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admin"SNP1975"

admin
Admin




France Info - Hier, 16:29
]Le leader du Rassemblement pour la Culture et la
Démocratie (RCD) publie un livre sur le colonel Amirouche : "Une vie, deux
morts, un testament". Biographie d’un combattant trahi par les siens, et tué par
le général Massu. Les ossements de celui que Saïd Saadi appelle "le Jean Moulin
algérien" ont ensuite été gardés au secret par Boumedienne, raconte-t-il. C’est
selon lui "une forfaiture qui annonçait la dérive dans laquelle se débat la
nation depuis un demi-siècle


[/size]".[/size]






Saïd Saadi dénonce la problématique de l’histoire en Algérie, à
partir de la confiscation de la guerre de libération par ceux qui ont pris
ensuite le pouvoir.
L’opacité et la corruption
constituent une culture politique largement partagée dans le sérail algérien,
affirme-t-il, c’est pourquoi il refuse le titre de président
à Abdelaziz Bouteflika
.
"Après le couvre-feu
médiatique, le pays est en coma politique… et il risque une implosion
chaotique"
, conclut le député algérien




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Dernière édition par admin le Lun 28 Juin - 18:52, édité 2 fois

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admin"SNP1975"

admin
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Actualité (Jeudi 15 Avril 2010)


Son livre suscite déjà l’intérêt de la communauté universitaire
Sadi : “Amirouche allait dissoudre le MALG et l’Armée des frontières”
Par : YAHIA ARKAT


Il n’y est pas allé par quatre chemins pour dénoncer le tandem Boussouf-Boumediene qui a entrepris, dès l’Indépendance, de déconstruire la légende vivante du chef de la Wilaya III.

Grande mobilisation à l’université de Tizi Ouzou mardi dernier. Motif ? Le comité estudiantin a invité Saïd Sadi à animer une conférence sur son livre Amirouche : une vie, deux morts, un testament. Le vaste auditorium avait du mal à contenir autant de personnes venues en masse à l’occasion : moudjahidine, élus, enseignants, étudiants. Les organisateurs ont dû installer une sonorisation à l’extérieur pour permettre aux étudiants qui n’étaient pas rentrés de suivre la conférence programmée dans le cadre des activités commémoratives du 30e anniversaire du Printemps berbère.
Preuve s’il en est que la génération d’aujourd’hui a repris le flambeau de ses aînés qui, hier en 1980, avaient fait de la région le bastion du combat démocratique que l’université de Tizi Ouzou a de tout temps relayé. Devant une assistance avide de vérités historiques, le président du RCD s’est voulu pédagogue. D’emblée, Saïd Sadi a tenu à rappeler, pour l’histoire, les combats nés dans cette enceinte universitaire pour donner, dans la difficulté il est vrai, quelques repères politiques et moraux au pays. Le propos toujours aussi direct, le conférencier n’y est pas allé par quatre chemins pour dénoncer le tandem Boussouf-Boumediene qui a entrepris, dès l’Indépendance, de déconstruire la légende vivante du chef de la Wilaya III. Cette falsification est le symbole même du détournement de l’Histoire, aux yeux du conférencier. “L’Histoire est la graine qui féconde la nation, c’est pourquoi son écriture doit se faire sans maquillage ni dégradation”, dira le Dr Sadi, retraçant au passage la vie et les hauts faits d’armes de cet “homme d’exception” qu’était le colonel Amirouche. L’orateur a remis en cause les propos de Ali Kafi sur certaines vérités historiques. “Ali Kafi a menti”, dénonce-t-il preuves à l’appui. Exemple : l’ancien président du HCE n’était pas congressiste aux assises de la Révolution en 1956 à la Soummam.
C’est Amirouche, alors capitaine chargé de l’organisation et de la sécurité du Congrès, qui avait refusé à Kafi de participer à la rencontre parce qu’il ne figurait pas sur la liste des participants. Sadi a rétabli une autre vérité historique au sujet de l’affaire Mellouza. “À l’époque, soit la fin mai de 1957, Amirouche n’était pas en Algérie ; il n’est rentré de Tunis que vers la fin du mois de juillet pour remplacer le colonel Si Nacer à la tête de la Wilaya III”, explique l’intervenant qui rappelle que le nouveau chef promu colonel était chargé par le CCE de diligenter une enquête sur l’affaire Mellouza.
La réunion des colonels de l’Intérieur en décembre 1958 a été convoquée par Amirouche suite à l’abandon des maquis et un différend avec la délégation installée à Tunis. C’est d’ailleurs ce qui avait poussé Amirouche à se rendre à Tunis le 6 mars 1959, même s’il n’avait aucune chance de passer au vu du déploiement de l’armée française. “Le MALG a capté un message de l’armée française faisant état du déplacement du colonel Amirouche à Tunis. Ainsi informé, Boussouf n’avait pas informé à son tour le GPRA”, a souligné le conférencier avant de préciser que le colonel Amirouche, en allant sur Tunis, avait sur lui une pile de documents et autres rapports dans lesquels il accusait les responsables des transmissions, entre autres, de “régionalisme”, en ce sens que la Wilaya III n’avait que deux postes radio au moment où des régions ou des zones moins fournies en hommes dans les autres Wilayas en avaient plusieurs. Même les étudiants envoyés par Amirouche à Tunis pour une formation sont dirigés par Boussouf vers les transmissions, ce qui avait contrarié le chef de la Wilaya, lui qui avait le souci de former les cadres de demain. “Amirouche allait dissoudre le MALG et l’Armée des frontières”, révèle le leader du RCD avant de conclure sous un tonnerre d’applaudissements : “Si Amirouche n’était pas mort, l’Algérie ne serait pas le désert sanglant qu’elle est devenue aujourd’hui.”

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MJB



[quote="Atavisme"]
MJB a écrit:<.
.
La seule solution et d'ignorer le régime marokki, lui tourner le dos et le laisser mariner dans son délire et gerber seul dans son coin....Et c'est ce que fait El Djazair..
OUI D'ACCORD, MAIS APRES AVOIR RENDU A JULES CE QUI APPARTIENT A CESAR..

admin"SNP1975"

admin
Admin

Basta !

par Mourad Benachenhou


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Quiconque suggère, laisse entendre par implication ou affirme que Abdelhafid Boussouf et Houari Boumediène auraient commis des actes délibérés de trahison pendant la guerre de libération nationale est :

- Soit en état de démence avancée : son cas ressort alors de la médecine ; ses proches parents, ses amis ou toute personne bien intentionnée à son égard doivent lui conseiller, sinon le forcer à consulter en urgence un homme de l'art qui décidera, après examen approfondi des symptômes de déséquilibre mental que ses déclarations manifestent, soit de lui prescrire une médication adéquate, soit d'ordonner son hospitalisation dans une institution spécialisée, au cas où il présente un danger pour lui-même et/ou la société ;

- Soit encore sous le choc de la perte d'un proche parent, et dont la douleur n'a as été estompée par le passage du temps ; dans ce cas, qu'il sache que l'on ne peut que comprendre et partager sa douleur, tout en reconnaissant les qualités exceptionnelles de son parent, qualités qui lui ont valu, et lui valent encore l'admiration de ceux qui l'ont connu ou ont simplement fait partie du même combat que lui. Cependant, cette douleur ne justifie pas l'opprobre dont ce fils inconsolable jette sur d'autres acteurs de la lutte de libération nationale ; en salissant leurs noms et en mettant en doute leur patriotisme, il porte non seulement un préjudice moral irréparable à leur nom et à leurs familles respectives, mais il réduit en même temps la valeur de son parent puisqu'il l'associe avec des hauts responsables qu'il accuse d'avoir agi délibérément contre les intérêts d'une nation en guerre. La douleur ne justifie pas les accusations non fondées ; et les familles des personnes citées dans ses accusations, comme ceux qui étaient associés à ces responsables, et sur lesquels le soupçon est également lancé par ces accusations irresponsables, sont e droit de demander que justice soit faite de ces insultes délibérées qui constituent simplement des calomnies sans fondement.

- Soit qu'il agisse par calcul politique, cherchant à appuyer des convictions et des objectifs politiques préétablis, dont l'avancement passe par une présentation délibérément fausse, donc consciemment mensongère, de faits historiques. Dans ce cas, l'accusation est frappée de nullité, du fait que la crédibilité de l'accusateur est ruinée par les intentions politiques, déclarées ou non, qui sous-tendent les insultes qu'il lance contre ces deux hauts responsables. Cet accusateur ruine, du même coup, la force de l'argumentation qu'il avance en appui à ses convictions ; du mensonge ne peut pas jaillir la vérité ; et si l'on doit utiliser le mensonge pour appuyer ses convictions politiques, celles-ci sont elles-mêmes frappées du sceau de l'illégitimité ; quand on a une bonne cause, il existe suffisamment de faits avérés pour l'appuyer, ce n'est que lorsqu'on manque d'arguments qu'on ressortit à la manipulation et à la distorsion de la vérité.

 Il est donc vivement recommandé à l'auteur de ces mensonges délibérés de revenir publiquement sur ses affirmations mensongères dans l'intérêt de sa propre cause, s'il ne veut pas perdre encore plus de sa crédibilité déjà fortement entamée et apparaître comme un homme trop sectaire pour être crédible, perdant ainsi le bénéfice qu'il voulait tirer de ses calomnies.

- Soit qu'il ne se soit pas entouré de toutes les précautions dans la recherche des faits historiques qu'il rapporte et qu'il ait, en toute bonne foi, utilisé des sources peu crédibles ou incomplètes, qu'il n'a pas pris la peine, pour quelques raisons que ce soit, de recouper par des témoignages écrits ou oraux provenant de personnes qui ont été soit acteurs, soit témoins des faits qu'il a rapportés faussement ; il est à souhaiter que tous ceux qui ont avancé ces affirmations mensongères sur Boussouf et Boumediène appartiennent à cette dernière catégorie, car, dans ce cas, la bonne foi de l'auteur est moins en cause que l'imperfection des méthodes qu'il a suivies pour recueillir les informations sur les faits qu'ils avancent. C'est à ceux qui se placent dans cette catégorie que les détails qui suivent sont destinés.

1) En période de guerre, tous les coups sont permis ; l'ennemi a effectivement monté une opération d'intonations, à partir de 1957, et en direction de la Wilaya 4, visant à prouver que tous les intellectuels de cette wilaya, et en particulier les lycéens qui avaient rejoint en masse l'ALN à partir de juin 1956, étaient en fait des agents de l'ennemi ; il est à souligner que dans les listes diffusées par l'ennemi, il n'était donné que le noms d'intellectuels ; donc, l'opération visait délibérément à faire éliminer par l'ALN tous ceux qui étaient capables de réfléchir et donc de rendre l'ALN encore plus forte.

2) Cette opération a été immédiatement éventée par les responsables de la zone autonome d'Alger, qui ont tenu informés, preuves à l'appui, les responsables politiques et militaires de l'époque.

3) Il se trouve que le seul qui ait ajouté foi aux fausses informations des services secrets ennemis ait été le colonel Amirouche, et il a agi en conséquence, faisant arrêter et torturer, puis exécuter près de 2.000 intellectuels de sa wilaya.

4) Malgré les interventions insistantes de Krim Belkacem, devenu en septembre 1958 ministre de la Défense du GPRA, et le colonel Si Nacer, chef d'état-major de l'ALN, tous deux anciens commandants de la wilaya 3, Amirouche a continué sa politique de liquidation qui, il faut le souligner, ne touchait que les intellectuels de la wilaya, et il a même réussi à convaincre le colonel Bouguerra, commandant de la Wilaya 4, de lancer une opération similaire dans les rangs de ses troupes.

5) Finalement, fin 1958, en consultation avec Boussouf, alors ministre des Liaisons générales, et Abdallah Bentobbal, ministre de l'Intérieur, Krim Belkacem a ordonné à Amirouche de cesser les exécutions, d'envoyer sur Tunis les personnes soupçonnées d'intelligence avec l'ennemi, ainsi que tous les lycéens et autres intellectuels qu'il jugeait aptes à poursuivre des études supérieures en vue de leur préparation aux tâches futures d'administration de l'Etat algérien indépendant.

6) Amirouche n'avait pas d'autre choix que d'obéir aux ordres qui lui avaient été donnés ; il a cependant continué à harceler Krim Belkacem de correspondances où il insistait sur l'exigence de liquidation physique des personnes évacuées sur Tunis.

7) Finalement, début janvier 1959, Amirouche a envoyé à ses deux responsables hiérarchiques officiels, à savoir Krim Belkacem et le colonel Nacer, un message violent où il faisait état de la mauvaise situation militaire dans la wilaya, mais où également il lançait des accusations de trahison contre certains hauts responsables de l'ALN en position sur le territoire tunisien ; dans ce message, il a exigé d'être autorisé à se déplacer sur Tunis pour apporter ses preuves et faire lancer une opération d'épuration ; il a également annoncé qu'il serait accompagné du colonel Haouès.

8) La réponse à ce message a été rédigée conjointement par Boussouf, Belkacem et Ben Tobbal, mais signée par Belkacem seulement en sa qualité de ministre de la Défense ; dans ce message, l'ordre d'arrêter toutes les exécutions et de continuer l'évacuation sur Tunis des intellectuels, soupçonnés ou nom de connivence avec l'ennemi, était réitéré à Amirouche ; il lui avait également été demander de venir seul et de passer par le Nord Constantinois, qui était, de l'avis des trois responsables, plus sûr que le Sud, car dans la wilaya 6 sévissait une situation que le GPRA ne contrôlait pas.

9) Amirouche a accusé réception de ce message, tout en précisant qu'il prenait la route sur Tunis et qu'il arrêtait toute communication avec l'extérieur, demandant qu'on ne tente plus de prendre contact avec lui car il avait ordonné à l'opérateur radio d'éteindre son émetteur-récepteur.

10) Quelques jours avant la bataille qui a coûté la vie au colonel Amirouche comme à Haouès, l'échange de messages entre différentes unités ennemies, messages interceptés et déchiffrés par les services d'écoute de l'ALN, faisait état de rumeurs parmi les populations locales, du déplacement de Amirouche en compagnie de Haouès ; les Bulletins de renseignements généraux de la Gendarmerie nationale ennemie, diffusés en clair tous les jours à 17 heures, ont à la même époque mentionné ce déplacement.

11) Krim Belkacem, Boussouf, Bentobbal et Nacer ont été informés de cela ; en même temps, les services de transmissions de l'ALN ont tenté de contacter en vain Amirouche pour l'informer qu'il avait été repéré et qu'il devait changer d'itinéraire ; comme il avait de son propre chef décidé de ne plus recevoir de messages de Tunis, les wilayas 4 et 2 ont été contactées pour lui transmettre l'information ; mais elles aussi n'avaient pas le moyen d'informer à temps Amirouche ;

12) Quand à la bataille et aux unités ennemies qui y étaient engagées, il n'est pas nécessaire d'y revenir, car ses détails sont connus, comme est reconnu l'héroïsme manifesté par Amirouche, Haouès et leurs compagnons dans ce combat inégal.

13) Boumédiène était alors chef d'état-major de l'Ouest, et de ce fait, n'avait aucune responsabilité dans la gestion des affaires de la Wilaya 3 et n'avait aucune information sur les communications entre le GPRA et Amirouche, ou sur les conditions de son voyage vers Tunis ou son itinéraire. Boumediène ne pouvait donc avoir aucune influence sur le déroulement du drame qui devait coûter la vie à Amirouche.

14) Quant à Boussouf, sa marge de manœuvre vis-à-vis de la wilaya 3 en général et de Amirouche en particulier, était restreinte par le fait de son alliance politique avec Krim Belkacem, qui avait maintenu son influence sur cette wilaya, non seulement parce qu'il en avait assuré le commandement, mais également parce ce dernier était le ministre de la Défense en charge des affaires militaires, secondé en cela par un autre ancien de la Wilaya 3, le colonel Si Nacer, le chef d'état-major de l'époque.

15) Par conséquent, toute intelligence avec l'ennemi ne pouvait se faire que par complicité entre Boussouf, Belkacem, Ben Tobbal et Si Nacer, - Boumediène étant éliminé du complot du fait de sa position hiérarchique de l'époque.

 Se trouve-t-il quelqu'un de suffisamment dément, de suffisamment tourmenté par la douleur causé par la perte d'un être cher, de suffisamment partisan ou mal informé, pour accuser ces quatre hauts responsables de complicité avec l'ennemi dans la mort d'un homme qui, malgré sa puissance, ses qualités de leadership et la véhémence de son caractère, était sous leur coupe, et dépendait, pour son maintien à son poste comme pour sa vie de militant, de la décision de ces quatre hommes ?
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admin"SNP1975"

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Amirouche a été donné aux Français par Boussouf et Boumediène

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A l’occasion de la prochaine sortie du livre qui fait polémique de Saïd Sadi sur le colonel Amirouche, son fils, Noureddine Aït Hamouda, député RCD, se confie à El Watan Week-end. Pour lui, le colonel Amirouche a été donné par le MALG à l’armée française.

- Une vie, deux morts, un testament, c’est le livre qui va paraître ces jours-ci et il fait déjà polémique. L’auteur, Saïd Sadi, le patron du RCD, retrace la vie de votre père, le défunt colonel Amirouche, tombé sous les balles françaises le 28 mars 1959. D’abord, avez-vous participé à l’écriture de cette biographie ?

Non, l’écriture est l’œuvre exclusive de Saïd Sadi. Cela fait quarante ans que je connais Saïd Sadi et cela fait quarante ans que l’on parle de Amirouche. Ce livre a cogité dans sa tête au minimum 30 ans. Je l’ai aidé dans la mesure où je connais de nombreux détails sur Amirouche, j’ai pu avoir accès à certains documents, lui faire rencontrer des maquisards qui connaissaient bien mon père. Voilà ma contribution, c’est tout.

- Qu’apprend-on de nouveau dans ce livre sur le colonel Amirouche ?

Il ne faut pas se leurrer : il y a une quinzaine d’années, le pouvoir censurait le nom de Amirouche. Lors de la sortie du film L’Opium et le bâton, en 1971, Boumediène en personne est intervenu pour enlever le nom de Amirouche du scénario. Dans ce livre, Sadi retrace toute la vie de Amirouche, tout son combat est relaté (à Oued Fodda, à Oran, Relizane, à Paris, à la Wilaya III, à Tunis, etc.). Ce livre démontre et prouve une thèse fondamentale : Amirouche a été abattu lors d’une embuscade tendue par l’armée française, mais il a été donné, vendu aux Français par le MALG (ministère de l’Armement et des liaisons générales), c’est-à-dire par Boussouf et Boumediène en personne.

- Ces affirmations sont graves. Avez-vous des preuves de ce que vous énoncez ?

Oui, je l’affirme haut et fort ! L’équipe du MALG préparait l’après-Indépendance. Une dépêche de l’AFP du 30 mars 1959 annonce que « le colonel Amirouche a été éliminé par une grenade, reste maintenant à tuer la légende ». La France l’a abattu, puis a caché son corps pour qu’il ne soit pas une légende. Le corps a été rendu aux Algériens en 1964, déterré d’une caserne près de Bou Saâda. Ensuite, le corps a été caché une seconde fois par Boumediène, cette fois au siège de l’état-major de la Gendarmerie nationale. C’est la même méthode que les Français : un système de vases communicants entre l’armée française et l’armée algérienne.

- Boumediène, c’est quand même un mythe de l’Algérie indépendante, un personnage aimé de beaucoup de nos compatriotes. Pour vous, il se réduit à un vulgaire assassin...

Vous savez, et vous l’apprendrez dans le livre, Boumediène a fait pire que cela. Amirouche devait être tué en 1957 (soit deux ans avant sa mort) au Maroc. Nous avons des preuves. Au moment où à l’intérieur du pays d’authentiques militants se battaient pour l’indépendance, ceux qui étaient planqués, particulièrement au Maroc, avaient pour objectif la prise du pouvoir après l’indépendance. Il voulait donc éliminer tous les gens qui, après l’indépendance, pouvaient leur poser problème. C’est comme cela que Abane Ramdane a été éliminé, c’est comme cela que Amirouche devait être éliminé. A la dernière minute, il avait décidé de ne pas aller au Maroc, il échappait ainsi à la mort, pour deux ans seulement. Boumediène a fait pire, il a tué les fameux colonels de la Wilaya I avec l’aide de Bencherif !

- Pourquoi Boumediène aurait-il voulu cacher le corps de votre père et celui du héros des Aurès Si El Haouès ?

Un des survivants de cette histoire, c’est le colonel Bencherif, patron de la Gendarmerie nationale à l’époque et responsable de la mise au secret du corps de mon père à l’état-major de la gendarmerie de 1964 à 1982. Je constate qu’aucun journaliste ne lui a demandé pourquoi il avait fait cela, personne ne l’a inquiété, ni la justice ni personne. J’ai moi-même rencontré le colonel Benechrif, je lui ai demandé : « Pourquoi avez-vous fait cela à Amirouche ? » Il m’a répondu : « Je n’en sais rien, Boumediène m’a ramené les corps, il m’a demandé de les cacher, je les ai cachés. » J’ai rétorqué : « Mais alors, pourquoi après la mort de Boumediène, tu n’as pas parlé ? » « Le moment n’était pas encore arrivé... », m’a-t-il répondu.

- Finalement, ne serait-ce pas le procès de Boumediène que l’on fait dans ce livre ?

