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Face à Face! Le Sultan Moulay Abdelrrahmane et l'Emir Abdelkader El Hachimi

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Nous aurons l'occasion de lire sur cette Zaouïa quelques extraits bien documentés du livre de Zaki Moubarek sur les rivalités de prestige entre les deux Charifs.[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]

Photo prise par SNP Abdel



Dernière édition par admin le Mer 29 Sep - 5:48, édité 5 fois

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On ne va pas consulter un Taleb ou un Fkih pour nous déchiffrer cette lettre écrite dans notre langue arabe.

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La lettre en français.

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Mr Zaki Moubarek reçoit sa décoration par Chérif Abbas le ministre des moudjahidines pour ses contributions concernant la guerre de libération algérienne.

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D'autres photos suivent provenant de ce même livre.

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Les cinq historiques du FLN après leurs arrestations.

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Zaki Moubarak : «Le Sahara n’est pas la cause de la crise maroco-algérienne»

Ecrit par ALM - M’Hamed Hamrouch - 25-05-2007


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La crise entre le Maroc et l’Algérie est-elle due au conflit autour du Sahara ? Zaki Moubarak démontre, preuves historiques à l’appui, le contraire. Dans son récent livre «Les origines de la crise dans les relations maroco-algériennes», il explique que bien d’autres facteurs entrent en jeu.
ALM : Pourquoi un livre aujourd’hui sur l’histoire des relations maroco-algériennes ?
Zaki Moubarak : Mon livre se propose d’exposer, d’analyser et de commenter les principaux évènements historiques qui sont à l’origine des différentes crises successives qui provoquaient, à maintes reprises, la rupture de ces relations depuis l’indépendance des deux pays. Or, de telles crises ne devaient pas, naturellement et objectivement, éclater entre les deux pays dont la géographie, l’Histoire, la religion, les langues et le destin communs sont autant de facteurs de solidarité et de coopération à même d’interdire l’éclatement de telles crises qui portèrent largement atteinte aux aspirations profondes des deux peuples. Le contenu de ce livre n’est que le fruit des interventions et communications présentées aux différents colloques, congrès et rencontres culturels qui eurent pour thème : l’histoire des mouvements de libération nationale ou l’histoire de l’indépendance des pays du Maghreb.

Le titre de votre ouvrage laisse entendre que l’affaire du Sahara n’est pas la principale origine de la crise entre les deux pays. Quelles sont les autres ?
Les relations entre le Maroc et l’Algérie étaient tendues bien avant l’éclatement du conflit du Sahara. La méfiance et la suspicion entre Algériens et Marocains ne sont pas innées ; elles trouvent leurs racines et leur prolongement jusqu’aux débuts de la colonisation de l’Algérie par la France en juillet 1830. Les Marocains avaient considéré l’occupation de l’Algérie par la France colonialiste comme un drame historique exigeant du peuple marocain un soutien sans réserve aux mouvements jihadiens qui déclarèrent la lutte armée contre les troupes françaises qui occupent une terre d’Islam et un pays voisin.
Le Sultan Moulay Abderrahman ne pouvait rester insensible aux appels de l’Emir Abdelkader l’Algérien, Chevalier de la Foi, qui proclama le Jihad contre les armées chrétiennes ; comme il ne pouvait rester insensible aux vœux et souhaits des populations marocaines et de la classe consciente du peuple qui manifestèrent à l’Emir Abdelkader une solidarité sans limites.
Le Souverain chérifien lui fournit donc armes, chevaux, subsides et encouragea les tribus du Maroc oriental à soutenir son action jihadienne en s’engageant dans les rangs de son armée. Obligé de poursuivre son combat à partir des frontières marocaines, la France adressa au gouvernement marocain des protestations énergiques exigeant des autorités marocaines de prendre les mesures qui s’imposent pour mettre fin à de tels agissements.
Devant le refus du Maroc, la France déclencha la guerre contre les troupes marocaines et les tribus qui soutenaient la lutte de l’Emir Abdelkader. De cette guerre, le Maroc sortira vaincu et humilié; le pouvoir du Sultan Abderrahman ébranlé, son armée désagrégée. Et face aux populations marocaines, l’image du Sultan est discréditée ; car pour elles, le Sultan et son makhzen furent incapables de défendre ni leurs droits, ni ceux du peuple algérien frère. Cette guerre engagée par le Maroc pour soutenir l’Emir Abdelkader est considérée comme étant l’origine de toutes les crises qui entacheront les relations entre les deux pays.

