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Le Maroc a touché 250 $ par tête de juif

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oranaisfier
Atavisme
6 participants

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Atavisme

Atavisme

Maroc-Israël. Les liaisons secrètes

Un livre, publié en Israël, revient sur les relations occultes entre le royaume et l’Etat hébreu. Son auteur, Shmouel Seguev, qui se définit comme “journaliste et ancien collaborateur des services secrets (israéliens)”, nous en trace les grandes lignes.


Ben Barka, Ben Gourion : une amitié, une trahison
“J’ai rencontré le leader de l’opposition marocaine en 1958 à Florence, en Italie, du temps où j’étais correspondant du journal israélien Maariv à Paris. Il participait à une conférence à l’invitation du maire de la ville. Lors de notre discussion, il m’a avoué avoir une profonde admiration pour le modèle israélien des kibboutz et pour le Premier ministre de l’époque, David Ben Gourion. Il pensait que l’expérience des kibboutz aurait pu inspirer les responsables marocains. Mehdi Ben Barka est parti par la suite à la rencontre du conseiller diplomatique de l’ambassade d’Israël à Paris, qui était en réalité le chef du Mossad en France. Est-ce que Ben Barka connaissait la nature véritable de la mission du conseiller ? Je l’ignore. Dans tous les cas, il a demandé à son interlocuteur de l’argent et des armes pour organiser l’opposition (à la monarchie) dont il était alors le symbole. Le diplomate - agent n’a pas donné suite à la demande de Ben Barka, mais il a tout de suite fait un compte rendu détaillé de la rencontre à Ben Gourion, qui s’est empressé à son tour d’en faire part au roi du Maroc”.

Le Mossad et le kiosque-boîte aux lettres
“Le Mossad n’a rien à voir avec l’enlèvement ou la mort de Mehdi Ben Barka. Oufkir a demandé de l’aide (aux services secrets israéliens) pour l’enlèvement, mais il n’a pas reçu de réponse positive. Les Marocains ont beaucoup insisté, mais le Mossad les a seulement aidés pour repérer et retracer les itinéraires de Ben Barka. Le leader de l’UNFP, qui voyageait beaucoup à travers le monde, avait pour habitude de se servir d’un kiosque à journaux à Genève comme d’une boîte postale, où il venait régulièrement récupérer son courrier. Le Mossad a été le premier à avoir cette information et l’a transmise aux services secrets marocains. Une fois informé, Oufkir a placé des hommes devant ce kiosque jour et nuit. Et il a fallu environ deux semaines pour que Ben Barka pointe son nez. Les agents marocains n’ont eu alors qu’à le suivre pour découvrir qu’il avait un pied-à-terre en Suisse”.

Dlimi a tué Ben Barka, Oufkir l’a enterré
“Le 29 octobre 1965, Mehdi Ben Barka est enlevé par des policiers français et conduit dans une voiture de location jusqu’à une villa en région parisienne. Pour moi, il est clair que Ben Barka était toujours vivant deux jours après son enlèvement, le 1er novembre. Il a été torturé par Ahmed Dlimi, dépêché clandestinement en France. Mais il a fini par le tuer accidentellement, alors qu’il tentait de lui faire avouer qu’il voulait la peau de Hassan II. Une fois informé du meurtre, le général Oufkir est arrivé à son tour à Paris pour organiser l’enterrement. Ce dernier a eu lieu dans les jours suivants dans un chantier près d’une autoroute. Contrairement à ce qui a été dit, le corps de Mehdi Ben Barka n’a jamais quitté la France”.

Services marocains et israéliens, main dans la main
“Lors du déclenchement de la Guerre des sables, en 1963, entre le Maroc et l’Algérie, le chef du Mossad, Meir Amit, doté d’un faux passeport, s’est rendu dans la région de Marrakech pour rencontrer le roi Hassan II. Il lui a assuré que le Mossad était prêt à lui apporter son aide et lui a fourni des informations déterminantes sur les unités égyptiennes (qui apportaient leur soutien à l’armée algérienne). Meir Amit a également préparé pour Hassan II un compte rendu sur les activités de l’opposition marocaine en Egypte, que le Mossad suivait de très près. Pour l’anecdote, et toujours en 1963, le colonel Dlimi s’était rendu pour la première fois en Israël avec un passeport israélien, qu’il avait récupéré auprès de l’ambassade d’Israël à Paris.

Des instructeurs israéliens ont formé des officiers marocains de l’armée de terre, des pilotes de Mig-17 soviétiques et des membres des services de renseignement. Ils ont aussi conseillé l’armée marocaine lors de la construction du Mur de défense la protégeant des attaques du Front Polisario. Israël a également vendu des armes et de l’équipement militaire au Maroc (radars, chars…) mais, le plus drôle, c’est que le gouvernement marocain ne voulait pas traiter directement avec l’Etat hébreu. On a donc fait appel au Shah d’Iran, qui a pris sur lui de tout acheter (auprès d’Israël) et de tout revendre (au Maroc)”.

