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Sortie de livre: Ali Atman - Prisonnier de Guerre du Polisario

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admin"SNP1975"

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Tindouf. Février 2003.
Rassemblement silencieux de
prisonniers de guerre marocains.
(GEERT VAN KESTEREN / MAGNUM)

  

 

 


 


Ali Atman :" C’était l’enfer, chez le Polisario..."

L’absurde conflit du Sahara occidental, qui a fait des milliers de morts, revient au devant de la scène ces derniers temps. Ali Atman, un ex-pilote dans l’armée marocaine, en est l’une des victimes. S’il a eu la vie sauve, il n’en demeure pas moins qu’il en a gardé des traumatismes inapaisables, et pour cause. Il a passé les plus belles années de sa vie dans les terrifiants bagnes du régime militaire algérien et de ses protégés du Polisario. Avant d’être libéré, il détenait, avec ses compagnons d’infortune, le triste record de plus vieux prisonniers de guerre au monde.

L. Oulhadj : Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?

Ali Atman : Je suis amazigh (berbère), natif de la petite bourgade de Midelt dans le Haut-Atlas en 1947. J’étais officier-pilote dans les Forces armées royales (FAR). J’avais participé à la guerre du Sahara marocain, où mon avion avait été abattu par un missile en 1977. Emprisonné immédiatement, je n’ai été relâché que 26 ans plus tard, c’est-à-dire le 1er septembre 2003. Depuis ma libération, je vis tant bien que mal de ma petite retraite. Ce qui ne m’a pas empêché de m’atteler à une entreprise de taille : la rédaction d’un ouvrage sur la grammaire berbère, qui va être publié incessamment.

Est-ce que vous pourrez nous raconter brièvement les circonstances de votre capture ?

Le 24 août 1977, avec une patrouille de deux avions, je m’étais porté au secours d’une unité de l’armée de terre, qui a eu un violent accrochage avec des éléments du Polisario. Au cours de l’intervention, mon avion a été atteint par un missile du type SAM7. Après l’éjection, j’ai donc été malheureusement arrêté, et détenu par la suite.

Qui vous a arrêté ?

C’étaient des gens de différentes origines : il y avait des noirs, des basanés, des blancs et mêmes des blonds. Certains me parlaient en arabe hassani, d’autres en espagnol, d’autres encore en français et certains restaient muets. Les interrogatoires étaient menés dans des conditions inhumaines, par des officiers algériens dans la région de Tindouf, puis dans les prisons de Blida, Alger, Boufarik et enfin Boughar.

Pourquoi vous a-t-on emmené jusqu’au Nord de l’Algérie ?

Parce que c’était l’Algérie qui faisait la guerre au Maroc. À plusieurs reprises, mes interrogateurs algériens ne s’en sont même pas cachés ; ils me l’avaient ouvertement et clairement avoué. Dans les différentes prisons où j’ai été séquestré, il n’y avait pas que moi, malheureusement. À Boughar, par exemple (une centaine de km au sud d’Alger), il y avait deux camps avec chacun pas moins de 300 détenus : l’un pour les Marocains et l’autre pour les Mauritaniens.

Pour quelle raison les Mauritaniens étaient-ils là ?

Je constate malheureusement que beaucoup de mes concitoyens ignorent absolument tout du conflit meurtrier du Sahara qui a coûté, faut-il encore le rappeler, la vie à des milliers d’hommes marocains et mauritaniens. À titre de rappel, après la Marche verte en 1975, il y a eu le fameux accord tripartite de Madrid. Il stipulait que le Tiris occidental (Rio de Oro) revenait à la Mauritanie, et le territoire de Saguia El Hamra au Maroc. L’Algérie et la Libye n’ont rien voulu savoir. En l’espace de quelques mois, et en déployant un effort financier titanesque, elles ont formé et armé le Polisario, pour empêcher le Maroc et la Mauritanie d’occuper pacifiquement l’ex-colonie espagnole. Sous ses coups de boutoir, la résistance de la Mauritanie a fait long feu. Elle avait donc préféré plier bagage. Qui plus est, après un coup d’État contre Ould Dadda, le président mauritanien d’alors, le nouveau gouvernement formé à Nouakchout a signé le 14 août 1978 un accord de paix par lequel il renonçait définitivement à ses prétentions sur le Sahara occidental. Mis devant le fait accompli et n’ayant aucun choix, le Maroc a fait usage du droit de préemption pour occuper le Tiris occidental. C’était donc de fin 1975 à août 1978 que l’Algérie et le Polisario ont capturé beaucoup de Mauritaniens, qui n’ont été libérés qu’en 1981.

Dans quelle prison êtes-vous détenu le plus longtemps et comment se passaient vos journées ?

La plus longue période que j’aie passée dans une prison est de 14 ans. C’était dans l’effroyable camp de Rabouni, sis à 23 km au Sud-Est de Tindouf. Pour les officiers que nous étions, il fallait passer les journées à travailler comme des forçats. Et ceci, pendant des mois d’affilée. Une fois que nous étions totalement épuisés et à bout de forces, on nous laissait récupérer pendant quelque temps. Pour les hommes de troupe et les civils, c’était encore pire. Ils travaillaient sans arrêt, comme des bêtes de somme. Même pendant les fêtes musulmanes, ils n’avaient droit à aucun repos.