Qu’en est-il du rôle de la France dans tout cela ?
La défaite de l’armée marocaine va obliger le gouvernement marocain à conclure avec la France deux traités inégaux, car imposés par la force. Le premier est celui de Tanger du 10 septembre 1844 ; le deuxième est celui de Lalla Maghnia le 18 mars 1845. Le premier stipule dans son article 4 que l’Emir Abdelkader est considéré comme un «hors la loi». Le traité de Lalla Maghnia quant à lui oblige le Maroc à accepter une définition imprécise des frontières algéro-marocaines, ce qui allait donner aux colonialistes français un moyen de pression dont ils useraient à tout moment ; comme il leur permet désormais de considérer comme le leur tout territoire non défini avec précision.
Ces traités conclus entre le Maroc et la France furent considérés par l’Emir Abdelkader et bon nombre d’Algériens de l’époque comme une haute trahison historique ayant eu pour conséquence la soumission et la reddition d’Abdelkader, en 1847, au général français Lamoricière. La guerre d’Isly et ses conséquences politiques et économiques furent pour le Maroc un désastre que les Algériens feignent d’ignorer, alors qu’ils sont à l’origine de ce désastre. Les traités conclus avec la France, notamment ceux qui concernent la délimitation des frontières maroco-algériennes, seront à l’origine de la première crise qui éclata entre les deux pays à l’aube de leur indépendance. La guerre des Sables de 1963 ne fut que la conséquence immédiate du traité de Lalla Maghnia de 1845.

De 1956 à 1962 le mouvement de libération algérien mena la lutte pour l’indépendance de son pays. Le soutien du peuple marocain à cette lutte est largement explicité dans votre livre…
Depuis l’indépendance du Maroc, ce dernier a consacré assez d’efforts pour aider le peuple algérien à conquérir son indépendance. Le Maroc alla jusqu’à dire que son indépendance ne serait viable qu’après l’indépendance de l’Algérie. Cette prise de position explique l’aide qui fut accordée à la révolution algérienne sous toutes les formes possibles, à tous les niveaux de la société et aux différents échelons gouvernementaux. À cause de ce soutien manifeste, la ville d’Oujda et ses régions supportèrent durant ces années les représailles des armées françaises et leurs attaques agressives contre les populations. De son côté, le Roi Mohammed V rejeta catégoriquement les propositions françaises tendant à lui restituer les zones marocaines spoliées de Tindouf et Colomb-Béchar annexées à l’Algérie française en 1934, en contrepartie de la cessation de son soutien manifeste à la révolution algérienne.
Mohammed V avait alors préféré s’entendre avec les dirigeants algériens sur le devenir de ces zones que de porter un coup de poignard sur le dos des frères algériens en lutte pour leur indépendance.

Mais, malgré ce soutien, du côté algérien on est allé jusqu’à accuser le Maroc de complicité avec les Français ?
Je dois signaler un événement majeur qui, à mon sens, constitue un point noir dans les rapports maroco-algériens à l’aube de l’indépendance des deux pays. Il s’agit de l’arrestation de Ben Bella et ses compagnons par l’armée française de l’Algérie. Invités du Roi Mohammed V, ils quittèrent Rabat à destination de Tunis pour participer à une réunion qui devait discuter de l’avenir du Maghreb et du devenir de la révolution algérienne. L’arraisonnement de leur avion, de surcroît marocain, fut considéré par Rabat comme une atteinte flagrante à la dignité et au prestige du Roi du Maroc et un acte de piraterie odieux et condamnable. Les protestations marocaines furent énergiques, et les manifestations populaires sanglantes et véhémentes notamment, celles que connut la ville de Meknès. En dépit de ces actes de solidarité, des dirigeants algériens installés au Maroc et au Caire s’étaient permis d’accuser quelques proches du Palais dans cette affaire, rejetant la responsabilité sur le Roi Mohammed V.

