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Que s’est-il passé dans la nuit du 19 avril 1980 ?

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admin"SNP1975"

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Que s’est-il passé dans la nuit du 19 avril 1980 ?



De la misère de l’analyse ou de l’analyse misérable (?)

Le livre Avril 80, orchestré par Arezki Aït Larbi et publié à l’occasion du 30e anniversaire du Printemps berbère, suscite encore des réactions de personnes ayant participé au mouvement dans tous les sens du terme, car même les gens du sérail et responsables de la sûreté ont eu leurs échanges acerbes sur l’origine de la répression. Le mérite de l’ouvrage est d’avoir réuni un panel d’acteurs ayant des angles de vision différents : étudiants, enseignants, et même des gens du pouvoir.

On trouve dans l’ouvrage un texte de Aziz Tari, figure emblématique du mouvement. Celui-ci affirme, entre autres, que Hend Sadi s’est soustrait de l’université le 19 avril pour se réfugier à Paris. Récemment, soit six mois après la parution du livre une Tribune, signé par le concerné et deux autres anciens militants de la mouvance berbérophile, met férocément en cause la personne de Tari. Choqué par la violence de l’agression – car c’en est une - je décide de prendre ma plume et de donner des éclaircissements sans complaisance.

Par Gérard Lamari
Un peu de rétrospective
Décidément, le serpent de mer n’en finit pas de gesticuler tant demeure encore convoitée l’appartenance du mouvement massif, contestataire, généreux et quasi libertaire de 1980. L’épithète peut interpeller, mais je l’assume… Il est variablement admis que le Printemps berbère, débordant de l’université pour s’étendre à toute la Kabylie, se trouve de plus en plus emprisonné par quelques acteurs d’alors. Il est donc temps de remonter le réveil et le temps. Je n’avais nullement l’intention de mettre les pieds dans le plat sur cette question tant elle paraît aujourd’hui anachronique. Fortuite en tout cas sur le «qui-fut-qui ?» ou le «qui-fit-quoi ?». Ces questions de second ordre ont été depuis bien longtemps évacuées puis ensevelies par la masse de soucis que traverse la Kabylie depuis plusieurs années. Il n’en demeure pas moins que ledit mouvement reste un acte fondateur, mais figé dans son passé. Les uns s’y agrippent mais sans s’ouvrir sur des perspectives méritées, d’autres s’y greffent et se lancent dans la fuite en avant et la surenchère. Il serait peut-être temps pour les animateurs du mouvement de 1980 d’écrire cette page sereinement et sans se cramponner à leurs chapelles respectives, ni à leurs egos. Je rappelle que l’un des points de la plateforme d’Avril 80 était «l’écriture objective de l’Histoire». Je note que nous avons nous-mêmes peine à accoucher de ce que nous exigions du pouvoir. Forcément, car la donne principale reste immuable, intangible : nous sommes dans l’impasse depuis trente ans ! Les crises successives subies (les MCB, arouch, …) n’en sont que l’illustration visible. Assurément, le mouvement kabyle peine à trouver sa