«Il vaut mieux savoir où l'on est sans savoir où l'on va, que savoir où l'on va sans savoir où l'on est.»
Un marin breton
Les derniers événements que la presse nationale a rapportés me poussent à m'interroger sur le modèle républicain que nos dirigeants souhaitent : une république des citoyens ou une république des croyants ? Il s'agit des déclarations du ministre des Affaires religieuses à propos de la construction d'une mosquée dans le village d'Aghribs, à Tizi Ouzou, ainsi que des procès contre les non-jeûneurs. Ces deux événements révèlent l'impuissance des autorités publiques à s'imposer (ou leur complicité tacite !) dans l'espace public. Cependant, ils la cèdent volontiers à l'autorité religieuse. En fait, on assiste à une prédominance du religieux sur le civique. Plusieurs événements le confirment. L'autorité de l'Etat s'atrophie devant l'autorité du religieux et dans l'espace public, les valeurs citoyennes cèdent leur place à la morale religieuse. Les représentants de l'Etat, désormais, négocient l'espace public avec les représentants religieux. Depuis quand un imam intervient-il dans les affaires politiques ? Qu'un imam joue le rôle d'un président d'APC n'est qu'un symptôme du délaissement et de la démission des représentants de l'Etat. Ainsi, ils ont mis en danger les valeurs républicaines ! Nos politiques n'ont pas réussi à établir des institutions stables, en outre ils n'ont guère réussi à transmettre les valeurs républicaines aux générations futures.
Il suffit de relire la Déclaration du 1er Novembre 1954 pour se rendre compte que notre idéal républicain est confisqué par ces mêmes personnes qui prétendent protéger cette déclaration. En février 2009, le ministre des Affaires religieuses «estime que les imams sont des héritiers des moudjahidine et des chouhada (martyrs)1». Un an après, certains parmi eux jugent qu’il n'est pas utile de se lever à l'hymne national ! Alors Monsieur le ministre, sont-ils des héritiers des moudjahidine et des martyrs, qui ont donné leur vie pour que ce drapeau soit levé et cet hymne soit chanté dans une Algérie indépendante ? De plus, ce même ministre déclare que «la liberté est assurée en Algérie. Seulement, cette liberté ne concerne que le politique et non la religion2». Cette déclaration est en contradiction avec celle du 1er Novembre 1954, acte fondateur de notre République, qui stipule que «le but est l'indépendance nationale par : 1) - La restauration de l'Etat algérien souverain, démocratique et social dans le cadre des principes islamiques. 2) - Le respect de toutes les libertés fondamentales sans distinction de races et de confessions3». A vrai dire, selon les propos de ce ministre, on peut agréer un parti communiste sans que ses adhérents soient communistes ! Dans le même ordre d'idées, les écrivains, les intellectuels et les citoyens algériens non musulmans n'ont pas le droit d'exister dans une République algérienne. En ce cas, il serait intéressant de savoir quelle conception a-t-il de la République ?
Concernant les non-jeûneurs présentés à la justice, leur seul tort était de ne pas être pratiquants. Les policiers, dans leur zèle ramadhanesque, veulent faire respecter la loi ; ils se sont précipités à les mettre sous les verrous pour non-respect du culte musulman. Que dit-elle cette loi ? Il s'agit de l'article 144 bis du code pénal qui dispose, notamment, que «tout individu qui porte atteinte aux préceptes de l'Islam par des écrits, des dessins ou tout autre moyen est passible de 3 à 5 ans de prison…» Les non-jeûneurs n'ont pas porté atteinte aux préceptes de l'Islam ni par écrit, ni par dessin ni par aucun autre moyen, ils ont seulement exercé leur droit de liberté de conscience, comme le garantit la Constitution algérienne. Qu'en est-il de la corruption, du vol des deniers publics, qui portent atteinte aux valeurs morales de l'Islam ?
