La seul question qui reste est la suivante faut-il se soumettre aux chretiens ou à Moulay Abderhmane .Vous pouvez choisir ce qui vous parait le plus convenable .
Quand à moi mon choix est fait.Je préfère capituler devant l'ennemi que j'ai combattu et à qui j'ai infligé bien des défaites , plutot qu'à un musulman qui m'a trahi .
Je reclamerai de me rendre en terre Musulmane , avec ma famille , et ceux d'entre vous qui voudraient me suivre. Emir Abdelkader
Ainsi, à la veille de la conquête française, les Béni Amer ne se distinguent plus guère des autres tribus raïa d'Oranie. On les tient pour «bien dégénérés de leur ancienne bravoure» (69'. En revanche, ils jouissent d'une réputation de cultivateurs avertis.
Quelle va être leur attitude lorsqu'Oran passe sous notre contrôle ? Vont-ils retrouver la tradition du makhzen espagnol ? Il n'en sera rien, et cela pour deux raisons. D'abord, le rôle de makhzen est pris par les Douairs et les Smela qui ne demandent qu'à passer à notre service. Ensuite l'encadrement derkaoua leur interdit toute alliance avec les Chrétiens. Les Béni Amer vont donc adopter une attitude assez déroutante, qui ne peut s'expliquer que par leur appartenance confrérique.
Quand le pouvoir turc s'effondre en Oranie, les regards se tournent vers les chefs derkaoua qui ont été ses plus farouches adversaires. Des notables des confédérations voisines (Flitta, Harrar, Hachem) vinrent trouver leur Cheikh, Si Mohammed ben Brahim, qui résidait chez les Hazedj, près de l'Oued el Abd, et lui demandèrent de se mettre à leur tête. Mais Si Mohammed, fidèle à la doctrine, refusa de se substituer aux autorités terrestres *70'. Il n'en fallait pas plus aux Béni Amer pour refuser de participer à la proclamation d'Abd el Kader dans la plaine d'Eghris, d'autant que ce dernier était un Hachem. Ils ne se rallièrent à lui que contraints et forcés l'année suivante (1833) et lorsque fut signé le traité Desmichels qui ramenait la paix en Oranie, ils prétendirent recouvrer leur indépendance et refusèrent de payer l'achour à l'émir *71). Ce dernier, avant de lancer contre eux le makhzen des Douairs qui avait dû, à contre-cœur, passer à son service, réussit à faire revenir les Béni Amer sur leur décision. Mais les Douairs, emportés par l'habitude acquise du temps des Turcs, avaient déjà commencé de razzier ces raïa. Abd el Kader les obligea à restituer leurs prises et cet incident fut un des motifs de la défection des Douairs survenue peu après. Les Béni Amer allaient, sans enthousiasme, suivre dès lors la fortune de l'émir. Ce dernier d'ailleurs les ménagea, respectant leur personnalité et reconstituant pour eux l'ancienne confédération scindée en deux par les Turcs, sous l'appellation d'Aghalik des Béni Amer. Il comprenait les tribus suivantes : Ouled Slimane; Ouled Brahim, flanqués de deux tribus maraboutiques : Ouled Sidi Khaled et Ouled Sidi Bouzid; Ouled Sidi Ali ben Youb; Douï Aïssa; Ouled Mimoun; Mahimat; Ouled Sidi Abdelli, flanqués d'une fraction maraboutique d'Ouled Sidi Ahmed Youssef; Ouled Khalfa; Ouled Djebarra; Ouled Sidi Messaoud; Ouled Rou Amer; Ouled Abdallah; Ouled Zaer; Haze^j; Ouled Sidi Machou; Djeza: Ouled Sidi Ghalem; Ouled Ali; M aida; Cheurfa Guetarnia. Relevaient également de cet Aghalik, les Hassasna, implantés par Mohammed el Kebir et assimilés depuis, et une fraction des El An nouât, installé' par le khalifa d'Abd el Kader, Bou Hamedi.