Pouvez-vous nous raconter une journée type ?

Une journée normale est sommairement ainsi : réveil vers quatre heures du matin ; rassemblement avec toujours des coups de fouets et de câbles électriques ; à cinq heures, les gardiens comptaient les prisonniers et les répartissaient selon le nombre de chantiers ouverts (la fabrique de briques, maçonnerie, creusement de puits...) ; nous n’arrêtions que pendant une petite heure pour manger un petit plat de lentilles et une bouchée de pain ; ensuite, on reprenait de plus belle et de la manière la plus dure. On ne s’arrêtait qu’à la tombée de la nuit ; le dîner se résumait à un minuscule bol de riz ou des pâtes. Ce régime alimentaire pour le moins frugal a été le mien pendant 26 ans.

Et la nuit, vous laissait-on au moins tranquilles ?

Non, malheureusement. Nos tortionnaires redoublaient même de sadisme : on était souvent réveillés à coups de rossées, d’insultes et de toutes sortes d’humiliations imaginables et inimaginables. C’était tout simplement l’enfer sur terre. Et pour la journée de repos, nous avions chacun une place de 2 mètres sur 93 cm avec une minuscule couverture où l’on dormait et où l’on mangeait en même temps. Nous étions forcés d’y rester pliés en deux la journée durant. Nous ne la quittions que deux à trois fois par jour pour aller au petit coin.

Vous a-t-on soumis à d’autres exactions ?

Absolument. Sous la menace de toutes les violences possibles, nous étions régulièrement menés de force à la radio du Polisario pour enregistrer de très longues diatribes contre notre pays. Gare à celui qui osait refuser ! Qui pis est, nous étions systématiquement utilisés comme des pompes à sang : chaque fois que les responsables du Polisario le désiraient, on nous en prélevait de grosses quantités. Ce qui aggravait davantage l’état de santé déjà vacillant des prisonniers. Bref, les sévices étaient infiniment nombreux. Beaucoup de camarades sont morts sous nos yeux à force d’être torturés. En tous les cas, j’ai écrit un livre où j’ai décrit en détails toutes ces pratiques. J’espère qu’il sera publié le plus tôt possible !

a suivre ...



Dernière édition par admin le Dim 17 Jan - 20:32, édité 2 fois

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Qui étaient vos tortionnaires ?

C’était au nom du Polisario que nos tortionnaires agissaient, mais les militaires algériens n’étaient jamais loin. C’étaient eux les chefs, et ils décidaient de toute exécution sommaire. Les éléments du Polisario, obséquieux à l’extrême, ne faisaient en fait qu’obtempérer aux ordres de leurs maîtres.

Quelles sont les scènes de torture qui vous ont personnellement le plus marqué ?

Dans mon cas personnel, je dirais que je souffrais toujours. Mais je vais me contenter de vous raconter deux cas : le premier, c’était courant 1985. J’étais tellement excédé d’être obligé d’insulter mon pays via la radio que j’avais refusé catégoriquement de le refaire, avec tous les risques que cela comportait.

Comment vos geôliers ont-ils réagi ?

Comme je m’y attendais, non seulement j’ai été durement et violemment violenté, mais on m’a fait subir un supplice des plus inhumains. On me faisait transporter des briques très lourdes sur une distance de 500 m, suivi par un vieux sanguinaire sadique qui me fouettait, de toutes ses forces, avec un câble électrique, alors que je n’étais habillé que d’une petite chemise. Chaque coup déchirait quasiment ma peau. La douleur a été terrible, intense, insoutenable... Qui pis est, à force de marcher dans une chaleur incroyablement élevée (47°à l’ombre), car nous étions en plein mois d’août, la plante de mes pieds a été brûlée. N’eût été un médecin marocain, prisonnier avec nous lui aussi, qui a carrément coupé la peau sans aucune anesthésie pour pouvoir nettoyer les plaies, je ne serais peut-être plus là. Résultat : je me suis trouvé cloué au sol, incapable de marcher, pendant au moins deux mois. Or, sans égard pour mon état de santé, j’ai été forcé de passer une fois de plus à la radio. Mais bizarrement, depuis ce jour-là, mes tortionnaires m’avaient laissé en paix, pour de bon.

Et le deuxième cas ?

Le 17 octobre 1987, un camarade s’était évadé à la tombée de la nuit. Le lendemain matin, tous les officiers ont été impitoyablement brutalisés, mais le pire était gardé pour le soir. Pour nous rabaisser, le responsable de la sécurité du Polisario avait imaginé un spectacle des plus dégradants. Il avait aligné les prisonniers non-officiers sur une distance que j’estimerais à 500 m. Ensuite, nous avions été contraints de ramper tout nus devant eux d’un bout à l’autre. Au retour, on recevait une pluie de coups de câble sur le dos et les fesses. C’était pour moi une grande humiliation que je n’oublierai jamais.

Qu’en est-il de l’État marocain ? S’est-il montré au moins reconnaissant ?

