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Lorsque le Maroc luttait pour l'indépendance du S.O
L'année 1966 est marquée par une importante modification dans la manière dont les organes compétents des Nations Unies considéraient la question du Sahara occidental. Comme on l'a vu dans le paragraphe précédent, le Comité spécial dans sa résolution du 17 novembre 1966 (A/AC.109/214) et l'Assemblée générale dans sa résolution 2229 (XXI) du 20 décembre 1966 traçaient deux voies différentes pour la décolonisation des deux territoires administrés par l'Espagne.
Pour Ifni, la négociation entre la Puissance administrante et le Maroc sur le transfert L'année 1966 est marquée par une importante modification dans la manière dont les organes compétents des Nations Unies considéraient la question du Sahara occidental. Comme on l'a vu dans le paragraphe précédent, le Comité spécial dans sa résolution du 17 novembre 1966 (A/AC.109/214) et l'Assemblée générale dans sa résolution 2229 (XXI) du 20 décembre 1966 traçaient deux voies différentes pour la décolonisation des deux territoires administrés par l'Espagne. Pour Ifni, la négociation entre la Puissance administrante et le Maroc sur le transfert de pouvoirs, c'est-à-dire, son incorporation au territoire marocain selon l'application du paragraphe 6 du dispositif de la résolution 1514 (XV). Pour le Sahara, l'organisation d'un référendum selon lequel la population autochtone pourra exercer librement son droit à la libre détermination, décidant par elle-même l'avenir du territoire.
51. Le changement d'attitude des organes des Nations Unies se reflète dans l'attitude du Maroc. Jusqu'en 1966, le Maroc avait affirmé que le Sahara faisait partie intégrante de son territoire et que les Nations Unies devaient suivre pour sa décolonisation les mêmes critères que pour l'enclave d'lfni. Cependant, le 17 juin 1966, l'observateur du Maroc, invité a participer a la séance du Comité spécial à Addis-Abeba, fut le porte-parole du changement radical de l'attitude du Gouvernement marocain en disant que :
Le Gouvernement marocain a estimé que les territoires marocains encore sous domination espagnole doivent être, en tout état de cause, libérés. Etant donné que leur libération par la voie de négociations et selon la formule de la restitution pure et simple au Royaume du Maroc ne semble pas, pour le moment, recevoir l'accord du Gouvernement de Madrid, le Gouvernernent marocain propose que l'indépendance leur soit accordée dans les plus brefs délais
Le Maroc abandonne sa prétention à des négociations bilatérales et propose l'indépendance du Sahara. Cette nouvelle attitude sera clairement définie lors de la prochaine session du Comité spécial qui eut lieu a New York en novembre 1966. En effet, le délégué du Maroc affirma que :
Le Maroc a des liens étroits avec la population du territoire et depuis son accession à l'indépendance il s'est efforcé de trouver une solution à la question, tant dans le cadre de l'ONU que sur une base bilatérale avec l'Espagne. Aprés dix années d'efforts il a écarté les considérations d'ordre national pour agir dans le cadre de la décolonisation annoncée par les Nations Unies. Depuis juin 1966, le Maroc a demande instamment que la population du territoire soit autorisée d’exercer son droit a l'indépendance et à I'autodétermination.
On peut en déduire l'appui du Maroc au projet de résolution qui devait être adopté par le Comité spécial le 17 novembre 1966 (A/AC.109/214) où, ainsi que nous l'avons signalé plus haut, s'établit la différence entre Ifni et le Sahara. En effet, le délégué du Maroc affirma :
Bien que le projet de résolution commun n'incorpore pas tous les arguments avancés par la délégation, M. Sidi Baba pense qu'il aidera les habitants du territoire à obtenir leur droit a l'autodétermination. II tient à souligner que son pays a fait une importante concession en acceptant que la question d'Ifni soit examinée indépendamment de celle du Sahara espagnol.
Comme conséquence logique de ce changement d'attitude, le Maroc reconnaît à la population autochtone du Sahara le droit de choisir librement son destin :
Tel est le sens de la déclaration marocaine du 7 juin 1966, à Addis- Abeba. En effet, pour le Maroc comme pour tout autre pays africain réellement indépendant, les populations autochtones doivent être en mesure de choisir librement leur destin, soit en restant indépendantes, soit en s'intégrant un pays voisin sur les plans politique, économique ou constitutionel.
