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L'ALGERIE JUIF OU MUSULMANE

3 participants

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1L'ALGERIE JUIF OU MUSULMANE Empty L'ALGERIE JUIF OU MUSULMANE Dim 24 Fév - 18:24

admin"SNP1975"

admin
Admin

Drole de dispute entre maghrebins.
J'ai ouvert ce site pour rendre hommage aux deportés marocains d'algerie. Et voilà que le forum est squatté par un sujet plus douleureux.
L'histoire du maghreb .
QUI MAGHREBIN?
Le bérbere qui est juif d'origine
Ou le bérbere qui est musulmans ?

Une famille dans l'histoire
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La fontaine à l'entrée de la demeure

de Michel Cohen Bacri à Alger

(partie basse de la médina)

rue Souk El-Djemâa

On trouve trace de Michael Cohen Bacri, fondateur de la maison de commerce, né à Livourne (appelée Leghorn par les Anglais) et établi à Alger (El-Djezaïr) en 1770 ou 1774, avec des relations familiales à Marseille, Gênes, Livourne, Manchester, Naples, Alexandrie et Tunis; exil rendu prospère par le commerce international du blé. Ce furent ses fils qui contribuèrent à sauver le Sud de la France de la famine sous la Révolution et le Directoire en 1793 en exportant des quantités considérables d'orge et de blé avec l'appui du Dey d'Alger***. C'est dans les années 1795-1797 que les négociants en blé Bacri et Busnach, représentés auprès du Comité de salut public de la Convention par Jacob Bacri, mandaté par le Dey Sidi-Hassan en 1795, ont fourni à la République française, une et indivisible, du blé algérien. Ce blé devait servir, rappelons le, à la campagne d'Égypte de Bonaparte, entre autres, et ne fut pas payé. D'où le "contentieux de la dette Bacri" (La Créance Bacri est déposée à la Bibliothèque Nationale).
Ce contentieux s'inscrivit comme l'une des causes de la conquête de l'Algérie. Il faut dire que la France avait depuis 1561 un comptoir commercial en Algérie et veillait à ses intérêts par tous les moyens. Napoléon Ier, toujours prévoyant, avait même fait dresser une carte de l'Algérie et repéré le meilleur lieu de débarquement : Sidi-Ferruch. C'est Charles X, Roi très-chrétien de France et de Navarre, selon la formule traditionnelle qu'il avait restaurée, qui, contre vents et marées (contre les Anglais et contre Talleyrand), ordonna le débarquement, le 14 juin 1830. Source: entre autres, "La Colonisation en Algérie: création, développement, relations et chute", in La Colonie du Cap et l'Algérie, mémoire par Ada Sanchis, Université Nice Sophia Antipoli; reproduit dans Pieds Noirs : nos ancêtres d'Algérie, 1830-1962, par G. Brisson et R. Vella.
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La Villa Maria, Museo Mascagnano, rue Calzabigi

à Livourne, est voisine de la Villa Busnack-Bacri


Joseph Cohen-Bacri, fils de Michael, épousa la fille de Naftali Boujenah, fusionnant les deux principales maisons de commerce d'Alger. L'affaire Bacri-Busnach est donc un autre nom donné à l'affaire Bacri-Boujenah. En tout cas, grâce à Wouter Busnach, d'Amsterdam, et aux vertus de l'Internet, nous savons maintenant qu'il était allié de Nephtali Ben Moses Busnach, surnommé le "Vice-Roi d'Alger", assassiné lors du pogrom de 1805. Selon le grand rabbin d'Alger, Maurice Eisenbeth, Nephtali Busnach, riche négociant d'Alger était établi à Constantine dont le bey était son ami. "Le 15 févier 1798, il devint l'associé de son oncle et beau-père Joseph Cohen Bacri [...] Le vendredi 28 juin 1805, à 7 heures du matin, Nephtali Busnach fut tué par un janissaire dans le bureau du représentant du Bey de Constantine". En conséquence les familles Busnach et Bacri se replièrent sur Livourne, sauf Joseph Cohen Bacri, son fils David et Michel Busnach, qui restèrent pour liquider les comptes. La Régence fit saisir leurs navires en mer et réclama une rançon pour leur vie.
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Mokadem ou «roi des juifs»

David Cohen-Bacri, fils de Joseph, parvint à se faire nommer Mokaddem de la communauté (chef de la nation) et fit rayer la rançon des livres de la Régence, mais il fut décapité en 1811. Son père Joseph lui succéda, mais dut se retirer à Livourne à cause de conflits intra-communautaires. Jacob Cohen-Bacri, frère de Joseph, était représentant de la maison à Marseille ["Michel Busnach et, surtout, Jacob Cohen-Bacri gardent le contact avec la Barbarie", source marseillaise] et à Paris. Il rentra à Alger ou il fut Mokadem de 1816 à 1831, sous quatre deys successifs. Parmi ses fonctions, en 1826, celle de Consul général de Toscane.
Les relations avec l'Algérie (turque, à l'époque) restèrent houleuses. Une flotte française dut croiser en 1827 devant Livourne pour protéger le Duché de Toscane que l'Algérie sommait de livrer les Bacri et les Busnach. En Algérie même, Jacob Bacri reçut chez lui, à Alger, le général de Bourmont, commandant l'armée française d'occupation. La famille Bacri, (abrégé de Cohen Bacri ou Coen-Bacri, [parfois déformé en Coens Bacri ou même en Cour-Bairé!] aujourd'hui Cohen-Bacrie) est française par naturalisation, depuis 1816 (David Cohen-Bacri, à Alger), 1827 (Nathan Bacri), 1852 (Rosa Bacrie, à Constantine) et par loi depuis 1870 (Décret Crémieux). C'est entre 1956 et 1962 que la famille quitta l'Algérie pour la France. L'auteur de cette page possède la double nationalité: française et canadienne.

Bacri

Le nom, d'origine hébraïque ou italo-arabe, serait dérivé de "Bekhor" qui signifie au sens propre fils aîné et au sens figuré précoce, empressé, qui devance les désirs des autres. Cet additif à "Cohen" a aussi été interprêté comme une référence aux prêtres du Temple qui assuraient le service le matin. Selon la racine arabe il signifie bouvier ou marchand de bétail. Il peut aussi résulter de l'italianisation d'un autre mot arabe. Merci à Paul Cohen-Bacrie pour la transmission de ces renseignements.




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Le soufflet




"1797-1827. Affaire Bacri-Busnach: 1797, deux négociants algérois, Bacri et Busnach, vendent pour 14 millions de blé à la République française (impayés). 1818, Hussein, créditeur de Bacri et Busnach, réclame cette somme à Louis XVIII. 1826, Hussein écrit à Charles X pour se plaindre de la longueur du procès, pas de réponse. 1827, à la réception officielle de Baïram, Hussein demande à Deval, consul de France, s'il a une lettre de Charles X. Réponse négative. Hussein, furieux, frappe Deval d'un coup de chasse-mouches. Rupture des relations diplomatiques, blocus d'Alger, débarquement à Sidi-Ferruch." Dominique et Michèle Frémy, Quid, Robert Laffont. Citépar Roland Bacri en exergue de son livre Les Rois d'Alger, op. cit.
"L'affaire de Bône pillée au cours d'une insurrection kabyle, les captures de navires et le défaut de paiements des créances Bacri, dont le dey d'Alger se plaint, tels sont, au début de 1827, les litiges entre le dey et la France. Pour couronner le tout, le dey a pris le consul Pierre Deval en aversion. Il l'accuse d'être aux gages de Bacri et la cour de France soupçonne Hussein de réclamer son rappel pour toucher le présent d'usage que lui doit tout nouveau consul. Le 30 avril 1827, la discussion s'envenime. Le dey, suivant l'étiquette orientale, se lève et ordonne au consul de sortir. Deval ne bouge pas, le dey le frappe du manche de son éventail. Deval rend compte de l'incident." Le Coup d'éventail, in La Colonie du Cap et l'Algérie, mémoire par Ada Sanchis, Université Nice Sophia Antipoli.

Le fait est attesté de manière originale par les Mémoires d'un esclave (George Simon Frederik Pfeiffer) au chapitre 22: "He [Dey Hussein] impetuously insisted on the immediate payment of two millions five hundred thousand franks, which were arrearages from the first years of the French republic, when both the Jewish mercantile houses, Bacri and Bosnack, in Algiers, furnished grain for the French government. [...] Mr. Deval replied, the demands were by all means just, and were acknowledged as such by his government; but..."

Le même auteur rend ce témoignage du rôle joué par les Bacri à Alger à cette époque, en 1830, après la conquête française: "his punishment [il s'agit d'un jeune interprète passé en cour martiale] was so much mitigated through the influence of Bacri, king of the Jews, that he was only expelled from the interpreters'corps.", chapitre 35. Source: The voyages and five years' captivity in Algiers of Doctor G.S. F. Pfeiffer, giving a true description of the customs, manners, and habits of the different inhabitants of the country of Algiers, written by himself. Translated from the second german edition by I. Daniel Rupp, Harrisburg, PA, John Winebrenner, Printer, 1836.

"«Le contentieux de la dette Bacri, négociant algérois qui avait vendu du blé au Directoire, et à laquelle le dey Husayn ibn al-Husayn (1765 - 1838) était intéressé, conduit à l'expédition d'Alger (Al Djazair) (1830) et à la conquête de l'Algérie (1830 -1857).» Source : Jean Billard, Abrégé d'histoire des routes : 8 - Au dix-neuvième siècle, Laboratoire central des Ponts et Chaussées.
"La maison Bacrie et Busnach avait importé des blés d'Afrique en France, en prêtant leur concours à la Compagnie d'Afrique et à Vallière. La dette de la République, déjà considérable en 1795, s'accrut sous la Convention Nationale, et le Directoire, lui aussi, eut recours aux mêmes. Aucun de ces gouvernements n'ayant pensé à régler les comptes, les Bacri [...] avaient fini par réclamer l'appui du Dey pour récupérer leurs avances." Maurice Eisenbeth, Grand Rabbin d'Alger.
" De simples créances privées devenaient affaire d'État". Gabriel Esquer, La prise d'Alger, 1830, Paris.