Non, malheureusement. C’était d’ailleurs la pire des humiliations. En plus d’avoir négligé intentionnellement, comme si nous étions des traîtres, ses propres enfants, nous n’avons aucune reconnaissance des terribles souffrances que nous avons subies. Dans l’espoir de nous rendre justice, j’ai écrit à plusieurs reprises à Sa Majesté le Roi, mais en vain. Je suis terriblement peiné par la sourde oreille que nous avons en guise de réponse à nos doléances, somme toute légitimes.

Comment votre femme et vos enfants ont-ils vécu tout cela ?

En effet, j’avais laissé une épouse et deux bébés : un garçon de 360 jours et une fille de 15 jours. Ma femme les a élevés toute seule, sans la moindre aide de l’État, si ce n’est ma petite solde de capitaine dans l’armée. Étant donné que je n’avançais pas en grade, elle est devenue au fur et à mesure insuffisante pour répondre aux besoins des enfants, et particulièrement quand ils furent obligés d’étudier à l’étranger. Mon fils est parti en Roumanie et ma fille en France, pour de longues études. Heureusement que ma femme avait eu un petit héritage qu’elle a vendu pour pouvoir leur payer les études. Car ils n’avaient droit, aussi aberrant que cela puisse être, à aucune bourse. Alors que les enfants des officiers, qui n’avaient jamais participé à une quelconque guerre, profitent allègrement de toutes sortes d’avantages. Ce qui rend, vous en conviendrez, mon sentiment d’injustice encore plus vif.

Votre retour devait un terrible choc, n’est-ce pas ?

Et comment ! C’était une suite terrible de chocs. A notre arrivée à Agadir, nous nous attendions à être reçus avec les honneurs. Mais, à notre grande surprise, nous avons constaté que l’on se méfiait de nous comme de la peste. Pire, dans un premier temps, si injuste que cela puisse être, mes enfants ont été empêchés arbitrairement de venir à ma rencontre. Et comme un malheur n’arrive jamais seul, nous avions appris une terrible nouvelle : nous partions à la retraite, illico presto, sans aucune promotion. C’était d’autant plus inique que nous croisions nos camarades de promotion qui étaient tous de très haut-gradés avec tous les avantages que cela implique. Concernant ma famille, l’état de dénuement total dans lequel elle se débattait, je l’ai vécu comme un autre terrible traumatisme. Tout ou presque a été vendu pour payer les études des enfants. Quant au choc produit par le vieillissement de mes proches encore vivants, c’était une émotion indescriptible. Je saluais tout le monde avec des pleurs. Bref, je ne souhaite à personne de vivre ce que j’ai enduré.

Pourquoi ne pas ester en justice l’État marocain pour avoir vos droits et l’État algérien pour avoir des dédommagements ?

Ce n’est pas si simple qu’on le croit. Une poursuite est possible dans un pays de droit, ce qui est loin d’être le cas du Maroc. Sinon, nous aurions déjà notre dû, le plus naturellement du monde. Quant à l’Algérie, c’est possible. Encore faut-il que les ex-prisonniers soient tous d’accord. En tous les cas, on verra bien. Quant à moi, pour le moment, je me concentre uniquement sur la publication de mon livre où je raconte mon destin on ne peut plus tragique.

En tant qu’Amazigh (Berbère), avez-vous été surpris par toute cette effervescence entourant l’amazighité à votre rapatriement ?

J’ai constaté effectivement qu’il y a des associations et un Institut royal amazigh, mais personnellement, je ne me suis pas intéressé à tout cela. En fait, ma première préoccupation est la culture amazighe en elle-même. Sans plus. D’où mes recherches linguistiques, dans le but de donner aux lecteurs les moyens de mieux comprendre le tamazight et le transcrire le plus efficacement possible. C’est ce qui a motivé mon choix de la rédaction d’une grammaire de cette langue. Les problèmes politiques me dépassent ; je préfère les laisser aux spécialistes en la matière.

Est-ce que, lors de votre terrible expérience, vous aviez l’occasion de parler en tamazight ?

Oui, j’avais tout le temps la possibilité de parler en tamazight. Mais je le faisais en cachette, ou lorsque les gardiens ne nous écoutaient pas. Soupçonneux qu’ils étaient, ils auraient pensé qu’on les insultait.

Y avait-il beaucoup d’Amazighs avec vous ?

Il y en avait beaucoup. Nous parlions en amazigh instinctivement sans plus. Je trouve que c’est normal de communiquer en amazigh avec mes compatriotes.

Avez-vous commencé à rédiger votre livre sur la grammaire berbère pendant votre emprisonnement ?

En prison, je ne pouvais pas écrire et assurer la garde de mes documents. Mais j’avais bien pensé à la structure de ce que je devrais écrire. Ce n’est qu’après ma libération que j’ai commencé la rédaction, qui m’a pris en tout deux années.

En tant qu’intéressé par la langue amazighe, dites-moi quelques raisons qui me pousseraient à acheter votre livre ?

