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Chadli Bendjedid sort de sa réserve

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admin"SNP1975"

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Chadli Bendjedid sort de sa réserve : « Je projetais un régime parlementaire »
Les conflits avec le CCE étaient tels que des conseillers militaires de la promotion Lacoste, « déserteurs tardifs de l’armée française », ont été affectés aux trois zones de la base de l’Est. « Pour nous espionner », affirme l’ancien chef de l’Etat, qui ajoute : « Moi, j’ai eu droit à Khaled Nezzar. »




L’ancien président de la République de 1979 à 1992, Chadli Bendjedid, a sorti ses vérités dans une intervention de trois heures devant les participants d’un colloque national sur Amara Bouglez, fondateur de la Base de l’Est, qui s’est déroulé jeudi dernier au centre universitaire d’El Tarf.« A la veille d’octobre 1988, au bout de 12 ans à la Présidence, je suis arrivé à la conclusion que le régime était condamné à disparaître, qu’il fallait se défaire de la légitimité historique et remettre le pays entre les mains de jeunes pour qu’ils construisent l’avenir qui leur convient.



El Tarf. De notre correspondant
Les réformes que je projetais et que j’ai annoncées ont soulevé des résistances dans le sérail. Elles se sont concrétisées dans les événements d’Octobre. Je voulais aller vers un régime parlementaire par un retour à la souveraineté populaire avec le retour de la confiance entre le peuple et ses dirigeants. Depuis, on fait le serment, la main sur le Coran, de respecter la Constitution et on fait autre chose. Je ne suis pas de ceux-là ! » Voilà que l’ancien président Chadli vient de faire exploser le silence auquel il s’était astreint dans une déclaration tonitruante et non moins allusive au président Bouteflika, qui vient de procéder à la révision constitutionnelle dans une ambiance lourde.Plus de 1000 participants, essentiellement des moudjahidine mais aussi des historiens, des universitaires, des étudiants, ont écouté religieusement l’ancien Président, interrompu parfois par des acclamations nourries lorsqu’il jurait devant Dieu et les hommes qu’il apportait un fait authentique pour en avoir été l’acteur ou l’observateur direct. « Je ne rapporterai pas ce que je sais par tel ou tel », a-t-il souligné à plusieurs reprises comme pour donner plus de poids à ses témoignages.« Depuis que j’ai quitté le pouvoir, je me suis imposé une réserve. J’ai été insulté, diffamé, calomnié, on a raconté des mensonges et je n’ai pas répondu car je crois en certaines valeurs. Mais le temps est venu de dire la vérité car aujourd’hui, on s’est approprié trop dangereusement l’histoire de la Révolution et sa légitimité. J’appelle les historiens, les vrais, à travailler en faisant preuve de neutralité et d’objectivité. Ceci pour l’avenir du pays et le bien-être des générations montantes. » Partant de la création de la base de l’Est, Chadli Bendjedid va se lancer dans un rappel historique peu commun des événements qui ont jalonné le cours de la Révolution et de la guerre d’indépendance. Une version moins idyllique, plus attrayante car différente, humaine donc, plus authentique et qui va tenir en haleine l’assistance. Pour Chadli Bendjedid, des dissensions, des conflits, des rivalités entre les chefs et leurs clans, moins pour les idées et les stratégies que pour les intérêts étroits de la responsabilité et l’exercice du pouvoir, ont fortement imprégné et déterminé les événements importants de l’histoire récente de notre pays et leur cours. Des rivalités qui ont mené souvent à des crises profondes, graves, désamorcées in extremis par la sagesse et la pondération de grands patriotes.
La base de l’Est est issue d’un conflit
« Je veux commencer par rectifier certaines choses sur la base de l’Est. Elle a remplacé la wilaya de Souk Ahras dont le QG était Béni Salah (El Tarf). Amara Bouglez (Laskri de son vrai nom) et Benaouda étaient déjà opposés au déclenchement de la Révolution. Nous avions demandé de tenir le congrès de la Révolution à Béni Salah, mais la décision finale a tranché en faveur de la Soummam. Notre zone a été qualifiée de zone de perturbateurs par ce congrès et on nous a coupé les vivres et l’armement. Amara Bouglez a alors demandé à Bourguiba qui, lui, a refusé à cause de nos contacts avec son rival Salah Benyoucef, de détaxer le chêne-liège que nous lui vendions pour acheter des armes. Ce n’est qu’à la suite d’un contact entre Amara Bouglez et Krim Belkacem qui était au CCE (Comité de coordination et d’exécution du FLN) de Tunis qu’on lui a expliqué que la zone, compte tenu de sa superficie, ne pouvait pas prétendre être une wilaya. C’est lors d’une réunion suivante avec M. Ouamrane, émissaire de Krim Belkacem et à laquelle Laskri (Amara Bouglez) nous avait conviés que la décision, après l’avis du CCE, que la zone de Souk Ahras est devenue la base de l’Est. Mais nous avons continué à manquer de tout. C’était une solution pour sauver les apparences. La base de l’Est est toujours restée en conflit avec le CCE qui était dirigé par les ‘3 B’ (Krim Belkacem, Bentobbal et Boussouf). »
Les rivalités ont provoqué des crises graves qui ont divisé la Révolution
L’ancien responsable militaire ajoute : « Ce n’est pas le CCE ou le GPRA qui commandait la Révolution, ce sont les ‘3B’. La direction de la Révolution a toujours été divisée à cause des conflits internes, des dissensions, des rivalités des dirigeants pour des intérêts étroits, pour la responsabilité. Et je dis, aujourd’hui, qu’il faut en parler et en témoigner. Les rivalités entre les chefs ont mené à des crises très graves qui ont mis en danger le cours de la Révolution. » Chadli Bendjedid cite des cas où ces rivalités entre chefs ont manqué provoquer un affrontement entre les fedayins (environ 10 000 hommes) de la base de l’Est et l’armée tunisienne (moins de 30 000 hommes). « Ils ont même fomenté un complot contre Bourguiba pour le remplacer par Salah Benyoucef. » Pour pallier ces situations provoquées par les rivalités, le GPRA a mis en place un commandement à l’Ouest, avec Slimane Hoffman et Houari Boumediène, et un autre à l’Est avec Saïd Mohammedi à sa tête. C’est ce dernier qui va prononcer la dissolution de la base de l’Est et envoyer Amara Laskri (dit Bouglez) à Baghdad comme attaché militaire. « A cette époque très trouble, avec la mort suspecte de Abane Ramdane, la Révolution consomme en haut lieu ses divisions très empreintes de régionalisme. Il y avait, d’une part les wilayas I et II avec la base de l’Est, d’autre part les wilayas IV et V avec le GPRA. Nous avons cherché à évincer les ‘3B’ et Ferhat Abbas en le remplaçant par Lamine Debaghine. Pendant ce temps, la base de l’Est, c’était aussi 10 000 hommes oisifs qui n’avaient pas de mission précise. Il y a eu beaucoup de purges et de nombreux responsables ont été arrêtés avec l’aide des militaires tunisiens. » Les conflits avec le CCE étaient tels que des conseillers militaires de la promotion Lacoste, « déserteurs tardifs de l’armée française », ont été affectés aux trois zones de la base de l’Est. « Pour nous espionner », affirme l’ancien chef de l’Etat, qui ajoute : « Moi, j’ai eu droit à Khaled Nezzar. » Les tensions étaient telles que le CCE a rencontré des difficultés avec les trois zones de la base pour contrer les projets des lignes Challe et Morice. Il y avait une défiance des uns à l’égard des autres. Ceci va mener à une crise profonde qui sera le motif de « la rencontre des commandants » avec Houari Boumediène qui va faire le bilan de ces divisions internes ; malgré cela, « la méfiance persiste car l’état-major (EMG) découvre que les gradés de l’armée française sont des informateurs pour le compte du GPRA et des ‘3B’ ». Chadli Bendjedid va ainsi, de témoignages en anecdotes parfois croustillantes, passer en revue plusieurs épisodes de la Guerre de libération en soulignant que les rivalités étaient omniprésentes et contribuaient aux décisions qui n’ont pas manqué d’affecter le cours de la Révolution jusqu’à la réunion de Tripoli de juin 1962.
Le coup de force de l’été 1962
« J’étais d’accord pour le coup de force militaire car les rivalités, les appétits, les conflits entre les chefs étaient si forts que j’étais convaincu que seule la force pouvait apporter le répit. Et je l’ai dit à Boumediène, que j’ai rencontré ici même à El Tarf. A ce propos, je tiens à rendre hommage ici à Mohand Oulhadj qui a œuvré en grand patriote pour réduire la confrontation inévitable avec les wilayas III et IV. Le premier Président devait être Mohamed Boudiaf, qui avait refusé pour ne pas être sous la tutelle de l’armée. Ahmed Ben Bella était hésitant, mais il a été choisi. »« Je jure que ce que je rapporte est la vérité, car j’ai vécu ces périodes, elles ne m’ont pas été rapportées. J’appelle les historiens à être neutres et objectifs pour que personne ne puisse se prévaloir d’une légitimité aux dépens de ses frères de combat, surtout ceux tombés au champ d’honneur. » « Je jure que durant toute cette période, je n’ai jamais cherché à être chef. Toutes les responsabilités que j’ai exercées m’ont été imposées. »
« Je n’ai pas cherché à être chef »
« Sur son lit de mort en Russie, Houari Boumediène a délégué une personne, dont je ne citerais pas le nom, pour me dire "Chadli doit me remplacer à la tête de l’Etat", mais ce délégué est allé voir d’autres personnes avant de venir m’apporter le message. Il y a eu 7 postulants à la succession de Houari Boumediène, dont 4 du Conseil de la révolution. Je n’ai jamais dit aux militaires de me porter à la Présidence. Je sais cependant qu’il y a eu une réunion dans une école primaire et les militaires en sont sortis pour dire : vous avez le choix entre Chadli et Bendjedid. »
Mohammedi Saïd, Chaâbani et Tahar Zbiri
Ahmed Ben Bella n’avait pas le souci d’écrire l’histoire telle qu’elle devait être écrite. A ce propos, Chadli Bendjedid rapporte l’histoire de Larbi Berredjem qui, en faisant remarquer à Ben Bella la nécessité impérieuse d’écrire l’histoire pour les générations futures, s’est vu rabrouer : « Les générations futures n’ont pas besoin de l’histoire. Berredjem, contrarié, va donner à son fils né quelques jours plus tard le prénom de Blatarikh. »A propos de Chaâbani, qui s’est rendu à Saïd Abid, dans le Sud, bien après sa rébellion contre Ben Bella, il a été jugé à Oran. « Bensalem, Saïd Abid et moi – j’étais à la Ve Région militaire – étions dans le tribunal désigné par Ben Bella avec un magistrat civil. Boumediène m’a informé que Ben Bella avait demandé de le condamner à la peine de mort. Nous avons tout fait pour que le Président revienne sur sa décision. Saïd Abid s’est fait insulter comme un malpropre, lorsqu’il y est retourné une seconde fois. Avant même que nous finissions de nous entendre, il y a eu des mouvements impressionnants de la gendarmerie. Nous avons compris l’acharnement et l’empressement pour le mettre à mort que par la nécessité de taire des révélations compromettantes. Je le dis ici aujourd’hui, devant vous, et je défie quiconque sur cette vérité. » « Tahar Zbiri est un ami, je l’ai connu bien avant de connaître Houari Boumediène. Lorsque j’ai compris, par une discussion avec Saïd Abid, qu’il se préparait quelque chose, j’ai dit à Tahar que je n’utiliserais pas la force et je n’ai envoyé que les bazoukistes contre ses chars pour le stopper à El Affroun. C’est un ami, mais Zbiri à la tête de l’Etat aurait été un désastre. Saïd Abid a été exécuté. Je le pense, car j’ai eu à le confirmer auprès de son épouse. Encore un règlement de comptes, car Ben Bella était derrière le groupe d’Oujda et les officiers de l’armée française derrière le problème de Tahar Zbiri. »


