fait, sa situation géographique, qui devrait assurer sa prospérité, est la cause, au contraire, de ses difficultés actuelles. La région de l’Oriental est baignée au nord par la Méditerranée, bordée à l’est et au sud-est par la frontière maroco-algérienne, appuyée sur les provinces d’Al Hoceima, Taza, Boulmane et Errachidia sur son flanc ouest. Sa position excentrée par rapport aux régions économiquement les plus dynamiques du pays (Oujda est située à 632Km de Casablanca), ajoutée à la fermeture des frontières maroco-algériennes, l’ont condamnée pendant longtemps à l’exclusion.
Le plus dure pour la population locale, s’agissant de la fermeture des frontières, relève surtout du plan affectif. Pendant des siècles, les habitants de la région, des deux côtés des frontières, ont entretenus des relations familiales et économiques très importantes. Plus que le commerce, ce sont les familles déchirées qui espèrent, un jour, pouvoir se retrouver sans avoir à emprunter des chemins détournés.
Trafic de subsistance
Car si les frontières terrestres sont fermées, depuis 1994, cela n’empêche pas pour autant la circulation des biens et personnes, non sans risques et difficultés.
La frontière entre la région de l’Oriental et l’Algérie court sur 540Kms, de Saïdia à Figuig, avec tout un chapelet de petites villes et de douars le long du tracé frontalier. Face à Saïdia se trouve, du côté algérien, Marsa Ben Mhidi, Ahfir est limitrophe de Boukanoun, et Oujda est à quelques kilomètres seulement de Maghniya. Et quand les frontières sont closes, la contrebande remplace les activités commerciales que l’on ne peut plus mener légalement.
Selon une étude menée par la Chambre de commerce, d’industrie et des services d’Oujda, l’économie parallèle est devenue « la principale source de revenus pour les populations frontalières ». Cette étude souligne, par ailleurs, qu’il y a « une absence de spécialisation sociale dans le milieu des contrebandiers, car tout le monte trafique, du plus petit paysan au grand négociant, femmes et enfants y participent aussi activement selon leurs forces ». La contrebande ne serait, donc, qu’un trafic de subsistance, dans une région rongée par le chômage.
La CCIS d’Oujda ne partage pas, toutefois, cette conclusion. « Selon les lieux et les produits, la contrebande relève d’individus isolés (ou regroupés à l’occasion), de fraudeurs occasionnels, mais aussi de grandes bandes professionnelles puissamment organisées ».
S’il est un village qui traduit le mieux l’ampleur de la contrebande le long de la ligne frontalière, c’est bien Béni Drar. Situé à une vingtaine de kilomètres d’Oujda, le village, qui ne fait pas plus de 10.000 habitants, est entièrement consacré à la contrebande.
A part les cafés et les maisons d’habitations, situées toutes à l’étage, Béni Drar, ce sont rues et ruelles le long desquelles s’alignent des garages remplis de jerricans d’essence et de pneus, d’autres bondés de produits de contrebande, marmites, casseroles, cocottes, poêles, fabriqués en Algérie, des matelas et couvertures, des sacs de 50Kg de farine et de lait en poudre, importé de Belgique, des dattes... Et les prix sont très concurrentiels. Du thé vert importé de Chine, à 50 dhs le kilo, le pneu neuf à 370 dhs,…
Le produit phare de Béni Drar, toutefois, celui qui lui a valu l’appellation de Koweït-City, c’est le carburant, vendu en jerricans de 30 litres à 125 dhs. Si par malheur, un jour, un incendie devait se déclarer dans l’une des nombreuses « stations d’essence » de fortune de Béni Drar, c’est tout le village qui sautera et l’explosion se fera entendre à des kilomètres à la ronde.
En fait, c’est tout au long de la route reliant Oujda à Saïdia que l’on peut voir des “vendeurs” de carburant de contrebande. De temps à autre, apparaissent des bidons de plastique jaune coupé en deux, fixés par le goulot à des bâtons planté par terre et soutenus par des pierres. A côté, des hommes accroupis, se couvrant la tête contre le soleil avec ce qui se présente. D’autres font signe de la main, le pouce tourné vers le bas.
D’autres encore tiennent à la main des bidons et les agitent au passage des voitures. « C’est pour signaler aux automobilistes qu’ils vendent du carburant. Les jerricans d’essence sont cachés dans les maisons. Ils les ramènent en brouettes pour servir les clients.
Avant, ils exposaient les jerricans d’essence au bord même de la route, mais depuis que les gendarmes se sont mis à sévir contre eux, ils se contentent de tenir leurs bidons vides à la main. Il y a beaucoup de petits revendeurs de ce genre. « Ils s’approvisionnent directement auprès des passeurs » indique Mohamed, un habitant de la région qui nous a fait découvrir les petits secrets de la zone frontalière.
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