21 août 1993
- Assassinat de l’ancien Premier ministre algérien Kasdi Merbah
La nuit n’est pas
encore tombée en cette chaude journée du 21 août 1993 lorsque Kasdi Merbah, l’ancien
patron de la Sécurité
militaire algérienne, quitte sa résidence secondaire d’Alger-Plage pour un
rendez-vous nocturne. Dans sa Honda, qu’il conduit lui-même, son fils Hakim et
son frère Abdelaziz ont pris place. Un second véhicule dans lequel se trouve
son chauffeur, El Hachemi, et son garde du corps, Aziz, les suit de près.
Sur cette route
d’ordinaire très fréquentée en été, les deux voitures tombent dans un guet-apens
mortel. Postés des deux côtés de la chaussée, des hommes armés déclenchent un
feu nourri au passage du petit cortège. Ils ne lui laissent aucune chance. Kasdi
Merbah, 55 ans, et les quatre personnes qui l’accompagnent meurent sur le coup.
L’annonce de
l’assassinat de cet homme du sérail(Harem Ottoman), ex-membre du comité central
du Front de libération national (FLN) et ancien Premier ministre du président
Chadli Bendjedid, provoque une onde de choc aussi bien en Algérie qu’à
l’étranger.
Sa mort frappe d’autant plus les esprits
qu’elle intervient un an seulement après le meurtre du président Mohamed
Boudiaf, le 29 juin 1992.
Ce deuxième crime politique en quelques mois
précipitera l’Algérie dans la guerre civile.
Respecté pour la
crainte qu’il inspire, Kasdi Merbah - de son vrai nom Abdallah Khalef - était un personnage influent. Sa
longévité à la tête de la redoutable Sécurité militaire, de 1962 à 1979, finit par déboucher sur une
légende affirmant qu’il possédait des dossiers compromettants sur toute la
nomenklatura algérienne.
Après avoir occupé plusieurs postes
ministériels dans les années 1980, il est nommé Premier ministre au lendemain
des émeutes d’octobre 1988. Un poste qu’il occupera moins d’un an : en
septembre 1989, il est brutalement limogé, officiellement pour insuffisance de
résultats. Dépité, il prendra ses distances avec ses anciens compagnons, en
fondant le Mouvement algérien pour la justice et le développement (MAJD), avant de devenir un farouche contempteur du
régime. Peu de temps avant sa liquidation, Kasdi Merbah œuvrait pour un
rapprochement entre les islamistes et le pouvoir, afin de trouver une solution
à la crise.
Aujourd’hui encore, les
assassins de Merbah n’ont pas été clairement identifiés. Son élimination a-t-elle
été commanditée par l’ex-président Bendjedid, comme l’avait laissé entendre sa
veuve après son décès, ou bien a-t-il été liquidé par des barbouzes agissant
pour le compte de milieux occultes proches du régime ?
Est-il enfin tombé sous les balles des Groupes
islamiques armés (GIA) ? Quelques jours après l’attentat, un communiqué qui
leur est attribué en revendique effectivement la paternité. Dans ce bulletin
largement repris par la presse, on y apprend que ce sont des membres du clan
Hattab - Abdelkader, Mouloud et Hassan - qui ont liquidé Kasdi Merbah. Les deux
premiers seront abattus par la police en 1994, tandis que le troisième restera
très actif au sein des GIA jusqu’en 1998, date à laquelle il crée le Groupe
salafiste pour la prédication et le combat (GSPC). Hassan Hattab ne se rendra
aux autorités algériennes qu’en septembre 2007.
En fait, une seule
chose est sûre dans cette affaire. Le lendemain de la tuerie, les services de
sécurité algériens annoncent que les armes utilisées pour tuer Merbah sont de
fabrication israélienne : les
douilles retrouvées sur les lieux du crime portaient les initiales IMI, ce qui signifie Israel Military Industry. Mais
seize ans après les faits, l’assassinat de Kasdi Merbah reste enveloppé de
profonds mystères(…).