L’exode juif, de Mohammed V à Hassan II
“Durant le protectorat, l’émigration des juifs marocains vers Israël était tout à fait légale. Les partants se voyaient même remettre des passeports français avant d’effectuer le grand voyage. Mais tout le monde n’avait pas le droit de partir : il y avait quand même une politique de quotas.

Au lendemain de l’indépendance du Maroc, Mohammed V ne voulait plus laisser partir les juifs marocains. Il devenait difficile d’obtenir un passeport lorsque vous étiez juif, même si c’était pour se rendre ailleurs qu’en Israël. Le sultan considérait que les juifs étaient de très bons candidats pour assumer des postes de responsabilité au Maroc, et il craignait une sorte de fuite de cerveaux qui handicaperait un Maroc alors fraîchement indépendant. Le Mossad a alors réagi en montant l’opération dite Encadrement, conjointement avec l’agence juive de l’immigration. Le but était de sortir des juifs du Maroc, mais clandestinement. Des agents du Mossad ont d’abord fait le tour du royaume sous de fausses identités, rencontrant les juifs désirant quitter le pays. Ils les enregistraient et les faisaient embarquer dans des navires de contrebandiers en direction de Sebta et de Gibraltar. D’autres migrants juifs prenaient plutôt l’avion, avec de faux papiers mis à leur disposition par les agents israéliens. Après la mort de Mohammed V et l’arrivée de Hassan II au pouvoir, les choses vont totalement changer. Les Israéliens, peu satisfaits du faible nombre de juifs qui arrivaient à quitter le Maroc dans ces conditions, voulaient plus. Ils entament des négociations avec les responsables marocains dans ce sens. Les rencontres entre Marocains et Israéliens ont eu lieu, d’abord à Casablanca, ensuite à Paris puis à Genève. Elles se termineront par la conclusion d’un accord. C’est ainsi que 76 000 juifs ont quitté le Maroc entre 1961 et 1964. Leurs passeports collectifs étaient signés de la main du général Oufkir, qui a chapeauté toute l’opération. Les migrants transitaient par Gibraltar ou Marseille. Les responsables marocains auraient perçu, à titre de compensation, quelque chose comme 250 dollars par tête (de migrant juif) des mains des Israéliens”.

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oranaisfier

oranaisfier

Mais, tout ceci n'est pas un secret.

Atavisme

Atavisme

Atavisme a écrit: . Les responsables marocains auraient perçu, à titre de compensation, quelque chose comme 250 dollars par tête (de migrant juif) des mains des Israéliens”.
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Cet argent il est passé où??
Sûrement pour enrichir encore plus le roi marocain.
Et dire que y'en a qui ose comparer Hassan II au grand Boumediene Allah yarahmou sans eprouver la moindre honte!!
Il e'st vrai que le mot dignité pour les marocains n'a pas le même sens que chez les algeriens.

Atavisme

Atavisme

Bien entendu aucun marocain n'a osé reagir à ce sujet!!
l'autocensure!!

MJB



[quote="Atavisme"]Atavisme a écrit:
. Les responsables marocains auraient perçu, à titre de compensation, quelque chose comme 250 dollars par tête (de migrant juif) des mains des Israéliens”.
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Cet argent il est passé où??
Sûrement pour enrichir encore plus le roi marocain.
Et dire que y'en a qui ose comparer Hassan II au grand Boumediene Allah yarahmou sans eprouver la moindre honte!!
Il e'st vrai que le mot dignité pour les marocains n'a pas le même sens que chez les algeriens.


4 Re: Le Maroc a touché 250 $ par tête de juif Aujourd'hui à 16:43
Atavisme



Bien entendu aucun marocain n'a osé reagir à ce sujet!!quote.
EN TE RÉPONDANT OU EN PARLANT DE TOI QUI N'EST AUTRE QU'UN ÂNEGERIEN, je serai obligé de citer l'Algérie.
Pour éviter cela, je suis obligé de te répondre par:
sans commentaires parce que toi peut être tu as un petit "nif" alors que tu as perdu le grand "NIF" des authentiques vrais et grands algériens de tous les temps. [/b]

admin"SNP1975"

admin
Admin

Les Maghrébins en Israël : identité, culture, intégration

Shlomo Elbaz


Israël nest pas, ne saurait être, un melting-pot comme lavaient souhaité et planifié ses pères-fondateurs. Israël serait plutôt une mosaïque, au double sens du terme dailleurs : filiation spirituelle (Moïse) et assemblage ethno-culturel.

Une des composantes et non des moindres de cette marqueterie est la communauté maghrébine. Numériquement (750 000 âmes environ) en compétition pour la première place avec la communauté russe, elle sen distingue nettement, bien évidemment, quoiquun dialogue semble sesquisser, dans le domaine musical, entre les deux communautés.

Maghreb (Afrique du Nord) et Machreq (Proche-Orient) sont les deux pôles du bassin méditerranéen, berceau des civilisations autant dOccident que dOrient. Aux deux extrémités de la Grande Bleue, ces deux pôles se correspondent, se répondent et, tout au long dune histoire trois fois millénaire, saffrontent, se fécondent.