«De 1791 à 1796, deux juifs algériens, Bacri et Busnach, avaient fourni au gouvernement de la République des blés pour une valeur de plus de deux millions. Ils s'étaient même chargés, en 1798, d'approvisionner, dans l'île de Malte, les magasins affectés à la subsistance de l'Armée d'Égypte.» rapporte Camille Rousset, de l'Académie française, dans son livre La Conquête d'Alger, paru en 1880 chez Plon.

Faisant suite aux «inextricables complications» liées à la déclaration de guerre de la Sublime Porte à la République française, dont on profita pour ne pas payer les Bacri, finalement, une somme de 7 millions [moitié de la somme réclamée de 14 millions] fut convenue en règlement [Acte du 28 octobre 1819, ratifié par la Loi des finances du 24 juillet 1820], dont un montant de 2 500 000 fut mis en réserve à la caisse des dépôts et consignations pour faire face aux créances éventuelles de français envers les Bacri. «Ce n'était pas l'affaire du Dey Hussein, qui, de gré ou par menace, s'était associé d'abord, puis tout à fait substitué au droit des Bacri». op.cit. p. 23.

«Envoyez-nous toutes ces différentes sommes [incluant l'intérêt] par vos propres mains», écrivit le Dey Hussein écrivit le 14 septembre 1824 au baron de Damas, successeur de Chateaubriand au ministère des Affaires étrangères. On connait la suite avec le coup d'éventail porté au Consul Deval en 1827 et la conquête de 1830, après laquelle : «les Juifs très nombreux dans Alger, durent garder, suivant leur coutume, leur organisation particulère, sous un chef qui fut l'un des fils du vieux Bacri [Jacob]». op. cit. p. 241. Jacob Bacri (ou Cohen-Bacri) continua en effet de jouer un rôle, car il avait des correspondants qui l'informaient aussi bien en Algérie qu'en France, et il annonça par exemple [non sans plaisir, on le croit bien] au maréchal de Bourmont le transfert du pouvoir aux Orléans et le rétablissement de la cocarde tricolore.

«The French military authorities reconfirmed Jacob Bacri as muqaddam ( mekdam or mokdam in the French transcriptions), or "head of the Jewish nation." He was charged with overseeing and directing Jewish affairs in Algiers.». Ce maintien d'une autonomie juive sous l'administration française dura de 1830 à 1836. Source : Norman A. Stillman (Professor of Judaic History at the University of Oklahoma), The Jews of Arab Lands in Modern Times, The Jewish Publication Society, Philadelphia, August 2003.


le 12 février 2006



Dernière édition par Admin le Dim 24 Fév - 18:31, édité 1 fois

http://www.marocainsdalgerie.net

2L'ALGERIE JUIF OU MUSULMANE Empty Re: L'ALGERIE JUIF OU MUSULMANE Dim 24 Fév - 18:30

yacoub

yacoub

Les deux sont maghrebins.

Le berbere avanr d'etre islamisé de force par les sbires du gourou satanique étaient chretiens ou païens.

Mais même au XXI siecle des musulmans fanatiques egorgent en Algerie tous les non-musulmans.

Sans nous seriner que l'islam est tolerant ce qui est absurde.

3L'ALGERIE JUIF OU MUSULMANE Empty Re: L'ALGERIE JUIF OU MUSULMANE Dim 24 Fév - 18:31

admin"SNP1975"

admin
Admin

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Signature de Napoléon Bonaparte

Bonaparte et la maison Bacri
«Je vous prie, Citoyen Ministre, d'envoyer chercher les correspondants de la compagnie Barkry (sic) d'Alger et de leur faire connaître que je voudrais envoyer en Egypte deux millions (sic) de bouteilles de vin, de l'eau de vie, des liqueurs, des draps, des médicaments et de l'huile; les bâtiments en retour apporteront du riz, du café, de l'indigo et du verre. Je voudrais être sûr qu'une partie de ces objets, le tiers par exemple, partis des cotes de Provence dans le courant de Nivôse pour arriver à Alexandrie en Ventôse.
Plusieurs personnes offrent au gouvernement de se charger de cette entreprise, mais je préfère la Maison Barkry, si elle peut s'en charger. Ils achèteront le vin et tous les autres objets, en France, comme ils le voudront. Ils les chargeront à Marseille sur les bâtiments tunisiens. On conviendrait du prix qui leur serait paye pour chacun des objets ci-dessus mentionnes, des qu'ils seraient arrives à Alexandrie. Au départ de chaque bâtiment de Marseille, il sera paye le tiers de la valeur du chargement. Ils achèteront à Alexandrie le riz, le café au prix qu'ils pourront et le revendront de même à Marseille. Ils seront toutefois obliges d'opérer leur retour en France.
Tous les risques, accidents, etc., seront à leur compte. S'ils se chargent de cette expédition vous leur demanderez s'ils ont des bâtiments de leur Nation à Marseille et combien de temps il leur faudra pour en faire venir.» Napoléon Bonaparte, Premier Consul, Paris, le 22 et le 23 décembre 1800 (an VIII de la République), au citoyen Talleyrand, Ministre des Relations extérieures. Source : Correspondance (Histoire de l'Empire).

Les Bacri jouaient aussi le rôle de représentants de la gande nation, jouissant de la confiance du Premier Consul pour services rendus à la République. Témoins, cette lettre du 9 mars 1801 et cette note du 7 juillet 1802 de Bonaparte à Talleyrand :
«Je désire, Citoyen Ministre, que vous fassiez venir les juifs Busnach et Bakry pour qu'ils expédient un courrier extraordinaire à Alger [...] je désire qu'il [le Dey d'Alger] se décide promptement à tenir une conduite qui l'honore à mes yeux et puisse me convaincre qu'il est mon ami.» Lettre du 18 Ventôse an IX (9 mars 1801) au citoyen Talleyrand, ministre des Relations extérieures.

«Écrire au citoyen Dubois-Thainville à Alger, par courrier extraordinaire, de Toulon, en réponse à ses lettres des 21, 27, 28 prairial. Que l'intention du Premier Consul est qu'il demande impérieusement la tête du reis qui a bâtonné un capitaine français dans la rade d'Alger; [...] Écrire au citoyen Dubois-Thainville qu'il ait à demander impérieusement la liberté des esclaves français; qu'on ne doit craindre aucune rupture avec le Dey, et qu'il faut lui parler avec la fierté convenable [...] Envoyer chercher les Bakry; leur dire que le Premier Consul est très-mécontent; que, si le reis qui a osé maltraiter un Français n'est pas puni de peine capitale, le Premier Consul saura bien le venger. Les avertir d'expédier un courrier de leur côté.» Note du 7 juillet 1802 pour le ministre des Relations extérieures. Ce ne fut pas inutile, car tout s'arrangea pour un temps et le reis eu la vie sauve.

Intervention de Bacri pour prévenir une guerre avec la Turquie
À propos d'une lettre avertissant la Sublime Porte de l'intention du Premier Consul d'obtenir réparation du Dey d'Alger sous menace de débarquement de «80 000 hommes» : «Je désire qu'il [l'ambassadeur ottoman à Paris] l'envoie à Constantinople par un courrier, et à Alger; ou, s'il ne le veut pas, qu'il fasse venir Bakry, qu'il la lui remette, afin que celui-ci la fasse passer à Alger par un courrier extraordinaire.» N. Bonaparte, Premier Consul, au citoyen Talleyrand, ministre des Relations extérieures, 29 juillet 1802. Source : Correspondance (Histoire de l'Empire).



Chargés de mission de la République française
Jean-Baptiste-Michel Guyot de Kercy, Consul général et Délégué du Gouvernement français à Livourne (Grand Duché de Toscane) du 14 ventôse an V au 29 germinal an X, avait été auparavant Consul général de France à Alger. Bonaparte réclama ses mémoires à Talleyrand le 8 décembre 1802, l'Algérie étant alors un État vassal de la Porte dont le Directoire voulait préserver l'alliance. Autant d'illustrations du triangle Paris-Alger-Livourne où évoluaient les Cohen-Bacri (Bakry sous la plume du secrétaire de Bonaparte), triangle commercial, certes, mais aussi politique.

On sait que Jacob Coen Bacri a été Consul général de Toscane à Alger, mais si, officiellement, aucun Bacri n'a été Consul général de la République française à Alger, c'est bien à eux que Bonaparte avait recours pour les missions d'État délicates. C'est ainsi que le Premier Consul, dans sa note à Talleyrand du 7 juillet 1802, estima nécessaire de doubler la mission conférée à Charles-François Dubois-Thainville (Consul général à Alger de mai 1800 à juin 1809) par une même mission confiée aux Bacri, ainsi discrètement chargés de mission diplomatique. Il faut bien dire ici que ces missions eurent du succès et que la paix fut préservée tant avec la Régence (pour 28 ans) qu'avec la Porte.
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Chargés de mission des États Unis d'Amérique sous George Washington.

