Al Qaîda au Maghreb islamique (AQMI) était hier au centre des soupçons, au lendemain de l'enlèvement de sept Français et deux Africains dans le nord minier du Niger, même s'il n'y a encore eu aucune revendication.
Les personnes kidnappées, tôt jeudi matin, à Arlit (1000 km au nord-est de Niamey) sont un employé du groupe nucléaire français Areva et son épouse, tous deux Français, et cinq collaborateurs — dont un Togolais et un Malgache — de Satom. Cette filiale du groupe de bâtiment et travaux publics Vinci opère comme sous-traitant d'Areva sur ce site d'extraction d'uranium. «On s'imagine qu'il s'agit sinon des mêmes groupes (que pour d'autres enlèvements, ndlr), au moins de la mouvance AQMI», a déclaré le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner.
Le Quai d'Orsay a toutefois souligné n'avoir reçu ni «revendication» ni «demande de rançon», et ne pouvoir tirer de «conclusions définitives» sur l'identité des assaillants. Une source sécuritaire nigérienne a visé aussi AQMI, auteur par le passé de plusieurs enlèvements d'Occidentaux dans la vaste bande sahélo-saharienne. «Parmi les ravisseurs, il y aurait un élément du groupe d'Abdelhamid Abou Zeïd, les autres agissant sur commande», a indiqué cette source, selon laquelle Abou Zeïd aurait commandité l'enlèvement. L'Algérien Abdelhamid Abou Zeïd est à la tête de la cellule d'AQMI qui avait détenu l'otage français de 78 ans, Michel Germaneau, dont l'exécution avait été annoncée le 25 juillet. Après un raid franco-mauritanien pour tenter de le libérer, AQMI avait lancé des menaces contre les intérêts français en France et dans la région.
Pas de revendication mais…
Bernard Kouchner a également avancé que les ravisseurs «peuvent être des Touareg» qui vendent ensuite leurs otages à «des terroristes». Jeudi, Niamey a affirmé que les membres du «groupe armé» parlaient «majoritairement» arabe et tamachek, langue des Touareg vivant dans la région. La dernière rébellion touareg, qui réclamait notamment une plus juste répartition des revenus miniers, remonte à 2007-2009.Un responsable targui, Boutali Tchewiren, président de l'association Alhak Nakal (Droit au territoire) et ancien porte-parole rebelle, a rejeté une «grave accusation» contre son «peuple».
Les autorités nigériennes et françaises ont assuré de leur mobilisation et de leur coopération face aux ravisseurs, qui ont mené une action audacieuse et apparemment bien préparée, puisqu'ils ont surpris les victimes à leur domicile. «L'armée nigérienne est déployée pour rechercher les otages et voir si on ne peut pas les empêcher de quitter le territoire nigérien, s'ils s'y trouvent toujours», selon la source sécuritaire. Le groupe pourrait faire route vers le Mali voisin, selon certaines hypothèses.
Pour le groupe nucléaire, le Niger est un pays stratégique. Présent depuis 40 ans, il y emploie quelque 2 500 personnes, dont, jusqu'à ces dernières heures, une cinquantaine d'expatriés. Il extrait de ses deux gisements voisins d'Arlit et d'Akokan la moitié de sa production d'uranium. Le groupe espère également mettre en service fin 2013, toujours dans le nord du pays, la future mine géante d'uranium d'Imouraren. Pays parmi les plus pauvres du monde, le Niger est le troisième producteur mondial d'uranium.
Nombre de messages : 9198 Age : 65 Localisation : paris Points : 6548 Date d'inscription : 08/02/2007
Quand l'AQMI s'en prend au maillon le plus faible du Maghreb . Cela veut dire que la conspiration a pour objectif de faire convaincre les autorités de Nouakchott afin de faire appel à des pays voisins pour l'aider à contenir ce terrorisme qui peut à long terme la transformer pour ressembler à la somalie.
Dernière édition par admin le Sam 18 Sep - 15:19, édité 1 fois
Nombre de messages : 9198 Age : 65 Localisation : paris Points : 6548 Date d'inscription : 08/02/2007
Mali/Aqmi: "au moins 15" militaires mauritaniens tués
BAMAKO - Les combats entre l'armée mauritanienne et des élémentsd'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) qui se poursuivaient samedi dans le nord du Mali ont fait au moins "15 morts" parmi les militaires mauritaniens, a affirmé une source sécuritaire algérienne dans la région. Sous couvert de l'anonymat, cette source a évoqué de "très nombreuses victimes (morts et blessés) dans les rangs de l'armée mauritanienne". "Au moins cinq véhicules de l'armée mauritanienne sont tombées aux mains des islamistes et le nombre de morts s'élève actuellement à au moins 15", a-t-elle dit.
De son côté, un militaire de haut rang à Nouakchott, joint par l'AFP à Nouakchott, a revu à la hausse son bilan provisoire: "Nous avons 5 morts dans nos rangs et 9 blessés dont la majorité légèrement". "Notre armée a tué 12 terroristes armés et en a blessé des dizaines", a encore affirmé cette source. Par ailleurs, un élu du nord du Mali a déclaré à l'AFP: "Ce que nous ont dit les nomades qui sont revenus de non loin de là où les combats se sont déroulés hier (vendredi), c'est que beaucoup de militaires mauritaniens sont morts".
Deux témoins d'une même famille, interrogés par téléphone par le correspondant de l'AFP ont affirmé qu'ils avaient "vu passer dans le désert malien, trois voitures de l'armée mauritanienne aux mains des gens d'Al-Qaïda". Ces témoins se situaient à une cinquantaine de kilomètres de la localité malienne de Raz-El-Ma" (235 km à l'ouest de Tombouctou), lieu des combats de la matinée, selon diverses sources. L'élu malien a également affirmé avoir appris "effectivement qu'au moins cinq véhicules de l'armée mauritanienne étaient tombés aux mains d'Aqmi".
Nombre de messages : 9198 Age : 65 Localisation : paris Points : 6548 Date d'inscription : 08/02/2007
AFP, Mise a jour : samedi 18 septembre 2010 21:53
Combats meurtriers entre l'armée mauritanienne et islamistes d'Aqmi au Mali
Les combats meurtriers qui opposaient l'armée mauritanienne et Al-Qaïda au Maghreb islamique se sont achevés samedi après-midi dans le nord du Mali où seraient par ailleurs détenus sept otages - cinq Français et deux Africains - enlevés au Niger.
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AFP
Deux mois après un raid franco-mauritanien contre une base d'Aqmi dans le désert malien, la France s'est défendue d'avoir participé à ces nouvelles opérations. Elle a aussi affirmé que ces combats étaient "indépendants" de l'affaire des sept otages enlevés au Niger le 16 septembre, pour laquelle elle soupçonne "la mouvance d'Aqmi" au Mali.
De son côté, la Mauritanie a expliqué avoir agi en "anticipant des intentions criminelles" de l'ennemi.
"Nos forces armées avaient repéré une bande de terroristes à bord d’une colonne de véhicules armés, qui se déplaçaient en direction de notre frontière avec la république soeur du Mali, dans l’objectif évident d’attaquer l’une de nos positions", écrit le ministère, selon lequel "une unité de l’armée nationale a intercepté cette colonne, dans l’après-midi" de vendredi".
Son communiqué n'évoque pas, en revanche, les combats de samedi.
Selon une source sécuritaire malienne, les affrontements avaient débuté vendredi "à la frontière entre la Mauritanie et le Mali puis s'étaient transportés vers la localité malienne de Hassissidi", à une centaine de kilomètres au nord de Tombouctou. Ils s'étaient interrompus dans la nuit pour reprendre samedi matin "à Raz-El-Ma", à 235 km à l'ouest de Tombouctou.
"Les combats sont terminés. C'est ce que nous avons constaté sur le terrain. Les avions de combat mauritaniens qui ont survolé la zone ont fait, à un moment reculer les assaillants", a déclaré samedi après-midi une source sécuritaire malienne à l'AFP.
Aucun bilan n'a pu être établi de source indépendante.
Le ministère mauritanien de la Défense a affirmé samedi soir que "l'ennemi" avait subi de "lourdes pertes en hommes et matériel", soit "12" morts et "des blessés dont le nombre n'a pu être déterminé". Il a ajouté que six soldats mauritaniens avaient été tués et huit blessés.
De son côté, une source sécuritaire algérienne a soutenu que le "nombre de (soldats mauritaniens) morts s'élevait à au moins 15".
Un civil, Hamine Ould Mohamed Aly, joint par téléphone satellitaire, a affirmé avoir vu à Raz-el-Ma "six véhicules de l'armée mauritanienne calcinés à côté d'un puits".
Et un élu du nord du Mali s'est dit convaincu qu'"Aqmi avait entraîné les Mauritaniens dans le désert pour les pièger".
Selon cet élu, c'est "un lieutenant de l'islamiste algérien Abdelamid Abou Zeid, Yahya Abou Hamame, qui dirigeait les opérations d'Aqmi contre l'armée mauritanienne".
Abou Zeid est l'un des "émirs" d'Aqmi les plus redoutés dans le nord Mali, qui serait responsable de l'assassinat en mai 2009 l'otage britannique Edwin Dyer et aurait laissé mourir ou exécuté l'otage français Michel Germaneau en juillet 2010.
Les nouveaux affrontements se sont déroulés près de deux mois après un raid franco-mauritanien contre une base des islamistes armés dans le désert malien, au cours duquel sept membres d'Aqmi avaient été tués.
Cette opération du 22 juillet visait, selon Paris, à libérer le Français Michel Germaneau. Aqmi avait ensuite annoncé avoir exécuté cet otage pour venger la mort de ses membres.
Des sources au Mali s'interrogeaient toujours, samedi, sur une éventuelle implication française dans la nouvelle opération.
Le ministère français des Affaires étrangères a assuré qu'il n'y avait "pas de forces françaises sur le terrain".
L'armée malienne, elle, n'a pas participé cette opération sur son propre territoire. Mais "le Mali voisin et frère, dûment informé de cette attaque, (...) a manifesté son soutien à notre action légitime", a assuré le ministère mauritanien de la Défense en le remerciant
Nombre de messages : 9198 Age : 65 Localisation : paris Points : 6548 Date d'inscription : 08/02/2007
Enlèvements au Niger : le Mali critique l’Algérie
Sahel Quarante-huit heures après l’enlèvement de sept étrangers, dont cinq Français, au Niger, le numéro un du contre-espionnage à Paris est formel : « La France est sous le coup d’une menace terroriste majeure », dit Bernard Squarcini, chef de la Direction centrale du renseignement (DCRI). Dans un entretien accordé à TV5, au « Monde » et à RFI, le président malien, Amadou Toumani Touré, accuse l’Algérie de repousser ses islamistes vers le Sahara.