Vous avez aussi consacré une grande partie aux conflits frontaliers…
Vint le contentieux frontalier posé par le fameux traité de Lalla Maghnia de 1845. Sur cette question, le Souverain marocain avait décliné les offres que la France lui proposait tendant à lui restituer les zones amputées du territoire marocain et qui furent intégrées à l’Algérie française en contrepartie de cesser toutes formes d’aides à la révolution algérienne.
Le Souverain marocain s’était contenté de signer le 6 juillet 1961, un accord avec Farhat Abass, représentant du Gouvernement provisoire de la république algérienne (G.P.R.A). Dans cet accord, l’Algérie reconnaît l’existence du problème que pose la délimitation des frontières algéro-marocaines imposée arbitrairement par la France. Le gouvernement de l’Algérie indépendante refusa de reconnaître les engagements de cet accord qui, dit-il, n’est ni un document diplomatique, ni un accord international.

Zaki Moubarak, parcours d’un historien
Zaki Moubarak est l’un des illustres historiens marocains. Historien chercheur à l’Institut universitaire de la recherche scientifique de l’Université Mohammed V de Rabat, il compte à son actif quatre livres qui sont une référence en matière d’histoire marocaine : «Le Maroc et la Méditerranée», «Mohammed V : Du compagnon de la libération à l’exilé», «Un Roi, deux républicains» et, last but not least, «Les Origines de la crise dans les relations maroco-algériennes», qu’il vient de publier aux éditions « Bouregreg », à Rabat. Dans ce livre, l’auteur tord le cou à une idée communément admise selon laquelle le conflit au Sahara serait à l’origine de la crise maroco-algérienne. Pour Zaki Moubarak, le contentieux autour du Sahara n’est pas la cause, mais la conséquence d’une histoire de malentendus qui remonterait à l’époque coloniale. Avec la précision de l’horloger, cet historien nous restitue les faits qui ont contribué à la détérioration des relations entre les deux pays voisins. Auteur, Zaki Moubarak a, par ailleurs, été à l’origine de la création de plusieurs revues scientifiques marocaines et étrangères. Parmi ces revues, on peut citer «Maroc-Europe» et «Dossiers de l’histoire du Maroc». Au-delà de l’histoire, Zaki Moubarak possède une connaissance approfondie en matière de littérature et de politique. En plus de ses diplômes d’historien, il a réussi à obtenir un doctorat ès Lettres et un diplôme d’études politiques (Relations internationales, à l’Université d’Aix-en-Provence, France).

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Une autre lecture des faits par le marocain Laroui

Réaction aux propos de Abdellah Laroui à 2M sur les relations maroco-algériennes

ALGÉRIENS, SOUVENEZ-VOUS!


Le soutien conséquent et indéfectible du Maroc au peuple algérien n’a jamais été démenti de 1830 jusqu’à l’indépendance du pays voisin, en 1962, à l’issue de la guerre de libération, déclenchée en 1954. Ce rappel s’avère nécessaire. Pas pour faire valoir un quelconque droit des Marocains, mais tout simplement pour rétablir la vérité.