Non, ce livre n’a pas été fait pour régler des comptes. Il a été écrit pour rétablir une vérité historique que tout le monde a tenté de nier. Pourquoi n’aurait-on pas le droit de critiquer ce qu’a fait Boumediène ? Je ne vois pas pourquoi je n’aurais pas le droit de parler de l’armée. C’est une institution de la République. Il faut parler de Boumediène, mythe ou pas ! Pourquoi dans ce pays il y a des niches qu’on ne doit pas voir ? C’est insupportable à la fin ! Pourquoi Boumediène avait le droit de vie ou de mort sur les gens et moi pas la possibilité d’apporter ma critique ? Nous avons le droit de nous poser cette question : « Le bilan de Boumediène est-il positif ? Ou globalement négatif ? »

- Et votre bilan, est-il positif ou négatif ?

Depuis 1962, à ce jour où je vous parle, le bilan est globalement plus que négatif : il est catastrophique ! Jamais l’Etat algérien n’a été aussi riche qu’aujourd’hui avec un pétrole avoisinant les 85 dollars. Mais jamais les Algériens n’ont été aussi pauvres que maintenant. Nos amis marocains et tunisiens sont en train de construire leur pays avec un développement largement plus important que le nôtre.

- Les autorités algériennes préparent la riposte à ce livre sulfureux, des témoignages contredisant votre thèse et celle de Saïd Sadi. A l’heure où je vous parle, êtes-vous sûr de vos accusations ?

Vous savez, Khalida Toumi, une ancienne de notre formation politique devenue ministre de la Culture, a dit récemment : « Tant que je serai ministre, ce livre ne paraîtra jamais. » J’ai dû faire des pieds et des mains en haut lieu pour obtenir le numéro d’ISBN permettant sa publication. Et nous l’avons obtenu ! C’est déjà une victoire. Reste une interrogation sur mon père. Je peux essayer de comprendre qu’en temps de guerre, il y avait ce genre de liquidation d’hommes qui pouvaient faire de l’ombre, même si je ne les approuve pas. Des luttes intestines pour prendre le pouvoir existaient. Mais ce que je ne comprends pas — et c’est un mystère jusqu’à aujourd’hui pour moi — c’est qu’on cache le corps de mon père pour effacer une légende. Même mort, Amirouche leur faisait peur !

Bio express :

Noureddine Aït Hamouda est né le 15 juillet 1949 à Tassaft Ouguemoun, daïra d’Ath Yenni, Tizi Ouzou. Issu d’une famille modeste, son père est militant du mouvement national à l’ouest du pays puis en France dans les années 1950. Sa mère l’emmène chez ses grands-parents à Oued Fodda (Chlef).

A 27 ans, sa mère décède. Trois ans plus tard, son père, le colonel Amirouche, figure historique de la Révolution, est tué dans une embuscade tendue par l’armée française le 28 mars 1959.

Elevé par ses grands-parents maternels, le jeune Noureddine rencontre Saïd Sadi en 1978. Il s’engage dans le Mouvement culturel berbère (MCB) et fait face aux arrestations policières pour ses engagements politiques. Viennent les années de prison : 12 ans de prison entre Tizi Ouzou, Berrouaghia, Médéa et Blida.

Membre fondateur du RCD en février 1989, il est député de cette formation politique et, malgré la censure de l’ENTV, il ne cesse de perturber les séances publiques de l’APN.


Par El Watan


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La famille du président Boumediene porte plainte contre Saïd Sadi

Maitre Abdelhafid Kourtal, avocat de la famille du défunt président Houari Boumediene, a révélé dans une déclaration à Echorouk qu’il a été chargé de porter plainte contre Saïd Sadi, le secrétaire général du RCD. Sadi est notamment accusé de diffamation après qu’il ait, dans son récent livre, accusé Boumediene d’avoir liquidé le colonel Amirouche, chef de la troisième wilaya historique.

  • La dernière sortie de Sadi et ce qu’il a consigné dans son livre, porte préjudice à la famille du défunt président représentée par ses deux sœurs résidant à Alger. Ces dernières qualifient les allégations de Sadi de mensongères qui portent atteinte à l’homme disparu ainsi que sa famille, déclare l’avocat.
  • Dans son livre, Said Sadi se base sur des documents classés «Top Secret» qui ont filtré pour la plupart des archives de l’armée française. Il revient sur la lutte du Colonel Amirouche et les détails de l’opération au cours de laquelle il tomba au champ d’honneur, en compagnie de Si El Haouès le 29 mars 1959.
  • Le leader du RCD accuse alors le MALG et à sa tête le colonel Boussouf et le commandant de l’état major de l’ALN Houari Boumediene d’avoir dénoncé les colonels Amirouche et Si El Haouès et permis à l’armée française de les localiser.
  • L’ouvrage de Sadi a suscité beaucoup de remous avant même son parution lorsque l’administration de la Bibliothèque Nationale a été accusée d’empêcher l’attribution du numéro d’ISBN. Député RCD, Noureddine Ait-Hamouda, le fils du défunt Amirouche a fait des pieds et des mains pour l’obtenir et c’est d’ailleurs lui qui a alimenté le contenu du livre par des documents et des témoignages et a grandement participé à sa promotion par la campagne d’information qu’il mené.
  • Le président Boumediene est accusé dans ce livre d’avoir fomenté l’assassinat d’Amirouche en 1957, sauf que ce dernier avait ajourné son voyage au Maroc à la dernière minute.
  • Ait-Hamouda, avec le colonel Ahmed Benchérif, avait déjà accusé Boumediène de cacher la dépouille de son père au siège du commandement de la gendarmerie nationale de Bab-Jedid, après l’avoir réceptionnée en 1964, de l’armée française qui la conservait dans une des casernes de Boussaâda.
  • Le colonel Amirouche était réputé pour ses dissensions avec le commandement de la révolution à l’étranger – le gouvernement provisoire et l’état-major de l’ALN- qu’il accusait de juguler la révolution à l’intérieur, ce qui l’a poussé en 1958 à la « réunion des colonels », où Ali Kafi était absent. Après les débats, Si El-Haouès et Amirouche eurent pour mission de contacter le commandement en Tunisie. En route vers Boussaâda, ils tombèrent au champ d’honneur au Djebel Thamar, le 29 mars 1959, victimes d’un violent accrochage avec les forces ennemies.
  • Echourouk


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Ali Taibaoui"Le président Chadli avait ordonné une enquête dans l’affaire Amirouche et Si El Haouès", alias Mehiri,

l’un des officiers de la wilaya six et qui avait rejoint la révolution en 1955, était loin de penser que parler de la mort des deux dirigeants de la révolution, Amirouche et Si El Haouès, le conduirait à une série d’enquêtes interminables, car il ignorait alors que le sujet était tabou.

Tout a commencé en 1966 alors qu’Ali était coordinateur des moudjahidine à Boussaâda. Deux personnes se sont présentées à son bureau comme étant de la presse et lui ont demandé de les accompagner à l’endroit où les deux colonels étaient tombés martyrs au champ d’honneur, à Djebel Tamer, à près de 70 kilomètres du chef-lieu de la ville.

15 ans plus tard, et précisément en 1981 lorsque Chadli Bendjedid a pris les rênes du pouvoir, un colloque national sur l’écriture de l’histoire avait été organisé et les participants avaient reçu l’instruction de tout dire sur la révolution. D’autres rencontres régionales s’ensuivirent, dont une, tenue à Boussaâda. «Les enfants de Si El Haouès et le fils d’Amirouche étaient dans l’assistance. Là, le secrétaire particulier d’Amirouche, je crois qu’il s’appelait Rachid Ali, est intervenu et a relaté son périple pour retrouver la dépouille du colonel Amirouche. Il est allé, suivant les témoignages qu’il a recueilli, jusqu’au musée de Marseille où il était censé trouver la tête d’Amirouche et celle d’un autre combattant nommé Bouziane. Mais il ne trouva, là, que l’arme d’Amirouche».

Taibaoui ajoute que les enfants d’Amirouche et de Si El Haouès ont alors rapporté l’information au président Chadli Bendjedid qui a pris la question en considération et décidé de former trois commissions: une chargée de l’enquête, une autre médicale, et la troisième composée des proches des deux colonels. Le responsable de sécurité de ces commissions était Mouh Ouali.

«Un jour, en revenant du siège de la wilaya de Msila, j’ai été arrêté par un barrage de gendarmerie à l’entrée de la ville de Boussaâda. Après confirmation d’identité, j’ai été conduit au siège de la gendarmerie. L’affaire concernait les restes des colonels et mes déclarations à ce sujet au colloque sur l’écriture de l’histoire. Tout a été transcrit sur un P.V.».

«Après une série d’investigations, un officier de police est venu me voir pour aller rencontrer Deradji Ben Dif qui nous avait parlé la première fois du transfert des dépouilles des deux colonels. Ce dernier a tout nié cette fois-ci en dépit de mon insistance». «Sur le chemin du retour, nous avons rencontré Baali Ben Aissa, le responsable des volontaires civils (moussabiline) dans la région lors de la révolution, qui nous a révélé qu’il avait lui-même contribué à creuser les tombes des colonels et à y porter leurs dépouilles ». En dépit de ces aveux, les investigations ont continué et Taibaoui a encore été convoqué.

Le révolutionnaire Ali Taibaoui raconte qu’en 1983 lors du congrès des moudjahidine, le président Chadli Bendjedid a déclaré que les corps des deux colonels avaient été retrouvés et il a invité les congressistes, dont il faisait partie, à assister à leur inhumation au cimetière El Alia. Certains ont dit que les dépouilles des martyrs avaient été retrouvées à la prison de Barberousse, ajoute notre interlocuteur.

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Le colonel Ahmed Ben Cherif a affirmé à Echorouk que l’armée française a, à l’époque, utilisé des méthodes développées dont les moudjahidine ignoraient l’existence. Il a indiqué qu’un avion de reconnaissance français doté d’un chronomètre survolait la région de Djebel Thamer, où les colonels Amirouche et Si El Haouès sont tombés au champ d’honneur, et a enregistré les communications radio entre les dirigeants. C’est ainsi que l’armée française est parvenu à éliminer les deux héros. Si Ben Cherif révèle ce fait pour la première fois, certains moudjahidine avaient eu vent de l’histoire durant la révolution.

Le colonel Ben Cherif a souligné qu’il avait du respect pour Said Sadi qui a été emprisonné à l’époque de Chadli. «Sadi est un homme intelligent et s’il veut mon aide, je n’hésiterais pas», a ajouté notre interlocuteur.

C’est donc en ayant recours à la technologie que l’armée française a entrepris de monter une embuscade qui coûtera la vie le 29 mars 1959, aux colonels Si Amirouche et Si El Haouès, alors qu’Omar Idriss, blessé, a été achevé en dépit de la pression populaire, raconte notre interlocuteur que nous avons rencontré à sa résidence de Djelfa.

Le colonel Ben Cherif répond aux assertions sur la mort d’Amirouche

S’agissant de l’accusation de l’ancien président défunt Houari Boumediene par Ben Hamouda, Ahmed Ben Cherif a conseillé Ben Hamouda de cesser ses allégations et ses mensonges, ajoutant que Kasdi Merbah est à l’origine des tractations pour récupérer la dépouille d’Amirouche qui par la suite, a été transférée à Bab Djedid. A l’époque, tous pensait que le cercueil contenait les archives de la révolution. Mais, Ben Djedid a été averti dès que Ben Cherif a découvert la vérité.
En tout cas, et s’agissant de la polémique qui se tisse autour de la disparation d’Amirouche, Ben Cherif affirme que Chadli Ben Djedid était au courant de tous les détails.

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Yasmina Khadra : L’histoire ne me dicte rien, elle me suggère des choix

Le livre de Saïd Sadi sur la vie et la mort du colonel Amirouche déchaîne les passions. Le réalisateur Ahmed Rachedi souhaiterait faire un film sur Krim Belkacem, mais on lui rétorque que le ministère des Moudjahidine est la seule autorité habilitée à lui délivrer un visa pour un film parlant d’une personnalité historique. Ne pensez-vous pas que l’histoire algérienne, et son exploration par des auteurs (en documentaires ou en fictions), reste l’otage des officiels ?

Je n’ai pas encore lu le livre de Saïd Sadi. J’ai pour cet homme beaucoup de respect et d’admiration et n’ai aucune raison de douter de sa bonne foi. Je suis de ceux qui pensent que toute vérité, bonne ou mauvaise, se doit d’être dite. Ce qui importe, c’est la sincérité qui est derrière. Si cette vérité consiste à mettre de la lumière sur un événement afin de soustraire nos faits historiques aux camisoles de leurs assujettissements, elle s’inscrit dans un élan salutaire. Si, par contre, elle consiste à jeter de l’huile sur le feu, l’Algérie est suffisamment laminée pour subir d’autres épreuves suicidaires. Il est vrai que notre guerre d’Indépendance, comme toutes les guerres et les révolutions que les nations ont connues, n’échappe pas aux dérives et aux luttes fratricides. Aucune naissance au forceps n’est une partie de plaisir. Ce que je déplore, dans notre façon d’aborder notre histoire, c’est ce manque de sérénité. On dirait que tout plaide en faveur d’un règlement de comptes récurrent. Comme si, pour intéresser et exister par le texte, il était impératif d’user de la controverse et de la provocation la plus agressive. Ceci ne s’adresse pas au livre du docteur Sadi. Je parle, en général, de ce que certains de nos écrivains privilégient au détriment d’un minimum de retenue. Je suis peut-être ringard, mais je ne perds pas de vue la fragilité de notre pays. Nous sortons à peine d’une tourmente abyssale qui nous aura profondément traumatisés. Notre quotidien est gorgé de scandales et d’anathèmes. Comme si nous n’arrivions plus à contenir nos animosités. Chacun y va de ses petites et grandes aigreurs et de ses rancœurs parfois métaphysiques. Lorsque la passion s’empare d’un débat, elle fausse ses données. Jamais je n’ai pensé que la haine d’un pouvoir pourrait conduire si loin dans la diabolisation de toute une patrie. Nous n’avons plus la notion des choses et nous ne nous rendons plus compte de nos responsabilités ni des conséquences de nos déclarations. C’est peut-être cette colère qui rend l’Etat méfiant, allergique à tout ce qui se fait sans sa bénédiction. Je pense, naïvement, que l’Art et les Lettres ne doivent obéir qu’à leurs propres inspirations. Pour cela, il faut qu’ils disposent des moyens de leurs vocations. Or, ce n’est pas le cas chez nous. Dommage pour les nouvelles générations et pour celles qui vont venir. Car elles seraient privées de repères et ne sauraient trouver leur voie dans une mondialisation outrancière et impitoyable.

- Peut-on, selon vous, parler d’une histoire officielle, écrite et définie par les seules autorités politiques ?

L’histoire officielle n’est qu’une sélection étroite et figée des différents événements ayant accompagné l’évolution d’une nation à travers l’espace et le temps. Réductrice, idéologique souvent, elle me rappelle cette littérature destinée aux enfants et qui ramène une œuvre de Tolstoï à un ouvrage illustré légendé de textes dévitalisés. Une sorte de nature morte enfermée dans un cadre doré et qui, à la longue, n’émerveille plus personne. Elle exclut certains grands acteurs, falsifie les archives, retouche les photos sur lesquelles posaient les indésirables, déforme les propos de certains, zoome les faits d’armes des autres et nous impose un prisme réducteur et pipé. Interrogez l’histoire de la Chine communiste ou celle du Soviet suprême, par exemple. Un roman à l’eau de rose ne les égalerait pas. Mais il n’y a pas que cette partie de l’iceberg. Les historiens indépendants se sont imposés comme les véritables maîtres d’œuvre. C’est par eux que nous apprenons l’histoire et non par les officiels. En France, par exemple, les officiels ont cherché à mettre en exergue les bienfaits de la colonisation. L’opération s’est émiettée contre les remparts du ridicule, car les livres et les témoignages sont là pour dénoncer les atrocités de la colonisation. On peut domestiquer les esprits, jamais les consciences.

- Quelles seraient, si elles existaient, les lignes rouges pour un créatif lorsqu’il aborde des questions historiques ? Quelle est la place de l’écrivain, en tant que créatif, dans cette négociation avec l’autorité et avec l’histoire ?

Il n’y a pas de négociations lorsqu’il s’agit de littérature. Ni avec le pouvoir ni avec les académies. Pour donner le meilleur d’elle-même, la créativité ne doit obéir qu’à sa propre générosité. Les gens ne sont pas dupes. Le racolage est reconnaissable entre mille filouteries. Le livre est transparence à travers laquelle on décèle jusqu’aux plus camouflées des arrière-pensées de l’auteur. Quant aux lignes rouges, elles ne préoccupent que les écrivains honnêtes. Ces derniers connaissent leurs limites et, même s’ils détiennent la souveraineté de leur sujet, ils n’en demeurent pas moins prudents, car, désormais, les énormités sont plus faciles à faire avaler que la réalité des choses. Personnellement, j’écris sur les questions qui m’interpellent. J’écris pour traquer une réponse qui me fuit. J’ai horreur de la polémique et je m’interdis d’user de la provocation pour m’illustrer. J’essaye d’abord de proposer une écriture agréable – car la lecture est indissociable du plaisir – ensuite, je m’applique à traiter d’une histoire avec loyauté. L’histoire ne me dicte rien, elle me suggère des choix et c’est à moi d’opter pour tel ou tel exercice. Lorsque je m’étais mis à écrire Ce que le jour doit à la nuit, à aucun moment je ne m’étais vu en train de croiser le fer avec l’histoire. Je me suis seulement contenté de quelques repères pour articuler le destin de mes personnages. Je trouve le combat des Algériens pour leur liberté et leur honneur titanesque. Ancien cadet, j’ai été formaté dans l’amour de mon pays. Je ne sais pas regarder notre histoire sans une dose de tendresse. Et je ne m’imagine pas profaner les charniers et les cimetières pour enfoncer d’un cran l’Algérie dans sa tragédie. Je n’ai rien contre ceux qui exhument nos martyrs pour les dresser contre nos monuments ou nos souverains. Mais ce n’est pas de cette façon que je souhaiterais convoquer nos morts. Quand je vois la colère en train de sourdre en nous, quand je surprends la morsure derrière nos sourires, quand je mesure l’étendue de nos malentendus et notre incommensurable capacité de nuisance, j’ai peur pour l’Algérie. Entre les vérités rédemptrices et les vérités vindicatives, je préfère la fiction. Je sais ceci : qui joue avec le feu, sans être un saltimbanque habile, finira par se brûler.