Par Slim Sadki



Dernière édition par Admin le Sam 29 Nov - 0:57, édité 2 fois

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admin"SNP1975"

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Rendons hommage à cette homme qui a eu le courage de se reconcilier avec le maroc.
Il ne voulait pas que le sang des algériens coulent entre eux . Il l'a dit dans sa lettre de demission en 1992.

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Encore un règlement de comptes, car Ben Bella était derrière le groupe d’Oujda

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Chadli Bendjedid revient sur le conflit qui avait opposé le GPRA à l’état-major de l’ALN

« Boumediène avait misé sur Boudiaf »


La prise du pouvoir par l’armée en Algérie était une résultante de la profonde crise qu’a connue le gouvernement provisoire de la révolution algérienne (GPRA) en 1959.



L’ancien président de la République algérienne, Houari Boumediène, a saisi ce moment de crise pour placer son « homme de confiance » au sommet de l’Etat à l’époque. Cette version des faits est livrée par le successeur de Boumediène, après son décès en décembre 1978, à la présidence de la République, l’ex-président Chadli Bendjedid. Dans un entretien accordé hier à notre confrère El Khabar, Chadli Bendjedid, qui dit avoir côtoyé de très près le défunt, relate sa version des faits concernant une période cruciale de la guerre de Libération nationale (1959-1962). « Devant l’aggravation du conflit opposant les responsables de la révolution et à l’approche de l’indépendance, Houari Boumediène était à la recherche d’un alibi politique pour barrer la route au GPRA. On sait qu’à l’époque, il avait dépêché Abdelaziz Bouteflika au palais d’Aulnoy pour prendre attache avec les prisonniers (Boudiaf, Ben Bella, Khider et Aït Ahmed) afin de leur présenter l’idée d’installer un bureau politique et d’élaborer un programme politique. Mais en réalité, il cherchait son homme de confiance. Au début, il avait misé sur Boudiaf, mais celui-ci a refusé de travailler avec les militaires. Il était donc obligé de choisir Ben Bella qui avait accepté après hésitation. Le reste est connu », révèle-t-il. Chadli Bendjedid s’est longuement étalé sur la crise du GPRA et sur le conflit qui l’a opposé à l’état-major de l’ALN conduit par Boumediène. Un conflit qui, selon lui, s’est accentué à cause du différend sur la démarche à suivre dans les négociations avec le colonialisme français. « Boumediène et les officiers de l’armée de la révolution étaient contre la démarche adoptée. Ils considéraient que celle-ci vise, à long terme, à ouvrir la voie à un nouveau système colonial. On se demandait d’ailleurs dans ce cas à quoi sert d’avoir lutté contre le colonialisme durant sept ans », explique-t-il. Boumediène, rappelle-t-il, était contre les Accords d’Evian « et avait exprimé son avis lors de la réunion du Conseil national de la révolution algérienne (CNRA), tenue à Tripoli (Libye) en février 1962 ». Faisant une rétrospective du travail accompli par le président Boumediène concernant la restructuration de l’ALN après 1959, l’orateur évoque la période post-indépendance. Contrairement à « la fausse idée qu’ont les Algériens du président, Boumediène, ajoute-t-il, consulte souvent ses collaborateurs dans la prise de décision ». « En général, on peut dire qu’il s’est appuyé sur le groupe d’Oujda et les moudjahidine responsables des zones militaires ainsi que les officiers déserteurs de l’armée française. Il avait toujours le souci de réaliser un équilibre dans la gestion du pouvoir », dit-il. Avant son mystérieux décès, raconte encore Chadli, « Boumediène lui avait confié que certaines de ses grandes orientations ont échoué et qu’il fallait introduire des réformes profondes ». Chadli Bendjedid a défendu, par ailleurs, son bilan à la tête de l’Etat et a récusé tous les reproches qu’on lui a faits.


Par Madjid Makedhi

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Boumediène, ajoute-t-il, consulte souvent ses collaborateurs dans la prise de décision ». « En général, on peut dire qu’il s’est appuyé sur le groupe d’Oujda et les moudjahidine responsables des zones militaires ainsi que les officiers déserteurs de l’armée française. Il avait toujours le souci de réaliser un équilibre dans la gestion du pouvoir »,

Le fils de Deguale Philippe ne s'est pas tromper dans son livre Degaule mon pére quand il a confirmé cette thése je cite :" on a introduit l'equivalant de 140.000 harkis au sein de l'ALN l'armée de libération algérienne en 1962."

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Chadli menace de parler, Zeroual annoncé comme candidat, énigmatiques limogeages dans le secteur de la communication… pressions sur Bouteflika ?


Par sonia lyes , le 30/11/2008 |
Abdelaziz Bouteflika sera-t-il le seul candidat du système pour la prochaine présidentielle, comme cela a été le cas en 1999 puis en 2004 ? A moins de cinq mois du scrutin d'avril 2009, la candidature du chef de l'Etat sortant n'a toujours pas été officiellement annoncée. Il y a quinze jours, les comités de soutien à travers les différentes wilayas du pays on été invités à « patienter » en attendant de nouvelles instructions.

Si officiellement, le futur candidat Bouteflika bénéficie déjà du soutien des partis de l'Alliance présidentielle - et donc un peu de tout le système-, dans les faits les choses pourraient s'avérer plus complexes. Des informations recueillies par toutsurlalgerie ([Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] auprès de source bien informée font état d'hésitation au sommet concernant un soutien inconditionnel à un troisième mandat du président sortant. Comprendre : même s'il se représentait, le président Bouteflika pourrait ne pas bénéficier d'un chèque en blanc, comme en 1999 et 2004.

Parmi les signes de ces hésitations au sommet, l'annonce d'une candidature de Liamine Zeroual. Pour ceux qui connaissent bien l'ancien président, cette hypothèse est peu probable. Non seulement M. Zeroual n'a plus beaucoup de soutiens au sommet de l'Etat -beaucoup lui reprochent d'avoir démissionné en 1998 après avoir été le président le «mieux élu du pays depuis l'indépendance- mais l'ancien chef de l'Etat ne serait pas intéressé par une nouvelle candidature l'année prochaine. « Le fait que son nom soit cité comme candidat face à Bouteflika flatte son égo parce que M. Bouteflika l'a traité de «président stagiaire». Mais il est peu probable qu'il revienne », explique un haut responsable qui a requis l'anonymat.

Autre ancien président, autre « menace » : après plus de 17 ans de silence, Chadli Bendjedid affirme vouloir tout révéler. Sur qui ? Sur quoi ? L'ancien président ne donne aucune indication. Mais là encore, la menace est à peine voilée : les « révélations » pourraient aussi surtout concerner l'actuel président. Tout comme l'annonce de la candidature de Zeroual, la sortie de Chadli pourrait avoir comme objectif d'envoyer un message au président Bouteflika : l'option d'un autre « candidat officiel » n'est pas exclue.

