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Les harraga : délinquance ou quête du bonheur ?
De nombreux Algériens sont déterminés à quitter le pays. Les cadres sont aspirés par l’Amérique du Nord et les étudiants partent pour des post-graduations en Europe pour ne plus revenir. Ces continents les accueillent avec empressement parce qu’ils veulent se repeupler, et tant qu’à faire, autant que ce soit avec des jeunes gens diplômés.
Les sujets sans qualification, grandes victimes de la mal-vie et « laissés-pour-compte », tournent leur regard vers un Occident mythique qui ne veut pas d’eux, et rêvent. Leur rêve et leur vie sont ailleurs. Un ailleurs inconnu mais imaginé, fantasmé. C’est pourquoi ils veulent quitter le pays, se « casser d’ici », même au péril de leur vie. Pour où n’a aucune importance. Le sésame (le visa) est, pour ces personnes, impossible à obtenir. 60% des harraga ont demandé, au moins une fois, un visa qu’ils n’ont pas obtenu. Alors, ils tentent l’inimaginable. La « harga ». Voici un passage à l’acte qui survient au bout de la désespérance. Quelle signification donner à ce comportement, la harga ? Quelle lecture faut-il en faire ? D’aucuns pensent, les médias en ont maintes fois fait allusion, qu’il peut s’agir d’une conduite suicidaire. D’autres évoquent un comportement qui s’inscrit dans le registre de la délinquance. Nous pensons en particulier aux pouvoirs publics qui argumentent cette hypothèse - assertion (?) en mettant en avant ce que dit le code maritime. D’autres enfin imaginent dans la signification de ce passage à l’acte extrême, la volonté et le désir de vivre, une quête de bonheur. Ce comportement, la harga, ira en prenant de l’ampleur parce que de plus en plus de jeunes, et de moins jeunes d’ailleurs, émargent chaque matin au désespoir et à l’humiliation. La pauvreté et la misère sociale sont bien sûr les principales motivations invoquées par les candidats à l’émigration clandestine, pour justifier cette démarche. Les jeunes Algériens, il est vrai, sont particulièrement exposés et de façon « chronique » aux problèmes de la vie. Nombreux sont ceux qui font très tôt l’expérience de la galère.
Exclus de l’école, sans métier, ils se retrouvent dans la rue. 500 000 élèves quittent chaque année l’école. 15% de ceux qui sont inscrits dans les centres de formation professionnelle abandonnent et nombreux sont les étudiants qui laissent tomber leurs études universitaires. Sur 100 élèves inscrits en première année primaire, seuls 5 arrivent à terminer leurs études universitaires. Tous ceux qui sont rejetés par le système scolaire viennent grossir le contingent des personnes qui sont déjà dans la rue et/ou les files d’attente sur le marché du travail. Il n’y a pas de travail. Le jeune Algérien sait qu’il n’en aura peut être jamais. Autour de lui, ses frères et sœurs, ses voisins, ses amis, tous sont dans la même situation.
L’avenir lui apparaît bouché. Avoir un logement, une voiture, des loisirs, pouvoir voyager... tout cela est impossible. La misère le guette, il en a la certitude. Les frustrations sont quotidiennes et les conduites toxicomaniaques constituent souvent les seuls moments d’évasion. Haschich, alcool, psychotropes ... sont les moyens utilisés pour oublier et/ou pour trouver le bien-être et le bonheur, aussi fugaces soient-ils. Partir au plus vite de ce pays constitue alors « la solution » et la seule perspective d’avenir. Toutefois, la misère sociale et le chômage ne sont pas les seuls responsables de la détermination des sujets à « se jeter à la mer ». Nous pensons que ces raisons sont les moins importantes. Les jeunes Algériens ont soif de vivre. Ils sont au chômage, ils sont pauvres. Mais ils mènent aussi une vie de privation de toutes choses. Il n’y a pas de cinéma, le cinéma fait rêver. Il n’y pas de possibilités de faire du sport, le sport crée des liens et les renforce, le sport est source de détente, d’apaisement et d’épanouissement. Il n’y a pas d’espaces culturels, le théâtre et la mise en scène permettent au génie populaire de s’exprimer, de réduire les tensions intérieures et les tensions entre les’ individus. Le théâtre donne l’illusion de la liberté.