Lentrée du nouvel Israël dans lhistoire politique contemporaine il y a cinquante ans a entraîné lexode massif des juifs du Maghreb du Maroc principalement vers le jeune État. Leur insertion dans la trame de la société israélienne naissante na pas été sans déboires. On aurait pu penser pourtant que leur contexte méditerranéen, lenvironnement musulman où ils vivaient, la pratique de larabe, etc., étaient autant de facteurs favorables à une acclimatation facile. Or il nen fut rien. Cest que les vagues dimmigration qui ont précédé la création dIsraël et leurs chefs de file, idéologues et pionniers, venaient majoritairement des pays de lEurope orientale et centrale dont le contexte linguistique et culturel était tellement différent.

Ceux donc qui, théoriquement, avaient plus de chances que les autres, eu égard à leurs origines méditerranéennes, de sadapter au nouveau milieu et de contribuer à la création dune nouvelle culture, se sont vus incompris, marginalisés.

Cest cette problématique que nous voudrions élucider ici en analysant, au préalable, la question capitale de lidentité culturelle et des mutations quelle a subies avec la migration du Maghreb vers le Machreq.

Lépreuve identitaire

La notion didentité comporterait une dose de contradiction, serait même un piège dialectique. Ce qui est censé nous identifier nous éloigne, en fait, de nous-même et nous projette dans une catégorie extérieure à nous-même. On devient, dans une certaine mesure, un autre, on est identifié à autrui. On pense au fameux paradoxe rimbaldien : JE est un autre. La première personne, le moi, le je, devient troisième personne. Moi nest pas moi, mais lui, partie dun ensemble eux. Identité/altérité. La problématique ne concerne cependant que le niveau personnel, intime. Au niveau social, plus exactement socio-culturel, on ne peut échapper à la définition de critères identitaires communs.

Approche normative, approche empirique

Lapproche normative qui prétendait établir une identité israélienne bien définie, na pas fait ses preuves. Témoin la gamme des opinions et des témoignages quant à la question cruciale : qui est juif ? Répondre à lautre question, partiellement corollaire de la première, qui est Israélien ? paraît plus simple (il suffit dune carte didentité). Toutefois, et nous limitant à la population juive dIsraël seulement (la population arabe dIsraël ayant ses propres dilemmes, plus déchirants encore), force nous est de constater quau-delà de lidentité formelle, légale, il y a lautre identité, beaucoup plus profonde, où entrent en ligne de compte les facteurs historiques, religieux, culturels. Seule cette identité nous importe ici. Les maîtres à penser du sionisme, quel que fût leur courant idéologique, souhaitaient et prônaient une identité israélienne commune, sorte de ciment qui souderait entre elles les diverses composantes de la société (juive) israélienne. Or, il savère que cétait là une utopie, un voeu pieux. Lidentité uniforme, unificatrice, est loin de devenir une réalité, elle est encore fluctuante, sinon factice ; elle est en tout cas polyvalente et le demeurera sans doute longtemps encore.

Dans lhypothèse même où une identité normative serait désirable et accessible, il nen reste pas moins que les voies qui y mènent seraient forcément diverses selon la communauté et la culture dorigine, et même selon les individus. Entre lidentité diasporique et la nouvelle identité israélienne, il y a place pour une identité intermédiaire en quelque sorte et celle-ci ne saurait en aucune façon être standard. La métaphore absurde du creuset où se forgerait la nouvelle identité sest avérée lennemi numéro un dune nouvelle identité véritablement organique. Il faudrait donc nécessairement examiner les diverses formes didentité qui se constituent ici à partir dune approche empirique et non normative.

Le cas des Maghrébins

Le cas des originaires dAfrique du Nord, tout particulièrement des Marocains, illustrerait exemplairement les mutations, problèmes et contraintes quont connus les vagues dimmigrants originaires des pays arabes qui ont déferlé sur le jeune État dIsraël, ainsi que les préjugés et stéréotypes qui ont frappé ces immigrants désignés globalement comme orientaux , même ceux venus de lOccident maghrébin. La communauté marocaine serait devenue, malgré elle, le prototype de toutes les communautés orientales , vu son importance numérique et, peut-être aussi, le tempérament chaud et lamour-propre chatouilleux des fils du Maghreb.

Lidentité laissée derrière

Dans leur pays natal, lidentité des juifs du Maghreb, la culturelle sentend, comportait trois ou quatre composantes. Identité complexe assurément, mais clairement définie cependant, distinguant nettement la minorité juive de la majorité non-juive.

Le premier élément, le plus fondamental, était le facteur juif, dans sa version maghrébine tout à fait spécifique. Élément lui-même composite, car touchant aux plans spirituel, culturel, juridique.