Le président du Mali appelle les pays du Sahel à coopérer contre le terrorisme Les sept otages, dont cinq Français, enlevés au Niger auraient été transférés dans le nord du Mali
Au cœur de la zone sahélo- saharienne, le Mali est sou- vent accusé de mollesse par l’Algérie et la Mauritanie dans la lut- te contre le terrorisme islamiste. Au lendemain de l’enlèvement de sept personnes dans le nord du Niger, un pays frontalier, Amadou Toumani Touré, le président malien, était l’invité, vendredi 17 septembre, de l’émission Interna- tionales de TV5-Monde, dont Radio- France internationale et Le Monde sont partenaires. Celui que ses com- patriotes surnomment « ATT » est un général souvent donné en exem- ple pour son attachement à la démocratie. Le chef de l’Etat malien a tenu à commencer l’entretien en « condamnant » la prise d’otages de Tarlit (Niger). L’armée malienne a été « immédiatement mise en alerte », assure-t-il. Selon des sources nigériennes et algériennes, les otages auraient été transférés vendre- di par leurs ravisseurs dans le nord du Mali tandis qu’en fin de journée, selon d’autres sources, de violents combats opposaient l’armée mauritanienne à des éléments d’Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI) « en territoire malien », plus précisé- ment à une centaine de kilomètres au nord de Tombouctou. Pour autant, M. Touré considère que le terrorisme « n’est pas un problème malien ». « Il faut voir les dimensions de la bande sahélo- saharienne, une zone hostile et incontrôlable dont la superficie équivaut à 20 fois celle de la France, explique-t-il. Le Mali se considère comme victime et otage. » Dans le désert circulent à la fois « les trafiquants de cigarettes et de drogue alimentant l’Europe, les passeurs qui conduisent les émigrés vers le para- dis européen, les salafistes qui viennent du Maghreb. Aucune de ces menaces ne nous est destinée ». A mots à peine couverts, il accuse l’Algérie de repousser ses islamistes vers le Sahara malien. « Ceux qui nous accusent n’ont qu’à empêcher les salafistes de venir chez nous. Ces gens-là ne sont pas Maliens. Ils sont venus du Maghreb. Nous n’avons rien à voir avec cette histoire. Depuis neuf siècles, notre islam est ouvert et respectueux de la vie humaine », proclame M. Touré. A ceux qui qualifient le Mali de « maillon faible » de la chaîne des Etats sahélo-sahariens, il rétorque : « De quelle chaîne parlez-vous ? Il n’y a pas de chaîne ! Comment voulez-vous qu’il y ait un maillon faible ? Nous avons perdu trop de temps à nous accuser mutuellement. Il est temps de partager les responsabilités. » A propos de l’immigration et de son refus de signer un accord avec la France à ce sujet, le chef de l’Etat malien affirme : « La partie du texte sur les reconduites à la frontière ne nous convient pas [car] il y a des gens qui travaillent et cotisent en France depuis huit ou neuf ans. On ne peut pas les renvoyer sans rien. » Et le président d’ajouter : « La diaspora malienne rapporte 11 % de notre PIB. Ce n’est pas une manne que l’on peut négliger. » « Nul n’est indispensable » L’islam est aussi une préoccupation de politique intérieure malienne depuis qu’en 2009, des imams ont obtenu l’ajournement d’une réforme du code de la famille favorable aux droits des femmes. M. Touré réfute l’idée d’une radica- lisation de l’islam malien. Il attri- bue cet échec à une « mauvaise communication » et assure que « le dossier est loin d’être enterré et sui- vra son cours ». « Au Mali, nous ne connaissons pas le fondamentalisme », dit-il, tout en admettant que « des idéologues venus du Maghreb arrivent à capter certains, pas nombreux, par leurs prêches ». La Constitution oblige le président malien à quitter le pouvoir en 2012, et il ne la changera pas pour s’y maintenir, même sous prétexte de lutter contre le terrorisme. « Nul n’est indispensable, philosophe-t-il. On trouvera des hommes aussi bons sinon meilleurs qu’ATT pour pouvoir exercer des responsabilités demain au Mali. »
Propos recueillis par Philippe Bernard, Bruno Daroux (RFI) et Xavier Lambrecht (TV5)
Trois Français, membres d'équipage d'un bateau opérant sur un champ pétrolier au large du Nigeria, ont été enlevés dans la nuit de mardi à mercredi, ont annoncé mercredi l'exploitant du bateau, le groupe français de services maritimes Bourbon, et le Quai d'Orsay. Le résumé de l'actu
Nombre de messages : 9198 Age : 65 Localisation : paris Points : 6548 Date d'inscription : 08/02/2007
PROFESSEUR YAHIA ZOUBIR, DIRECTEUR DE RECHERCHES EN GÉOPOLITIQUE : «Les États occidentaux continueront à payer les rançons»
Professeur en relations internationales et en management, Yahia Zoubir est actuellement directeur de recherches en géopolitique à l’Ecole de management Euromed Marseille. Dans cet entretien, il décrypte la situation dans la région du Sahel. Ainsi, la problématique du versement de rançons, que l’Algérie tente de contrer à travers la légalité internationale, risque de persister à l’avenir. Selon le professeur Yahia Zoubir, les Etats occidentaux ne peuvent aller à l’encontre de la volonté de leurs opinions publiques respectives. Le Soir d’Algérie : Les pays du Sahel ont constitué un front pour lutter contre le terrorisme. Pourquoi cette initiative n’a-t-elle toujours pas donné de résultats probants ? Yahia Zoubir : Effectivement. Mais si nous prenons le cas du Niger, il ne fait aucun doute que la présence terroriste dérange énormément. Le nord de ce pays est très riche en ressources, Le Niger refuse toute instabilité. Par contre, la situation est différente au Mali. Certains individus semblent tirer un bénéfice des prises d’otages et des différents trafics qui servent au financement d’Al Qaïda Maghreb. On ne peut pas dire que ce soit une politique officielle de l’Etat malien, mais cette situation porte préjudice à l’initiative lancée par les Etats de la région. L’Algérie, par contre, joue un rôle très important dans la lutte contre le terrorisme. Ce pays est directement concerné. Je pense que cette initiative sera difficile à mettre en œuvre ; certains Etats de la région font face à des problèmes politiques internes et à des problèmes d’ordre économique. Est-ce que les blocages peuvent également être mis sur le compte d’interférences de puissances étrangères ? L’analyse que je fais est qu’il faudrait éviter toute présence étrangère. Il doit, certes, y avoir une coopération entre les Etats de la région, mais surtout pas de présence étrangère. L’opération menée conjointement par la Mauritanie et la France est un exemple concret. Il y a donc un échec des pays de la région d’empêcher une intervention étrangère. Comment expliquez-vous la passivité du Mali qui, d’un côté, ne fait rien pour déloger les terroristes de la région nord du pays et, d’un autre côté, ne réagit nullement lorsque l’armée mauritanienne mène des opérations sur son territoire ? Cette attitude reflète avant tout la fragilité de l’Etat. Il n’y a pas des institutions et une classe politique homogènes. Et je pense que certains individus ont des intérêts à maintenir cette situation. Mais il faut dire aussi que le pays fait face à une pauvreté immense et une absence flagrante de développement, notamment dans le nord du pays. Quel est le rôle des Etats-Unis dans la région ? Il ne faut surtout pas se leurrer. Les Etats-Unis ont d’autres priorités. Ils sont déjà engagés en Afghanistan. Mais cela ne veut pas dire qu’ils ne suivent pas se qui se passe dans le Sahel. Ils respectent l’initiative lancée par les Etats de la région. Les Etats-Unis reconnaissent également le leadership de l’Algérie dans la lutte contre le terrorisme. Leur approche consiste à présent à répondre à toute demande de coopération, soit en matière de lutte contre le terrorisme ou de développement. Ils disposent d’un mécanisme à travers l’initiative Pan-Sahel pour coordonner des programmes spécifiques. Mais sincèrement, je ne pense pas qu’il y ait une volonté des Etats-Unis de s’installer et prendre le contrôle de la région. Il y a une présence et une volonté de coopérer. Le Sahel n’est pas une priorité pour eux. La priorité en ce moment des Etats-Unis, c’est leurs problèmes internes, l’Afghanistan et aussi ce qui se passe au Moyen-Orient. L’Algérie a lancé une initiative visant à faire adopter, par le Conseil de Sécurité de l’ONU, une résolution pour criminaliser le paiement de rançons lors de prise d’otage. Si cette résolution venait à être adoptée, pensez-vous qu’elle serait appliquée par les Etats occidentaux ? Je ne pense pas. Ces Etats font avant tout face à leurs opinions publiques nationales. Jusqu’à présent, seuls les Anglais ont refusé de payer une rançon pour libérer un otage. Les Espagnols ont payé, les Italiens aussi. D’une manière ou d’une autre, ils paieront. Ces Etats disposeront toujours de moyens détournés pour verser des rançons sans que cela soit déclaré directement. Ils doivent donc faire face à la pression de leurs opinions publiques… Evidemment. L’opinion publique ne peut pas concevoir qu’un gouvernement n’entreprenne rien pour délivrer un citoyen tenu en otage. Sauf que ce sont ces mêmes Etats qui siègent au Conseil de sécurité. Ce sont eux qui seront appelés à adopter cette résolution… Ce sont ces mêmes Etats qui parlent de droit international et qui le violent. C’est la realpolitik. On peut faire une loi et la contourner d’une autre manière. Cette problématique restera posée. Mais d’un autre côté, cette situation pose un réel problème à un Etat comme l’Algérie, qui combat le terrorisme. Ces rançons servent à l’achat d’armes qui seront par la suite utilisées par des terroristes en Algérie. Pour le gouvernement algérien, c’est une vraie menace à sa sécurité intérieure. La France a déclenché une alerte antiterroriste. Pensez-vous que l’Aqmi représente une réelle menace pour la France et pourrait perpétrer des attentats à l’instar du GIA en 1995 ? La sécurité absolue n’existe pas. Mais dans le cas de la France, cette menace ne date pas d’aujourd’hui. Elle est bien réelle. Mais certains observateurs constatent que cette alerte coïncide avec des tensions internes sur les plans politique et social. Concrètement, que représente réellement Al Qaïda Maghreb islamique en termes de menace terroriste ? Je crois qu’il est aujourd’hui nécessaire d’être réaliste. Al Qaïda Maghreb est constituée tout au plus de 250 à 300 éléments. Toutefois, ils sont dotés d’une certaine «conscience politique» qui leur permet d’avoir une grande capacité de nuisance. Aujourd’hui, AQMI est omniprésente dans tous les médias internationaux. En Europe, le citoyen lambda sait qu’il existe une zone qui s’appelle le Sahel et qu’il existe des terroristes très actifs dans cette région. Al Qaïda Maghreb est toute petite mais jouit d’une très grande audience. Je fais partie d’un réseau qui analyse les sites internet utilisés par les groupes terroristes. Récemment, dans l’un d’eux, il y a eu une information faisant état de la possibilité d’une attaque à l’arme contre un transport en commun à Barcelone. Cette information a créé une véritable panique. Mais il est difficile de faire la part entre le vrai et le faux dans des situations pareilles. Mais les Etats se doivent de réagir en renforçant leur sécurité. T. H
Nombre de messages : 9198 Age : 65 Localisation : paris Points : 6548 Date d'inscription : 08/02/2007
mercredi22 septembre 2010
Point Afrique arrête son activité dans le Sahel
La coopérative qui affrète des avions et organise des voyages dans le Sahel, a décidé d’arrêter six des sept destinations qu’il proposait dans la région devenue trop risquée après l’enlèvement de sept personnes dont cinq Français au Niger
AFP
«On a décidé lundi de tout arrêter. Il y a encore quelques semaines, on disait que le tourisme amenait la paix et de l’activité. Aujourd’hui on ne veut pas être un fournisseur d’otages», a dit le président de Point Afrique, Maurice Freund, de retour du Niger.
«Si Areva n’arrive pas à protéger ses employés, comment on pourrait?», a-t-il ajouté.
Trois des destinations concernent le sud algérien (Tamanrasset, Djanet et Timimoune). Les autres sont Agadez au Niger, Atar en Mauritanie et Gao au Mali, a-t-il précisé. Mopti en revanche, qui dessert le pays Dogon (Mali), est maintenu.
Point Afrique transportait en 2007 quelque 70’000 personnes (randonneurs, ONG etc) dans cette région, le «seul affréteur» d’avion à encore le faire, a rappelé M. Freund. «L’an dernier, il n’y en avait plus que 35’000…», a-t-il ajouté.
En 2009, «on avait maintenu contre la demande du ministère des Affaires étrangères français Agadez, Gao et Atar, mais là c’est trop grave», a-t-il dit.
M. Freund affirme en outre sentir un changement parmi les populations locales vivant dans la région. «L’extension de l’influence d’Aqmi (Al-Qaïda au Maghreb islamique, ndlr) est significative», a-t-il estimé.
Pour Point Afrique, l’arrêt des six destinations signifie «le licenciement de 80% du personnel. Pour les populations locales, c’est encore beaucoup plus grave car des centaines de familles vivent de ce tourisme, chameliers, hôteliers, artisans», a expliqué le patron de cette coopérative en faveur d’un tourisme solidaire.
Point Afrique, qui dessert également le Burkina Faso ou le Bénin, réalisait 38 millions de chiffres d’affaires en 2008. «Si on fait 3 millions d’euros cette année, c’est le bout du monde», a souligné Maurice Freund, qui affrète des avions, redistribue des places à des voyagistes spécialisés et organise également des circuits
Nombre de messages : 9198 Age : 65 Localisation : paris Points : 6548 Date d'inscription : 08/02/2007
Le Maroc, un partenaire discret mais efficace dans la lutte contre Aqmi Le territoire du Sahara occi
Le Maroc, un partenaire discret mais efficace dans la lutte contre Aqmi
Le territoire du Sahara occidental. Wikimédia)
Depuis l’enlèvement des sept otages dans le nord du Niger, chaque pays du Sahel réagit et fait jouer ses alliances. L’Algérie dit être en mesure de contrer la menace islamiste, mais elle veut le faire seule par des moyens militaires. Qu’en est-il du Maroc ? Si géographiquement on peut contester que le pays ait une frontière commune avec les pays du Sahel, le Maroc administre de facto une large zone du Sahara occidental. Quelle est la position du Maroc dans sa lutte contre Aqmi ?