maturité et à se transcender. Pourquoi ? Telle est la vraie question que nous devons nous poser ensemble. Les réponses sont à mon avis liées à notre erreur persistante dans l’analyse que nous faisions du pouvoir : nous considérions que quelques marches suffiraient à faire valoir nos revendications. Les fins de non-recevoir successives ont immanquablement mené les nôtres à s’estropier régulièrement (conflits MCB1-MCB2, FFS-RCDextrême- gauche, arouch-MAK…). La conséquence en est que la Kabylie erre depuis bientôt 10 ans dans la désespérance morale, faute d’élite responsable ! Ma démarche n’est surtout pas de régler des comptes. Elle s’inscrit seulement dans la clarification. Je ne souhaite donc nullement rajouter une couche au feuilleton du rentre-dedans. Pour ma part, et je l’ai déjà précisé à maintes reprises, j’estime avoir eu mon amas de désillusions et mon lot de déconvenues. A l’évidence, il n’est pas toujours aisé à la génération «Y» issue de l’après 1980, de suivre tous les tenants car ils n’ont jamais été consignés quelque part. Ce reproche, important et légitime, que les jeunes peuvent nous faire doit nous interpeller. Même lettrés, la culture orale a dû laisser quelque part son emprunte en nous. Mais revenons un peu aux origines…
Automne 1979 : ténèbres et lumière
Le centre universitaire de Tizi-Ouzou a ouvert ses portes en septembre 1977. Pour la petite histoire, j’étais le 4 einscrit des annales. J’ai donc vécu l’histoire première du Cuto, et ce, jusqu’en juin 1983. En octobre 1983, je pars à Toulouse en vue de préparer ma thèse de mathématiques. J’ai, avec Aziz Tari et Djamel Zenati, parcouru le chemin qui mène de la prise de conscience de l’oppression à l’explosion de 1980. Il y a aussi beaucoup à dire sur les événements de mai 1981, mais je remets à plus tard la narration et l’analyse de cet épisode qui est occulté par l’historiographie partisane (…). Revenons aux années 1978- 79. Dès le début, la mainmise de l’UNJA était oppressante. Du haut de nos 20 ans, nous nous sommes attelés à nous prendre en main hors de toute tutelle. Assez rapidement, nous commencions à être visibles et à être repérés comme de futurs éléments subversifs. Le terme en vogue était «réactionnaires »... C’est que nous osions déjà contester le maillage structurel établi. En 78-79, un nouveau Mouhafed (représentant du FLN), nommé Bourezem, était installé à Tizi. Son rôle était de remettre sur le droit chemin les brebis galeuses et museler les «gauchards» de tout poil. Un vrai dictateur local ! En bon baâthiste, Bourezem nous a mené la vie dure, mais ses coups de boutoir répétés ont fini par nous aguerrir petit à petit. Je me rappelle que les UNJA-volontaires- progressistes d’Alger en avaient une trouille bleue. Il ne s’exprimait qu’en arabe koraïchite. Le wali francophone de l’époque (Sidi Saïd) semblait vouloir composer avec ce nouveau maître. Voilà à quoi nous étions confrontés en 1978-79. A cette époque, point de FFS, point de PRS, point de PAGS. Livrés à nous-mêmes, nous nous construisîmes seuls. Pour affranchir l’université du