La musique adoucit les mœurs. C’est là une vérité qui ne trouve pas de prolongement dans le quotidien des jeunes de notre pays. La misère culturelle, fait encore plus de dégâts que la misère sociale. Que font les ministères de la Jeunesse et des Sports et celui de la Culture. Le premier est un ministère du « football ». Les ministres successifs qui ont occupé ce portefeuille n’ont eu que le souci de cette discipline sportive. Même de ce côté-là, il faut le dire, les résultats sont lamentables. Les stades sont devenus des arènes et les compétitions de foot sont, pour les jeunes, une occasion pour crier leur désespoir et exprimer dans la violence la haine qu’ils éprouvent pour les pouvoirs publics et la société. Les dernières émeutes d’Oran sont venues nous le rappeler. Depuis qu’elle est à ce poste, la ministre de la Culture a investi son énergie dans une entreprise de prestige qui est loin des préoccupations quotidiennes de la jeunesse algérienne, « Alger capitale de la culture arabe ». Elle continue à tourner le dos à la vie culturelle nationale et s’apprête à organiser le Festival panafricain, un gouffre qui va engloutir, selon ce que dit la presse nationale, 5 milliards de dinars ... Le terrorisme crée un climat d’insécurité.
Il a une part de responsabilité dans l’exode des Algériens. La vie s’est arrêtée dans de nombreuses régions du pays, notamment dans les campagnes et les petites villes qui en ont été les victimes. Les citoyens de ces régions ont côtoyé la mort au quotidien. Ces situations ont engendré, en particulier chez les plus jeunes, l’extinction de l’étincelle de la vie. La rallumer est illusoire dans le même espace physique, surtout quand ce dernier (cet espace physique) est empli de deuils impossibles à faire. Les plus chanceux (entre guillemets) trouvent encore quelque ressort et essaient de la raviver (l’étincelle) dans un ailleurs lointain. De l’autre côté de la mer. Il n’est pas inutile de rappeler que ce sont ces régions victimes de la violence terroriste qui subissent également celle (la violence) de la pauvreté, de la misère sociale et culturelle. Ce n’est pas un hasard que les harraga mais aussi les terroristes, il faut le dire, soient pour la plupart issus de ces zones rurales. L’Algérie est classée, en matière de paix (GPI : Global Peace Indice), selon le Centre d’études pour la paix et les conflits (CPCS) à la 107e position, loin derrière notre voisin de l’est, la Tunisie, qui est en 39e position. Les critères de classement sont, entre autres, le niveau de démocratie, le bien-être matériel, la violence interne ou externe, le niveau de l’éducation, l’absence de peur, la tolérance, la pauvreté, etc. Le constat concernant l’Algérie est éloquent. Il fait meilleur vivre en Tunisie. Quant aux pays occidentaux, destination préférée de nos harraga, c’est sans commentaires. L’absence de paix sociale est donc à l’origine de la fuite de nombreux Algériens. Le constat est unanime, il ne fait pas bon vivre dans notre pays. C’est pourquoi, le désir d’abandonner a traversé au moins une fois l’esprit de chacun de nous. Nous sommes tous des harraga potentiels. Si le départ n’est pas toujours clandestin au sens de la loi, il est une fuite, déchirante, non assumée et. coupable. Additionnées, ces violences créent un concentré de désespoir, de ressentiment et de haine de la société et du pays.
