Les FAR et leurs Aussarresses |
de Mohamed Zaâf |
Paris, Tel-Aviv, voire Washington s’acharnent à nous renvoyer ces derniers temps l’image d’un Maroc surdosé à l’hydrogène démocratique, mieux gonflé qu’un ballon de baudruche. Qui aurait osé dire le contraire et soutenir que les FAR comptent dans leurs rangs des «Aussarresses» ne le cédant en rien aux Aussarresses attitrés de la France coloniale ? Le journaliste marocain Ali Lemrabet du quotidien espagnol El Mundo publiait, la semaine dernière, des révélations plutôt fracassantes sur les exactions commises par des officiers de l’armée marocaine contre des civils sahraouis. «Des crimes de guerre contre des prisonniers (…) beaucoup de civils ont été jetés dans le vide depuis des hélicoptères ou enterrés vivants», parce qu’ils n’étaient pas Marocains mais Sahraouis. Quelle étrange ressemblance ! Des crimes donnés comme une spécialité des militaires français durant les «événements» d’Algérie. «Dis-moi qui tu fréquentes, je te dirai qui tu es», dit le proverbe. Apparemment, le Maroc a été à bonne école. Les révélations rapportées par Lemrabet n’étaient pas arrachées sous la torture. Elles étaient faites gentiment dans le cadre des sessions de l’Instance Equité et Réconciliation (un organisme censé recueillir les confidences sur les exactions durant le règne du défunt Hassan II) par Khalihenna Ould Rachid, le président du Conseil Royal Consultatif pour les Affaires du Sahara (CORCAS). Khelihenna est en fait un personnage sahraoui plus ou moins comparable à Bellounis l’algérien. Il est aussi marocain que Bellounis était français. Les deux ont choisi de tourner le dos à leur peuple. Les confidences de Khelihenna n’ont pas eu le moindre écho dans «le pays des droits de l’homme» où l’on a officiellement décidé de changer de fusil d’épaule pour privilégier les relations «fructueuses». On gonfle a volonté la moindre des protestations lorsqu’elle se fait jour en Algérie, en Kabylie, dans le M’zab ou à Gdyel, dans l’Oranie. Certains médias français s’en donnent à cœur joie et vont jusqu’à suggérer des raisons supplémentaires aux émeutiers. Mais pas un officiel n’évoque la répression sauvage qui se poursuit dans les villes occupées du Sahara occidental. Jeudi dernier, de nombreux députés de différents pays européens s’étaient indignés de la situation jugée «très préoccupante» des droits de l’homme au Sahara occidental occupé par le Maroc. Le président de la RASD, M. Mohamed Abdelaziz, s’est ruiné en timbres postes, au vu du nombre de ses correspondances transmises, notamment aux instances européennes et onusiennes. Des plaintes restées sans suite ! On préfère construire des ensembles d’intérêt économique, à l’instar de l’invraisemblable UPM. Une union où la marchandise a plus de considération que l’être humain. M. Z. |