diktat du pouvoir, Tari Aziz, Aït Ouakli Rachid, Djamel Zenati, Rachid Bouchenna, Mourad Allam, moi-même et bien d’autres organisâmes une dure grève, la troisième depuis l’ouverture du Cuto, qui s’allongea sur une durée de près d’un mois (du 17 octobre au 13 novembre 1979). Berbéristes, gauchistes avec le couteau entre les dents, Bougiotes et téméraires sans lendemain ont été les différents portraits qui ont été esquissés de nous. Rien n’y fait car l’immense majorité des étudiants était en symbiose avec notre groupe. La grève déboucha sur la création du premier comité autonome qu’ait connu l’Algérie post-coloniale. Concernant l’histoire de ce mouvement annonciateur de 80, on peut se référer au journal du défunt Rachid Chaker, frère de Salem. L’écrit relate la grève au jour le jour et a été édité en décembre 1979 par El-Jarida, organe du PRS. L’auteur produira un autre écrit sur le déroulement de l’occupation d’Avril 80. Vers la fin de ce conflit, une jonction avec quelques enseignants commençait à poindre. C’est à ce moment-là que nous fîmes connaissance avec Hend Sadi, Ramdane Achab, Bouguermouh et d’autres qui arrivaient fraîchement de Paris en tant qu’enseignants. Le cercle étudiant qui menait cette lutte frontale était déjà exposé à des arrestations éventuelles, particulièrement Aziz Tari. Aussi je reste coi lorsque les auteurs de la diatribe affirment que ce dernier était affilié à l’UNJA-PAGS. J’affirme pour ma part qu’au contraire, Aziz fut toujours virulent à l’encontre des organisations réformistes. D’ailleurs, il n’y avait pas de PAGS à Tizi. Aujourd’hui, Hend s’en prend au PAGS défunt. Partenaire devenu si encombrant car allié historique de sa formation politique ? Le manque de culture idéologique engendre manifestement des confusions entre révolutionnaires, réformistes, gauchistes, Mao, Anars, et autres pablistes ou lambertistes… Les luttes incessantes et toujours plus importantes nous amenèrent graduellement à prendre de plus en plus de risques. A titre d’exemple, Tari (encore…) fut très tôt menacé conjointement par les autorités et par les intégristes naissants. En définitive, notre acharnement s’avéra payant car dès décembre 1979, nous fûmes reconnus officiellement comme les représentants autonomes et légitimes des étudiants de Tizi-Ouzou. Une première dans l’Algérie post-coloniale ! Comptant mettre à profit notre nouveau «statut», nous prévîmes d’ouvrir la porte de l’université aux écrivains, hommes de théâtre et autres chanteurs libres et subversifs tels que Kateb Yacine, Imazighen Imula, ... C’est ainsi que Hend Sadi vint nous voir pour nous demander s’il nous était possible d’inviter M. Mammeri à une conférence sur son dernier recueil Poèmes kabyles anciens. Contrairement à l’affirmation erronée des auteurs, il n’y eut aucune réunion pour statuer sur la venue de Mouloud Mammeri. Nous avions même accepté spontanément et avec enthousiasme ! A vrai dire, une telle intervention était une aubaine car elle s’inscrivait pleinement dans notre démarche. La conférence était prévue pour le 10 mars 1980.



