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Trois blessés à Nouakchott Attaque contre l'ambassade d'Israël en Mauritanie
par Ali Babès
L'attaque dans la nuit de jeudi à vendredi de l'ambassade d'Israël à Nouakchott par des inconnus qui auraient lancé «Allah Akbar», replace la Mauritanie au devant de l'actualité internationale. Des inconnus, six selon certaines sources, trois selon d'autres, ont tiré plusieurs balles en direction de la représentation diplomatique israélienne, provoquant la stupéfaction des officiels mauritaniens, une réaction violente des Israéliens. «C'est un acte évident de terrorisme qui s'inscrit dans la longue série des attentats qui ont visé nos représentations diplomatiques à l'étranger depuis plusieurs années», selon le porte-parole du ministère israélien des Affaires étrangères Aryeh Mekel, à Jérusalem, qui a souligné «l'importance qu'attache Israël à ses liens avec la Mauritanie».
La Mauritanie est, en fait, le seul pays maghrébin (du moins officiellement) à entretenir des relations diplomatiques avec l'Etat hébreu. Nouakchott avait établi des relations diplomatiques avec Israël en 1999 du temps du président Mouaouiya Ould Taya, renversé en 2005 lors d'un putsch militaire. Cette attaque, qui a fait trois blessés, tous des Français, intervient après l'assassinat dans le Nord de quatre touristes français et l'annulation du rallye Dakar. Mais, plus que les menaces terroristes et l'implantation dans le pays de groupes salafistes, c'est en fait toute l'architecture politique de la Mauritanie, petit état maghrébin qui veut rebondir économiquement avec l'exploitation de ses gisements pétroliers, qui est ainsi ébranlée. D'abord, par son relatif isolement politique en raison de ses relations diplomatiques et économiques avec Israël, ensuite par la montée en puissance de l'opposition au parlement et dans certains cercles politiques quant à cette relation «contre nature» avec l'Etat hébreu. Avec l'Egypte et la Jordanie, Nouakchott est le seul pays maghrébin à avoir franchi la barrière qui a toujours séparé les pays arabes d'Israël depuis sa création à la fin des années 40.
L'attaque de vendredi, même si elle est «symbolique» avec quelques balles tirées plus pour avertir que pour faire «mal», peut être décryptée comme étant un puissant avertissement aux autorités mauritaniennes dès lors qu'elles s'affichent ouvertement avec l'Etat hébreu au moment où la communauté internationale, outre les pays arabes, appelle Israël à cesser ses exactions contre la population palestinienne dans les territoires occupés et lever le blocus contre Ghaza. Une telle attaque contre une représentation israélienne dans un Etat maghrébin ou arabe trouve ainsi pleinement ses raisons autant politiques que djihadistes.
En outre, Israël, avec sa morgue habituelle, n'a fait aucun geste d'apaisement ces dernières semaines, ni proposé de solutions crédibles et durables pour une «paix des braves» qui ouvrirait la voie à l'avènement d'un Etat palestinien avec l'ensemble de ses institutions. Bien au contraire, le massacre au quotidien de la population palestinienne dans les territoires occupés ne peut que constituer un puissant détonateur contre tout ce qui est israélien dans le monde arabe. Nouakchott ne fait pas exception du grondement de la rue arabe. Loin s'en faut. Les observateurs font ainsi remarquer que cette attaque à la kalachnikov contre la représentation diplomatique israélienne intervient au moment où de plus en plus de voix s'élèvent en Mauritanie pour demander la rupture des relations diplomatiques avec Israël. D'ailleurs, le président de l'Assemblée nationale de Mauritanie avait appelé dimanche dernier le gouvernement à «reconsidérer» ses relations diplomatiques avec Israël qu'il a qualifiées de «honteuses».
La sortie du président du parlement mauritanien, la première d'un haut responsable politique, aurait-elle fait «parler la poudre» de tous ceux, en Mauritanie, qui attendaient dans l'ombre pour dénoncer violemment cette relation avec l'Etat hébreu ? Le coup de semonce du président du parlement mauritanien, Messaoud Ould Boulkheir, contre le gouvernement a ainsi pris des contours autrement plus préoccupants pour l'Etat mauritanien, obligé de gérer cette crise de confiance avec les représentants du peuple. En outre, Messaoud Ould Boulkheir appelle ni plus ni moins le gouvernement à revoir, sinon reconsidérer ses relations avec un régime politique qui s'est toujours nourri du sionisme pour s'imposer dans une région qu'il a déstabilisée durablement depuis sa création par les principales puissances coloniales de l'époque au sortir de la Seconde Guerre mondiale.
Pour autant, les autorités mauritaniennes regardent ailleurs: «Il est absolument malheureux et inacceptable que le pays subisse trois attaques majeures en un mois», a déclaré l'ancien ministre mauritanien des Affaires étrangères, Ahmedou Ould Abdallah, aujourd'hui émissaire de l'Onu en Somalie. «Nous sommes un petit pays et nous ne pouvons pas nous permettre ça», a-t-il ajouté en marge du sommet de l'Union africaine ouvert jeudi à Addis-Abeba. Al-Qaïda est pointée du doigt par les experts en terrorisme, son n°2 aurait déjà appelé en février 2007 à une attaque contre cette ambassade. Mais, en Mauritanie où les armes circulent plus ou moins librement dans certaines parties du pays, toutes les options restent crédibles, particulièrement celle qui voudrait mettre dans l'embarras un gouvernement qui s'obstine à maintenir des relations politiques décriées par une partie de la classe politique avec l'Etat hébreu.
