Terreur nocturne, racket et faux barrages
Le dernier souffle du GSPC en Kabylie
Par : Tarik Benouar
Tout porte à croire que le fils de l’ex-numéro 2 de l’ex-Front islamique du salut (FIS dissous), Ali Benhadj, est depuis quelque temps dans les maquis de Haute-Kabylie. Une chose est sûre, il n’y a pas de fumée sans feu.
Le fils d’Ali Benhadj a-t-il choisi les monts boisés de la Haute-Kabylie pour s’y réfugier, semer la terreur et dicter son diktat à une population qui a bravé le terrorisme pendant les années de braise et qui continue à le faire en toute dignité et patriotisme ? Le désormais terroriste, fils de l’ex-numéro 2 du Front islamique du salut (FIS dissous), ayant rejoint le Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC) par ailleurs affilié à la branche armée d’Al-Qaïda au Maghreb (Baqmi), a-t-il fui les monts de Boumerdès pour “élire domicile” dans les grottes datant des années coloniales ? Autant d’interrogations et bien d’autres aussi légitimes les unes que les autres restent sans réponses depuis que la “rumeur” fait le tour des villes et villages du Djurdjura où le climat sécuritaire s’est sérieusement dégradé depuis quelques mois. Une chose est sûre, il n’y a pas de fumée sans feu, et la peur qui pèse sur la Kabylie en cette période de canicule et de fêtes témoigne, on ne peut mieux, de la volonté des groupes armés de “signifier” leur existence et leur présence après les mesures draconiennes et éradicatrices prises à leur encontre par l’État. Mieux, de la volonté de ces irréductibles d’imposer une “démarche” à une population forte de ses convictions que le terrorisme ne vaincra jamais. Et si aucune source ne venait pas à confirmer ou à infirmer cette information, il n’en demeure pas moins que les groupes armés ont investi la Haute-Kabylie de façon manifeste. Faux barrages et tentatives avortées de kidnapping, attaques contre les casernes, campements militaires et commissariats de police, racket des commerçants et des clients… la recrudescence des actes de terrorisme dans plusieurs coins de la Haute-Kabylie intervient après une longue période d’accalmie.
Les groupes armés plus que jamais déstabilisés
Traqués dans la capitale et ses environs, les groupes armés, dont la grande majorité est constituée de repentis, tentent de se réorganiser en élisant domicile dans les maquis impénétrables de la Kabylie, comme ce fut le cas dans les années 2006 et 2007 à Yakouren. De Mekla à la mythique forêt d’Imoujène (que même les forces coloniales redoutaient), en passant par le fleuve d’Oussaka et des habitations abandonnées jusqu’à la dense forêt de Berekmouche, située à quelques encablures des villages des Ath Yenni, ces groupes armés se sont scindés en plusieurs sections. D’abord, par manque de recrues et absence de soutien logistique et de complicité, ensuite par manque de ressources et d’armements, les quelque 150 individus armés, actuellement encerclés, sont répartis en quatre ou cinq groupuscules. La dernière opération de ratissage a abouti à la destruction de deux grottes qui abritaient entre 30 et 35 terroristes. Au point que plus de 4 000 hommes, entre forces spéciales et troupes de l’Armée nationale populaire (ANP), ajoutés aux vives forces de la nation dont les infatigables et courageux Patriotes, sont quotidiennement déployés pour sécuriser les accès vers les localités d’Azzazga, Yakouren, Adekar, Mekla, Boubehir, Aït Yahia, Iferhounène, Aïn El Hammam, Ath Yenni, Takhoukht, Ath Ouacif, Larbâa Nath Irathen et autres villages et lieux-dits signalés pour être des points d’accès aux denses forêts de la Kabylie. Bien plus, des alertes, vraies ou fausses, ont lieu chaque jour au grand dam des populations locales. Au point que les citoyens se méfient de tout et de rien ! Une volonté de semer la zizanie parmi les services de sécurité, mais aussi, et c’est le plus important, de jeter l’anathème parmi les vigilants qui barrent la route aux forces du mal. Au demeurant, la tension est perceptible. Dans ce climat d’insécurité et d’inquiétude, les citoyens vaquent à leurs occupations quotidiennes malgré toutes ces menaces. Déstabilisés par la présence dissuasive et omniprésente des forces de sécurité, les groupes armés tentent alors de desserrer l’étau en opérant des actions de diversion et en s’attaquant à certaines cibles. Et c’est la raison pour laquelle, l’ANP maintient son vaste cordon de sécurité en bouclant toute la Haute-Kabylie. Absente depuis quelques années dans certaines localités de la région, la Gendarmerie nationale a également déployé plusieurs escadrons sur l’ensemble des routes. Car, en plus de la lutte antiterroriste, la gendarmerie s’occupe aussi du volet juridique et judiciaire tant que les réseaux de la contrebande profitent de cette situation pour écouler de la drogue, des véhicules volés et autres marchandises non déclarées.