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Frégate américaine de trente-six canons prise
par des pirates barbaresques devant Tripoli


La paix négociée : «In September, 1795, a treaty of peace with Algiers was finally concluded, after negotiations had been facilitated by a contingent fee of $18,000 paid to "Bacri the Jew, who has as much art in this sort of management as any man we ever knew," the American agents reported. It was a keen bargain, as Bacri had to propitiate court officials at his own risk, and had to look for both reimbursement and personal profit, too, out of the lump sum he was to receive in event of his success.»
Source : Henry Jones Ford, Washington and His Colleagues : a Chronicle of the rise and fall of Federalism, New Haven, Yale University Press, 1918. Project Guttenberg e-book.

George Washington s'en félicita dans son 7e discours sur l'état de l'Union en décembre 1795 et ratifia le traité avec l'accord du Sénat en mars 1796. Le Dey d'Alger ne voulait pas la paix, car il était poussé à attaquer le commerce maritime américain par les Anglais (pleins de ressentiment contre leurs anciennes colonies ou désireux que les USA renoncent à commercer avec la République française) et par ses corsaires eux-mêmes qui, désoeuvrés, auraient bien pu l'assassiner. On comprend les risques encourus par ce Bacri et le défi qu'il contribua à surmonter.

On trouve référence à : «Bacri, Micaiah Coer, 10:633» et «Bacri, Salamon Coer, 10:633» [pour Michel Cohen Bacri et Salomon Cohen Bacri] dans les papiers de George Washington, entre septembre 1788 et janvier 1793. Source : The Papers of George Washington, Indexes, Presidential Series, Volumes 1-1.

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Opposé au retour de l'Île d'Elbe, le prince de Bénévent,
fait prince par celui contre lequel il se retourna,
dans l'Adresse aux armées du 2 avril 1814,
Talleyrand, co-signataire, a osé parler
de Napoléon en ces termes.


«Souverains possédant des agents dans toute la Méditerrannée et auprès des principales cours d'Europe, ... les Bacri (et les Busnach) avaient été les Rois d'Alger pendant quinze ans ... Jacob Bacri avait représenté la maison à Paris sous la République et l'Empire. Invité à dîner chez Bonaparte, familier de Talleyrand qui restait ministre de la Restauration.»

Jules Roy, Les Chevaux du soleil, tome I, Grasset. Citépar Roland Bacri, dans Les Rois d'Alger, Grasset, 1988.
«Pendant son premier ministère, Talleyrand était entré en relation avec les deux beaux-frères Joseph Coen-Bacri et Busnach, chefs de la communauté israëlite d'Alger, les plus puissants marchants de grains de la Régence. Il avait signé, le 21 Juin 1798, deux ordres de payer à Joseph Coen-Bacri la somme de 250 000 Piastres, qui avait été prétée par le Dey d'Alger à la République Française. Mais les deux beaux-frères avaient de la peine à toucher l'argent des fournitures faites par eux à la France, car leurs créances paraissaient fortement majorées. Talleyrand pris l'affaire sous sa protection; le 24 août 1800, il écrivit à son collègue le ministre des finances Gaudin: "L'état de nos rapports actuels avec la Régence exige qu'on montre aux Juifs la meilleure bonne volonté possible." Sur la somme demandée de 7 942 992 Francs, Bacri et Busnach touchèrent un accompte de 3 175 631 Francs. Aussi Joseph Bacri était-il en droit d'écrire : "Si le Bossu [Talleyrand] n'était pas dans ma main, je ne compterais sur rien." N'est-il pas curieux de rencontrer en 1800 le nom de Talleyrand mêlé d'une manière suspecte, ou plutôt d'une manière non équivoque, à cette affaire des créances Bacri et Busnach qui devait amener, 30 ans plus tard l'expédition d'Alger?» Georges Lacour-Gayet, TALLEYRAND, Tome 2, Éditions Payot. Cette citation est une contribution de Jean-Louis Cohen-Bacrie. Talleyrand s'opposera à l'expédition d'Alger de 1830 ; les Bacri ne devant pas lui être beaucoup plus favorables, sauf la liberté, l'égalité et la fin des brimades réservées aux Dhimmis.

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Bonaparte, en Égypte, appose sa signature
au monastère Ste-Catherine du Sinaï en 1799.

Raison d'État : «Un négociant d'Alger, Bacri, a montré la plus grande complaisance et ses avances de fonds ont permis de vivre tant bien que mal». Maurice Herbette, Une ambassade turque sous le Directoire, Paris, 1902, p. 258, Gallica. Il s'agit de Esséid Ali Effendi, ambassadeur du Sultan ottoman Sélim III à Paris, placé dans une position extrêmement délicate en 1800, car la Porte lui avait coupé les vivres. Il faut savoir que la France révolutionnaire désirait que les Puissances étrangères la reconnaissent en y envoyant des ambassadeurs permanents, ce que la Turquie avait, jusqu'en 1797, omis de faire. Talleyrand écrit au Premier Consul (Bonaparte) : «La Porte ottomane, en déclarant la guerre à la France [en 1798, suite à l'expédition d'Égypte ; la paix sera finalement signée en 1802], a par ce fait suspendu elle-même les fonctions de son ambassadeur, mais le Gouvernement est bien aise de se conduire envers l'envoyé de cette puissance plutôt par les règles de convenance». «Or Bacri lui-même est quasi ruiné ; le Gouvernement français ne lui a pas remboursé les sommes considérables qu'il lui doit et l'Algérien [...] ne peut subvenir davantage aux besoins de l'ambassade ottomane.», écrit le citoyen Marie-Louis-Henri Descorches, ci-devant Marquis de Sainte-Croix, ambassadeur (plus tard fait baron par Napoléon), au Premier Consul le 6 Floréal an VIII, 26 avril 1800, poursuivant : «Si le Premier Consul, par égard pour lui, donnait l'ordre au ministre de la Guerre Carnot de régler la maison Bacri, on lui rendrait service.» Qui était ce «lui»? Bacri, Bonaparte, Esséid Ali ouTalleyrand? Espérant la signature de la paix avec la Sublime Porte (ce qui se produira effectivement deux ans plus tard, mais avec un autre ambassadeur : Esséid Mohamed Said Ghalib Effendi, Ésséid Ali Effendi étant jugé trop pro-français), la raison d'État exigeait, en 1800, que l'on démontrât des égards extraordinaires à l'ambassadeur ottoman dont l'orgueil le rendait sensible à un tel traitement, si bien que les intérêts de ces 4 personnes se confondaient avec ceux de la République.

«modifié

http://www.marocainsdalgerie.net

4L'ALGERIE JUIF OU MUSULMANE Empty Re: L'ALGERIE JUIF OU MUSULMANE Dim 24 Fév - 18:32

admin"SNP1975"

admin
Admin

Nous irons voir dans la Turquie
Le disciple de Mahomet.
Il faut qui soit pour la patrie;
Nous lui dirons notre secret.
S'il prête son serment civique
Et qu'il abjure à l'Alcoran
Nous lui donnerons pour turban
Le bonnet de la République».
Chanson patriotique composée à Tournus

On voit ici éclairée sous un jour nouveau l'intervention de Talleyrand en faveur des Bacri : ceux-ci continuaient à rendre d'éminents services à la grande nation dont ils partageaient les idéaux, aidant à nouveau ce même Bonaparte qui exportait les droits de l'homme (c'est si vrai que, si la Turquie désire aujourd'hui faire partie de l'Europe, c'est parce que ces mêmes idéaux lui furent inculqués, en partie grâce à l'expédition d'Égypte, facilitée par le blé fourni par les Bacri, au cours de laquelle Bonaparte lança le premier journal dans cette région).

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L'hôtel Monaco, rue Saint-Dominique, à Paris, abritait auparavant le Ministère de l'Intérieur du Directoire.
Il fut exceptionnellement mis à la disposition d'Esséid Ali, premier représentant permanent en France (1797-1802) du Sultan,
«souverain de deux continents et de deux mers, Empereur dont la pompe égale celle de Darius et la domination celle d'Alexandre».
Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord, ex-évêque d'Autun et futur Prince de Bénévent, remplaça Delacroix comme ministre des Relations extérieures en 1797.
Talleyrand se procura bien plus tard cet hôtel de Monaco qu'il agrandit et habita avec la duchesse de Dino, sa célèbre et dernière compagne.

On sait aussi que le blé (algérien) livré par les Bacri avait sauvé le Sud de la France de la famine pendant la Révolution, d'où l'accueil chaleureux réservé à l'ambassadeur ottoman lors de son passage à Aix, les salves de canon et les défilés militaires se succédant, à son arrivée en France . Le citoyen Legrand, président de l'Administration municipale s'exprima en ces termes : «Le plus grand potentat de l'Asie, dans des moments de détresse, ouvrit des greniers d'abondance au peuple français». Source : Maurice Herbette, Une ambassade turque sous le Directoire, Paris, 1902, p. 58, Gallica. Et Legrand d'ajouter, à l'attention de l'ambassadeur : «Il est bien consolant, il est bien honorable pour des magistrats d'une grande nation d'acquitter pour elle, dans la personne de Votre Excellence, une dette qui pesait à son coeur».

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Mme Tallien (par Gérard), que Esséid Ali, voulant la complimenter, traita de «beauté publique» ;
ce mot moliéresque défrayant la chronique parisienne, en cette époque de turcomanie, sous le Directoire,
et rappelant la cérémonie turque du Bourgeois gentilhomme (sur l'envoyé de la Porte en 1669, dit Mamamouchi).
Source : Maurice Herbette, Une ambassade turque sous le Directoire, Paris, 1902, p. 158.

