Les scientologues ont-ils séduit Hassan II ?
« Un des pays majeurs que nous avons perdus fut le Maroc ", déclara Elena Lorell, disciple de l'Eglise de Scientologie au début des années 80. Selon des documents officiels déclassifiés émanant de services de renseignements étrangers et des témoignages d'anciens scientologues, le gourou de la secte américaine, L.Ron Hubbard, convoitait le pays, perçu comme amical. En 1967, il entame une odyssée le long de la côte atlantique marocaine avec sa marine privée (la Sea Org) à bord de l'Apollo. Il tente d'infiltrer l'administration royale en 1972 et réussit à rencontrer Oufkir, par l'intermédiaire du colonel Allam, lors d'une soirée. Il lui proposera l'utilisation de l'électromètre, outil-miracle censé démasquer les félons au roi… Gary Armstrong, un des logisticiens de l'Apollo affirme : " Tout ce dont je suis certain, c'est qu'il y a eu, à un moment donné, un contact direct avec Hassan II ". Qui manipule qui ? Il apparaît que l'entourage de Hubbard aurait été infiltré par des agents de la CIA pour suivre et peut-être jouer un rôle dans les coups d'Etat. Un mémorandum daté du 13 juillet 2003, adressé à la Maison-Blanche par une obscure organisation réputée proche de l'Eglise de Scientologie, reprend une ample rumeur accusant la CIA d'avoir appuyé Oufkir dans son putsch et manipulé Hubbard. Hassan II a-t-il été victime de tentatives d'assassinat de l'Agence en tant qu'allié devenu encombrant ? Les commissions d'enquête (Rockfeller et Church) du Congrès US sur le rôle de la CIA dans les renversements de nombreux régimes dans les années 70 n'ont pas pu statuer sur ce qui se serait passé au Maroc.
Que doit Chirac à Hassan II ?
Majesté, je dois beaucoup à votre père et, si vous le souhaitez, tout ce qu'il m'a donné, je m'efforcerai de vous le rendre ", les propos sont de Jacques Chirac à Mohammed VI un certain 25 juillet 1999, jour de l'enterrement de Hassan II. Mais que doit donc Chirac à Hassan II au point de faire une promesse aussi solennelle ? La réponse donnée par le président français lors d'un colloque à la mémoire de Hassan II, peu après la disparition du roi, ne convainc pas grand-monde : " Je dois (à Hassan II) une sorte d'initiation aux complexités et aux valeurs du monde arabe et musulman. Je lui dois des analyses visionnaires sur les drames mais aussi sur les chances de paix au Proche-Orient. Je lui dois une plus claire conscience des enjeux internationaux, du rôle de l'Europe en Méditerranée mais aussi ce que le monde attend de la France ". Cette réponse se trouve, entre autres, dans le livre de Jean-Pierre Tuquoi " Majesté je dois beaucoup à votre père " sorti en 2006. Le journaliste du Monde a dévoilé les relations presque familiales entre la nomenklatura française et les élites de Hassan II. Des rumeurs persistantes veulent que le monarque marocain ait été l'un des plus généreux donateurs de Jacques Chirac (avec le président gabonais Omar Bongo) pour ses campagnes RPR. "Des valises bourrées de billets de banque auraient fait le trajet Rabat-Paris lorsqu'approchait une échéance électorale capitale pour le grand Jacques ", peut-on lire dans le livre de Tuquoi. Beaucoup de bruit mais pas le moindre indice ; des soupçons mais rien d'avéré.Un autre habitué des arcanes du palais royal, un Français, Raymond Sassia, est convaincu que Driss Basri, suivant les instructions de Hassan II, a été le "porteur de valises" du roi et qu'il a alimenté Jacques Chirac. Le train de vie fastueux que mène le couple Chirac à chacun de ses déplacements, les factures de la Gazelle d'Or de Taroudant, seraient également financés par le contribuable marocain. Mais s'il est un sujet dont on ne parle jamais, ce sont bien les " Château(x) Chirac ", c'est-à-dire ces résidences de luxe qu'on prête à Jacques et Bernadette en terre chérifienne et où il ne mettent quasiment pas les pieds. Mais difficile de démêler le vrai du faux.
Abdelkrim voulait-il une « république du Rif » ?
Une République au sein de notre vieux royaume chérifien. Voilà le pari que s'était lancé l'un des Marocains les plus charismatiques de notre Histoire, Mohamed Ben Abdelkrim El Khattabi. On l'ignore trop souvent mais le Maroc, à travers l'action du grand leader rifain, a indirectement initié plusieurs des mouvements nationalistes du XXème siècle. La cause ? La fondation, en janvier 1923, de la République du Rif. Cette initiative, audacieuse en pleine ère coloniale, est la principale conséquence de la victoire rifaine d'Anoual contre les troupes espagnoles, en juillet 1921. L'indépendance territoriale du Rif acquise, Abdelkrim concrétisa son souhait de fédérer l'ensemble des tribus rifaines au sein d'un même Etat. L'expérience dura plus de trois ans. Dirigée par Abdelkrim ainsi que par plusieurs membres de sa famille, la République du Rif avait une capitale (Ajdir), des institutions, une armée, une monnaie, un drapeau et surtout un territoire acquis grâce à une victoire prestigieuse et historique. Proclamant sa modernité et son attachement à l'Islam, la République d'Abdelkrim était une menace pour les puissances occidentales colonisatrices, parmi lesquelles la France et l'Espagne, mais aussi pour le Makhzen, inquiet de voir son autorité sérieusement remise en cause sur le sol marocain. Les autorités françaises ont donc convenu d'une action commune avec l'Espagne pour éliminer la résistance rifaine. La capitulation d'Abdelkrim El Khattabi, le 27 mai 1926, signifia la fin de la République du Rif.