Adlène Meddi
El Watan


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Polémique : Sadi répond à Benachenhou

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En écrivant un livre sur le colonel Amirouche, je prolonge une conduite que je m’étais fixée de longue date : soumettre au débat les sujets qui, d’une façon ou d’une autre, impactent la vie nationale pour éviter que la rumeur, la manipulation ou les deux ne confisquent de dossiers majeurs dans la construction de l’État démocratique et social annoncé par Novembre et configuré à la Soummam.
C’est ainsi qu’il a fallu introduire la question identitaire et celle des droits de l’homme dans la scène algérienne à l’époque du parti unique avant d’intégrer la condition féminine et la régionalisation dans le programme du RCD. Un peu plus tard, on s’en souvient, j’ai invité à réfléchir sur l’avenir de la presse privée. Aujourd’hui, le temps est venu d’aborder lucidement la place et le rôle de l’histoire dans la vie publique et cela pour deux raisons. D’une façon générale, aucun pays ne peut indéfiniment esquiver ou escamoter son passé sans être rattrapé par la vérité ou pire, voir d’autres acteurs, plus ou moins bien intentionnés, structurer en lieu et place de la collectivité concernée les référents nationaux. Plus immédiatement, la nécessité de débattre de notre passé dans la transparence se justifie par le fait que, si l’on excepte le président Boudiaf qui assumait un début d’alternative, aucun chef d’État n’a proposé un projet soumis à des évaluations et assumé un bilan. Tous les dirigeants qui ont pris le pouvoir, qui par un putsch qui par des fraudes électorales, se sont construit un parcours de sauveur de la nation en assaisonnant notre histoire selon les appétits de leurs clans.
Les élites en question
J’ai choisi l’histoire d’Amirouche parce que le sort qui lui a été réservé est exemplaire des turpitudes algériennes. J’ai pu voir très tôt comment des hommes préparaient en pleine guerre le pouvoir de l’arbitraire et par quels procédés ils avaient volé et violé la conscience nationale en abusant de notre patrimoine mémoriel après l’indépendance. Le cas Amirouche offre l’avantage, si l’on peut dire, de mieux éclairer nos mœurs politiques d’avant et d’après guerre. Quinze jours après la sortie du livre, le succès en librairie ne s’est malheureusement pas accompagné de commentaires à la mesure de ce que nous sommes en droit d’attendre sur une guerre de libération aseptisée et qui, comme toutes les révolutions, eut ses épisodes de grandeur et ses parts d’ombre. Ceux qui se sont manifestés publiquement se répartissent en trois groupes : il y a des anciens maquisards, des intellectuels et des politiques. Passons rapidement sur les premiers dont la crédibilité et la légitimité ne sont pas les plus affirmées dans leur catégorie. Que répondre à quelqu’un qui déclare : «Saïd Sadi étant trop jeune pendant la guerre, il n’avait pas à s’immiscer dans le domaine historique.» ou : «Au lieu d’écrire sur Amirouche, Saïd Sadi aurait dû parler de Krim Belkacem.» On imagine bien que si le livre avait concerné le signataire des accords d’Evian, j’aurais eu droit à une interpellation tout aussi sèche pour avoir commis un écrit sur des hommes «se prélassant dans les palaces de Tunis ou du Caire au lieu de traiter de patriotes qui ont lié leur destin à celui de leur peuple». Ces polémiques n’ont d’intérêt que dans la mesure où elles soulignent la misère politique du régime qui emmagasine certains anciens combattants pour les actionner en cas de nécessité ; cette allégeance étant rétribuée par quelques prêts bancaires «non remboursables» ou d’autres avantages plus ou moins avouables. En disant cela, je souhaiterais convaincre que je ne cherche à accabler personne et que je ne saisis cette opportunité que pour mieux décoder les mécanismes du système algérien. Souvent inaudibles, les voix intellectuelles sont hélas réduites, pour une bonne partie, à la fonction d’indicateurs du sens du vent. Si l’on exclut l’exception notable de Yasmina Khadra, lui aussi sollicité, mais qui eut le mérite de s’interdire de commenter un livre qu’il n’a pas lu, on ne peut que déplorer la sortie de Rachid Boudjedra, pour lequel j’ai une estime sincère, quand il dit : «Saïd Sadi est un politique. Il assène ses vérités.» Outre mes analyses personnelles, j’ai construit mon livre sur des évènements, des témoignages et des documents. Ces éléments peuvent être vrais ou faux mais il n’y a pas beaucoup de place pour l’interprétation dans ce genre de situations. Mais ce qui pose problème dans les affirmations de Boudjedra, c’est cette tendance à soutenir des préjugés politiquement lourds de sens. Quand il avance qu’Abane a été tué par Krim et non Boussouf, il sait que cela est faux ; ce qui ne veut pas dire, par ailleurs, que le passage à l’acte de Boussouf n’a pas été facilité, voire encouragé par l’animosité que nourrissaient Krim et d’autres responsables envers Abane. Je peux croire pourtant que cette propension à suivre et relayer les modes ne participe pas d’une intention politicienne chez Boudjedra. Il n’en demeure pas moins, et nous le verrons plus loin, que ces complaisances sont récupérées et instrumentalisées. Restent les politiques qui se sont exprimés. J’en retiens deux : un membre de la direction d’un parti de la coalition gouvernementale proclamant sa proximité avec le clan d’Oujda et un ancien ministre qui a appartenu au segment noir du MALG. Le premier affirmant qu’il ne peut y avoir matière à débat puisque «l’histoire a tranché» est dans son rôle. Produit de la cooptation populiste qui propulse un parti créé trois mois auparavant au sommet de toutes les institutions par des méthodes que ne renierait pas le funeste Naegelin, il ne peut qu’espérer voir perdurer une histoire faite de fraudes, d’injustice et de prédation pour surnager politiquement. Si désordonnée et brutale qu’elle soit, la diatribe de l’ancien ministre publiée par le Quotidien d’Oran est paradoxalement plus utile pour l’analyse de l’impasse algérienne. Le titre «Basta » qui coiffait la page était à la fois une signature et un programme. Il ne s’agit surtout pas de tolérer une discussion ou un avis du bas peuple. Non, il faut que l’autre, extérieur à la secte, en l’occurrence Nordine Aït Hamouda, le fils du colonel Amirouche, se taise et se terre. Il n’a pas le droit d’exister et si on lui accorde une visibilité, c’est pour décréter qu’il est dément et, pourquoi pas, en appeler à l’ouverture des cliniques psychiatriques comme aux temps bénis du Goulag, On se surprend, devant tant d’impulsivité, à se demander si c’est le profil de l’individu, à l’évidence caractériel, qui a inspiré l’éructation ou les reliquats d’une formation dans une instance qui a cloîtré l’intelligence avant de la pervertir pour humilier et stériliser le pays. Mais ne faut-il pas être l’un pour servir l’autre avec autant de zèle et de cynisme ? Je ne sais pas, pour ma part, ce que j’aurais fait, une fois devenu adulte, si j’avais été à la place de celui dont on a voulu avilir le père avant de le priver de sépulture.
Le cynisme des oligarques
L’auteur de la fetwa du Quotidien d’Oranordonne et exige de ne plus jamais émettre la moindre critique sur Boumediène et Boussouf avant de remettre sans vergogne sur la table la tambouille du duo Godard-Léger, agrémentée de quelques tonitruants mensonges sur lesquels je reviendrai. Que nous dit Monsieur Mourad Benachenhou ?
1) Basta ;
2) Que celui qui ose s’exprimer après son oukase ne peut être qu’un individu frappé de folie ;
3) Qu’il interdit de parler de Boussouf et de Boumediène ;
4) Que c’est Boussouf qui a sermonné et obligé Amirouche à laisser sortir les étudiants à partir de 1958 ;
5) Que si le colonel de la Wilaya III a été tué c’est parce qu’il a éteint son poste radio sur lequel Boussouf essayait en vain de le contacter ;
6) Que s’il y a eu fuite dans le code ou la transmission, elle ne doit être imputée qu’à deux Kabyles, Krim Belkacem ou Mohamedi Saïd. Qu’importe que le second soit en 1959 opposé au premier puisqu’il était déjà l’obligé du clan d’Oujda qu’il suivra d’ailleurs dans le clan de Tlemcen en 1962.
On est consterné par tant d’aveuglement de la part d’une personne qui a occupé les plus hautes charges dans l’Algérie indépendante et qui fut dans l’antre du pouvoir occulte avant l’indépendance. Si un homme s’autorise autant d’excès à un demi-siècle de distance et, qui plus est, dans une période où les Algériens ont malgré tout réussi à arracher un droit minimum à la parole en dépit de la censure institutionnelle, on ne peut qu’être saisi d’effroi à l’idée d’imaginer ce que des agents comme lui ont pu commettre à l’époque où ils officiaient dans l’impunité et loin de tout regard. En tout cas, il faut avoir de solides raisons pour étaler tant de haine et prendre le risque de s’exposer dans une démonstration aussi aléatoire qu’intempestive.
Qu’en est-il des affirmations de Monsieur Benachenhou ?
Pendant la guerre, le seul centre d’accueil des étudiants algériens était basé à Tunis. Je raconte dans mon livre comment et pourquoi Amirouche, qui n’était que commandant en 1957, c'est-à-dire une année avant les prétendues injonctions de Boussouf, l’a ouvert sur les fonds propres de la Wilaya III. Cela est un fait. S’agissant des messages interceptés, voici ce qui est écrit dans le point numéro 6 du rapport que portait avec lui d’Amirouche en allant à Tunis : «La Wilaya III n’a reçu que deux postes au mois d’août 1958, sans dépanneurs, alors qu’en d’autres wilayas, il existe des régions (la région est une subdivision de la wilaya) qui possèdent des postes émetteurs... cette carence tend à faire croire à une volonté de négliger la Wilaya III, ou à du régionalisme de la part tout au moins des responsables des transmissions.» Retenons donc, pour l’instant, que la Wilaya III ne disposait que de deux postes émetteurs lors du déplacement d’Amirouche. Or, au mois de décembre 1958, un des deux postes a explosé, déchiquetant les techniciens et blessant grièvement le commandant Mohand ou Lhadj et le lieutenant Abdelhafidh Amokrane (toujours vivant) à la suite de la mise en marche d’une batterie piégée par l’ennemi, destinée à éliminer Amirouche qui était à l’époque dans le Nord-Constantinois avec les colonels qu’il y avait convoqués. Nous savons aussi que le deuxième poste était resté à Akfadou puisque c’est sur cet appareil que Krim Belkacem, déjà en désaccord avec Boussouf, avait essayé de contacter Amirouche, parti depuis 3 jours, pour lui demander de changer de route au dernier moment. Monsieur Benachenhou sait pertinemment que le colonel Amirouche n’avait pas de poste émetteur quand il se dirigeait vers Tunis. Les messages captés par l’armée française émanaient des services de Boussouf qui a obligé ses agents à les diffuser à plusieurs reprises malgré leurs réticences. En bon agent du noyau dur du MALG, il doit aussi savoir que le 29 mars, à l’annonce de la mort d’Amirouche et de Haoues, Krim a déclaré à Tunis devant des témoins encore en vie : «C’est un coup de Boussouf et de Boumediene».Prétendre qu’Amirouche a été sermonné après l’opération des services spéciaux français est une contrevérité. Le colonel de la Wilaya III a demandé, dès les premières informations, de l’aide et une commission d’enquête au GPRA qui l’a félicité ; félicitations qu’il a récusées tant que des observateurs extérieurs à sa wilaya ne sont pas venus évaluer la situation. Les documents qui attestent de ces données existent. Nous pouvons reprendre une à une les allégations de Monsieur Benachenhou et les démonter. Mais le plus grave dans ses affirmations tient à cette allusion renvoyant à un postulat inlassablement distillé qui suggère qu’au cas où il ne serait plus possible de nier que le colonel de la Wilaya III a été «donné» à l’armée française, il faut imputer la faute à Krim Belkacem ou Mohamedi Saïd qui avaient été responsables de la Kabylie. Comme si, en la matière, la faille renvoyait à une question organique et non de transmission. La thèse est construite, rodée et appliquée. Dans un hebdomadaire arabophone, un autre ancien maquisard affirme, dans la même semaine, que ce sont deux moudjahidine kabyles, faits prisonniers le 28 mars 1959, qui ont donné leur chef et Haoues, oubliant que l’armada déployée par le général Massu était sur place le 25 mars, soit trois jours avant l’accrochage qui a coûté la vie à Amirouche et au chef de la Wilaya VI. Après «ce scoop», l’ancien patron de la gendarmerie, Ahmed Bencherif, argue que la séquestration des restes des deux colonels avait été décidée par Merbah (un autre Kabyle) et à son insu. La fable a ses cohérences, ses acteurs et ses objectifs. Krim a tué Abane, Mohamedi Saïd ou Krim ont donné Amirouche et Merbah a séquestré Amirouche avant de tuer Krim. Le tout sans que Boussouf ou Boumediène n’aient vu ou entendu quoi que ce soit. Les Kabyles s’entretuent. Il n’y a qu’à le faire savoir et… espérer ou, mieux, faire en sorte que cela continue. Voyez-vous Monsieur Benachenhou, si l’antikabylisme devait faire le bonheur de l’Algérie, notre pays, compte tenu de l’énergie que votre clan a mis à cultiver ce travers, serait au firmament des nations. Faut-il, dès lors, s’étonner, devant tant de perfidie, de voir des désespérés se réfugier dans des aventures sécessionnistes ? En ce sens, l’intervention de Monsieur Benachenhou ne peut être prise pour un témoignage visant à masquer un passé trouble. C’est d’abord et avant tout une manœuvre qui prend l’histoire comme levier pour maintenir l’asservissement de la nation par une oligarchie qui a détourné mémoire et destin algériens.
Monsieur Benachenhou,
Puisque vous assumez aujourd’hui encore les drames qui ont empêché notre peuple de s’accomplir, il est légitime de vous poser les questions qui s’adressent à un inculpé qui plaide coupable.
1er) Vous vous impliquez sans nuance en 2010 dans l’action de Boussouf, qui pouvait avoir l’excuse, si l’on ose dire, de la bonne foi stalinienne au moment où il planifiait et commettait ses exactions. Savez- vous ce que l’assassinat d’Abane a coûté à l’Algérie en termes politique et moral ?
2e) En tant qu’acteur fier du coup de force engagé par l’armée des frontières contre les maquis de l’intérieur et de son coup d’État contre le GPRA, première instance légale de l’Algérie contemporaine, pouvez-vous être sensible au prix humain de cette irruption et à son effet dévastateur pour le futur algérien : plusieurs milliers de morts au lendemain d’une guerre qui a saigné le pays et des affrontements fratricides qui continuent de déchirer la nation à cause de votre «pédagogie» de la conquête du pouvoir par le kalachnikov ?
3e) Votre basta peut-il valoir justification à l’exécution du colonel Chabani qui a laissé des séquelles qui ne veulent pas cicatriser, notamment chez les populations du Sud ?
4e) Qu’avez-vous tiré comme dividendes des assassinats de Krim et de Khider qui avaient le droit de vivre dans un pays qu’ils ont fait renaître et le devoir de contester un pouvoir dont les usurpateurs n’auraient jamais connu d’existence politique sans leur engagement et sacrifice ?
5e) Pouvez-vous nier que vous avez volé et caché pendant 20 ans les restes des colonels Amirouche et Haoues ?
Savez-vous ce que de tels crimes symboliques impriment dans l’âme du citoyen ? Les questions sont celles-là, Monsieur Benachenhou. Toute autre élucubration est vaine. Je pourrais continuer à l’envi la liste des conséquences de vos crimes, je dis bien crimes puisqu’en vous réclamant de ces abus un demi-siècle après leur commission, vous ne pouvez ni invoquer l’ignorance de leurs implications, ni la pression des conjonctures.
Monsieur Benachenhou,
Je n’ai pas écrit un pamphlet, je n’ai pas cherché à polémiquer. Je continuerai à inviter à débattre de tout ce qui peut faire avancer la réflexion et aider à construire la citoyenneté qui est le contraire de votre morgue.Mais sachons positiver : s’il fallait une raison de plus pour écrire ce livre, vous venez de nous la donner. Voyez-vous, Monsieur Benachenhou, la différence entre vous et moi, c’est que je ne fais pas de la politique pour préserver une carrière ; je me suis engagé pour apporter ma pierre à la construction collective d’un destin. Vous l’aurez compris, nous n’avons ni les mêmes valeurs ni les mêmes échelles. Vous investissez l’instant, je parle à l’histoire. Vous avez tué Amirouche et vous m’avez emprisonné et torturé. Vous avez gagné la bataille du pouvoir, nous avons gagné la bataille de la mémoire. Vous ne le savez pas : il n’y a pas d’autorité sans morale.
S. S.
* Président du RCD, député.
Source Le Soir d'Algérie
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Polémique autour d’Amirouche, une vie, deux morts, un testament : Saïd Sadi crucifie ses contradicteurs

Deux semaines après la parution de son livre, Saïd Sadi a eu largement le temps d’aiguiser sa réponse, tombée jeudi, cinglante et incisive. Ses contradicteurs : « anciens maquisards », « intellectuels » et « politiques » prennent tous une volée de bois vert.


Saïd Sadi ne pouvait rêver meilleur contradicteur à son livre. Mourad Benachenhou, ancien ministre, mais surtout ancien du MALG, a le profil pour justifier d’une filiation directe avec l’objet de l’histoire. Amirouche, une vie, deux morts, un testament, le dernier ouvrage du président du RCD, fait recette, suscite une vive polémique, une formidable levée de boucliers. Au sein même du pouvoir, dont les hommes se mettent en mode « contre-attaque ». En accusant vertement deux de ses mythes fondateurs, Boussouf et Boumediène, d’avoir été, pour quelque chose, pour quelque trahison près, dans la mort, le 28 mars 1959, à Boussaâda, des colonels Amirouche et Si El Haouès, Saïd Sadi se savait frôler un nid de guêpes.

D’une véhémence inouïe, surtout à l’égard de Nordine Aït Hamouda, le fils de Amirouche, la tribune publiée, le 15 avril dans le Quotidien d’Oran, par Mourad Benachenhou avait pour objectif de « démonter » les accusations portées à l’égard de Boussouf et de Boumediène. « Se trouve-t-il quelqu’un de suffisamment dément, de suffisamment tourmenté par la douleur causée par la perte d’un être cher, de suffisamment partisan ou mal informé, pour accuser ces hauts responsables (Boussouf, Krim Belkacem, Ben Tobbal, Si Nacer et Boumediène) de complicité avec l’ennemi dans la mort d’un homme qui, malgré sa puissance, ses qualités de leadership et la véhémence de son caractère, était sous leur coupe et dépendait, pour son maintien à son poste comme pour sa vie de militant, de la décision de ces hommes ? », s’interrogeait Benachenhou.

Deux semaines après la parution de son livre, Saïd Sadi a eu largement le temps d’aiguiser sa réponse, tombée jeudi, cinglante et incisive, dans les colonnes du Soir d’Algérie. Ses contradicteurs : « anciens maquisards », « intellectuels » et « politiques » prennent tous une volée de bois vert.

Les anciens maquisards qui ont enfoncé son livre dans El Khabar Hebdo (du 21 au 27 avril, n° 582), Ahmed Mahsas, Mustapha Bougouba, le commandant Lakhdar Bouregaâ… sont cloués au pilori. Les polémiques suscités par ces derniers « n’ont d’intérêt que dans la mesure où elles soulignent la misère politique du régime qui emmagasine certains anciens combattants pour les actionner en cas de nécessité ; cette allégeance étant rétribuée par quelques prêts bancaires « non remboursables » ou d’autres avantages plus ou moins avouables ». Des intellectuels, « réduits à la fonction d’indicateurs du sens du vent », comme Rachid Boudjedra qui a déclaré (voir El Watan Week-end) que Sadi était un « politique (qui) assène ses vérités », en prennent pour leur grade.

Ce qui pose problème dans les affirmations de Boudjedra, c’est « cette tendance à soutenir des préjugés politiquement lourds de sens. Quand il avance qu’Abane a été tué par Krim et non Boussouf, il sait que cela est faux ; ce qui ne veut pas dire, par ailleurs, que le passage à l’acte de Boussouf n’a pas été facilité, voire encouragé par l’animosité que nourrissaient Krim et d’autres responsables envers Abane. » Parmi les « politiques », Saïd Sadi choisit de répondre à Miloud Chorfi, cadre dirigeant du RND, un parti « proclamant sa proximité avec le clan d’Oujda ». En affirmant qu’il ne peut y avoir matière à débat puisque « l’histoire a tranché », (Chorfi) est dans son rôle. Produit de la cooptation populiste qui propulse un parti créé trois mois auparavant au sommet de toutes les institutions par des méthodes que ne renierait pas le funeste Naegelin, il ne peut qu’espérer voir perdurer une histoire faite de fraudes, d’injustice et de prédation pour surnager politiquement ».

Le président du RCD n’y attardera pas outre mesure. Son énergie, il la réservera à la défense de Nordine Aït Hamouda, face à la « fetwa » de l’ancien ministre des Finances, Mourad Benachenhou, qui avait appartenu au « segment noir du MALG ». La diatribe de Benachenhou, « si désordonnée et brutale qu’elle soit, est paradoxalement plus utile pour l’analyse de l’impasse algérienne ». Sadi reprend point par point l’intervention de Benachenhou, défait toutes ses thèses. « Mais le plus grave dans ses affirmations tient à cette allusion renvoyant à un postulat inlassablement distillé qui suggère qu’au cas où il ne serait plus possible de nier que le colonel de la Wilaya III a été « donné » à l’armée française, il faut imputer la faute à Krim Belkacem ou Mohamedi Saïd qui avaient été responsables de la Kabylie. Comme si, en la matière, la faille renvoyait à une question organique et non de transmission.

La thèse est construite, rodée et appliquée. La « fable a ses cohérences, ses acteurs et ses objectifs. Krim a tué Abane, Mohamedi Saïd ou Krim ont donné Amirouche et Merbah a séquestré Amirouche avant de tuer Krim. Le tout sans que Boussouf ou Boumediène aient vu ou entendu quoi que ce soit. Les Kabyles s’entretuent. Il n’y a qu’à le faire savoir et… espérer ou, mieux, faire en sorte que cela continue. Voyez-vous Monsieur Benachenhou, si l’antikabylisme devait faire le bonheur de l’Algérie, notre pays, compte tenu de l’énergie que votre clan a mis à cultiver ce travers, serait au firmament des nations. Faut-il, dès lors, s’étonner, devant tant de perfidie, de voir des désespérés se réfugier dans des aventures sécessionnistes ? »


Par Mohand Aziri


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Boussouf et Boumediène, victimes de la Bleuite… à titre posthume

Des années après l’indépendance, en évoquant la mort des deux chefs de wilaya, certains combattants laissèrent insinuer qu’un message radio envoyé aux intéressés par le GPRA et intercepté par l’ennemi aurait permis de situer l’itinéraire du groupe Amirouche-Haouès en partance pour la Tunisie. Pour ceux qui ont le privilège de connaître Si Amirouche, ils sauront qu’un chef de sa trempe ne révélait jamais à l’avance ses intentions et encore moins le ou les itinéraires qu’il voulait emprunter, si bien qu’il est impensable qu’il ait été donné par quelqu’un de son entourage et encore moins par l’extérieur. En fait, la disparition de Amirouche-Haouès est due à une opération anodine et de routine de l’armée française, comme l’ennemi avait l’habitude de déclencher par les troupes du secteur quasi quotidiennement.

(Mustapha Tounsi,
Il était une fois la Wilaya IV,Éditions Casbah, Alger, 2008).