C'est dans ce contexte que les dépars de Hamraoui Habib Chawki de l'ENTV et de Abderrachid Boukerzaza du ministère de la communication continuent toujours de susciter des interrogations. Le premier est connu pour être un serviteur fidèle et zélé de la présidence et le second pour avoir effectué sa mission de bonnes conditions, conformément aux visions et aux souhaits de la présidence et du gouvernement. M. Boukerzaza se serait vu reprocher entre autres une rencontre privée avec l'ancien premier ministre Mouloud Hamrouche. Mais le départ de Habib Chawki à cinq mois de la présidentielle de 2009 reste entouré de mystères. Tout comme les silences énigmatiques Hocine Aït Ahmed et Mouloud Hamrouche. Les deux hommes n'ont toujours pas commenté la révision de la Constitution.

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Dans une contribution à paraître demain Dans Liberté
Les vérités de l’ancien président Chadli sur la Révolution

Par :[url=http://www.liberte-algerie.com/send_jour.php?idjournaliste=65&journaliste=de Liberte]Rédaction de Liberte[/url]





Une semaine après ses déclarations fracassantes à El-Tarf, l’ancien président de la République, Chadli Bendjedid, revient, dans une contribution à paraître dans Liberté demain, sur ses propos tenus et les lectures qui en ont été faites par la presse nationale.
L’ancien Président se dit étonné de la virulence des réactions suscitées par sa sortie médiatique. Dans cette contribution, l’ancien Président veut clore le débat qui a commencé à prendre des proportions de crise politique. Le président Chadli revient longuement sur la tenue du congrès de la Soummam et l’exclusion de la wilaya de la base de l’Est, comme il revient sur d’autres épisodes ayant émaillé la Révolution dans cette région, que ce soit “le complot des colonels” ou le rôle joué par “les trois B.”, ou encore la question des déserteurs de l’armée française. Chadli Bendjedid revient également sur le procès de Chaâbani et le suicide de Saïd Abid.
R. N.

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Contribution : Chadli
(Jeudi 04 Décembre 2008)
Dans une contribution à "LIBERTÉ"
Les vérités de Chadli Bendjedid l’ancien président sur la révolution

Par : Chadli bendjedid

Il n’est pas dans mes habitudes de répondre à ce qui s’écrit sur moi et sur la période de ma gestion des affaires de l’État dans la presse nationale. J’ai sciemment opté pour le silence, non pas pour éviter de dire la vérité, mais en raison du sens de l’honneur d’être un moudjahid et ma perception de responsabilité, en tant qu’homme d’État, m’empêche d’entrer dans des débats autour de questions sensibles qui prennent, fort malheureusement, chez nous, dans la majorité des cas, le caractère d’un débat stérile, du verbiage de bas étage, d’un règlement de comptes et de l’insulte. Ce qui a été publié dans certains quotidiens nationaux comme articles et comptes rendus sur mon intervention à El-Tarf devant mes compagnons d’armes de la base Est et des étudiants du centre universitaire en est la meilleure preuve.
Certes, je ne blâme pas les correspondants locaux pour les erreurs qu’ils ont commises dans la transcription des passages de mon intervention, et de les avoir sortis de leur contexte. C’est peut-être dû au fait qu’ils n’étaient pas assez informés sur les faits historiques de la révolution pour la libération. Mais je fus énormément surpris par la violence des attaques contenues dans certains articles sur ma personne et sur la période de gestion des affaires de l’État, donnant l’impression que des ficelles seraient tirées par des parties occultes qui n’ont pas intérêt à ce que Chadli Bendjedid parle. Et pour mettre un terme au débat à travers lequel certains voudraient faire croire que Chadli Bendjedid voudrait brouiller les cartes, ou qu’il voudrait influer sur les convulsions politiques actuelles, ou qu’il se proposerait comme une alternative à ce que certains appellent "la crise", j’estime qu’il est de mon devoir de préciser les principaux points contenus dans ma longue intervention à El-Tarf, corriger certaines erreurs et remettre les questions soulevées dans leur véritable contexte.
La base de l’est
Il n’y avait pas d’accord entre les commandants de la zone de Souk-Ahras, malgré les efforts louables entrepris par Amara Boukelaz pour concrétiser l’idée de création de la wilaya de Souk-Ahras sur le plan politique et organique. Les causes de l’échec étaient multiples, dont les divergences de vues sur les questions de la discipline, les critères d’accès aux postes de responsabilité et la guerre de leadership qui était nourrie par des considérations claniques et régionalistes. Cela a coïncidé avec les préparatifs qui étaient en cours, durant le premier semestre de 1956, pour la tenue du premier congrès de la Révolution pour évaluer son parcours et corriger les erreurs et, surtout, la doter d’un programme politique et d’une structure organique qui lui éviterait les dangers de la déviation.
L’idée de tenir une rencontre entre les dirigeants de la Révolution était soumise à cette époque. C’est Ben Boulaïd qui en fut l’initiateur, mais sa mort en a voulu autrement. Après les attaques d’août 1955, il a été convenu de tenir la rencontre dans la zone II. Ali Kafi me l’a confirmé récemment. El-Mechrouha, dans les monts de Béni Salah, siège du commandement de Amara Boukelaz, fut choisie pour abriter le congrès, en raison du fait qu’elle est une zone sûre, au relief accidenté et au maquis dense, ce qui empêche l’armée française d’y accéder, mais aussi en raison de sa proximité avec la frontière tunisienne, ce qui permet aux responsables se trouvant à l’étranger d’y prendre part sans prendre de risques. Cependant, l’interruption de la communication en a voulu autrement. Les responsables de la révolution ont préféré tenir le congrès dans le village d’Ifri dans la vallée de la Soummam.
Notre délégation au congrès
Amara Boukelaz n’a pu se déplacer pour rencontrer les responsables de la révolution, en raison de la situation dangereuse vécue par la région. Il a alors délégué en juin 1956 Hafnaoui Ramdania et Amar Benzouda pour expliquer le point de vue des moudjahidine d’El-Kala et de Souk-Ahras et a envoyé avec eux un rapport détaillé sur la situation politique, militaire et économique dans la région. Il a demandé au congrès de s’abstenir de prendre la moindre décision au sujet de Souk-Ahras et l’envoi d’une délégation pour l’étude de la situation sur place qui a empiré après le blocus imposé par l’armée française depuis le début de 1955 et la multiplication des opérations de ratissage, ainsi que l’anarchie créée par les moudjahidine des Nememchas, après leur retrait vers les monts de Tébessa.
Boukelaz a envoyé une seconde délégation pour prendre attache avec la direction de l’étranger et l’a chargée de la même mission. Et, lors du passage de Ramdania et Benzouda par le nord constantinois, ils ont rencontré Tahar Bouderbala et un autre responsable, qui pourrait être Ali Kafi. Lorsqu’ils ont su l’objet de leur mission, ils les ont informés que le congrès s’était tenu et leur ont demandé de leur délivrer les documents qui étaient en leur possession pour les transmettre à la direction de la révolution.
Ramdania et Benzouda sont retournés à Souk-Ahras à la fin du mois de juin. Mais nous fûmes surpris de la tenue du congrès au mois d’août dans la vallée de la Soummam sans la participation de la wilaya I après la mort de son chef, Mustapha Ben Boulaïd, et l’absence de la délégation de l’étranger, ainsi que l’exclusion de la région de Souk-Ahras. Nous fûmes également surpris d’apprendre que d’importantes décisions concernant le devenir de la révolution et de la région de Souk-Ahras ont été prises par le congrès.
Les congressistes n’ont pu prendre connaissance de notre rapport qui a probablement été caché ou déchiré.
Le congrès a maintenu Souk-Ahras sous la coupe de la zone II, devenue wilaya II. Le congrès avait, également, pris des résolutions qui n’avaient pas fait l’objet d’un consensus, notamment la primauté de l’intérieur sur l’extérieur et du politique sur le militaire.
Après notre refus des résolutions du congrès de la Soummam, nous fûmes accusés d’être des "perturbateurs". Cette étiquette nous restera collée longtemps durant. Le comité de coordination et d’exécution (CCE) a refusé de nous fournir la moindre assistance matérielle après la demande introduite par Amar Boukelaz. Un véritable blocus économique nous a été imposé. Les habitants de la région frontalière ont dû fuir en Tunisie et nous fûmes contraints de compter sur nous-mêmes pour approvisionner l’armée en nourriture. Nous avons passé six mois à manger de la souika, qui est un mélange de blé moulu et de caroube malaxé avec de l’eau fourni aux djounoud comme nourriture. Pour sortir de cette crise, le commandement a décidé d’exploiter les matières premières, notamment le lichen. Le commandement a réussi à réunir le matériel nécessaire pour couper le lichen en faisant appel aux moudjahidine qui avaient déjà travaillé dans ce secteur. La production était acheminée, ensuite stockée sur le sol tunisien. Pour être vendue sur les marchés tunisiens. Amara Boukelaz a réussi à vendre la cargaison de deux bateaux de lichen à l’Italie, comme il a contacté le ministre des finances tunisien pour nous exempter d’impôts ; mais le ministre a refusé. Ces revenus nous ont aidés à améliorer notre situation économique.
La rencontre avec Ouamrane
Après le congrès de la Soummam, Zighoud Youcef a délégué Amar Benaouda pour superviser les frontières et Brahim Mezhoudi pour mettre fin au mécontentement régnant à Tébessa. Mais les émissaires n’ont pas usé du dialogue et de la conviction et ont eu recours à la violence et aux armes pour imposer les résolutions du congrès de la Soummam. Ils ont échoué et sont entrés en Tunisie.
Nous avons senti, après le congrès de la Soummam, l’exclusion et l’isolement, et la déception était grande au sein des mouadjahidine. Amara Boukelaz a entrepris une vaste opération de sensibilisation et repris le contact avec les responsables de l’ALN à Souk-Ahras, Sedrata, Khenchela et les Aurès qui ont tenu une rencontre en décembre 1956 et tenté, à nouveau, de créer une wilaya indépendante des wilayas I et II et qui s’appellerait Aïn El-Beïda. Ils rejetaient les résolutions du congrès de la Soummam en raison de la non-représentation de toutes les régions, sa contradiction avec la première trajectoire de la révolution et sa reconnaissance de la primauté du politique sur le militaire et l’omission de mentionner que l’Algérie est arabe et musulmane. En outre, ils ont demandé d’exclure les éléments qui ont continué à travailler en Tunisie, la création d’une commission composée de toutes les régions pour la communication et la coordination et l’extradition de Mezhoudi et de Benaouda de la Tunisie. Ils se sont engagés à transporter les armes aux régions intérieures et ont renouvelé leur confiance en Ali Mahsas, en tant que représentant politique et militaire de l’ALN à l’extérieur.
Durant cette période, nous avons contacté Ahmed Ben Bella qui n’avait pas accepté les résolutions du congrès de la Soummam. Il a dépêché Ahmed Mahsas pour prendre attache avec nous, et c’est la première fois que j’en fis connaissance. Nous lui avons expliqué les efforts que nous fournissions en matière d’organisation, de recrutement et d’entraînement avant la création de la base de l’est. Après l’échec de la mission de Mezhoudi et Benaouda, le comité de coordination et d’exécution a envoyé, à la fin de 1956, Omar Ouamrane – qui était désigné, à cette époque, responsable de l’organisation militaire de la délégation du FLN à l’étranger – en Tunisie pour tenter de remédier à la situation détériorée en Tunisie et évincer Ali Mahsas et ses partisans qui refusaient toujours les résolutions du congrès de la Soummam. Des affrontements ont eu lieu entre les deux clans, obligeant Bourguiba à intervenir pour mettre fin au conflit. Mahsas a fini par quitter la Tunisie. À cette époque, Ouamrane a rencontré Amara Boukelaz et ses lieutenants qui lui ont expliqué la position des moudjahidine de la région. Boukelaz lui a proposé de tenir une réunion avec les responsables des sections dans la région. C’est ainsi que nous avons pris la route, au début de 1957, de Souk Larbâa, dans la région de Baja et rencontré Ouamrane dans la ferme d’un des petits-fils d’El-Mokrani.
Amara Boukelaz nous a présenté Ouamrane comme étant délégué par le comité de coordination et d’exécution pour étudier la situation de Souk-Ahras sur le terrain. Boukelaz est sorti et n’a pas assisté à la réunion. Ouamrane nous a exposé les résolutions du congrès de la Soummam, insistant sur leur caractère national, et évoqué les grands défis qui attendent la révolution et la nécessité d’unir les rangs. Il a dit, à la fin, que la création d’une nouvelle wilaya contredit les résolutions de la Soummam.
Après l’opposition rencontrée de notre part, il a tenté de nous convaincre de le choisir comme notre responsable, mais nous avons refusé et nous avons maintenu notre confiance en nos responsables. La réunion a pris fin la nuit et nous nous sommes séparés, chacun de son côté. Suite à cela, Ouamrane a présenté un exposé de sa mission au comité de coordination et d’exécution, proposant la création d’une organisation spécifique pour la région.
Boukelaz affirme, dans ses déclarations, qu’"il détient les documents qui le prouvent, parmi lesquels le document où le comité de coordination et d’exécution admet que la wilaya de Souk-Ahras devienne une base d’approvisionnement au statut de wilaya. Il porte la signature de Ben Khedda, Krim Belkacem et Sâad Dahleb". Bentobbal n’a pas signé le document pour une raison simple, qui est son refus de séparer la région de Souk-Ahras de la wilaya II et ses divergences profondes avec Amara Boukelaz. Les dirigeants de la wilaya II n’ont pas avalé l’idée de création de la base de l’est et certains d’entre eux ont continué jusqu’en 1962 à la considérer comme faisant partie de la wilaya II. Ainsi est née officiellement la base de l’est. Mais la décision du comité de coordination et d’exécution est venue consacrer une réalité qui existait depuis une année auparavant.