Par Abdelkader TIMOULE



Le professeur Abdellah Laroui, invité à l'émission Fil al Wajiha de la chaine de TV 2M en juillet dernier a été comme on s'y attendait, égal à lui même, c'est-à-dire, méthodique, précis, ne laissant aucune prise à l'équivoque, en somme un brillant orateur et un analyte hors paire.
A la fin des années soixante, son fameux livre "L'idéologie arabe comtemporaine" a été qualifié par la critique internationale comme un chef-d'œuvre de pénétration et d'objectivité. Au cours de l'émission de 2M, le Professeur A. Laroui a longuement traité des "recettes" idéologiques qui ont fait leurs preuves dans certains pays ayant finalement abouti à un bien être social de la société civile. Pays de stature proche du Maroc,la Thaïlande est citée comme un exemple de réussite.
Les enjeux relèvent des intérêts et non pas de la croyance, affirme l'éminent professeur. Ce qui a fait dire à certains politiciens de sensibilité libérale qu'ils sont ravis de constater le changement radical opéré dans la réflexion du Pr Laroui qui défend à présent le libéralisme.
En d'autres lieux publics beaucoup moins huppés que les cercles chics des libéraux, dans les quartiers populaires, les téléspectateurs attentifs très nombreux à avoir suivi l'émission ont par contre été choqués non par l'analyse sur le libéralisme, sujet qui ne les concerne nullement mais par les propos tenus par M. Laroui pour étayer ses arguments sur la banalisation du passé, invoquant un exemple surprenant et tout autant douloureux, en l'occurence "Que peut-on répondre, s'interroge-t-il, aux Algériens qui demanderaient pourquoi le Maroc n'a pas soutenu l'Emir Abdelkader"?.
C'est comme qui dirait, une question frelatée!
Comme tous les Marocains, ma perplexité sinon mon indignation était à son comble. Comment est ce possible que l'enfant terrible d'Azemmour n'ait pas de parade à opposer à cette insolente question qui nous ramène plus d'un siècle et demi dans le passé, sachant pertinemment que la quasi totalité des maux incurables qui affectent le Maroc ont pour origine essentielle la solidarité agissante des marocains envers l'Algérie au cours de sa colonisation, lors de sa lutte pour son indépendance et après avoir recouvré sa souveraineté, et ça perdure encore.
On est donc forcément interpelé d'y répondre non pas es-qualité mais tout simplement comme pourrait le faire n'importe quel Marocain quelque peu au fait de l'histoire de son pays, celle du Maghreb.
Pour éviter tout éthnocentrisme, on se fonderait volontier, d'abord sur les documents de notre adversaire commun d'alors, les armées françaises conquérantes. Ensuite, sur ceux des chroniques nationales.

Occupation

Les faits : le 29 avril 1827, Pierre Deval consul de France a été quelque peu rudoyé, malmené lors d'une réception officielle à l'occasion de l'Aïd Kebir, par Houcein, Dey d'Alger, lequel offusqué par des propos incorrects du consul, le prend en grippe puis en haine et finalement, le chasse sans ménagement de la Cour. Le différend portait sur l'épineux problème de réglement par la France d'une vieille créance sur la vente à ce pays de céréales par le truchement de deux juifs livournais résidant à Alger, Jacob Bacri et Busnach. A la suite de quoi la France saisissant le prétexte d'humiliation de son représentant, réclama maintes fois réparation à cet affront diplomatique ne serait-ce que par de simples excuses que le Dey estima ne pas devoir. Au contraire il situa l'affaire dans son cadre purement commercial dans lequel il se sentait floué par la France, et il l'était effectivement. Aussi et à défaut d'un heureux arrangement , la France dépêcha sur les côtes Algériennes au mois de juin 1830, une escadre de 100 navires de guerre sous les ordres de l'Amiral Duperré qui débarquent dans la baie de Sidi Fraj, une imposante armée de 38.000 soldats qui après de longues et terribles batailles, occupent Alger la Blanche, le 5 juillet 1830. Cinq jours plus tard, le Dey d'Alger quitte définitivement le pays avec sa famille à bord d'un navire français à destination d'un port italien. Le 11 juillet, ce fut au tour de 2500 janissaires embarqués pour l'Asie. Ainsi, et après 313 années, les Ottomans abandonnèrent la Régence et donc l'administration du pays qu'ils ont gouverné depuis 1517.
Désormais, ce rôle est tenu par le corps expéditionnaire du général le Comte de Bourmont au nom de la France de Charles X.
En fait le Maghreb central (Al Awsat) qui prit le nom d'Algérie, terme consacré par le ministère de la Guerre le 14 Octobre 1839, (elle remplacera "possession française dans le nord de l'Afrique"), était convoité depuis fort longtemps par l'Espagne, l'Angleterre et la Hollande .
La France en particulier dont la rivale dangereuse était toujours l'Angleterre, qui l'a adroitement évincée de l'Egypte après la bataille navale d'Aboukir en 1798 et dans celle du Cap de Trafalgar par l'Amiral Nelson en 1805. L'Empereur Napoléon désireux de prendre sa revanche, songea alors à une nouvelle expédition en Egypte et en Syrie. Entre Gibraltar et Malte, l'escadre française n'a aucun port de relâche, en dehors de la côte européenne, écrit-il le 18 avril 1808 à Decrès, son ministre de la marine, Alger, à quatre jours de Marseille, pourrait devenir un Gibraltar français....", c'est-à-dire un point d'appui pour ses flottes dans sa lutte contre l'Angleterre.
Un officier des renseignements, fut envoyé sur les lieux, il s'agit de l'ingénieur, et chef de bataillon de génie, Yves Boutin qui s'embarque pour Alger en mai 1808 et après trois mois d'habiles et discrètes investigations, dresse un compte rendu rigoureux, remarquable de précisions où il désigne notamment Sidi Ferrouch comme étant un emplacement approprié pour un éventuel débarquement devant servir d'attaque contre Alger. Ce qui fut fait, 22 ans plus tard.