Par Mourad Benachenhou
Le colonel Amirouche n’a voulu être ni le successeur de Fatma Nsoumer, ni l’émule du Bachagha Mokrani. Il a consacré sa vie à la lutte pour la libération de la nation algérienne.
La mort héroïque de Amirouche peut-elle être instrumentée pour des causes régionalistes ?
On ne peut trouver dans son parcours politique ou dans ses déclarations rien qui prouve qu’un jour il ait dévié du choix politique qu’il a embrassé dès sa prime jeunesse, celui de contribuer à la renaissance d’une Algérie libre, indépendante et unie au-delà des différences régionales et de la diversité culturelle propres à notre pays. Il a milité dans un parti nationaliste, fondé et dirigé par Messali Hadj, et dont l’objectif, clairement énoncé dès 1926, par ce leader encore jusqu’à présent objet de censure, était l’Indépendance nationale. Arrêté en 1950 par les services de sécurité coloniaux, et alors qu’il exerçait le métier d’horloger à Relizane, Amirouche est condamné à la prison, en même temps que des militants nationalistes, tels que Rabah Bitat, forgeron à Aïn-Témouchent, Bensaïd Abderrahmane, commerçant à El-Amria, Benali Benachenhou, tisserand à Tlemcen et bien d’autres. Amirouche a laissé parmi ses compagnons de la prison militaire d’Oran, le souvenir d’un nationaliste convaincu, ayant en horreur le régionalisme, même sous ses formes les plus bénignes. Il projetait alors l’image d’un homme courageux, équilibré, calme, plutôt tacite, d’une très grande courtoisie, n’élevant jamais la voix, même lorsqu’il ne partageait pas l’avis de ses camarades de cellule, et également d’un fervent musulman, très attaché à l’Islam, et ne manquant jamais ses cinq prières. Déjà, à l’époque apparaissaient les qualités de leadership qui devaient lui permettre d’accéder au poste de colonel commandant la Wilaya III, à l’âge de 32 ans.
La Bleuite, une erreur de jugement dévastatrice
Il est évident que le lourd fardeau des responsabilités et l’ampleur des risques acceptés, jointes à la situation de tension permanente qui est propre à la guerre de guérilla, peuvent avoir été les facteurs ayant provoqué le changement profond dans la personnalité de Amirouche, changement qui explique, sans les justifier, certaines de ses actions et de ses décisions, qu’il a prises de son propre chef et sur la base de ses propres analyses. Parmi les décisions les plus contestées qui lui sont reprochées, la plus grave a été le crédit, malgré les mises en garde qu’il a reçues de ses camarades de combat comme de ses supérieurs hiérarchiques qu’il a accordé aux fausses informations diffusées par l’ennemi, informations jetant le doute sur la loyauté et le patriotisme de membres de l’ALN. La «Bleuite», opération de manipulation diabolique, conçue et mise en œuvre par le capitaine Paul-Alain Léger, capitaine du 1er Régiment de parachutistes étrangers, vétéran de la guerre d’Indochine, avec l’accord de son supérieur hiérarchique de l’époque, le colonel Godard, dans le cadre du «Groupe de renseignement et d’exploitation», créé fin 1957, à la suite de la bataille d’Alger, a commencé à donner ses effets négatifs sur la Wilaya III le 21 janvier 1958, date de l’exécution de la première victime de cette manipulation.
Des preuves incontestables de la responsabilité personnelle et directe de Amirouche
La responsabilité personnelle de Amirouche dans le lancement de cette campagne comme dans sa mise en œuvre ne fait aucun doute. Une déclaration du lieutenant Rachid Adjaout révèle, suivant un article rédigé par Aït Ouakli Wahib, article publié dans le quotidien l’Expression, l’incident qui a fait démarrer cette phase particulièrement sanglante de la lutte de Libération nationale. Voici ce que révèle, entre autres, cet article, dont on passe les détails, car tout un chacun peut le consulter sur internet.([Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] formation/melh_elbled/lire.php? ref=5764). «Se rendant à Aït-Moussa pour enquête, le colonel Amirouche tombe nez à nez avec Rosa Tadjer ; recrutée à Alger et qui était la pièce maîtresse du réseau. Ayant à peine échangé quelques phrases avec cette femme, notamment sur les circonstances de son recrutement, le colonel de la Wilaya III s’est rendu à l’évidence qu’un complot le visait lui et la wilaya qu’il commandait.» Cette affirmation prouve, s’il le fallait encore, qu’au lieu de se borner à considérer que cette jeune fille était un agent avéré des services secrets ennemis pour une opération isolée, Amirouche a immédiatement mis cette espionne au centre d’un complot qui le visait comme il visait la Wilaya III. Adjout ne fait référence à aucun échange de vue entre le Colonel et quelque membre que ce soit du commandement de sa wilaya pour discuter de son hypothèse. Immédiatement après la capture de cet agent double, rapporte le même article, est mis en place au niveau de la Wilaya III un «comité d’épuration», co-présidé par Rachid Adjaout et Hacène Mahiouz, assistés de Hmimi Oufadhel et Mohand Oulhadj. Il est évident que ce «comité » ne pouvait avoir été constitué sans l’ordre expresse de Amirouche, dont c’était certainement l’idée, car il aurait été inimaginable, dans les circonstances que connaissait alors cette wilaya, au vu du style de commandement de Amirouche, comme au vu du fait que c’était lui qui avait qualifié la mission de Rosa de complot visant sa personne et sa wilaya, que quelqu’un d’autre que lui ait avancé cette idée, qui laissait planer le doute sur la fidélité de tous les combattants et auxiliaires de la Wilaya III. Il est certain que tout autre responsable que lui qui se serait hasardé à émettre l’idée de la mise en place d’un «comité d’épuration» wilayal aurait été le premier à y être déféré et en subir les décisions mortelles. Quant aux tortures et aux exécutions subies par les victimes, l’affirmation, répétée par certains partisans durs et purs de Amirouche, qui ne peuvent qu’être loués pour leur loyauté envers lui, suivant laquelle elles ont été pratiquées sans le consentement et l’ordre direct de Amirouche, est simplement invraisemblable. La notion de séparation des pouvoirs n’a pas été clamée comme une caractéristique du système intentionnel de l’ALN et du FLN !
La lettre-circulaire aux colonels et la réunion inter-wilayas de Oued-Asker
Un second élément qui renforce le point de vue selon lequel la responsabilité de Amirouche dans le déclenchement et la mise en œuvre de cette vaste tuerie, dont la justification a un rapport ténu avec les manipulations des services secrets ennemis, est la correspondance qu’il a adressée à ses collègues des autres wilayas, correspondance datée du 3 août 1958, où il écrit, selon diverses sources, aux commandants des autres willayas, entre autres, ceci : «Cher frère, j’ai le devoir de vous informer, en priant Dieu pour que ce message vous parvienne à temps, de la découverte en notre willaya d’un vaste complot ourdi depuis de longs mois par les services français contre la révolution algérienne. Grâce à Dieu, tout danger est maintenant écarté, car nous avons agi très rapidement et énergiquement. Dès les premiers indices, des mesures draconiennes étaient prises en même temps : arrêt du recrutement et contrôle des personnes déjà recrutées, arrestation des goumiers et soldats «ayant déserté», arrestation de toute personne en provenance d’autres willayas, arrestation de tous les djounoud [soldats] originaires d’Alger, arrestation de tous les suspects, de toutes les personnes dénoncées de quelque grade qu’elles soient et interrogatoire énergique de ceux dont la situation ne paraissait pas très régulière… Les traîtres sont surtout des personnes instruites, intellectuels, étudiants, collégiens, médecins et enseignants. » Amirouche prend même l’initiative d’inviter ces commandants de wilaya à une réunion qui se tient à Oued-Asker (sur les hauteurs de Taher) du 6 au 12 décembre 1958, et à laquelle prennent part, outre Amirouche, respectivement les colonels suivants : Wilaya I : Hadj Lakhdar (Aurès- Némemchas), Wilaya IV : Si M’hamed (Centre), Wilaya VI : Si El Haouès (Sud). Etaient absents le colonel commandant la Wilaya II Ali Kafi (Nord-Constantinois), représenté, cependant, par le capitaine Lamine Khene, et le colonel commandant la Wilaya V Lotfi (Oranie et Sud-ouest). Il est à souligner que certains des responsables présents à cette réunion avaient émis des réserves quant à sa légalité du fait qu’elle contrevenait à un ordre du Comité de coordination et d’exécution, alors organe suprême du FLN/ALN, qui interdisait les réunions interwilayas sans autorisation préalable de ce comité. Mustapha Tounsi, dans son ouvrage cité en exergue du présent article, rapporte les détails de cette réunion, à laquelle il avait pris part, en tant que membre de la délégation de la Wilaya IV (voir : Purges, liquidations, «tasfiyate» Les non-dits des années terribles, El Watan du 27 octobre 2005, article signé par Boukhalfa Amazit, ainsi que les différents interviews de Lamine Khene portant sur le même sujet).
Des témoignages objectifs concordants
À ces informations, données par les acteurs de cette tragédie, il faut ajouter les témoignages et les écrits sur cette phase terrible de la guerre de Libération nationale, qui ne manquent pas ; on se limitera à mentionner ici l’autobiographie du regretté Ferhat Abbas (24 octobre 1899 -23 décembre 1985) racontée dans son ouvrage intitulé : Autopsie d’une guerre( Éditions Garnier , Paris,1980 ), qui donne des détails - y compris la réaction de Krim Belkacem et la décision du CCE d’ordonner l’arrêt des poursuites et des exécutions — sur le déclenchement et les victimes de cette épuration massive, et l’ouvrage de Mohammed Harbi, Le FLN, mythes et réalités, (Éditions Jeune Afrique, 1988) ainsi que l’étude de Gilbert Meynier : Histoire intérieure du FLN(Fayard, 2002).
Ageron et les épurations massives
Un article exhaustif et particulièrement accablant sur les épurations a été rédigé par le regretté professeur Charles Robert Ageron (6 novembre 1923 - 3 septembre 2008). La préparation de cet article sérieux, fondé sur des critères scientifiques rigoureux, au-dessus de toute critique subjective, a dû exiger une recherche documentaire approfondie ne négligeant aucune source écrite ou orale d’information sur les péripéties en cause. Son auteur a choisi de lui donner le titre suivant, suffisamment parlant pour refléter le contenu de ce travail de fonds : Complots et purges dans l’Armée de libération nationale (1958-1961), (Revue d’histoire du XXIe siècle, volume 59, 1998, pp. 15-27 [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] s/home/prescript/article/xxs_02 94- 1759_1998_num_59_1_3775). Cet historien de métier donne des précisions incontestables et extrêmement détaillées sur ces purges et avance des chiffres terribles sur le nombre des victimes de ces épurations, chiffres basés non seulement sur les rapports de la gendarmerie et de l’armée ennemies, mais également sur des documents trouvés dans la sacoche de Amirouche par les soldats coloniaux, et sur des témoignages et des documents officiels algériens. Il mentionne également que des listes de noms de nombre de ces victimes existent dans les archives militaires de Vincennes. Il est loisible pour tout un chacun de consulter sur la toile web cet article écrit par un historien dont on connaît la sympathie pour le mouvement de Libération nationale, et dont la mort a donné lieu à des articles élogieux sur la presse nationale tant publique que privée.
2 812 suppliciés, selon Ali Yahya Abdenour !
Il faut également mentionner Ali Yahya Abdenour, que l’on ne peut dénoncer comme partisan du présent régime ou en provenance de la même zone géographique que celui actuellement au pouvoir ; Ali Yahya prononce cette phrase terrible dans une interview accordée au quotidien national La Nouvelle République, daté du 4 novembre 2004 (propos recueillis par Nadjia Bouaricha, voir : [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]. org/fr/article/hist/1954- 1962/novembre_04/ali_yahia_in dependance.htm). «Nousmêmes on a torturé et on a tué 2 812 jeunes étudiants, surtout des lycéens. La plupart de ces jeunes étaient des fils de paysans, même s’il y avait quelques fils de notables et de commerçants, de kaïds, mais la plupart étaient des enfants de paysans qui étaient instruits, représentant donc une menace pour les gens qui avaient pris le maquis et n’étaient pas instruits. » Cette affirmation ne demande aucun commentaire tellement elle est claire. Ali Yahya Abdenour est trop connu pour son combat en faveur des droits de l’homme et la démocratie, et sa personnalité est trop respectable pour qu’on s’avise, sans perdre sa propre crédibilité, à mettre en cause le chiffre terrible et les observations profondes qu’il fait sur les ressorts psychologiques et les motivations de revanche sociale qui ont animé tous les acteurs de cette tragédie digne de la mythologie grecque antique, où les meilleurs des fils de la Révolution ont été dévorés par les Gorgones à la violence gratuite et destructive et à l’abjecte laideur !
La mort de Amirouche, un simple hasard tragique de la guerre
Pour ce qui est des circonstances de la mort de Amirouche et de Haoues, même des chercheurs avisés comme Hamou Amirouche, un des secrétaires personnels de ce colonel, commettent l’imprudence, de manière plus ou moins directe ou plus ou moins voilée, de la mettre sur le compte d’un acte de trahison. Voici ce qu’écrit Hamou Amirouche, entre autres : «La mort de Si Amirouche en route vers Tunis pour “régler des comptes” avait-elle été voulue par certains des nôtres ? Y avait-il des taupes au sein de l’état-major général ? Je me mis à songer à ce que m’avait révélé d’un air de conspirateur, le Commandant… » (Akfadou, Un an avec le Colonel Amirouche, Casbah Éditions, 2009, p. 270). Le nom que Hamou Amirouche a cité a été volontairement passé sous silence. Rien, cependant, dans les conditions qui ont abouti à la mort tragique des colonels Amirouche et Haoues, aucun indice, aucune «fumée» qui corroboreraient les soupçons, maintes fois repris, d’une trahison en provenance des chefs hiérarchiques de Amirouche ! On peut affirmer, sans la moindre réserve mentale, et sans courir le risque d’être démenti par des informations que découvriraient plus tard des historiens, que cette «histoire à dormir debout», comme l’a si bien qualifiée Rachid Adajout, officier de l’ALN, membre du secrétariat particulier du colonel Amirouche, interviewé par Abdenour Si Hadj Mohand, est le pur fruit de l’imagination maladive et fertile de ceux mêmes qui ont inventé la «Bleuite» et voudraient prouver qu’en fait Amirouche aurait eu raison de mener son opération d’épuration, puisque des «traitres» se seraient même glissés au sommet de la hiérarchie du système FLN/ALN. Le capitaine Léger, décédé en 1999, doit se réjouir dans sa tombe du succès de son action d’intoxication qui a réussi à jeter une ombre de doute même sur les hauts responsables de la guerre de Libération nationale.
Une information diffamatoire sans fondements
Cette information diffamatoire n’a, pourtant, reçu aucune confirmation, après tant d’années qui séparent les évènements en cause de ce jour, de la part des ennemis de l’indépendance de l’Algérie, qui ont pris part à l’action militaire en cause. S’il y avait un brin de vérité dans cette diffamation, tous les généraux de France et Navarre, tous les historiens militaires qui ont gardé la nostalgie de la colonisation et n’ont, jusqu’à présent, pas digéré leur défaite politique, n’auraient pas hésité non seulement à raconter les circonstances les plus secrètes de cette «histoire à dormir debout», mais également à donner le nom réel, ou, s’ils l’ignoraient, le nom de code de l’opérateur radio algérien qui aurait passé l’information, et le nom de l’opérateur ennemi qui l’aurait reçu, avec, évidemment, mention de son grade, de même que la longueur d’onde et la fréquence utilisées pour la communication ! Les écrits sur l’opération d’intoxication et de noyautage par le capitaine Léger ne manquent pas. Cet acte de barbarie et de fourberie est considéré comme l’un des grands faits de guerre de l’armée ennemie. Et il est certain que les écoles militaires tant de l’ancienne colonie que d’autres pays étudient avec intérêt cette action de déstabilisation «réussie ». Mais, jusqu’à présent, ce que répètent les historiens qui font état de cette version de la mort de Amirouche et de Haoues, c’est seulement ce que certains Algériens continuent à ressasser, alors que cette version n’a rien, même pas le moindre indice, le moindre brin de preuve, si microscopique soit-elle, pour la soutenir !
Quelques détails sur la bataille de Djebel Thameur fournis par l’ennemi et confirmés par les témoins algériens
«La rencontre des escortes des deux colonels avec les forces coloniales était fortuite», comme le signale Farouk Zahi, dans un article rédigé à l’occasion du 50e anniversaire de la bataille du Djebel Thameur. ([Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] cles-15892-28-15380). En luimême, le combat qui a abouti à la mort de Amirouche et de Haoues n’a rien d’extraordinaire, en temps de guerre, dans son démarrage comme dans son déroulement et son issue. Un accrochage entre trois moudjahidine en arrière-garde, repérés par un avion d’observation ennemi, et une section ennemie les pourchassant, fait découvrir par l’ennemi la présence d’une importante unité de l’ALN. D’ailleurs, un petit commando isolé de l’ALN, en provenance de la Wilaya III et en mission en Wilaya VI, mieux camouflé, et dirigé par Omar Ramdane, l’ancien responsable du Forum des chefs d’entreprises, était dans les parages et avait échappé à la vigilance de l’ennemi. Laissons des acteurs, ennemis, de cette tragédie, donner la suite des évènements. Voici ce qu’écrit sur un aspect de la bataille un officier ennemi du 6e Régiment de Parachutistes d’infanterie marine, commandé par le colonel Ducasse, et dont l’unité a participé au combat en même temps que 3 escadrons blindés, le 584e Régiment du commandant Waisse et le 126e Régiment d’infanterie composé de tirailleurs sénégalais, au total, environ 2 500 hommes du côté ennemi contre un maximum de 121 hommes du côté de l’ALN : «Le 28 mars, une nouvelle fait rapidement le tour du régiment : Amirouche serait dans la région ! Les paras l'ont manqué de peu le 22 mars, mais ils ont capturé son secrétaire. Grâce aux renseignements obtenus auprès de la population, le colonel Ducasse a monté une opération malgré les réticences des autorités de secteur. Dans l'aube naissante, les unités se mettent en place discrètement. Les paras sont à pied d'œuvre sur les pentes du Djebel Thameur. En silence, les paras gravissent les flancs de la montagne. Chaque compagnie s'infiltre dans le djebel et le fouille méticuleusement. À midi, l'ennemi, fixé, ne peut plus s'échapper. Le 6e RPIMa entre alors en action. Trois compagnies sont déployées : la 4e Cie à l'ouest, la "1" au centre et la "2" à l'est. En réserve, la "3". Les fells ajustent leurs coups comme à l'exercice. On grimpe en rampant, des hommes tombent...
Le combat est très dur. Il faut réduire séparément chaque nid de résistance. Une multitude de duels se livre de trou à trou. Les grenades détonent sèchement, les rafales crépitent... Les fells tentent un ultime baroud : 7 HLL sont tués et 3 prisonniers. L'un d'eux, terrorisé, déclare : «Je suis l'agent de liaison d'Amirouche». L'information circule : «Attention ! Amirouche porte une tenue camouflée et une casquette de parachutiste. Rien qui lui ressemble dans les morts et les prisonniers. Une compagnie reçoit la mission de fouiller la zone. Un rebelle est repéré dans un éboulis, au bord d'une falaise. Quatre paras l'ajustent et le criblent de balles. Le rebelle est habillé de la fameuse tenue camouflée, mais il n'a pas de casquette. Les paras sont pratiquement sûrs d'avoir tué Amirouche. Les traits ne sont pas altérés et le visage correspond bien aux photos de presse publiées à l'occasion des sinistres exploits du tueur. Plusieurs musettes contenant l'organigramme et des documents de la Willaya III semblent l'attester. Le colonel Ducasse en est persuadé quand des prisonniers confirment l'identité du mort. Dès lors, c'est le défilé des autorités et des généraux (seul le général Massu passera un long moment avec les 7 blessés du régiment). Plus tard, 16 Kabyles identifieront formellement le corps.» Il s’agit là d’un récit sec, mais avec suffisamment de détails pour ne laisser aucun doute sur les circonstances de la mort, héroïque, faut-il le souligner ? du colonel Amirouche ! Dans un combat, ô combien inégal ? où à chaque moudjahid étaient opposés 20 soldats ennemis appuyés par un armement divers, puissant et sophistiqué, les djounoud et officiers algériens ont fait montre d’un courage sans borne. De quel courage doit faire preuve un adversaire appuyé par l’artillerie, les blindés, les hélicoptères lourds Sikorski, et une logistique abondante ? Dans cette bataille inégale, ce sont les moujahidine qui ont eu le dernier mot, même s’ils ont été décimés pratiquement jusqu’au dernier ! Cette bataille est un exemple de la disproportion des forces en présence pendant toute la guerre de Libération nationale et une réponse à tous les dénigreurs professionnels qui continuent à clamer haut et fort que l’Indépendance a été donnée aux Algériens ! Il n’est nullement question, donc, de diminuer le mérite de ceux qui sont allés jusqu’au sacrifice suprême devant des forces nettement supérieures ; mais seulement de rappeler que l’héroïsme ne peut contrebalancer les erreurs qui ont failli amener la lutte de Libération nationale à une issue fatale. À préciser que le nombre des victimes de la bataille, qui a duré deux jours, les 28 et 29 mars 1959, du côté de l’ALN, a été de 108 morts et 13 prisonniers, dont le commandant Amar Driss, adjoint du colonel Haoues et responsable du groupe de 40 hommes chargés de la protection rapprochée de Amirouche et de Haoues, qui fut exécuté sommairement après avoir été torturé par l’ennemi.
Dans le déroulement de la tragédie et la mort du colonel Amirouche, rien qui mérite d’être caché ou déformé !
Le nom des deux soldats qui ont retrouvé les sacoches du colonel Amirouche, un Sénégalais et un Français de la Métropole, est également mentionné par les acteurs directs de ce drame du côté ennemi, de même qu’est décrit , dans les récits, le contenu de ces sacoches, dont une liasse de documents, où se trouvait une liste donnant un décompte partiel qui faisait état, sur 542 personnes jugées, de 54 libérés, 152 condamnés à mort et 336 décédés au cours des interrogations, dont 30 officiers, soit 488 décès. Le dernier chiffre est contesté par toutes les sources crédibles, que ce soit Ferhat Abbas, Ali Yahya Abdenour ou les procès-verbaux de la gendarmerie et de l’armée ennemies. Le document était vraisemblablement destiné à minimiser l'ampleur des purges auprès du GPRA. Cependant, il faut souligner que chaque vie est précieuse, et que même ce chiffre de 488 exécutions représente la fin des espoirs, des ambitions et des accomplissements de jeunes encore à la fleur de la jeunesse, et dont la vie a été arrachée par des décisions arbitraires cruelles et pour des motivations et des objectifs qui demeurent une énigme jusqu’à présent et que tout un chacun voudrait connaître, qu’il ait été ou non témoin direct ou indirect de cette tragédie ! On peut être convaincu que le GPRA aurait souhaité que Amirouche arrive vivant à Tunis, pour qu’ils puissent comprendre pourquoi il s’est lancé dans cette tuerie massive, dont les causes «connues» ne sont pas crédibles. Les Algériennes et les Algériens de maintenant auraient également voulu connaître la vérité derrière ces massacres qui, loin de renforcer les actions de la lutte armée, ont été probablement la cause de la prolongation de la guerre pour plusieurs années, et dont la conséquence funeste à été de centaines de milliers d’autres morts Algériennes et Algériens ! Il est à souligner — et la liste du matériel militaire récupéré par l’ennemi n’en fait pas mention, — Amirouche n’avait pas de poste émetteur-récepteur pour la bonne raison que non seulement il avait décidé de couper les communications avec Tunis, mais encore plus, parce que les deux officiers des transmissions, dont l’officier Harouni Bougra, qui avaient été mis à sa disposition par le Commandement général de l’ALN étaient morts en martyrs peu après la dernière communication de Amirouche avec le GPRA, et que leurs remplaçants, dont un certain Ferroukhi, martyrs tous les deux, attendaient en Wilaya IV d’être accompagnés à leur wilaya d’affectation. À mentionner également que les services de renseignement algériens n’avaient pas pu informer le colonel Amirouche qu’il avait été repéré sept jours avant sa mort, parce qu’à l’époque, pour des motifs de sécurité, le colonel Bouguerra de la Wilaya IV, avait demandé à son officier des transmissions, Mustapha Tounsi, de la Seconde promotion, d’enterrer son émetteur- récepteur, et qu’en Wilaya II, une opération militaire de grande envergure était en cours, empêchant l’officier radio, le regretté Rahal Zoheir, de la même promotion — mort en martyr, — d’effectuer ses vacations. Quant à l’hypothèse d’un opérateur radio algérien communiquant l’information sur la position de Amirouche, elle est doublement invraisemblable, d’abord parce que Amirouche n’était pas homme à révéler ses intentions lorsqu’il était en déplacement et utilisait jusqu’à 12 guides qu’il envoyait vers des directions différentes, et ne donnait sa véritable destination qu’à la toute dernière minute, ensuite parce que le cloisonnement extrême entre les différents services du MALG, aussi bien que les caractéristiques techniques des appareils radios utilisés par les agents des services d’écoute et les agents des services de transmission, rendaient absolument impossibles pour des personnes travaillant dans différents services d’accéder simultanément et rapidement aux informations et aux moyens techniques qu’impliquerait un tel acte de trahison. D’ailleurs, le dépouillement des archives militaires de Vincennes par Gilbert Meynier, déjà cité plus haut, et d’où cet historien a tiré ses informations pour écrire son livre sur le FLN, prouve que ce cloisonnement n’a jamais été mis à défaut par les services ennemis.
En conclusion :