Le Maroc joue un peu le rôle de joker dans la région. Le royaume est présent sur le front de la lutte contre al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) mais de façon très discrète. Car si l’Algérie a fait le choix d’une approche militaire dans sa lutte contre ce mouvement terrorisme, le royaume chérifien croit plutôt à l’efficacité du renseignement. Comme l’analyse le spécialiste des mouvements islamistes Mohamed Darif, selon le Maroc, il est plus efficace de faire jouer des coopérations sur la collecte d’informations plutôt que de lancer des attaques contre un mouvement éparpillé sur une zone immense comme l’est Aqmi. D’ailleurs, comme par hasard lors de la libération en août dernier des deux otages espagnols retenus au Mali, le ministre espagnol de l’Intérieur n’avait pas manqué de remercier le Maroc pour son assistance, comprenez pour ses renseignements. Mais le royaume chérifien est doublement intéressé par une lutte efficace contre Aqmi car il y livre une bataille très personnelle, celle de sa souveraineté sur le Sahara occidental, un territoire non attribué qu’il administre de facto depuis 1975. Pour Rabat, le fait qu’Aqmi n’ait encore jamais perpétré d’attaques sur les quelque 250 000 m² du Sahara qu’il contrôle est la preuve même qu’il doit garder la souveraineté sur ce territoire plutôt que d’en faire un petit Etat indépendant et potentiellement faible.
Nombre de messages : 9198 Age : 65 Localisation : paris Points : 6548 Date d'inscription : 08/02/2007
Menace grandissante d’AQMI
Lorsqu’on en janvier 2008, le Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC), qui s’est muté en Al Qaîda au Maghreb islamique (AQMI), avait contraint les organisateurs du traditionnel Rally Paris-Dakar, à annuler la manifestation, ils avaient supprimé les étapes mauritaniennes une année auparavant, il fallait à ce moment-là prendre la mesure de la menace terroriste au sérieux. Le groupuscule dirigé à l’époque par Mokhtar Bel Mokhtar, qui a longtemps travaillé sous la coupe de l’émir de la zone sud de l’ex-GSPC, Amar Saïfi, alias Abdelrezak El Para, capturé en fin 2004 au Tchad puis remis aux autorités algériennes, n’avait pas commis un larcin. Il jetait les bases de ce qui allait devenir la plus sérieuse menace qu’aura connue toute la région du Sahel.
Aujourd’hui, la filière sahélienne compterait, selon des estimations de spécialistes de l’organisation terroriste, plus de 800 membres issus de plusieurs nationalités : des Algériens, des Maliens, des Mauritaniens, des Nigériens, et des Burkinabais. AQMI opère aujourd’hui sur un vaste territoire allant de la Mauritanie, en passant par le Niger, le Mali, l’Algérie, le Tchad, jusqu’au Burkina Faso. D’une grande mobilité, les factions de l’organisation terroriste se fondent facilement dans les populations locales. La branche d’Al Qaîda au Maghreb dans cette région opère avec deux groupes. Le premier est dirigé par Mokhtar Belmokhtar, un ancien émir des Groupes islamiques armés (GIA) dans la région du Sud.
Originaire de Metlili, dans la région de Ghardaïa, Mokhtar Belmokhtar a longtemps activité dans sa région en se distinguant par plusieurs actes de terrorisme, embuscades contres les services de sécurité, massacres et assassinats, avant de se déplacer plus vers le Sud. Le deuxième est dirigé par Abdelhamid Abou Zeïd, l’un des chefs les plus radicaux de l’organisation terroriste. Né à Tougourt, aujourd’hui âgé de 44, l’émir d’AQMI n’est pas sorti du néant. Abou Zeïd a dirigé à 24 ans le comité local du Front islamique du salut (parti dissous) avant de prendre le chemin du maquis juste après l’attaque qui avait ciblé en 1991 la caserne de Guemmar à El oued. Il a longtemps activé dans la région de Batna, et ce n’est qu’en 2006 qu’il est nommé à la tête de katibat Tarek Ben Zeïd du GSPC à l’époque.
Il serait aujourd’hui à la tête d’une faction de 200 membres, mauritaniens dans leur majorité, mais aussi algériens et maliens. Il serait, également, le premier responsable du GSPC qui, selon des spécialistes, a ouvert ce qui est appelé le front du Niger. Les deux chefs de l’organisation terroriste, comptabilisent chacun environ 20 ans au maquis, en somme le temps qu’il faut, surtout ces dernières années, pour tisser des réseaux et se connecter à la contrebande de tout genre qui sévit dans le vaste territoire du Sahel. L’implication de certaines notabilités locales influentes, la pauvreté et les problèmes politiques au nord du Mali et du Niger ont facilité le terrain à Al Qaîda au Maghreb islamique. Le financement par le biais de la prise d’otages, les rançons en tout genre lui ont donné une force de frappe qui menace, aujourd’hui, l’instabilité des Etats de la région.
Des dizaines de millions d’euros générés par les enlèvements des étrangers permettent à AQMI d’acquérir un arsenal militaire qui lui permet de mener des attaques contre l’armée malienne et mauritanienne. AQMI tend à devenir non seulement une menace dans le Sahel, mais bien au-delà.
Nombre de messages : 9198 Age : 65 Localisation : paris Points : 6548 Date d'inscription : 08/02/2007
Le Sahara et le Sahel dans la tourmente ! Pour Point-Afrique, un vrai dilemme...
Voici quelques mois, nous nous battions pour rester présents dans ces zones fragiles et déshéritées... Notre stratégie reposait sur une forte conviction: le tourisme peut être une arme pour la Paix! Le Point-Afrique - initiateur des vols sur Gao (1995), Agadez (1996), Atar (1997), la Libye (1999), Tamanrasset (2000), Djanet (2001), Timimoun (2008) - se doit, en raison des circonstances actuelles, de stopper net les 4/5e de son activité. Cette décision draconienne découle de l’accélération ces dernières semaines de la montée en puissance des cellules terroristes au sud de l’Algérie, au nord du Mali et du Niger. Je n’ai pas la prétention d’être un expert, ni même un fin spécialiste des problèmes géopolitiques ou géostratégiques de ces zones. Néanmoins j’ai celle d’avoir une bonne connaissance du terrain. Voici bientôt quarante ans que je sillonne ces régions et que je m’implique dans leur développement. J’observe aussi les évolutions politiques de ces pays. La création du Point-Afrique il y a quinze ans, m’a en effet amené à côtoyer non seulement les populations mais aussi les gouvernements de ces pays (pour obtenir les droits de trafic aériens). Par ailleurs, la création du Point-Afrique visait aussi le renforcement de la Paix suite aux accords signés à la fin des rébellions touarègues des années 90 au nord du Mali et du Niger. Nos premiers guides là-bas furent pour partie d’anciens rebelles reconvertis dans le tourisme. A l’époque, en matière de sécurité, les problèmes restaient mineurs. A l’exception de quelques très rares cas - certains touristes délestés de leurs appareils photos ou autres objets de valeur - jamais il n’y eut de violence. A maintes reprises, j’ai eu l’occasion de discuter avec les trafiquants de cigarettes sans qu’il y ait d’animosité. Aujourd’hui, nombre d’entre eux se sont orientés vers le trafic plus lucratif de la drogue provenant d’Amérique du Sud, voire, plus grave, dans le trafic d’émigrés que parfois on abandonne en plein désert... Notre analyse Le phénomène des prises d’otages a débuté vraiment vers 2003 dans le sud algérien. Une opération menée par Abderrarak el-Para (ancien officier de l’armée algérienne) dont l’adjoint n’est autre qu’Abdelhamid Abou Zeid, l’actuel émir qui opère à la frontière algérienne au nord-est du Mali, dans les montagnes de l’Ifoghas. Aujourd’hui trois émirs, pas toujours d’accord entre eux, sont les principaux leaders d’AQMI (branche maghrébine d’Al Qaida). Leur chef (Abdelmalek Droukdel) dirige le mouvement depuis la Kabylie. Le quatrième et dernier émir en date, Abdelkrim, surnommé Taleb, est touareg et ancien imam de Khalil au Mali. C’est l’un des rares émirs non algérien et il règne sur un groupe de soixante hommes. Si la population touarègue dans sa grande majorité n’est en aucun cas complice des terroristes et n’est pas attirée par leur fanatisme religieux, force est de constater que de jeunes touaregs rejoignent cette nébuleuse et lui prêtent main forte (appât du gain? engagement sincère? le choix des motivations est vaste...). Parmi les terroristes tués lors de l’assaut de l’armée mauritanienne au nord du Mali de ces dernières semaines, on dénombre quatre touaregs! L’un de mes amis, Ag Aroudeni, frère de l’amenokal des Oulmeliden (la plus importante tribu touarègue) m’avoue «ne plus comprendre». Et m’a fait part de son inquiétude, car depuis quelques temps dans sa commune (grande comme cinq départements français!) il voit s’installer des prêcheurs, certains originaires du Pakistan, venus enseigner le salafisme. Leur prêche s’accompagne de construction de puits, d’aide aux populations et bien sûr de la construction de mosquées. Ils ne sont pas terroristes, mais ils en font le lit en instrumentalisant l’Islam à des fins politiques. Il y a peu de temps, les membres d’AQMI n’étaient qu’une poignée de cent à deux cents hommes. Aujourd’hui ils approchent, voire dépassent les mille combattants... et des cellules dormantes naissent partout! 1) Algérie / Mali / Niger Les problèmes sont similaires dans ces trois pays, où les gouvernements n’accordent aucune confiance à leurs ressortissants touaregs (et vice-versa). Alger se méfie du sud, Bamako et Niamey se méfient du nord. Les deux rébellions touarègues de 1990 et de 2007 n’inspirent pas - de part et d’autre - une franche coopération. Plus grave: les touaregs sont divisés (on les a divisés pour mieux régner?). Certains chefs de ces rebellions se sont vu offrir des postes importants dans les administrations et les ex-combattants de base ont été laissés pour compte. Cela crée des frustrations, de la jalousie, voire de la haine. Pire: une certaine élite aux gouvernes de ces pays, trempe dans les divers trafics cités. Les sommes d’argent générées sont colossales et chacun y trouve son dû. AQMI joue les «parrains» en protégeant ces activités illégales et prélève sa dîme. Des complicités s’installent. L’extrême pauvreté et l’absence d’avenir servent de catalyseur aux jeunes pour lesquels il n’y a plus foi, ni loi. En perte d’identité et de dignité, leur haine de l’Occident - vu comme le prédateur de leurs ressources minières - enfle. (Voir à ce sujet l'ouvrage prémonitoire de Jean Ziegler, «La Haine de l'Occident», N.d.l.R.) Les associations humanitaires officiant dans ces régions se replient et les populations locales, seules capables d’enrayer l’actuel processus, se sentent abandonnées. La spirale infernale est en marche! Surtout avec la dernière «solution» trouvée: la force! Les touristes ne viennent plus, les ONG et les ressortissants français résidant dans le nord du pays s’en vont... le vide s’installe! Mais les militaires français débarquent, et l’exploitation des mines et la prospection pétrolière continuent... Principalement visible à l’hôtel principal de Niamey (en tenue de combat, s.v.p!), la présence de nos militaires sur le sol nigérien est ressassée en boucle par les chaînes de télévision. Quelle humiliation pour un pays souverain! C’est ce sentiment que j’ai éprouvé tout au long de ma semaine passée au Niger fin septembre. De mon entrevue avec notre Ambassadeur à Niamey le 21 septembre, je n’ai retenu que son interrogation: «comment, si la paix revient, pensez-vous revenir dans ces régions?» 2) Mauritanie Le cas de ce pays apparaît bien différent. Déjà, il n’y a pas de problème de confiance entre le nord et la capitale. C’est le seul pays où les tribus nomades sont maîtresses de leur destin. S’il est vrai que l’avant-dernier gouvernement avait, pour des raisons d’équilibre politique, une tendance à fermer les yeux, voire à favoriser certains partis prônant un régime islamiste, il n’en est plus de même aujourd’hui. Le nouvel homme fort, le général Aziz, s’est engagé dans une lutte sans merci contre l’intégrisme et ses violences. Il agit de manière assez efficace en jouant sur trois leviers: Lutte contre la pauvreté: un ensemble de mesures sont prises en faveur des quartiers défavorisés de Nouakchott où il se rend régulièrement, tel que l’adduction d’eau et autres commodités. Mobilisation d’imams: cinq cents d’entre eux ont été missionnés pour contrer les prêches extrémistes et salafistes. Action militaire: l’armée dispose de véhicules neufs, de stocks de carburants et les consignes sont strictes. Si la totalité du pays n’est pas encore quadrillée, d’importantes zones sont quasi hors de portée d’une quelconque intervention d’AQMI. L’armée mauritanienne, accusée par AQMI d’être un «suppôt de l’Occident», quitte son territoire pour attaquer les bandes terroristes de l’émir Mokhtar Belmokhtar qui opère à la frontière algéro-mauritanienne. Action du Point-Afrique dans l’Adrar mauritanien A l’automne dernier, après consultation du Premier Ministre mauritanien, nous avons pu engager - en concertation avec les autorités chargées de la sécurité - une formation de tous les guides de l’Adrar, qui ont été équipés de balises Argos. La configuration géographique de l’Adrar mauritanien a été soigneusement étudiée. Seuls cinq passages permettraient de sortir de la zone en cas de prise d’otages. Les procédures d’intervention rapide de la gendarmerie permettent de faire échouer toute tentative d’enlèvement. Et la population locale, à l’inverse des pays voisins, coopère avec les autorités et assure une veille sur la circulation de tout étranger. Cette coopération exemplaire ne peut hélas, pour le moment, s’appliquer aux trois autres pays mentionnés dans mon analyse, car l’absence de dialogue et de confiance est trop criante. Dernier point: les échanges d’une heure, au printemps dernier, avec le chef de l’Etat mauritanien, m’ont permis de mesurer l’importance qu’il donne à cette lutte sans merci. Il m’a également confié son souci de voir le tourisme se maintenir en raison de l’impact indéniable de cette activité dans la lutte contre la pauvreté (son autre fer de lance). 