France : Les conclusions d'un «livre blanc» sur le Maghreb
par l'un de Nos Correspondants à Paris : S. Raouf
par l'un de Nos Correspondants à Paris : S. Raouf
Au miroir des prospectivistes et des sécuritaires français, le Maghreb suscite à la fois un senti ment de sérénité et de préoccupation. Mais sans aller jusqu'à nourrir un scénario-catastrophe de type déclenchement d'une guerre ouverte dans la région.
Un tel état d'esprit hexagonal se dégage du «Livre blanc» sur la défense et la sécurité. Rendu public, l'autre semaine, par l'Elysée, le document dessine, à coups d'exercices prospectifs, la doctrine militaire et sécuritaire de la France et de l'Union européenne à l'aune de «l'arc de crise». Une vaste étendue géographique qui se déploie de l'Atlantique à l'océan indien.
«Dans cette partie du monde, au voisinage de l'Europe, au coeur d'intérêts stratégiques pour la sécurité mondiale, des évolutions essentielles modifient les données de la sécurité de la France et de l'Europe», constate le «Livre blanc». Ses rédacteurs sont issus d'horizons divers. Entre autres membres, y ont cohabité, à la faveur d'un travail de réflexion de dix mois, le chef d'Etat-major des armées, les directeurs de la Police et de la Gendarmerie, le patron de la DGSE (contre-espionnage), de hauts fonctionnaires des Affaires étrangères, de la Défense, de l'Intérieur, de l'Economie, des députés, des sénateurs et des experts.
Au rang des risques potentiels, le staff, chargé de définir les visions militaire et sécuritaire françaises, pointe quatre sources motifs d'inquiétude. Outre la poussée de l'islamisme, la France redoute les «antagonismes» entre sunnites et chiites, la question kurde et la «fragilité des régimes politiques». Autant de paramètres qui, liés l'un à l'autre, «constituent un mélange explosif».
Cette étendue géographique est loin de constituer un «ensemble homogène» en termes d'appréciation du risque. S'y distinguent, en fonction de réalités contrastées, quatre sous-ensembles : une zone sahélienne qui va de la Mauritanie à la Somalie, le Maghreb, le Proche-Orient (Golfe compris) et le fief Afghanistan-Pakistan. Sous ces cieux, les défis sécuritaires et géopolitiques sont nombreux. «L'implantation et la mise en réseau de groupes terroristes sont devenues une donnée permanente. Les programmes nucléaires et balistiques de l'Iran risquent, à eux seuls, de déséquilibrer tout le Moyen-Orient et au-delà. Les ressources en hydrocarbures qui s'y trouvent demeurent centrales pour l'approvisionnement énergétique des pays du continent européen».
Moins miné que les trois autres, le Maghreb n'en reste pas moins exposé aux risques. Les prospectivistes et sécuritaires français ne recensent pas au rang des hypothèses du pire des hostilités ouvertes entre les armées de la région. «Les risques de conflits interétatiques de haute intensité semblent limités, mais imposent une vigilance internationale».
En revanche, les rédacteurs du «Livre blanc» n'écartent pas le «risque de déstabilisation» nourrie par des facteurs internes. Qu'il s'agisse des «successions politiques, des mouvements sociaux, du chômage, du terrorisme», les facteurs potentiels de crise et d'instabilité sont légion en Afrique du Nord.
«D'ici quinze ans et au-delà, seul le développement économique, politique et social peut prémunir la région contre de tels risques», estime le «Livre blanc», en mettant en garde contre les «facteurs préoccupants». Ses rédacteurs y énumèrent sept : déséquilibres sociaux, insuffisances du système éducatif, dégradation environnementale et urbanistique, déficit hydrique, émigration clandestine des nationaux vers l'Europe et immigration africaine vers le Maghreb, blocages politiques qui «nourrissent l'extrémisme», implantation d'Al Qaida.
Faute d'être jugulés ou traités au moyen de parades idoines, de tels facteurs conforteraient des scénarios négatifs et «conduiraient en 2025 à des situations de tension et d'instabilité préoccupantes pour l'Europe et la France». Aussi, face à l'irruption de nouveaux acteurs étatiques dont les Etats-Unis et la Chine, une démarche politique «globale» de Paris et de Bruxelles en direction du Maghreb apparaît-elle «nécessaire» aux yeux de l'équipe du «Livre blanc». L'équipe du «Livre blanc» - le DG du Trésor et de la politique économique à Bercy en a été membre - préconise une action européenne «volontariste» dans les domaines de l'éducation, de l'ouverture économique, de la coopération en matière d'immigration et de sécurité. Elle recommande également de travailler à l'intégration au Maghreb et au rapprochement de ses économies avec les économies européennes. Mais une telle stratégie «suppose, de la part de la France et de l'Europe, une vision, des moyens et un engagement politique durable».