Voici fabriqué le terreau où se recrutent tous les comportements extrêmes. La harga en est un. Sans doute, le moins dangereux de tous pour la société. Le citoyen algérien, en particulier le jeune, parce que plus vulnérable, est dans une impasse. Il a le sentiment que ses compétences sont inutiles et que ses initiatives sont impossibles. ll souffre parce qu’il n’a pas la possibilité de faire des choix et d’exercer son libre arbitre. Il est malheureux parce qu’il a forgé la certitude qu’il n’aura jamais l’initiative sur son destin et qu’il ne pourra pas se réaliser dans son pays. Il est désespéré parce qu’il a conscience que son bien-être n’est pas la préoccupation des pouvoirs publics et que ces derniers n’ont pas de projet pour lui. Pris au piège, le sujet tente de s’en sortir. L’un se réfugie dans la drogue pour oublier, l’autre se jette à l’eau pour s’en aller, le plus désespéré met fin à ses jours. Toxicomanie, suicide, harga mais aussi émeutes récurrentes et recrutement terroriste, sont des comportements extrêmes et des signaux sociaux qui alertent, de toute évidence en vain, les décideurs de ce pays. Les jeunes qui ont choisi de partir ont le désir de vivre. Ils sont les plus déterminés et les plus aptes à réussir même si d’aucuns considèrent qu’il s’agit là d’une entreprise suicidaire. Certains journalistes n’ont pas hésité à qualifier ce comportement de suicide collectif. Ils pourraient être dans le vrai. Pourquoi ? Parce que le risque pris par ce projet migratoire est trop grand et que l’idée de rencontrer la mort durant le voyage semble une donnée intégrée et acceptée. « L’espoir est ailleurs, seule la mort nous en dissuadera » ou encore « Je préfère finir dans le ventre d’une houta plutôt que dans celui d’une douda ». Dans les deux cas la mort est au rendez-vous. Ces propos tenus par des récidivistes de l’émigration clandestine sont significatifs de l’état d’esprit dans lequel se trouvent les jeunes Algériens, ils témoignent de leur détermination à prendre le risque.
Si la mort doit arriver, il s’agit d’une formalité à accomplir, sans plus. Près de 200 cadavres de harraga ont été repêchés depuis le début de l’année 2007. Une hécatombe qui va certainement continuer au regard du nombre d’embarcations qui quittent les bourgades côtières de l’est et de l’ouest du pays. Les jeunes qui recourent à cet acte ultime, la harga, n’ont pas le choix et leur volonté de quitter le pays peut se mesurer aussi aux récidives qu’ils commettent. 7% des sujets sont, selon les dires des services de sécurité, de nombreuses fois récidivistes. Partir est, pour les voisins, les enfants du quartier, un acte héroïque. Des vidéos qui vantent et louent le courage de ces jeunes harraga circulent sous le manteau ou d’un téléphone portable à un autre. Elles montrent des jeunes qui ont atteint les rives européennes et qui ont réussi à avoir des papiers et du travail.
Les harraga : délinquance ou quête du bonheur ?
De nombreux Algériens sont déterminés à quitter le pays. Les cadres sont aspirés par l’Amérique du Nord et les étudiants partent pour des post-graduations en Europe pour ne plus revenir. Ces continents les accueillent avec empressement parce qu’ils veulent se repeupler, et tant qu’à faire, autant que ce soit avec des jeunes gens diplômés.
Les sujets sans qualification, grandes victimes de la mal-vie et « laissés-pour-compte », tournent leur regard vers un Occident mythique qui ne veut pas d’eux, et rêvent. Leur rêve et leur vie sont ailleurs. Un ailleurs inconnu mais imaginé, fantasmé. C’est pourquoi ils veulent quitter le pays, se « casser d’ici », même au péril de leur vie. Pour où n’a aucune importance. Le sésame (le visa) est, pour ces personnes, impossible à obtenir. 60% des harraga ont demandé, au moins une fois, un visa qu’ils n’ont pas obtenu. Alors, ils tentent l’inimaginable. La « harga ». Voici un passage à l’acte qui survient au bout de la désespérance. Quelle signification donner à ce comportement, la harga ? Quelle lecture faut-il en faire ? D’aucuns pensent, les médias en ont maintes fois fait allusion, qu’il peut s’agir d’une conduite suicidaire. D’autres évoquent un comportement qui s’inscrit dans le registre de la délinquance. Nous pensons en particulier aux pouvoirs publics qui argumentent cette hypothèse - assertion (?) en mettant en avant ce que dit le code maritime. D’autres enfin imaginent dans la signification de ce passage à l’acte extrême, la volonté et le désir de vivre, une quête de bonheur. Ce comportement, la harga, ira en prenant de l’ampleur parce que de plus en plus de jeunes, et de moins jeunes d’ailleurs, émargent chaque matin au désespoir et à l’humiliation. La pauvreté et la misère sociale sont bien sûr les principales motivations invoquées par les candidats à l’émigration clandestine, pour justifier cette démarche. Les jeunes Algériens, il est vrai, sont particulièrement exposés et de façon « chronique » aux problèmes de la vie. Nombreux sont ceux qui font très tôt l’expérience de la galère.