Réaction

Quelle a été alors la réaction du Maroc à la suite de ce débarquement? et quelle a été sa propre situation politique en cette période de sa longue histoire.
A l'Ouest de l'Algérie, le Royaume du Maroc, fier d'une indépendance jalousement gardée, considérait d'un œil méfiant ces déploiements militaires de la France. Commandeur des croyants, le Sultan du Maroc, Moulay Abderrahmane ne pouvait rester longtemps insensible aux exactions chrétiennes le long de sa frontière et aux appels à la guerre sainte des marabouts. Une période funeste commença dans l’histoire du Royaume, lui même objet d'intenses intrigues coloniales, prélude à ses malheurs.
La rupture des relations entre le Maroc et les deux Siciles en 1830 et la guerre en mer contre la puissante Autriche dont la flotte bombarde sans cesse nos villes côtières et avec l'Espagne des conflis qui s'éternisent. Cela ne l'empêcha nullement d'être mobilisé pour apporter son aide à l'Algérie. Outre la solidarité spontanée de la population, des instructions royales recommendaient aux autorités de la ville de Tétouan d’accueillir comme il se doit les refugiés algériens en nombre, qui affluaient au Royaume et de leur procurer des emplois dans l'administration ou dans l'armée. Les Tlemcéniens, voisins des frontières marocaines, avaient demandé au Sultan de se placer sous son autorité pour échapper aux envahisseurs. Le Sultan accéda promptement à leur demande, affecta à Tlemcen son neveu, le prince Moulay Ali, en qualité de Khalifa. Une troupe légère d'un millier d'hommes cavaliers et fantassins sous commandement du caïd Bel Amri, prend la place de Tlemcen. La France, en représailles, exécuta deux Marocains pour le motif fallacieux d'espionnage; il s'agit de Mohamed Beliano et Benkirane ainsi que la saisie de tous leurs biens par le général Boyer, gouverneur militaire de la province d'Oran. Le fossé s'élargit encore.
Cette intense mobilisation du Maroc n'arrange guère les projets de Louis-Philippe nouveau roi de France qui souhaite avoir toute la liberté d'action en Algérie, mais ne tient nullement à voir le conflit s'étendre au Maroc. Pour calmer les appréhensions du Souverain marocain, il dépêcha auprès de S.M. le Sultan une mission extraordinaire, sans négliger pour autant des démonstrations de force telles que faire croiser, bien en vue, des navires de guerre dans la rade de Tanger.
En février 1832, une ambassade française est dépêchée auprès de Moulay Abderrahmane. Elle fut conduite par le Comte de Mornay (le peintre Delacroix en faisant partie).
Le Comte Horace Sébastiani, ministre des Affaires étrangères, souhaitait que le Comte de Mornay présente "avec modération mais fermeté" au Souverain marocain "les justes exigences de la France et le souhait de n'opposer aucune raison à la réclamation de restitution des navires saisis par les corsaires à Tétouan et Larache ainsi que l'évacuation de Tlemcen par les troupes marocaines".
Escortée de Tanger à Meknès par l'Amine des Douanes, Si Taïb Biaz, l'ambassade fut reçue dans la capitale d'abord, par le chef du protocole, Si Mokhtar Jamaï et conduite devant S.M. My Abderrahmane qui accorda l'audience le 22 mars 1832.
Il était impossible au sultan de donner suite à ces doléances.