C’est le fait d’espérer découvrir le moyen d’écrire notre langue convenablement, comme on le fait, vous et moi, actuellement en français. J’ai donc mis au point des règles grammaticales pour que nous écrivions tous de la même façon. Je crois fermement que l’essor de notre culture passe par la standardisation de la transcription de la langue amazighe.

Lahsen Oulhadj


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Commentaires



Par contre, au Maroc c'est le Paradis sur terre.
"Surprise à Sidi Slimane. Brahim Hajjam, le président de l’association des fils des martyrs et des disparus du Sahara marocain a été arrêté, le week-end dernier, pour "ivresse et insulte à fonctionnaire". Hajjam, dont les prises de positions ne sont pas toujours du goût des autorités locales, assure avoir été "roué de coups et délesté de toutes ses affaires" durant sa garde à vue. Un certificat médical attestant de 18 jours d’inaptitude le prouve. Relâché le lendemain, Hajjam passera en jugement, le 20 juillet, à Sidi Slimane où un collectif de partis et d’ONG locales et internationales (dont France-libertés) le soutiennent." TEL QUEL Surprise à Sidi Slimane. Brahim Hajjam, le président de l’association des fils des martyrs et des disparus du Sahara marocain a été arrêté, le week-end dernier, pour "ivresse et insulte à fonctionnaire". Hajjam, dont les prises de positions ne sont pas toujours du goût des autorités locales, assure avoir été "roué de coups et délesté de toutes ses affaires" durant sa garde à vue. Un certificat médical attestant de 18 jours d’inaptitude le prouve. Relâché le lendemain, Hajjam passera en jugement, le 20 juillet, à Sidi Slimane où un collectif de partis et d’ONG locales et internationales (dont France-libertés) le soutiennent."
Parce qu'il n'a pas arrêté de dénoncer la situation des anciens prisonniers libérés par le Polisario, totalement abandonnés par le Makhzen.

"Après 30 ans de captivité dans le désert, ils ont été libérés… puis abandonnés à leur sort. Aujourd’hui, ils réclament justice. Et dignité."
Ecrit par Sahraoui[/url] | 17.01.2010

Source;: mon blog sur courrier international



Dernière édition par admin le Dim 17 Jan - 20:42, édité 1 fois

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Enquête.
Prisonniers de guerre. Héros sans gloire





Par Hassan Hamdani
et Mehdi Sekkouri Alaoui


Après 30 ans de captivité dans le désert, ils ont été libérés… puis abandonnés à leur sort. Aujourd’hui, ils réclament justice. Et dignité.


“Nous voulons marcher vers le palais royal pour exposer notre situation directement au roi. Nous n'avons plus rien à perdre, les forces de l'ordre peuvent nous tabasser si elles le veulent”, souffle Amina, une veuve de soldat. Son mari est mort au Sahara pour défendre l'intégrité territoriale du Maroc, comme les 18 000 veuves de guerre que compte le Maroc, d'après les estimations de l'Association des fils des martyrs
et des disparus du Sahara marocain (AFMDSM). Amina vivote à Sidi Slimane, ville de garnison où était stationné son époux. Une bourgade qui a donné son lot de chair à canon aux FAR lors du conflit du Sahara : “Plus de 64 veuves de guerre vivent ici”, explique Brahim Hajjam, président de l'Association. Il est lui-même orphelin de père. Son paternel, militaire de carrière, est mort en 1978 dans les premières années du conflit. “Ma mère a été convoquée à l'état major où on lui a annoncé la nouvelle sans ménagement”, se souvient Brahim Hajjam. L'annonce de la mort, justement : “Le service social des FAR a demandé une série de papiers administratifs à ma mère. Quand elle a demandé pourquoi, on lui a répondu de but en blanc que mon père était mort. Elle est tombée dans les pommes”, raconte Brahim. La mauvaise nouvelle tombe tel un couperet pour la mère de ce dernier. L'armée avait toujours refusé, jusque-là, de l'informer sur le sort de son mari.

“Du jour au lendemain, ma mère est devenue chef de famille, alors qu'elle ne sortait jamais de chez nous. Elle ignorait même le prix des denrées de base”, poursuit Hajjam. Elle s'est rattrapée depuis, par la force des choses : “J'ai raconté ma situation plusieurs fois à l'état major à Rabat qui m'a ignorée. Un jour de 1982, je me suis rendue avec une vingtaine d'autres femmes devant les portes du palais royal de Rabat. Au bout d'une journée d'attente sous le soleil, un secrétaire nous a reçues pour noter nos réclamations”, raconte la mère de Brahim Hajjam. Parmi les requêtes, percevoir la solde de son mari en totalité, amputée de la moitié suite à son décès au front, comme pour toutes les veuves de guerre du conflit saharien. La réponse sera loin d'être satisfaisante : “On nous a convoquées quelques semaines plus tard dans une salle à Sidi Slimane. La cérémonie était minable. Une table pleine de gâteaux et de limonade comme pour un anniversaire. Et des vêtements usés pour nos enfants ainsi que des albums-photo”, se souvient-elle. Des albums-photo à remplir sans le cliché du père absent.