3) Pays Dogon Le peuple Dogon n’est pas prêt à glisser vers AQMI. Il serait regrettable qu’un amalgame s’installe. De manière surprenante, nous avons pourtant connu la semaine passée plus de 40% d’annulation vers Mopti. Nous essayons néanmoins de maintenir les vols Paris-Mopti. Conclusion Au regard de la situation que je viens d’évoquer, Point-Afrique se doit de prendre les mesures suivantes: Algérie: arrêt total de toute activité sur Tamanrasset, Djanet et Timimoun. Niger: arrêt total sur Agadez. Maintien de l’activité au sud de Niamey (dont la Tapoa et la réserve du W). Mali: arrêt total sur Gao et le nord du pays. Maintien des vols sur Mopti et de l'activité touristique en pays dogon. Mauritanie: suspension des vols jusqu’à Noël. Vérification et état des lieux en octobre. Si les conditions suffisantes sont réunies (approfondissement des formations sécuritaires des guides et des chameliers, renforcement des moyens de communication...), Point-Afrique opérera une liaisons aériennes pour une reprise d’activité touristique dans la zone. Inutile de vous décrire ma profonde révolte et l’impuissance du Point-Afrique à faire face à la situation actuelle. Nous avons perdu une bataille contre AQMI. Pour l’instant, nous devons réduire la voilure... Certains de nos confrères ont décidé de maintenir leur offre sur l’Algérie, pour laquelle il est vrai la demande reste encore forte... Sans vouloir nous plier sans discussion aux recommandations des Affaires Etrangères du quai d’Orsay, force est de reconnaître que le danger est devenu démesuré. Bien que téméraire (je l’ai prouvé à maintes reprises), je ne suis pas fou. Pour avoir été pourfendeur des règles établies et jusqu’auboutiste des causes les plus perdues, force m’est de reconnaître que l’adversaire est d’une dangerosité nauséabonde et les risques incommensurables. Ma déontologie m’interdit de chercher à relever un tel défi! C’est donc en toute humilité que j’ai décidé que cet hiver Point-Afrique n’ira que là où nous sommes raisonnablement sûrs de la sécurité et où nous sommes protégés par la population locale (ce qui n’est plus vrai malheureusement dans certaines zones spécifiques). Il est en effet impossible de jouer avec la vie des gens, tant ici que là-bas. Et pour la Mauritanie: affaire à suivre! N.B: A ce jour, le site du Ministère Français des Affaires étrangères indique que: «La Mauritanie semble constituer la cible privilégiée d’AQMI après l’Algérie»
Maurice FREUND Président de Point-Afrique
Un mot de l’équipe Point-Afrique Si l’analyse exposée ci-dessus fait l’objet d’un large consensus au sein de Point-Afrique, il n’en reste pas moins que les décisions prises - décisions douloureuses, parfois déchirantes - auront un impact économique inévitable sur les hommes et les femmes qui, de ce côté-ci de la Méditerranée, font vivre l’entreprise. Il n’est pas anodin, pour Point-Afrique Voyages, de couper trois des quatre routes majeures que nous nous sommes attachés à faire vivre au fil des ans. La traduction en termes de chiffre d’affaire est immédiate, et vertigineuse. Les plus observateurs parmi vous en auront peut-être noté les premières conséquences, telles que la fermeture de nos bureaux de Marseille ou la réduction de l’amplitude horaire d’ouverture de notre agence parisienne. Encore ne s’agit-il là que de signes avant-coureurs d’autre replis à venir - malheureusement inévitables dans la conjoncture actuelle. Dès lors, une question se pose sans détours : qu’en est-il du devenir de Point-Afrique? Nous ne pouvons pas préjuger de l’avenir. A l’heure actuelle, il apparaît fort sombre. Mais nous ne baissons pas les bras. La situation de l’entreprise reste saine. Nous n’avons pas de dettes, nous ne dépendons pas des marchés financiers. La crise qui couve depuis maintenant plus de deux ans a amoindri notre trésorerie, elle ne l’a pas asséchée - au prix d’une sévère cure d’amaigrissement. Demeure l’envie de continuer à nous battre. Aujourd’hui plus que jamais, il nous apparaît impensable de déserter le champ des relations Nord-Sud et de l’abandonner aux seuls bruits de bottes, aux seuls intérêts cupides qui semblent désormais la marque de fabrique d’une certaine politique française, et plus largement mondiale. Notre activité historique - l’affrètement de vols touristiques à destination de régions saharo-sahéliennes reculées - ne pourra plus être le seul vecteur de ce désir d’engagement. Si nous ne pouvons que vous remercier chaleureusement d’avoir «joué le jeu» durant toutes ces années, d’avoir su faire parler votre curiosité, votre intelligence et votre coeur pour aller à la rencontre de l’Autre dans une simplicité acceptée et assumée, il ne nous est pas possible de vous demander davantage. Comme l’écrit Maurice, il est absolument hors de question de jouer avec votre sécurité physique. D’autres pistes d’action sont possibles, que nous avons jusqu’ici insuffisamment explorées, pris dans le tourbillon d’une activité exigeante qui a vu parfois jusqu’à une dizaine de destinations desservies... La valorisation, ici en Europe, du savoir-faire africain est l’une d’entre elles. Certes, l’étiquette «commerce équitable» a été galvaudée, jusqu’à la nausée. Reste que l’idée sous-jacente n’en garde pas moins tout son intérêt. De même, le succès qu’a rencontré notre campement Tamana - qui a affiché complet tout cet été encore - nous confirme dans l’idée que le désir de rencontre est toujours présent pour vous. Et d’autres pistes sont à l’étude, dans la mesure des forces qui nous restent. Car la «réduction de voilure» évoquée plus haut signifie également des coupes drastiques dans nos équipes. Avec une première conséquence: nous ne serons plus en mesure, dans les prochains mois, de faire paraître notre Lettre à sa fréquence mensuelle habituelle. Croyez que nous le regrettons fortement, tant nous étions tous attachés à ce vecteur d’échange avec vous, notre public, notre soutien, nos amis. Nous essayerons néanmoins de continuer à vous tenir informés sur le devenir de notre Coopérative de voyageurs, fut-ce au prix d’une publication plus irrégulière et malheureusement moins fournie que par le passé. Pour parodier un adage africain qui a connu son heure de gloire : «Point-Afrique, touché mais pas mort!» L'équipe Point-Afrique.
Nombre de messages : 9198 Age : 65 Localisation : paris Points : 6548 Date d'inscription : 08/02/2007
La structure regroupe les patrons des services de renseignements maurtaniens, maliens, nigériens et algériens. Les manœuvres de certains Etats, notamment le Mali, voulant impliquer le Maroc dans la démarche, ont échoué.
Le centre de renseignements sur le Sahel a été installé, hier à Alger, par les patrons des services algériens, mauritaniens, maliens et nigériens. Sa mission : mettre à disposition du centre opérationnel militaire conjoint de Tamanrasset une base de données sur les activités terroristes pour faciliter leur neutralisation.Cinq mois après la mise en place, en avril dernier, à Tamanrasset, d’un comité d’état-major militaire conjoint, les patrons des services du Mali, de la Mauritanie, du Niger et de l’Algérie ont installé hier, à Alger, un centre commun de renseignements sur la région du Sahel. Composé d’officiers de haut rang, ce centre a pour tâche de collecter et d’échanger les informations sur les activités des groupes terroristes dans la région, leur implantation, leurs mouvements et surtout l’identité de chacun de leurs membres, de les mettre à la disposition de l’état-major de Tamanrasset. La direction de ce centre sera tournante, au même titre que celle du conseil militaire, et ses rapports réguliers. Ainsi, quarante-huit heures après la réunion extraordinaire de Tamanrasset, convoquée à la demande de l’Algérie, eu égard aux graves événements qui secouent la région du Sahel, les pays de la région s’entendent sur un autre instrument de lutte contre le terrorisme, qui est, en fait, la colonne vertébrale de leur stratégie commune. Une initiative qui tombe à point nommé, après avoir aplani les divergences qui avaient miné le fonctionnement du comité d’état-major et qui avaient trait beaucoup plus à la stratégie de lutte et au règlement qui régit la concrétisation sur le terrain de celle-ci. Certains Etats composant cette structure, parmi lesquels, le Mali, avaient souhaité la présence surtout du Maroc, alors que géographiquement ce dernier n’est pas concerné. «Des pays étrangers à la sous-région sont en train d’exercer des pressions sur certains membres de la coalition, afin de faire du lobbying au profit de l’intégration du Maroc. Or, les activités d’Al Qaîda sont concentrées surtout dans les territoires du Mali, du Niger, de la Mauritanie et de l’Algérie. Le Maroc n’a pas pied dans cette région», déclare une source proche du dossier. En fait, les propos de notre interlocuteur renseignent assez bien sur les visées des campagnes médiatico-politiques menées, depuis peu, en faveur de l’implication du royaume chérifien dans le commandement militaire conjoint de Tamanrasset, chargé de lutter contre le terrorisme au Sahel. Un site web malien (pro-gouvernemental) a tenté d’expliquer, dans son édition du 24 septembre dernier, la position d’inertie du Mali face aux activités terroristes. Selon le journal, le président Amadou Tounani Touré «n’accepte pas que l’on transforme le nord de son territoire en champ de bataille privilégié au nom de la lutte contre AQMI. Ce serait aller vers une pakistanisation du septentrion, car tous les combattants djihadistes, qui traînent actuellement en Afghanistan, au Pakistan, en Irak, soutenus par de grands groupes mondiaux connus comme alliés , convergeraient vers le nord du Mali, sous prétexte de prêter main-forte à leurs frères djihadistes d’AQMI. Il y a d’ailleurs, actuellement, une savante propension de certains pays voisins du Mali à repousser leurs terroristes vers cette zone pour y concentrer les opérations militaires contre AQMI». Mieux, le journal a donné une information d’une extrême importance qui augure des velléités d’intervention étrangère, par le biais de l’installation d’une base militaire, dirigée par des forces extra-régionales. En effet, l’article en question a annoncé : «Une force d’intervention régionale contre AQMI verrait bientôt le jour et bénéficiera de l’appui logistique de la France et du soutien américain en termes de renseignements stratégiques. Un état-major commun pourrait faire l’affaire, à condition que l’Algérie freine ses velléités hégémoniques. Sinon, cet état-major sera comme celui de Tamanrasset, mis en place par le Mali, la Mauritanie, le Niger et l’Algérie, mais qui est, en réalité, une coquille vide.» Force est de croire que nous sommes face à une stratégie de mise en isolement de l’Algérie, du fait de sa position contre toute intervention étrangère aux portes de ses frontières, fut-elle marocaine. Hier, lors de l’installation, à Alger, du centre de renseignements sur le Sahel, il n’était pas question de faire admettre un autre membre ou non dans la coalition, mais plutôt de la nécessité de coordonner les efforts entre les quatre pays concernés directement par l’activité d’AQMI, pour la neutraliser le plus tôt possible et pacifier ainsi la sous-région. «Les représentants des services de chacun des pays sont conscients de l’enjeu et acceptent le principe de constituer cette coalition à quatre et non à cinq. Toute aide allant dans le sens du soutien logistique à cette initiative reste la bienvenue. Les pays de la sous-région sont capables de relever le défi, il n’y a aucun doute sur la question», nous a déclaré une source diplomatique au fait du dossier.