ALGÉRIE - 10 août 2008 - Farid Alilat
- Assassinat de l’ancien Premier ministre algérien Kasdi Merbah
La nuit n’est pas
encore tombée en cette chaude journée du 21 août 1993 lorsque Kasdi Merbah, l’ancien
patron de la Sécurité
militaire algérienne, quitte sa résidence secondaire d’Alger-Plage pour un
rendez-vous nocturne. Dans sa Honda, qu’il conduit lui-même, son fils Hakim et
son frère Abdelaziz ont pris place. Un second véhicule dans lequel se trouve
son chauffeur, El Hachemi, et son garde du corps, Aziz, les suit de près.
Sur cette route
d’ordinaire très fréquentée en été, les deux voitures tombent dans un guet-apens
mortel. Postés des deux côtés de la chaussée, des hommes armés déclenchent un
feu nourri au passage du petit cortège. Ils ne lui laissent aucune chance. Kasdi
Merbah, 55 ans, et les quatre personnes qui l’accompagnent meurent sur le coup.
L’annonce de
l’assassinat de cet homme du sérail(Harem Ottoman), ex-membre du comité central
du Front de libération national (FLN) et ancien Premier ministre du président
Chadli Bendjedid, provoque une onde de choc aussi bien en Algérie qu’à
l’étranger.
Sa mort frappe d’autant plus les esprits
qu’elle intervient un an seulement après le meurtre du président Mohamed
Boudiaf, le 29 juin 1992.
Ce deuxième crime politique en quelques mois
précipitera l’Algérie dans la guerre civile.
Respecté pour la
crainte qu’il inspire, Kasdi Merbah - de son vrai nom Abdallah Khalef - était un personnage influent. Sa
longévité à la tête de la redoutable Sécurité militaire, de 1962 à 1979, finit par déboucher sur une
légende affirmant qu’il possédait des dossiers compromettants sur toute la
nomenklatura algérienne.
Après avoir occupé plusieurs postes
ministériels dans les années 1980, il est nommé Premier ministre au lendemain
des émeutes d’octobre 1988. Un poste qu’il occupera moins d’un an : en
septembre 1989, il est brutalement limogé, officiellement pour insuffisance de
résultats. Dépité, il prendra ses distances avec ses anciens compagnons, en
fondant le Mouvement algérien pour la justice et le développement (MAJD), avant de devenir un farouche contempteur du
régime. Peu de temps avant sa liquidation, Kasdi Merbah œuvrait pour un
rapprochement entre les islamistes et le pouvoir, afin de trouver une solution
à la crise.
Aujourd’hui encore, les
assassins de Merbah n’ont pas été clairement identifiés. Son élimination a-t-elle
été commanditée par l’ex-président Bendjedid, comme l’avait laissé entendre sa
veuve après son décès, ou bien a-t-il été liquidé par des barbouzes agissant
pour le compte de milieux occultes proches du régime ?
Est-il enfin tombé sous les balles des Groupes
islamiques armés (GIA) ? Quelques jours après l’attentat, un communiqué qui
leur est attribué en revendique effectivement la paternité. Dans ce bulletin
largement repris par la presse, on y apprend que ce sont des membres du clan
Hattab - Abdelkader, Mouloud et Hassan - qui ont liquidé Kasdi Merbah. Les deux
premiers seront abattus par la police en 1994, tandis que le troisième restera
très actif au sein des GIA jusqu’en 1998, date à laquelle il crée le Groupe
salafiste pour la prédication et le combat (GSPC). Hassan Hattab ne se rendra
aux autorités algériennes qu’en septembre 2007.
En fait, une seule
chose est sûre dans cette affaire. Le lendemain de la tuerie, les services de
sécurité algériens annoncent que les armes utilisées pour tuer Merbah sont de
fabrication israélienne : les
douilles retrouvées sur les lieux du crime portaient les initiales IMI, ce qui signifie Israel Military Industry. Mais
seize ans après les faits, l’assassinat de Kasdi Merbah reste enveloppé de
profonds mystères(…).
ALGÉRIE - 10 août 2008 - Farid Alilat