Dernière édition par admin le Mar 12 Oct - 1:35, édité 1 fois

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admin"SNP1975"

admin
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Sur Avril 1980 ou la règle des trois tiers

Je reviens aux allégations portées à l’encontre de Tari par Sadi- Achab-Aknine. Les assertions émises dans ce papier ne peuvent rester sous silence tant le nombre de mensonges au centimètre carré mérite de figurer dans le dernier Guinness des records. La prose est tellement truffée de contre-vérités qu’il faudrait un mémento pour répondre à tout. Egrenons, cependant, quelques points saillants : - La toute première marche (11 mars 1980) : Je cite : «Aziz Tari se plaît à se présenter comme l’alpha et l’oméga du mouvement en s’attribuant, en particulier, trente ans après, le mérite d’être à l’origine de la première manifestation du 11 mars 1980 (des témoignages déjà publiés, dont certains remontent à vingt ans, contredisent cette affirmation). » Rien ne gêne plus les auteurs qui ne reculent même pas devant la chose connue et admise de tous : l’origine factuelle du mouvement. Je réitère que Aziz Tari est bel et bien à l’origine de la toute première manifestation publique du 11 mars. Le témoignage qu’il a apporté dans Avril 80 est authentique car j’y étais. Je me souviens que nous étions désemparés suite à l’interdiction de la conférence. Nous rencontrâmes bien M. Mammeri au niveau du standard de Oued-Aïssi. Il nous confirma que le wali lui signifia qu’il était une persona non grata à Tizi-Ouzou. La justification qui lui fut avancée est désarmante et digne des apparatchiks du début du siècle : nous voulions l’utiliser pour poursuivre des objectifs anti-révolutionnaires et occultes. (Sic !) Je rappelle qu’à l’époque, nous étions catalogués comme «néfastes et voulant nuire à la révolution». Il s’ensuivit alors le sempiternel «que faire ?». Avec Tari et Taleb Mohammed (étudiant en physique à ce moment-là, puis ayant abandonné le militantisme suite à la répression du 20 Avril), nous nous réunîmes en aparté pour envisager la suite. Pour nous trois, il fallait réagir. Mais comment ? Après un long moment de silence, je pris la parole pour expliquer à mes camarades que nous avions en face de nous une machine qui pourrait nous broyer et qu’il fallait nous limiter à marquer notre désapprobation sur l’interdiction de la conférence : organiser une grève comme initiative basse ou à la limite un sit-in devant la Wilaya comme initiative haute. Pour moi, il fallait simplement sauver l’honneur. Pour Aziz, c’était l’occasion de bondir vers une révolte à ciel ouvert. Ses arguments finirent rapidement par nous convaincre et l’Histoire lui donna raison. La manifestation fut préparée le soir même dans l’amphi de Oued-Aïssi avec l’ensemble des étudiants de sciences exactes. Les dernières banderoles furent peintes au petit matin. Les supports étaient nos draps ficelés à des bâtons de fortune. Le lendemain, à 8 heures du matin, nous étions tous à Hasnaoua pour faire converger les étudiants des sciences sociales vers le restaurant universitaire. L’objectif était de tenir une AG pour faire passer le message de la manifestation. La réunion fut finalement une AG-éclair car il n’y eut que deux interventions pour convaincre les étudiants de la nécessité d’une marche : la mienne d’abord, celle de Aziz ensuite. Contrairement à ce qu’a écrit Aziz (le seul bémol pour moi), Hend n’est pas intervenu ce jour-là. Il sera un simple marcheur. Etant donné que les agresseurs ont visionné au peigne fin la contribution de Aziz, ils auraient pu, tant qu’à faire, ajouter la rectification. Je rappelle que, jusqu’au 7 avril, l’affaire ne relevait que des étudiants seuls. Bien entendu, cela n’enlève rien au rôle très actif qu’ont joué, par la suite, les non-étudiants et la population de manière générale. - La revue Tafsut (1982 si ma mémoire est bonne) : Au départ, nous avions le journal Tilelli dont la ligne éditoriale