Nombre de messages : 9198 Age : 65 Localisation : paris Points : 6548 Date d'inscription : 08/02/2007
Sahel : Abou Zeid, l’irrésistible ascension
Al Jazeera a diffusé jeudi une photo des sept otages enlevés dans la nuit du 15 au 16 septembre au Niger, dont cinq Français. Les otages sont entourés par des hommes armés, aux visages cachés. Sauf un, le chef, sans arme. L’instigateur de ce rapt audacieux. Abdelhamid Abou Zeid, ancien contrebandier versé depuis dans le combat salafiste et qui n’arrête pas d’étendre dans le Sahel sa zone d’action… et d’influence. Portrait d’un djihadiste pas tout à fait comme les autres.
Un visage long, au front marqué par des rides profondes, surmonté d’un chèche et portant une barbe éparse et grisonnante… Il n’existe que très peu d’images de Abdelhamid Abou Zeid, de rares photos et des vidéos de mauvaise qualité. C’est sans doute pour cette raison que l’homme responsable de l’enlèvement de cinq Français, un Togolais et un Malgache, le 16 septembre dernier au Niger, nourrit tant de mythes. Le nouvel ennemi numéro 1 de la France n’est pas un Ben Laden : discret, il n’aimerait pas se montrer. Comble de l’histoire : depuis dix jours, le monde n’aura jamais autant parlé de lui. Mais qui est Abou Zeid, de son vrai nom Abid Hammadou, 45 ans ? Est-il vraiment le terroriste froid et sanguinaire, décrit par les médias français, qui aurait tué de ses propres mains le Britannique Edwin Dyer et Michel Germaneau ? Un salafiste comme l’Algérie n’en a jamais connu ? Ou un simple contrebandier à la solde d’Al Qaîda ?
Flash-back. «Nous sommes en 1998, à Takhoukht, en Kabylie, lors de la réunion constitutive du GSPC qui marque la scission avec le GIA, sous le leadership de Abdelmadjid Dichou, alias Abou Mossaâb», raconte un expert algérien du terrorisme. Quatre groupes principaux assistent à cet événement : ceux qu’on appelle «les Arabes» avec, parmi eux, Abdelmalek Droukdel, «les Kabyles», avec à leur tête Hassan Hattab, «les anciens militaires», sous la direction de Okacha et «les gens du Sud» (axe est-sud), à cette époque, pas très importants. Parmi ces derniers : Mokhtar Belmokhtar et… Abou Zeid.
Imaginer une Oumma
L’homme n’est pas nouveau dans le paysage. «Connu des services libyens et algériens depuis les années 1980, il fait plusieurs séjours en prison, où il est d’ailleurs maltraité», précise un autre spécialiste du dossier. Mais il ne fait alors que dans la contrebande. Selon le magazine Paris Match qui a publié hier une enquête sur le personnage, c’est en 1989, à la mort de son père, qu’il se serait mis à fréquenter les islamistes. Puis en 1992, il aurait basculé dans le trafic pour des réseaux de soutien aux groupes armés. «En 1993, on sait qu’il était chargé de recruter pour le GIA, poursuit-on du côté de la lutte antiterroriste à Alger. Proche de Kamareddine Kherbane, à l’époque responsable des relations extérieures du GIA, il est même devenu en 1995 un des bras droits de l’émir Belabdi Derradji.»
Son ascension commence et ne va pas s’arrêter. En 1996, il monte au maquis en Kabylie, où il aurait brièvement été chargé de la logistique et aurait échappé à une tentative d’assassinat de la part d’autres terroristes. Puis il rejoint la zone est-sud. Très vite, son chef, Abderrezak El Para, en fait son homme de confiance. Dès 1997, il achemine des armes au Nord-Mali pour préparer la base arrière du GSPC. Pourquoi ? «En se ralliant à Al Qaîda, le GSPC reprend la vision stratégique de la plupart des groupes salafistes dans le Sahel, explique un spécialiste à Alger. Le Maghreb islamique s’étend de l’Atlantique avec une profondeur africaine jusqu’au Sinaï. Ce qui explique pourquoi le centre ‘‘Droukdel’’ est descendu vers le Sahel.
C’est une façon de se démarquer du Maghreb arabe traditionnel en tant que frontière, zone géographique et entité politique. Et puis en Afrique, poursuit-il, la circulation des armes et le travail des groupes armés en général sont favorisés par le contexte : une région de coups d’Etat, d’instabilité politique, de pauvreté avec un système social et décisionnel tribal. Enfin, descendre vers le Sud permet d’imaginer une Oumma, de briser l’héritage des frontières, colonialiste et impie.
Homme fort du terrain
Les orientations d’Al Qaîda, d’Afghanistan et du Pakistan ont toujours insisté sur le Sahel, identifié comme région instable et tribale. La stratégie d’Al Qaîda était de faire migrer ses actions du Moyen-Orient vers le Maghreb islamique.» Ce n’est qu’en 2000 que le nom d’Abou Zeid apparaitrait pour la première fois en tant que terroriste en activité dans la zone 5 du GSPC (Tébessa, Khenchela, Batna). En 2001, il fut chargé de préparer un convoi de fourgons pour un déplacement vers le Tassili qui finalement partira pour le Mali. «El Para a su dès 2002 qu’Al Qaîda ne pouvait plus compter sur Hattab et qu’il fallait un nouveau chef, poursuit une source proche du dossier. Le Sahel, zone grise, était l’endroit idéal pour créer une cellule. Voilà comment est née la katiba Tareq Ibn Zyad. El Para voulait devenir le chef et placer Abou Zeid comme l’homme fort sur le terrain. C’est d’ailleurs pour cette raison que ce dernier est entouré d’anciens chefs de la zone 5.»
Le tournant dans le parcours d’Abou Zeid survient en février 2003, lors de l’enlèvement des 14 touristes européens (9 Allemands, 4 Suisses et 1 Néerlandais) en vacances dans le Sahara algérien. «Abou Zeid faisait partie des négociateurs, aux côtés du gouverneur de Gao, d’Ag Bahanga et d’Iyad ag Ghaly», précise-t-on du côté algérien.
Rivalités
Il a alors 38 ans, mais, contrairement à d’autres djihadistes, il n’a pas «fait l’Afghanistan». L’enfant de la zaouïa El Abidia, près de Touggourt, doit se forger une autre légitimité. Celle du terrain. Son principal rival : Mokhtar Belmokhtar (MBM), d’environ sept ans son cadet. A l’exception de leur mariage avec des femmes de la tribu des Beni Omrane, les deux hommes ne se ressemblent en rien. MBM, lui, est revenu des camps de référence de l’Afghanistan. «Il connaît de nombreux chefs terroristes et s’appuie sur un réseau de contrebande très solide», poursuit un spécialiste des salafistes.
Comme le souligne Dominique Thomas, spécialiste d’Al Qaîda à l’Ecole des hautes études en sciences sociales à Paris, «dans ce type d’organisation, il y a toujours eu des rivalités – rappelons-nous comment est né le GSPC, ou des purges à l’intérieur du GIA puis après du GSPC. Qui plus est dans un territoire géographique aussi grand. MBM a sans doute été très déçu de ne pas avoir gagné le leadership total après la mort de Nabil Sahraoui, émir du GSPC». Pour l’anecdote, après l’attaque de la caserne de Lemgheity en Mauritanie, Mokhtar Belmokhtar avait donné une interview dans le journal du GSPC, El Jamaa, où il ne cachait pas ses ambitions de devenir l’émir de la région.
Filmer et... parler d’argent
Bien sûr, l’histoire officielle du mouvement n’en laisse rien paraître. «Si on s’en tient au compte rendu du conseil des chefs de 2009, c’est MBM lui-même qui aurait laissé le chemin libre à Abou Zeid, note Mathieu Guidère, professeur à l’université de Genève, spécialiste d’Al Qaîda au Maghreb islamique. Le groupe voulait assainir les modes de financement du djihad. La contrebande sur laquelle s’appuyait Mokhtar Belmokhtar dans le Sahel ne pouvait plus être une solution. Mais comment trouver de l’argent sans trafic ? Leur responsable juridique a alors proposé de recourir aux prisonniers de guerre. Selon le droit de la guerre en Islam, rien ne s’y opposait. S’est ensuite posée la question de qui pouvait prendre cette nouvelle responsabilité. Mokhtar Belmokhtar, reconnaissant que ce n’était pas son domaine, le nom d’Abou Zeid est alors venu naturellement. Il était bien vu et participait déjà activement à la guérilla. Il connaît aussi très bien Droukdel depuis les années 1990.»
Son premier contact avec Al Qaîda remonterait en tout cas à 2004 : il aurait reçu un message d’éloges d’Abou Moussab Zerkaoui. «Il faut comprendre qu’Abou Zeid est dans une logique beaucoup plus doctrinale que MBM», poursuit un expert. «Il a interdit les anachide à ses combattants pour les remplacer par des récitations du Coran !, ajoute un spécialiste de la lutte antiterroriste. Il reproche d’ailleurs à MBM de trop verser dans le business, d’être devenu un notable et d’être trop infiltré par tous les services de la région.» Mais sur ce point, les versions divergent.
«Abou Zeid est tout sauf un fanatique religieux, assure un autre expert du dossier. C’est le Rockfeller du Sahel ! Rien qu’entre 2008 et 2009, le nombre d’affrontements armés enregistré entre contrebandiers et services de sécurité algériens dans la région est passé de 4 à 15 ! Soit trois fois plus. Il a créé une telle dynamique de richesse qu’il est désormais le seul avec qui veulent discuter ceux qui vendent des armes ou de la drogue. Bref, c’est un businessman. Il n’est pas comme Abou Moussab Zerkaoui qui filme ses otages et les égorge ensuite. Abou Zeid les filme et après… parle argent. Quant au message politique de ses actions, il le laisse à Droukdel.» Qui s’est retrouvé dans la même situation que Ben Laden une fois encerclé en Afghanistan.
Yémen et Arabie Saoudite
Il a demandé aux autres cellules de prendre l’initiative. Droukdel a fait la même chose : sa marge de manœuvre limitée en Kabylie, il s’est retrouvé obligé de demander aux combattants du Sud de prendre l’initiative. En clair : il fixe les grande orientations d’AQMI, mais ce sont les djihadistes sur le terrain qui décident des options. Pour Dominique Thomas, il serait tout de même «réducteur de ramener Abou Zeid à un simple contrebandier. A la fin des années 1990, il était vital pour le GSPC d’être adoubé par Al Qaîda, cela a permis de donner à ses opérations une résonance internationale et d’éviter de tomber dans un combat localisé.
Le prolongement dans le Sud était également vital pour l’organisation, dont l’extension au Maghreb avait échoué. Et pour cela, il fallait effectivement des armes, de l’essence, du matériel informatique, analyse-t-il. Donc, on peut penser que l’aspect économique a toujours été déterminant. De là à dire que l’appât du gain est leur seule motivation… La guerre de communication des gouvernements pour «délabelliser» ces mouvements de leur cachet religieux et les ramener à de simples groupes mafieux est une stratégie classique. C’est exactement la même chose au Yémen et en Arabie Saoudite.»