Le second élément, lui-même historiquement très ancien et profondément ancré dans la conscience collective, était lélément local, indigène , comportant deux branches : la branche arabe (plutôt arabophone) et la branche berbère (berbérophone) ; la première dans les grandes villes, la seconde dans les villages des montagnes (Rif et Atlas) et des confins pré-sahariens. Ces deux branches avaient ce dénominateur commun quétait lenvironnement musulman (arabe ou berbère). La composante arabe était quantitativement plus importante que la composante berbère, la population juive étant majoritairement citadine. Lélément local, sous ses deux formes, était de nature linguistique et culturelle, et son influence sur lidentité du juif maghrébin, quil fût citadin et arabophone ou bien rural et berbérophone (ce dernier étant également arabophone), est allée samenuisant avec limpact grandissant de la langue et de la culture françaises. Les différences entre ces deux mondes, le citadin et le rural, et linteraction, parfois étrange, entre leurs systèmes de pensée, leurs moeurs et superstitions, mériteraient une étude approfondie.

Le troisième élément, relativement plus récent, est celui importé dEurope, sous sa forme française (ou espagnole dans le nord du pays), lenseignement de la langue française ayant précédé de beaucoup la pénétration de la langue française en Tunisie (1881) et au Maroc (1912), grâce au réseau des écoles de lAlliance israélite universelle. Avec linstauration du protectorat français dans ces deux pays (lAlgérie était déjà française depuis 1830), lélément européen a pris une importance considérable refoulant graduellement la dimension locale et même la dimension juive que lenvironnement musulman navait nullement étouffé pendant plus de mille ans de présence juive en Afrique du Nord. Le statut juridique des juifs dans les pays musulmans était celui de citoyens protégés par le souverain, selon le principe et la pratique islamique de la dhimma.

Et voici que le pouvoir, qui octroyait sa protection à ses sujets juifs, se voit lui-même passer du jour au lendemain sous protection étrangère (française, espagnole). Pour les juifs, cétait comme une protection au carré, créant une dualité, malaisée quant à leur identité et à leur place dans une société mixte qui avait perdu son unité et sa souveraineté. Le choix que les juifs ont cru devoir prendre fut apparemment clair et sans ambages. Impressionnés, voire obnubilés par léclat de la civilisation européenne et attirés par les avantages socio-économiques quils espéraient tirer de la présence française, ils préférèrent sidentifier, surtout les jeunes évidemment et principalement dans les villes, avec loccupant, le protecteur éclairé et civilisateur .

Ce choix, cette identification, a été dune importance énorme et a eu, à longue échéance, des conséquences déterminantes sur lidentité des juifs maghrébins. Cela a constitué pour eux une rupture la première avec lenvironnement culturel naturel où ils baignaient depuis des siècles et qui avait engendré un type de juif original, spécifique. Chez ce dernier, la strate arabe (et berbère pour certains), fusionna avec la strate hispano-andalouse renforcée à la suite de lexpulsion des juifs dEspagne et devenue un facteur formateur supplémentaire du juif maghrébin. À ces strates culturelles centenaires est donc venu sajouter lélément français qui, il faut le dire, trouve sur place les traces, importantes déjà, de la présence de lAlliance israélite universelle qui, depuis 1868, avait jeté les bases dun vaste réseau décoles où la langue, lhistoire et la culture françaises étaient intensivement enseignées, ouvrant devant les jeunes générations les portes de linstruction et de la modernité. Ladministration du protectorat français ne pouvait quêtre ravie de trouver une couche non négligeable de juifs locaux francophones dont elle pouvait faire des fonctionnaires compétents et fiables. De nombreux juifs virent ainsi leur niveau de vie sélever sensiblement tandis que la communauté, dans son ensemble, allait shabituer à la pensée que son sort était lié plutôt à la présence française quaux souverains locaux.

Quoiquil en soit, la composante française et, dans une moindre mesure, la composante espagnole, comme facteur européen de modernité, éclipsa sans les effacer totalement, les autres composantes et, plus spécialement, la locale qui perdit, aux yeux des juifs, de son importance et de sa pertinence, face à la puissance et au vernis de la présence française. Cest presque un lieu commun de dire que la France a su exploiter en les développant ses possessions doutre-mer, à telle enseigne quaprès sêtre libérées de son joug et avoir acquis leur indépendance, elles ont conservé bien des traits de sa culture dans les domaines de la langue, de léducation et du style de vie.

La rupture des juifs avec lenvironnement culturel maghrébin provoqua dépit et hostilité chez leurs concitoyens musulmans qui les considérèrent un peu comme des collaborateurs avec loccupant étranger. Cette cassure aura été plus profonde que la rupture (partielle) avec la composante juive traditionnelle qui, elle-même, na pas peu pâti de loccidentalisation galopante de la rue juive. Néanmoins et jusquaux années soixante au moins, il se créa une sorte de compromis entre la dimension européenne moderne et la dimension juive originelle. Quelque chose comme un consensus qui donna à cette judéité une coloration libérale-réformée en quelque sorte. Cest ainsi que les juifs des couches sociales aisées se permettaient de se rendre en voiture le chabbat, sans complexe, à la synagogue et, après la prière du matin, dentrer prendre un apéro dans le bistrot du coin ; laprès-midi un match de foot ou un bain de mer nétait guère à dédaigner. Conception libérale, assurément, des délices du chabbat (oneg chabbat). Compromis, en tout cas, entre jouissance spirituelle et plaisirs laïques .