était de gauche. Ce canard était alimenté essentiellement par des articles provenant de l’enceinte universitaire, des étudiants notamment. Les plumes manquaient et la parution venait tant bien que mal. Des amis ont tenté d’amener Kateb Yacine à la rescousse mais la mayonnaise n’a pas pris. L’autre groupe du mouvement (FFS pour schématiser) a voulu initier un autre périodique plus orienté «démocrate». Cette «loge», qui ne se sentait pas bien dans Tilelli, a voulu lancer un autre canard : la revue Tafsut. Ce courant politique n’avait pas de moyens de reprographie à l’université. Les «gauchistes- staliniens» que nous étions leur laissâmes tout le matériel de Oued-Aïssi (local, dactylo, ronéo). Au passage, c’est grâce à notre geste qu’Arab Aknine apprit à taper à la dactylo, seul rôle qu’il n’ait jamais joué avec la distribution de tracts. Chacun selon ses capacités… Pour résumer, l’initiative s’avéra heureuse car Tafsut produira quelques publications intéressantes sur la langue. La revue divulguera même, à notre étonnement, la déclaration de la grève de la faim que nous entamâmes quelques mois plus tard à la prison de Bougie. - La manif du 7 avril 1980 : Jusqu’à cette date, deux manifestations étaient à l’actif des étudiants : les 11 et 26 mars. La seconde était organisée par nos soins pour, notamment, alerter l’opinion sur les arrestations de Chemime Mokrane et de Abboute Arezki. Nous n’avions pas encore assez de poids pour exiger leur libération. Plus tard, nous les retrouverons comme codétenus à la prison de Berrouaghia. Vers le 5-6 avril, une rumeur circula quant à une nouvelle manifestation initiée cette fois-ci par des hommes de culture (l’écrivain Kateb Yacine, le peintre M'Hamed Issiakhem,…). Elle était prévue dans la capitale pour le 7 avril. En réalité, elle était une initiative non avouée du FFS. Bref, quelquesunes de ses figures vinrent nous en informer seulement la veille, soit le 6 en début d’après-midi. Nous sentions confusément qu’une telle précipitation (pas de tracts, pas d’affiches, pas d’information) ne pouvait drainer du monde. Avec Tari, décidément, nous organisâmes dans l’urgence une AG à Hasnaoua pour rejoindre la manifestation le plus massivement possible. Elle était prévue pour le lendemain à 10 heures à la place du 1er- Mai à Alger. En parallèle, les étudiants d’Alger, qui ont eu la même information (le comité de Ben Aknoun en fait), ont décidé de participer seulement à titre individuel (voir le témoignage de Arezki Aït Larbi). Pour ce qui nous concernait à Tizi, nous considérions qu’il fallait y participer. Je reviens à nos trois impertinents lascars et cite : «C’est la raison pour laquelle il [Aziz Tari] a été tenu soigneusement à l’écart de toutes les initiatives qui ont fait le Printemps 1980, en particulier la préparation de la marche du 7 avril 1980 à Alger (à laquelle il a participé comme marcheur).» Parmi toutes les marches de 80, celle du 7 avril fut la plus incertaine tant elle fut mal préparée. Pour nous, comme je l’ai relaté plus haut, désenclaver la Kabylie et porter les revendications sur la place d’Alger pouvaient amener à l’accélération de l’avènement de nos espoirs. Dès la fin de l’AG de la veille, à la tombée de la nuit, nous partîmes incognito pour Alger avec armes et bagages (banderoles, tracts et le texte de Mammeri répondant à Kamel Belkacem). Le taxieur Brahim (décédé depuis suite à un ulcère) nous amena chez le frère de Aziz à Télemly. C’était notre QG d’Alger en quelque sorte. Le lendemain, avant de rejoindre la marche, nous inondâmes la Faculté centrale de notre prose. Ces faits provoqueront plus tard l’arrestation de toute la famille Tari. Quand je lis qu’il n’a été que marcheur, je reste pantois. Car c’est à l’évidence la personne qui a le plus payé de cette journée bénéfique. Au matin du 7 avril, une grande partie du convoi des étudiants de Tizi, qui devaient rejoindre la place par le train, fut bloquée à Ménerville. La nuit du 19 avril :