Résiste, prouve que tu existes !
Brahim Hajjam décide de dénoncer cette situation en 1999, année où il crée son association. “On nous a mis des bâtons dans les roues d'entrée. On a aussi essayé de nous mettre en garde : attention, l'armée est un sujet dangereux !”. Fin de règne ou pas, Hassan II se n'est jamais départi d'un parti-pris définitif : refuser d'évoquer la question des militaires marocains détenus à Tindouf et, par ricochet, celle de leurs familles. Il a toujours préféré parler de “disparus”, euphémisme pour ne pas prononcer le mot de prisonniers. Le tabou.

Cette négation totale est une position adoptée par Hassan II dès le début du conflit. Ne jamais reconnaître les détenus marocains de Tindouf pour ne pas avoir à reconnaître le Polisario, ipso facto. Tous les “disparus” devront d'ailleurs leur libération à la médiation de pays étrangers qui en ont fait une cause humanitaire. Jamais aux bons offices du Maroc qui en avait fait une question stratégique. Pire, en 1984, Hassan II aurait refusé le survol du territoire national à un avion du CICR (Croix rouge) où se trouvent des militaires marocains libérés de Tindouf. Durant cette même période, nous assure-t-on, une dizaine de libérés arrivés au Maroc sont expulsés en Suisse par Hassan II.

À l'arrière, chez les familles des militaires détenus à Tindouf, le silence est aussi fortement conseillé. A partir des années 90, les damnés des camps du Polisario peuvent enfin correspondre avec leurs familles. Mais point trop n'en faut tout de même : “Les moqaddems et chioukh, chargés de distribuer le courrier des prisonniers à leurs familles, le faisaient avec mépris en menaçant ces dernières de tracasseries administratives. A cause de cette pression, certains parents ont demandé à leurs fils, détenus à Tindouf, d'arrêter de leur écrire afin de s'éviter des problèmes”, raconte un lieutenant. “Le courrier était si rare que celui qui recevait une lettre la lisait à beaucoup de ses camarades. Je vous laisse imaginer l'effet d'une telle nouvelle sur un prisonnier”.

Un dernier recours : Mohammed VI
“Tous les sit-in devant le Parlement et la délégation de l'ONU à Rabat n'ont servi à rien. Nous avons décidé de passer au stade supérieur : en appeler au roi”, martèle aujourd'hui Brahim Hajjam. La marche vers le palais royal que souhaite organiser son association regroupera toutes les veuves de soldats morts lors du conflit, ainsi que les épouses des militaires détenus à Tindouf. Une façon de souligner les dommages collatéraux de la guerre au Sahara : orphelins, veuves et familles séparées. S'adresser à Dieu plutôt qu'à ses saints est aussi le nouvel adage de l'Association marocaine des ex prisonniers de guerre de l'intégrité territoriale. Cet autre fer de lance du combat des ex de Tindouf a aussi décidé d'abattre la carte M6. Par l'intermédiaire du saint le plus proche de Dieu : Fouad Ali El Himma. “Je l'ai rencontré au Parlement pour lui exposer la situation dramatique des ex-prisonniers de Tindouf. Il m'a promis que le roi agirait à son retour de France”, raconte le capitaine Ali Najab, un pilote de chasse abattu dans le désert en 1978.

À sa libération en 2003, le capitaine Najab crée une association regroupant des militaires ex-détenus dans le camp saharien. Tous attendent, avec leurs familles, la fin totale du tabou depuis la visite de Mohammed VI à des membres des FAR libérés en 2000. Le nouveau roi franchit ce jour-là le rubicond en les saluant devant les caméras de TVM et 2M. “On a cru que c'était la fin de notre calvaire. Sidna allait prendre les choses en main”, se souvient un soldat, survivant de 14 ans de détention à Tindouf. Sept ans après la visite royale, l'homme est désabusé : “On ne veut plus entendre parler de nous. Nous sommes des indésirables pour l'armée”, lâche-t-il dépité. Ce vétéran de la guerre du Sahara a vécu le désenchantement le premier jour de sa liberté au Maroc, à son arrivée à la base aérienne d'Agadir où ont été accueillis la majorité des libérés de Tindouf. Par vagues successives, les quelque 2300 prisonniers de Tindouf ont vécu le même choc. Au moment précis où ils ont posé le pied hors de l'avion.

Héros de guerre ou personae non gratae ?
“Nous avons été accueillis comme des parias”, se souvient le capitaine Najab. Tous sont tombés de haut : “Nous les avions prévenus qu'ils ne seraient pas reçus comme des héros. Ils ne voulaient pas y croire et nous traitaient de menteurs”, se rappelle un fils d'ex-prisonnier à Tindouf. C'était la parole du rejeton contre celle des militaires. L'esprit de corps a été le plus fort : “A Tindouf, on avait entendu parler des difficultés rencontrées par les premiers libérés grâce aux lettres et aux échos qui nous parvenaient de temps en temps. Mais pour nous, il était impensable qu'on nous abandonne après toutes les souffrances endurées pour notre pays. Des membres des FAR nous ont rassurés à notre arrivée. On les a crus forcément, puisque nous étions entre militaires”, raconte un sous-officier libéré en 2004.