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Le complot Lâamouri
Beaucoup a été dit et écrit au sujet de l’incident de Kef, ou comme l’appellent faussement certains le "complot des colonels", et parfois le "complot Lâamouri". Beaucoup, y compris ceux qui n’avaient rien à voir, ont donné leur avis sur ses causes et ses ramifications. Je dois préciser, de prime abord, que nous, dans la base de l’Est, n’avions jamais utilisé le mot "complot". Parce que ce mot, avec ses connotations péjoratives et ses utilisations politiques, pouvait donner une lecture erronée au sujet d’un épisode dramatique parmi les épisodes de notre lutte armée, ou qu’elle dénature l’image de notre Révolution, à travers sa présentation comme faisant partie des complots ou de renversements. Tout cela est complètement faux. Parce que j’ai vécu quelques parties de l’épisode du Kef, que j’ai rencontré quelques membres du gouvernement provisoire pour négocier avec eux sur le sort de Lâamouri et ses compagnons avant leur exécution, j’estime qu’il est de mon devoir d’apporter mon témoignage sur ce sujet.
En réalité, l’affaire n’était pas une lutte pour le pouvoir ou une lutte d’un clan contre un autre. L’affaire concernait des divergences profondes sur les méthodes de commandement de la lutte armée, la façon de gérer politiquement la Révolution et le choix des dirigeants, c’est-à-dire le sort de la Révolution de façon générale. Lâamouri, Aouachria et Nouaoura, ainsi que la majorité des officiers de la Wilaya I et de la base de l’Est étaient persuadés que la Révolution avait dévié de sa trajectoire d’origine et qu’il fallait bouger pour y remédier avant que la situation ne devienne incontrôlable. C’est ainsi qu’a germé l’idée d’user de la violence contre "les trois B" pour les amener à revenir sur les décisions prises à l’encontre
de Amar Boukelaz et Lâamouri, après la dissolution du comité des opérations militaires. Il nous faut revenir, un peu en arrière, pour mettre l’incident de Kef dans son contexte véritable, en évoquant le sort de la base de l’Est et ce qui se tramait, à son sujet dans les coulisses. La base de l’Est, née dans la douleur et le sang, n’a pas vécu longtemps. Deux ans après sa naissance douloureuse, elle fut enterrée de façon atroce à la fin de 1958. Le rideau est tombé sur les hauts faits et sacrifices de ses dirigeants et de ses djounoud.
Le sort réservé à certains de ses dirigeants a été dramatique, laissant des traces indélébiles dans les esprits des moudjahidine de la région et sur le cours de la Révolution. La base de l’Est était le poumon par lequel respirait la Révolution. C’était son cœur battant. Mais les enjeux qui l’ont entourée depuis sa création l’ont transformée en une source d’appétits aux politiciens, aux aventuriers et aux postulants au leadership.
L’année qui a vu le démantèlement de la base de l’Est était perturbée et dangereuse à plusieurs niveaux. Ainsi, au niveau de la direction du comité de coordination et d’exécution, les divergences se sont accentuées entre ses membres et ont influé, sur le terrain, sur les capacités de combat de l’armée. Ces divergences sont apparues au grand jour et sont devenues un secret de Polichinelle, après l’assassinat de Abane Ramdane à la fin de 1957. Au départ, nous avions cru ce qu’avait écrit le journal El Moudjahid sur sa mort au champ de bataille, mais nous fûmes surpris, après une brève période, par la réalité affligeante d’apprendre que ses compagnons d’armes l’ont entraîné au Maroc pour l’assassiner. Le choc était terrible dans les rangs des moudjahidine. Malgré ses divergences avec Abane, Boukelaz a dénoncé, dans une lettre virulente adressée au comité de coordination et d’exécution, ce lâche assassinat d’un des symboles de la Révolution et a organisé une journée de deuil et de protestation à la base de l’Est.
Pendant ce temps-là, le commandement de l’armée française poursuivait ses plans visant à isoler l’ALN et l’empêcher de bénéficier d’un soutien de l’extérieur. Il avait entamé l’application des plans du ministre de la Défense, André Maurice, et du général Salan. Sur le plan politique, la stratégie de la Ve République, qui est arrivée au pouvoir grâce à des extrémistes et une bonne partie des officiers supérieurs, consistait à faire le double jeu, en alliant les opérations militaires aux concessions partielles au profit des Algériens.
L’arrivée au pouvoir de De Gaulle constituera la plus dangereuse période vécue par la Révolution algérienne. Certains dirigeants politiques ont été trompés en croyant aux initiatives de De Gaulle, notamment après sa visite en Algérie en juin 1958, puis son annonce du plan de Constantine. Ce dernier constituait la carotte. Quant au plan Challes, visant à anéantir l’ALN à travers l’accentuation des opérations de contrôle et de ratissage des zones frontalières, il était le bâton. De Gaulle a couronné sa politique avec sa célèbre proposition de paix des braves que nous considérions comme une capitulation et l’exclusion de tout dialogue au sujet du devenir politique de l’Algérie. C’est dans ces conditions difficiles qu’a commencé la planification pour le démantèlement de la base de l’Est. La première étape fut franchie durant la première moitié de 1958 lorsque Krim Belkacem avait pris précipitamment la décision de créer le comité des opérations militaires aux frontières est et ouest.
Le but annoncé était de charger ce comité de diriger l’action armée à l’intérieur, mais ce fut, en réalité, le début du démantèlement de la base de l’Est et la liquidation de ses responsables. Les divergences entre "les 3 B" sont apparues, y compris pour constituer le Comité des opérations militaires (COM). Boussouf, Krim Belkacem et Bentoubal ont été contraints de trouver un compromis entre eux pour prendre en compte le principe de la représentation régionale et celui de la représentation de toutes les wilayas. Il est devenu clair que le principe de la collégialité du commandement, sur lequel s’est basée la Révolution depuis son déclenchement, avait pris les couleurs du terrain et est entré dans le jeu des équilibres.
Aux frontières ouest fut créé le Comité des opérations militaires dirigé par Houari Boumediene, imposé par Boussouf qui lui a désigné comme adjoint le colonel Sadek. Ils supervisaient la lutte armée dans les Wilayas IV et V. Quant au comité de l’Est, il était un véritable foyer de divergences et de contradictions annonciatrices d’une explosion à brève échéance. Rien ne laissait présager de l’existence des plus simples conditions de coordination et du travail collégial entre son commandant, Mohamedi Saïd (Wilaya III), Mohamed Lâamouri (Wilaya I), Amar Benaouda (Wilaya II) et Amara Boukelaz (base de l’Est ). Le conflit entre Boukelaz et Benaouda avait atteint son paroxysme. Ce dernier était en négociation avec Bentoubal pour isoler Boukelaz.
En plus de cela, les troupes venues pour transporter les armes que le COM était chargé de faire rentrer sur le sol algérien n’étaient pas habituées à un commandement centralisé et ne prêtaient allégeance qu’à leurs chefs directs.
Après le départ de Boukelaz au COM, la direction de la base de l’Est a été revue, et le commandant Mohamed Aouachria fut nommé à sa tête, alors que le commandant Chouichi Laissani fut nommé son adjoint. La première région fut dirigée par le beau-frère de Boukelaz, Resâa Maazouz, aidé par trois adjoints, au grade de lieutenant, et qui sont Chadli Bendjedid, Youcef Boubir et Belkacem Amoura, connu sous le nom de Ladhouioui. Des modifications similaires ont été introduites dans les deuxième et troisième régions qui sont restées sous le commandement de Abderrahmane Bensalem et Tahar Zbiri À la fin de septembre de la même année, le CCE, dans sa réunion au Caire, a pris sa dernière décision avant son remplacement par le gouvernement provisoire et consistant à annuler le COM, en accusant ses membres d’incompétence et d’incapacité à exécuter les décisions de la direction de la Révolution. Accusés d’incompétence, ces membres ont été injustement sanctionnés. Nous avons senti, nous les officiers à la base de l’Est, que l’affaire cachait un complot visant à éliminer nos responsables et à se venger d’eux, surtout que nous avions remarqué une différence dans les sanctions et leurs degrés. En effet, les sanctions extrêmes ont été prononcées à l’encontre des commandants de la Wilaya I et de la base de l’Est, alors que le CCE s’est contenté de légères sanctions à l’encontre des autres membres. C’est ainsi que Boukelaz fut dégradé et il fut interdit d’exercer la moindre activité. Il fut envoyé à Bagdad, et non au Soudan, comme ce fut rapporté dans certains livres. Lâamouri fut également dégradé et fut éloigné, lui aussi, vers Djeddah, mais il n’est pas parti et est resté réfugié en Libye. Tandis que le CCE s’est contenté d’éloigner Benaouda pour trois mois à Beyrouth. Quant au premier responsable du COM, Mohamedi Saïd, le premier accusé de la mauvaise gestion, il fut rattaché au gouvernement au Caire pour être chargé, un mois après, de diriger la nouvelle organisation : l’état-major de l’Est.
Ce fut Amara Boukelaz qui poussa Lâamouri à refuser les décisions du gouvernement provisoire, ou plutôt les décisions du trio. Mais il tentait de résoudre ces différends par les voies pacifiques et dans le cadre organique. Mais Lâamouri a préféré utiliser la force et il a commencé ses démarches pour destituer les militaires dans le gouvernement provisoire, avec Ahmed Nouaoura, qui l’avait remplacé à la tête de la Wilaya I, et Mohamed-Tahar Aouachria, le commandant de la base Est, après Boukelaz…

