Sur les 26 ambassadeurs nommés : trois politiques, un ancien du Polisario, un ex-détenu politique et un professeur universitaire. Les autres : des diplomates de carrière dont le parcours a largement conditionné leur poste de destination. La diplomatie aux diplomates, tel semble être le fil conducteur des récentes nominations d'ambassadeurs. En effet, et sur les 26 ambassadeurs nommés par le roi vendredi, seuls cinq ne justifient pas de carrière diplomatique : trois politiciens, un ex-dirigeant du Polisario et un ancien détenu politique. Nabil Benabdallah, ancien ministre de la Communication (PPS) et interprète de formation, s'envole pour Rome pour son baptême du feu. C'est le cas également du dirigeant socialiste, le président du 8e congrès de l'USFP dans sa première partie, Mohamed Lakhssassi, qui troque la diplomatie parallèle pour la diplomatie tout court. M. Lakhssassi, qui a fait ses débuts au sein de l'UNFP dans les années 1960 et début 70, s'est occupé, pendant un long séjour en France, des relations extérieures de l'USFP, particulièrement avec les pays arabes. Il ravivera ses réseaux à Damas, poste qui lui a été confié officiellement par. le roi Mohammed VI. Hassan Abdelkhalek (Istiqlal) passe quant à lui de la rédaction en chef du quotidien Al Alam à l'ambassade du Maroc dans la capitale jordanienne Amman, après un bref passage à la Primature ou il a dirigé pendant une année le cabinet d'El Fassi. Abdelkader Chaoui, écrivain et ancien détenu politique sous Hassan II, quitte son poste de n° 2 à l'ambassade du Maroc à Madrid pour rejoindre, en tant que numéro 1 cette fois, Santiago, la capitale chilienne. Quant à l'ancien membre du bureau politique du Front Polisario, Mustapha Bouh Barazani, l'expert dans les questions du Maghreb et membre du CCDH, il s'envole pour l'Angola. Pays qui, rappelons-le. a soutenu pendant des années les thèses séparatistes et qui a assuré des formations militaires pour les jeunes du Polisario.
Pour les autres nouveaux ambassadeurs, il a surtout été question de compétences et d'affinités. Ainsi et pour commencer, le poste clé du représentant permanent du Royaume auprès des Nations Unies à New York est revenu (presque sans surprise) à Mohamed Loulichki, ancien représentant du Maroc auprès de l'Office des Nations Unies à Genève. Le dossier des droits de l'Homme sera cependant confié aux mains expertes de Omar Hilale, secrétaire général du ministère des Affaires étrangères, qui a accompagné la métamorphose de ce département. Omar Hilale cède son poste à un autre «homme de dossiers», Youssef Amrani, ministre plénipotentiaire, connu surtout pour sa maîtrise, entre autres, du dossier des relations du Maroc avec l'Union européenne. Jaâfar Hakim Alj, ancien ambassadeur-directeur des affaires de l'Asie et de l'Océanie, se retrouve logiquement aussi à Pékin. Tout comme ce sportif accompli, ancien chef delà représentation diplomatique marocaine au Canada, puis àTokyo, Abdelkader Lecheheb, qui aura pour mission de défendre les intérêts du Maroc auprès du géant russe.
Ce sont pour l'heure les deux seuls pays du club des cinq où le Maroc change de représentant. Paris, Londres et Washington attendront. Mohamed Maa El Aïnin passe d'un continent à un autre, il quitte Buenos Aires pour Canberra, en Australie, où le Polisario compte des groupes de pression actifs et virulents.
La nouvelle fournée d'ambassadeurs compte également, et c'est une première, cinq femmes dont l'universitaire Oumama Aouad Lahrech, la spécialiste du monde hispano-lusophone, qui s'envole pour Lima au Pérou. La grande surprise des récentes nominations reste sans conteste la non-désignation de la princesse Lalla Joumana à l'ambassade du Maroc à Londres. Plusieurs sources avaient pourtant confirmé cette hypothèse. Autre rumeur, démentie par Mohammed VI : Mustapha Sahel n'ira pas à Paris. «Du moins, pas pour le moment. D'autres nominations ne sont pas à exclure dans un avenir proche», confie cette source au ministère des Affaires étrangères.
Tahar Abou El Farah
Source: Le Soir Echos
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