Finalement, comme l'a bien dit Mohand Issad : «Nos institutions sont excellentes dans le texte. Nous avons des lois conformes aux standards internationaux. Ce qui boite dans ce pays, c'est leur application, c'est-à-dire les hommes qui les appliquent.» Il poursuit en souhaitant que «nous réussissions à faire fonctionner nos institutions comme elles fonctionnent ailleurs». C'est notre souhait à tous…
Yazid Haddar
ElWatan
Un marin breton
Les derniers événements que la presse nationale a rapportés me poussent à m'interroger sur le modèle républicain que nos dirigeants souhaitent : une république des citoyens ou une république des croyants ? Il s'agit des déclarations du ministre des Affaires religieuses à propos de la construction d'une mosquée dans le village d'Aghribs, à Tizi Ouzou, ainsi que des procès contre les non-jeûneurs. Ces deux événements révèlent l'impuissance des autorités publiques à s'imposer (ou leur complicité tacite !) dans l'espace public. Cependant, ils la cèdent volontiers à l'autorité religieuse. En fait, on assiste à une prédominance du religieux sur le civique. Plusieurs événements le confirment. L'autorité de l'Etat s'atrophie devant l'autorité du religieux et dans l'espace public, les valeurs citoyennes cèdent leur place à la morale religieuse. Les représentants de l'Etat, désormais, négocient l'espace public avec les représentants religieux. Depuis quand un imam intervient-il dans les affaires politiques ? Qu'un imam joue le rôle d'un président d'APC n'est qu'un symptôme du délaissement et de la démission des représentants de l'Etat. Ainsi, ils ont mis en danger les valeurs républicaines ! Nos politiques n'ont pas réussi à établir des institutions stables, en outre ils n'ont guère réussi à transmettre les valeurs républicaines aux générations futures.
Il suffit de relire la Déclaration du 1er Novembre 1954 pour se rendre compte que notre idéal républicain est confisqué par ces mêmes personnes qui prétendent protéger cette déclaration. En février 2009, le ministre des Affaires religieuses «estime que les imams sont des héritiers des moudjahidine et des chouhada (martyrs)1». Un an après, certains parmi eux jugent qu’il n'est pas utile de se lever à l'hymne national ! Alors Monsieur le ministre, sont-ils des héritiers des moudjahidine et des martyrs, qui ont donné leur vie pour que ce drapeau soit levé et cet hymne soit chanté dans une Algérie indépendante ? De plus, ce même ministre déclare que «la liberté est assurée en Algérie. Seulement, cette liberté ne concerne que le politique et non la religion2». Cette déclaration est en contradiction avec celle du 1er Novembre 1954, acte fondateur de notre République, qui stipule que «le but est l'indépendance nationale par : 1) - La restauration de l'Etat algérien souverain, démocratique et social dans le cadre des principes islamiques. 2) - Le respect de toutes les libertés fondamentales sans distinction de races et de confessions3». A vrai dire, selon les propos de ce ministre, on peut agréer un parti communiste sans que ses adhérents soient communistes ! Dans le même ordre d'idées, les écrivains, les intellectuels et les citoyens algériens non musulmans n'ont pas le droit d'exister dans une République algérienne. En ce cas, il serait intéressant de savoir quelle conception a-t-il de la République ?
Concernant les non-jeûneurs présentés à la justice, leur seul tort était de ne pas être pratiquants. Les policiers, dans leur zèle ramadhanesque, veulent faire respecter la loi ; ils se sont précipités à les mettre sous les verrous pour non-respect du culte musulman. Que dit-elle cette loi ? Il s'agit de l'article 144 bis du code pénal qui dispose, notamment, que «tout individu qui porte atteinte aux préceptes de l'Islam par des écrits, des dessins ou tout autre moyen est passible de 3 à 5 ans de prison…» Les non-jeûneurs n'ont pas porté atteinte aux préceptes de l'Islam ni par écrit, ni par dessin ni par aucun autre moyen, ils ont seulement exercé leur droit de liberté de conscience, comme le garantit la Constitution algérienne. Qu'en est-il de la corruption, du vol des deniers publics, qui portent atteinte aux valeurs morales de l'Islam ?
Finalement, comme l'a bien dit Mohand Issad : «Nos institutions sont excellentes dans le texte. Nous avons des lois conformes aux standards internationaux. Ce qui boite dans ce pays, c'est leur application, c'est-à-dire les hommes qui les appliquent.» Il poursuit en souhaitant que «nous réussissions à faire fonctionner nos institutions comme elles fonctionnent ailleurs». C'est notre souhait à tous…
Yazid Haddar
ElWatan