1) Ceux qui tentent d’exploiter le nom et le renom de Amirouche pour faire avancer une cause qu’il abhorrait parce qu’il était d’abord et avant tout un nationaliste qui voulait une Algérie indépendante et unie, commettent un acte de récupération qui constitue une insulte à son âme et sont ceux qui veulent transformer sa première mort en une seconde mort pour une cause à laquelle il n’a jamais été question pour lui d’adhérer.

2) Les différents témoignages, provenant de ceux mêmes qui veulent l’innocenter, confirment que Amirouche porte seul la responsabilité du déclenchement et de l’exécution de l’opération sanguinaire d’épuration de la Wilaya III.

3) Ceux qui ont pris part à cette opération l’ont fait à titre de simples exécutants et leur responsabilité dans les massacres ne peut servir de paravent à la responsabilité claire et directe de Amirouche, en tant que colonel comandant une wilaya dans un système hiérarchique qui ne laissait aucune place à la consultation collective ou à la séparation des pouvoirs.

4) On peut discuter du nombre des victimes ; mais les chiffres en provenance de sources aussi crédibles les unes que les autres prouvent que ce nombre a été extrêmement élevé ; le dénombrement macabre, l’exigence de donner des noms ne réduisent en rien la cruauté de ces exécutions.

5) Chacun de ceux et celles qui ont été exécutés à la fleur de l’âge se sont vu privés du droit à la vie, à l’espoir, aux ambitions et aux accomplissements ; une victime de plus est une de trop ! Il faut donc cesser de chipoter sur les chiffres, ce qui prouve une absence totale de sensibilité et de respect pour la personne, car derrière chacune des unités dont ils étaient la somme, il y avait un être humain.

6) Cette opération a sans aucun doute contribué fortement à la prolongation de la guerre, et à l’augmentation des victimes comme à l’exacerbation des souffrances du peuple algérien ; c’est pour cela qu’elle doit être condamnée, quels qu’aient été les exploits de Amirouche et la gloire que veut en tirer une région ou certains hommes politiques d’une région de l’Algérie une et indivisible.

7) Quant aux circonstances de la mort de Amirouche, elles n’ont rien d’extraordinaire en période de guerre ; et tous ceux qui ont vu de près la guerre savent que souvent le hasard est le pire ennemi ou le meilleur ami du soldat.

8) Les tenants de la thèse de la trahison n’ont aucune preuve à présenter, aucun indice à avancer ; ce n’est pas en répétant cette thèse jusqu’au dégoût, ou ad libitum et à l’infini ou ad infinitum qu’on accroît sa crédibilité.

9) Tous les éléments d’information permettant de reconstituer les événements ayant mené à la mort de Amirouche et de Haoues sont disponibles et ne souffrent aucune ambiguïté et n’exigent pas d’être cachés ou déformés.

10) Ceux qui ont concocté cette version diffamatoire d’une page d’histoire glorieuse de l’Algérie continuent à justifier a posteriori la version donnée par l’ennemi suivant laquelle l’opération de la «Bleuite a non seulement réussi, mais qu’elle aurait été basée sur des faits avérés de trahison au plus haut niveau de la hiérarchie politico-militaire de l’ALN/FLN.

11) La vie de Amirouche, même pour ceux dont on prétend qu’il les menaçait par sa personnalité, était préférable à sa mort, car, ces chefs, comme nous-mêmes, aurions pu avoir, de sa propre bouche, une explication de ses actes de destruction d’une partie des jeunes intellectuels de la wilaya, et, par delà ces victimes, de la compromission de l’avenir de l’Algérie ; il est mort en emportant avec lui le secret de ses motivations profondes et c’est une perte encore plus grande que sa propre mort.

12) Il est probable que les mémoires du capitaine Aït Mehdi Arezki sur la Wilaya III apporteront, au cas où ils trouvent éditeur, quelques lumières sur cette période sombre de la lutte armée.

13) Boussouf et Boumediène sont-ils les ultimes victimes, de manière posthume, de la «Bleuite» ? Et le capitaine Léger poursuit-il, par delà sa tombe, sa guerre infâme et criminelle contre l’Algérie, avec la complicité ouverte de certains de nos citoyens les plus éclairés ? Continue-t-il à dicter aux Algériennes et Algériens leur image des dirigeants de la glorieuse lutte de Libérations nationale, et donc l’histoire de notre pays ? Contrôle-t-il maintenant tout l’avenir de l’Algérie indépendante après s’être vanté de contrôler une wilaya pendant la guerre de Libération nationale ?
M. B.
Le Soir d'Algerie


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Territoires marocains de l'est spoliés par l'Algérie



ملف الصحراء الشرقية يؤرق سلطات الجزائر
جمعية محلية تتهم ساركوزي بمحاولة إشعال الفتنة بين شعوب و بلدان المغرب العربي


استنكرت جمعية الثامن ماي 1945 التي يرأسها الباحث الجزائري وعضو مجلس الأمة السابق الدكتور محمد القورصو ما وصفته ب"التصرفات غير المسؤولة والاستفزازية" للرئيس الفرنسي نيكولا ساركوزي الذي اتهمته بـ «محاولة إشعال نار الفتنة بين بلدان وشعوب المغرب العربي».
وجاء موقف الجمعية الجزائرية التي تقود منذ فترة حملة عشواء ضد الحكومة الفرنسية وتحملها مسؤولية مجازر الثامن من ماي 1945 بالجزائر، تعليقا على رسالة جوابية لقصر الايليزي لجمعية مغربية تناضل من أجل استرجاع مناطق من التراب المغربي بالصحراء الشرقية تم إلحاقها بالجزائر خلال حقبة الاستعمار الفرنسي , اعتبرت أطراف نافذة بالجزائر أنها تتضمن تحريضا مبطنا للمملكة المغربية على المطالبة بأراضي داخل التراب الجزائري ودعت الجمعية السلطات الجزائرية إلى الردّ بحزم على مثل هذه الاستفزازات .
ووصف بلاغ للجمعية الجزائرية نشرته الصحافة المحلية موقف ساركوزي مما تدّعيه بعض الجمعيات المغربية بشأن "الصحراء الشرقية" على أنها أراضٍ ليست جزائرية بأنه "موقف فريد من نوعه لإشعال نار الفتة من طرف الرئيس الفرنسي"، فإنها حرصت من جانب آخر على التأكيد بأن هذا الموقف سوف لن يكون له أي تأثير على العلاقات التاريخية بين بلدان المغرب العربي "التي تبقى أخوية مربوطة برباط قوي غير قابل للتدمير".
ويبدو أن تحريك إطارات جمعوية مغربية مجددا لملف الصحراء الشرقية و ربطها إتصالات مع مسؤولين فرنسيين باعتبارالمسؤولية القانونية و الاخلاقية لفرنسا كسلطة حماية سابقة لمنطقة شمال إفريقيا عملت من منطلقات إستراتيجية ذات علاقة بظروف الوضع الدولي بتلك الفترة دفع السلطات الجزائرية بدورها الى ردة فعل تسعى الى تقليب مواجع الماضي الاستعماري الفرنسي بالجزائر وتحمل باريس مسؤولية العديد من الأحداث المأساوية التي شهدتها البلاد عبر جمعيات وشخصيات جزائرية تندد حاليا بما تصفه بمحاولة باريس إقحام نفسها بشكل غير مسبوق في سيناريو مغربي يهدف إلى إعادة بعث المطالب القديمة المتعلقة بحقوق المغرب على أراضي داخل التراب الجزائري، بمنطقة الصحراء الشرقية .
ويبدو أن الرسالة الجوابية التي بعث بها مدير ديوان الرئيس الفرنسي التي قال فيه أن نيكولا ساركوزي متأثر بشكل خاص بمطالب "الهيئة الوطنية للمناطق الشرقية المغربية المغتصبة"، التي توجد في طور إعداد ملف متكامل حول الملف لعرضه على العديد من المسؤولين الفرنسيين يشكل دافع التحرك الجزائري المبطن بمواقف جمعوية للضغط على حكومة الايليزي و كبح أي توجه مستقبلي لاثارة هذا الملف الشائك في علاقات الجوار المغربية الجزائرية التي تجتاح منطقة عواصف لا تهدأ الا لتندلع من جد

كتب : رشيد زمهوط

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Ce sujet a été emis par MJB le 14 avril 2010 à 18h 43 mn sous le titre un "peu d'histoire" ayant la meme source "maroc hebdo" et a disparu de la discussion le vendredi 16 avril à 10h 27mn

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[b]ملف الصحراء الشرقية يؤرق سلطات الجزائر
جمعية محلية تتهم ساركوزي بمحاولة إشعال الفتنة بين شعوب و بلدان المغرب العربي


استنكرت جمعية الثامن ماي 1945 التي يرأسها الباحث الجزائري وعضو مجلس الأمة السابق الدكتور محمد القورصو ما وصفته ب"التصرفات غير المسؤولة والاستفزازية" للرئيس الفرنسي نيكولا ساركوزي الذي اتهمته بـ «محاولة إشعال نار الفتنة بين بلدان وشعوب المغرب العربي».
وجاء موقف الجمعية الجزائرية التي تقود منذ فترة حملة عشواء ضد الحكومة الفرنسية وتحملها مسؤولية مجازر الثامن من ماي 1945 بالجزائر، تعليقا على رسالة جوابية لقصر الايليزي لجمعية مغربية تناضل من أجل استرجاع مناطق من التراب المغربي بالصحراء الشرقية تم إلحاقها بالجزائر خلال حقبة الاستعمار الفرنسي , اعتبرت أطراف نافذة بالجزائر أنها تتضمن تحريضا مبطنا للمملكة المغربية على المطالبة بأراضي داخل التراب الجزائري ودعت الجمعية السلطات الجزائرية إلى الردّ بحزم على مثل هذه الاستفزازات .
ووصف بلاغ للجمعية الجزائرية نشرته الصحافة المحلية موقف ساركوزي مما تدّعيه بعض الجمعيات المغربية بشأن "الصحراء الشرقية" على أنها أراضٍ ليست جزائرية بأنه "موقف فريد من نوعه لإشعال نار الفتة من طرف الرئيس الفرنسي"، فإنها حرصت من جانب آخر على التأكيد بأن هذا الموقف سوف لن يكون له أي تأثير على العلاقات التاريخية بين بلدان المغرب العربي "التي تبقى أخوية مربوطة برباط قوي غير قابل للتدمير".
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ويبدو أن الرسالة الجوابية التي بعث بها مدير ديوان الرئيس الفرنسي التي قال فيه أن نيكولا ساركوزي متأثر بشكل خاص بمطالب "الهيئة الوطنية للمناطق الشرقية المغربية المغتصبة"، التي توجد في طور إعداد ملف متكامل حول الملف لعرضه على العديد من المسؤولين الفرنسيين يشكل دافع التحرك الجزائري المبطن بمواقف جمعوية للضغط على حكومة الايليزي و كبح أي توجه مستقبلي لاثارة هذا الملف الشائك في علاقات الجوار المغربية الجزائرية التي تجتاح منطقة عواصف لا تهدأ الا لتندلع من جد

كتب : رشيد زمهوط

حقائق حول الصحراء الشرقية المغربية المحتلة الواقعة تحت الإدارة الجزائرية المؤقتة

الصحراء الشرقية هي الصحراء الواقعة بين المغرب والجزائر..
والتي اندلعت بسببها حرب الرمال سنة 1963 بين المغرب والجزائر.
وهذه المنطقة اقتطعتها فرنسا إبان العهد الاستعماري من الأراضي المغربية وضمتها إلى مستعمرتها الجزائر اعتقادا منها أن الجزائر أصبحت جزءا لا يتجزأ منها..
ونظرا كذلك لغنى هذه المنطقة بالثروات المعدنية..
وأخيرا كعقاب للمغرب الذي ساعد الثوار بالجزائر ضد فرنسا. وتمتد هذه الصحراء من واحات فكيك (شرق المغرب) إلى منطقة عين صالح (وسط الجزائر) كما تمتد من منطقة تندوف (جنوب غرب الجزائر) إلى تخوم الحدود المالية الجزائرية

معركة إيسلي 14 أغسطس 1844
اتفاقية طنجة 10 أكتوبر 1844
اتفاقية للا مغنية 18 مارس 1845
حرب تطوان 1860-1859

سبب انتزاع الصحراء الشرقية من طرف فرنسا يعود لمعركة إسلي التي خاضها المغرب ضد فرنسا دفاعا عن الجزائر
الشيء الذي أسفر عن هزيمة المغرب و فرض فرنسا اتفاقية للامغنية على المغرب و التي أقرت بترسيم جديد للحدود يتوقف عند مدينة فكيك و اعتبار الأراضي الصحراوية (الصحراء الشرقية) منطقة مفتوحة
شيء الذي سوف تستغله فرنسا للسيطرة على هذه المنطقة و ضمها لمستعمرتها
هذه الحرب سوف تكون أيضا السبب المباشر لسقوط المغرب ضمن الإحتلال المزدوج الفرنسي الإسباني
حيث سوف تستغل إسبانيا العدوان الفرنسي على المغرب للسيطرة على الجزر الجعفرية
و من بعدها سوف تعلن الحرب على المغرب (حرب تطوان) بدعوى قيام مقاومين بمهاجمة تحصينات مدينة سبتة
معركة أسلي هي معركة قامت بين المغرب وفرنسا في 14 أغسطس 1844 م بسبب مساعدة السلطان المغربي [المولى عبد الرحمان] للمقاومة الجزائرية ضد فرنسا واحتضانه للأمير عبد القادر الشيء الذي دفع الفرنسين إلى مهاجمة المغرب عن طريق ضرب ميناء طنجة حيث أسقطت ما يزيد عن 155 قتيل ثم ميناء تطوان ثم ميناء أصيلة. انتهت المعركة بانتصار الفرنسيين وفرضهم شروطا قاسية على المغرب. تمثلت هذه الشروط في اقتطاع فرنسا لبعض الأراضي المغربية وفرضها غرامة مالية على المغرب ومنعها المغاربة من تقديم الدعم للجزائر.

تسمى الاتفاقية للا مغنية وقعت سنة 1845 وقد أظهرت هذه المعركة مدى ضعف المخزن المغربي آنداك.

يتبع,,,

MJB



MJB a écrit:Ce sujet a été emis par MJB le 14 avril 2010 à 18h 43 mn sous le titre un "peu d'histoire" ayant la meme source "maroc hebdo" et a disparu de la discussion le vendredi 16 avril à 10h 27mn

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La modération
Je ne me suis pas inquiété, mais je savais que tu es et sera capable de trouver uns solution médiane.
Cordialement MJB.

MJB



admin a écrit:Cet article est trés dangereux pour la stabilité au maghreb. Le royaume est entrain d'acceler l'éscalade avec son voisin en touchant à son intégrité territoriale par médias et associations interposées.
On est passée d'une demande de la réouverture des frontiéres à une demande de révision du tracé frontalier..
.
Certains disent que la France était prête à céder au Maroc pour affaiblir la résistance algérienne, ses territoires spoliés parce que vers 1830 l'Algérie avait uniquement et seulement qlq. 500 000 Km2, d'autres disent que l'Algérie doit rendre ces territoires au Maroc parce qu’ils ne lui appartiennent pas et le GPRA était d'accord pour les restituer au Maroc parce que ça fait pas longtemps avaient des liens très solides avec le royaume marocain qui était affaiblit par des problèmes internes.
DE TOUTES LES FACONS IL Y A UN PROBLEME TERRITORIAL ENTRE L'ALGERIE ET LE MAROC, CE PROBLEME EST UN GRAND TAUREAU QU'IL FAUT TENIR PAR LES CORNES.

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« La Fabrique de l’Histoire »/ Histoire du renseignement avec Constantin Melnik



[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]« La Fabrique de l’Histoire », par Emmanuel Laurentin, [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] transcrite par Taos Aït Si Slimane.


Édito sur le site de l’émission : de A sa façon, La Fabrique joue les James Bond et consacre toute sa semaine au renseignement, aux services secrets, notions à la fois riches en fantasmes mais pourtant peu étudiées encore en historiographie contemporaine.


Premier temps ce jour, autour du regard et du témoignage de Constantin Mělník qui a coordonné les services secrets français en tant que conseiller auprès du Premier Ministre Michel Debré pendant la guerre d’Algérie et qui porte ici un regard d’analyste sur le renseignement, ses évolutions et ses faux-semblants.


Avec lui on revient longuement sur la part de fantasme inhérente à ce domaine et, entre histoire et littérature, il est notamment question ici du très célèbre « Orchestre rouge » romancé dans les années 1970 par Gilles Perrault.


Mais Constantin Mělník nous donne également son point de vue de l’intérieur sur le renseignement tel qu’il l’a pratiqué et observé : KGB contre CIA à la grande époque, place très à part de la France et de ses agents, questions de crédibilité des témoins et de force de persuasion. Sortis de l’affrontement Est-Ouest, il montre aussi combien les choses ont changé, et combien le renseignement a perdu de ses capacités face au terrorisme mondial.


Invité : Constantin Mělník, ancien conseiller de Michel Debré à Matignon (1959-1962).


Je remercie les lecteurs qui me signaleront les imperfections de forme (coquilles, orthographe, remplacement des points d’interrogations entre parenthèses ou crochets qui indiquent que je ne suis pas sûre du mot ou que je n’ai même pas pu le saisir phonétiquement) afin que ces traces de dits, écoutées très attentivement et mises à votre disposition gracieusement, soient les plus « correctes » possibles.



Introduction par Emmanuel Laurentin : Premier temps d’une nouvelle semaine de la « Fabrique de l’histoire » consacrée à l’histoire du renseignement. On sait combien, en histoire, ce sujet attire et repousse à la fois laissant prospérer des légendes et des thèmes des théories du complot proches souvent de la fiction la plus noire. Mais depuis quelques années, une recherche universitaire a décidée, avec beaucoup d’années de retard il faut le dire sur les États-Unis par exemple, de prendre ce thème au sérieux et de développer colloques et journées d’étude contrés sur l’histoire du service secret et du renseignement. Demain, nous évoquerons, dans [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien], la tentative réussie d’intoxication du capitaine Léger, pendant la Guerre d’Algérie, qui provoqua des exécutions nombreuses au sein de l’ALN, l’Armée de libération nationale, persuadé de couver en son sein des traitres à la cause de l’indépendance. Mercredi, nous pourrons écouter des archives inédites issues du fonds d’archives orales du Ministère de la défense, centrées autour du renseignement, pendant la Seconde guerre mondiale. Jeudi nous ferons le point, avec 4 historiens et historiennes, sur la difficulté, pour les chercheurs, d’aborder ce thème à double ou triple fond et pour lequel la vigilance face aux sources est fondamentale, encore plus encore que dans d’autres thèmes historiques. C’est d’ailleurs ce dont nous parlerons avec notre grand témoin de ce matin, Constantin Mělník, qui coordonna les services de renseignement en tant que conseiller du Premier ministre Michel Debré, à Matignon, pendant la Guerre d’Algérie. Constantin Mělník qui travaille, depuis plusieurs années, à un ouvrage à paraître au printemps, à la fois en France et en Russie, sur l’histoire des espions, de l’espionnage au XXème siècle mais vu justement sans fantasmes.