La France fulmina.

Après le retour de My Ali à Mèknes, l'Emir Abdelkader Ben Mohiedine de Biscra, membre de la puissante Zaouia Kadiria, confrérie très respectée et particulièrement influante au Maroc, sollicita et obtint du Souverain chérifien sa nomination de Khalifa à Tlemcen et lui apporta un soutien constant. Sitôt installé l'Emir affirma son autorité et son jihad contre l'occupant avec lequel il signera une trève en février 1834 (le traité Desmichels). En Janvier 1836 le général Clauzel reconquit Tlemcen pour couper les secours du Maroc à l'Emir. En vain, car nous l'avons dit, l'insurrection de l'Emir Abdelkader contre les Français représentait pour les Marocains une guerre sainte à laquelle le Sultan adhéra avec toutes les forces du Royaume.
Jacques Denis Delaporte, vice-consul de France à Tanger "constatait l'empressement des Marocains à remplir le devoir que leur religion impose de contribuer au succès de la guerre sainte en envoyant gratuitement des chevaux, des bêtes de somme, des bestiaux, des provisions de toutes sortes, cependant que les riches y joignaient des présents en numéraires".

Fetoua

Les Oulémas de Fès reconnurent par une "Fetoua" la vocation de l'Emir, et le Sultan constitua à Fès des stocks que des caravanes acheminaient vers les places algériennes par Taza et Oujda. "Quelle que fût leur situation sociale, écrit Ch. A. Julien, les marocains se sentirent solidaires de la résistance algérienne".
Après une série d'attaques et de victoires de l'Emir contre l'armée française, il fut néanmoins tenu de signer le traité de Tafana le 30 mai 1837 qui reconnaissait la souveraineté de la France sur une partie de l'Algérie. Cela n'empêcha pas l'Emir de mener la guerre jusqu'à 1843 date à laquelle fut prise, par surprise, sa Smala par le Duc d'Aumale. L'Emir sérieusement malmené, sans ressources, se réfugia à Oujda, au Maroc en novembre 1843. Le général Bugeaud commandant en chef des troupes françaises en Algérie demanda l'explusion de l'Emir, ce que le Sultan refusa catégoriquement. Ce fut alors la guerre.
Une harka marocaine dont la cavalerie attaqua les troupes du général Lamoricière près de Sidi-Aziz, le 30 mai 1844 lui faisant subir de sévères pertes, la France réagit violemment d'abord par l'occupation du poste militaire marocain de Lalla Maghnia et une brève intrusion à Oujda et deux mois plus tard par une attaque navale contre les ports marocains, de Tanger et de Mogador avait coûté au Maroc la perte d'une centaine d'hommes, de deux ports d'importance économique hors d'usage et trois vaisseaux des gardes côtes.
En pilonnant ces deux principales places de commerce du Royaume, la France voulait priver ces ports de leurs activités courantes et ruiner ainsi le trésor du Sultan.
Concomitamment à ses agressions navales, l'armée française intervint contre les troupes du makhzen près de l'Oued Isly le 14 août 1844. Dans cette grande bataille le Maroc aligna sous la conduite du Prince Héritier My M'hamed sa fameuse cavalerie et ses fantassins de l'armée chérifienne régulière; laquelle a été considérablement gênée dans ses manœuvres de combats par un nombre impressionnant de volontaires indiscilplinés, accourus de toutes les régions du Maroc pour le jihad.
La valeur militaire et l'extrême bravoure des Marocains au combat, étaient par ailleurs fortement handicapées par leurs armements archaiques d'une infériorité pitoyable ne pouvaient grand chose face aux nouvelles armes, fusils-mitrailleurs à cadence rapide nouvellement inventés et à la puissance de feu des canons modernes qui équipaient l'armée française. Ce fut réellement l'artillerie dévastatrice contre des armes blanches.
L'armée marocaine se replia en direction de Taza, elle venait de perdre la 1ère guerre de son histoire, ainsi que son prestige d'invincibilité militaire et marine, sacrifiant dans cette bataille, 800 morts (chouhadas) tombés au champ d'honneur et autant de blessés.
Malgré cette retentissante défaite militaire aussi sanglante que ruineuse, qui marquera le déclin du Maroc, cependant que les Marocains ne lâchaient pas prise et continueront sans trève de harceler l'ennemi. Et pendant que l'Emir avec l'aide du Maroc, réorganise ses troupes à Oujda, les volontaires marocains de Beni Snassen maintiendraient le harcèlement des attaques meurtrières sous la conduite de l'un d'eux, Si Mohamed Ben Abdellah dit Boumaaza, qui fomentera par ailleurs avec succès le soulèvement généralisé de Dahra d'Oran en 1845.