Le lien qui lie les Bacri à la 1ère République, et particulièrement à Talleyrand et à Bonaparte, alors Premier Consul, est indéniable. Ainsi, lorsque le Banel, navire français de 64 canons qui transportait des troupes de Toulon vers l'Amérique, fit naufrage le 25 janvier 1802 sur la côte d'Afrique du Nord, «des bateaux affrétés par Bacri ( négociant juif ) les ont rapatriés en France.» Source : Amis du patrimoine. Sur 201 marins, 539 soldats et 9 femmes, plusieurs périrent noyés ou furent capturés par des tribus locales : 53 marins, 215 militaires et 3 femmes - l'une d'elles devint une sainte de l'islam sous le nom d'Ima B'net. Le Premier Consul s'en préoccupa personnellement, écrivant le 4 juin 1802 au contre-amiral Decrès: «je désirerais qu'ils [des vaisseaux armés en guerre] se présentassent devant Alger, qu'ils demandassent s'il y a encore des Français échappés au naufrage du Banel». Source : Correspondance (Histoire de l'Empire).

On retrouvera indirectement le lien entre les Bacri et les Bonaparte, alors que pendant la visite à Alger de Napoléon III, le 18 septembre 1860, «c'est la fille de Bacri, célèbre en 1830 pour sa beauté et devenue madame Aziza Foa, qui sert d'interprète.» Sources : Cagayous , Musée national des arts et traditions populaires.Aziza Fao (sic) posséda en 1874 la villa devenue musée du Bardo, à Alger.Source : Musée national du Bardo.

_____________________.___________

Salomon Cohen Bacri, "un juif d'origine algéroise", à la même époque (cf. note 38),
collaborait avec Bonaparte à Livourne, selon l'historien Jean-Pierre Filippini :

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Sauf de bien rares exceptions, tous ceux qu' il avait comblés furent ingrats.
Tous ceux qui ne songèrent jamais à rien lui demander
lui tinrent compte de la grandeur de la France.
George Sand, Histoire de ma vie.

LA LIBERTÉ EN ITALIE

Les Livournais face à l'armée fançaise (1796-1797)

Professeur Jean-Pierre FILIPPINI Université de Mulhouse




«Salomon Cohen Bacri fait partie du groupe des négociants juifs, qui ont prêté leur concours aux Français. Le chroniqueur Santoni, qui hait autant les juifs que les jacobins, cite, outre les Cohen Bacri, les maisons de commerce Recanati, Franchetti, Levì l'Aîné et Del Valle (40). Il y a tout lieu de penser que, comme leurs autres collègues livournais, les négociants juifs ont été sensibles aux avantages qu'ils pouvaient tirer des affaires avec l'armée d'occupation.

Mais il est plus que probable qu'ils l'ont fait également parce qu'ils éprouvent une profonde sympathie pour les soldats de la Grande Nation. Et il n'est pas du tout déplacé de considérer que ces négociants juifs, tout comme, à un niveau plus humble, les porteurs juifs, auxquels les Français recourent également (41), appartiennent à la deuxième catégorie des partisans des Français, la sympathie pour les idéaux révolutionnaires l'emportant très largement sur l'esprit de lucre. En effet, à Livourne et en Toscane, en dépit des Lumières, l'émancipation des juifs demeure impossible dans le cadre des structures d'Ancien Régime (42). Aussi, est-il tout naturel que ces derniers aient éprouvé de la sympathie pour la France révolutionnaire, qui a accordé à leurs coreligionnaires, en septembre 1791, l'égalité avec les autres citoyens français.»

Bibliographie:

Filippini (J.P.), Il porto di Livorno e la Toscana (1676-1814), à paraître.

Zobi (A.), Storia civile della Toscana, Florence, 1851, T. III, pp. 178-184 ;

Michel (E.), «Napoleone a Livorno (27-29 giugno 1796)», Liburni civitas, a. IX, fasc. I, 1936, pp. 14-15 ;

Godechot (J.), Les commissaires aux armées sous le Directoire, Paris, 1937, T.I., p. 469 et suiv. ;

Mangio (C.), Politica toscana e rivoluzione, Momenti di storia livornese, 1790-1801, Pise, 1974, pp. 119-121.

Voir aussi : J. P. Filippini, Una famiglia ebrea di Livorno tra ambizioni mercantili e vicissitudini del mondo mediterraneo: i Coen Bacri, p. 287, in Ricerche storiche, a. XII, 1982, 2-3, quadrimestrale, Napoli, Centro Piombinese di studi storici.

Moïse Coen Bacri, né à Alger en 1784, négociant, fut Maître Parfait (5e grade du Rite Écossais Ancien Accepté) de la Loge Napoléon à Livourne en 1812, aux côtés d'Abraham Busnach, né à Alger le 20/3/1788. Source : Lucien Sabah, La franc-maçonnerie et l'antisémitisme, article paru dans la Revue des études juives, janvier 1996, 155, fasc. 1-2). La REJ (136, 1977) a aussi publié un article de F. Hildesheimer initulé : Décadence de la Maison Bacri à Marseille, couvrant l'époque de 1795 à 1846.


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Furia francese

Carica di Cavalleria a Montebello, par Giovanni Fattori

Museo della villa Mimbelli a Livorno


Sur la gloire de Bonaparte à cette époque en Italie, voir la Chartreuse de Parme de Stendhal.

_____________________.___________


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Liberté des mers

Illustration en-tête du papier à lettre de Talleyrand

le 17 Floréal, an 7 de la République française

source: collection de Pierre Combaluzier


«Tu céderas, ou tu tomberas sous ce vainqueur, Alger, riche des dépouilles de la chrétienté. Tu disais dans ton coeur avare: Je tiens la mer sous mes lois, et les nations sont ma proie. La légèreté de tes vaisseaux te donnait de la confiance; mais tu te verras attaqué dans tes murailles, comme un oiseau ravissant qu'on irait chercher parmi ses rochers et dans son nid.»

Bossuet, Oraison funèbre de Marie-Thérèse d'Autriche. Cité dans La Bacriade ou la guerre d'Alger, poème héroi-comique en cinq chants, par Barthélémy et Méry, Paris, Ambroise Dupont et Cie, libraires, éditeurs de l'histoire de Napoléon par M. de Norvins, 1827.

la suite:

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LA DÉCOUVERTE DES JUIFS BERBÈRES


Daniel J. Schroeter

in Relations Judéo-Musulmanes au Maroc : perceptions et réalités,
edited by Michel Abitbol, Paris: Editions Stavit, 1997, pp. 169-187

Parmi les travaux et domaines d’études concernant le passé des Juifs marocains, l’histoire des Juifs dans les régions à dominance berbère occupe une très faible place. Cela provient en partie de la nature fragmentaire des sources historiques provenant des zones rurales du pays [1]. Comparée à la documentation sur les Juifs parlant arabe, vivant dans les régions urbaines du Maroc et qui ont produit un nombre considérable d’écrits, les données historiques sur la vie des Juifs berbères ou vivant parmi les Berbères, avant la période coloniale, sont très éparses, presque toujours de seconde main, et sont souvent basées sur des mythes d’origines et des légendes. Les voyageurs étrangers en visite au Maroc dans la période pré-coloniale, qui ont établi, quoique de façon inexacte, les listes des tribus et des " races " du pays ont rarement fait la distinction entre Juifs berbérophones et Juifs arabophones [2]. Les Juifs ont été considérés comme une catégorie à part, aux côtés des Maures ou Andalous, des Arabes, des Berbères et shleuh. Peu d’Européens ont voyagé à l’intérieur du Maroc avant le XXe siècle, et ceux qui le firent, comme John Davidson (qui fut tué) en rapportèrent des informations peu fiables. James Richardson, un militant anti-esclavagiste britannique, qui a visité le Maroc en 1840, a poussé plus loin les observations de Davidson ; il a été le premier à désigner les Juifs de l’Atlas comme des " juifs shelouh ", parlant berbère et dont les coutumes et caractéristiques étaient les mêmes que celles de leurs voisins non-juifs [3].
Cette référence aux Juifs berbères est, cependant, encore très inhabituelle et de fait, elle n’a pas donné lieu à des hypothèses hasardeuses sur les origines berbères des Juifs. D’après la plupart des visiteurs européens du XIXe siècle, les communautés juives elles-mêmes se revendiquent fermement comme descendant des Juifs de l’Ancien Israël. Les seules distinctions qu’on y trouve sont celles relatives aux clivages entre Juifs espagnols et Juifs autochtones, un clivage que les Juifs du Maroc eux-mêmes mentionnent par les termes " d’expulsés " et de " résidents " (megorashim et toshavim).
A la fin du XIXe et au XXe siècles, les voyageurs et ethnographes " découvrent " un grand nombre de communautés dispersées et donnent de ces Juifs vivant parmi les Berbères une image totalement différente de celle des communautés juives des régions urbaines. Sous le protectorat français, l’image des Juifs berbères va être définitivement établie conformément aux études qui leur seront consacrées par l’ethnographie coloniale, ainsi que par les hommes de l’Alliance israélite universelle. Enfin, la société israélienne va y ajouter sa touche, reflétant l’apport sioniste et le développement de stéréotypes à l’égard des Juifs marocains, dont la plupart ont immigré en Israël entre 1950 et 1960.
Mon propos concerne la façon dont a été formulée la perception des relations judéo-berbères aux XIXe et XXe siècles en me référant tout particulièrement à la documentation sur les Juifs d’Iligh, une communauté qui vivait avec les Berbères dans une région de langue tashelhit, du Sous [4].
La découverte des Juifs berbères