« Le lieutenant Wallis avait été désigné et la nuit ne serait pas assez longue pour s’acquitter de la corvée. S’il mettait bout à bout les multiples renseignements rassemblés, par la Centrale, sur les contacts réticents et épisodiques des dirigeants du FLN avec des diplomates Soviétiques ou des responsables communistes, il ne convaincrait personne et se verrait reprocher par Grossin d’avoir rédigé un rapport de gendarme. S’il se lancer à partir d’éléments aussi ténus dans un semblant d’analyse, Alexandre Steinberg ( ?) ricanerait que la Centrale n’avait pas à concurrencer les vaticinations gratuites des intellectuelles. Pire, « Mon petit - lui dirait le Directeur de la recherche – l’État ne nous paye pas –fort mal d’ailleurs- pour faire du roman. ». Du roman, les analyses de la Centrale avaient beau baigner dans la logique glacée de la real politique, chacun, dans les services, faisait du roman. Les personnages et les situations y sont romanesques à souhait. Mais personne, jusqu’à présent, n’a cherché à restituer cette réalité-là. Les chefs les plus prestigieux n’ont pas rédigé de mémoires, n’ont publié après leur retraite que des conversations de salon sans intérêt ou d’insipides traités de théories, exposé de lourdes évidences. Dans cet univers effectivement très spécial, toutes les opérations, toutes les méthodes, tous les hommes sont couverts par l’inviolable secret d’État. »...

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La suite

Voilà un extrait, en page 19, d’un livre que vous avez publié, il y a plus de 20 ans, Constantin Mělník, un roman justement inspiré de faits réels, comme on dit, qui s’intitule « Des services très secrets », aux éditions de Fallois. Dans ces deux paragraphes, il y a justement de quoi discuter avec vous de cette position difficile de l’historien vis-à-vis des sources que sont les sources de l’histoire du renseignement puisqu’effectivement à la fois les acteurs quelquefois font du roman, c’est ce que vous dites ici même, et vous en avez fait à l’occasion, mais aussi ces acteurs peuvent écrire leur mémoire, ce que vous avez fait à peu près à la même période, avec « 1000 jours à Matignon. De Gaulle, l’Algérie, les services secrets ». Il est difficile, pour l’historien, de démêler le vrai du faux, de jouer sur ce qui est réel, de ce qui est dit par les acteurs et puis de ce qu’on peut trouver dans les archives, qui souvent ne sont pas encore ouverte.

Constantin Mělník : Le problème, vous l’avez très bien défini, du renseignement, c’est que c’est encore la terre du secret. Quand on dit secret, c’est pratiquement l’impossibilité de connaître la vérité, premièrement. Deuxièmement, c’est que le secret suscite tout naturellement le fantasme. L’opinion publique voit le renseignement à travers les yeux de James Bond, ce qui est absolument effrayant parce qu’un James Bond ne passera pas une frontière, il attirera l’attention d’un inspecteur Clouzot le plus obscure. Deuxièmement, il y a des spécialistes autoproclamés qui, pour faire plaisir à leur public, inventent souvent n’importe quoi, je ne veux pas citer de noms. Troisièmement, les témoins eux-mêmes, pris par une opinion publique habitée par des fantasmes et souvent des journalistes dits d’investigations qui souvent leur posent des questions uniquement scandaleuses ou de l’ordre du divertissement, commencent à fantasmer eux-mêmes.

Emmanuel Laurentin : C’est le royaume des affaires pourrait-on dire tout de même, c’est de là souvent, de ces milieux du renseignement ou du secret, que l’on croit voir naître justement régulièrement des affaires.

Constantin Mělník : Des affaires, c’est absolument extraordinaire à quel point ça peut exister, c’est que par exemple, il y a un meurtre mystérieux qui a été commis dernièrement à Londres, Alexandre Litvinenko, ce qui fait fantasmer, immédiatement l’opinion publique dit : « C’est la faute des services secret. » alors que les services secrets russes vous répondent qu’il n’y a pas eu d’affaire de ce genre-là que du temps de Saline. La dernière affaire remonte à 1959, peut-être après la mort de Staline avec l’élimination d’un nationaliste Ukrainien qui s’appelait Bandera. Donc, vous avez un fossé absolu entre ce que disent les médias et ce que disent les services. Mais pour briser ce secret dont nous parlons, il faut qu’il y ait deux conditions. Premièrement, il faut qu’il y ait des archives sérieuses dans un service donné.

Emmanuel Laurentin : Alors là, on imagine que pour quelque chose qui s’est passé il y a 2 ans, effectivement les archives n’existent pas ou alors elles sont ouvertes dans 30, 40, 50 ou 60 ans.

Constantin Mělník : Dans 30, 40, ou 50 ans. Parce que si vous voulez, Emmanuel Laurentin, vous avez mille fois raison, les archives ne sont ouvertes véritablement que quand il y a une espèce de consensus mondiale sur le bienfondé de l’action des services. Par exemple, les Russes ne vont pas ouvrir leurs archives sur l’espionnage atomique parce que c’est un sujet qui fâche encore et que les Américains ont l’impression que leur être intime a été violé le monstre soviétique. Donc, les Russes se disent on ne va pas créer un climat de guerre froide, on ne va pas rouvrir les archives de l’espionnage atomique. Par contre il y a deux exemples, parce qu’il y a un pas nouveau - vous avez cité tout à l’heure les universitaires Américains qui apportent beaucoup à l’étude du renseignement – qui n’a pas peut être pas tellement apprécié en Occident, c’est que la chute du communisme a permis d’ouvrir une partie des archives communistes.

Emmanuel Laurentin : Elles se sont ouvertes, mais elles se sont un peu refermées aussi.

Constantin Mělník : Elles se sont ouvertes, elles se sont refermées mais, si vous voulez, ce qui est essentiel c’est que les archives ne peuvent s’ouvrir que quand il y a consensus international justement sur la nécessité d’une action. Par exemple, il y a deux secteurs qui commencent à être connus en Russie, et ça prouve à quel point l’historien doit être patient, il y a un secteur qui a été ouvert, c’est celui de toutes les actions de partisans derrière le front nazi parce que là il y a un consens absolu qu’il fallait quand même détruire la force d’invasion hitlérienne, puis un deuxième secteur qui s’est ouvert, et là encore l’historien doit être patient, c’est celui de l’Orchestre rouge, c’est-à-dire de l’espionnage du Reich de Hitler par les services secrets russes, communistes. Parce que là, il y a un consensus mondial, même le plus obtus des Américains peut admettre qu’il fallait espionner Hitler et que l’Orchestre rouge était un acte héroïque qu’il fallait accomplir.

Emmanuel Laurentin : Prenons cet exemple de l’Orchestre rouge qui tout compte fait va permettre à l’auditeur de mieux comprendre comment chemine justement une histoire autour du renseignement depuis les années 60 jusqu’aujourd’hui. Vous avez été vous-même, Constantin Mělník, après avoir participé, on y reviendra peut-être plus tard, au cabinet de Michel Debré, Premier ministre à Matignon, jusque avril 1962, à toutes les opérations des services spéciaux autour de la Guerre d’Algérie, vous avez été vous-même éditeur et vous avez commandé, et peut être fourni, je ne sais, des documents qui étaient issus des archives allemandes à Gilles Perrault qui lui ont permis, à la fin des années 60, de rédiger ce fameux Orchestre rouge qui est devenu ensuite un bestseller et qui ensuite à donné lieu évidemment à une adaptation cinématographique. Voilà ce qui reste dans la tête des auditeurs qui sont avec nous. Mais vous, vous dites qu’entre 1967 et 2007 il y a eu 40 ans qui se sont écoulées, et ces 40 ans permis justement de réévaluer ou d’évaluer différemment en tous les cas, l’action de cet Orchestre rouge qui était donc mené, c’est du moins ce que l’on a cru à l’époque, avec les mémoires de Léopold Trepper, par Léopold Trepper et qui avait donc pour but d’espionner les forces allemandes, de fournir des renseignements justement sur les forces allemandes et c’est un réseau qui a été ensuite démantelé par les Allemands. Alors, Constantin Mělník, qu’est-ce qui a changé entre 1967 et 2007 ?

Constantin Mělník : Avant même de parler de ce qui a changé depuis les années 6O, il faut dire qu’avant le remarquable ouvrage de Gilles Perrault, l’Orchestre rouge était le domaine du fantasme absolu. On disait qu’il y avait un super espion, Trepper, qui était lové au cœur de troisième Reich. C’était complètement fantasmé. C’était James Bond de l’espionnage mais on n’en savait pas plus. Les spécialistes autoproclamés disaient un super espion Trepper. Là-dessus se produit le phénomène Gilles Perrault, c’est que j’ai la chance, après avoir quitté l’Hôtel Matignon, d’avoir entre les mains les archives allemandes sur l’Orchestre rouge. Et j’ai la chance de les remettre à Gilles Perrault qui est un remarquable journaliste à l’époque, il avait publié un livre tout à fait extraordinaire qui était Les parachutistes


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Emmanuel Laurentin : Qui était une sorte de récit de sa propre expérience de parachutiste pendant la guerre d’Algérie.

Constantin Mělník : Où il avait eu l’extrême intelligence de dire que les parachutistes pendant la Guerre d’Algérie étaient nos SS à nous. Il fallait avoir le courage de l’écrire à cette époque-là. Donc, je me suis dit, pour épanouir le talent de Gilles Perrault, j’ai la chance de tomber sur les archives allemandes, je vais les remettre à Gilles Perrault. Il en tire un ouvrage absolument remarquable. Mais cet ouvrage est fondé sur les archives allemandes. C’est-à-dire des archives pas seulement allemandes mais de ce qu’on appelle, en termes techniques, de contre-espionnage, c’est-à-dire les chasseurs d’espions. Les chasseurs étaient donc les Allemands. Au début de l’invasion de l’URSS, commencent à enregistrer des émissions clandestines soviétiques auxquelles ils donnent le nom, avec le romantisme allemand, d’Orchestre rouge. Ils arrivent par la goniométrie à cerner ces postes radio…

Emmanuel Laurentin : Du côté de Bruxelles en particulier.

Constantin Mělník : A Bruxelles, rue des acrobates. Ils arrêtent les gens qui émettent. Ils en torturent beaucoup d’ailleurs pour obtenir les codes, etc. ils commencent le travail de brisage de codes. Ils cassent les codes soviétiques et ils découvrent qu’il y a un monsieur Trepper à Paris qui s’occupe de ça et qu’en Allemagne il y a toute une bande d’intellectuels Allemands, de militaires Allemands Schulze-Boysen, Arvid Harnack, qui sont de purs héros, pour moi, qui renseignent Trepper. A partir de ce moment-là Trepper apparaît comme un Dieu, un super espion de l’espionnage mais ça c’est la vue allemande parce qu’il était très agréable pour les chasseurs d’espions de Hitler de dire à Hitler : on a arrêté le super espion Allemand.

Emmanuel Laurentin : Ça, c’est ce qu’on appelle l’effet de source en histoire. C’est-à-dire que d’un seul coup on a une source mais il faut la mettre dans le contexte et il faut comprendre qu’effectivement cette source sert à celui qui la produit, à savoir ce contre-espionnage allemand qui pour se faire mousser, pour se faire bien voir auprès des autorités allemandes et auprès d’Hitler soi-même, eh bien met en place justement cette idée qu’il y a un super espion qui s’appelle Léopold Trepper et que c’est celui-ci qu’il faut pourchasser justement.

Constantin Mělník : Tout à fait. Puis, si vous voulez, c’était beaucoup logique et normal pour les voyous de la Gestapo de dire : il y a un super espion soviétique et nous, nous sommes formidables nous l’avons arrêté, au lieu de dire il y a des gens importants de votre intelligentsia du troisième Reich qui sont opposés à l’hitlérisme, donc qu’il y a une résistance nationaliste antihitlérienne en Allemagne, fait qu’Hitler n’aurait pas pu accepter. Donc, pour tous ces éléments, Trepper apparaît le James Bond de l’époque et s’est servi par l’immense talent de Gilles Perrault.

Emmanuel Laurentin : Donc, ça, tout compte fait ce que vous êtes en train de nous dire, c’est remis en cause par la découverte de nouvelles archives, en particulier l’ouverture des archives anciennement soviétiques, en Russie. On n’est dans un cas de dévaluation, ou dévaluation du rôle de Léopold Trepper et de réévaluation du rôle de ce réseau.

Constantin Mělník : Ce qui s’est passé, c’est vraiment un exemple d’école parce qu’à la fois les archives sont ouvertes et elles ne sont pas ouvertes complètement. Mais je vais aborder le problème de l’ouverture des archives parce qu’il ya deux services en Russie. Il y a le service de renseignement civil et puis le service de renseignement militaire dont Trepper dépendait. Il se trouve que le service de renseignement militaire, lui, n’a pas ouvert totalement ses archives. Il les a ouverts partiellement alors que le service de renseignement civil, lui, l’a ouvert totalement mais dans ses archives il y a peu d’éléments sur Trepper. Il n’y en a presque pas puisqu’il ne dépendait pas d’eux. Voilà ce que racontent les services secrets russes, c’est extrêmement dramatique en soi, c’est qu’ils situent la naissance de l’Orchestre rouge pas du tout là où les Allemands le situe, ils le situent dès les années 33, c’est-à-dire dès l’arrivée d’Hitler au pouvoir. Ils disent : dès l’arrivée d’Hitler au pouvoir, des intellectuels Allemands, notamment le sublime Arvid Harnack, se sont mis à la disposition des services secrets russes qui étaient représentés par le représentant clandestin à Berlin et l’Orchestre rouge date déjà dès 1933 et il connaît des drames multiples parce qu’il se trouve que Staline épure les organes d’espionnage soviétique, rappelle es gens qui sont à Berlin, les exécute et pendant 2 ans, les pauvres intellectuels Allemands antihitlériens, la Résistance Allemande sont coupés de tous contacts avec les Russes. Puis, il se produit quand même, par un concours de circonstances, ils insistent, envoient un message à l’ambassade soviétique à Berlin, et les Russes envoient un émissaire. Cet émissaire, qui s’appelle Korotkov, rassemble tous les renseignements de l’Orchestre rouge. Et ses renseignements de l’Orchestre rouge, tenez-vous bien, tiennent dans 14 pages concluant au côté éminent de l’invasion hitlérienne. C’est-à-dire que Staline a eu sur son bureau 14 pages, avec 85 renseignements disant l’invasion aura lieu le 22 juin 41.

Emmanuel Laurentin : Donc, ça, c’est l’opération Barbarossa.

Constantin Mělník : C’est l’opération Barbarossa mais c’est le premier drame de l’Orchestre rouge. Staline ne les écoute pas.

Emmanuel Laurentin : Ça, c’est le grand problème du renseignement. On fourni es informations mais il faut ensuite que le pouvoir accède à ces informations et considère qu’elles sont valides.

Constantin Mělník : C’est une des raisons pour lesquelles les archives étaient fermées, c’est que du temps de Staline, personne ne voulait admettre que le guide suprême, comme on l’appelait, pouvait se tromper à ce point-là. Parce qu’en présence de 14 pages venants d’intellectuels Allemands et de militaires Allemands les mieux placés, il avait tous les renseignements et la faute continue encore. Les Russes sont évacués de leur ambassade au moment de la déclaration de guerre et ils ne laissent pratiquement pas à ces pauvres gens de matériels de radio sûrs. Ils leur laissent deux postes radio que ces héros bricolent. Ils arrivent à émettre mais les postes sont prévus pour 100 ou 200 kilomètres. Or, ce que les gens n’avaient pas prévu c’est que l’armée Allemande ( ?) avec une telle vitesse ce qui fait que les pauvres gens de l’Orchestre rouge ont émis dans le vide.


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Emmanuel Laurentin : Oui, en Pologne mais la Pologne était occupée par les Allemands.

Constantin Mělník : Donc, si vous voulez c’est encore un nouveau drame de l’Orchestre rouge. Tout le récit est extrêmement dramatique. Ce qui se produit alors, c’est que c’est là où intervient Trepper. Ce n’est que là où intervient Trepper. Pour contacter les gens de l’Orchestre rouge, les services secrets soviétiques s’adressent à des postes radio clandestins que les services militaires allemands avaient en Belgique, rue des Acrobates et à Paris avec Trepper. Un des envoyés de Trepper se rend à Berlin, il ramasse des renseignements très importants mais ça cause l’effondrement de l’Orchestre rouge.

Emmanuel Laurentin : On voit bien ce que vous dites, Constantin Mělník, c’est qu’effectivement, l’ouverture de ces archives russes, même si elle n’est pas totale puisque vous avez expliqué que celle des renseignements militaires n’est pas totale, permet d’évaluer, de réévaluer le rôle de Trepper soi-même et surtout de dire que c’est une organisation qui date depuis plus longtemps ce qui permet de refaire l’histoire de l’Orchestre rouge. Si vous étiez éditeur encore aujourd’hui vous reconfirez peut-être la plume à Gilles Perrault pour refaire une histoire de l’Orchestre rouge vu du point de vue de ces nouvelles archives.

Constantin Mělník : Alors, on se heurte, je crois, à un phénomène psychologique, Perrault est tombé amoureux, d’une manière tout à fait légitime, de Trepper et e ne crois pas qu’il voudrait modifier son point de vue…

Emmanuel Laurentin : Il faudrait trouver un nouveau Perrault.

Constantin Mělník : Par contre, actuellement, moi, je ne suis plus éditeur, mais je sais qu’il y a un brillant journaliste de La Croix, qui va travailler sur ce sujet, qui à partir des archives russes va écrire ce qu’on sait actuellement. Parce que si vous voulez même ce que l’on sait actuellement, qui est très riche et prodigieusement dramatique, n’est pas encore tout à fait la vérité parce que le véritable rôle de Trepper n’existe que dans les archives militaires qui elles sont encore fermées.

Emmanuel Laurentin : Vous voulez dire qu’il pourrait y avoir un deuxième, puis un troisième roman ou récit sur l’Orchestre rouge du moment où ces archives seront ouvertes et que là on aura véritablement l’évaluation exacte par les services russes de ce qu’était le rôle de Léopold Trepper par exemple.

Constantin Mělník : Actuellement, tenez-vous bien, en Russie il y a 6 volumes qui ont été publiés et que j’ai signalés à Sébastien Laurent, sur l’histoire des services secrets….

Emmanuel Laurentin : Un historien qu’on recevra justement jeudi.

Constantin Mělník : Ils sont vraiment rédigés par des historiens et avec des documents absolument sidérants. Quand on se dit ouverture des archives, c’est la liste des renseignements transmis par un agent. Par exemple, dans la célèbre affaire de Georges Pâques en France, il y a dans ces documents russes, le texte intégral de documents que Pâques transmettait.

Emmanuel Laurentin : Georges Pâques, il faut rappeler qu’il a été arrêté, condamné d’ailleurs. C’était après la Seconde Guerre mondiale.

Constantin Mělník : Il a été arrêté, le pauvre, en 63 et a fait 7 ans de prison, heureusement que 7 ans parce qu’en Russie soviétique il aurait été le pauvre exécuté.

Emmanuel Laurentin : D’où l’avantage de la démocratie.

Constantin Mělník : D’où l’avantage de la démocratie. C’était un de mes…, un homme que je connaissais et que je voyais à Matignon et que j’ai vu après sa libération, ce n’est pas du tout un traitre. Là encore, c’est le fantasme du traitre. Un homme comme Georges Pâques ou les gens de l’Orchestre rouge c’est des gens habités par une idéologie, on ne peut pas parler de trahison. Ça, c’est un autre fantasme qui existe. Mais vous avez mille fois raison, sur l’Orchestre rouge, peut-être qu’il y aura une réévaluation du rôle de Trepper une fois que les archives militaires auront été ouvertes. C’est pour vous situer les difficultés pour les historiens de travailler sur ces sujets.

Emmanuel Laurentin : Alors, difficultés pour l’historien, vous en êtes la preuve. Je l’ai dit en ouverture de cette émission, vous avez écrit vos mémoires…

Constantin Mělník : Même pas, Emmanuel Laurentin. Je me suis beaucoup plus intéressé à la littérature. Je suis victime des fantasmes dont nous parlons.

Emmanuel Laurentin : C’est ça que j’ai voulu dire…

Constantin Mělník : On me présente comme un espion alors que je n’ai jamais fait partie de l’espionnage, même à Matignon je supervisais tous les services de sécurité mais c’était beaucoup plus le maintien de la paix civile et de l’ordre notamment lors du putsch d’avril 61 ou lors de la lutte contre l’OAS mais je ne m’occupais pas du tout des opérations elles-mêmes. Je ne savais strictement rien des opérations des services secrets. Par contre, j’ai voulu après me documenter et là, j’ai été séduit par la littérature. Je n’ai pas écrit de mémoire parce que j’estime que l’on ne peut pas écrire de mémoire dans ce genre de choses, on peut répondre aux questions de Sébastien Laurent parce que c’est un historien qui pose des questions intelligente d’historiens mais on ne peut pas écrire de mémoire parce qu’on est trop prisonnier des fantasmes.

