Par Hassan Moali - EW
Le fait de ne pas savoir où mettre les 140 milliards de dollars de réserves témoigne d’une panne d’imagination, d'après Luis Martinez – un Algérien d’origine – directeur de recherche à sciences po à Paris. « Il n’y a pas de stratégie de gestion de la rente en Algérie ! On réfléchit… et on n’a pas encore décidé », soutient le directeur de recherche à sciences po. Et de prévenir : « C’est politiquement dangereux… ça pourrait servir des idéologies radicales ! » Pourquoi les détenteurs du pouvoir en Algérie tâtonnent dans la gestion de l’argent du pétrole ? Réponse de l’expert : « Le système politique algérien n’est pas préparé à gérer cette richesse, ce tsunami financier, et la démocratie est mise à mal. » Pour M. Martinez, la question, pour l’Algérie et pour tous les pays rentiers, se pose ainsi : « Comment sortir de l’usage toxique de la rente, la désidéologiser pour en faire un moteur économique ? » Et dans la bouche de l’expert, « l’usage toxique » signifie l’instrumentalisation de l’argent du pétrole à des fins de puissance politique et de domination des sociétés. Mais jusqu’à quand ? « Un système rentier prend le risque d’être empoisonné… Ce sont des systèmes maléfiques », met-il en garde. Ne pas faire profiter leurs sociétés de la rente expose fatalement les régimes des pays concernés au risque de désintégration et des mouvements autonomistes, notamment des populations où sont implantés les champs pétrolifères.
Ceci est un avertissement que lance le politologue, qui évoque des exemples aussi variés que ceux de la Tchétchénie, du nord du Nigeria, des Chiapas au Mexique et même de l’Ecosse à l’égard de la couronne britannique. « C’est presque naturel que les populations locales, à force d’êtres marginalisées dans la gestion et la distribution de la rente, revendiquent un jour leur souveraineté sur la richesse de leur sous-sol dont elles ne profitent pas », avertit M. Martinez. Et de préciser que les compagnies pétrolières qui opèrent dans ces régions pourraient mettre leur grain de sel pour mieux tirer profit de ces richesses. Quid de l’Algérie ? « Je ne souhaite pas que cela arrive en Algérie, mais il faut prendre garde », répond l’auteur du livre La Guerre civile en Algérie 1990-1998. « La loi sur la réconciliation nationale a peut-être réduit l’insécurité, mais a-t-elle pour autant réconcilié les Algériens avec leurs gouvernants ? Quand on voit le taux de participation aux dernières élections (35%), il est permis de se poser des questions », précise M. Martinez. Il est convaincu que l’exemple de la gestion « démocratique » de la rente par un pays comme la Norvège est « incopiable ». L’Algérie devrait d’abord, selon lui, tenter de se rapprocher des standards du Venezuela et du Mexique « qui ne sont pas des modèles de démocratie » mais tout de même en avance sur l’Algérie.
Le fait de ne pas savoir où mettre les 140 milliards de dollars de réserves témoigne d’une panne d’imagination, d'après Luis Martinez – un Algérien d’origine – directeur de recherche à sciences po à Paris. « Il n’y a pas de stratégie de gestion de la rente en Algérie ! On réfléchit… et on n’a pas encore décidé », soutient le directeur de recherche à sciences po. Et de prévenir : « C’est politiquement dangereux… ça pourrait servir des idéologies radicales ! » Pourquoi les détenteurs du pouvoir en Algérie tâtonnent dans la gestion de l’argent du pétrole ? Réponse de l’expert : « Le système politique algérien n’est pas préparé à gérer cette richesse, ce tsunami financier, et la démocratie est mise à mal. » Pour M. Martinez, la question, pour l’Algérie et pour tous les pays rentiers, se pose ainsi : « Comment sortir de l’usage toxique de la rente, la désidéologiser pour en faire un moteur économique ? » Et dans la bouche de l’expert, « l’usage toxique » signifie l’instrumentalisation de l’argent du pétrole à des fins de puissance politique et de domination des sociétés. Mais jusqu’à quand ? « Un système rentier prend le risque d’être empoisonné… Ce sont des systèmes maléfiques », met-il en garde. Ne pas faire profiter leurs sociétés de la rente expose fatalement les régimes des pays concernés au risque de désintégration et des mouvements autonomistes, notamment des populations où sont implantés les champs pétrolifères.
Ceci est un avertissement que lance le politologue, qui évoque des exemples aussi variés que ceux de la Tchétchénie, du nord du Nigeria, des Chiapas au Mexique et même de l’Ecosse à l’égard de la couronne britannique. « C’est presque naturel que les populations locales, à force d’êtres marginalisées dans la gestion et la distribution de la rente, revendiquent un jour leur souveraineté sur la richesse de leur sous-sol dont elles ne profitent pas », avertit M. Martinez. Et de préciser que les compagnies pétrolières qui opèrent dans ces régions pourraient mettre leur grain de sel pour mieux tirer profit de ces richesses. Quid de l’Algérie ? « Je ne souhaite pas que cela arrive en Algérie, mais il faut prendre garde », répond l’auteur du livre La Guerre civile en Algérie 1990-1998. « La loi sur la réconciliation nationale a peut-être réduit l’insécurité, mais a-t-elle pour autant réconcilié les Algériens avec leurs gouvernants ? Quand on voit le taux de participation aux dernières élections (35%), il est permis de se poser des questions », précise M. Martinez. Il est convaincu que l’exemple de la gestion « démocratique » de la rente par un pays comme la Norvège est « incopiable ». L’Algérie devrait d’abord, selon lui, tenter de se rapprocher des standards du Venezuela et du Mexique « qui ne sont pas des modèles de démocratie » mais tout de même en avance sur l’Algérie.