L’intérêt des Européens pour les Juifs des régions apparemment " éloignées " du monde n’est pas une invention du XIXe siècle ; ce qui est nouveau, c’est la signification conférée à cet intérêt. La recherche sur les tribus perdues n’est plus motivée uniquement par des considérations d’ordre messianique, car à l’ère du colonialisme triomphant, la recherche ethnographique sur les communautés lointaines d’Orient est devenue un moyen de gouvernement.
De plus, pour les Juifs européens, la découverte de coreligionnaires primitifs n’évoque pas seulement le souvenir des tribus perdues mais leur révèle aussi d’anciennes coutumes disparues, à un moment où eux-mêmes commencent à se considérer comme une nation et se tournent vers les terres bibliques du Levant pour restaurer la souveraineté juive [5].
Au début du XXe siècle, l’orientaliste et hébraïsant Nahum Slouschz parcourut l’Afrique du Nord pour y étudier les origines et l’histoire des communautés juives. Il a été le premier à étudier sérieusement l’histoire des communautés vivant dans les régions intérieures du Maghreb. Slouschz croyait que pendant les siècles qui ont précédé l’expansion arabe en Afrique du Nord, les Juifs, originaires de Palestine, se sont répandus parmi la population berbère et en sont devenus un élément dominant [6]. Durant l’époque coloniale, ses opinions sur les origines berbères des Juifs vont avoir force de loi [7]. En 1906, Slouschz fut envoyé en mission au Maroc par la Mission scientifique du Maroc, grâce à ses relations avec son directeur, Le Chatelier [8]. La mission, parrainée par le Comité de l’Afrique française, a publié les premiers travaux importants sur la société marocaine. Slouschz faisait partie de ce cercle et ses idées influencèrent largement la vision française du judaïsme marocain. Après l’établissement du protectorat français, il retourna au Maroc et fut chargé par les autorités coloniales d’étudier les communautés juives et de soumettre ses conclusions au Résident-Général Lyautey en vue de leur réorganisation. Slouschz était sioniste et, en tant que tel, voulut " régénérer " le judaïsme marocain et réveiller sa conscience nationale juive. C’est en partie à cause de ses idées sionistes que les autorités françaises décidèrent de le relever de ses fonctions officielles [9].
Les tendances sionistes de Slouschz et ses efforts pour découvrir le passé juif berbère pré-arabe du Maroc procédaient d’une vision très cohérente. La population juive urbaine des grandes villes arabes du Maroc était très attachée à ses savants autant qu’à ses traditions. Pour Slouschz, ce sont les Juifs descendant des Berbères (comme il le croyait), avec leurs manières primitives et pénétrées d’influences locales, qui représentent les " vrais " Juifs nord-africains


" maintenant que l’Afrique est entrée également sous l’égide de l’influence occidentale ", écrit-il, " la pénétration de la civilisation française et l’émancipation de nos frères de Tunisie et du Maroc, suivant en cela l’exemple des Juifs algériens, vont faire disparaître le caractère spécifique du juif africain. Comme c’est déjà le cas dans les grandes villes françaises d’Afrique, les changements sociaux ont eu un effet radical sur les masses de la population, qui perdent rapidement leur individualité et leurs traditions millénaires [10] ".
Une fois ces coutumes abandonnées, grâce aux bienfaits de l’éducation occidentale, le judaïsme marocain aura-t-il une autre alternative que celle de rejoindre la nation juive moderne ?
C’est H. Z. Hirschberg qui le premier a mis en doute la thèse admise – établie d’abord par Slouschz et adoptée ensuite par de nombreux chercheurs de l’époque coloniale – selon laquelle les Juifs d’Afrique du Nord descendraient des tribus berbères converties au judaïsme dans 1’Antiquité. Hirschberg étudia systématiquement les traditions anciennes et parvint à la conclusion qu’il y a peu de preuves confirmant la thèse des Berbères judaïsés. D’après lui, la plupart des communautés se formèrent beaucoup plus tard, grâce à l’arrivée de commerçants juifs à l’intérieur du pays. Bien qu’il n’exclut pas qu’il ait pu exister des Berbères judaïsés, Hirschberg est sceptique quant à l’importance de ce phénomène [11]. Dans une étude récente basée sur des données linguistiques et ethnographiques importantes, Paul Wexler a réexaminé cette question, pour aboutir à la conclusion que la grande majorité des Juifs sépharades descendraient d’habitants d’Afrique du Nord convertis au judaïsme et installés en Espagne12. Si l’hypothèse de Wexler était exacte, il en découlerait que la plupart des Juifs marocains (toshavim comme megorashim) descendraient de Berbères convertis.
Les rares preuves contemporaines de l’existence de communautés juives en Afrique du Nord à l’époque pré-islamique ne permettent pas d’affirmer avec assurance l’importance démographique et culturelle du judaïsme parmi les Berbères. La première source historique évoquant des tribus juives berbères date du XIVe siècle. C’est le Kitab al-cibar d’Ibn Khaldoun [13]. Certes il y a également de nombreuses légendes locales sur les Juifs berbères au Sud marocain préislamique. Jacques Meunié, par exemple, est convaincu de l’authenticité de ces traditions et légendes, même si nombre d’entre elles n’ont été consignées que récemment [14]. Quelle que soit notre opinion au sujet de la conversion des tribus berbères au judaïsme dans l’Antiquité, on peut affirmer que des mythes sur les Juifs berbères ont existé au Moyen Age et que ces mythes concernaient également l’origine des Berbères dans leur ensemble. Ces mythes ont été élaborés afin de légitimer le pouvoir mérinide au XIVe siècle [15], avant d’être reformulés durant la période coloniale. L’historicité des légendes sur l’expansion du christianisme et du judaïsme parmi les Berbères à l’époque pré-islamique a pu servir les besoins de l’administration coloniale dans sa volonté de séparer les Berbères des Arabes. Comme l’écrit Jacques Meunié : " malgré la précarité des indications que nous possédons sur l’extension ancienne du christianisme et du judaïsme dans le Sud marocain, [ces traditions] méritent cependant d’être retenues parce qu’elles peuvent aider à connaître les divers éléments de populations berbères et leurs usages anté-islamiques, au cours de siècles plus récents, et même jusqu’à l’époque actuelle [16] ".
Exhumer les séquelles du passé berbère judéo-chrétien est un moyen parmi d’autres visant à justifier le régime colonial au Maroc.
Relations judéo-berbères : un cas particulier ?


Les études sur le Maroc des premières années du Protectorat français soulignent les différences existant entre les régions contrôlées par le Makhzen et les régions non soumises au contrôle du gouvernement central : bilad al makhzen / bilad al-siba. Considérée comme une division entre Arabes et Berbères, cette perception prédominante de la société marocaine développée par les ethnographes coloniaux et perpétuée – largement – par l’ethnographie post-coloniale, a été sérieusement remise en question [17]. Peu d’attention a été accordée à la façon dont ce dualisme simpliste entre makhzen et al-siba a influencé les débats sur le judaïsme marocain.
L’affirmation selon laquelle les relations judéo-berbères étaient complètement différentes des relations arabo-juives est liée de très près à cette vision d’une dichotomie entre makhzen et siba. On cite en exemple la protection efficace des commerçants juifs par les chefs tribaux, ou les patrons berbères, au point de les rendre intouchables. " Tout juif de bilad al-siba appartient corps et biens à son seigneur, son sid ", écrit Charles de Foucauld, dont les relations avec les communautés juives du Maroc font partie du corpus historique sur le judaïsme marocain [18]. Bien que le Juif soit protégé, Foucauld le décrit comme un être servile, exploité sans merci par son maître. Comme les régions berbères appartiennent au bilad al-siba, les Juifs se doivent d’obtenir la protection de chefs locaux et indépendants du Sultan. Slouschz considère la situation des Juifs du bilad al-siba àla manière de Foucauld : " à Tililit commence, pour les Juifs, le pays du servage, on pourrait même dire de l’esclavage. Tout ce que les Juifs possèdent appartient au Qaid, qui a droit de vie et de mort sur ses sujets. Il peut les tuer en toute impunité, il peut les vendre si tel est son désir... En échange de la perte de tous ses droits, le juif jouit de la sécurité, que le maître lui assure au risque de sa propre vie... Un Juif qui veut se marier doit acheter sa future femme au sid auquel appartient le père de la fille et qui est l’unique maître de son destin [19] ".
Alors que certains écrivains de la période coloniale considèrent la vie des Juifs dans les territoires berbères comme plus difficile que dans les régions citadines arabophones, d’autres au contraire, influencés par la thèse développée par l’ethnographie coloniale selon laquelle les Berbères étaient plus libres, plus démocrates et plus indépendants que les Arabes, qualifient la condition des Juifs dans les régions berbères de " meilleure " que parmi les Arabes. Cette idée avait des précurseurs depuis la première moitié du XIXe siècle. D’après Davidson, par exemple, les Juifs du Sous et du Rif étaient la " propriété des Maures ",