Emmanuel Laurentin : Prisonnier des fantasmes de la société ou prisonnier de vos propres fantasmes aussi parce que chacun de soi construit ses propres fantasmes, sa propre histoire ? Vous qui êtes petit-fils du médecin du Tsar, c’est comme ça qu’on vous présente, vous qui avait été longtemps à la RAND Corporation avant de venir au cabinet de Michel Debré à Matignon, vous qui êtes ensuite reparti à la RAND Corporation et qui ensuite êtes devenu éditeur, votre vie et votre histoire est un peu un roman aussi ?


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Constantin Mělník : C’est un vrai roman, c’est pour ça que quand vous dites que j’ai écrit des mémoires, je n’ai pas écrit des mémoires. J’ai écrit, je devais publier ce livre, ça c’est tout à fait typique si vous voulez des difficultés pour l’historien de juger des témoignages. J’ai écrit un livre que je voulais appeler la diagonale du double avec un sous-titre essai d’autofiction. J’aurais eu 300 lecteurs. Mon éditeur, très intelligemment, dit ce n’est pas comme ça qu’il fau présenter le livre, il faut présenter Un espion dans le siècle. C’était un essai d’autofiction, le roman du jeu. J’ai inventé un personnage double qui raconte ma vie à la troisième personne et à qui j’ai fait inventer des choses qu’on m’attribue. C’est le roman du jeu, c’est telle que les choses auraient dues se passer mais qui ne se sont pas passées du tout.

Emmanuel Laurentin : Mais vous comprenez bien, Constantin Mělník, vous n’êtes pas dupe de ce jeu que vous jouez d’ailleurs, que l’historien qui se retrouve face à un roman du je, une double vie racontée par un autre vous-même, qui se retrouve face à des services très secrets, qui est un roman écrit par Constantin Mělník où vous dites en ouverture quelque chose de très intéressant puisque vous mettez en avertissement : La seule ambition de ce roman est de restituer la réalité technique, politique, humaine des services spéciaux dans le monde moderne. […] Mes personnages ne sont pas sortis tout armé de mon esprit, je me suis le plus souvent inspiré du profil, du passé, des traits de caractères des officiers de renseignement ou du contre-espionnage et d’action que j’ai connus, mais le malaxage et la transposition et l’invention sont tels que selon la formule consacrée « Toute ressemblance avec des personnes vivantes ou décédées relèverait d’une pure coïncidence. » Vous bouillez les pistes aussi d’une certaine façon ?

Constantin Mělník : Non, si vous voulez, Emmanuel Laurentin, c’est le propre d’auto roman. La définition du roman, donnée par Aragon, c’est…

Emmanuel Laurentin : C’est de « Mentir vrai »

Constantin Mělník : C’est de « Mentir vrai ». La définition donnée du roman par Lorca, est « La vérité par le mensonge ». Quand Léon Tolstoï, je ne veux pas faire de comparaison, écrit Guerre et paix, il s’inspire de personnages réels mais ça ne veut pas dire du tout que le prince Andreï est mort à Austerlitz. Il n’y a pas eu de prince Andreï et il ne pouvait pas mourir à Austerlitz.

Emmanuel Laurentin : Ce que je veux dire c’est que pour l’historien, ces données dans un roman, dont vous dites qu’elles ont été malaxées, transformées, il se demande si quelquefois par la même vous-même Constantin Mělník qui ne pouvait pas tout dire, vous l’avez expliqué dans des récits à la première personne, vous ne voulez pas faire passer par le roman des informations supplémentaires. D’une certaine façon c’est un jeu à double fond ou à triple fond et l’historien doit se débrouiller avec ça.

Constantin Mělník : L’historien ne pourrait pas écrire l’histoire des guerres napoléoniennes à partir de Guerre et paix.

Emmanuel Laurentin : C’est vrai.

Constantin Mělník : Le vrai historien, j’en ai l’expérience avec les interviews que mène Sébastien Laurent, ne s’intéresse pas du tout à mon œuvre romanesque. Il me pose des questions d’historien et c’est pour ça que vous avez mille fois raison et je maintiens que la seule façon d’avoir la véritable approche historique dans ce monde d’ignorance nimbé par des fantasmes, moi, dans mon dernier livre, pour lequel j’ai eu du mal d’ailleurs à trouver un éditeur, j’ai trouvé heureusement Ellipse qui est une grande maison d’édition universitaire, je décris le monde de la connaissance du renseignement comme mappemonde du Moyen-âge. Il y a des zones de terra incognita et sur cette terra incognita il y a des personnages nés du fantasmes…

Emmanuel Laurentin : Qui remplissent le vide d’une certaine façon. Qui sont là pour remplir le vide.

Constantin Mělník : Qui sont là pour remplir le vide et pour meubler l’imagination. Devant cette situation là, l’historien ne doit pas tenir compte des romans. L’historien ne doit pas tenir compte des mémoires souvent fantasmés des membres des services secrets. Il doit où avoir accès aux archives quand elles sont ouvertes, mais comme on l’a dit elles ne sont ouvertes que très tard et sur des problèmes de consensus international, ou alors à des entretiens sérieux menés par le ministère de la défense actuellement, qui sont d’ailleurs protégés par le secret-défense. Tout le monde ne pourra pas avoir accès à toutes les confidences.

Emmanuel Laurentin : Justement, c’est très intéressant parce qu’il y a des cultures nationales et étant donné votre double culture pourrait-on dire…

Constantin Mělník : Triple, puisque américaine aussi.

Emmanuel Laurentin : Triple, puisque américaine aussi. Vous pouvez comparer ces cultures nationales de l’histoire du renseignement et du renseignement. Tout compte fait, la culture française assez pauvre en ce domaine ou laissant place, dites vous, à beaucoup de fantasmes parce que simplement il n’y a pas eu une école qui a pris ça un peu au sérieux, jusqu’à très récemment, alors qu’aux États-Unis ou en Russie il y a une véritable culture ancrée du renseignement parce que d’abord la Guerre froide a fait en sorte que cela soit ancré avec des dizaines de milliers d’agents d’un côté comme de l’autre qui s’affrontaient mais aussi une culture du discours sur le renseignement, du discours sur les services secrets, des études sur les services secrets qui sont partagées à la fois par une opinion éclairée américaine et une opinion éclairée en Russie.

Constantin Mělník : Vous avez mille fois raison, Emmanuel Laurentin. Il y a une différence de culture et une différence de puissance, vous l’avez très bien indiqué. De véritables services secrets, il y en a en Russie et il y avait surtout, ça c’est une des thèses de mon livre, c’est que le renseignement est sur le point de mourir de sa belle mort parce qu’il n’y a pas de renseignement contre le terrorisme d’El-Qaida, sauf du renseignement technique, on ne peut pas recruter les zozos, ce que nous appelions le grand jeu né de la culture communiste, de l’expansion communiste. Il y avait deux monstres qui se sont affrontés le KGB et la CIA. Nous, Français, nous jouions un rôle marginal parce qu’on n’avait pas les moyens…

Emmanuel Laurentin : Vous racontiez quand même une histoire de bricolos. En gros, les services français tels que vous les décrivez étaient divisés, se bagarrait entre service intérieurs et extérieurs, même sous votre houlette ou sous la houlette de Michel Debré il y avait quand même des tiraillements. On ne tirait pas toujours dans le même sens pendant la guerre d’Algérie, par exemple. Puis, surtout, vous avez l’air de dire que ce n’était pas très professionnel tout cela, à cette époque-là en tous les cas.

Constantin Mělník : Parce que la France premièrement n’est pas un grand pays et malgré son rayonnement intellectuel, moral, diplomatique, elle n’a pas les moyens de participer. Ça coûte très cher des services secrets. Au temps où nous étions à Matignon, il y avait 3 000 personnes et il y avait 100 000 personnes au KGB. Le KGB avait le budget d’un État d’importance moyenne.

Emmanuel Laurentin : Avec la particularité que le KGB regroupait les services d’espionnage intérieur et extérieur.

Constantin Mělník : Ce qui est tout à fait contraire aux conceptions démocratiques et heureusement maintenant la Russie moderne a mis fin à ce mélange. Puis, il y avait une différence de civilisation. La Russie avait une police secrète des temps des Tsars, c’étaient des révolutionnaires qui étaient arrivés au pouvoir qui étaient formés par la conspiration dans un pays immense sujet à toutes les invasions et qui tout à coup était porteur d’une idée universelle, qui était le communisme qu’il ne faut surtout pas comparer au nazisme, là je suis formel. Plus je travaille sur la question, plus je vois de différences entre le nazisme et le communisme. Il était porté par une idée universelle que l’on peut discuter, j’ai combattu le communisme toute ma vie et le KGB aussi mais je dois reconnaître que c’était quand même une très belle idée, le communisme. Cette idée-là a donné lieu à une espèce d’épanouissement du renseignement dans des organismes très sérieux. Et en face ça a entraîné la création de la CIA qui était aussi un organisme très puissant. Nous, nous sommes un peu…


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Emmanuel Laurentin : De petits joueurs.

Constantin Mělník : On n’a jamais joué dans la cour des grands.

Emmanuel Laurentin : Vous ne sous-évaluez pas tout de même le rôle du renseignement dans l’histoire récente et contemporaine de la France ? Tout de même il y a eu une culture de renseignement même si elle est moindre, elle est plus petite parce que simplement l’autonomie que voulait accorder à la France le Général de Gaulle, que vous aviez comme figure tutélaire lorsque vous étiez à Matignon, l’obligeait d’une certaine façon à concevoir un peu un service de renseignement qui soit digne de ce nom.

Constantin Mělník : Non. Je le démontre un peu dans mon livre. Je ne mets les services secrets français qu’en annexe du livre parce qu’ils me paraissent tellement marginaux. Le Général de Gaulle faisait confiance à sa propre vision stratégique.

Emmanuel Laurentin : Qui était une vision stratégique, dites vous, du XIXe siècle.

Constantin Mělník : Du XIXe siècle mais extraordinairement puissante. Et il faisait confiance à son propre verbe. Donc, il n’a jamais réformé les services secrets. A la Libération, il leur a envoyé le colonel Passy qui avait été le chef de ses services secrets à Londres. A la fin de la Guerre d’Algérie où il aurait fallu créer de vrais services secrets, les services secrets français n’ont été crées que par Mitterrand après une longue réflexion du Parti socialiste sur le renseignement. Ils ne datent que de 89 au moment où la Guerre froide a été pratiquement terminée. On a compris enfin qu’il fallait mettre à la tête des services un préfet ou un diplomate aidé de techniciens mais on ne leur donne pas les moyens non plus. Le renseignement maintenant on le découvre dans le monde moderne mais face au terrorisme il n’y a pas de possibilités d’infiltrer de grands agents, ce que nous appelons de rands agents. Personne ne pouvait prévenir, comme ça c’était produit dans l’affrontement entre l’Est et l’Ouest, que Ben Laden allait lancer une offensive le 11 septembre contre les tours jumelles de Manhattan.

Emmanuel Laurentin : Puis, même si on l’avait averti Georges Bush aurait peut-être, comme Staline à propos de l’opération Barbarossa, pas cru.

Constantin Mělník : Il n’aurait pas cru et l’opinion américaine ne l’aurait pas acceptée.

Emmanuel Laurentin : Pourquoi selon vous dit-on justement que les services français sont meilleurs sur ces questions d’islamismes et de terrorismes que les services américains qui disait-on à l’époque, au moment du 11 septembre, n’avaient pas fait confiance à des agents sur le terrain mais avaient fait confiance qu’à une analyse un peu froide des documents qui leur auraient été confiés et qui avaient été récupérés sur l’ensemble de la planète ?

Constantin Mělník : Les services secrets français sont meilleurs que les services secrets américains ou même que les services russes, quoi que les services russes sont arrivés à de très beaux résultats en Tchétchénie au point de vue purement, je ne juge pas l’horrible guerre…

Emmanuel Laurentin : Il faut dire ça, tout de même.

Constantin Mělník : Par contre, sur le plan technique ils ont détruit des réseaux entiers de terroristes. Ça revient à ce que nous disions sur la psychologie française. Autant le Français, je crois, ne s’intéresse pas au monde extérieur, à part une fraction qui a fait l’Empire ou qui émigre actuellement, autant le Français défend son pré carré, son champ etc. les sévices de police français que ce soit la DST ou les RG sont tout à fait remarquables, ils sont des qualités que n’a pas le renseignement extérieur français parce que nous sommes un peuple un peu policier… Puis aussi nous avons un énorme avantage, je crois, sur les Américains et sur les Russes, les russes ont beaucoup étudié ça parce qu’ils ont beaucoup travaillé sur la conception gaullienne de la lutte contre le terrorisme. J’ai employé le mot lutte et je n’a pas employé le mot guerre, c’est que le Général De Gaulle qui a eu à faire face, et moi à ses côtés, au terrorisme FLN ou au terrorisme OAS, on a compris qu’il y avait des raisons politiques à ces terrorismes. C’est-à-dire qu’il suffisait de donner l’indépendance à l’Algérie pour que le terrorisme FLN s’arrête et il suffisait que cette indépendance soit suffisamment forte pour que le terrorisme européen de l’OAS s’arrête. C’est-à-dire qu’il y avait des réponses politiques, toujours. Alors, si vous mettez d’une part les réponses politiques d’absence d’hystérie de guerre contre le terrorisme, comme l’hystérie américaine, et d’autres part la technicité des services qui sont très compétentes sur le plan intérieur, vous avez un profil qui, si vous voulez, compense de loin la faiblesse de notre connaissance du monde extérieur.

Emmanuel Laurentin : Si on s’intéresse à Constantin Mělník en tant que personne, on se dit, puisque vous êtes notre témoins qui ouvre cette semaine, qu’il y a des dizaines de fantasmes qui peuplent votre biographie, ça fait partie des choses qui justement sur Internet, dès qu’on tape Constantin Mělník, on trouve que avez été le concepteur, mais ça vous en êtes à peu près d’accord, je crois, un des concepteurs de cette opération qui s’appelait « La main rouge ».

Constantin Mělník : Non, pas du tout. Je n’ai jamais…

Emmanuel Laurentin : C’est comme ça que vous êtes présenté.

Constantin Mělník : C’est ça qui est présenté parce que…

Emmanuel Laurentin : Alors, « La main rouge » il faut l’expliquer. C’était une organisation terroriste de pieds-noirs, présentée comme telle, qui œuvrait justement pendant la Guerre d’Algérie. On dit : Constantin Mělník était concepteur de « La main rouge ». Constantin Mělník a été patron des Templiers, - la semaine prochaine nous consacrerons à l’histoire des Templiers, les véritables Templiers – patron d’un ordre des néo-Templiers dans les années 50 dit-on. Constantin Mělník était un des responsables du réseau Gladio pour l’Europe. Ce réseau mis en place par les Américains.

Constantin Mělník : Voilà autre chose.

Emmanuel Laurentin : Vous avez une biographie foisonnante mais qui correspond justement à ce double statut qui est celui de quelqu’un qui a dirigé des services à Matignon pendant un temps…

Constantin Mělník : Non, je n’ai jamais dirigé.

Emmanuel Laurentin : Qui a coordonné les services à Matignon. On se dit qu’il y a forcement des choses dessous, c’est ça un peu la question du renseignement, Constantin Mělník.

Constantin Mělník : Ça, c’est ce que nous disions tout à l’heure, c’est l’ignorance parce que je ne pouvais pas écrire de mémoire et deuxièmement c’est les fantasmes peut-être parce que je porte un nom russe,…

Emmanuel Laurentin : Il y a de ça peut être aussi.

Constantin Mělník : Peut-être parce que dès que j’ai débuté en politique, parce que j’étais secrétaire parlementaire du groupe Radicale socialiste, le président du groupe m’a dit changez de nom parce que Constantin ça fait tailleur grec et Mělník franchement cagoulard. Je n’ai pas changé de nom. Donc, il y a eu des fantasmes qui se sont créés. En fait je suis un modeste analyste qui tout à coup a été projeté aux côtés du Général de Gaulle et de Michel Debré dans une époque très difficile. Ces fantasmes n’existent pas en Russie. Les russes s’intéressent beaucoup à mon action, c’est très gentil de leur part parce que mon livre la réalité d’un fantasme j’ai eu du mal à trouver un éditeur en France et j’ai trouvé un éditeur en 3 semaines à Moscou, mais il n’y a aucun fantasme sur moi en Russie. Il y a à peu près 8 films de télévision qui tournent sur ma vie sans aucun fantasme.

Emmanuel Laurentin : On prend au pied de la lettre.

Constantin Mělník : Au pied de la lettre, ce que j’étais, avec la conception russe du renseignement, le fait que j’ai joué un certain rôle historique à Matignon, mais pas du tout comme espion mais comme coordinateur de ce que les Russes appellent les structures de fond ( ?), et que mon rôle auprès du Général a été assez valable dans la définition de la lutte contre le terrorisme. On a eu quand même de très beaux succès. Dans les fantasmes français, les choses, je crois importantes, que je suis arrivé à faire on n’en parle pas, il n’y a que des fantasmes.

Emmanuel Laurentin : Mais ça, il faut selon vous, quand on a eu le rôle que vous avez eu, Constantin Mělník, il faut tirer la conclusion qu’on ne peut pas de son vivant on ne dira pas la vérité sur l’action de Constantin Mělník et que peut-être dans 50 ans justement tout cela sera balayé, tous les fantasmes sur votre vie seront balayés par le travail sérieux de chercheurs ? Est-ce qu’il faut se résoudre cette idée qu’on ne peut pas le faire se son propre vivant ?


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Constantin Mělník : En France du moins parce qu’en Russie je suis très satisfait.

Emmanuel Laurentin : Du traitement qui vous est accordé, c’est ça ?

Constantin Mělník : La Russie me comprend parce que les Russes ont premièrement la culture du renseignement et deuxièmement ils comprennent la structure de fond et troisièmement ils comprennent la lutte contre le terrorisme qui ne peut se résoudre que par des raisons politiques et pas par la guerre contre le terrorisme du cher Bush. Donc, je suis très compris en Russie, ce qui est d’ailleurs schizophrénique, compte tenu de ce que vous dites. Je ne regarde jamais l’Internet et je ne lis jamais rien qui me concerne en France, par contre en Russie, je crois être compris. Puis, pour répondre à votre question, j’ai entrepris des conversations avec Sébastien Laurent pour le Ministère de la défense et peut-être que dans 50 ans, une fois que les passions seront éteintes, parce que si vous voulez, ce qu’on disait tout à l’heure sur le fait que les renseignements c’est une terre inconnue et qu’ils ne s’ouvrent que quand il y a consensus international, il n’y a aucun consens international ni national sur la Guerre d’Algérie. Elle n’a pas été digérée par la France et il est difficile même d’admettre sur le plan international que la France ait mené une guerre aussi inadmissible.

Emmanuel Laurentin : Ça veut donc dire qu’il faudrait attendre que dans l’opinion française, et l’opinion politique en particulier, donc des responsables politiques Français, cette affaire soit digérée mais qu’également dans le monde entier que l’action de la France soit jugée différemment ou qu’il y ait une sorte de consens sur l’action de la France pour qu’on puisse avoir la vérité des archives sur ces questions-là ?

Constantin Mělník : Si voulez, ce qui est essentiel, et ce qui m’étonne toujours, c’est qu’on parle toujours de la Guerre d’Algérie, on parle toujours des tortures etc. et on ne fait jamais la différence entre la politique de la IVème République, qui était une politique abominable de destruction de l’ennemi FLN et la torture pendant La Bataille d’Alger, et la politique du Général de Gaulle qui était une politique pas de détruire l’ennemi mais de l’affaiblir pour négocier avec lui une solution sortant de…

Emmanuel Laurentin : Oui, parce que vous-même vous avez raconté les exécutions des militants FLN un peu partout…

Constantin Mělník : Ça a été lancé par la IVème République. Je l’ai raconté sous forme de roman pour donner une sorte d’ambiance. Je ne sais vraiment pas ce qui s’est produit. Tant que les archives ne seraient pas ouvertes, je ne peux pas vous dire véritablement ce qui s’est passé pendant la Guerre d’Algérie. Je me contentais, moi, de recevoir des instructions de Michel Debré, qui les recevait de de Gaulle, des directions à suivre. C’est-à-dire qu’on ne suivait pas les opérations au jour le jour.

Emmanuel Laurentin : Ça veut donc dire qu’il faut faire, comme le dit justement Sébastien Laurent et comme le disent quelques historiens sérieux qui travaillent sur cette question du renseignement, une histoire politique des administrations secrètes. Il faut véritablement s’intéresser aux choix politiques, aux options politiques du moment, comprendre comment les administrations politiques répondent ou ne répondent pas à ces options politiques pour pouvoir mieux comprendre cette grande évolution de l’histoire du renseignement tout au long du XXème siècle, Constantin Mělník ?

Constantin Mělník : Oui, c’est absolument indispensable. Quand on parlait de l’Orchestre rouge, il faut comprendre la psychologie de Staline. On critique beaucoup Staline de n’avoir pas écouté l’Orchestre rouge, mais moi qui ait l’expérience de Matignon, finalement je n’aurais pas écouté l’Orchestre rouge non plus parce qu’il y avait tellement d’autres renseignements qui allaient dans un autre sens. Il faut comprendre les rapports très complexes, c’est ça ce qui manque, même quand les archives russes ou américaines sont ouvertes, c’est la réaction du pouvoir, la réaction complexe entre le pouvoir et le renseignement.