L'ensemble, mais ces chiffres sont très sujets à caution t'2', aurait représenté dans les 7 400 tentes, fournissant 5 200 cavaliers et 4 400 fantassins, le caractère maraboutique de bon nombre de fractions diminuant sérieusement leur potentiel militaire. La tribu la plus importante était celle des Hazedj (1 400 tentes), suivie des Ouled Zaer (900), des Ouled Khalfa (800), des Ouled Slimane (700) et des Ouled Brahim (500). L'alliance avec Abd el Kader se révéla d'abord bénéfique. Les Béni Amer réoccupèrent une partie de la M'Ieta sur les Douairs qui les en avaient évincés au siècle précédent. Les opérations des deux premières années épargnèrent leur territoire et le succès de la Macta (1835) ralliait à l'émir les Ouled Abdallah qui s'étaient montrés les plus réticents *73>. La première campagne de Bugeaud (1836-37) allait tout remettre en question. Ayant battu Abd el Kader sur Tisser, ravitaillé Tlemcen, il traversa la plaine de la Mekerra brûlant tout sur son passage jusqu'à Mascara. Aussitôt les Ouled Ali firent soumission pour éviter pareil traitement. Soumission d'ailleurs sans conséquence puisque le traité de la Tafna (1837) devait exclure le Tessala de la zone française. Mais les razzias systématiques entreprises à compter d'octobre 1840 par Lamoricière, à la limite de la zone contrôlée par Oran, touchèrent en premier lieu les Béni Amer limitrophes. Les Ouled Ali furent deux fois sévèrement pillés. Les Ouled Khalfa perdirent peu après plus d'un millier de bêtes *74'. Aussi, les Béni Amer que Daumas tenait en 1839 pour sincèrement ralliés à l'émir ne tardèrent pas à remettre en cause leur option politique. Abd el Kader, à qui rien ne les attachait puisqu'il était Hachem et Qadryia, ne leur apportait désormais que des désagréments. Il convenait donc d'abandonner son camp. Mais il n'était pas question pour autant de se rallier au Français. Par un réflexe normal, c'est à la Derkaouyia que les Béni Amer se raccrochent et, en 1841, ils se regroupent derrière un compétiteur derkaoua, Mohammed ben Abdallah, le futur cherif d'Ouargla des années 1849, qui tente alors de se dresser contre l'émir. Ce dernier réagit promptement. Il fait enlever les principaux chefs de la confédération et les expédie à Oujda, dont le caïd, inquiet de nos rassemblements de troupe, s'empresse de les remettre en liberté. La soumission des Béni Amer à la France eut lieu peu après, à la fin de l'année 1842. Seules quelques tentes des Ouled Zaer accompagnèrent Abd el Kader sur les confins marocains. Elles revinrent peu après, désabusées et ruinées. Ce précédent évita peut-être à la tribu de participer massivement à l'émigration de 1845 G».
Passés sous contrôle français, les Béni Amer allaient être scindés en deux groupements, l'administration française ayant le même réflexe que l'administration turque face à cette trop importante confédération. Les Béni Amer Cheraga, reconstitués, furent rattachés à la subdivision d'Oran, tandis que les Gheraba dépendirent de celle de Tlemcen.
Les premiers recensements (1843-44) firent apparaître une diminution sensible du nombre des tentes, près d'un tiers, par rapport aux chiffres de 1839. Etant donné le rôle modeste joué par les Béni Amer dans la lutte contre les Français, il faut admettre que la différence est en partie due à une surévaluation antérieure, facilement explicable puisque nous ne contrôlions pas directement, à cette époque, la confédération et que la statistique fut le résultat de renseignements de seconde main.
Les Béni Amer subirent avec réticence notre domination, d'autant qu'ils retrouvaient à nos côtés le makhzen des Douairs, comme au temps des Turcs. Mais ils conservaient également leur défiance envers Abd el Kader. Lorsque celui-ci, en septembre 1843, s'approche de leur territoire, ils font le coup de feu. En représailles, l'émir effectuera, quelques semaines après, une fructueuse razzia sur les Ouled Slimane. Ce qui n'empêche pas, l'année suivante, certaines fractions de passer au Maroc (76'.
En réalité, leur attitude est toujours motivée par leur appartenance à la Derkaouyia. C'est sous sa bannière qu'ils veulent reprendre le combat. Or, les circonstances font
(75) A.O.M., 50 JJ 20 — Lettre du Commandant supérieur de la Province d'Oran au Commandant de Tlemcen.
(76) Pellissier de Reynaud (E.), op. cit., t. Ill, pp. 83 et 114, A.O.M., 2 EE 4, Lettre de Bugeaud au Ministre de la Guerre, du 14 avril 1844.
(71) Pellissier de Reynaud (E.), Annales algériennes. Alger, Bastide, 1854, 3 vol., t.l, p. 374.
(72) Tableaux..., op. cit.,
(72) Tableaux..., op. cit., 1839, p. 295.
(73) Pellissier de Reynaux [E.),op. cit., t. Il, p. 91.
(74) Yver (G.), Correspondance du Maréchal Valée, t. V, p. 120, in Documents inédits sur l'Histoire de l'Algérie. Pans, Larose, 1957.
(68) A.O.M. 10 H 53, op. cit.. Notice concernant les Ou led Brahim. Pour le statut du sol, voir 2 N 77 (Oran), rapport du Conseiller du Gouvernement, 30.8.1865.
(69) Tableaux des Etablissements français dans la Régence d'Alger. 1839, Paris, Imprimerie Royale, p. 293.