Filière au Burkina Faso
En 2007, Abou Zeid aurait poursuivi ses contacts avec Al Qaîda et rencontré un émissaire libyen de Ben Laden, arrêté par la suite, à qui il aurait exprimé son vœu de partir en Afghanistan. Son ambition : devenir chef. Pour cela, il recruterait pour monter son propre groupe, en Mauritanie jusqu’… au sein même de la fraction de MBM. «Abou Zeid aurait entendu dire que MBM était en train de négocier sa reddition, explique le spécialiste de la lutte antiterroriste. Al Qaîda lui a demandé de devenir le chef, dans un message intercepté par les services libyens et algériens. Il aurait encore rencontré un émissaire de l’organisation, probablement au Tchad. Et il exhiberait même un document selon lequel Ben Laden le chargerait officiellement de restructurer le mouvement en vue d’une nouvelle organisation. Il serait en relation avec une filière au Burkina Faso.» Ce qui correspondrait aux inquiétudes de Said Djinnit, représentant spécial du secrétaire général de l’ONU. Hier à Dakar, il évoquait les «risques de propagation de la menace terroriste en Afrique de l’Ouest». Crédible ? Oui. Faisable ? C’est discutable.
Coup d’État
Pour un proche du dossier, MBM et Abou Zeid ont réussi «une sorte de coup d’Etat contre le Nord. Ils sont devenus autonomes. Maintenant, c’est en bas que ça se joue». La grande réussite d’AQMI dans le Sahel est d’avoir noué des alliances avec le réseau social. Mais ces liens seront-ils assez forts pour éviter les trahisons ? «L’histoire montre que la durée de vie d’un émir dans une zone comme le Sahel, où les pays sont suffisamment bien équipés pour terminer une guerre rapidement, est assez limitée, analyse Dominique Tomas. Et la comparaison avec l’Afghanistan ne tient pas : c’est une autre géographie et une autre sociologie. Les relations entre les talibans et les zones tribales pakistanaises reposent sur des bases sociales bien mieux ancrées qu’elles ne le sont au Sahel. Le ratio des combattants n’est par ailleurs en rien comparable. A en croire les documents, chaque katiba comprend une trentaine de personnes. En Afghanistan ou au Pakistan, les cellules fédèrent plusieurs milliers de combattants. Le jour où AQMI montrera des vidéos avec des centaines de combattants, on verra. S’ils continuent à recruter en Mauritanie, comme ils réussissent à le faire actuellement, les choses peuvent changer. D’autant que jusqu’à maintenant, l’organisation a échoué à maintenir un foyer de tensions suffisamment actif au Nord, faute de recrues au Maroc et en Tunisie, qui font, jusqu’à preuve du contraire, aussi partie du Maghreb islamique.»
Nombre de messages : 9198 Age : 65 Localisation : paris Points : 6548 Date d'inscription : 08/02/2007
Alger veut le leadership de la lutte anti AQMI
De notre envoyé Spécial à Bamako, Samuel Benshimon
Que signifie réellement la réunion des chefs des services de renseignements des pays bordant le Sahel organisée par le Général Mohammed Médiène « Toufik », chef du DRS la semaine dernière ? S’agit-il réellement d’une tentative de coordonner les efforts des maîtres espions régionaux, que l’on disait peu enclins à coopérer ? Ou bien sommes nous encore une fois en présence d ‘une manœuvre tactique algérienne visant à exclure les américains et leur allié marocain du dispositif, afin de tenter de désolidariser le conflit du Sahara Occidental de la question de la lutte contre AQMI ? La réponse est probablement un savant mélange de tout cela, tant le Maroc, qui n’a pas participé à la réunion, était au centre des débats. Curieux pour un pays, qui, selon Alger, ne « borde pas le sahel », et donc ne doit pas participer à une telle entreprise de coordination.
Cependant, il semblerait que les chefs des services des pays subsahariens aient déploré que le Royaume Chérifien ait été exclu, prenant le contre-pied des thèses algériennes en estimant que le conflit du Sahara Occidental est un « facteur favorisant l’expansion d’AQMI».
S’exprimant sous couvert d’anonymat, un responsable des services de renseignement de la région a estimé que le « Maroc, avec lequel tous les pays sahélo-sahéliens entretiennent de bonnes relations, doit contribuer de part sa bonne connaissance des mécanismes, des ressorts du Salafisme et du Djihadisme, sans compter qu’il rassure les américains, qui tiennent ses responsables sécuritaires en haute estime ».
Il ya donc une équation à plusieurs inconnues ainsi qu’un dilemme à résoudre pour le « sphinx » Mohammed Médiène « Toufik », tout-puissant inamovible patron du renseignement algérien. Alors que la presse internationale bruisse de ses ambitions présidentielles, l’homme fort de l’Algérie ne doit-il pas s’ouvrir un peu vers l’ouest, afin de se positionner comme celui capable d’améliorer les relations avec le Royaume Chérifien ?
En effet, comment faire sans cet allié précieux alors qu’AQMI recrute de plus en plus au sud du sahel, ce qui change la constitution des membres de ses « katibates », ces derniers étant de moins en moins des arabes, et de plus en plus des subsahariens.
Seul le Maroc est en effet à même de pouvoir allumer un contre-feu religieux grâce à l’aura de ses confréries soufies, et notamment celle de Ahmed Al Tidjani, très puissante dans la sous-région.
Dans la lutte contre le terrorisme dans le Sahel, L’Algérie est certainement à la croisée des chemins, alors même que sa situation interne est loin d’être réglée, avec près d’un attentat d’envergure par mois, le dernier en date datant du dimanche 2 octobre, au moment même où Alger lançait une campagne de promotion de sa politique de réconciliation nationale…
Nombre de messages : 9198 Age : 65 Localisation : paris Points : 6548 Date d'inscription : 08/02/2007
FACE AU JEU TROUBLE DU MALI DANS LA RÉGION L’Algérie mobilise ses forces spéciales
07 Octobre
Le dispositif militaire est renforcé au niveau de la frontière sud et prêt à agir si la situation l’exige.
«L’heure est grave.» C’est en ces termes qu’une source sécuritaire chargée du dossier du Sahel s’est exprimée, interpellée hier, par L’Expression sur les derniers développements qui marquent la région du Sahel. Le jeu trouble du Mali qui vient de livrer ses territoires aux étrangers n’a pas laissé les autorités algériennes sans réaction. En effet, selon notre source, l’Algérie qui a souhaité éviter l’intervention des forces étrangères va devoir gérer la situation, selon le contexte qui lui a été imposé, afin de préserver son territoire. Les services de sécurité sont en train de mettre en oeuvre toute une stratégie de prévention au niveau de la bande frontalière. «Le dispositif militaire est renforcé de même que nos forces spéciales sont mobilisées», a confié la même source ajoutant que désormais «on n’a pas droit à l’erreur et aucun élément de la nébuleuse ne doit trouver la faille pour réintégrer le territoire algérien en cas d’occupation militaire occidentale.» La décision du Mali à céder ses territoires à une occupation étrangère est motivée par des raisons sécuritaires. «Les forces étrangères vont aider le Mali à lutter contre le terrorisme», laisse-t-on croire du côté de Bamako. Cependant, cette lutte contre Al Qaîda aurait pu se faire dans un cadre concerté avec les pays de la région. Or, le Mali s’avère opposé à toute collaboration avec l’Algérie, ont confié les mêmes sources. La donne va certainement être à l’avantage d’Al Qaîda de gagner plus d’éléments dans ses rangs, car les tribus touarègues vont sûrement réagir contre la décision de leur gouvernement qui n’a jamais cessé de semer la confusion par ses positions. Cependant, la France, premier pays concerné par ce qui se passe dans cette zone, relativement à ses ressortissants séquestrés par Al Qaîda au nord du Mali, ne compte pas mener des opérations militaires, d’abord pour préserver la vie des cinq Français et surtout pour sauver ses intérêts. Le Mali vient de tout compromettre, ignorant tous les accords qui ont été signés le mois de mars de l’année en cours à Alger. C’est ce même pays qui mettra les bâtons dans les roues lors de la dernière réunion à Tamanrasset, ayant regroupé les chefs d’état-major en refusant l’implication des services de renseignements dans le cadre de la lutte commune contre Al Qaîda au Sahel, prétextant que cette collaboration doit être purement une lutte armée. Que craint le Mali? Que risquent de découvrir les services de renseignements? Beaucoup de stratèges et observateurs ont souligné que le gouvernement malien actuel n’est pas exempt de clans corrompus, qui n’ont pas manqué de tisser des liens de complicité avec Al Qaîda, et la position du Mali ne reflète que le manque de foi de vouloir réellement en finir avec les réseaux terroristes. Le Mali a bien exprimé sa souveraineté en refusant toute collaboration avec l’Algérie, cependant, il a tout ignoré de cet aspect en se soumettant aux Occidentaux. Ceux-ci connaissent peut-être mieux l’intérêt de ce pays pour le préserver d’Al Qaîda qui a fait du Mali un territoire conquis. Assiégé par trois groupes à savoir: celui d’Abou Zeid à l’est, de Yahia Djoudi vers l’ouest et MBM au centre, le Mali, du moins sa population, ne va pas tarder à découvrir le véritable visage d’une organisation sanguinaire.
Nombre de messages : 485 Localisation : المغرب العميق Points : 706 Date d'inscription : 26/04/2010
Pourquoi Alger peine à s’imposer dans le Sahel
A Alger, les sécuritaires pavoisaient. Ils s’apprêtaient à donner la leçon aux autres pays du Sahel lors d’une conférence de presse dans la capitale algérienne.
Peu avant le point de presse, la nouvelle d’un attentat en Kabylie tombe comme un cinglant démenti aux discours sur la sécurisation du nord du pays. A 175 kilomètres à l’est d’Alger, une bombe posée par AQMI décapite un convoi militaire. Bilan lourd : 5 militaires tués et dix autres blessés.
Une manière pour AQMI d’affirmer qu’elle peut porter des coups sanglants aussi bien dans le nord que dans le sud du pays. Lors d’une réunion mercredi dernier des responsables des services de renseignements de l’Algérie, de la Mauritanie, du Niger et du Mali se sont retrouvés pour débattre des derniers développements au Sahel. Malgré une bonne ambiance générale, les délégués du Mali et de la Mauritanie ont senti que les Algériens leur en voulaient. La presse algéroise n’a pas cessé de vilipender les stratégies militaires des deux pays. Selon une source à Nouakchott, les Algériens sont nerveux parce que le Mali voudrait associer la Libye et le Tchad à ces réunions, alors que les Mauritaniens désirent convier les Marocains.
Une perspective qui indispose sérieusement les responsables algériens qui n’acceptent pas l’idée de voir la Libye et le Maroc jouer un plus grand rôle dans le Sahel. Déjà, la présence de la France au Sahel est un poison amer qu’Alger a du avaler. D’ailleurs, la lutte anti-terroriste au Sahel fait l’objet de tiraillements entre les Etats voisins. Le Mali et la Mauritanie soupçonnent l’Algérie de visées hégémoniques dans la conduite des opérations anti-terroristes dans le Sahel et le Sahara.
Pourquoi la stratégie de Bouteflika au Sahel a échouée ?
Mercredi, 08 Septembre 2010 12:33
La stratégie mise au point par Alger en coordination avec six pays du Sahel (Tchad, Niger, Mali, Burkina Faso, Mauritanie, Libye), n’a pas apporté les résultats escomptés.
Non seulement certains pays du voisinage (Mali et Mauritanie) ont entrepris des actions unilatérales sans concertation avec Alger, mais le commandement militaire algérien dans la zone sud, n’aurait pas suivi à la lettre, les grandes lignes de la nouvelle stratégie. Du coup, le président algérien, Abdelaziz Bouteflika s’est résolu à prendre personnellement les choses en mains pour corriger le tir. Il a opéré plusieurs changements à la tête des directions des régions militaires algériennes limitrophes avec la Mauritanie et le Mali. Il a nommé le général El Hadi Boudarsa au poste de commandant adjoint de la troisième région militaire. Le général Moustapha Chaghour a été remplacé par le général Mohand Amzhiyane Si Mohand comme chef d’état-major de la même région, basé dans la wilaya de Bechar. Cette décision s’expliquerait par le fait que cette wilaya se trouve à la limite de la Mauritanie et du Mali, deux pays considérés par Alger comme indisciplinés et en connivence avec le réseau Al Qaeda au Maghreb Islamique (AQMI). Cette indiscipline a faussé les calculs des dirigeants algériens qui veulent imposer leur diktat sur toute la région du Sahel, et en même temps empêcher toute intervention militaire étrangère.