Je cite encore «…Hend Sadi n’a quitté la réunion qu’à la fin de celle-ci, après le vote qui s’est conclu en faveur de la poursuite de l’occupation du centre universitaire, à une très courte majorité.» C’est le point d’orgue de la polémique qui oppose Aziz à Hend. Elle sera difficile à résorber tant que ressurgira le leitmotiv central : où est l’authenticité, où est l’usurpation ? Le repère du 19 avril est crucial car il met en exergue beaucoup de non-dits, de non-écrits surtout. C’est de cette faille qu’ont germé les appropriations frauduleuses de ce mouvement généreux (…). Quelques brefs rappels pour la pédagogie : (1) Le comité AR (anti-répression) est mis en place suite à la répression du 7 avril. Il était composé d’une quarantaine de personnes et son rôle était d’éclairer le mouvement. Il était constitué majoritairement d’enseignants affiliés au FFS ou au PRS, et de seulement quatre étudiants inorganisés politiquement. (2) Ce comité AR n’a jamais procédé à un quelconque vote. Les décisions étaient prises suite à un débat suivi d’un consensus. A défaut, c’était l’AG du lendemain qui tranchait. (3) Le deuxième point donnait aux quatre étudiants un certain pouvoir de «veto» car les AG étaient toujours en leur faveur. Crevons l’abcès d’une soirée qui mériterait un livre. L’université était occupée depuis 13 jours. Une ère de liberté y régnait. Le comité anti-répression (AR) se retrouvait tous les soirs pour faire le point et envisager le lendemain. Tout se faisait au jour le jour. L’AR qui représentait la communauté universitaire – et non plus les seuls étudiants – était composé de trois collèges théoriques : enseignants, étudiants, travailleurs. Dans la réalité, les enseignants étaient ultramajoritaires (nous n’avions pas mis de quotas en place). Ces derniers étaient pour la plupart affiliés et les esprits libres étaient rares. Nous n’étions qu’une poignée d’étudiants dans cette galère : Aït Ouakli, Zenati, Tari et moi-même. Mais lorsque nous devions prendre une décision importante, nous avions un poids considérable car nous menacions de faire appel à l’AG qui nous suivait toujours. Comme d’habitude, nous nous retrouvâmes dans la soirée du 19. Franchement, je ne me souviens pas de la présence de Hend. Ou alors, elle ne m’a pas marqué. Sa présence ou son absence n’aurait aucunement changé le cours des choses. Je ne vois pas pourquoi il fait aujourd’hui un caca nerveux sur ce point (…). La chose qui m’a marqué et outré est bien l’effort qu’ont fait les militants du FFS et PRS pour nous faire stopper le mouvement dès le lendemain. Et sans contre-partie. Visiblement, il y eut des négociations derrière notre dos. Nous fûmes intraitables, et la réunion se termina vers trois heures du matin en queue de poisson. En vain, le wali a attendu toute la nuit notre «reddition». Nous avions in fine décidé de trancher le lendemain en AG. Le matin du 20 avril, les trois glorieuses commençaient… - Avant de finir, un petit clin d’œil à mon camarade Hakem… Que je cite à son tour : «Sous la brume épaisse, Aziz Tari et Idriss Lamari, comme ils l’avaient fait quasiment durant tout le mouvement, s’étaient rendus dans la chambre du bâtiment G qui m’était attribuée en tant qu’enseignant» Pour rebondir face au fatras FFS, nous nous sommes effectivement retrouvés une fois, peut-être deux avec Aziz, pour rédiger, à des heures indues, la plateforme de revendications (il faut dire que nous manquions cruellement d’un texte clair). Nous comblâmes ce vide que nous fîmes adopter en AG. Le cahier de revendications servit de base au séminaire de Yakouren. That is, comme j’aime dire. Autrement, je fus arrêté vers quatre heures du matin du côté de M’douha avec Aït Ouakli. Nous étions les deux premiers de la série des centaines d’arrestations. Et nullement dans la chambre G, à demi-nus. Je ne me suis d’ailleurs pas encore découvert de tendances nouvelles. - Enfin, pour refermer l’épisode, la règle des trois tiers : Le trio Hend-Achab-Aknine ignore peut-être la règle de Pareto qui édicte : 1/3 de vérités, 1/3 d’omissions, 1/3 de mensonges. Notre triptyque ad oc nous propose désormais le trois-tiers de mensonges.
G. L.