Un tel état d'esprit hexagonal se dégage du «Livre blanc» sur la défense et la sécurité. Rendu public, l'autre semaine, par l'Elysée, le document dessine, à coups d'exercices prospectifs, la doctrine militaire et sécuritaire de la France et de l'Union européenne à l'aune de «l'arc de crise». Une vaste étendue géographique qui se déploie de l'Atlantique à l'océan indien.
«Dans cette partie du monde, au voisinage de l'Europe, au coeur d'intérêts stratégiques pour la sécurité mondiale, des évolutions essentielles modifient les données de la sécurité de la France et de l'Europe», constate le «Livre blanc». Ses rédacteurs sont issus d'horizons divers. Entre autres membres, y ont cohabité, à la faveur d'un travail de réflexion de dix mois, le chef d'Etat-major des armées, les directeurs de la Police et de la Gendarmerie, le patron de la DGSE (contre-espionnage), de hauts fonctionnaires des Affaires étrangères, de la Défense, de l'Intérieur, de l'Economie, des députés, des sénateurs et des experts.
Au rang des risques potentiels, le staff, chargé de définir les visions militaire et sécuritaire françaises, pointe quatre sources motifs d'inquiétude. Outre la poussée de l'islamisme, la France redoute les «antagonismes» entre sunnites et chiites, la question kurde et la «fragilité des régimes politiques». Autant de paramètres qui, liés l'un à l'autre, «constituent un mélange explosif».
Cette étendue géographique est loin de constituer un «ensemble homogène» en termes d'appréciation du risque. S'y distinguent, en fonction de réalités contrastées, quatre sous-ensembles : une zone sahélienne qui va de la Mauritanie à la Somalie, le Maghreb, le Proche-Orient (Golfe compris) et le fief Afghanistan-Pakistan. Sous ces cieux, les défis sécuritaires et géopolitiques sont nombreux. «L'implantation et la mise en réseau de groupes terroristes sont devenues une donnée permanente. Les programmes nucléaires et balistiques de l'Iran risquent, à eux seuls, de déséquilibrer tout le Moyen-Orient et au-delà. Les ressources en hydrocarbures qui s'y trouvent demeurent centrales pour l'approvisionnement énergétique des pays du continent européen».
Moins miné que les trois autres, le Maghreb n'en reste pas moins exposé aux risques. Les prospectivistes et sécuritaires français ne recensent pas au rang des hypothèses du pire des hostilités ouvertes entre les armées de la région. «Les risques de conflits interétatiques de haute intensité semblent limités, mais imposent une vigilance internationale».
En revanche, les rédacteurs du «Livre blanc» n'écartent pas le «risque de déstabilisation» nourrie par des facteurs internes. Qu'il s'agisse des «successions politiques, des mouvements sociaux, du chômage, du terrorisme», les facteurs potentiels de crise et d'instabilité sont légion en Afrique du Nord.
«D'ici quinze ans et au-delà, seul le développement économique, politique et social peut prémunir la région contre de tels risques», estime le «Livre blanc», en mettant en garde contre les «facteurs préoccupants». Ses rédacteurs y énumèrent sept : déséquilibres sociaux, insuffisances du système éducatif, dégradation environnementale et urbanistique, déficit hydrique, émigration clandestine des nationaux vers l'Europe et immigration africaine vers le Maghreb, blocages politiques qui «nourrissent l'extrémisme», implantation d'Al Qaida.
Faute d'être jugulés ou traités au moyen de parades idoines, de tels facteurs conforteraient des scénarios négatifs et «conduiraient en 2025 à des situations de tension et d'instabilité préoccupantes pour l'Europe et la France». Aussi, face à l'irruption de nouveaux acteurs étatiques dont les Etats-Unis et la Chine, une démarche politique «globale» de Paris et de Bruxelles en direction du Maghreb apparaît-elle «nécessaire» aux yeux de l'équipe du «Livre blanc». L'équipe du «Livre blanc» - le DG du Trésor et de la politique économique à Bercy en a été membre - préconise une action européenne «volontariste» dans les domaines de l'éducation, de l'ouverture économique, de la coopération en matière d'immigration et de sécurité. Elle recommande également de travailler à l'intégration au Maghreb et au rapprochement de ses économies avec les économies européennes. Mais une telle stratégie «suppose, de la part de la France et de l'Europe, une vision, des moyens et un engagement politique durable».