(70) Rmn (L.)# Marabouts et Khouan. Alger, Jourdan, 1884, p. 237.
Quand à moi mon choix est fait.Je préfère capituler devant l'ennemi que j'ai combattu et à qui j'ai infligé bien des défaites , plutot qu'à un musulman qui m'a trahi .
Je reclamerai de me rendre en terre Musulmane , avec ma famille , et ceux d'entre vous qui voudraient me suivre. Emir Abdelkader
Ainsi, à la veille de la conquête française, les Béni Amer ne se distinguent plus guère des autres tribus raïa d'Oranie. On les tient pour «bien dégénérés de leur ancienne bravoure» (69'. En revanche, ils jouissent d'une réputation de cultivateurs avertis.
Quelle va être leur attitude lorsqu'Oran passe sous notre contrôle ? Vont-ils retrouver la tradition du makhzen espagnol ? Il n'en sera rien, et cela pour deux raisons. D'abord, le rôle de makhzen est pris par les Douairs et les Smela qui ne demandent qu'à passer à notre service. Ensuite l'encadrement derkaoua leur interdit toute alliance avec les Chrétiens. Les Béni Amer vont donc adopter une attitude assez déroutante, qui ne peut s'expliquer que par leur appartenance confrérique.
Quand le pouvoir turc s'effondre en Oranie, les regards se tournent vers les chefs derkaoua qui ont été ses plus farouches adversaires. Des notables des confédérations voisines (Flitta, Harrar, Hachem) vinrent trouver leur Cheikh, Si Mohammed ben Brahim, qui résidait chez les Hazedj, près de l'Oued el Abd, et lui demandèrent de se mettre à leur tête. Mais Si Mohammed, fidèle à la doctrine, refusa de se substituer aux autorités terrestres *70'. Il n'en fallait pas plus aux Béni Amer pour refuser de participer à la proclamation d'Abd el Kader dans la plaine d'Eghris, d'autant que ce dernier était un Hachem. Ils ne se rallièrent à lui que contraints et forcés l'année suivante (1833) et lorsque fut signé le traité Desmichels qui ramenait la paix en Oranie, ils prétendirent recouvrer leur indépendance et refusèrent de payer l'achour à l'émir *71). Ce dernier, avant de lancer contre eux le makhzen des Douairs qui avait dû, à contre-cœur, passer à son service, réussit à faire revenir les Béni Amer sur leur décision. Mais les Douairs, emportés par l'habitude acquise du temps des Turcs, avaient déjà commencé de razzier ces raïa. Abd el Kader les obligea à restituer leurs prises et cet incident fut un des motifs de la défection des Douairs survenue peu après. Les Béni Amer allaient, sans enthousiasme, suivre dès lors la fortune de l'émir. Ce dernier d'ailleurs les ménagea, respectant leur personnalité et reconstituant pour eux l'ancienne confédération scindée en deux par les Turcs, sous l'appellation d'Aghalik des Béni Amer. Il comprenait les tribus suivantes : Ouled Slimane; Ouled Brahim, flanqués de deux tribus maraboutiques : Ouled Sidi Khaled et Ouled Sidi Bouzid; Ouled Sidi Ali ben Youb; Douï Aïssa; Ouled Mimoun; Mahimat; Ouled Sidi Abdelli, flanqués d'une fraction maraboutique d'Ouled Sidi Ahmed Youssef; Ouled Khalfa; Ouled Djebarra; Ouled Sidi Messaoud; Ouled Rou Amer; Ouled Abdallah; Ouled Zaer; Haze^j; Ouled Sidi Machou; Djeza: Ouled Sidi Ghalem; Ouled Ali; M aida; Cheurfa Guetarnia. Relevaient également de cet Aghalik, les Hassasna, implantés par Mohammed el Kebir et assimilés depuis, et une fraction des El An nouât, installé' par le khalifa d'Abd el Kader, Bou Hamedi.
