Latifa Zoubir : « Une intégration à la française »
Le rêve d'enfant de Latifa Zoubir était d'être une française comme les autres, tout simplement. Un rêve qui a été entretenu par ses parents d'origine marocaine qui lui ont tout donné pour qu'elle devienne une bonne française.
Comme chaque fois après un rêve, le réveil est désagréable voire douloureux. C'est ce qui arrivera à la jeune Latifa devenue adulte et confrontée à la réalité sociale du modèle d'intégration français.
Un modèle qu'elle juge aujourd'hui « hypocrite » puisqu'elle même avait tout fait pour s'assimiler... sans succès. Différentes expériences lui ont fait prendre conscience de la réalité d'une « française d'origine », comme son rôle de porte parole dans l'association Ni Putes Ni Soumises, ou plus douloureux encore son CDD dans une radio publique de « jeunes blancs urbains ».
Elle « couchera » toute la rage accumulée et les déceptions endurées dans un livre émouvant, un livre où elle n'hésitera pas à faire aussi son autocritique.
Interview avec Latifa Zoubir qui aujourd'hui s'assume en tant que franco-marocaine :
Yabiladi.com : Pensez-vous que c’est l’éducation de vos parents (qui voulaient faire de vous une bonne petite française comme les autres) qui vous a poussé à rejeter votre identité d’origine ? Ou bien c’est seulement dû a votre caractère indépendant, voire rebelle ?
- Latifa Zoubir : Avec le recul de l'âge, je pense que l'éducation de mes parents était fantastique, mais que je ne mesurais pas la chance d'avoir des parents aussi ouverts et tolérants. Le problème c'est qu'en voulant faire de moi l'égale de mes camarades de classe ''100% français'', ils n'ont peut être pas perçus que j'allais progressivement penser que j'étais effectivement une ''gouer''. Du coup, je suis passée à côté de mon héritage culturel.
Aujourd'hui je sais que ma richesse à moi, c'est d'être d'ici et d'ailleurs, et ça plus personne ne me le retirera de nouveau. Quand à mes parents, quand je repense à tout ce que je leur ai fait subir, je me dis qu'ils ne le méritaient vraiment pas, qu'ils se sont saignés pour m'offrir le meilleur et que je me suis comportée comme une enfant gâtée. Aujourd'hui j'en reparle avec ma mère, elle m'a pardonné mes erreurs, et ça c'est le plus beau cadeau qu'elle peut me faire!
- Yabiladi :Vous avez longtemps rejeté votre identité marocaine, mais vous écrivez que tout votre vécu en tant que français d’origine et les rejets dont vous avez été victime, vous ont conduit à vous réapproprier votre marocanité afin de savoir d’où vous venez. Comment se matérialise ce retour vers vos origines ?
-Latifa :Mon retour aux origines se manifeste de différentes manières, je reviens à mes classiques musicaux, avec des artistes comme Oum Khalsoum, Asmahan, Farid El Atrache...Quand j'écoute cette musique et le son de leurs voix, c'est comme si mon âme se réveillait d'un long sommeil! Je lis aussi beaucoup d'auteurs arabes, comme Naghib Mahfouz, Alaa Al-Aswani, Tayeb Saleh...Et puis, je regarde beaucoup beaucoup de films et téléfilms marocains! J'adore ça! Mon préféré c'est ''Femmes...et Femmes'' de Saâd Chraïbi. Entendre parler ma langue maternelle est devenu un besoin viscéral. Je compte également retourner au Maroc très prochainement parce que mon pays me manque grave! Le truc que je regrette vraiment c'est de ne pas lire et écrire l'arabe littéraire, mais j'espère pouvoir apprendre très rapidement ''inch'allah''...
A SUIVRE...
Le rêve d'enfant de Latifa Zoubir était d'être une française comme les autres, tout simplement. Un rêve qui a été entretenu par ses parents d'origine marocaine qui lui ont tout donné pour qu'elle devienne une bonne française.
Comme chaque fois après un rêve, le réveil est désagréable voire douloureux. C'est ce qui arrivera à la jeune Latifa devenue adulte et confrontée à la réalité sociale du modèle d'intégration français.
Un modèle qu'elle juge aujourd'hui « hypocrite » puisqu'elle même avait tout fait pour s'assimiler... sans succès. Différentes expériences lui ont fait prendre conscience de la réalité d'une « française d'origine », comme son rôle de porte parole dans l'association Ni Putes Ni Soumises, ou plus douloureux encore son CDD dans une radio publique de « jeunes blancs urbains ».
Elle « couchera » toute la rage accumulée et les déceptions endurées dans un livre émouvant, un livre où elle n'hésitera pas à faire aussi son autocritique.
Interview avec Latifa Zoubir qui aujourd'hui s'assume en tant que franco-marocaine :
Yabiladi.com : Pensez-vous que c’est l’éducation de vos parents (qui voulaient faire de vous une bonne petite française comme les autres) qui vous a poussé à rejeter votre identité d’origine ? Ou bien c’est seulement dû a votre caractère indépendant, voire rebelle ?
- Latifa Zoubir : Avec le recul de l'âge, je pense que l'éducation de mes parents était fantastique, mais que je ne mesurais pas la chance d'avoir des parents aussi ouverts et tolérants. Le problème c'est qu'en voulant faire de moi l'égale de mes camarades de classe ''100% français'', ils n'ont peut être pas perçus que j'allais progressivement penser que j'étais effectivement une ''gouer''. Du coup, je suis passée à côté de mon héritage culturel.
Aujourd'hui je sais que ma richesse à moi, c'est d'être d'ici et d'ailleurs, et ça plus personne ne me le retirera de nouveau. Quand à mes parents, quand je repense à tout ce que je leur ai fait subir, je me dis qu'ils ne le méritaient vraiment pas, qu'ils se sont saignés pour m'offrir le meilleur et que je me suis comportée comme une enfant gâtée. Aujourd'hui j'en reparle avec ma mère, elle m'a pardonné mes erreurs, et ça c'est le plus beau cadeau qu'elle peut me faire!
- Yabiladi :Vous avez longtemps rejeté votre identité marocaine, mais vous écrivez que tout votre vécu en tant que français d’origine et les rejets dont vous avez été victime, vous ont conduit à vous réapproprier votre marocanité afin de savoir d’où vous venez. Comment se matérialise ce retour vers vos origines ?
-Latifa :Mon retour aux origines se manifeste de différentes manières, je reviens à mes classiques musicaux, avec des artistes comme Oum Khalsoum, Asmahan, Farid El Atrache...Quand j'écoute cette musique et le son de leurs voix, c'est comme si mon âme se réveillait d'un long sommeil! Je lis aussi beaucoup d'auteurs arabes, comme Naghib Mahfouz, Alaa Al-Aswani, Tayeb Saleh...Et puis, je regarde beaucoup beaucoup de films et téléfilms marocains! J'adore ça! Mon préféré c'est ''Femmes...et Femmes'' de Saâd Chraïbi. Entendre parler ma langue maternelle est devenu un besoin viscéral. Je compte également retourner au Maroc très prochainement parce que mon pays me manque grave! Le truc que je regrette vraiment c'est de ne pas lire et écrire l'arabe littéraire, mais j'espère pouvoir apprendre très rapidement ''inch'allah''...
A SUIVRE...