Tous ont eu pourtant droit, en guise de salut aux drapeaux, à une vague poignée de main d'un gradé. Ainsi qu'un paquetage militaire fait de bric et de broc : “On nous a donné des vêtements civils dépareillés. Certains ont eu droit à des uniformes, mais la couleur de leur tenue était différente afin de les distinguer des autres militaires de la base”, se souvient l'adjudant-chef Elyazami, pilote de Mirage F1 abattu en territoire ennemi. Une vexation parmi d'autres : “Nous avons subi les interrogatoires de plusieurs services de renseignements. Je sentais qu'on se méfiait de nous comme si nous étions des traîtres”, surenchérit le lieutenant Mohamed Astati, capturé en 1980 et libéré en 2003. L'homme a tenté de s'évader du camp en 1987, avant d'être capturé à quelques kilomètres du Mur de défense par une patrouille algérienne. “J'ai fait mon devoir de militaire en combattant et en tentant de m'échapper. Me considérer comme un traître est un comble !”.

Le climat de défiance, qui règne autour des libérés de Tindouf, trouve son origine dans les méthodes de propagande du Polisario. Certains militaires marocains sont passés à la radio du Front pour s'en prendre à Hassan II et (re)nier la marocanité du Sahara. Ce double crime de lèse majesté, concédé sous la torture, ne sera jamais excusable pour les têtes pensantes des FAR. “Le général Abdelaziz Bennani (contrôleur général des FAR) m'a affirmé que tous ceux qui n'ont pas essayé de s'évader sont des traîtres”, raconte l'adjudant-chef Elyazami. Lors de cet entretien, survenu quelques années après sa libération, l'adjudant-chef a ravalé son indignation. Il a salué le général Bennani comme un militaire se doit de saluer son supérieur : “Par respect pour son grade et l'institution. Mais pas pour la personne”.

Les grades, c'est (pour) les autres
C'est que l'armée avait bien changé en l'absence de l'adjudant-chef. Elyazami pilotait des Mirage F1 en 1976, considérés comme le haut du panier des FAR, même en étant sous-officier. En 2007, un adjudant-chef n'est plus rien au sein de l'armée marocaine. “Quand j'étais pilote, il suffisait d'être lieutenant pour commander une base militaire. A mon retour, j'ai découvert une inflation d'officiers supérieurs. Des colonels derrière chaque bureau, occupés à des tâches administratives”, s'étonne Elyazami.
Le grade, c'est l'échelle de reconnaissance propre aux militaires. Ne pas en bénéficier, c'est passer à côté d'une carrière. Celle qu'ont faite les autres et dont on a été privé : “J'ai croisé des anciens de ma promotion sur la base d'Agadir. Ils étaient devenus pour la plupart colonels sans avoir fait la guerre”, regrette le lieutenant Atmane, pilote de F1.

Il ne pourra pas rattraper ses anciens camarades. Il a été rayé des tablettes des FAR avec le grade qu'il avait le jour où il a été fait prisonnier. Un traitement que subiront tous les ex de Tindouf. Certains apprennent même qu'ils ont été mis à la retraite pendant leur détention : “Nous avons été traités comme de vulgaires cas administratifs, sans tenir compte des années passées en détention. Ceci sur la base d'un règlement militaire datant de 1958. Nous sommes les plus vieux prisonniers de guerre du monde mais, durant notre captivité, personne n'a jamais songé à actualiser des lois obsolètes pour compenser nos années de détention”, se désespère le capitaine Najab.

Les anciens de Tindouf devront avaler d'autres couleuvres. Pendant leur détention, le commandement a annulé la double solde qu'est censé percevoir tout militaire servant dans la zone sud. Chacun est renvoyé dans ses pénates avec le minimum syndical : des retraites calculées au plus juste. Et un complément de revenu perçu au titre de la réforme : “Le médecin militaire souriait en me demandant quelle raison devait-il inscrire. De mon choix dépendait le taux que je percevrais. On a eu affaire à de véritables semsara qui ne nous ont jamais considérés comme des personnes souffrantes, ou comme des militaires” raconte un gradé passé par la case Agadir. Le cumul de la réforme et de la retraite garantit aux anciens détenus de Tindouf un revenu minimum de 5000 dirhams mensuels. Tous sont ainsi envoyés à la casse sans indemnisations, à part quelques agréments de taxi pour les plus chanceux. “On a pourtant exhibé des soldats devant les caméras avec des chèques de 30 ou 40 millions de centimes pour faire croire qu'ils avaient été indemnisés. C'est un mensonge : ils n'ont fait que percevoir leurs droits”, signale le lieutenant Astati.

L'enfer du retour
Redevenu civil à son corps défendant, Astati tente aujourd'hui de rattraper le temps perdu. Comme de nombreux anciens détenus de Tindouf, il a été fait prisonnier alors qu'il entrait à peine dans la vie. Détenu plus d'années qu'il n'en a passées en liberté. Avec tout à bâtir, encore. L'ancien officier des FAR est marié depuis peu et a les enfants qu'il a toujours désirés. Il semble heureux en ménage même s'il s'inquiète pour ses gamins en bas âge : “Selon les règlements en vigueur, si je meurs, ma femme ne percevra que la moitié de la somme que l'on me sert à l'heure actuelle, soit à peine 3000 DH”. Cette question le taraude chaque jour. Il n'est pas le moins bien loti pourtant. “Je me suis aussitôt marié à mon retour pour pouvoir avoir des enfants. Mais mon couple a échoué, car il est difficile pour une personne extérieure de comprendre le fardeau que portent les anciens détenus de Tindouf”, confie l'adjudant-chef Elyazami.