Exclus de l’école, sans métier, ils se retrouvent dans la rue. 500 000 élèves quittent chaque année l’école. 15% de ceux qui sont inscrits dans les centres de formation professionnelle abandonnent et nombreux sont les étudiants qui laissent tomber leurs études universitaires. Sur 100 élèves inscrits en première année primaire, seuls 5 arrivent à terminer leurs études universitaires. Tous ceux qui sont rejetés par le système scolaire viennent grossir le contingent des personnes qui sont déjà dans la rue et/ou les files d’attente sur le marché du travail. Il n’y a pas de travail. Le jeune Algérien sait qu’il n’en aura peut être jamais. Autour de lui, ses frères et sœurs, ses voisins, ses amis, tous sont dans la même situation.
L’avenir lui apparaît bouché. Avoir un logement, une voiture, des loisirs, pouvoir voyager... tout cela est impossible. La misère le guette, il en a la certitude. Les frustrations sont quotidiennes et les conduites toxicomaniaques constituent souvent les seuls moments d’évasion. Haschich, alcool, psychotropes ... sont les moyens utilisés pour oublier et/ou pour trouver le bien-être et le bonheur, aussi fugaces soient-ils. Partir au plus vite de ce pays constitue alors « la solution » et la seule perspective d’avenir. Toutefois, la misère sociale et le chômage ne sont pas les seuls responsables de la détermination des sujets à « se jeter à la mer ». Nous pensons que ces raisons sont les moins importantes. Les jeunes Algériens ont soif de vivre. Ils sont au chômage, ils sont pauvres. Mais ils mènent aussi une vie de privation de toutes choses. Il n’y a pas de cinéma, le cinéma fait rêver. Il n’y pas de possibilités de faire du sport, le sport crée des liens et les renforce, le sport est source de détente, d’apaisement et d’épanouissement. Il n’y a pas d’espaces culturels, le théâtre et la mise en scène permettent au génie populaire de s’exprimer, de réduire les tensions intérieures et les tensions entre les’ individus. Le théâtre donne l’illusion de la liberté.
La musique adoucit les mœurs. C’est là une vérité qui ne trouve pas de prolongement dans le quotidien des jeunes de notre pays. La misère culturelle, fait encore plus de dégâts que la misère sociale. Que font les ministères de la Jeunesse et des Sports et celui de la Culture. Le premier est un ministère du « football ». Les ministres successifs qui ont occupé ce portefeuille n’ont eu que le souci de cette discipline sportive. Même de ce côté-là, il faut le dire, les résultats sont lamentables. Les stades sont devenus des arènes et les compétitions de foot sont, pour les jeunes, une occasion pour crier leur désespoir et exprimer dans la violence la haine qu’ils éprouvent pour les pouvoirs publics et la société. Les dernières émeutes d’Oran sont venues nous le rappeler. Depuis qu’elle est à ce poste, la ministre de la Culture a investi son énergie dans une entreprise de prestige qui est loin des préoccupations quotidiennes de la jeunesse algérienne, « Alger capitale de la culture arabe ». Elle continue à tourner le dos à la vie culturelle nationale et s’apprête à organiser le Festival panafricain, un gouffre qui va engloutir, selon ce que dit la presse nationale, 5 milliards de dinars ... Le terrorisme crée un climat d’insécurité.