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Le point de divergence concernait l’accélération de l’entrée de l’armée sur le territoire national dans les conditions difficiles de l’époque. Mais Nouaoura et Aouachria ont refusé cet ordre et exigé l’obtention du commandement des bases des frontières.
cependant Lâamouri, pendant ce temps-là, planifiait, en coordination avec Mustapha Lekhal, appelé Palestro, le retour en Tunisie. L’erreur commise par Lâamouri fut la tenue d’une réunion en Tunisie, au lieu de la base de l’Est où nous pouvions lui assurer la protection nécessaire, surtout que les chefs des régions et les djounoud soutenaient ses thèses.
Aouachria avait entamé une série de rencontres avec nous, dans les première, deuxième et troisième régions. Les accusations contenues dans ces déclarations concernaient le gouvernement provisoire qui, selon lui, vivait en Tunisie dans le luxe et le confort, au moment où les moudjahidine souffraient du manque d’armes et de munitions, et il avait demandé des précisions sur l’assassinat de Abane Ramdane.
Krim Belkacem et Mahmoud Cherif ont appris l’arrivée de Lâamouri à El-Kef, par l’intermédiaire de Gueram, qui était chargé de le transporter à partir de la Libye, mais qui était aussi le chauffeur personnel de Krim Belkacem. Le jour suivant, une réunion s’est tenue, en présence des officiers de la Wilaya I et de la base de l’Est, dont le commandant Chouichi Laissani, le colonel Ahmed Nouaoura, Mustapha Palestro, le commandant Ahmed Draia, Mohamed-Cherif Messaadia, Salah Soufi et le commandant Belhouchet. La Garde nationale tunisienne avait encerclé l’immeuble qui abritait la réunion et a interpellé tous les présents.
Ce fut un coup dur pour nous. Ainsi, quelques jours après, la Garde nationale tunisienne a commencé à transporter les djounoud algériens pour nous encercler et nous couper les approvisionnements. Nous nous sommes retrouvés entre le marteau de l’armée des frontières, sous le commandement de Ali Mendjeli, et l’enclume de l’armée française. Soit nous entrons dans une guerre fratricide, soit nous nous livrons à l’ennemi. Les deux choix étaient amers. Nous avons alors préféré la solution pacifique dans les cadres organiques.
Après une courte période, le gouvernement provisoire nous a demandé de venir en Tunisie pour entendre les comploteurs, comme il les avait appelés. Nous sommes partis, moi, Abderrahmane Bensalem et Zine Noubli, en compagnie de Mohamedi Saïd au camp Dan Dan où le groupe était emprisonné. Nous y avons rencontré Krim Belkacem et Bentobbal, alors que Boussouf était absent. Nous avons tenté de convaincre les membres du gouvernement provisoire que la réunion était une simple rencontre consultative pour remédier à la situation. Mais Krim Belkacem et Bentobbal ont insisté sur le fait que Lâamouri et son groupe étaient en train de préparer un coup d’État contre le commandement de la Révolution, au service d’intérêts étrangers. Nous leur avons demandé de les maintenir en prison et de ne pas les exécuter. Ils ont accepté, avec la condition que nous leur remettions le commandant Ahmed Draia qui avait réussi à échapper au coup de filet de la Garde tunisienne et a rejoint le territoire national.
Les déserteurs de l’armée française
Je voudrais, ici, préciser l’affaire des officiers déserteurs de l’armée française, pour ne laisser place à aucune mauvaise interprétation. Je ne considère pas l’appartenance à l’armée française comme une insulte ou une atteinte à la dignité. Je faisais toujours la distinction entre celui qui fut contraint, pour une raison ou une autre, d’accomplir son service militaire au sein de l’armée française, et ceux qui sont connus comme étant déserteurs de l’armée française qui ont rejoint tardivement la lutte armée et qui ont été la cause de plusieurs conflits durant la Révolution. J’avais plusieurs amis qui ont servi cette armée pour, ensuite, diriger leurs armes contre elle lorsqu’ils ont compris que l’heure du choix avait sonné et ont fait montre d’abnégation et de détermination en faisant face à ceux qui les dirigeaient dans les casernes françaises.
Nous encouragions, depuis le début de la Révolution, ces djounoud et ces officiers à nous rejoindre. Il y a eu, effectivement, des désertions célèbres, comme celles de Salem Juliano et Kara Abdelkader, et l’opération de la caserne de Betiha, siège du troisième régiment des tirailleurs algériens, qui a été exécutée en mars 1956 par Abderrahmane Bensalem, Mohamed Tahar Aouachria, Ali Boukhider et Youcef Latreche.
Ceux-là ont pris d’importantes quantités d’armes dont la Révolution avait grandement besoin. Ils ont aidé, par leur expérience acquise, dans la formation et l’entraînement des moudjahidine, avant de devenir par la suite des officiers supérieurs dans la base de l’Est et certains sont tombés au champ d’honneur.
Le général De Gaulle avait tenté d’infiltrer la Révolution par tous les moyens, conformément à la politique du bâton et de la carotte. La promotion Lacoste fut la consécration de la stratégie d’infiltration de
l’ALN. Après la désertion d’un groupe d’officiers algériens que Krim Belkacem a rattachés à son ministère, et furent chargés d’appliquer la stratégie du commandant Idir qui n’avait pas pris en compte les réalités du terrain, et a placé ces officiers à la tête de bataillons. Mais les moudjahidine les ont refusés et ont chassé certains d’entre eux. L’instance de la direction du trio à imposer ces officiers a causé l’éclatement de plusieurs tentatives de rébellion, à l’instar de la rébellion de djebel Châambi, ou celle de Hamma Loulou, ou encore la reddition de Ahmed Hambli.
Pour ce qui concerne Khaled Nezzar, Mohamedi Saïd l’avait envoyé à la première région dont j’étais responsable en tant que conseiller militaire. Mes adjoints dans la région l’ont refusé au début. Mais j’ai réussi à les convaincre de la nécessité de respecter les ordres de la hiérarchie. Il est resté avec nous, en dépit du fait que nous sachions qu’il travaillait pour le compte du gouvernement provisoire.
Le procès de Châabani
C’est moi qui ai fait avorter la rébellion de Châabani lorsque j’étais commandant de la Ve Région militaire. J’ai ensuite constitué un tribunal révolutionnaire pour le juger. Boumediene m’a contacté pour me dire : "Le président Ben Bella m’a désigné membre de ce tribunal au côté de Saïd Abid et de Abderrahmane Bensalem." Boumediene a ajouté : "Le Président vous demande de le condamner à mort, et si tu ne me crois pas, contacte le Président dès que tu arrives à Alger et il te dira la même chose." J’ai cru Boumediene, car il n’avait pas l’habitude de me mentir. Je voudrais, ici, rectifier de fausses informations qui ont été publiées sous forme de témoignages dans la presse nationale selon lesquelles Ahmed Benchérif, Ahmed Draia et Ahmed Abdelghani étaient membres de ce tribunal, ce qui est faux.
Le tribunal a été constitué par les officiers cités ci-dessus et il fut présidé par un juge civil d’Alger, nommé Zertal. Nous sommes allés à Oran où Châabani était emprisonné avec un autre groupe de prisonniers politiques à la prison de Sidi El-Houari, dont Mohamed Khobzi, Mohamed Djeghaba, Hocine Sassi, Tahar Lâadjal, Saïd Abadou, Ahmed Taleb El-Ibrahimi et d’autres opposants à Ben Bella.
Le procès n’a pas duré longtemps. Après délibération, Châabani fut condamné à
mort pour tentative de rébellion contre le pouvoir et d’incitation à la zizanie au sein de l’armée. Après le prononcé du verdict,
nos regards se sont croisés, et j’ai été saisi par un sentiment selon lequel aucun d’entre nous n’était convaincu de cette lourde
sentence. C’est pourquoi nous avons demandé à Châabani d’introduire une demande de grâce auprès du président Ben Bella. Il nous a dit, l’air abattu : "Demandez-le, vous, en mon nom."
Nous avons chargé Saïd Abid, en tant que commandant de la 1re Région, de le faire et de prendre attache avec Ben Bella. Mais Ben Bella a non seulement refusé catégoriquement notre requête, mais a insisté pour l’application de la sentence telle que décidée par le tribunal, considérant que le verdict ne pouvait donner lieu à un pourvoi en appel. Lorsque Saïd Abid nous en a informés, je lui ai dit : "Demande la grâce en notre nom, nous les officiers, et dis au Président que Châabani est un moudjahid et un compagnon d’armes. Tu nous as ordonné de le condamner à mort. Nous l’avons fait. Et nous croyons qu’il ne le mérite pas. Il te demande à présent de commuer sa peine de mort en peine de prison."
Lorsque Saïd Abid l’a contacté de nouveau, Ben Bella lui a répondu nerveusement : "Je vous ai dit exécutez-le cette nuit." Il a insulté Saïd Abid et a même insulté sa mère, et lui a dit : "Je t’interdis de me contacter une autre fois", et il a raccroché. Le 3 septembre, Châabani fut exécuté à l’aube dans une forêt près de Canastel, en présence des membres du tribunal. Des membres de la Gendarmerie nationale ont également assisté à l’exécution. Il y avait une forte présence de la Gendarmerie nationale. J’ai compris alors qu’ils craignaient qu’on le fasse sortir avant l’exécution. Après l’exécution, ils ont mis son cadavre dans un cercueil et a été enterré dans un endroit inconnu.
On m’a dit, par la suite, que Ben Bella s’apprêtait le lendemain à partir au Caire et lorsqu’il a lu dans les journaux l’annonce de l’exécution de Châabani, il s’est écrié : "Dommage ! comment ils ont exécuté un jeune officier comme Châabani ?"
Le suicide de Saïd Abid
Après l’échec du coup d’État de Tahar Zbiri, Saïd Abid fut retrouvé mort dans son bureau. Des rumeurs avaient circulé, à l’époque, disant qu’un commando l’aurait assassiné, d’autres accusaient Slimane Hoffmann de l’avoir exécuté et d’autres rumeurs encore qui circulent dans pareilles circonstances. Les commandants des bataillons de la Ire Région ont cru à la rumeur de l’assassinat de Saïd Abid. Ils ont organisé des sit-in dans les casernes et y ont fermé les portails, interdisant l’accès à toute personne, annonçant ainsi leur non-reconnaissance du pouvoir en place.
Boumediene était sage. Il ne s’est pas emporté et n’a pas fait recours à la force, parce qu’il était conscient de la dangerosité de la situation. Il a tenté de calmer la situation et m’a contacté pour me demander de les convaincre de renoncer à ce qu’ils sont en train d’entreprendre. J’ai réussi à convaincre les commandants des bataillons de mettre fin à la rébellion et je me suis engagé, avec eux, à enquêter sur la mort de Saïd Abid.
Je suis allé au domicile de Saïd Abid. Sa femme m’a raconté les détails de la dernière communication téléphonique qu’elle a eue avec lui et m’a confirmé qu’il s’est effectivement suicidé après les pressions exercées sur lui par les partisans de Tahar Zbiri.
Texte traduit de l’arabe par Azzeddine Bensouiah