Il faut, à ce propos, souligner labsence de polarité, dextrémisme, au niveau de la religion, qui caractérise depuis toujours le judaïsme maghrébin. La tension qui avait cours en Europe centrale et orientale et se prolongea en Israël, entre religieux et laïques, était inconnue en Afrique du Nord et au sein du judaïsme des pays de lislam en général. La notion de laïque était aussi peu en usage que la notion de religieux . Tous étaient juifs, dans telle ou telle mesure de foi et de pratique, dans une sorte de continuité très souple depuis le rabbin le plus pieux jusquau dernier des mécréants. Une telle conception, soit dit en passant, eût été bénéfique pour Israël où le conflit entre religieux et laïques ne serait pas moins virulent que le conflit israélo-arabe.

Israël ou lidentité à lépreuve

À la lumière de la description schématique ci-dessus, on peut suivre la mutation dans leur statut et dans leur conscience identitaire quont connue en Israël ces juifs qui, dans leur pays dorigine, navaient pas encore subi de véritable crise identitaire, malgré linfluence assez perturbatrice de la présence française sur leur comportement. Ils ont vécu là-bas la complexité de leur identité assez naturellement, sans déchirements, sans débats ni colloques.

Que sest-il donc passé ici en Israël, durant les années cinquante et soixante, lorsque, disant adieu à leur terre dorigine, la grande majorité des juifs maghrébins débarquèrent sur le rivage de la Terre sainte, objet de leurs rêves messianiques millénaires ? Ils étaient persuadés que leur patrie spirituelle véritable était en Erets-Israël, que la création dun État juif était, selon la formule traditionnelle, le début de la rédemption . Celui qui na pas fait comme moi le trajet vers Israël dans un de ces bateaux qui déversèrent sur le littoral israélien les dizaines, les centaines de milliers de juifs ivres de joie, ne saura jamais la force dune foi millénaire, ni, plus tard, mutatis mutandis, la mesure de la déception qui suivit.

Comment cette tribu, enthousiaste et prête à tout pour sintégrer a-t-elle été accueillie ? La-t-on aidée à sauter dans leau froide de la nouvelle réalité, sans trop bousculer son patrimoine vénérable et encore vivant ? Cest là un sujet douloureux et controversé qui touche cependant, bien quindirectement, à notre propos.

Mais revenons au thème de lidentité. Le passage dune extrémité à lautre de la Méditerranée fut accompagné dune mutation didentité à la fois significative et ambiguë, processus non achevé encore dailleurs. La composante dominante est, désormais, la composante nationale ou sioniste (pour peu que lon considère la motivation religieusement messianique de ces juifs au coeur pur, et peu politisés, comme authentiquement sioniste quoique étrangère à toute idéologie sioniste rationnelle). Le sionisme politique ny est cependant pas totalement absent, principalement dans sa version pionnière. Les mouvements de jeunesse dits pionniers , correspondants aux divers courants sionistes (socialiste, religieux, révisionniste), prirent naissance et oeuvrèrent au Maroc, assez tardivement (par rapport à la Tunisie), et réussirent en peu de temps à mobiliser une partie de la jeunesse et à la sioniser selon les critères, la mythologie, le folklore du sionisme européen et palestinien de lépoque.

La prise de conscience nationale-sioniste des juifs du Maghreb est un phénomène intéressant en soi. Comme dans les autres pays dislam, les juifs maghrébins étaient dépourvus dune identité nationale proprement dite. Ils ne ressentaient envers leur pays de résidence, où ils jouissaient certes dune autonomie religieuse et culturelle assez large, ni sentiment dappartenance réelle, ni devoir dallégeance, comme envers une patrie au sens habituel, européen, du mot. Doù le patriotisme excessif, chauvin souvent, de ces juifs qui, auparavant, navaient pas connu la fierté davoir un drapeau bien à eux. Le drapeau marocain par exemple, (et français les deux étaient arborés officiellement sous le protectorat), na jamais suscité chez eux un sentiment didentification nationale. Cest lélément national israélien qui constitue désormais linnovation, la mutation la plus importante qua eu à subir lidentité des juifs maghrébins en Israël et qui a modifié la structure de cette dernière.

Cest comme si la composante juive traditionnelle avait perdu sa position dominante pour devenir surtout la source, la référence, de la dimension nationale israélienne, laquelle usurpe désormais le premier plan. Lélément juif se mêle et sintègre, dès lors, au facteur sioniste. Toutefois, et contrairement à la conception sioniste laïque, lapproche du sionisme des juifs maghrébins (comme celle des juifs dOrient en général), nimplique pas quils y voient une rupture ou un substitut au judaïsme traditionnel. Il ny a chez eux ni contradiction, ni affrontement entre judaïsme et sionisme, lattachement à la tradition nétant nullement irréconciliable avec lapproche nationale. Mais, par ailleurs, cette attitude nimplique pas du tout une identification quelconque avec le sionisme national-religieux (sous sa forme politique), et en tout cas pas avec sa radicalisation messianique et ultra-nationaliste.