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mais " ils bénéficiaient néanmoins d’une plus grande liberté qu’à Tanger [20] ". De plus, d’après Davidson " les Juifs de l’Atlas sont de loin supérieurs, physiquement et moralement à leurs frères résidant au sein des Maures. Leurs familles sont nombreuses, et chacune d’elles est sous la protection immédiate d’un Berbère (les habitants originels d’Afrique du Nord), d’un patron, ou d’un seigneur. Ils ont par ailleurs leur propre sheikh, un juif, à la décision duquel tous les cas sont soumis. À la différence des Juifs résidant parmi les Maures, qui sont soumis à la loi musulmane, ils ne vivent pas dans le même état d’avilissement ou de servitude ; ils développent des relations de type patron/client [avec leurs voisins], tous ont les mêmes privilèges, et le Berbère est tenu de défendre la cause du juif en cas d’urgence. Ils disposent d’armes, et servent leurs patrons à tour de rôle [21] ".
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Famille juive devant la porte de sa maison du mellah d'Illigh, Anti-Atlas, 1953
En un lieu indéfini au sud de l’Atlas que Davidson n’a pas pu atteindre durant son voyage, on rapporte que 3 000 à 4 000 Juifs " vivent en toute liberté, et pratiquent tous les métiers ; ils possèdent des mines et des carrières qu’ils exploitent, ont de grands jardins et d’immenses vignobles, et cultivent plus de maïs qu’ils ne peuvent en consommer ; ils disposent de leur propre forme de gouvernement, et possèdent leurs terres depuis l’époque de Salomon [22] ". Faisant sien le point de vue de Davidson, Richardson y ajoute que les pratiques religieuses de ces Juifs, datent de l’époque pré-exilique, et de ce fait " ils redisposent les parties du Pentateuque et de la Torah dans le même ordre que celui de l’ensemble des Juifs ". Vivant isolés, ils considèrent leurs frères des autres parties du Maroc comme des hérétiques [23]. Les Juifs de l’Atlas jouissent d’une " quasi indépendance vis-à-vis de l’autorité impériale ", comme leurs voisins berbères. De plus, ces Juifs " possèdent toutes les caractéristiques des montagnards... ils portent le même costume qu’eux, et on ne peut pas les distinguer [de leurs voisins musulmans [24]]".
L’une des raisons pour lesquelles certains écrivains de la période coloniale considéraient la situation des Juifs parmi les Berbères comme meilleure que parmi les Arabes venait de l’idée que les Juifs étaient totalement intégrés à la société berbère, partageant nombre de coutumes de leurs voisins musulmans. On considérait que les Juifs du Haut-Atlas, par exemple, vivaient en paix et en symbiose avec les Musulmans [25]. Les chercheurs contemporains se sont appuyés souvent sur la littérature ethnographique coloniale pour décrire les relations entre Musulmans et Juifs dans l’intérieur du pays. Malheureusement peu de Juifs originaires des zones berbères ont été interrogés sur leur expérience. Aussi loin que l’on remonterait, on découvrirait sans doute une variété d’expériences que l’on ne saurait ramener à une simple dichotomie arabo-berbère ou à un clivage entre zones citadines et rurales. Les sources dont nous disposons sur les relations entre Musulmans et Juifs à Iligh pendant la période pré-coloniale offrent à cet égard une image très contrastée de ces relations.
Les sources provenant d’Iligh montrent que la communauté juive de cette localité, aussi bien que la communauté voisine d’Ifran, étaient étroitement liées au chef de la puissante famille du Sharif de la famille Abu Dami’a. Les signatures et parfois les déclarations en judéo-arabe des Juifs d’Iligh et d’Ifran quand ils recevaient des acomptes du Shanf ou quand ce dernier leur payait ses dettes, sont consignées dans deux livres de comptes appartenant à Husayn b. Hashim [26]. Les Juifs d’Iligh, qui voyageaient souvent à Essaouira pour leur commerce, étaient considérés comme des protégés du Sharif. S’ils étaient dévalisés ou tués, le Sharif punissait en représailles la localité à laquelle appartenaient les criminels. Parallèlement, le Sultan étendait sa protection à ses tujjar qui voyageaient à Iligh pour le commerce ou pour recouvrer leurs dettes. Les Juifs entretenaient avec les puissants chefs d’Iligh des relations comparables à celles des Juifs du Sultan. Dans un rapport envoyé d’Essaouira (Mogador) à l’A.l.U, en 1874, par Abraham Corcos il y est relaté que les Juifs d’Iligh considéraient le Sharif comme tout puissant. " Étant donné que ce gouverneur... n’est pas soumis à l’autorité de notre roi du Maroc, tout est objet de prières et de suppliques [27] ". Ce qui y était en cause cependant n’était pas l’oppression du Sharif, mais celle dont la responsabilité en incombait à leur propre Shaykh (Nagid en hébreu) qui était fondé de pouvoir du Sharif.Le Nagid Mas’ud b. Bokha, est décrit comme étant " une personne non civilisée et inculte, qui soutire d’eux (les Juifs d’Iligh) des amendes pour rien ou pour les moindres choses [28] ". Nous y apprenons également que ce personnage même, Mas’ud b. Bokha avait des relations d’affaires étroites avec le Sharif Husayn b. Hashim [29]. Ce qui compte ici, c’est le fait qu’un appel ait été fait à Essaouira, en parfaite connaissance de l’influence exercée par l’Alliance israélite universelle. Sachant l’indépendance virtuelle du Sharif Husayn, les Juifs d’Iligh avaient compris que ce n’était pas au Sultan qu’ils pouvaient demander assistance. Mais vue l’interdépendance économique entre Iligh et Essaouira, c’est par le truchement des Corcos et de l’Alliance qu’ils avaient cru obtenir l’intervention du Sharif contre le Nagid.
Dans les années 1880, les relations entre les Juifs d’Iligh et les autorités d’Iligh changèrent de nature. Désormais, opprimés par le Sharif plutôt que par leur Shaykh, ils firent appel à l’Alliance et à l’opinion juive d’Europe de l’Ouest : sous le joug du puissant Sharif Muhammad b. Husayn b. Hashim, ils pouvaient être dépouillés à tout moment de leurs biens et de leur argent, et quand ils voyageaient pour leur commerce, leurs femmes et leurs enfants étaient tenus en otages sur place. En 1889, un commerçant prospère d’lligh, Isaac Souissa, se plaignit d’avoir été battu à mort par ordre du Sharif, le 9 Av. Il s’enfuit à Essaouira, où il demanda l’aide de l’A.I.U., de l’Anglo-Jewish Association et des consulats étrangers, pour obliger le Sharif d’Iligh à libérer sa femme et ses enfants et les autoriser à le rejoindre à Essaouira. Suivant les témoignages émanant de Juifs de cette localité, la plupart des Juifs du Sous vivaient en paix avec leurs voisins berbères à l’exception d’lligh et de son chef tyrannique [30]. Foucauld, qui visita cette région à la même période, explique que chez les Berbères disposant d’institutions démocratiques, chaque Juif y avait son patron, au contraire de la situation prévalant sous le régime des Shaykhs puissants, comme au Tazerwalt (c’est-à-dire à lligh), où les Juifs appartenaient corps et biens au Shaykh[31].
Plusieurs remarques s’imposent au sujet de ces témoignages. Le fait qu’ils aient été transmis à Essaouira, avec laquelle les Juifs d’Iligh avaient des liens étroits, montre que les Juifs étaient conscients de l’influence des organisations juives étrangères et recherchaient leur intervention. Il faut également souligner le fait que l’indépendance du Sharif d’Iligh fut compromise vers 1880 par les harka du Sultan Moulay al-Hasan [32]. Muhammad b. Husayn fut même nommé Qayid du Makhzen,recevant une maison à Essaouira[33]. Investi de l’autorité du Sultan, son pouvoir dépendait du Makhzen. Ce fut à cette période également que la ville de Tiznit devint le principal centre politique du Sous. Certains Juifs d’Iligh voulurent tirer profit de cette évolution et déménagèrent à Tiznit ou à Essaouira où ils pouvaient bénéficier de nouvelles possibilités commerciales. C’est ainsi que Isaac Souissa vint à la mahalla du Sultan pendant la harka de 1886 pour implorer la protection royale et demander au Sultan la permission de s’installer avec les siens à Tiznit. Il semble toutefois que le Sultan ne souhaitait pas porter atteinte à ses nouvelles relations politiques avec Iligh en provoquant la chute de son économie qui dépendait des commerçants juifs. Ainsi, invoquant le prestige du Murabit d’Iligh, le Sultan évita de faire pression sur le Sharif afin qu’il laisse partir les Juifs. Isaac Souissa et sa famille continuèrent à vivre à Iligh jusqu’au moment où Isaac parvint à s’enfuir à Essaouira en 1889. Le Sharif nia avoir maltraité Isaac ou sa famille et refusa de les laisser partir. Plusieurs mois plus tard, il annonça au Sultan qu’il avait relâché les enfants d’Isaac pour mettre fin aux accusations fallacieuses de la communauté juive à son égard [34]. Le Sharif d’Iligh reconnut à cette occasion que, soumis à des pressions étrangères, le Sultan était désormais le garant de la dhimma (protection) des Juifs du Sous.
De même qu’on a tendance à considérer les relations judéo-musulmanes comme étant le reflet des relations entre le Sultan et ses sujets Juifs, on a aussi tendance à considérer les relations judéo-berbères comme étant l’extension des relations entre les chefs de tribus et leurs protégés juifs. Autant qu’on puisse en projeter le sens dans le passé, les études récentes sur Iligh et sur les Juifs d’Iligh montrent que les liens sociaux entre Juifs et Arabes d’Iligh étaient très étroits, peut-être plus étroits que l’impression qu’en laisse le tableau des relations entre le Sharif et la communauté juive. Il ressort des conversations effectuées en 1980 qu’il les avait souvent fréquentés. Il nous a montré un manuscrit qu’il avait écrit lui-même sur la communauté juive. Il y mentionne en tout début de texte que les Juifs vivant à Iligh ont quitté " notre pays (ou village) pour se diriger vers leur pays " kharaju min baladina ila baladihim, et recense ensuite chaque individu de la communauté, par son nom, sur huit pages, non seulement les chefs de famille, mais aussi leurs femmes et leur enfants. Il poursuit en décrivant les coutumes des Juifs, puis signale " leur knesset, qui s’appelle sla ", et indique par leurs noms les fêtes juives : Pessah, Souccot, Yom Kippour et Hanouka [35],les prières quotidiennes qu’il appelle cArbit (Macariv), Sahrit (shahrit) et Milha (minha), et au moment de la [nouvelle] année, écrit-il, ils font des prières appelées slihot, pour lesquelles ils doivent se lever au milieu de la nuit. Le Faqih nous a également raconté qu’il écrivait des amulettes pour les Juifs. Les Juifs d’Iligh interviewés à Casablanca et en Israël nous ont confirmé l’étroitesse de leurs liens sociaux avec les Musulmans, tout en refusant d’admettre que le Faqih leur fournissait des amulettes. Ainsi donc, à la suite de l’exemple de cette seule communauté juive, nous pouvons affirmer que les relations judéo-musulmanes étaient loin d’être statiques et inchangées.

