VIE CHÈRE, PÉNURIES, PROMESSES
L’Algérien est vacciné
10 Juillet 2008 -
La prochaine rentrée sociale ressemblera-t-elle aux précédentes? L’Algérien se tient déjà le ventre. Le mois sacré du Ramadhan frappe déjà à nos portes, il est annoncé pour le tout début du mois de septembre. Une dizaine de jours plus tard, écoliers, collégiens, lycéens reprendront le chemin de leurs établissements. Deux événements incontournables dans la vie des familles algériennes. Ils ont toutefois la particularité d’être annonciateurs de dépenses importantes. Un budget consistant et surtout supplémentaire est donc à prévoir. Le pouvoir d’achat actuel le permettra-t-il? S’il est vrai que plus d’un million et demi de fonctionnaires ont bénéficié d’augmentations de salaires, longtemps controversées et contestées par les syndicats autonomes de la Fonction publique, il en est autrement pour l’ensemble des classes laborieuses. Que faut-il faire dans pareille situation? Quand il s’agit de la «débrouille», du système D, le génie algérien est une marque déposée. Mais jusqu’à quand? Reste à emprunter, si l’on est vraiment au pied du mur. S’endetter: la hantise de tous les Algériens. Un réflexe humain et universel. Cependant, si cela peut, un tant soit peu, en consoler quelques-uns. Des progrès ont, certes, été accomplis en matière de développement économique et de «mieux-être». L’opulence est là, mais à quel prix? «Est-ce à dire que nos compatriotes sont heureux dans leur quotidien et rassurés sur leur avenir? La réponse est non», avait déclaré le secrétaire général du Rassemblement national démocratique, à l’occasion de l’ouverture du 3e congrès de son parti, le 25 juin dernier. Deux années loin de la gestion des affaires de l’Etat, après son départ de la chefferie du gouvernement en 2006, ne l’ont pas écarté de la réalité quotidienne des Algériens. Les campagnes de proximité menées par les militants de sa formation politique ont permis de recenser les besoins vitaux de leurs électeurs, mais surtout de l’ensemble des citoyens à travers le territoire national. Ahmed Ouyahia a pointé du doigt les détenteurs des richesses mal acquises et le poids de cette honteuse bureaucratie, cette plaie algérienne accoucheuse des passe-droits et de la corruption. Et c’est justement ces «rendez-vous» qui structurent la vie des familles et des chaumières algériennes d’un point de vue religieux, spirituel et social, qui font malheureusement la part belle aux spéculateurs. C’est en particulier pendant le mois sacré du Ramadhan, mois de piété et de pardon par excellence, que les prix flambent. Aucun légume n’est épargné. Tomates, oignons, courgettes, poivrons et surtout la pomme de terre qui a été intronisée, bien malgré elle, «reine des étals», a pendant des mois, été proposée à 70 DA. Quant à la viande, n’en parlons pas. Qu’en sera-t-il, cette année? L’Etat lèvera-t-il la décision de suspension d’importation de viandes ovines avant le début du mois sacré? A moins que les marchés ne soient jugés bien approvisionnés. Le marché des produits de large consommation ressemble de plus en plus à un marché de bazar. C’est un constat qui ne peut s’arrêter là. Toute l’économie tousse. L’embellie financière due à l’exceptionnelle rentrée en devises engrangée grâce aux exportations en hydrocarbures, sans ne représenter qu’un artifice, ne doit pas cacher la réalité. «Les recettes du pétrole garantissent aussi notre alimentation importée», avait fait gravement constater Ouyahia, le 25 juin dernier. Mettra-t-il un gant de velours dans une main de fer? Si oui, les spéculateurs n’auront qu’à bien se tenir.
Mohamed TOUATI
L'expression
L’Algérien est vacciné
10 Juillet 2008 -
La prochaine rentrée sociale ressemblera-t-elle aux précédentes? L’Algérien se tient déjà le ventre. Le mois sacré du Ramadhan frappe déjà à nos portes, il est annoncé pour le tout début du mois de septembre. Une dizaine de jours plus tard, écoliers, collégiens, lycéens reprendront le chemin de leurs établissements. Deux événements incontournables dans la vie des familles algériennes. Ils ont toutefois la particularité d’être annonciateurs de dépenses importantes. Un budget consistant et surtout supplémentaire est donc à prévoir. Le pouvoir d’achat actuel le permettra-t-il? S’il est vrai que plus d’un million et demi de fonctionnaires ont bénéficié d’augmentations de salaires, longtemps controversées et contestées par les syndicats autonomes de la Fonction publique, il en est autrement pour l’ensemble des classes laborieuses. Que faut-il faire dans pareille situation? Quand il s’agit de la «débrouille», du système D, le génie algérien est une marque déposée. Mais jusqu’à quand? Reste à emprunter, si l’on est vraiment au pied du mur. S’endetter: la hantise de tous les Algériens. Un réflexe humain et universel. Cependant, si cela peut, un tant soit peu, en consoler quelques-uns. Des progrès ont, certes, été accomplis en matière de développement économique et de «mieux-être». L’opulence est là, mais à quel prix? «Est-ce à dire que nos compatriotes sont heureux dans leur quotidien et rassurés sur leur avenir? La réponse est non», avait déclaré le secrétaire général du Rassemblement national démocratique, à l’occasion de l’ouverture du 3e congrès de son parti, le 25 juin dernier. Deux années loin de la gestion des affaires de l’Etat, après son départ de la chefferie du gouvernement en 2006, ne l’ont pas écarté de la réalité quotidienne des Algériens. Les campagnes de proximité menées par les militants de sa formation politique ont permis de recenser les besoins vitaux de leurs électeurs, mais surtout de l’ensemble des citoyens à travers le territoire national. Ahmed Ouyahia a pointé du doigt les détenteurs des richesses mal acquises et le poids de cette honteuse bureaucratie, cette plaie algérienne accoucheuse des passe-droits et de la corruption. Et c’est justement ces «rendez-vous» qui structurent la vie des familles et des chaumières algériennes d’un point de vue religieux, spirituel et social, qui font malheureusement la part belle aux spéculateurs. C’est en particulier pendant le mois sacré du Ramadhan, mois de piété et de pardon par excellence, que les prix flambent. Aucun légume n’est épargné. Tomates, oignons, courgettes, poivrons et surtout la pomme de terre qui a été intronisée, bien malgré elle, «reine des étals», a pendant des mois, été proposée à 70 DA. Quant à la viande, n’en parlons pas. Qu’en sera-t-il, cette année? L’Etat lèvera-t-il la décision de suspension d’importation de viandes ovines avant le début du mois sacré? A moins que les marchés ne soient jugés bien approvisionnés. Le marché des produits de large consommation ressemble de plus en plus à un marché de bazar. C’est un constat qui ne peut s’arrêter là. Toute l’économie tousse. L’embellie financière due à l’exceptionnelle rentrée en devises engrangée grâce aux exportations en hydrocarbures, sans ne représenter qu’un artifice, ne doit pas cacher la réalité. «Les recettes du pétrole garantissent aussi notre alimentation importée», avait fait gravement constater Ouyahia, le 25 juin dernier. Mettra-t-il un gant de velours dans une main de fer? Si oui, les spéculateurs n’auront qu’à bien se tenir.
Mohamed TOUATI
L'expression