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Chadli : « Boumediene a laissé un testament » Chadli a parlé. Peu importe le moment qu’il a choisi pour le faire. L’essentiel est dans l’affirmation qu’il a eu à consentir. Celle-ci, fort déplaisante pour beaucoup, fait de lui le récipiendaire de la confiance de feu Houari Boumediene.

Sofiane Aït Iflis - Alger (Le Soir) - Personne dans le vaste sérail politique national ne s’est évertué à lui apporter la contradiction sur cette revendication de l’héritage de Boumediene.

Pourtant, la question ne manque pas de sensibilité, tant énormément d’ambitions politiques se sont affirmées rien qu’à se réclamer d’affinité avec le sacerdoce «boumédienien», y compris celle de l’actuel président de la République, Abdelaziz Bouteflika. On sait, à présent, que le président Chadli a libéré sa vérité, que ceux qui s’en étaient ostensiblement réclamés de Boumediene le feignaient plus qu’ils ne l’étaient véritablement.

Le président Boumediene, sur son lit d’agonie, dans la très froide Moscou, avait, le concernant, tranché la question de sa succession au pouvoir.

Il a, sa connaissance des hommes, ses proches collaborateurs en particulier aidant, désiré que la direction du pays, à sa mort, soit confiée à Chadli Bendjedid. «Toutes les responsabilités m’ont été imposées.

Boumediene, sentant sa fin approcher, a demandé à ses proches et à certains membres du gouvernement de me confier la direction du pays.

Auparavant, il m’avait demandé d’assurer la sécurité de l’Etat. Il faut savoir qu’il y avait sept postulants à la succession, dont trois membres du Conseil de la révolution. Ce que je sais c’est qu’une réunion des chefs militaires a eu lieu dans une école et que l’armée a décidé que moi seul devais succéder à Boumediene», avouait jeudi passé à El-Taref le président Chadli Bendjedid.

C’est largement suffisant pour démolir toutes les légendes tissées par les uns et les autres autour de leur proximité avec le président Boumediene.

Ce choix du président Boumediene a valu à certains de longues traversées du désert. Ceci parce qu’ils découvraient, dépités, fort absolument, qu’ils n’étaient pas dans les bonnes grâces du chef, du moins qu’ils n’avaient pas les faveurs du «zaïm», les plus à même de leur valoir la recommandation qui voudrait qu’ils figurent parmi la lignée des successeurs.

Chadli Bendjedid avait donc la bénédiction de Houari Boumediene, même s’il n’assumait pas à l’époque de tâches politiques au sein du gouvernement.

D’ailleurs, c’est fondamentalement ce qui lui a valu sa désignation à la tête de l’Etat à la mort de Boumediene. Car, il faut bien le dire, les appétits politiques se sont aiguisés à la disparition du président Boumediene.

Abdelaziz Bouteflika et Mohamed Salah Yahyaoui, entre autres, s’étaient sentis investis de la mission de parachever l’œuvre de Boumediene, poussant jusqu’à revendiquer une certaine complicité politique avec le défunt président.
Mais, avant de mourir, Boumediene avait pris soin de les sevrer de son sponsoring. En cela, cette vérité avouée par le président Chadli importe.

Elle est significative de ce que le président Boumediene a destiné «son burnous» à un autre que ceux qui furent politiquement visibles durant son règne. Elle importe aussi en ce qu’elle rectifie l’assertion qui a fait de Chadli un président par défaut. Le reste, tout le reste, de l’opportunité de son audace en ce moment, en remontant à sa gouvernance, est subsidiaire.

Le bilan de Chadli est discutable, il est vrai. Mais, présentement, ce n’est pas sur cela que l’attention doit focaliser. Il y a d’autres bilans soumis à évaluation. L’important est de savoir que la présidence de Chadli était une volonté de Boumediene, au détriment d’autres, de beaucoup, notamment de certains qui, pour se légitimer, n’hésitent pas à convoquer «une proximité complice » avec Boumediene.