Que faisait Hassan II au « Club Safari » ?
A l'image de l'opération Condor, qui a vu au début des années 70 les régimes tyranniques d'Amérique Latine oublier leurs conflits et s'unir pour éliminer leurs opposants respectifs, l'Administration américaine a décidé de cloner le même modèle en Afrique du Nord et au Moyen-Orient avec le " Club Safari ". Ce club formé durant l'ère Carter regroupait le comte Alexandre de Marenches, chef des services secrets français à l'étranger, le président égyptien Anouar Sadate, le chah d'Iran, Kamal Adham, chef des services saoudiens du roi Fayçal et…le roi Hassan II. Ce cercle allait être dissous après que le journaliste égyptien Mohamed Hassanine Haykal en révéla l'existence. Le défunt monarque aurait même été derrière l'idée de la création de ce réseau. Les dernières études du journaliste John K. Cooley publiées sous le titre " CIA et Jihad, 1950-2001 " dévoilent qu'en 1977, le " Club Safari" favorisa la visite de Sadate à Jérusalem. Et que c'est bien le roi Hassan II qui organisa une première rencontre secrète entre le général israélien Moshé Dayan et le Vice-Premier ministre égyptien, chargé des services secrets. Toujours dans le cadre des activités du " Club Safari ".
Qui a poussé les juifs à l'exil ?
La communauté juive marocaine compte aujourd'hui environ 4.000 membres. Avant 1948, elle en comptait 70 fois plus, soit environ 270.000 personnes. Comment est-on arrivé à la quasi-disparition de la plus importante communauté juive du Maghreb ? Les différents observateurs se contredisent sur certains points mais se rejoignent sur d'autres. Pour Simon Lévy, directeur du Musée du Judaïsme marocain (Casablanca), il y a eu 3 vagues d'émigration. La première eut lieu en 1948 avec la création de l'Etat d'Israël et s'étale jusqu'en 1956, pour des raisons essentiellement économiques. Aux yeux de l'Agence Juive Internationale, les juifs marocains constituaient un « réservoir de main-d'œuvre bon marché ». Mais pour Robert Assaraf, qui a occupé d'importantes fonctions publiques et privées au Maroc, et Serge Berdugo, président de la communauté israélite marocaine, la véritable raison est religieuse et idéologique : il s'agissait, pour les juifs marocains, de rejoindre ce qu'ils considéraient comme leur vraie patrie. Ils émigrent alors massivement, dans la clandestinité, grâce aux efforts conjugués du Mossad dès 1947, secondé par l'Agence Juive en 1949 et la Hebrew immigration assistance society, tout cela sous l'interdiction officielle d'émigrer des autorités coloniales. cent mille personnes ont,à cette époque, déjà pris le départ. Entre 1956 et 1961, les organisations sionistes sont alors interdites après avoir été tolérées. En 1961, Hassan II commence à régner et Oufkir, alors ministre de l'Intérieur, aurait signé des passeports collectifs, après une transaction de 500.000 dollars en espèces entre des intermédiaires et un prix fixé à 25 dollars par émigrant autorisé à quitter le pays, tout cela négocié avec le Mossad. C'est la thèse défendue par Agnès Bensimon dans son ouvrage « Hassan II et les juifs, Histoire d'une émigration secrète ». S'ensuivront, d'après l'auteure, de fructueuses relations entre le général et l'organisation israélienne.
Que cache l'affaire Tabit ?
Qui ne se souvient de l'affaire Tabit, feuilleton judiciaire de l'année 1993 ? L'ex-commissaire Mustapha Mohamed Tabit avait été exécuté le 5 septembre, sept mois après sa condamnation à mort, pour "attentat à la pudeur, défloration, viol avec violence, rapt et séquestration d'une femme mariée, actes de barbarie, incitation à la débauche entre autres". Pendant des années, Mustapha Tabit a violé des femmes dans une garçonnière située à Casablanca. Un lieu où elles se rendaient par la force et où de surcroît elles étaient filmées durant les exactions. Ce qui a été le plus grand scandale des années 90 ne défraye plus la chronique aujourd'hui mais soulève toujours des interrogations sur l'implication supposée de hautes personnalités du monde politico-judiciaire. Car l'ancien commissaire des Renseignements généraux était un homme très puissant à Casablanca. Ses relations étaient nombreuses et surtout haut placées. La disparition de deux des cassettes vidéo de l'affaire n'avait fait qu'alimenter la thèse selon laquelle l'affaire Tabit n'aurait été qu'un prétexte pour dissimuler d'autres affaires plus critiques. Le scandale a d'ailleurs été très suivi par l'opinion publique marocaine, stupéfaite de découvrir de quoi étaient capables certains serviteurs de l'Etat. Si le cas Tabit a été traité sans aucune pudeur par les médias, il a très vite été éclipsé par la justice, laquelle a discrètement classé le dossier juste après que le commissaire a été exécuté.