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Le colonialisme et la question judéo-berbère


La politique coloniale française à l’égard des Berbères, telle qu’elle a été développée sous Lyautey avant d’atteindre son point culminant en 1930, avec la publication du Dahir berbère visant à séparer les Berbères des Arabes, reposait sur plusieurs stéréotypes. En premier lieu, celui de la résistance des Berbères indigènes du Maroc aux Arabes puis à toute forme d’autorité centrale, préservant jalousement leur liberté, leur individualisme et leurs institutions démocratiques. Deuxièmement, les Berbères n’auraient adopté que superficiellement l’Islam, conservant intactes ou presque leurs coutumes, leurs croyances et leurs superstitions pré-islamiques. Par conséquent, ils auraient résisté à l’application de la Sharia, maintenant farouchement leurs lois coutumières. Faute de respecter l’autorité suprême du Amir al-Mu’minin, les Berbères auraient " produit " leurs propres chefs marabouts. Leculte des saints, répandu chez les Berbères, serait le vestige d’une pratique pré-islamique. Fortement influencées par ces idées, les autorités françaises ont cru que les anciennes zones siba pourraient être assimilées à la culture française afin d’empêcher les progrès de l’arabisation [36].
Ces stéréotypes sur les Berbères furent d’une certaine façon reproduits à l’égard des Juifs vivant parmi les Berbères dont l’histoire, selon Slouschz, ne serait " que la quintessence de l’histoire des Berbères ". D’après lui, c’est " dans le blad es-siba, dans les qsour algériens et tripolitains, demeurés jusqu’ici inaccessible à l’infiltration européenne, qu’on peut retrouver le Judéo-Berbère dans un état à peu près semblable à celui des maghrabia tels que nous les représentent les littératures juives et arabe du Moyen Age ". A l’exemple de la population berbère musulmane qui est superficiellement islamisée, ces Juifs berbères primitifs " du judaïsme ne connaissent presque rien ". Là où il y a des saints judéo-berbères pré-islamiques, on trouve ces populations anciennes [37]. Slouschz se fait l’écho du discours colonial sur les Berbères, quand il écrit que les Juifs de l’Atlas font montre " d’une bonne dose de liberté [38] ". La dichotomie excessive entre makhzen et siba, élaborée pendant la période coloniale, est reproduite par Slouschz les Juifs du bilad al-makhzen reçoivent la protection royale de la dhimma, alors que ceux du bilad al-siba reçoivent celle de Sayyid individuels. Ces stéréotypes attachés aux Juifs vivant parmi les Berbères ont perduré pendant toute la période coloniale, pour devenir partie intégrante des idées reçues sur le Maroc traditionnel que l’on rencontre reproduites dans de nombreux ouvrages.
Toutefois il ne s’agissait pas seulement de représentations de l’Autre telles qu’elles avaient cours chez les Européens. Les Juifs marocains eux-mêmes ont fini par intérioriser ces stéréotypes, en particulier ceux d’entre eux ayant reçu une éducation française. Les Juifs du Haut-Atlas, du Sous et du Sahara – régions que les Français ont mis du temps à contrôler – étaient considérés par les Juifs marocains des villes comme des marginaux. Le mythe des Juifs berbères répercuté par les maîtres de l’Alliance et par les chercheurs français était devenu la réalité pour les Juifs marocains eux-mêmes. Dans l’étude la plus détaillée sur les conditions de vie des Juifs du Sud marocain, publiée peu après l’indépendance et basée essentiellement sur les informations fournies par les directeurs des écoles de l’Alliance, Pierre Flamand explique comment la " mentalité " des Juifs autochtones originaires des régions berbères a été façonnée par le milieu berbère. D’après lui, les Juifs appelés Shleuh sont faciles à identifier du fait de leurs noms, de leurs traits physiques et leur mode de comportement qui leur sont très typiques : leurs coreligionnaires d’autres extractions reconnaissent les Juifs dits shleuh à leurs patronymes : Abergel, Abouzaglo, Amoch, Assouline, Chriqui, Harrus, Oiknine, etc., et à quelques traits physiologiques et caractériels sommaires : larges épaules, fortes poitrines, yeux vifs dans des visages à traits fermes et droits, esprit d’entreprise, acceptation de rudes besognes [39].
L’épithète utilisé par les Juifs marocains pour désigner leurs coreligionnaires moins évolués, " fils de shleuh " avait une connotation péjorative. Répercutée chez Flamand cette image stéréotypique des Juifs ruraux s’est transportée en Israël par les immigrants juifs du Maroc et le terme shleuh est devenu synonyme de simplet en argot israélien.
Déjà à l’époque pré-coloniale, la migration des Juifs ruraux vers les villes a produit des clivages entre Judéo-berbères et Judéo-arabes. A Essaouira et à Marrakech, les Juifs " autochtones " se distinguaient de leurs coreligionnaires ruraux. Cependant une fois installés en ville, les Juifs berbères s’arabisaient et s’adaptaient à un environnement urbain plus civilisé [40]. Ce processus s’intensifia à l’époque coloniale, mais un certain nombre de Juifs vécurent dans leur région d’origine jusqu’à leur départ en Israël [41]. Par conséquent, les porte-parole de l’urbanisation et du progrès établirent une division hiérarchique entre les différents types de Juifs marocains que l’on retrouve souvent chez Slouschz et ses émules postérieurs. Ces différents types seraient les suivants Juifs hispanophones, à Tanger et dans les régions du Nord ; Juifs parlant français et arabe, sur la côte et dans les villes de l’intérieur ; groupe arabo-berbère du centre du pays ; groupe arabe et shleuh du sud ; Juifs arabophones du Sahara [42]. Les classifications postérieures adoptées par les chantres de l’occidentalisation, comme l’Alliance, ramenèrent ces divisions à quatre catégories essentielles hispanophones, francophones occidentalisés, arabophones et berbérophones.
Les divisions sociales, suivant le schéma tracé par Slouschz, correspondaient aux divisions entre : makhzen et siba, monde urbain / monde rural. Cette vision simpliste devait influencer un bon nombre de chercheurs ayant travaillé sur les Juifs marocains durant le Protectorat français [43]. Inventée ou réelle, elle influença pareillement la politique de l’organisation qui a marqué le plus la vie des Juifs marocains pendant le protectorat français : l’A.I.U et ses écoles qui distinguèrent entre les Juifs du bled, comme on appelait les Marocains ruraux, et ceux de la ville. Ces stéréotypes ont été intériorisés par les Juifs marocains eux-mêmes, qui considéraient les Juifs des régions parlant tashelhit spécialement ceux des montagnes de l’Atlas, comme des Shleuh primitifs, bien que ceux-ci aient eu généralement des conditions de vie plus saines que celle de leurs frères des mellah urbains. Pendant la période du Protectorat, des tensions très vives entre les différentes couches de la population, accompagnèrent l’arrivée de nombreux Juifs ruraux originaires de l’Atlas dans le mellah de Marrakech. Ce qui fit dire, en 1940, à un observateur vivant à Marrakech que les Juifs " étrangers ", d’origine espagnole qui étaient mieux éduqués, furent submergés par les Juifs berbères. Ces Juifs ruraux, pensait-on, " ne pratiquaient qu’un judaïsme très primitif approprié à leur mentalité. La culture de la Torah, l’observation de quelques rites extérieurs, l’aumône au rabbin de Palestine, le mépris et l’hostilité des populations qui l’entourent tels étaient les seuls liens qui les rattachaient à la famille d’Israël ". Ces Juifs berbères primitifs, une fois urbanisés, devinrent plus juifs. Mais " de ces origines surtout rustiques et montagnardes, le juif marrakchi semble avoir gardé quelque chose de farouche et de têtu. Parmi ces coreligionnaires marocains, c’est lui qui se rattache aujourd’hui avec le plus de force aux coutumes de ses ancêtres [45] ". Flamand, qui reprenait les idées de ses informateurs de l’Alliance, considérait que les traditions religieuses des Juifs du Sud avaient été contaminées par des influences " orientales ", déformées par un isolement millénaire des grands centres du judaïsme mondial, assimilant et intégrant concepts et symboles de l’Islam, ainsi que toutes sortes de rites païens tirant leurs sources d’un animisme agraire chargé de pratiques superstitieuses. Les Juifs restés dans les régions berbères, de plus en plus isolés du reste du pays au fur et à mesure que s’intensifiait l’urbanisation, étaient plus marginalisés encore, et cela d’autant plus que l’émigration les privait de leurs meilleurs éléments [47]. Le fossé entre ceux qui restaient dans les campagnes, parmi les Berbères, et ceux vivant en ville était plus profond que jamais : " entre le Juif espagnol ou oriental lettré érudit, urbain et le Juif berbère, fruste, primitif, attaché à son sol, l’opposition est saisissante [48] ".