- Le soir d’Algerie

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Réagissant aux propos tenus à El Tarf par l’ex-président de la république : Nezzar ré Comme j’ai eu à le dire et à l’écrire, Chadli ne déroge pas à ses habitudes, recourant une fois encore à la parentèle (1) dont il n’a cessé d’user et d’abuser. Pourquoi choisir la wilaya d’El Tarf pour s’adonner comme il a eu à le faire un certain 20 septembre 1988, et s’engager comme à l’accoutumée dans une diatribe aussi haineuse que confuse, souvent décousue et au verbe obscur. Ce pamphlet, en fait, n’a de vérités que celles-là mêmes qui sont énoncées par lui, croyant à tort qu’il est le seul à les détenir. Pourquoi maintenant et pas avant ? Pourquoi, pour l’hommage rendu à Amar Laskri dit Amara Bouglez, certains furent invités et d’autres intentionnellement oubliés ? Cette réunion n’était-elle pas orchestrée à l’avance pour, simplement, donner la parole à Chadli Bendjedid ? D’ailleurs - sauf erreur de ma part -, aucun compte rendu ne reprend l’hommage rendu par Chadli à la mémoire de feu Amara Bouglez, ce grand officier de l’ALN, commandant de la Base de l’Est, connu surtout pour son grand sens de l’organisation. Chadli s’est surtout distingué par son discours haineux, prenant ses propres compagnons pour cible. A cette occasion, Chadli s’est distingué par des invectives et des insultes à mon endroit également.



Dire de moi que je fus « un espion de la France », c’est s’empêtrer dans ses contradictions : pourquoi m’avoir alors accepté dans la fonction d’adjoint militaire de la zone qu’il commandait à l’époque, c’est-à-dire de mars 1959 à mai 1960, puis sous son commandement lorsque lui-même était adjoint au commandant Abderrahmane Bensalem, de 1960 à l’Indépendance ? Pourquoi, alors que je ne suis à ses yeux qu’un transfuge, ne s’était-il pas passé de mes services ? Au contraire, j’ai grimpé les plus hautes marches sous son commandement puisque, à la mort de Boumediène, je n’étais que lieutenant-colonel, commandant les troupes aéroportées. Il est vrai que j’ai bénéficié d’une formation acquise auprès des Français. Mais, au fait, que faisaient mes compatriotes ? Vivaient-ils donc sous d’autres cieux ? Le fait est que nous étions tous logés à la même enseigne. Nous étions tous, qui militaire qui émigré ; très peu étaient installés à leur propre compte, commerçants ou cultivateurs, beaucoup, sinon l’immense majorité était exploitée par les colons, des khemas (2). Je serais bien curieux de savoir pourquoi Chadli prétend au patriotisme plus que les autres ? En tout état de cause, l’essentiel pour moi, était d’avoir su profiter de cette opportunité pour la mettre d’emblée, au sortir de l’école, à la disposition de la Révolution armée(3). Le patriotisme doit-il être l’apanage de ceux qui, comme Chadli, ont rejoint, je ne sais dans quelle circonstance, le maquis avant moi ? Que non ! Car pour lui, seule l’ancienneté comptait ; cette sempiternelle ancienneté qu’il aimait à brandir comme certains de ses prédécesseurs l’avaient fait avant lui. Critère unique, comme s’il s’agissait d’un faire valoir. Il est vrai aussi que certains de mes compagnons ont eu à rejoindre le maquis quelque temps avant moi et plus jeunes encore. Combien sont-ils ? D’autres sont venus après. A-t-il été donné à beaucoup d’Algériens de militer comme moi, au FLN, alors que je n’avais pas vingt ans, et de passer quatre années consécutives dans les glorieuses unités de combat de l’ALN ! (cf. Mémoires de guerre. Editons ANEP)
UNE SYMPATHIE POUR LE COMPLOT DES COLONELS
Si servir pendant près de cinq années sans relâche équivaudrait à rejoindre la Révolution « sur le tard », comme le prétend Chadli, je suis en droit de me poser la question de savoir à quels motifs répond ce procès d’intention ? Il se trouve que dans la fonction qui était la mienne, personne - je dis bien personne ! - n’est en droit de me reprocher une quelconque ignominie, surtout celle aussi diffamatoire, « espion de la France », proférée de surcroît par celui qui fut le premier magistrat du pays. Lesquels propos ont été rapportés par les journaux El Watan et Le Soir d’Algérie. Ester Chadli serait inutile, tant le chemin qui mène à l’obtention d’une réparation morale est tortueux et sans issue. Dire aussi que je rendais compte au GPRA et aux « 3 B » (c’est-à-dire Krim Belkacem, Abdelhafidh Boussouf et Lakhdar Bentobal), cela eût été un grand honneur pour moi ! Cette structure qu’il montre du doigt qu’était le Gouvernement Provisoire de la République Algérienne ne représentait-elle pas le flambeau de l’Algérie en guerre ? Les hommes qu’il cite seraient-ils donc des traîtres à la patrie ? Malheureusement, je n’ai pas eu l’honneur de servir aux côtés de ces trois héros, car je fus affecté, à ma demande, en zone opérationnelle par le colonel Si Nacer et n’ai eu à rendre des comptes qu’à mon chef hiérarchique, Chadli Bendjedid. La rancœur exprimée dans ce cas précis démontre, si besoin est, sinon son appartenance du moins sa sympathie pour le complot des colonels qu’il a toujours su dissimuler. Puisque Chadli s’est voulu didactique, en s’adressant à une audience composée non seulement de moudjahidine mais aussi d’historiens et d’étudiants, pourquoi n’a-t-il pas pris le soin de traiter le sujet des officiers de l’armée française dans son ensemble ? En fait, l’ALN, puis l’ANP ont connu trois catégories d’officiers formés par les Français. Il y eut d’abord ceux qui, à partir de 1957, ont rejoint l’ALN, et ainsi successivement jusqu’en 1961. Si cette catégorie n’a pris le maquis qu’à partir de 1957, c’est parce que ceux qui en ont fait partie étaient les premiers à sortir de ces écoles. Une seconde catégorie était composée de ceux qui, ayant choisi de rester de l’autre côté de la barrière, étaient sélectionnés par les Français pour encadrer les éléments appelés à l’époque « Force locale ». Composée de militaires algériens, elle avait pour mission d’assurer le maintien de l’ordre jusqu’aux élections. Cette force puisait sa légitimité des accords d’Evian qui mirent en place un Exécutif chargé de gérer la période transitoire, installé à Rocher Noir (Boumerdès). Lors de son déploiement sur le terrain, l’ordre nous fut intimé de procéder au désarmement des personnels la composant et de les renvoyer dans leurs foyers. Ils n’opposèrent aucune résistance. Cette force était organisée en compagnies commandées par des lieutenants. Quelques mois plus tard, l’ANP, confrontée à des problèmes de formation, quelques-uns parmi ces lieutenants furent enrôlés dans les rangs de l’ANP, sous le vocable « d’officiers intégrés ». J’étais commandant des forces terrestres chargé de l’avancement et du dégagement des cadres, lorsque ce même Chadli Bendjedid, président de la République, m’ordonna de mettre ces personnels à la retraite avant terme, ce que je fis, alors que ces derniers totalisaient une vingtaine d’années de service. Ils terminèrent leur carrière dans des entreprises nationales. Chadli confond-il entre ces différentes catégories ? En ce qui me concerne, je suis de ceux qui appartiennent à la première catégorie et je ne peux qu’être fier d’avoir tourné le dos à une carrière pour servir mon pays quand il a eu besoin de ses enfants, n’en déplaise à Chadli Bendjedid et à tous ceux qui, à un moment ou à un autre, ont tenté de jeter l’anathème !
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UN RÈGLEMENT DE COMPTES
Je crois comprendre que tout ceci n’est qu’une occasion pour Chadli de solder ses comptes avec moi, entre autres. Beaucoup de journalistes objectifs l’ont compris et n’ont pas manqué de l’exprimer à travers les colonnes de leurs journaux. Je dis bien règlement de comptes car, en définitive, c’est bien de cela qu’il s’agit. Il est vrai que j’ai eu à donner mon point de vue dans mes écrits sur les périodes difficiles de notre histoire contemporaine, de 1988 à 1992. Comment pouvais-je escamoter le rôle de Chadli, lui dont la responsabilité s’étala tout au long de ces années et même au-delà. C’était pour moi un devoir, compte tenu des moments difficiles que les Algériens ont vécus durant ces années de sang, de rapporter les faits marquants avec le plus d’honnêteté et de réalisme possibles. Devais-je adopter la politique de l’autruche alors que j’étais aux premières loges ? Assurément non. En écrivant sur cette page douloureuse de notre histoire, je me devais d’apporter mon témoignage sur celui qui fut mon chef direct pendant longtemps. Je l’ai fait en mon âme et conscience et ne pouvais éviter de parler des crises sans fin ayant marqué cette période dont Chadli – qu’on le veuille ou non – est responsable pour une large part. Je l’ai fait, certes, avec un esprit critique, mais sans jamais me départir du sérieux que requiert un tel travail de mémoire et du respect dû à l’homme et à ce qu’il fut. En effet, je suis tout à fait convaincu que le déballage que croit nous servir Chadli n’a de but que de mieux diluer ses responsabilités comme il l’a, du reste, toujours su le faire. J’aurais aimé qu’il me réponde avec autant de correction que furent mes écrits à son égard. C’eût été son droit le plus absolu. Malheureusement, à court d’arguments, Chadli s’est confiné dans des propos amers et violents pleins d’emportements et d’injures. Dans son intervention à El Tarf, Chadli a cru utile d’accréditer la thèse de sa désignation par l’armée pour la succession de Boumediène. Or, à ce propos, qu’il me soit permis d’apporter le témoignage suivant : je fus approché par des officiers qui me demandèrent de tenter de convaincre Chadli d’accepter la candidature à la présidence de la République. Cela s’est passé au moment où j’assurais le commandement des forces à Tindouf. J’étais en permission à Alger. Rentré tard chez moi (23h), j’apprends que mon chef d’état-major, Slimane Bouchareb, avait demandé que fût mis à sa disposition un avion sanitaire. Ayant compris la gravité de la situation, je me mis immédiatement en route vers le ministère de la Défense, où des lignes téléphoniques spécialisées par satellite étaient disponibles à l’époque. Je tombe nez à nez avec trois compagnons en conciliabule sur le perron du mess des officiers. Je ne suis guère étonné de les voir ensemble, car il était fréquent que des officiers s’attardassent pour discuter, regarder un film ou jouer à la belote. Je leur expose le motif de ma visite et leur demande de me tenir compagnie le temps que j’aie Tindouf en ligne. Ces trois officiers sont Mostefa Beloucif, Rachid Benyellès et Ben Abbas Gheziel, tous trois vivants. Tandis que je m’éclipse pour demander ma communication téléphonique, ils décident de me mettre dans la confidence. La communication passée, je reviens auprès d’eux. Mostefa Beloucif prend alors la parole le premier et me dit : « Si Khaled, toi qui as bien connu Si Chadli du temps de la Révolution, ne pourrais-tu pas aller le voir et le persuader de se présenter comme candidat à la présidentielle. En ce moment, c’est un pas en avant, un autre en arrière », voulant dire que Chadli se montrait indécis. Je suis interloqué : « Ah bon ? Vous voyez sérieusement en Chadli le futur président de la République ? » Surpris par ma réaction, Mostefa Beloucif renchérit : « Si Khaled, nous connaissons tous si Chadli, c’est notre frère et il saura être à la hauteur le moment venu. » Ma réponse est aussi ferme que directe : « Je ne suis pas du tout convaincu, je n’irai pas le voir ! » J’ajoute : « A la rigueur, qu’il soit nommé ministre de la Défense, dans l’état actuel de notre armée, il pourrait éventuellement assurer sa cohésion. » Lorsque sa candidature fut rendue officielle par le Comité central du FLN, dont j’étais membre, mes collaborateurs, m’attendant à la descente d’avion à Tindouf, m’apostrophèrent sans ménagement : « Mais qu’avez-vous fait ? », allusion à la désignation de Chadli à la tête du pays (4). Toujours à ce propos, Chadli s’est proclamé « dauphin de Boumediène ». Voilà une nouvelle ! Jamais, connaissant fort bien tant le défunt Boumediène que Chadli, une telle option n’aurait pu être envisagée. A ma connaissance, la personne pressentie pour être portée au sommet de l’Etat était le président de la République en poste actuellement. Chadli ne se serait-il pas laissé manipuler par les défunts Kasdi Merbah et Abdelmadjid Allahoum, respectivement patron de la SM et chef du protocole de la présidence de la République, à des fins qui restent à élucider ? Seize années se sont écoulées depuis le départ de Chadli, sans que celui-ci ne daigne jamais infirmer les allégations selon lesquelles il aurait été poussé vers la porte de sortie par les militaires. Ce silence complice est la brèche à travers laquelle les partisans du « qui tue qui ? » se sont engouffrés pour semer le doute dans l’esprit des Algériens et porter le discrédit sur l’institution militaire occupée à combattre l’hydre terroriste. Pourquoi avoir attendu si longtemps pour donner la véritable version des faits ? Lui qui répète sans cesse vouer estime et respect à l’institution dont il est issu. Mais là aussi, Chadli n’en est pas à sa première escapade. Je me trouvais à Tarf – encore une fois, un hasard ? –, c’était en 1962. J’étais adjoint dans le sous-groupement commandé par Chadli, en même temps que le général à la retraite Kamel Abderrahim et le colonel Ali Boukhedir. Alors que Chadli était absent depuis deux jours, pour une raison qui nous échappe à ce jour, nous reçûmes l’ordre de l’état-major installé à Taoura, ex-Gambetta, de faire diriger deux des trois bataillons du sous-groupement vers Bou Saâda. A l’époque, personnellement, je n’avais pas vent de ce qui se tramait. Je ne saurai que par la suite que Boumediène avait décidé d’engager deux axes de pénétration, l’un à partir de l’Ouest, l’autre à partir de Bou Saâda, dans le but d’enfoncer les lignes défensives organisées par les Wilayas III et IV visant à nous interdire tout accès vers la capitale. Pour mettre à exécution les instructions ainsi reçues, nous nous mîmes à la recherche de notre chef, en vain. Les délais de mise en œuvre ayant été impartis et voyant qu’ils allaient être dépassés, je pris sur moi de commander les deux bataillons à la tête desquels se trouvaient Abdelkader Kara et Kadour Bouhrara. Je puis dire aujourd’hui, avec le recul et connaissant les pratiques de Chadli, que lui savait ce qui se préparait et a préféré se défiler devant le devoir. Ne pas vouloir affronter par les armes ses compagnons, c’est tout à son honneur. Or, il s’agissait simplement d’avoir le courage de le dire ! Pour revenir à ce qui est supposé être une réponse de Chadli à mes propos parus dans mes différents livres, je me fais un plaisir de les soumettre à l’appréciation des citoyens pour qu’ils puissent juger d’eux-mêmes si ceux-ci méritent qu’on oppose l’injure et la diffamation à la critique et au débat. Extraits. « Les quelques membres rescapés d’un Conseil de la Révolution réduit à sa plus simple expres​sion(la plupart étant d’ailleurs chefs de Région militaire), contrôlés et chaperonnés par une sécurité au zénith de sa puissance, avaient mis devant le fait accompli l’ensemble du corps des officiers en acceptant que Chadli Bendjedid devienne le coordonnateur de l’armée. Dès lors, le système étant ce qu’il était, Bendjedid se trouvait à la verticale du fauteuil présidentiel. Seuls quelques officiers lui étaient favorables. Pour toutes les autorités civiles, Chadli est adoubé par l’ANP, il deviendra donc sans coup férir, président de la République. Chadli, au lieu de s’entourer de vraies compétences en mesure de l’aider avec efficacité dans sa tâche, ouvrit toutes grandes les portes de la médiocrité et de l’irresponsabilité. La parentèle arrogante et corrompue transforma la présidence d’abord en cour puis en sérail. Les décisions qui engageaient le pays étaient prises dans des cercles étroits en fonction d’intérêts claniques plutôt qu’au bénéfice du pays. Il plaça des personnes réputées fidèles à sa personne aux plus hauts postes de responsabilité de l’Etat, sans égards pour leurs aptitudes à gérer. L’échec est dû au refus du système politique d’affronter les pesanteurs inhérentes à la société. Le FLN de la guerre de Libération nationale, en phase avec la population, n’existait plus. Celui dont Chadli Bendjedid espérait faire le moteur du renouveau et de la libéralisation s’était bureaucratisé et sclérosé. Les organisations de masse sur lesquelles le régime prétendait fonder son assise sociale étaient le refuge des opportunistes et des candidats à la prébende. La quiétude de la rue devait déboucher un jour ou l’autre sur des explosions incontrôlées. Les premières émeutes (Constantine) qui ont marqué le début de la décennie n’ont pas été analysées à leur juste signification. Et personne ne dira au Président que le temps pressait. Soudain, nous fûmes surpris par les événements du 5 Octobre. Au lieu de les prévoir, le Président, surpris aussi, donna de l’armée pour réparer ses errements et c’est ainsi que nous fûmes chargés de la sale besogne.