Le vaste mouvement opéré par Bouteflika s’est étendu aussi aux quatrième et cinquième zones militaires. Le chef d’état-major de la cinquième zone basée à Constantine, le général Nouredine Hambely et le Commandant adjoint, le général Mohamed Bergham ont été eux aussi limogés et remplacés par d’autres officiers.
Toujours sur instructions du président Bouteflika, le chef d’état-major de l’armée nationale populaire algérienne a tenu une réunion d’urgence avec les commandants militaires des zones sud en vue d’une meilleure coordination des actions militaires antiterroristes dans les régions limitrophes avec les pays voisins du Sahel. Têtus comme ils le sont, les dirigeants d’Alger ne veulent pas admettre qu’une coordination régionale voire internationale, est inévitable pour contrecarrer les menaces des terroristes.
L’Algérie a protesté énergiquement auprès du gouvernement mauritanien contre les accusations graves portées par son ministre de la Santé à son encontre dont le financement du terrorisme au Sahel.
L’Algérie qui, apparemment, ne compte pas laisser passer cette déviance mauritanienne sans signifier son mécontentement, a exigé des excuses officielles d’un pays qui a laissé ouvrir la boîte de Pandore par deux pays très opposés au leadership algérien dans le Sahel.
L’ambassadeur algérien à Nouakchott a été reçu dimanche dernier pendant près d’une heure par le président mauritanien.
Rappelons que, dans un article paru au début de la semaine dernière dans un journal mauritanien progouvernemental, le ministre mauritanien de la Santé, Cheikh Ould Horma, a lancé de graves accusations à l’encontre de l’Algérie, qualifiant la position de notre pays d’»ambiguë vis-à-vis du terrorisme dans la région du Sahel», avant de s’en prendre à la presse algérienne, accusée d’agir «en porte-parole des terroristes à chaque fois que les forces mauritaniennes mènent des attaques contre leurs camps au Sahara».
Les événements dans la région du Sahel et les différents comptes rendus des rencontres des chefs du renseignement du Mali, du Niger, de la Mauritanie et de l’Algérie rendent inévitable la question de savoir si, dans de telles conditions, la lutte contre AQMI sera menée avec l’efficacité voulue.
«Combien de fois avons-nous transmis des informations précises sur les déplacements et les intentions des groupes terroristes, que ce soit au Mali, en Mauritanie ou au Niger sans qu’ils (les renseignements fournis) soient mis à profit par les forces de sécurité de ces pays. Elles nous ont demandé de les aider à former leurs troupes d’élite et de les doter en matériel militaire et en équipements en adéquation avec la lutte antiterroriste. Aujourd’hui, elles n’ont plus d’excuses à faire valoir pour aller au charbon», avions-nous rapporté de la bouche d’une source algérienne la semaine dernière (voir le Jeune Indépendant de lundi 6 octobre 2010).
Il est utile de souligner que Cheikh Ould Horma était à la tête du Parti de la convergence démocratique (parti non reconnu) en Mauritanie. On aurait tendance à penser que le Maroc, désillusionné par sa marginalisation dans la lutte antiterroriste au Sahel, serait tenté de jouer la carte de Cheikh, soutenu par le makhzen lors du refus d’agréer le PCD par le gouvernement en Mauritanie. S. M.
Nombre de messages : 496 Points : 577 Date d'inscription : 23/01/2010
PROJECTION D'UN FILM SUR LA LUTTE DU PEUPLE SAHRAOUI L'oeuvre suscite émotion et indignation à Londres
LA PROJECTION du courtmétrage intitulé "El problema" (Le problème) jeudi dernier dans une salle à Londres n'est pas passée inaperçue. Cette oeuvre qui retrace de façon poignante le combat du peuple sahraoui pour son autodétermination a particulièrement ému le public présent suscitant également son indignation. Réalisé à l'aide d'une caméra cachée que promenait une équipe de journalistes internationaux, "El problema" lauréat en 2010 du prix d'Amnesty international à San Sebastian et un autre prix à Oslo, montre directement les horreurs et les pratiques courantes, d'une atrocité indescriptible, perpétrées au quotidien par l'armée et la police marocaines à l'encontre des Sahraouis. Une scène montre une manifestation pacifique de citoyens d'El Ayoun brandissant le drapeau de la République Sahraouie, sauvagement réprimée par la police. Les images sont si choquantes avec du sang, des enfants piétinés, des mères traînées au sol et battues à coups de "rangers" au visage, que certaines personnes dans la salle n'ont pu supporter de voir ainsi l'horreur en direct. Le tournage clandestin donne aussi la parole à des anciens détenus qui ont subi la barbarie de l'armée royale. "J'ai passé 25 ans dans les geôles marocaines et je suis sans doute le plus ancien détenu politique d'Afrique après Nelson Mandela", affirme Mohamed Ould Mokhtar, évoquant les tortures qu'il aurait subies au cours de son séjour carcéral."Ce que fait le Maroc sur nos territoires est une violation permanente des Droits de l'Homme", soutient encore Ould Mokhtar faisant un parallèle avec ce que subit le peuple palestinien sous le joug d'Israël. Les témoignages des Sahraouis qui interviennent dans ce film évoquent tous "la complicité de l'Espagne, qui a signé des accords avec le Maroc pour exploiter" les ressources naturelles du Sahara occidental. Ils pointent également un doigt accusateur sur "le silence de la France", le pays, disent-il, "soit disant de la liberté, de l'égalité et de la fraternité et qui oeuvre à ce que les massacres du Sahara occidental soient tus". D'autres citoyens encore s'indignent devant la camera: "Aucun pays au monde ne s'intéresse a nous, à l'exception notoire de l'Algérie qui soutient courageusement une cause juste". "Nous sommes complètement isolés du monde", confirme la célèbre militante Aminatou Haidar assenant que "pour le Maroc, le fait d'être Sahraoui est déjà un délit". Parlant des conditions de détention dans les prisons marocaines où elle était elle-même détenue récemment avant d'être relâchée sous la pression de la société civile internationale, Mme Haider parle de "viols systématiques des femmes et filles sahraouies par les soldats" et d'"arrestations, disparitions, tortures et humiliations au quotidien". Une autre ancienne détenue, Amina, insiste sur les violations des Droits de l'Homme affirmant " qu'il y a des personnes au Sahara occidental qui n'ont pas vu les leurs depuis au moins trente ans", une déclaration publique qui aura particulièrement ému l'assistance. Le film montre aussi la présence des soldats marocains a l'intérieur des écoles sahraouies, et fait un "zoom" sur le visage blême d'un enfant terrorisé par la vue, dans sa classe, d'hommes armés et en uniformes. Sur le plan militaire, "El Problemo" retrace l'historique de la lutte du Front polisario sur le terrain affirmant que la guerre, même si elle n'est pas déclarée, coûte au Maroc 3 millions de dollars par jour. Les questions ont tourné autour du rôle de l'ONU dans cette région, notamment par le biais de la Minurso. "L'ONU est censée faire régner la paix et de relever les cas de violation des Droits de l'Homme, comment ces pratiques de violence barbares sont elles possibles aujourd'hui, c'est-à-dire au 21e siècle?", se sont interrogés des intervenants. R.C.
Nombre de messages : 485 Localisation : المغرب العميق Points : 706 Date d'inscription : 26/04/2010
Al Qaïda au Maghreb un produit algérien
TERRORISME. Le GIA (Groupe islamique armé), qui allait donner naissance à la nébuleuse Al Qaïda au Maghreb était manipulé par le Département de Renseignement et de Sécurité (DRS) algérien, successeur de la Sécurité militaire (SM).
Cette histoire des sept otages –cinq Français, un Togolais et un Malgache– enlevés dans la nuit du 15 au 16 septembre 2010 présente bien des ambiguïtés et des zones d’ombre. D’un côté, le discours convenu des chancelleries avec ses codes conventionnels que seuls les initiés peuvent comprendre, de l’autre, les réalités et les faits tels qu’en eux-mêmes. Tout le monde excelle dans cet exercice, sauf le président du Mali qui, lui, n’a pas hésité à mettre les pieds dans le plat.
Invité d’une émission de TV5-monde dont RFI et Le Monde sont partenaires, Amadou Toumani Touré a tenu à recadrer ce rapt. Le Président Touré a ainsi précisé que le terrorisme «n’est pas un problème malien». Et d’expliquer que «le Mali se considère comme victime et otage».
Distribution des rôles Il a fait état à cet égard des dimensions de la bande sahélo-saharienne, une zone hostile et incontrôlable dont la superficie équivaut à 20 fois celle de la France; de la circulation dans ce désert, à la fois, des trafiquants de cigarettes et de drogue alimentant l’Europe, des passeurs d’émigrés clandestins vers l’Europe et des salafistes qui viennent du Maghreb. «Aucune de ces menaces ne nous est destinée», a-t-il poursuivi. En termes à peine voilés, il a mis en cause l’Algérie, qui refoule pratiquement ses islamistes vers le Sahara malien: «Ceux qui nous accusent n’ont qu’à empêcher les salafistes de venir chez nous. Ces gens-là ne sont pas maliens. Ils sont venus du Maghreb. Nous n’avons rien à voir avec cette histoire. Depuis neuf siècles, notre Islam est ouvert et respectueux de la vie humaine».
Le management de la nuisance Le Président Touré dit donc en termes publics et à haute voix ce que tous les responsables régionaux, européens et américains savent depuis des lustres. Des spécialistes ont ainsi relevé in situ que les forces de l’Armée nationale populaire (ANP) algérienne laissaient volontiers “en paix” des bandes armées campant seulement à quelques lieux de leurs cantonnements dans les confins sahariens frontaliers du Mali et du Niger. Tout paraît se passer comme si une distribution des rôles avait été arrangée, Alger gardant la haute main tant sur l’ordre du jour opérationnel que sur sa dimension.
Comment expliquer cette situation du point de vue du régime de la junte des généraux de ce pays voisin? La mise en perspective historique de cette culture diplomatique encore tellement prégnante donne un éclairage significatif à cet égard. En d’autres termes, Alger continue à pratiquer l’optimisation de ce que l’on pourrait appeler le management de la nuisance.
Il s’agit de monter des opérations devant peser sur les opinions publiques et les dirigeants des pays ciblés pour les conduire à des inflexions allant au-devant des souhaits d’Alger.Sans remonter bien loin, on peut dater plusieurs illustrations de cette politique. A l’égard du Maroc, les faits incriminants sont trop connus pour que l’on s’y attarde, puisque même leurs acteurs les ont reconnus publiquement : l’aide apportée au courant subversif de l’UNFP (Union nationale des Forces populaires) au début des années soixante; la logistique fournie par l’ANP et la gendarmerie algérienne aux groupes marocains impliqués dans les événements de Moulay Bouazza en mars 1973,… Leader autoproclamé C’est aussi dans ce même registre qu’il faut évidemment inscrire la création du Front Polisario en 1973-74, d’abord par Tripoli puis par Alger, qui lui a offert depuis plus de trois décennies et demi le sanctuaire de Tindouf et ce, sur son propre territoire. Sauf à préciser qu’elle a enrobé cette position de l’étiquette avantageuse et vendable du “principe de l’autodétermination”. On peut encore citer, pour ce qui est en particulier de l’Espagne, deux exemples participant de cette même démarche. Ainsi Antonio Cubillo, leader autoproclamé d’un Front de Libération canarien, a été accueilli, encadré et instrumentalisé contre le voisin ibérique. L’ETA basque a également bénéficié, des années durant, sous des formes diverses, d’un traitement de même facture.
Crédo sécuritaire En d’autres termes, de telles pratiques ne sont pas conjoncturelles mais bien consubstantielles à la nature et à la mise en œuvre de la diplomatie algérienne. Depuis les années quatre-vingt-dix, force est de relever qu’elles perdurent même si elles se sont insérées dans une lutte antiterroriste devenue au cœur de la vie politique algérienne et des menaces pesant sur le régime. Il est établi que le GIA (Groupe islamique armé) était infiltré et manipulé par le Département de Renseignement et de Sécurité (DRS), successeur de la Sécurité militaire (SM). Le détournement de l’Airbus A300 d’Air France, le 24 décembre 1994, puis la campagne d’attentats en France (station RER Saint–Michel, TGV Paris-Lyon, ligne C du RER…) témoignent de l’exportation en France du terrorisme algérien. Jean-Louis Bruguière, magistrat responsable des dossiers de lutte antiterroriste, et les services spécialisés du ministère français de l’Intérieur y voient la patte de Djamal Zitouni, alors chef du GIA. C’est ce même individu qui est mis en cause, quelques mois plus tard, dans l’enlèvement et l’assassinat des moines de Tibéhirine.