Emmanuel Laurentin : C’est-à-dire la question de la prise de décision ? Une fois que l’information est parvenue au centre de pouvoir le plus haut, qu’on fait le pouvoir ? Croit-il justement ce qu’on lui dit ? Ou au contraire a-t-il une sorte de conviction personnelle qui va à l’encontre de cela ? Et c’est de tout cela qu’il faut débattre, quand on est historien.

Constantin Mělník : Quelquefois, ce n’est pas les convictions personnelles. Actuellement c’est un des défauts des ouvertures d’archives, notamment de l’Orchestre rouge, peut-être que ça sera encore réévaluer quand l’étude que vous suggérez aura été faite. Moi, je me suis lancé à étudier le pouvoir soviétique au moment de l’Orchestre rouge, disons, et effectivement je suis arrivé à la conclusion que les renseignements qui étaient peut-être très convaincants pour ceux qui les envoyaient ne l’étaient pas pour ceux qui les lisaient.

Emmanuel Laurentin : Qui les recevaient.

Constantin Mělník : Qui les recevaient. Sébastien Laurent a tout à fait raison. Il faut mieux connaître le renseignement mais il faut mieux connaître les mécanismes de pouvoir. Ça, j’ai la chance unique, autant je n’ai participé à aucune des opérations secrets autant j’ai la chance, à Matignon, d’avoir que quand vous recevez un coup e téléphone du directeur des renseignements généraux disant il va y avoir un putsch à Alger…

Emmanuel Laurentin : Est-ce que vous y croyiez ? Ou est-ce que vous n’y croyez pas ?

Constantin Mělník : Ils n’y croyaient pas.

Emmanuel Laurentin : Et vous, vous avez cru ?

Constantin Mělník : Moi, j’y cru mais j’ai appris trop tard avec uniquement 8h de décalage ce qui n’a pas empêché de mobiliser toutes les troupes à Alger…

Emmanuel Laurentin : « A pied, à cheval et en voiture », comme disait Michel Debré.

Constantin Mělník : C’était même avant. Il faut voir le renseignement du côté du pouvoir. Est-ce que le renseignement est convaincant ? C’est pour ça que le renseignement est important et que les études sur le renseignement sont importantes. Les documents que les Russes publient en annexes de leurs études historiques sont essentiels. On parlait tout l’heure de Georges Pâques. Quand Georges Pâques envoi à Khrouchtchev un document de l’OTAN qui prévoit qu’en cas de reprise du blocus de Berlin par les Russes les occidentaux sont prêts à employer l’arme atomique, c’est un document officiel. Et là véritablement Khrouchtchev ne pouvait qu’écouter et d’ailleurs il a tellement bien écouté qu’il a construit le mur de Berlin. Georges Pâques d’une certaine façon, on revient au problème de la trahison, a sauvé la paix à ce moment-là en transmettant ce renseignement aux Russes. Donc, ce n’était pas un traitre mais véritablement, il a servi la paix.

Emmanuel Laurentin : Ça veut donc bien dire, on arrive au terme de notre entretien, Constantin Mělník, l’immense difficulté de l’historien devant ce champ de recherche, la difficulté liée, on l’a dit depuis le début, à l’ouverture ou pas des archives, à la crédibilité ou non des témoins, à la capacité ou non de se mouvoir dans ce secteur et de parler peut-être plusieurs langues, puisque vous vous avez la chance de pouvoir parler à la fois le russe, l’anglais, le français et peut-être d’autres langues, Constantin Mělník, mais ce n’est pas le cas de tous les chercheurs. Donc, nécessite une compétence extrêmement particulière des chercheurs dans ce domaine parce qu’il faut pouvoir confronter les sources elles pour pouvoir accéder à une certaine vérité. On sait que les historiens ont pour but d’accéder à une certaine vérité de l’histoire, c’est du moins le but de la plupart d’entre-deux, cette vérité est complexe à trouver en tous les cas.

Constantin Mělník : Et, elle est très difficile à imposer à l’opinion publique. L’exemple de mon dernier livre, les difficultés que j’ai eu à trouver un éditeur, et j’aurais peut-être une difficulté à trouver le lecteur parce que le lecteur, lui, préfère le fantasme à la réalité.

Emmanuel Laurentin : Parce que simplement la fiction sur l’histoire du renseignement et sur le renseignement l’emporte souvent sur la réalité des faits ? Dans 1 000 jours à Matignon, vous dites ce sont de petites actions qui sont additionnées les unes aux autres, ce n’est pas très flamboyant, c’est un travail routinier quelquefois et évidemment ça ne correspond pas tout à fait à l’image du super espion dont vous parliez tout à l’heure.

Constantin Mělník : La fiction de James Bond ou de Mata Hari est supérieure aux vues glacées et approfondies de l’historien.

Emmanuel Laurentin : Merci, Constantin Mělník, d’avoir été notre invité, d’avoir accepté de venir parce que c’était vraiment très important d’avoir votre propre témoignage sur cette histoire puisque vous avez été témoin et analyste de cette histoire. On peut dire que votre ouvrage à paraître, paraîtra aux éditions Ellipses en mai, je crois.

Constantin Mělník : En mai, oui.

Emmanuel Laurentin : En même temps en Russie.

Constantin Mělník : En même temps à Moscou parce que c’est un ouvrage qui est une réflexion sur le renseignement. J’essaye d’enlever tous les fantasmes et de trouver les bribes, je dis bien des bribes, de la réalité qui sont accessibles à l’historien.

Emmanuel Laurentin : On peut aussi conseiller pour ceux qui pourraient se rendre en bibliothèque, votre livre roman entre autres, Des services très secrets, chez de Fallois, Paris. Ou, ce récit 1 000 jours à Matignon : De Gaulle, l’Algérie, les Services spéciaux, chez Grasset. On a beaucoup parlé de Sébastien Laurent, historien qui travaille sur cette histoire du renseignement. Il sera avec nous jeudi prochain dans le débat historiographique. Nous citons entre autres, mais il y a d’autres ouvrages à paraître en particulier « Archives secrètes, secrets d’archives ? : historiens et archivistes face aux archives sensibles », qu’il a dirigé aux éditions du CNRS. Et il va paraître bientôt un travail sur cette question des archives des services secrets dans lequel un jeune historien travaille sur l’Orchestre rouge, il s’appelle Guillaume Bourgeois. Merci Mělník.

Constantin Mělník : Je vous remercie beaucoup, Emmanuel Laurentin. Merci, beaucoup.


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Livre signalé sur le site de l’émission

Sébastien Laurent (dir.), « Archives secrètes, secrets d’archives ? : historiens et archivistes face aux archives sensibles », Ed. CNRS, 15 juin 2003.

Présentation de l’éditeur : En 1941, l’historien médiéviste Marc Bloch critiquait fermement dans l’Apologie pour l’histoire un obstacle à la connaissance historique, la « passion du secret ». Aujourd’hui à l’heure où la « transparence » devient un lieu commun du discours public sur l’État et sur les pratiques politiques, cette passion française ne semble pas avoir complètement disparu. La soif actuelle d’histoire contemporaine et, particulièrement, d’histoire du « temps présent », l’écho médiatique parfois juridique de certains débats historiques, ont fait de l’accès aux archives - question apparemment professionnelle, voire corporatiste - un enjeu public.

Dans quelles conditions archivistes et historiens peuvent-ils exercer leurs métiers ? Au carrefour du droit des archives, du droit à l’information et du travail nécessairement critique de l’historien, les auteurs dialoguent et s’interrogent sur l’utilisation des archives sensibles. Bousculant les préjugés et les idées reçues, les contributions montrent l’importance d’une interrogation commune et publique sur les archives afin de permettre l’écriture de l’histoire aujourd’hui mais aussi préparer celle de demain. L’État contemporain, son attitude à l’égard des archives, son aptitude à permettre l’écriture de l’histoire, est ici au cœur d’un débat d’essence civique. L’infléchissement de la recherche universitaire face aux sources léguées par le passé, la découverte de nouveaux gisements d’archives amènent également les historiens à rechercher des approches nouvelles, à proposer des études originales afin de contribuer au progrès général de la connaissance
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هدة للا مغنية 1845معا

معاهدة للا مغنية هي تقييد إلزامي للدولة المغربية سنة 1844 بعدم دعم المجاهدين الجزائريين.
يأتي هذا الإلزام بعد تعنت من السلطان المغربي ضد مطالبت فرنسا المتكرر له بالكف عن دعم المجاهدين ضدها بالجزائر.
اضطر المغرب للتوقيع على معاهدة للا مغنية بعد قصف شديد للقواة الفرنسية للمدن الساحلية المغربية اودى بقتل الآلاف، بالإضافة للضعف العسكري للمملكة امام الترسانة الفرنسية.

ظلت الدولة المغربية تتأثر بموقعها الحدودي مع الجزائر (وحتى وقت الجزائر العثمانية) طيلة تاريخهما المشترك.
وظهر هذا جليا بعد الاستعمار الفرنسي للجزائر، فقد كان على المدن المغربية وساكنتها احتضان المقاومة الجزائرية ودعمهم بالمال والسلاح خاصة على عهد الأمير عبد القادر الجزائري.

وقد اقتنعت فرنسا أن هذا الدعم سبب كاف ليكون الحلقة الأولى لاحتلال المغرب والسيطرة على الشمال الإفريقي والقضاء على القواعد الخلفية للمقاومة الجزائرية.

فقامت بالضغط على المدن الحدودية بدعوى ملاحقة العناصر الثائرة ضد فرنسا، مما جعلها تدخل في حرب مع المخزن المغربي في معركة إسلي عام 1844 م والتي انتهت بهزيمة كبيرة للمغاربة.
وأجبرت فرنسا المغرب على توقيع معاهدة للا مغنية في نفس السنة، وكان من أهم بنودها رسم الحدود بين الدولة المغربية والجزائر المستعمرة.
فتم الاتفاق على أن تمتد الحدود من قلعة عجرود (السعيدية حاليا) إلى ثنية الساسي، وبقيت المناطق الجنوبية دون تحديد للحدود بدعوى أنها أراضي خالية لا تحتاج إلى رسم وتوضيح للحدود.هدة للا مغنية 1845معا

معاهدة للا مغنية هي تقييد إلزامي للدولة المغربية سنة 1844 بعدم دعم المجاهدين الجزائريين.
يأتي هذا الإلزام بعد تعنت من السلطان المغربي ضد مطالبت فرنسا المتكرر له بالكف عن دعم المجاهدين ضدها بالجزائر.
اضطر المغرب للتوقيع على معاهدة للا مغنية بعد قصف شديد للقواة الفرنسية للمدن الساحلية المغربية اودى بقتل الآلاف، بالإضافة للضعف العسكري للمملكة امام الترسانة الفرنسية.

ظلت الدولة المغربية تتأثر بموقعها الحدودي مع الجزائر (وحتى وقت الجزائر العثمانية) طيلة تاريخهما المشترك.
وظهر هذا جليا بعد الاستعمار الفرنسي للجزائر، فقد كان على المدن المغربية وساكنتها احتضان المقاومة الجزائرية ودعمهم بالمال والسلاح خاصة على عهد الأمير عبد القادر الجزائري.

وقد اقتنعت فرنسا أن هذا الدعم سبب كاف ليكون الحلقة الأولى لاحتلال المغرب والسيطرة على الشمال الإفريقي والقضاء على القواعد الخلفية للمقاومة الجزائرية.

فقامت بالضغط على المدن الحدودية بدعوى ملاحقة العناصر الثائرة ضد فرنسا، مما جعلها تدخل في حرب مع المخزن المغربي في معركة إسلي عام 1844 م والتي انتهت بهزيمة كبيرة للمغاربة.
وأجبرت فرنسا المغرب على توقيع معاهدة للا مغنية في نفس السنة، وكان من أهم بنودها رسم الحدود بين الدولة المغربية والجزائر المستعمرة.
فتم الاتفاق على أن تمتد الحدود من قلعة عجرود (السعيدية حاليا) إلى ثنية الساسي، وبقيت المناطق الجنوبية دون تحديد للحدود بدعوى أنها أراضي خالية لا تحتاج إلى رسم وتوضيح للحدود.

معركة إيسلي - مقدمة استعمار المغرب

لم تعلٍن الحملة العسكرية التي قرر شارل العاشر القيام بها مباشرة بعد الحادثة الشهيرة المسماة " ضربة المروحة" فقط بداية غزو الجزائر، ولكنها شكلت أيضا وذلك على الأقل في المدى البعيد تهديدا قويا للبلدين المجاورين وهما المغرب وتونس. ففي غرب الجزائر، استقبل نبأ الاحتلال على الطريقة التي أشار إليها تقرير للدبلوماسية الفرنسية صادر بطنجة يوم 13 يوليو 1830 حينما قال: "إن سقوط الجزائر الذي تم الإعلان عنه في خبر الساعة الرابعة قد أثار البلبلة وسط المغاربة"

لوحة فرنسية ترسم مشاهد لمعركة إيسلي (شرق مدينة وجدة على أحد روافد نهر ملوية)
1 ـ البعد "المغاربي" لسقوط الجزائر (1830)
: التدخل المغربي بجانب المقاومين الجزائريين.
في غياب تدخل الباب العالي أو باي تونس، توجهت أنظار غالبية الجزائريين نحو سلطان المغرب مولاي عبد الرحمان (1822-1859) وتطلعت طموحاتهم إلى تفضله باستضافة "اللاجئين الفارين أمام زحف جيوش العدو، لتفادي العيش تحت ظل سيادة قانون الكفار وقيامه بقبول بيعتهم والتعاون معهم من أجل رفع راية "الجهاد" ضد المحتل. وعلى عكس ما كانت ترجوه فرنسا من التزام السلطان بمبدإ الحياد، فقد استجاب المولى عبد الرحمان لاستعطاف الجزائريين، وبشكل خاص لسكان مدينة تلمسان الذين كانوا يقيمون علاقات متينة ومتشعبة مع حاضرة فاس. وباستناده على عقد البيعة الذي أبرمه مع الأعيان التلمسانيين، أرسل السلطان حامية عسكرية إلى المدينة. ونشأت على إثر ذلك أحداث متعددة ومناوشات خطيرة بين أعضاء الحامية والكراغيلة، والذين كانوا يمثلون العناصر المنحدرة من الأتراك المتصاهرين مع الجزائريين، دفعت بالسلطان إلى المناداة بشكل سريع على جيوشه ودعوتها للعودة إلى المغرب. لكن انسحابها من تلمسان لم يقلص من عملية دعم المقاومين الجزائريين بإرسال الخيول والبغال والأسلحة (كانت البنادق ترسل من معامل بفاس ومكناس ومراكش وتطوان … ) والذخيرة والخيام والدعم. وطور الأمير عبد القادر قائد عمليات المقاومة علاقة من نوع خاص مع السلطان بفضل هذا الدعم الذي كان يتلقاه باسم المؤازرة على محاربة أعداء الدين الإسلامي. وتم تدعيم هذا التعاون باستصدار السلطان فتاوى من علماء فاس تضفي الشرعية الدينية على الإجراءات التي كان يتخذها لتنظيم المقاومة ضد الفرنسيين.

1 ـ2 : من بداية سيادة فكرة "منطق الحرب" إلى "حرب إيسلي" 14 غشت 1844
لقد دفعت تحركات الجيوش الفرنسية، التي ازدادت حدتها على الحدود الشرقية للمغرب واختناق مجال تحرك القبائل بفعل ما أحدثته "سياسة الأرض المحروقة" التي انتهجتها السلطات الفرنسية لتدمير قواعد الأمير عبد القادر إضافة إلى تعدد لجوء الأخير ورفاقه إلى الأراضي المغربية ومتابعتهم من المستعمرين الفرنسيين وشنهم حملات تأديبية ضد قبائل الحدود التي تقدم لهم يد المساعدة، كل هذه العوامل دفعت السلطان إلى الدخول والمشاركة في الصراع.
في يوم 14 غشت 1844 وقع اصطدام عسكري على حدود وادي إيسلي شمال شرق وجدة كان له تأثير حاسم في تاريخ المغرب المعاصر. لقد توجه الجنود المغاربة بقيادة ابن السلطان وخليفته سيدي محمد لملاقاة العدو على طريقتهم القتالية المعهودة والتي ورثوها عن الأجداد. إذ كان هذا الجيش يعوزه التنظيم والتسلح بسلاح المدفعية وفرق المشاة، فاقتصرت قوته الأساسية على عناصر الفرسان. إذ اعتمدت السرايا المشكلة أساسا من مقاتلين لا يتجاوز عدد السرية الواحدة ثلاثين مقاتلا على المهاجمة الاندفاعية لندها.
انهزم جيش السلطان سريعا وسحق من طرف مدفعية العدو في لحظة خاطفة. لكن رغم ذلك قاوم الجنود ببسالة شديدة كما أكد شاهد عيان فرنسي أن "شجاعة المقاتلين السود قد تحملت بنبل ولوحدها الصدمة القوية للجنود "التي كان يقودها الجنرال لاموريسيير. وفي الجهة الغربية قام أسطول الأمير جوانفيل بقصف مديني طنجة والصويرة. وعلى إثر ذلك وجد السلطان مولاي عبد الرحمان نفسه بين كماشتين من النيران مما اضطره للانصياع لرغبة الفرنسيين.

1 ـ 3 ـ معاهدتا طنجة وللا مغنية 1844-1845
رجت هزيمة إيسلي ميزان القوة بين المغرب وأوربا رجة عنيفة، وأسرفت عن رجحان كفة أوربا رجحاناً كبيراً. فرغم أن هذه الهزيمة النكراء والأولى من نوعها في الفترة المعاصرة لم تخلف تنازلات آنية للأراضي، فقد أحدثت بفعل الصدمة التي تركتها في النفوس اضطرابات خلخلت بشكل عملي الاستقرار في كل مناطق البلاد. إذ أنها أحدثت تغييرات جذرية في تحول علاقات المغرب مع أوربا. فالتفوق الأوربي المادي في المجال العسكري والذي فرضته فرنسا في البداية قد تم بموازاة مع تفعيل الإطار القانوني في علاقتها مع المغرب. وقد ترجمت هذه التوجهات بإفراغ كل المعاهدات القديمة مع أوربا والتي كانت لصالح المغرب من محتواها (الإتاوات التي كانت تقدمها الدول الاسكندنافية للمغرب على سبيل المثال). وعلى العكس أعيد إحياء شروط مثيلاتها والتي كانت تصب أكثر في خدمة المصالح التجارية والسياسية للقوى الأوربية (بالبند 11 من المعاهدة الفرنسية المغربية الموقعة سنة 1767). وقد ازدادت الآثار الوخيمة على سيادة السلطان ووحدة بلاده لهذه الاتفاقيات عقب إبرام اتفاقيتي طنجة في 10 أكتوبر 1844 ومعاهدة للا مغنية يوم 18 مارس 1845.
إن معاهدة طنجة التي وقعت مباشرة بعد هزيمة إيسلي قد أعادت بقوة إلى الواجهة وبواسطة أساليب جديدة قضية الجهاد الشائكة ومدى قوة اتساع التضامن الإسلامي وحدوده (انظر على سبيل المثال إلحاح علماء فاس سنة 1830 على التذكير بالماضي الأليم للأندلس وبخطورة "تفريق المسلمين). وقد كانت هذه التحركات تقصد إلى الإقرار الضمني بالوجود الفرنسي بالجزائر.
وقد أجبرت هذه الإجراءات المفروضة من الخارج المخزن الذي وجد نفسه مطوقا بالضغوط الأوروبية على التخلي عن دعم المقاومين. كما اضطر بناء على المنطق نفسه إلى منع القبائل المغربية من تقديم المساعدة للمقاومة الجزائرية والامتناع عن إيواء الأمير عبد القادر (البند الرابع). فقد تم التنصيص في المعاهدة بأن الأمير عبد القادر إذا "وقع في يد الجيوش الفرنسية، فإن جلالة الإمبراطور الفرنسي (سيتعهد) بمعاملته بنوع من الاحترام والمروءة"، وأن لا يتم تسليم الجزائريين اللاجئين بالمغرب للسلطات الفرنسية.
ويشير أيضا من جهته البند الثالث من معاهدة للامغنية بأنه "لا توجد حدود ترابية في الصحراء يستدعي الأمر إقامتها بين البلدين (لأن) الأرض هناك بواراً. إنها عبارة فقط عن ممر يتخذه البدو للانتقال بين الإمبراطوريتين والتخييم بحثا عن المراعي والمياه الضرورية لعيشهم".
ويضيف البند أن" السلطانين يمارسان حسب الطريقة التي تلائمهما وبدون أية ضغوط متبادلة تطبيق حقوقهما على رعاياهما بالصحراء … (و) إذا كان مقدراً على أحد السلطانين أن يزجر رعاياه في الصحراء في الوقت الذي يختلطون فيه برعايا الدولة الأخرى، فإنه بإمكانه أن يعامل رعاياه كيفما شاء، ولكن لاسلطان له على رعايا الحكومة الأخرى".
وقد تنبه السلطان المولى عبد الرحمان إلى خطر هذا التعريف الفضفاض للحدود، والذي يجعلها حدودا رجراجة وغير مستقرة، بفعل حركة القبائل الدائبة، ويوفر لفرنسا فرصة التدخل في الصحراء المغربية متى شاءت ذلك، لكن لم يكن له من خيار إلا أن يصادق على هذه المعاهدة.
يتبع...

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