La même année, le Maréchal Bugeaud écrit "un an après la signature des préréliminaires de paix avec le Maroc, aucune des clauses n'a été respectée, les incursions des cavaliers marocains mêlés à ceux de l'Emir, sur nos "territoires" continuent. La reconstitution de l'armée d'Abdelkader se poursuit, bien à l'abri derrière la frontière, il prépare un retour, c'est évident, et le Maroc le laisse faire".
En 1847, après 17 années de guerre, le Maroc est sérieusement essoufflé, situation aggravée par de longues périodes de sécheresse et les ravages du choléra, cumuls d'aléas de désolation et de détresse, dont voulurent se prévaloir certains agitateurs à la solde des coloniaux pour pousser, en vain, le Rif à la sédition.
Cette félonie surprend tragiquement le makhzen dès lors acculé à prendre des dispositions d'urgence dont le bouclage des frontières pour adopter une nouvelle stratégie du jihad. A cette date, l'Emir Abdelkader, très affaibli par les multiples défections de ses partisans, ne pouvait plus rien contre l'envahisseur.
Le Maroc, par ce bloquage a évité ainsi aux moujahidine musulmans des deux côtés de la frontière, une effusion de sang inutile. En décembre de la même année, l'Emir fait négocier secrétement par deux de ses proches l'Aman avec le général Lamoricière et le jour suivant, 24 décembre avec le peu de monde de ses fidèles qui lui restait, quitta le Maroc pour se rendre à Al Ghazaouat où l'attendait le duc d'Aumale et mettre fin à son jihad.
Placé en résidence surveillée pendant quatre ans en France, l'Emir fut libéré par Napoleon III, visita plusieurs villes de la métropole avant de rejoindre Damas et résidera le restant de sa vie en Syrie. Le Maroc quant à lui, continuera à subir sur son propre sol et tout au long du XIXème siècle, les affres d'une guerre interminable souvent sanglante et toujours inhumaine.
L'Espagne, ulcérée par les succès des colonisations accomplies par la France, s'est jetée sur les Jaâfarine, îlots marocains en Méditerranée qu'elle occupa en mai 1848. Et pour noyer sa déconfiture politique interne, provoque la guerre de Tétouan en 1859-1860 ce qui imposa au Maroc de nouvelles et lourdes pertes humaines en sus de l'indemnité de guerre qui aggrava encore plus sa désastreuse économie.
L'Espagne aux aguets note avec intérêt les crises du Makhzen, provoquées par les intrigues des Anglais, des Allemands, des Français, et des Italiens, en profite encore une fois, après la conférence de Madrid de 1880, sur les capitulations,qui préoccupent gravement le Maroc, pour occuper une partie du littoral du Sahara marocain (dit occidental) par une troupe conduite par le Colonel Emilio Bonnelie qui débarque à Dakhla en 1884.
Son hégémonisme ne fut stoppé que par le grand sultan Moulay Hassan 1er, mais à son décès en 1890, et la mort du Régent, Ben Moussa dit Ba Ahmad en 1900, les manœuvres coloniales reprennent de plus belle sur le Maroc, la France en premier, occupa et intégra d'immenses terres marocaines dans son département de "l'Algérie française" entre 1902 et 1904.
Il s'agit outre Lalla Maghnia et le Sahara central touchant la frontière du Mali, le Touat, Tidikelt, la Saoura, Béchar, Jorf Torba, Abbadia, Métarfa, Hassi Regel, N'khaila, El Hamira, Kenadsa, Sahela, Merkala, Timimoun etc, et chaque fois après de sanglantes batailles qui décimèrent des tribus marocaines entières.
L'Espagne, toujours elle, humiliée par ses déboires dans le continent américain, aux Caraïbes, à Cuba et ses revers militaires aux Phillipines, encouragée par les Anglais, s'est surpassée en intrigues à travers ses "Maroquistas" lors de la Conférence Internationale tenue à Algésiras en 1906 sur le Maroc, devant aboutir au traité de Fès, instituant le régime du protectorat français le 30 mars 1912, et le sous protectorat espagnol sur le nord du Maroc (Tanger exclue) en octobre de la même année.
S'en est vuivi une féroce résistance des tribus marocaines jusqu'à 1936 et au cours de laquelle le Maroc a perdu plus de 200.000 de ses nationaux sur une population ne dépassant pas les 5.000.000 d'habitants. Chiffres qui donnent le vertige et imposent un profond respect à la mémoire de tous ces martyrs et leurs chefs de jihad, qui se sont sacrifiés pour préserver la dignité du Royaume, du Maghreb.