La présence de quelques Orientaux , et parmi eux un petit nombre doriginaires du Maroc et de Tunisie dans le camp ultra-orthodoxe du parti Shas reflète-t-elle autre chose que leur volonté daccéder à des postes politiques tout en conservant lidentité sefarade ? Les positions du judaïsme ultra-orthodoxe version européenne sont fondamentalement étrangères au judaïsme nord-africain. Le parti Shas nest quun parti hybride, qui ne représente guère leur vraie judéité. Si cette formation a enregistré des succès rapides sur la scène politique, cest par la convergence de divers facteurs : le repoussoir que constituent les partis de gauche perçus comme anti-religieux, la déception vis à vis du Likoud (qui suit celle ressentie à lendroit des travaillistes), les slogans flattant lélément ethnique, enfin laide socio-éducative efficace dispensée par les institutions de Shas. Au demeurant, lidéologie de ce dernier est loin dêtre de tendance faucon au plan national, et cela aussi est à méditer.

On peut dire que le facteur juif, dans lidentité des Israéliens dorigine maghrébine, sest scindé en plusieurs nuances, individuellement et collectivement :

une ultra-orthodoxie sefarade (Shas), produit foncièrement israélien, imitation par contamination du courant ultra-orthodoxe ashkenaze ;

un sionisme national-religieux (version parti national religieux ou Mafdal) qui verse dernièrement dans des positions nationalistes intransigeantes, contraires à la modération sefarade originelle ;

un judaïsme mystique irrationnel (cf. culte des saints) mêlant éléments authentiquement juifs et pratiques magiques, vestiges peut-être du monde berbère ;

un judaïsme maghrébin traditionnel modéré (et cest celui qui domine dans la conscience des juifs nord-africains), ouvert, équilibré, capable dadmettre en son sein une conception progressiste du monde moderne, sans dénigrer totalement les forces irrationnelles généralement rejetées par le rationalisme laïque dominant de la société israélienne bien pensante.

Que devient dans tout cela lélément non juif local lié au pays dorigine, à ses us et coutumes, à son folklore, etc.? Il aurait subi une mutation en profondeur, significative et problématique. La maghrébité des juifs dAfrique du Nord, dès quils ont foulé le sol de la terre promise, est devenue objet de mépris, dévalorisée, identifiée automatiquement comme une version de lorientalité. Or lOrient les nouveaux immigrants nont pas tardé à le constater ne jouissait pas dune grande estime et était loin dêtre lidéal et le modèle auquel aspirait la jeune société israélienne engagée dans une guerre farouche, militaire, mais aussi, dans une certaine mesure, culturelle contre ses voisins-ennemis orientaux. Israël si proche et pourtant si loin du Proche-Orient ! Position inconfortable sil en est... Si seulement elle pouvait être dialectisée !

Les Maghrébins, en même temps que la DDT dont ils ont été saupoudrés à leur arrivée, à linstar de tous les immigrants de lépoque, ont reçu lestampille orientaux . Entre eux et le consensus national (Israël partie intégrante de lOccident éclairé), un fossé sest creusé.

Résultat : on essaie de se fondre dans limage standard, quoi quil en coûte. Phénomène commun à toutes les communautés orientales, le cas des nord-africains venus de lExtrême-Occident (= Maghreb) étant plus frustrant, incorporés quils étaient dans la catégorie des Orientaux, désignation qui naurait rien de répréhensible, nétait la connotation négative que cette notion a fini par avoir. Par ailleurs, beaucoup dentre eux ont connu le monde moderne, mais comme ils avaient acquis leur savoir et leur expérience par le truchement de la culture française, ils ne pouvaient aspirer à une reconnaissance pleine et entière de leur adéquation à la civilisation israélienne, dans laquelle lélément français était pratiquement absent.

La revanche des racines

En réponse au dénigrement et aux préjugés, se développe dans linconscient de tout immigrant (et pas seulement en Israël) une tendance auto-dévalorisante, mimétique de lAutre. Toutefois, on assiste à la deuxième ou la troisième génération, au réveil intempestif, parfois explosif, des éléments ethniques et culturels refoulés. Cest le phénomène bien connu du retour aux sources . Dans le cas dIsraël, la jonction des disparités socio-économiques et du fossé culturel-communautaire crée une situation potentiellement explosive, souvent exploitée politiquement.

Le regard vers larrière et ses sortilèges ne saurait être considéré comme une simple expression nostalgique qui handicaperait la marche vers le progrès. Le retour au passé sous forme de réhabilitation du folklore (fête de la mimouna, musique arabo-andalouse, etc.) ne devrait pas être tenu pour une réaction superficielle, mais plutôt comme un besoin profond de se ressourcer aux origines et de faire revivre ce qui a été perdu deux fois : une première fois sous le bulldozer culturel français, une seconde fois sous la pression de léthos israélien.

