Merci pour cette photo historique qui représente la coexistence des algéro-marocains à Oujda.
Sache mon ami que l'équipe de foot M C Oujda était composée de six joueurs algériens natifs de cette ville aprés l'independance .
Un billet sur la souffrance des familles mixtes:
Seuls trois kilomètres séparent les deux villes : Ahfir la marocaine et Bou Kanoune l’algérienne. Pourtant, Zineb, Algérienne née au Maroc se doit
d’effectuer plus de 2500 kilomètres au lieu de 3 pour se rendre dans cette ville où habite l’ensemble de sa famille : mère, frères et sœurs…
Sur les 18.000 immatriculés au Maroc, 6.000 Algériens (la majorité sont des femmes) résident dans la région comprise entre Taza, Oujda, Al-Hoceima et Errachidiya.
A Berkane, Oujda, Ahfir et Béni Drar, de nombreuses familles algériennes sont profondément installées depuis plusieurs décennies.
La plupart sont nés au Maroc. Marocains et Algériens cohabitent parfaitement et rien ne saurait les différencier si ce n’est les cartes de séjour détenues par ces derniers.
Chaque ville du Royaume est représentée par un chef d’îlot chargé de la gestion des affaires administratives (lors d’élections par exemple) ou sociales (distribution d’aides du gouvernement algérien : bourses d’études, fournitures scolaires, couvertures pour les plus nécessiteux). Les enfants, quant à eux, poursuivent leur scolarité normalement.
A part la fonction publique, toutes les autres voies professionnelles leur sont ouvertes grâce à des conventions signées par les deux pays.
Devant des frontières terrestres fermées depuis 1994, les familles ont deux choix pour se rendre en Algérie : aller à Casablanca et prendre un avion ou emprunter une voie moins légale en franchissant clandestinement les frontières.
Pour ceux qui habitent dans l’Oriental, c’est en car, en train, ou en avion que commence le voyage jusqu’à la capitale économique.
De là, un avion les relie à la capitale algérienne. A partir d’Alger, c’est en car qu’ils prendront la direction du Maroc, en passant par Oran, pour arriver à Bou Kanoune, à 3 km de la frontière.
En tout, ce périple aura coûté quelque 6000 dirhams : «Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué », nous dira-t-on ironiquement.
D’autres, ceux qui « osent », ceux qui, surtout, n’ont pas les moyens de débourser une telle somme, préfèrent prendre le chemin « naturel » mais illégal : enjamber l’oued qui fait office de frontière.
Pour ceux qui ont emprunté ce chemin et qui ont voulu se confier, ce trajet reste inoubliable tant ils ont été marqués. C’est tôt le matin que le rendez-vous est donné devant l’oued, près de la petite ville d’Ahfir, Beni Drar ou Oujda.
Des passeurs des deux côtés, préalablement payés, les aident à passer sans être inquiétés. L’on comprend très vite qu’un réseau existe bel et bien.
Arrivés de l’autre côté en quelques minutes, en terre algérienne, chacun se débrouille à sa manière «De toutes les manières, nous sommes Algériens et personne ne peut nous inquiéter », nous avancera-t-on.
Cela paraît être simple mais c’est sans compter les risques de se faire arrêter par des garde-frontières, le stress du passage.
Financièrement, 3000 Dinars (soit 300 Dirhams) auront été déboursés pour le passage de « la route de l’Unité» (c’est ainsi qu’est baptisé ce chemin), une route qui essaie bon gré mal gré d’unir des familles séparées par la force des choses.
Parfois, la vie force les frontières…. A plusieurs reprises, l’on nous a parlé de cortèges nuptiaux franchissant la frontière avec mariée en robe blanche, plateaux garnis de pâtisserie….
Ce que nous avons pu relever chez les Algériens que nous avons rencontrés, c’est un sentiment d’amertume et d’impuissance devant une situation où des considérations politiques entre deux pays voisins influent sur les relations familiales.
D’ailleurs, chaque rencontre entre les diplomates marocain et algérien est perçue comme une lueur d’espoir. L’on décortique les déclarations officielles.
Tel mouvement au niveau de la frontière, tel discours sont accompagnés de commentaires «C’est sûr, d’ici un mois, la frontière sera ouverte» ou «Avec ce qui vient d’être dit, il vaut mieux oublier ! ».
Il n’est pas rare de rencontrer, sur la route qui longe la frontière et qui mène à Saïdia, des membres d’une même famille séparés par un oued qui, s’étant donné préalablement rendez-vous, se parlent à tue-tête, se photographient ou se filment faute de pouvoir s’embrasser…
D’autres « représentants » algériens sont à compter dans l’Oriental : les produits de contrebande. Tout visiteur de la ville d’Oujda s’en rendra compte. En quelques années, des quartiers entiers se sont littéralement métamorphosés en vitrine commerciale algérienne.
Le souk Oujda, autrefois baptisé Souk Oran, est un exemple flagrant. Les échoppes alignées proposent exclusivement des produits venus tout droit de l’Algérie. Des produits qui font fureur puisqu’ils trouvent preneur. En cette période de fin de Ramadan, ce sont les vêtements à petits prix qui ont la côte, entre 30 et 40 dirhams l’unité.
A Béni Drar, à 20 km d’Oujda, sur la route menant à Berkane, c’est une ville marocaine entièrement made in Algeria qu’il faut traverser. On y trouve de tout : du jus d’orange au tapis, de l’électroménager aux produits laitiers.
Le comble : la plupart des restaurants marocains se procurent pains, viandes et boissons de l’autre côté de la frontière. Le succès de ces produits est dû essentiellement aux petits prix proposés.
Le carburant est également algérien. L’avantage : il est payé par nos compatriotes de l’Oriental à moitié prix par rapport au reste du Royaume. Côté qualité, les acheteurs ne se posent pas vraiment de questions «Au moins, les pauvres peuvent s’acheter du neuf» est l’argument avancé.
Seulement, si le problème qualité ne se pose guère de manière patente pour des chaussures, c’est autre chose pour les produits frais. Ne parlez surtout pas de « chaîne du froid », l’on vous rira au nez !
C’est tout bonnement à dos d’âne par des températures frôlant parfois les 40° degrés que les yoghourts et autres produits laitiers franchissent la frontière pour arriver sur les tables marocaines. Je vous laisse imaginer l’état du produit en fin de course.
Pourtant, l’on a constaté que nos compatriotes n’hésitent point à s’en procurer. A côté des considérations qualitatives et sanitaires, c’est sûrement l’économie de la région qui est la plus touchée.
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