Sacrifices

L'histoire est là présente, inusable pour rafraîchir les mémoires défaillantes de ceux d'entre eux, d'entre elles, ou parmi nous qui auraient oublié ou font semblant d'ignorer les inquantifiables sacrifices consentis courageusement, généreusement par les marocains pour venir en aide aux frères algériens depuis 1830 en passant par leur noble guerre de libération de 1954 à 1962.
Et comme si notre récente et douloureuse cession de Tindouf à son profit ne suffisait pas, non plus, l'Algérie officielle adopte un comportement bizarre, de mentalité belliqueuse et ingrate.
Elle est depuis son indépendance frustrée par son incapacité à gérer un pays pourtant riche en potentialités humaines, et financières, malheureusement constamment consacré, mobilisé au service du mal, pour nuire.
Elle se démène surnoisement, tente vainement, désespérément, de destabiliser le Maroc dans ses provinces sahariennes de Sakia Al Hamra à Ouedi Eddahab, attisant le feu d'un conflit que rien ne peut justifier et qu'elle a échafaudé sur une fiction et dont le résultat est un gachis innommable, des victimes, toutes marocaines qu'il s'agisse de civils, de membres des Forces Armées Royales ou d'égarés du "Polisario".
Les Marocains seigneurs de guerre certes, demeurent cependant, une nation foncièrement pacifique, un peuple militant qui n'entend plus se laisser déposseder au nom d'une quelconque solidarité, de la moindre portion du territoire de sa patrie .
Laborieux et braves comme il n'est plus possible de l'être, spécificités qui n'autorisent nul regret et quoi que ça leur a coûté, sens du devoir oblige, les Marocains, leurs Souvrains en tête, se sont acquittés avec ferveur, honorablement, en conformité avec la morale de l'Islam et l'esprit patriotique de sacrifice, de leurs obligations fraternelles, envers le peuple frère algérien et sans le moindre
doute, ont toujours fait, absolument ce qu'il fallait faire.


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De l'émir Abdelkader à l'imam Chamyl: le héros des Tchétchènes et du Caucase.



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