Toi Yaz tu es très courageux, tu n'as pas peur de l'islam.
L'Occident a essayé de différentes manières de convertir, assimiler et séduire des Musulmans vers la modernité, mais, nous dit Harris, aucune de ces approches n'a réussi. Pendant ce temps, notre vénération pour la raison fait de nous des proies faciles pour un prédateur sans pitié, malhonnête et extrêmement agressif et contribue peut-etre à un lent "suicide" culturel.Le livre de Harris est si interessant qu'il est difficile de le poser et ses évaluations inquietantes risquent d'empecher le lecteur de dormir la nuit. Il a le mérite de soulever des questions sérieuses. Mais ses arguments ne sont pas entièrement solides.
Je ne suis pas d'accord, par exemple, que la façon de sauver la civilisation Occidentale de sa trajectoire de suicide est de remettre en question sa tradition de raison. En effet, malgré sa compréhension de l'augmentation du fanatisme en général et de sa manifestation Islamique en particulier, l'utilisation par Harris du terme " raison" est défectueuse.
Les Lumières, préoccupées autant par la liberté individuelle que par la nécessité d'un gouvernement laïc et limité, ont soutenu que la raison humaine est faillible. Ils ont compris que la raison est plus qu'une pensée juste rationnelle; c'est aussi un processus d'essai et d'erreur, la capacité d'apprendre à partir des fautes passées. On ne peut pas complètement apprécier les Lumières sans avoir fortement conscience de la fragilité de la raison humaine. C'est pourquoi les concepts comme le doute et la réflexion sont centraux à n'importe quelle forme de prise de décision basée sur la raison.
Harris est pessimiste d'une façon que les penseurs des Lumieres ne l'étaient pas. Il a une vue darwinienne de la lutte entre les cultures qui s'affrontent, critiquant l'Occident pour une philosophie d'égoïsme et il suit Hegel en affirmant que quand l'intérêt de l'individu heurte celui de l'état, c'est l'état qui devrait prédominer. C'est pourquoi il attribue une telle force au fanatisme Islamique. La collectivité de l'umma met l'intérêt commun au-dessus de celui du croyant individuel. Chaque Musulman est un esclave, d'abord de Dieu, ensuite du califat. Bien que Harris n'approuve pas cette subversion extrême du moi, on sent une pointe d'admiration dans ses descriptions de la solidarité féroce de l'Islam, son adhérence à la tradition et la volonté des Musulmans de se sacrifier pour le plus grand bien.
En plus, Harris loue l'exceptionalisme américain et Hegel comme s'il n'y avait aucune contradiction entre les deux. Mais ce qui rend l'Amérique unique, surtout par contraste avec l'Europe, est sa résistance à la philosophie de Hegel et son concept d'un esprit mondial unifiant. C'est l'individu qui importe le plus aux États-Unis. Et plus généralement, ce sont les individus qui font les cultures et qui les cassent. L'évolution sociale et culturelle a toujours compté sur les individus - pour réformer, persuader, cajoler ou forcer. La culture est formée selon l'accord collectif d'individus. En même temps, il est essentiel que nous ne tombions pas dans le piège qui supposerait que la tactique de survie d'individus vivant dans les sociétés tribales - comme le mensonge, l'hypocrisie, le secret, la violence, l'intimidation, et cetera - est dans l'intérêt de l'individu moderne ou de sa culture.
Je ne suis pas née en Occident. J'ai été élevée avec le code de l'Islam et dès la naissance j'ai été endoctrinée dans un façon de penser tribale. Pourtant j'ai changé, j'ai adopté les valeurs des Lumières et par conséquent je dois vivre en rejetant mon clan natal aussi bien que la tribu Islamique. Pourquoi l' ai-je fait ? Parce que dans une société tribale, la vie est cruelle et terrible. Et je ne suis pas seule. Les musulmans ont émigré en Occident en masse depuis des décénies maintenant. Ils sont à la recherche d'une meilleure vie. Pourtant leurs contraintes tribales et culturelles ont emigré avec eux. Et le multiculturalism et le relativisme moral qui règnent en Occident s'en sont accomodés.
Harris est correct, je crois, quand il dit que beaucoup de dirigeants occidentaux ont de gros problèmes de comprehension au sujet du monde Islamique. Ils sont déplorablement mal informés et n'ont souvent pas la volonté d' affronter la nature tribale de l'Islam. Le problème n'est pourtant pas trop de raison, mais trop peu. Harris manque aussi d'adresser les ennemis de la raison en Occident : la religion et le mouvement Romantique. C'est par refus de la religion que les Lumières ont émergé; le Romantisme était une révolte contre la raison.