Le sous-officier est toujours étonné de voir ces psychologues accourant au secours d'otages dans les journaux télévisés étrangers. Ça le rend perplexe : “Si eux ont subi un traumatisme au bout de quelques jours, c'est que je dois être très malade avec mes vingt-deux années passées à Tindouf”, lâche-t-il. Il consulte un psychologue pour régler le passif, conscient des séquelles dont il souffre, contrairement à beaucoup de soldats qui ont décidé, eux, de garder le silence. “Beaucoup prennent du viagra pour avoir des rapports sexuels, mais personne ne vous le avouera”, surenchérit Elyazami qui dit clairement ce que d'autres chuchotent ou font basculer dans le silence de leur monde intérieur.

Le retour a toujours été difficile. “C'est une joie piégée”, confie un ancien prisonnier. Passées les retrouvailles, la réalité reprend ses droits. Quelques fois dès le premier regard : “Les cheveux blancs de mon épouse m'on choqué. J'avais laissé une jeune femme derrière moi. Je retrouvais une vieille dame”, raconte un ancien de Tindouf. “Il ne nous reste en commun que la souffrance. Celle de ma détention et celle de son attente”, ajoute-t-il. Et les enfants ? “J'ai été fait prisonnier alors que ma fille n'avait que neuf jours. Nous sommes des parents biologiques plus que des parents affectifs aux yeux de nos enfants”, soupire le capitaine Najab. Certains mots deviennent difficiles à prononcer : “Quand mon fils veut me parler d'une pièce à l'autre, il vient me voir pour ne pas avoir à crier “papa”. Il ne m'a d'ailleurs jamais appelé ainsi, me considérant simplement comme le mari de sa mère. J'ai été fait prisonnier alors que ma femme était enceinte de lui. Il ne m'avait jamais vu avant ma libération”, témoigne le caporal Mostapha Bouih. D'autres soldats ont laissé derrière eux deux enfants. A leur retour, ils en avaient trois. Il a bien fallu passer l'éponge. Faire comme si l'on n'avait rien remarqué, comme s'il ne s'était rien passé. D'autres femmes se sont remariées, ne voyant pas leur époux revenir du front. Des détenus ont divorcé à leur retour pour épouser des femmes plus jeunes que la leur. D'autres ont claqué leurs arrières de solde en femmes et alcool, histoire de rattraper une jeunesse définitivement perdue. Intrus dans leur propre vie, courant après un monde mort et enterré durant leur longue absence…





Libération. Un seul absent : le Maroc !

Une chose est sûre, l'Etat marocain ne s'est guère dérangé pour faire libérer ses soldats. “Même lors de la signature du cessez-le-feu, le Maroc n'a quasiment pas fait allusion à cette question”, rappelle, dépité, le capitaine Najab. Hassan II a même refusé de recevoir les premiers libérés. En 1984, par exemple, il expulse dès leur arrivée, illico presto, une dizaine d'entre eux vers la Suisse. Trois ans plus tard, il récidive en disant non à l'arrivée de deux cents prisonniers que le Polisario a décidé de relâcher. “Ils ont dû rester à Tindouf jusqu'en 1995, quinze d'entre eux décéderont entre temps”, ajoute Najab. Toujours en 1987, le Maroc accepte enfin d'ouvrir ses portes à 150 soldats, en contre-partie, il doit remettre aux Algériens 102 de leurs militaires qu'il détenait depuis la bataille d'Amgala en 1976. “Ils (les officiels marocains) n'ont même pas essayé d'obtenir un échange équitable”, s'indigne un caporal à la retraite. Les libérations vont commencer à s'enchaîner à partir de 1999, date à laquelle est créée l'Association des familles des martyrs, des disparus et des prisonniers du Sahara marocain qui va militer dans ce sens en sensibilisant l'opinion internationale. Jusqu'en 2001, ils sont 392 à retrouver leur liberté. Entre 2002 et 2003, le Polisario libère 859 autres marocains grâce à l'intervention de l'Allemagne, l'Italie, l'Espagne et surtout la Libye qui a réussi, pratiquement à elle seule, à arracher 300 prisonniers des griffes du Polisario. “C'est le fils Kadhafi qui a supervisé personnellement l'opération mais, en échange, il a dû offrir monts et merveilles au Polisario”, explique Najab. En 2004, c'est au tour du Qatar et de l'Irlande de prendre le relais avec 200 libérés. La vague de libération la plus importante est à l'actif des Américains qui ont réussi en 2005 à arracher aux séparatistes les 404 derniers prisonniers. D'autre part, il est à signaler qu'ils sont une dizaine à avoir réussi à s'évader des camps de Tindouf. “Certaines évasions ont réussi parce que les familles des prisonniers ont arrosé des responsables du Polisario qui leur ont facilité la chose”, explique notre caporal.