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8L'ALGERIE JUIF OU MUSULMANE Empty Re: L'ALGERIE JUIF OU MUSULMANE Mar 26 Fév - 17:32

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Jeune femme en tenu traditionnelle, Tineghir, vallée du Todra, 1958
Ainsi, l’image du Juif berbère, " isolé du monde civilisé[49] ", descendant des tribus berbères autochtones et maintenant des coutumes primitives était parfaitement acceptée par la société coloniale. L’idée de trouver des Juifs shleuh a guidé initialement mes recherches dans le Sous. Une des questions à laquelle je voulais répondre était de savoir jusqu’à quel point les Juifs de l’Atlas et de l’Anti-Atlas utilisaient le berbère dans l’enseignement pour expliquer et traduire les textes religieux, ou pour réciter certaines prières seulement [50]. La question fut posée déjà par Galand et Zafrani avec la publication de la Haggada de Pessah de la communauté juive de Tinrhir, basée sur un texte oral en tamazight. Cette Haggada berbère a toutefois soulevé plus de questions qu’elle n’a apporté de réponses. Le paysage linguistique de la communauté juive, comme le souligne Zafrani, n’est pas net. La question de l’usage du berbère par cette communauté et par d’autres communautés judéo-berbères à des fins liturgiques est loin d’être élucidée.
Certaines preuves linguistiques semblent démontrer l’existence, au XXe siècle, de communautés juives éparses berbérophones. Certains chercheurs estiment que ce phénomène était beaucoup plus étendu que je ne le considérais moi-même. Des recherches récentes effectuées en Israël parmi les Juifs originaires de régions berbérophones m’ont confirmé cependant que très peu de communautés parlaient berbère à la maison avant la seconde guerre mondiale [51]. Peu d’observateurs des périodes antérieures se sont penchés sur la géographie linguistique juive du Maroc rural. Exception faite de Foucauld qui affirme : " les Israélites du Maroc parlent l’arabe. Dans les contrées où le tamazight est en usage, ils le savent aussi ; en certains points le tamazight leur est plus familier que l’arabe, mais nulle part ce dernier idiome ne leur est inconnu [52] ". Foucauld se réfère-t-il aux deux dialectes du Moyen-Atlas, le tamazight et le tashelhit ? Ce n’est pas clair. Mais ses observations datant de la fin du XIXe siècle, selon lesquelles la plupart des Juifs des régions berbérophones connaissaient aussi bien le berbère que l’arabe et que dans certains endroits le berbère était mieux connu que l’arabe, semblent plausibles. Il s’avère par ailleurs que nombre de communautés importantes du Sous et du Haut-Atlas étaient arabophones même si la plupart des Juifs y parlaient aussi le berbère [53]. C’était le cas d’Iligh dont les habitants juifs parlaient l’arabe. Bien qu’on connaisse mal leur passé lointain, les documents écrits montrent que le judéo-arabe était leur langue de culture, du moins depuis le début du XIXe siècle. L’hébreu aussi était connu de l’élite culturelle, mais il n’y a nulle part trace du judéo-berbère, ni dans les textes écrits, ni dans la tradition orale. On n’a retrouvé aucune tradition indiquant que le berbère était utilisé dans l’enseignement, dans la lecture de textes religieux ou dans la récitation des prières.
S’agissant encore de la communauté juive d’Iligh, ce qui est frappant dans son histoire relativement courte – moins de 400 ans – c’est son cosmopolitisme et son ouverture relative sur le monde. Ainsi, ses habitants eurent vent, au début du XVIIe siècle, de l’avènement de Shabtai Tzvi [54].
Iligh fut détruite par Moulay Rashid en 1670, mais retrouva sa position politique à la fin du XVIIIe siècle sous Sidi Hashim. En 1815, Sidi Hashim est ainsi décrit : " un homme entre 50et 60 ans, possédant une grande richesse et un grand pouvoir ; il est très rusé et très brave mais rapace et cruel ; il a sous ses ordres 15 000 cavaliers des mieux armés... Toutes les caravanes qui traversent le désert... jugent nécessaire de s’assurer son amitié et sa protection par des présents. Entre ce chef et l’empereur du Maroc existent la plus implacable des haines et une jalousie continuelle qui, il y a quelques années, a éclaté en guerre ouverte [55] ". Assurément le chiffre de 15 000 soldats est exagéré, car un marin naufragé qui fut détenu pendant un certain temps dans l’Oued Noun parle de 600 Arabes " montés " seulement sillonnant le pays [56]. Mais les observateurs contemporains évoquent la puissance politique d’Hashim et le rôle prépondérant d’Iligh dans le commerce transsaharien. Grâce à ses commerçants juifs, Iligh était reliée à l’Europe par le port d’Essaouira [57]. Il n’y avait pas que les marchandises et les commerçants qui arrivaient du littoral à lligh. Des émissaires de Palestine, comme Haim Joseph Masliah, en 1817, passèrent également par Iligh [58], ainsi que des marins européens naufragés sur la côte et tenus en otage à Iligh. Grâce à leurs relations avec le port d’Essaouira, les Juifs d’Iligh servaient d’intermédiaires pour le rachat et la restitution de ces captifs aux consulats européens installés dans cette ville [59].
Avec le déclin du commerce transsaharien et la ruine d’Essaouira comme port international à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle, Iligh cessa d’être un centre de commerce international. Ceci porta atteinte à la communauté juive locale dont les relations avec le monde extérieur s’amenuisèrent. Cette situation s’aggrava davantage encore pendant la période coloniale et jusqu’à la seconde Guerre mondiale. Après la guerre, l’Alliance commença à développer son réseau des " écoles de bled ". Dans l’optique de ses dirigeants, cette expansion à l’intérieur du " vrai bled " devait englober les " villages isolés des vallées de l’Atlas, du grand Sud et des oasis pré-sahariennes [60] ". C’est donc vers la fin du Protectorat français qu’Iligh devait attirer l’attention de l’Alliance qui y créa sa première école en 1954 [61], aussitôt fermée avec le départ de la communauté quelques années plus tard. Pour marquer l’ouverture de l’école, on tourna un film : " Ils seront des hommes ". Lors de la projection du film, Jules Brunschvig, le vice-président de l’Alliance, proclama : " l’École tirera ces populations de leur misère [62] ". Un délégué de l’Alliance, en visite à Iligh, mentionna l’école comme " ’héroïne si l’on peut dire, du récent film de l’Alliance, et qui le mérite si bien [63]". Toutefois, après l’indépendance du Maroc, l’idée de perpétuer les communautés juives des petits mellah du Sud marocain fut rapidement abandonnée, les dirigeants du judaïsme marocain ne pouvant faire grand-chose pour relever ces communautés rurales du Sud, pensant que celles-ci seraient mieux en Israël. " J’ai vidé les mellah ", me dit un membre important de la communauté en 1981.
Iligh était considérée comme éloignée du monde civilisé tant par les Juifs urbains que par l’Alliance. Sa communauté qui s’installa en Israël, entre la fin des années 1950 et le début des années 1960, n’était pas aussi éloignée du monde juif, comme les hommes de l’Alliance se l’imaginaient. Mais avant leur départ, les Juifs d’lligh ont enterré dans la vieille synagogue de leur localité une Geniza que j’ai fouillée en 1981. Malheureusement, presque tout son contenu était en décomposition à cause de l’humidité du sol. Il en restait quelques fragments datant de la période précédant le départ des Juifs. Des textes religieux, des livres de prières ainsi que des fragments de lettres et de livres de comptes en judéo-arabe. Certains fragments révélaient que quelques livres de prières en usage à lligh avaient été publiés en Pologne. Contrairement à l’idée prévalant en Israël, selon laquelle les Juifs de cette contrée étaient totalement ignorants du sionisme politique, la Geniza d’lligh nous a apporté la preuve de la diffusion de textes hébreux modernes et de pamphlets sionistes.
La recherche sur les Juifs vivant parmi les Berbères reste encore à faire et nous sommes conscients des lacunes qui restent à combler. Ce que j’ai essayé de montrer dans cette étude est que notre savoir sur les Juifs ruraux du Maroc reste largement tributaire des stéréotypes sur le Juif berbère, stéréotypes acceptés aussi bien par le colonisateur et que par les colonisés – reflétant les divisions internes existant au sein des communautés juives du Maroc sous le protectorat. Ces divisions ont été entretenues en Israël du fait de la pérennité des mythes concernant les Juifs berbères.

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9L'ALGERIE JUIF OU MUSULMANE Empty Re: L'ALGERIE JUIF OU MUSULMANE Mar 26 Fév - 17:34

becharelkhir

becharelkhir

Ce sujet des "juifs" est aussi une préoccupation de l'A.M.A, Mr.admin ?

10L'ALGERIE JUIF OU MUSULMANE Empty Re: L'ALGERIE JUIF OU MUSULMANE Mar 26 Fév - 17:47

yacoub

yacoub

Les juifs sont des êtres humains comme les autres, ils ont aussi un coeur qui bat, ils aiment leur mère comme toi.

N'oublie pas cher Bécharel kheir combien nos ancêtres les ont persécutés.

Il y avait au début du xx siécle un million de juifs dans le monde arabe, il en reste à peine quelques milliers au Maroc et en Tunisie, la plupart des pays Arabes ont réussi une épuration ethnique douce.

11L'ALGERIE JUIF OU MUSULMANE Empty Re: L'ALGERIE JUIF OU MUSULMANE Mar 26 Fév - 17:50

becharelkhir

becharelkhir

Ce sujet des "juifs" est aussi une préoccupation de l'A.M.A, Mr.admin ?
ou bien ce forum est assuré par eux,et nous sommes tous dans
un sombre sommeil...!?

12L'ALGERIE JUIF OU MUSULMANE Empty Re: L'ALGERIE JUIF OU MUSULMANE Mar 26 Fév - 18:31

yacoub

yacoub

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