Quelquun a appelé ce réveil le cri identitaire . Redécouvrir le passé, y puiser une fierté au lieu den rougir, jeter le masque de la simulation et se retrouver soi-même, dans lauthenticité de ses origines. On songe à la phrase dAragon : Tout ce qui fut sera, pourvu quon sen souvienne. Résurrection du passé ne veut pas dire copie pure et simple de ce qui fut, mais enrichissement, recréation. Verser au fond commun les patrimoines des différentes communautés, venues des quatre coins du globe, ne peut que contribuer à la cristallisation dune culture israélienne pluraliste, originale et créatrice, où pourraient se reconnaître les divers segments dun peuple aussi divers que le nôtre.

De lidentité à la créativité

Pour que les différents segments de la mosaïque israélienne puissent exercer leur créativité le plus authentiquement possible, les responsables de la politique, de linformation et de léducation se doivent de renoncer à ce quon pourrait nommer lhégémonie culturelle occidentale dIsraël dont le moindre défaut est de creuser un fossé linguistique, culturel, politique aussi entre ce pays et ses voisins immédiats. Il faudrait laisser à chaque ethnie ou sous-ethnie le loisir et la chance de se développer en revitalisant et en mettant en osmose les patrimoines respectifs.

La musique

On perçoit depuis assez longtemps déjà des signes encourageants de réhabilitation déléments culturels non occidentaux, tout particulièrement dans le domaine musical, à la faveur sans doute de la remise à lhonneur, dans les pays occidentaux eux-mêmes, de la musique dite ethnique (africaine, antillaise, asiatique, etc.). Cest ainsi que, petit à petit et non sans tiraillement, la musique orientale simpose en Israël musique grecque dabord (parce que semi-européenne ?), puis arabo-égyptienne, et, tout récemment andalouse. Cette dernière, dont les racines remontent au haut Moyen âge en Espagne, pieusement transmise de père en fils par les musiciens juifs et musulmans, et devenue la musique classique de lAfrique du Nord, connaît actuellement une sorte de renaissance en Israël.

Les Maghrébins ont apporté dans leurs bagages ce patrimoine musical et y sont restés profondément attachés, des orchestres traditionnels locaux poussant ça et là comme des champignons. Résultat : un ensemble musical mixte comprenant des exécutants dorigine marocaine et russe vient de naître sur linitiative et la direction du compositeur-musicologue Abraham Amzallag. Modèle, peut-être, de symbiose culturelle.

Dans le domaine de la chanson et de la musique de variétés, la contribution des Maghrébins à la production musicale est encore plus frappante. Signalons dabord le pionnier de la musique ethnique, le compositeur-chanteur-musicien Shlomo Bar et sa troupe Habreira haTivit, toujours en quête dune synthèse entre Orient et Occident, entre tradition et modernité. Mais le phénomène le plus étonnant, cest la floraison inattendue de troupes musicales orientales nées dans les milieux populaires, qui ont modifié le paysage musical israélien, réhabilitant mélodies et rythmes maghrébins et revalorisant limage culturelle des communautés dorigine. Il sagit de la génération des fils de Maghrébins, nés en Israël et irrésistiblement attirés par les airs andalous et berbères préservés par leurs parents, et queux adaptent aux instruments et au goût modernes. Dans la seule localité de développement, Sderot, fondée et majoritairement peuplée de Marocains, on ne compte pas moins de cinq ensembles de musique ethnique pop qui exercent sur le goût israélien une influence bénéfique contrebalançant quelque peu la domination du rock dimportation. Leurs adaptations mêlent souvent lhébreu et larabe, ce qui, ajouté au succès dans les pays arabes de chanteuses dorigine yéménite comme Ofra Hazah ou Noa, ne peut que favoriser linsertion dIsraël dans lespace culturel proche-oriental. Des chanteuses dorigine maghrébine comme la Tunisienne Corinne Elal, la Marocaine Zehava Ben et dautres encore vont dans le même sens et apportent leur pierre au pont culturel entre nous et le monde arabe environnant.

Littérature, cinéma, théâtre

Dans le domaine littéraire, les Maghrébins ont mis plus de temps à émerger, devancés par les originaires dIrak qui se sont distingués surtout dans le roman. Lun de ces derniers, Sami Mikhaël, vient de voir son roman Victoria proclamé best-seller. Les Marocains, eux, semblent plus féconds en poésie (voici déjà une petite pléiade : Erez Bitton, Shelly Elkayam, feue Miri Bensimhon, Moshé BenHarroch), moins en prose : Uziel Hazan, Isaac Kenan, Albert Suissa, Ami Bouganim (dexpression française, il sadonne également à la poésie et à lessai philosophique), Samuel Ouaknine et dautres.

Sur les planches, les Maghrébins occupent une place dominante en tant quacteurs, auteurs dramatiques, metteurs en scène et animateurs, mettant fin au monopole russe dabord, anglo-saxon ensuite. La première brèche a été percée par Gabriel Bensimhon avec sa pièce musicale Un roi marocain : il sagit en fait du Roi-Messie, incarné par un jeune poète de la bourgade de Sefrou qui, exaltant la foi mystique et la nostalgie messianique de sa communauté, entraîne celle-ci en tapis volant vers la terre promise. Belle revanche du petit marocain sur la société qui na pas su apprécier les richesses spirituelles du judaïsme marocain.