Ahmed Azarar. L'homme aux quatre guerres

L’adjudant Ahmed Azarar est un vieillard de 70 ans, dont plus de 50 sous les drapeaux. Il a fait la guerre pour les Français, aussi, en Indochine où il a été fait prisonnier. A sa libération, le caporal chef reçoit la croix de guerre pour services rendus à la république française. “J'ai été prisonnier en Algérie et à Tindouf dans des conditions pires que dans les camps d'Indochine. Mais les Marocains, à mon retour, ont choisi de me remettre la croix zéro. C'est-à-dire rien”, plaisante t-il. Le caporal-chef Azarar a certes l'humour du désespoir. Mais il ne cache pas qu'il se sent bien mal payé en retour, lui, héros de la résistance, qui a déserté sa caserne française pour rejoindre l'armée de libération dans l'Oriental dans les années 1950. “J'avais volé tout l'armement de la garnison avec l'aide de résistants”, se souvient Azarar. Intégré aux FAR à leur création, il participe à la Guerre des sables en 1963 contre l'Algérie. Le caporal-chef remonte à nouveau au front dès les premières hostilités enclenchées avec le Polisario. Fait prisonnier en 1979, il ne sera libéré qu'en 2000. “Lors de ma détention, un gradé algérien m'a affirmé qu'être prisonnier de guerre était l'un des risques encourus quand on était soldat. Je n'avais donc pas à avoir honte”, raconte l'adjudant, assis dans son logement loué à l'armée. Il médite sur cette anecdote dans une petite maison que les FAR refusent de lui vendre depuis qu'il a été rayé des cadres. Si c'était à refaire, ce serait sans lui.






Omar Hadrami. “Inna l'watana…”

Les anciens de Tindouf n'ont pas tous à se plaindre du sort qui leur a été réservé par la mère patrie. Omar Hadrami, ancien chef de la sécurité dans les camps du Polisario, s'est vu dérouler le tapis rouge quand il a répondu, à la fin des années 80, à l'appel de Hassan II : “Inna l'watana ghafouroune rahim (la patrie est clémente et miséricordieuse)”. Hadrami décroche en récompense un poste de gouverneur. “Je l'ai ressenti comme une trahison”, témoigne le caporal Mostapha Bouih. Le retour d'ascenseur du Maroc à Hadrami a choqué les anciens de Tindouf. C'était le monde à l'envers, d'autant que ces derniers accusent leur ancien geôlier d'assassinats et de tortures. Ce que semble confirmer, entre autres, un ancien rapport consigné par France Libertés, l'association des droits de l'homme présidée par Danielle Mitterrand. Extrait : “Le lieutenant Mozoun est mort en 1991 sous la torture à la prison du 9 juin. Il a été suspendu par les mains et roué de coups jusqu'à la mort par le sous-directeur de cette prison : Mbarek Ould Mouiled”. L'ONG dénonçait pour la première fois des violations des droits l'homme perpétrées par le Polisario et l'Algérie contre les détenus marocains. D'habitude plus attentive aux positions sahraouies, l'ONG a été tout ouïe devant le rapport de l'Association nationale des familles des martyrs et disparus du Sahara Marocain, envoyé aux parlementaires européens. Un lobbying réussi qui a encouragé l'Association à envisager l'ouverture des hostilités. “Nous comptons porter plainte contre Hadrami devant le Tribunal pénal international”, annonce Brahim Hajjam, son président.






Enlèvement. Le cas des civils

Une centaine de civils marocains ont connu les affres de la détention à Tindouf au même titre que les militaires. Il s'agit essentiellement d'employés du bâtiment, des transports et de la fonction publique, kidnappés par les séparatistes lors d'incursions au-delà des lignes marocaines. “Nous n'avons pas été protégés par notre statut de civil. Les geôliers nous traitaient aussi durement que les militaires”, raconte Mohamed Lamani, un électricien enlevé en 1980 avec sept autres passagers d'un car reliant Tata à Agadir. Une fois rapatriés au Maroc, les civils découvrent que leur parcours du combattant n'est pas fini pour eux. “Leur traitement a été encore plus scandaleux que pour les militaires”, dénonce Brahim Hajjam de l'Association nationale des fils des martyrs et des disparus du Sahara marocain. Après leur débriefing sur la base d'Agadir, ils ont été lâchés dans la nature avec 10 000 DH et un ticket de bus en poche. Sans couverture médicale, sans revenu fixe, chacun a survécu comme il a pu. Lamani et deux de ses camarade ont logé pendant des mois dans les sous-sols du Complexe Mohammed V à Casablanca, avant d'être secourus par des bienfaiteurs. Les autorités ont réagi dernièrement en accordant à l'ensemble des civils libérés des agréments de taxi. Une compensation dont ils ne se contentent pas : “Nous voulons être indemnisés par l'état. Si le Polisario a réussi à nous kidnapper sur le territoire national, c'est parce que le Maroc a été incapable de nous protéger en tant que citoyens”, peste Lamani.

TelQuel

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