Anissa Boumediene
Je suggère de lire la romancière Anissa Boumedienne veuve de Feu Houari Boumedienne, "La Fin d'un monde" excellent roman à lire pour l'été....
Présentation : Ce livre d’un contenu assez copieux est classé dans la catégorie romanesque.
Il relate dans le moindre détail les grands événements qui ont secoué le monde arabo-musulmans au lendemain de la mort du prophète Mohamed qui n’avait pas désigné de successeur.
Sunnites et chiites se sont affrontés pour le pouvoir, les uns voulant un calife par voie d’élection, alors que les autres étaient fortement attachés à l’idée d’une succession par voie d’héritage. Ainsi, il y eut d’abord les califes Rashidûn dont le premier fut Abû Bakr (11/632-13/634) suivi de Omar Ibn al Khattab (13/634-23/644) puis de Othman Ibn Affân (23/644-35/656) et de Ali Ibn Abî Talib (35/6656-40/661). Ces califes Rashidûn ont par un concours de circonstances cédé la place à ceux de la dynastie ommeyyade : Muawiya Ibn Abî Sufyân (10/661-60/680), Yazid Ibn Mu’awiya (60/680-64/684), Marwân Ibn Al Hakam (64/684-65/685), Abd al Malik Ibn Marwân (65/685-86/705).
La Fin d’un monde est un roman qui rappelle les œuvres considérées comme originales en raison de leur densité thématique. Ce roman d’Anissa Boumediene tire sa substance de l’histoire de l’avènement de l’islam, puis de sa pérennité et de son expansion au cours de ces périodes particulièrement agitées qui ont vu se succéder parfois dans la douleur les califes. Donc, il s’agit d’un roman historique aussi grand que ceux du mouvement naturaliste en Europe et dont l’écriture semble avoir été affinée sous l’influence d’œuvres poétiquement merveilleuses, celles d’Al Khansa, de Layla al Akhyaliyya et d’autres qui ont vécu au cours de ces péripéties qui ont marqué la transition dans le monde musulman depuis le Prophète jusqu’à la période trouble de la course au pouvoir, celle du schisme que les historiens arabes appellent “al Fitna al kubra”.
Chaque opposant accusait celui qui exerçait le pouvoir de faiblesse, voire de non-respect du serment d’allégeance évoqué par Othmane à l’appui de nombreux versets coraniques, et ce, pour soulever quelque révolte.
L’auteur de ce livre apporte de nombreux éclaircissements sur les relations entre les alliances matrimoniales et les alliances politiques : celles d’Ali Ibn Abi Talib, d’Othman, puis d’Ali, se remariant avec Asma Bint Ummayya et avec la petite fille du Prophète Umâma Bint Abi al Asî Ibn Rabî.
L’œuvre romanesque reconstitue la vérité sur l’élément féminin. Le rôle des femmes et leur courage ont été déterminants ; telle fut la veuve du prophète Aïsha toujours présente sur le champs de bataille pour haranguer les combattants et les diriger. La Fin d’un monde est une parfaite illustration de la capacité et du droit qu’avait la femme de se rendre utile pendant la vie du Prophète et après. Il y a eu ainsi la grande poétesse Atika Bint Zayd qui a su imposer des conditions de mariage au redoutable calife Ibn al Khattab ou Asma Bint Abi Bakr qui avait aidé le Prophète à quitter La Mecque pour émigrer à Médine.
Layla al Akhyaliyya, qui a servi de source au livre, est une poétesse de références sûres pour le rétablissement de la vérité en histoire, apportant la preuve que chez les femmes de cette trempe, il n’y avait point d’incompatibilité entre la religion, le langage esthétique et l’histoire.
Depuis l’hégire marqué par le bref séjour dans une grotte du Prophète allant vers Médine pour des raisons de sécurité, les conflits entre polythéistes, incroyants et croyants décrits avec la plus grande rigueur, en passant par l’histoire du couple Sawâr-Layla lié au clan des Banû Djada, la lecture se fait agréablement tant le texte a suivi dans leurs oindres détails les événements et les portraits de ceux qui les ont créés.
On a soif de livres qui remettent dans le bain de l’histoire de l’islam. La Fin d’un monde d’Anissa Boumediene est là pour répondre aux exigences de tous les lecteurs soucieux de connaître la vérité.
Anissa Boumediene, La Fin d’un monde, roman, 298 pages. Editions Houma, 2003.