L'ensemble, mais ces chiffres sont très sujets à caution t'2', aurait représenté dans les 7 400 tentes, fournissant 5 200 cavaliers et 4 400 fantassins, le caractère maraboutique de bon nombre de fractions diminuant sérieusement leur potentiel militaire. La tribu la plus importante était celle des Hazedj (1 400 tentes), suivie des Ouled Zaer (900), des Ouled Khalfa (800), des Ouled Slimane (700) et des Ouled Brahim (500). L'alliance avec Abd el Kader se révéla d'abord bénéfique. Les Béni Amer réoccupèrent une partie de la M'Ieta sur les Douairs qui les en avaient évincés au siècle précédent. Les opérations des deux premières années épargnèrent leur territoire et le succès de la Macta (1835) ralliait à l'émir les Ouled Abdallah qui s'étaient montrés les plus réticents *73>. La première campagne de Bugeaud (1836-37) allait tout remettre en question. Ayant battu Abd el Kader sur Tisser, ravitaillé Tlemcen, il traversa la plaine de la Mekerra brûlant tout sur son passage jusqu'à Mascara. Aussitôt les Ouled Ali firent soumission pour éviter pareil traitement. Soumission d'ailleurs sans conséquence puisque le traité de la Tafna (1837) devait exclure le Tessala de la zone française. Mais les razzias systématiques entreprises à compter d'octobre 1840 par Lamoricière, à la limite de la zone contrôlée par Oran, touchèrent en premier lieu les Béni Amer limitrophes. Les Ouled Ali furent deux fois sévèrement pillés. Les Ouled Khalfa perdirent peu après plus d'un millier de bêtes *74'. Aussi, les Béni Amer que Daumas tenait en 1839 pour sincèrement ralliés à l'émir ne tardèrent pas à remettre en cause leur option politique. Abd el Kader, à qui rien ne les attachait puisqu'il était Hachem et Qadryia, ne leur apportait désormais que des désagréments. Il convenait donc d'abandonner son camp. Mais il n'était pas question pour autant de se rallier au Français. Par un réflexe normal, c'est à la Derkaouyia que les Béni Amer se raccrochent et, en 1841, ils se regroupent derrière un compétiteur derkaoua, Mohammed ben Abdallah, le futur cherif d'Ouargla des années 1849, qui tente alors de se dresser contre l'émir. Ce dernier réagit promptement. Il fait enlever les principaux chefs de la confédération et les expédie à Oujda, dont le caïd, inquiet de nos rassemblements de troupe, s'empresse de les remettre en liberté. La soumission des Béni Amer à la France eut lieu peu après, à la fin de l'année 1842. Seules quelques tentes des Ouled Zaer accompagnèrent Abd el Kader sur les confins marocains. Elles revinrent peu après, désabusées et ruinées. Ce précédent évita peut-être à la tribu de participer massivement à l'émigration de 1845 G».
Passés sous contrôle français, les Béni Amer allaient être scindés en deux groupements, l'administration française ayant le même réflexe que l'administration turque face à cette trop importante confédération. Les Béni Amer Cheraga, reconstitués, furent rattachés à la subdivision d'Oran, tandis que les Gheraba dépendirent de celle de Tlemcen.
Les premiers recensements (1843-44) firent apparaître une diminution sensible du nombre des tentes, près d'un tiers, par rapport aux chiffres de 1839. Etant donné le rôle modeste joué par les Béni Amer dans la lutte contre les Français, il faut admettre que la différence est en partie due à une surévaluation antérieure, facilement explicable puisque nous ne contrôlions pas directement, à cette époque, la confédération et que la statistique fut le résultat de renseignements de seconde main.
Les Béni Amer subirent avec réticence notre domination, d'autant qu'ils retrouvaient à nos côtés le makhzen des Douairs, comme au temps des Turcs. Mais ils conservaient également leur défiance envers Abd el Kader. Lorsque celui-ci, en septembre 1843, s'approche de leur territoire, ils font le coup de feu. En représailles, l'émir effectuera, quelques semaines après, une fructueuse razzia sur les Ouled Slimane. Ce qui n'empêche pas, l'année suivante, certaines fractions de passer au Maroc (76'.
En réalité, leur attitude est toujours motivée par leur appartenance à la Derkaouyia. C'est sous sa bannière qu'ils veulent reprendre le combat. Or, les circonstances font
(75) A.O.M., 50 JJ 20 — Lettre du Commandant supérieur de la Province d'Oran au Commandant de Tlemcen.
(76) Pellissier de Reynaud (E.), op. cit., t. Ill, pp. 83 et 114, A.O.M., 2 EE 4, Lettre de Bugeaud au Ministre de la Guerre, du 14 avril 1844.
(71) Pellissier de Reynaud (E.), Annales algériennes. Alger, Bastide, 1854, 3 vol., t.l, p. 374.
(72) Tableaux..., op. cit.,
(72) Tableaux..., op. cit., 1839, p. 295.
(73) Pellissier de Reynaux [E.),op. cit., t. Il, p. 91.
(74) Yver (G.), Correspondance du Maréchal Valée, t. V, p. 120, in Documents inédits sur l'Histoire de l'Algérie. Pans, Larose, 1957.
(68) A.O.M. 10 H 53, op. cit.. Notice concernant les Ou led Brahim. Pour le statut du sol, voir 2 N 77 (Oran), rapport du Conseiller du Gouvernement, 30.8.1865.
(69) Tableaux des Etablissements français dans la Régence d'Alger. 1839, Paris, Imprimerie Royale, p. 293.
(70) Rmn (L.)# Marabouts et Khouan. Alger, Jourdan, 1884, p. 237.
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