Il est établi aujourd’hui, à travers les éléments probants recueillis dans tous ces actes, que Djamel Zitouni était un instrument entre les mains du DRS algérien –le dossier instruit par un juge français saisi à ce sujet est plutôt accablant. En organisant tous ces attentats sur le sol français, les généraux d’Alger ont voulu montrer de manière opérationnelle ce qu’ils pouvaient faire contre Paris. Ils entendaient ainsi pousser les autorités françaises à plus de “compréhension” à leur endroit au moment où la guerre civile chez eux avait pris une dimension particulière.
Dans l’espace sahélo-saharien aujourd’hui, c’est donc un “remake” auquel l’on assiste, sauf à préciser que dans l’intervalle est intervenu le 11 septembre 2001. Alger investit le nouveau champ stratégique antiterroriste engagé par les Etats Unis et s’y insère en soulignant qu’elle est confrontée à la même menace depuis une bonne dizaine d’années. Les ambiguïtés de Washington à propos du Front islamique du Salut (FIS) algérien devant être intégré dans le jeu politique sont levées tant il est vrai que le crédo sécuritaire antiterroriste s’impose en priorité. De même, le déficit démocratique du régime des généraux pâtit d’une relégation… Posture antiterroriste Dans notre région, le président Abdelaziz Bouteflika trouve dans ce nouveau créneau de la lutte antiterroriste une opportunité exceptionnelle pour valoriser la place et le rôle de l’Algérie. La création d’un foyer dans l’espace sahélien conduit Alger à renforcer ses liens avec Washington: dialogue avec l’OTAN, coopération militaire, installation d’une base secrète US dans le sud saharien, échange de renseignements… Alger entend rallier à ses vues les pays limitrophes (Mauritanie, Mali, Niger).
Un comité des chefs d’état-major réunissant les quatre pays est créé en 2009. Il a depuis des activités en veilleuse, mais il vient d’être réactivé ces jours-ci même à l’occasion du rapt des sept otages au Niger. Dans tout ce remue-ménage, le Maroc est écarté parce que l’Algérie ne veut pas partager les dividendes de sa posture antiterroriste.
Un passif de légitimité L’investissement fait par les généraux dans ce champ-là sert de substitut au passif patent de leur légitimité politique et démocratique. Ils sont considérés comme des interlocuteurs de premier plan dans la sécurité régionale tant par les Etats-Unis que par l’Europe et la France, ils pèsent de tout leur poids en particulier sur Paris pour la pousser à des concessions et à des compromis sur des questions comme le Sahara marocain ou la normalisation des relations bilatérales, ils entretiennent ainsi un niveau d’intensité suffisant pour faire prévaloir leurs vues, et, au final, ils s’échinent encore à se présenter comme le seul rempart contre le terrorisme islamiste dont le DRS de Tewfik Mediene est un contributeur à géométrie variable suivant les conjonctures et les intérêts en jeu. Le tropisme sécuritaire européen et américain s’arrête au seul champ de la perception d’un risque de “quaïdatisation” de l’espace sahélo-saharien, ce qui fait l’affaire de la junte d’Alger… http://www.maroc-hebdo.press.ma/
Nombre de messages : 9198 Age : 65 Localisation : paris Points : 6548 Date d'inscription : 08/02/2007
La France vise à déstabiliser la politique algérienne au sahel Le politologue Mustapha Saïdj à propos de la réunion du G8 sur le Sahel
Le groupe d'action antiterroriste des pays du G8 (CTAG) tient une réunion à Bamako avec les pays de la région au moment où 5 ressortissants français demeurent encore otages au Mali. Quelle lecture faites-vous de la rencontre, quels en sont les enjeux ?
La tenue d'une réunion du Groupe d'action antiterroriste des pays du G8 (CTAG) à Bamako, alors que 5 ressortissants de nationalités française demeurent toujours otages de l'Aqmi au Mali, est de l'avis du politologue et enseignant à la faculté des sciences politiques d'Alger, Mustapha Saïdj, une sorte de «coup de force» de la France visant à déstabiliser la politique algérienne au Sahel. La politique française au Sahel se base sur le principe de ses intérêts «vitaux». Par intérêts vitaux, je veux dire l'uranium du nord du niger.
La France a essayé d'instrumentaliser le G 8 ainsi que les participants (pays du sahel et autres) à cette rencontre pour relancer la lutte antiterroriste dans le but premier de déstabiliser la politique algérienne au Sahel qui abrite le commandement des états-majors des armées du Mali, du Niger, de l'Algérie et de la Mauritanie à Tamanrasset. D'un autre côté, la France veut affaiblir les Etats du Sahel tels la Mauritanie et le Mali dont elle ne veut pas réellement qu'ils se concertent avec l'Algérie ou engager avec elle des actions de défense commune. En résumé, la France ne cherche qu'à préserver ses intérêts et par là même tuer les efforts diplomatiques et sécuritaires engagés par notre pays en avril dernier. Comment interprétez-vous justement la position de l'Algérie qui a décliné l'invitation de prendre part à cette réunion ?
Le projet de l'Algérie et les résolutions du sommet de Tamanrasset sont basés sur les armées locales des 4 pays (Niger, mali Mauritanie, Algérie). Ce qui signifie le refus de toute intervention étrangère ou autre ingérence dans la gestion du dossier du Sahel. C'est à mon avis la raison principale qui a poussé l'Algérie à décliner l'invitation.
La vision française a sûrement dû jouer également un rôle dans cette position. L'ex-pays colonial veut à tout prix élargir la région du Sahel jusqu'au Maroc, pays stratégique, si j'ose dire, aux yeux de la France dont il défend les intérêts, et qui est d'ailleurs présent à la réunion du CTAG. Pour la France, les Etats du Sahel sont incapables de faire face au terrorisme d'Aqmi.
Ils ont besoin donc de l'intervention des puissances étrangères. La France veut même élargir la région du sahel aux pays où n'active pas Aqmi. Du Maroc jusqu'au Burkina Faso et autres pays avec lesquels elle a établi des alliances stratégiques, c'est-à-dire avec les décideurs et autres présidents. Les objectifs de la France sont clairs. Je le répète. S'imposer dans la région, défendre ses intérêts et déstabiliser l'Algérie.
L'Algérie est l'un des premiers pays à avoir engagé la lutte contre le terrorisme. En gros, quel est votre avis sur la position de l'Algérie sur la question du Sahel ?
Les visions de la France et celle de l'Algérie en matière de lutte antiterroriste sont diamétralement opposées. Alors que notre pays refuse catégoriquement le payement de rançons, qu'il considère comme un mécanisme de financement du terrorisme, la France y voit un fait naturel. La lutte contre El Qaïda au Maghreb islamique ou au Sahel est en fin de compte une sorte d'alibi utilisé par les puissances occidentales pour justifier leur présence dans ces régions dans le but de défendre leurs intérêts vitaux que sont les ressources de ces pays tel l'uranium, le pétrole, l'eau ou encore l'énergie solaire.
Sinon comment expliquer, pour faire le lien avec les otages français, que les travailleurs de sociétés françaises puissantes exploitant l'uranium au nord du Niger soient kidnappé avec une facilité déconcertante ? Si j'analyse l'information sécuritaire avec prudence, il est clair que la France utilise la lutte contre le terrorisme comme moyen de renforcer sa présence dans la région, construire des bases militaires et nouer des alliances militaires avec le Mali et la Mauritanie par exemple pour affaiblir l'Algérie qui est en train de faire du bon travail le long de ses frontières.
Ce qui constitue une menace aux yeux de la France pour ses intérêts. Toute action commune des pays du sahel dans le cadre du commandement de Tamanrasset est considérée comme une menace pour les intérêts des société françaises. Je terminerai par citer Jacques Chirac pour illustrer mes propos : «La politique africaine de la France, c'est Areva, c'est Total.»
Nombre de messages : 9198 Age : 65 Localisation : paris Points : 6548 Date d'inscription : 08/02/2007
Cette fois-ci c’est l’hebdomadaire VSD qui remet le sujet sur le tapis. Avec des détails, des précisions, donc nouvelles révélations. Dans son édition du 7 au 13 octobre 2010, l’hebdomadaire français révèle que les Américains ont installé une base secrète dans le sud algérien, «un centre d’écoutes et d’interceptions de la National Security Agency (NSA), les «grandes oreilles» de l’Oncle Sam. Cette fois, la base ne se trouve pas à Tamanrasset, mais à Illizi, à 2000 km d’Alger. Lire également : Les Américains disposent d’une base militaire dans le sud algérien, selon Le Canard Enchaîné (Vidéo de Marines dans le Sahara) Selon VSD, cette base se trouve non loin de l’oasis d’Iherir, à 200 km de Djanet. «Longtemps mise en doute, écrit le journal, l’existence de cette base est aujourd’hui «avérée par une bonne partie des services européens. A Washington, le Pentagone refuse de confirmer «officiellement» cette information, mais avoue du bout des lèvres qu’un détachement de GI est présent au bureau de la CIA à Tamanrasset. Il a même permis tout récemment au journaliste Jonathan Karl, de la chaîne américain ABC, de filmer le «sergent Mike» à l’entrainement avec ses douze bérets verts –les commandos de l’US Army – au milieu de soldats d’élite algériens dans les environs de Tamanrasset.» L’existence de cette base américaine dans le sud algérien revient cycliquement au devant de l’actualité depuis quatre ou cinq ans, mais Algériens et Américains ont systématiquement botté en touche. L’hebdomadaire Le Canard Enchainé a remis une louche le 22 septembre dernier en affirmant que Washington a installé une base d’écoutes à Tamanrasset dans laquelle travaillent 400 «barbouzes» qui ne contentent pas d’écouter les téléphones cellulaires des terroristes d’Al Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) mais s’intéressent également aux conversations des forces armées algériens et celles du DRS. Qu’y a-t-il de nouveau sur cette base qui n’a pas été déjà écrit? VSD révèle que c’est le président Barack Obama qui a convaincu son homologue algérien de la nécessité d’installer un centre d’écoutes dans le Sahara. Cette sollicitation a été introduite lors de la visite à Alger, le 22 novembre 2009, du général William E. «Kip», Ward, 60 ans, commandant en chef de l’Africom, le commandant des États-Unis pur l’Afrique «Reçu discrètement à la présidence de la République, il convainc Abdelaziz Bouteflika d’ouvrir une base d’écoutes sur le sol algérien. » L’argument du général? Une partie de ces interceptions téléphoniques et des informations recueillies par les radars bénéficiera aux autorités algériennes. Lors d’une conférence de presse tenue le 25 novembre à l’ambassade US à Alger, Ward jure qu’il n’y aura pas de base américaine en Algérie. Ce démenti de la part de Ward a été émis à la demande du président Obama. Mais précise, VSD, les choses n’en sont pas restées là. C’est Abdelmadjid Saheb, commandant de la 4ème région militaire, qui a été chargé de coordonner, côté algérien, l’acheminement du matériel et des équipements de la future base. Mr. Saheb effectuera ainsi quatre voyages aux États-Unis entre novembre 2009 et juillet 2010. Le choix s’est donc porté sur la zone de l’oasis lutherie, située à 200 km de la frontière libyenne et à 120 km d’Illizi. C’est à Illizi que 32 touristes occidentaux avaient été enlevés en 2003 par un groupe terroriste dirigé à l’époque par El Para. Les antennes de la NSA, ajoute l’hebdomadaire, couvrent «une zone allant de Dakar (Sénégal) à Khartoum (Soudan), et d’Alger à Lagos (Nigeria). En toute discrétion, une petite armée secrète capte et intercepte la totalité du flux d’informations électroniques» (téléphones satellitaires, GSM, textos, mels, Twitter) de la région.» VSD affirme encore que la surveillance de ce site a été confiée à une société de gardiennage basée à Pretoria en Afrique du Sud qui «emploie un certain commandant Damink, ancien des services de renseignements sous le régime de l’apartheid, aujourd’hui présenté comme spécialiste des réseaux islamistes dans le monde.» Toutefois, ces deux éléments rapportés par l’hebdomadaire ne sont pas nouveaux. L’existence de cette société de gardiennage ainsi que la présence de ce commandant Damink a déjà été mentionné dès …septembre 2003 par un site spécialisé dans les recherches sur le terrorisme.