Il n'y a pas de doute que ce changement de tactique est en accord avec les intérêts permanents du Maroc, ce qui est repris dans l'affirmation suivante de son délégué :
D'autre part, il n'y a aucune incompatibilité entre le fait de dire d'une part que les territoires en question étaient marocains et doivent le redevenir, et d'autre part qu'ils doivent être indépendants. Le Maroc joue en I'occurrence la carte de l'indépendance convaincu que, lorsque Ifni et le Sahara seront libres, ils sauront choisir la voie qui leur conviendra le mieux.
52. La Mauritanie avait maintenu une attitude différente depuis que le Comité spécial et L'Assemblée générale avaient commencé à examiner le sujet du Sahara. Ainsi qu'on l'a vu dans le paragraphe précédent, elle s'était opposée à ce que soient traitées de façon identique les questions d'Ifni et du Sahara. En ce qui concerne le premier territoire, elle avait admis qu'à cause de son caractère d'enclave dans le Royaume du Maroc l'Espagne devait négocier sa rétrocession avec ce dernier. En ce qui concerne le Sahara, elle avait catégoriquement refusé que le Maroc puisseêtre considéré comme interlocuteur valabledans le processus de décolonisation du territoire et avait affirme que la population autochtone devait exercer librement son droit à la libre détermination, bien qu'elle considérât que le territoire fît partie intégrante de son pays. Lorsque le changement d'attitude du Maroc que nous venons de voir eut lieu, la Mauritanie maintint son attitude sur le fait que le Sahara lui appartient mais ne s'opposa pas à ce que la population autochtone choisisse librement son destin. A la réunion d'Addis- Abeba, l'observateur de la Mauritanie, répliquant à celui du Maroc affirma qu'il est
Entièrement d'accord avec le Maroc quant au droit a la liberté du Sahara espagnol. Ce territoire doit être complètement indépendant de l'Espagne, mais aussi, bien entendu, du Maroc.
A la réunion de novembre du Comité spécial, il précisa celte attitude pour affirmer que :
La Mauritanie espère qu'on permettra à la population de ces territoires d'exercer son droit à l'autodétermination et qu'on prendra note du fait que la Puissance administrante s'est engagée à le faire.
53. A cette même séance du Comité spécial, l'Algérie se qualifia elle-même de (partie intéressée) selon les termes du paragraphe 3 du dispositif de la résolution du Comité spécial du 17 novembre 1966 (A/AC.109/214), en affirmant que :
Il est naturel que l'Algérie se préoccupe de l'avenir d'un pays peuplé de tribus qui vivent plusieurs mois de l'année sur son territoire et avec lequel elle a des frontières communes. En effet, cet avenir détermine dans une large mesure la sécurité de l'ensemble de la région et, partant, de cette partie du territoire algérien.
En tant que partie intéressée, elle exprima aussi quel doit être, selon son point de vue, le processus de décolonisation du Sahara :
Pense que l'Espagne qui occupe cette enclave depuis un siécle doit se conformer aux nouvelles données qui régissent le continent africain et créer toutes les conditions requises pour amener les populations autochtones au libre exercice de leur droit sacré à l'autodétermination et à l’indépendance.
Attitude qu'elle précisa en affirmant :
Ce qui préoccupe le Comité c'est que le peuple du territoire devrait avoir la possibilité d'exercer librement son droit d'autodétermination et d'accéder à l’indépendance.
54. En même temps que ces prises de position des parties intéressées, les débats du Comité spécial en juin et en novembre 1966 mirent en évidence que pour leurs membres la distinction des questions d'Ifni et du Sahara, précisément par la reconnaissance du droit de la population de ce dernier territoire à la libre détermination, était claire, ce droit n'étant pas reconnu dans le cas d'Ifni.
55. A la vingt et unième Assemblée générale, le Maroc réitère sa position défendue au Comité spécial. Son délégué affirma à la quatrième Commission que :
Le seul moyen de faire échec à ce plan est d'assurer I'indépendance immédiate de tous les territoires africains encore sous domination coloniale, conformément à la Déclaration sur l'octroi de I'indépendance aux pays et aux peuples coloniaux.
Et il réaffirme cette position en exprimant son espoir que :
Il est cependant persuadé que l'Espagne est trop généreuse pour ne pas se retirer d'un territoire qui ne lui appartient pas et pour ne pas octroyer l'indépendance à son peuple. Le Maroc sera le premier à applaudir toute initiative espagnole dans ce sens. __________________