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1988 à 1992, la montée des périls
« Des calculs étroits de pouvoir donnèrent à la mouvance islamiste, y compris à ceux qui parlaient ouvertement de guerre sainte, le loisir de prospérer en toute sécurité. Le souci de trouver un contrepoids au mouvement berbériste et au PAGS (parti de l’avant-garde socialiste) accusés d’être à l’origine des troubles, amènera les conseillers de Chadli Bendjedid à préconiser une alliance de fait avec les fondamentalistes (certains responsables du FLN y seront pour beaucoup). Le général Mejdoub Lakhal Ayat me disait à l’époque : ’’Ils sont en train de combattre les berbéristes, mais le mal viendra des islamistes radicaux car ils se préparent à la violence.’’ L’envoi de centaines de jeunes en Afghanistan pour prendre part au djihad bénéficia de la complicité des autorités. Les errements idéologiques constituèrent des lignes de force qui ont engendré la crise, d’où l’échec à construire un Etat fort, la ruine économique et le refus des gouvernants d’assumer leurs responsabilités et de se retirer avant qu’il ne soit trop tard. Personne ne se rendait compte, ni au sein du parti ni à la présidence, de la lente et efficace mainmise des intégristes sur des pans entiers de la société. Ils étaient aidés en cela par le phénomène de la clochardisation. Alger était devenue un conglomérat de bidonvilles. Le chômage qui frappe de plein fouet une partie de la population, notamment les jeunes, fut jetée pieds et poings liés dans les bras des intégristes. Chadli Bendjedid ne disposait que de la constitution. La disparition du socle social qui permettait au système de durer et de prospérer, la cassure du FLN, la débandade de la plupart des organisations de masse et les compromissions ne permettaient à Chadli, pour plaire à ses futurs partenaires, de ne donner que sa propre personne, voulant malgré cet état des lieux rester au pouvoir et cohabiter avec le FIS. Après le premier tour des élections remportées par ce même FIS, il préféra se retirer, laissant le soin à l’armée de faire face aux périls. »
N. B. Les intertitres sont de la rédaction
Par Khaled Nezzar
EL-WATAN
le 04/12/2008
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