Il a une part de responsabilité dans l’exode des Algériens. La vie s’est arrêtée dans de nombreuses régions du pays, notamment dans les campagnes et les petites villes qui en ont été les victimes. Les citoyens de ces régions ont côtoyé la mort au quotidien. Ces situations ont engendré, en particulier chez les plus jeunes, l’extinction de l’étincelle de la vie. La rallumer est illusoire dans le même espace physique, surtout quand ce dernier (cet espace physique) est empli de deuils impossibles à faire. Les plus chanceux (entre guillemets) trouvent encore quelque ressort et essaient de la raviver (l’étincelle) dans un ailleurs lointain. De l’autre côté de la mer. Il n’est pas inutile de rappeler que ce sont ces régions victimes de la violence terroriste qui subissent également celle (la violence) de la pauvreté, de la misère sociale et culturelle. Ce n’est pas un hasard que les harraga mais aussi les terroristes, il faut le dire, soient pour la plupart issus de ces zones rurales. L’Algérie est classée, en matière de paix (GPI : Global Peace Indice), selon le Centre d’études pour la paix et les conflits (CPCS) à la 107e position, loin derrière notre voisin de l’est, la Tunisie, qui est en 39e position. Les critères de classement sont, entre autres, le niveau de démocratie, le bien-être matériel, la violence interne ou externe, le niveau de l’éducation, l’absence de peur, la tolérance, la pauvreté, etc. Le constat concernant l’Algérie est éloquent. Il fait meilleur vivre en Tunisie. Quant aux pays occidentaux, destination préférée de nos harraga, c’est sans commentaires. L’absence de paix sociale est donc à l’origine de la fuite de nombreux Algériens. Le constat est unanime, il ne fait pas bon vivre dans notre pays. C’est pourquoi, le désir d’abandonner a traversé au moins une fois l’esprit de chacun de nous. Nous sommes tous des harraga potentiels. Si le départ n’est pas toujours clandestin au sens de la loi, il est une fuite, déchirante, non assumée et. coupable. Additionnées, ces violences créent un concentré de désespoir, de ressentiment et de haine de la société et du pays.
Voici fabriqué le terreau où se recrutent tous les comportements extrêmes. La harga en est un. Sans doute, le moins dangereux de tous pour la société. Le citoyen algérien, en particulier le jeune, parce que plus vulnérable, est dans une impasse. Il a le sentiment que ses compétences sont inutiles et que ses initiatives sont impossibles. ll souffre parce qu’il n’a pas la possibilité de faire des choix et d’exercer son libre arbitre. Il est malheureux parce qu’il a forgé la certitude qu’il n’aura jamais l’initiative sur son destin et qu’il ne pourra pas se réaliser dans son pays. Il est désespéré parce qu’il a conscience que son bien-être n’est pas la préoccupation des pouvoirs publics et que ces derniers n’ont pas de projet pour lui. Pris au piège, le sujet tente de s’en sortir. L’un se réfugie dans la drogue pour oublier, l’autre se jette à l’eau pour s’en aller, le plus désespéré met fin à ses jours. Toxicomanie, suicide, harga mais aussi émeutes récurrentes et recrutement terroriste, sont des comportements extrêmes et des signaux sociaux qui alertent, de toute évidence en vain, les décideurs de ce pays. Les jeunes qui ont choisi de partir ont le désir de vivre. Ils sont les plus déterminés et les plus aptes à réussir même si d’aucuns considèrent qu’il s’agit là d’une entreprise suicidaire. Certains journalistes n’ont pas hésité à qualifier ce comportement de suicide collectif. Ils pourraient être dans le vrai. Pourquoi ? Parce que le risque pris par ce projet migratoire est trop grand et que l’idée de rencontrer la mort durant le voyage semble une donnée intégrée et acceptée. « L’espoir est ailleurs, seule la mort nous en dissuadera » ou encore « Je préfère finir dans le ventre d’une houta plutôt que dans celui d’une douda ». Dans les deux cas la mort est au rendez-vous. Ces propos tenus par des récidivistes de l’émigration clandestine sont significatifs de l’état d’esprit dans lequel se trouvent les jeunes Algériens, ils témoignent de leur détermination à prendre le risque.
Si la mort doit arriver, il s’agit d’une formalité à accomplir, sans plus. Près de 200 cadavres de harraga ont été repêchés depuis le début de l’année 2007. Une hécatombe qui va certainement continuer au regard du nombre d’embarcations qui quittent les bourgades côtières de l’est et de l’ouest du pays. Les jeunes qui recourent à cet acte ultime, la harga, n’ont pas le choix et leur volonté de quitter le pays peut se mesurer aussi aux récidives qu’ils commettent. 7% des sujets sont, selon les dires des services de sécurité, de nombreuses fois récidivistes. Partir est, pour les voisins, les enfants du quartier, un acte héroïque. Des vidéos qui vantent et louent le courage de ces jeunes harraga circulent sous le manteau ou d’un téléphone portable à un autre. Elles montrent des jeunes qui ont atteint les rives européennes et qui ont réussi à avoir des papiers et du travail.