1ére partie
Dossier. Mensonges d’etat
Certains sont involontaires (Mohammed VI pensait vraiment qu’il y avait du pétrole à Talsint), d’autres "justifiés" par des considérations militaro- diplomatiques (même si elle se trouve en Mauritanie, Lagouira reste "officiellement" une ville marocaine)… mais la plupart sont délibérés, sciemment destinés à duper les Marocains. TelQuel liste les 10 plus gros mensonges du royaume, et rétablit la vérité.
"18 novembre : Fête de l’indépendance"
(Calendrier officiel du royaume du Maroc)
Le contexte. Nous sommes au tout début de l’ère Hassan II (commencée en 1961) et l’Istiqlal, principal artisan de l’indépendance, décrochée quelques années plus tôt, continue à "déifier" Mohammed V, à peine décédé – peut-être pour faire pièce à son fils, qui sait… La stratégie s’était déjà révélée payante pour faire pression sur les Français, en mobilisant la ferveur populaire pendant l’exil du sultan. Une fois Mohammed V de retour, puis mort, l’Istiqlal continue à l’encenser, croyant capitaliser sur un "symbole" sans danger pour le partage démocratique du pouvoir. A tort.
Le mensonge. Le 18 novembre 1955, Mohammed V "le libérateur" a déclaré l’indépendance du Maroc, après l’avoir "signée" avec le président du Conseil français Antoine Pinay. C’est ce que dit l’histoire officielle du royaume, c’est ce que réaffirme Le Matin chaque année. La vérité. La date du 18 novembre est en fait celle de… l’intronisation de Mohammed V, en 1927 ! Le même jour, en 1955, soit deux jours après son retour d’exil, Mohammed V a profité de la commémoration de son avènement pour délivrer un discours historique, annonçant des négociations "irréversibles" avec la France en vue de mettre fin au protectorat. Mais ces négociations avaient été entamées plusieurs mois plus tôt à Aix les Bains, par les nationalistes de l’Istiqlal, alors que Mohammed V était toujours en exil. Et elles se sont achevées par l’abrogation du protectorat le 2 mars 1956. La voilà, la vraie date de l’indépendance du Maroc, arrachée par un collectif de nationalistes. C’est Hassan II, en accord avec l’Istiqlal, qui a décidé de la fixer frauduleusement au 18 novembre de chaque année.
Et depuis… Rien de nouveau. Le 18 novembre marque toujours, officiellement, la date de notre indépendance, "déclarée par Mohammed V". En perpétuant ce mensonge, la monarchie cherche à affirmer qu’elle seule a lutté pour l’indépendance, et nie les sacrifices de générations de militants (les Zerktouni, Ziraoui, etc.) Un aggiornamento de l’histoire officielle est plus que jamais nécessaire.
"Nous nous réjouissons d'annoncer la découverte de pétrole et de gaz dans la région de Talsint"
Mohammed VI, dans son discours du 20 août 2000.
Le contexte. Eté 1999. Dans l’euphorie de l’après-Hassan II, le gouvernement Youssoufi prépare un nouveau Code des hydrocarbures, concédant abattements fiscaux et mesures incitatives aux grandes compagnies pétrolières qui souhaitent s’implanter dans le royaume. Quelques mois plus tard, Lone Star Energy, petite société pétrolière maroco-texane, décroche (haut la main) une autorisation de reconnaissance sur cinq zones précises au Maroc, en offshore et onshore. Dans le tour de table, on note la présence de proches de la famille royale.
Le mensonge. Du pétrole qui coule à flots à Talsint (vers Errachidia, dans le sud-est du pays)! L’euphorie gagne les foyers au moment du discours royal annonçant la découverte de gisements de gaz et de pétrole. Au revoir la dépendance énergétique, bonjour les pétrodirhams. "Le Maroc dispose désormais de 25 à 30 ans de réserves pétrolières (12 à 15 milliards de barils)", annonce le ministre de l’Energie de l’époque, le malheureux Youssef Tahiri. De quoi faire la nique au voisin algérien. Et rassurer sur "le décollage économique et le développement social", dixit Mohammed VI.
La vérité. Le roi n’avait aucun intérêt à déclarer que l’or noir jaillirait de Talsint s’il n’en était pas lui-même convaincu. Il s’est donc trompé… En revanche, et au vu de la méthode employée (un seul et unique forage), il était aussi prématuré que hasardeux de parler d’existence de ressources pétrolières "en quantités abondantes", comme cela a été précipitamment annoncé. Reste la question essentielle : le royaume dispose-t-il de ressources pétrolières ? Oui, étant donné l’existence au Maroc de plusieurs bassins sédimentaires. Et puis, il n’y a aucune raison objective pour que le Maroc constitue une exception en Afrique du Nord : la Libye, la Tunisie dans une moindre mesure, l’Algérie et la Mauritanie, sont des pays producteurs de pétrole. Pourquoi pas nous, un jour ?
Et depuis… En 2003, une certaine Amina Benkhadra (qui deviendra ministre de l’Energie en 2007) est nommée à la tête de l’Office national des hydrocarbures, fraîchement créé par dahir royal. Objectif ? Mettre en place une stratégie pour inciter des Majors (Total, Mobil, Shell, Energycorp) à prospecter dans le sous-sol marocain. Depuis, la recherche et le rêve pétroliers continuent, en plus discret…