Quotidie d'Algerie
par Ali Babès
L'attaque dans la nuit de jeudi à vendredi de l'ambassade d'Israël à Nouakchott par des inconnus qui auraient lancé «Allah Akbar», replace la Mauritanie au devant de l'actualité internationale. Des inconnus, six selon certaines sources, trois selon d'autres, ont tiré plusieurs balles en direction de la représentation diplomatique israélienne, provoquant la stupéfaction des officiels mauritaniens, une réaction violente des Israéliens. «C'est un acte évident de terrorisme qui s'inscrit dans la longue série des attentats qui ont visé nos représentations diplomatiques à l'étranger depuis plusieurs années», selon le porte-parole du ministère israélien des Affaires étrangères Aryeh Mekel, à Jérusalem, qui a souligné «l'importance qu'attache Israël à ses liens avec la Mauritanie». La Mauritanie est, en fait, le seul pays maghrébin (du moins officiellement) à entretenir des relations diplomatiques avec l'Etat hébreu. Nouakchott avait établi des relations diplomatiques avec Israël en 1999 du temps du président Mouaouiya Ould Taya, renversé en 2005 lors d'un putsch militaire. Cette attaque, qui a fait trois blessés, tous des Français, intervient après l'assassinat dans le Nord de quatre touristes français et l'annulation du rallye Dakar. Mais, plus que les menaces terroristes et l'implantation dans le pays de groupes salafistes, c'est en fait toute l'architecture politique de la Mauritanie, petit état maghrébin qui veut rebondir économiquement avec l'exploitation de ses gisements pétroliers, qui est ainsi ébranlée. D'abord, par son relatif isolement politique en raison de ses relations diplomatiques et économiques avec Israël, ensuite par la montée en puissance de l'opposition au parlement et dans certains cercles politiques quant à cette relation «contre nature» avec l'Etat hébreu. Avec l'Egypte et la Jordanie, Nouakchott est le seul pays maghrébin à avoir franchi la barrière qui a toujours séparé les pays arabes d'Israël depuis sa création à la fin des années 40.
L'attaque de vendredi, même si elle est «symbolique» avec quelques balles tirées plus pour avertir que pour faire «mal», peut être décryptée comme étant un puissant avertissement aux autorités mauritaniennes dès lors qu'elles s'affichent ouvertement avec l'Etat hébreu au moment où la communauté internationale, outre les pays arabes, appelle Israël à cesser ses exactions contre la population palestinienne dans les territoires occupés et lever le blocus contre Ghaza. Une telle attaque contre une représentation israélienne dans un Etat maghrébin ou arabe trouve ainsi pleinement ses raisons autant politiques que djihadistes.
En outre, Israël, avec sa morgue habituelle, n'a fait aucun geste d'apaisement ces dernières semaines, ni proposé de solutions crédibles et durables pour une «paix des braves» qui ouvrirait la voie à l'avènement d'un Etat palestinien avec l'ensemble de ses institutions. Bien au contraire, le massacre au quotidien de la population palestinienne dans les territoires occupés ne peut que constituer un puissant détonateur contre tout ce qui est israélien dans le monde arabe. Nouakchott ne fait pas exception du grondement de la rue arabe. Loin s'en faut. Les observateurs font ainsi remarquer que cette attaque à la kalachnikov contre la représentation diplomatique israélienne intervient au moment où de plus en plus de voix s'élèvent en Mauritanie pour demander la rupture des relations diplomatiques avec Israël. D'ailleurs, le président de l'Assemblée nationale de Mauritanie avait appelé dimanche dernier le gouvernement à «reconsidérer» ses relations diplomatiques avec Israël qu'il a qualifiées de «honteuses».
La sortie du président du parlement mauritanien, la première d'un haut responsable politique, aurait-elle fait «parler la poudre» de tous ceux, en Mauritanie, qui attendaient dans l'ombre pour dénoncer violemment cette relation avec l'Etat hébreu ? Le coup de semonce du président du parlement mauritanien, Messaoud Ould Boulkheir, contre le gouvernement a ainsi pris des contours autrement plus préoccupants pour l'Etat mauritanien, obligé de gérer cette crise de confiance avec les représentants du peuple. En outre, Messaoud Ould Boulkheir appelle ni plus ni moins le gouvernement à revoir, sinon reconsidérer ses relations avec un régime politique qui s'est toujours nourri du sionisme pour s'imposer dans une région qu'il a déstabilisée durablement depuis sa création par les principales puissances coloniales de l'époque au sortir de la Seconde Guerre mondiale.
Pour autant, les autorités mauritaniennes regardent ailleurs: «Il est absolument malheureux et inacceptable que le pays subisse trois attaques majeures en un mois», a déclaré l'ancien ministre mauritanien des Affaires étrangères, Ahmedou Ould Abdallah, aujourd'hui émissaire de l'Onu en Somalie. «Nous sommes un petit pays et nous ne pouvons pas nous permettre ça», a-t-il ajouté en marge du sommet de l'Union africaine ouvert jeudi à Addis-Abeba. Al-Qaïda est pointée du doigt par les experts en terrorisme, son n°2 aurait déjà appelé en février 2007 à une attaque contre cette ambassade. Mais, en Mauritanie où les armes circulent plus ou moins librement dans certaines parties du pays, toutes les options restent crédibles, particulièrement celle qui voudrait mettre dans l'embarras un gouvernement qui s'obstine à maintenir des relations politiques décriées par une partie de la classe politique avec l'Etat hébreu.
Quotidie d'Algerie