Les attaques nocturnes, un état d’esprit
Pour gagner du terrain et se ressourcer, les groupes armés ciblent les débits de boissons alcoolisées et autres restaurants qui servent des vins et des liqueurs aux consommateurs. À Aïn El Hammam, les groupes armés se sont attaqués à deux reprises, en l’espace de deux mois, à des débits de boissons situés à la sortie ouest de la ville. Mais également à des bars situés à l’intérieur de la zone urbanistique pour racketter les clients et les délester de leurs objets personnels. Mais aussi les intimider en leur proférant des fetwas moralisatrices en… 2008 ! Comme si les citoyens de la région avaient besoin de leçons à recevoir pour assainir leur vie morale. Et toute la gravité est là puisque des gens tolérants ont récemment subi les affres de groupuscules armés dans les localités d’Aïn El-Hammam, Akkar et Ath Ouacif. Et si les ravisseurs n’obtiennent pas leur argent sur-le-champ, ils passent à la mort d’homme, donc à l’exécution de leurs proies. La méthode du kidnapping ayant défrayé la chronique sur la scène politique et médiatique, les terroristes recourent donc, pour alimenter leurs ressources financières, au racket des citoyens. C’est que, contrairement aux années de braise où ils avaient un soutien logistique par la force et le chantage, ces groupes armés ne jouissent d’aucun soutien des populations locales. Autrement dit, l’islamisme armé est non seulement et catégoriquement rejeté dans le fond et dans la forme, mais vomi car il constitue, comme dans le passé, une forme de violence armée soutenue depuis l’étranger. Et dans cette ambiance infestée, les hordes sauvages veulent imposer un “état d’esprit” aussi clair que l’eau de roche : s’attaquer aux débits de boissons et organiser des rackets dans les faux barrages à l’entame de la nuit. Et tout porte à croire que les terroristes veulent arriver à ce palliatif afin de se frayer un chemin et de circuler en toute liberté dans les zones commerçantes pour échapper aux troupes de l’ANP. Acquis aux populations locales qui en tirent des dividendes par la sueur et le labeur, car ils constituent les principales ressources vitales (huile, fruits et aliments pour le bétail), les maquis de Haute-Kabylie ont toujours été cette forteresse impossible à pénétrer.
Le dernier souffle du GSPC en Kabylie
Par : Tarik Benouar
Tout porte à croire que le fils de l’ex-numéro 2 de l’ex-Front islamique du salut (FIS dissous), Ali Benhadj, est depuis quelque temps dans les maquis de Haute-Kabylie. Une chose est sûre, il n’y a pas de fumée sans feu.
Le fils d’Ali Benhadj a-t-il choisi les monts boisés de la Haute-Kabylie pour s’y réfugier, semer la terreur et dicter son diktat à une population qui a bravé le terrorisme pendant les années de braise et qui continue à le faire en toute dignité et patriotisme ? Le désormais terroriste, fils de l’ex-numéro 2 du Front islamique du salut (FIS dissous), ayant rejoint le Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC) par ailleurs affilié à la branche armée d’Al-Qaïda au Maghreb (Baqmi), a-t-il fui les monts de Boumerdès pour “élire domicile” dans les grottes datant des années coloniales ? Autant d’interrogations et bien d’autres aussi légitimes les unes que les autres restent sans réponses depuis que la “rumeur” fait le tour des villes et villages du Djurdjura où le climat sécuritaire s’est sérieusement dégradé depuis quelques mois. Une chose est sûre, il n’y a pas de fumée sans feu, et la peur qui pèse sur la Kabylie en cette période de canicule et de fêtes témoigne, on ne peut mieux, de la volonté des groupes armés de “signifier” leur existence et leur présence après les mesures draconiennes et éradicatrices prises à leur encontre par l’État. Mieux, de la volonté de ces irréductibles d’imposer une “démarche” à une population forte de ses convictions que le terrorisme ne vaincra jamais. Et si aucune source ne venait pas à confirmer ou à infirmer cette information, il n’en demeure pas moins que les groupes armés ont investi la Haute-Kabylie de façon manifeste. Faux barrages et tentatives avortées de kidnapping, attaques contre les casernes, campements militaires et commissariats de police, racket des commerçants et des clients… la recrudescence des actes de terrorisme dans plusieurs coins de la Haute-Kabylie intervient après une longue période d’accalmie.