Quant au cinéma, outre les célébrités consacrées comme les Marocains Zeev Revah, metteur en scène (Un brin de chance) et acteur de cinéma et de théâtre, Haïm Shiran (La statue de sel), et les Tunisiens Yaacov Assal (films documentaires et satiriques) et Serge Ancry (Terre chaude), on assiste aujourdhui à une montée de jeunes réalisateurs, tels David Benchétrit dont le film Les voiles de lexil sur trois femmes palestiniennes, a remporté lan dernier le premier prix du festival de Tanger ; ou Hanna Azoulay-Hasfari, actrice et réalisatrice du film Shhour (sorcellerie). Les acteurs de théâtre et animateurs de télévision se multiplient et leurs noms dévoilent leurs origines : Abécassis, Ibghi, Malka, Nahmias, etc. On peut dire que dans tous les domaines du spectacle, la présence des Maghrébins est sensible et prometteuse.

Arts plastiques

En peinture et en sculpture, certains noms comme le peintre Pinhas Cohen-Gan ou la sculptrice Yaël Artsi du kibboutz Sdot-Yam sont célébres en Israël et à létranger. J. Jano pratique à la fois la peinture et la sculpture. Les peintres miniaturistes, qui sinspirent aussi bien des enluminures juives anciennes que des traditions décoratives andalouses et maghrébines, ont leur place dans léventail des arts plastiques dIsraël (Abécassis, Malca).

Recherche, éducation

Malgré tous les handicaps, cest peut-être dans la recherche fondamentale et lenseignement universitaire que les Nord-Africains ont enregistré le plus de succès. A la présidence de lAcadémie de la langue hébraïque se trouve un originaire de Errachidia (ex-Ksar es-souk), le professeur Moshé Bar-Asher. Les chercheurs dorigine maghrébine spécialisés en folklore, linguistique, art juif, philosophie, médecine, histoire, etc. sont légion et leur nombre est en constante progression. Une liste exhaustive serait trop longue dans le cadre du présent article. Contentons-nous de mentionner, quasiment au hasard, quelques noms : Michel Abitbol (histoire), Yitzhak Abrahami (patrimoine maghrébin), Issakhar Ben-Ami (folkore), Shlomo Ben-Ami (histoire), Shalom Bar-Acher (histoire), Joseph Chétrit (linguistique et littératures hébraïque et française), Yossi Dayan et Méir Bouzaglo (philosophie), Joseph Tolédano (histoire), Robert Attal (bibliothécaire et archiviste), Henriette Caleb-Dahan (sociologie), Vered Harel Charvit (théâtre), Georges Ouaknine (médecine), Moshé Amar et Haïm Bentov (littérature rabbinique), Haïm Sadoun (histoire). La recherche concernant lhistoire et la culture du judaisme maghrébin est entreprise parallèlement hors dIsraël par des chercheurs dorigine maghrébine avec, en tête, le pionnier dans ce domaine, le professeur émérite Haïm Zafrani. Signalons également Marcel Bénabou (membre de lOLIPO, Ouvroir de littérature potentielle littérature davant-garde)

Lintégration véritable des Maghrébins, comme celle de tous les originaires des pays musulmans et arabes, est un long processus semé de séismes socio-politiques (les Panthères noires et autres groupes contestataires), de revendications culturelles, toutes manifestations baptisées la révolution du nana (révolution menthe fraîche). Leur première contribution a été en effet le thé à la menthe suivi par le couscous, le cigare farci et autres spécialités gastronomiques. La cuisine aura été leur carte de visite, ouvrant la voie aux autres contributions, culturelles et intellectuelles.

Quels quaient pu être les embûches, les obstacles et les tracasseries, on peut dire que la volonté dont ont fait preuve les originaires du Maghreb, leurs protestations périodiques et peut-être aussi une certaine évolution de leurs élites ont mis en relief, outre les griefs concernant certaines attitudes discriminatoires, limmense potentiel des patrimoines culturels des communautés du Maghreb, et le bénéfice que pourrait en tirer la civilisation israélienne en gestation.

La vitalité, la spontanéité et la joie de vivre de la Méditerranée (Maghreb et Machreq confondus) auront fini par triompher de la morosité et des brumes nordiques. Israël aura trouvé sa véritable vocation géo-culturelle pour le plus grand bien de la paix et de la prospérité en ce Moyen-Orient meurtri.


Shlomo Elbaz, professeur retraité de lUniversité hébraïque de Jérusalem, est né à Marrakech et vit en Israël depuis 1955. Critique littéraire, auteur détudes sur la poésie moderne (Lectures dAnabase de St John-Perse) et de nombreux travaux sur la culture judéo-maghrébine, il milite pour la paix et dans le domaine social.


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