Les groupes armés plus que jamais déstabilisés
Traqués dans la capitale et ses environs, les groupes armés, dont la grande majorité est constituée de repentis, tentent de se réorganiser en élisant domicile dans les maquis impénétrables de la Kabylie, comme ce fut le cas dans les années 2006 et 2007 à Yakouren. De Mekla à la mythique forêt d’Imoujène (que même les forces coloniales redoutaient), en passant par le fleuve d’Oussaka et des habitations abandonnées jusqu’à la dense forêt de Berekmouche, située à quelques encablures des villages des Ath Yenni, ces groupes armés se sont scindés en plusieurs sections. D’abord, par manque de recrues et absence de soutien logistique et de complicité, ensuite par manque de ressources et d’armements, les quelque 150 individus armés, actuellement encerclés, sont répartis en quatre ou cinq groupuscules. La dernière opération de ratissage a abouti à la destruction de deux grottes qui abritaient entre 30 et 35 terroristes. Au point que plus de 4 000 hommes, entre forces spéciales et troupes de l’Armée nationale populaire (ANP), ajoutés aux vives forces de la nation dont les infatigables et courageux Patriotes, sont quotidiennement déployés pour sécuriser les accès vers les localités d’Azzazga, Yakouren, Adekar, Mekla, Boubehir, Aït Yahia, Iferhounène, Aïn El Hammam, Ath Yenni, Takhoukht, Ath Ouacif, Larbâa Nath Irathen et autres villages et lieux-dits signalés pour être des points d’accès aux denses forêts de la Kabylie. Bien plus, des alertes, vraies ou fausses, ont lieu chaque jour au grand dam des populations locales. Au point que les citoyens se méfient de tout et de rien ! Une volonté de semer la zizanie parmi les services de sécurité, mais aussi, et c’est le plus important, de jeter l’anathème parmi les vigilants qui barrent la route aux forces du mal. Au demeurant, la tension est perceptible. Dans ce climat d’insécurité et d’inquiétude, les citoyens vaquent à leurs occupations quotidiennes malgré toutes ces menaces. Déstabilisés par la présence dissuasive et omniprésente des forces de sécurité, les groupes armés tentent alors de desserrer l’étau en opérant des actions de diversion et en s’attaquant à certaines cibles. Et c’est la raison pour laquelle, l’ANP maintient son vaste cordon de sécurité en bouclant toute la Haute-Kabylie. Absente depuis quelques années dans certaines localités de la région, la Gendarmerie nationale a également déployé plusieurs escadrons sur l’ensemble des routes. Car, en plus de la lutte antiterroriste, la gendarmerie s’occupe aussi du volet juridique et judiciaire tant que les réseaux de la contrebande profitent de cette situation pour écouler de la drogue, des véhicules volés et autres marchandises non déclarées.
Les attaques nocturnes, un état d’esprit
Pour gagner du terrain et se ressourcer, les groupes armés ciblent les débits de boissons alcoolisées et autres restaurants qui servent des vins et des liqueurs aux consommateurs. À Aïn El Hammam, les groupes armés se sont attaqués à deux reprises, en l’espace de deux mois, à des débits de boissons situés à la sortie ouest de la ville. Mais également à des bars situés à l’intérieur de la zone urbanistique pour racketter les clients et les délester de leurs objets personnels. Mais aussi les intimider en leur proférant des fetwas moralisatrices en… 2008 ! Comme si les citoyens de la région avaient besoin de leçons à recevoir pour assainir leur vie morale. Et toute la gravité est là puisque des gens tolérants ont récemment subi les affres de groupuscules armés dans les localités d’Aïn El-Hammam, Akkar et Ath Ouacif. Et si les ravisseurs n’obtiennent pas leur argent sur-le-champ, ils passent à la mort d’homme, donc à l’exécution de leurs proies. La méthode du kidnapping ayant défrayé la chronique sur la scène politique et médiatique, les terroristes recourent donc, pour alimenter leurs ressources financières, au racket des citoyens. C’est que, contrairement aux années de braise où ils avaient un soutien logistique par la force et le chantage, ces groupes armés ne jouissent d’aucun soutien des populations locales. Autrement dit, l’islamisme armé est non seulement et catégoriquement rejeté dans le fond et dans la forme, mais vomi car il constitue, comme dans le passé, une forme de violence armée soutenue depuis l’étranger. Et dans cette ambiance infestée, les hordes sauvages veulent imposer un “état d’esprit” aussi clair que l’eau de roche : s’attaquer aux débits de boissons et organiser des rackets dans les faux barrages à l’entame de la nuit. Et tout porte à croire que les terroristes veulent arriver à ce palliatif afin de se frayer un chemin et de circuler en toute liberté dans les zones commerçantes pour échapper aux troupes de l’ANP. Acquis aux populations locales qui en tirent des dividendes par la sueur et le labeur, car ils constituent les principales ressources vitales (huile, fruits et aliments pour le bétail), les maquis de Haute-Kabylie ont toujours été cette forteresse impossible à pénétrer.
Tarik Benouar