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admin"SNP1975"

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PRINTEMPS BERBERE
Que s’est-il passé dans la nuit du 19 avril 1980 ?
Le témoignage de Ramdane Hakem


Utilisant comme prétexte l’écrit de Aziz Tari dans un livre Avril 80(que je n’ai pas lu), trois anciens (ex ?) militants du FFS, Hocine Sadi, Arab Aknine et Ramdane Achab, ont cru bon, dans le Soir d’Algérie du 3 octobre 2010, de dénoncer le peu de berbérisme de Tari du fait de sa proximité du Parti de l’avant-garde socialiste (Pags). Mon propos n’est pas de défendre Aziz, majeur et vacciné, mais de réagir à la manœuvre.
Ce n’est, en effet, pas la première fois que les Sadi s’attaquent au Pags. Leur mégalomanie commence à peser, y compris pour ceux qui n’ont cessé de les ménager. Revenons à cette nuit du 19 avril 1980. Je confirme, contrairement au récit de Tari, que Hocine Sadi était avec nous, le comité de coordination du Cuto, la nuit du 19 au 20 avril 1980. Je confirme également que ce fut l’un des rares (le seul ?) éléments du FFS qui était en accord avec nous pour ne pas mettre fin au mouvement de grève avec occupation cette nuitlà. De toute évidence, il ne savait pas ce qui allait se passer par la suite. De fait, à cette réunion de coordination qui dura toute la nuit, des militants FFS (faut-il citer des noms ?) étaient venus nous demander de tout arrêter, sans qu’aucune de nos revendications ne soit acceptée. Toutes nos souffrances pour rien ! Je dois dire que cette proposition était un refrain qui nous était familier. Nous étions habitués à ces positions allant de «c’est l’étincelle qui va donner le feu à toute la prairie» à «nous ne pouvons rien. Ils sont trop forts !». Nos arguments pour les contrer étaient les suivants : - Y-a-t-il un début d’acceptation à l’une quelconque de nos revendications ? Je rappelle modestement à nos alliés que quelques semaines auparavant, ils n’avaient même pas idée de ce qu’est un cahier de revendications. Ce qui avait obligé Aziz Tari et ses camarades à imposer, en passant par l’AG du Cuto, la première plateforme de revendications contenant tamazight à la radio, la télé, l’enseignement… - Avez-vous une quelconque preuve que nous allons être attaqués ? Nos contradicteurs ne pouvaient les donner sans dénoncer leurs liens avec les hommes du pouvoir ! Pour l’histoire, c’est Sidi Saïd, l’actuel et indigne SG de l’UGTA, qui avait été chargé d’informer des éléments FFS de l’université que l’assaut était imminent. En tout cas, je témoigne que dans la nuit du 19 au 20 avril 1980, Hocine (Hend) Sadi était sur nos positions. Il avait voté pour la continuité du mouvement, contre ses propres camarades et avec «les pagsistes» qu’il insulte aujourd’hui. (Son frère aura un comportement similaire quelque temps plus tard à Berrouaghia, mais c’est une autre histoire). Nous avions voté ; une décision fut prise et tous nous nous y conformions. C’était comme ça et non par l’insulte que nous tranchions nos divergences, messieurs ; ce qui sauvegardait notre union et l’avenir du mouvement. Nous nous sommes séparés à trois heures quatre heures du matin. Sous la brume épaisse, Aziz Tari et Idriss Lamari (j’en suis convaincu pour Aziz, moins sûr pour Gérard), comme ils l’avaient fait quasiment durant tout le mouvement, s’étaient rendus dans la chambre du bâtiment G qui m’était attribuée en tant qu’enseignant. C’est là que nous nous concertions. Avec Djamel Zenati, nous formions un cercle politique et notre entente était parfaite. Nous faisions partie d’un groupe militant activiste de gauche (qui n’était ni Pags ni extrême gauche) dans lequel il y avait également, à Alger, Mustapha Bacha, Ali Brahimi, Salah Boukrif, Mokrane Gacem et d’autres camarades. C’est là que l’attaque des CNS (gendarmes ou je ne sais quoi) nous réveilla, à moitié nus. La porte de ma chambre avait volé en éclats ; la horde meurtrière se jetait sur nous et tapait avec une sauvagerie inouïe. Nous étions loin de nous attendre à cette attaque ! Reste une question en partie soulevée par Aziz Tari : comment se fait-il que Hocine et Saïd Sadi aient échappé à la répression qui s’est abattue sur nous le 20 avril 1980 ? Étant, l’un à Hasnaoua et l’autre à l’hôpital de Tizi-Ouzou, il était techniquement impossible aux deux frères (à moins d’être protégés par des forces occultes comme dirait Lounès Matoub) d’éviter le sort commun. Qui a permis que Hocine Sadi se retrouve à Paris, le soir du 20 avril ? Qui a fait en sorte que Saïd Sadi ne soit arrêté que plusieurs jours après ? A-t-il subi le même traitement que les autres militants (notamment FFS) ? Pourquoi ? Car, entre-temps, des militants du Front des forces socialiste, des militants du Parti de la révolution socialiste, des militants trotskystes d’Alger, mes camarades Aziz Tari, Lamari Idris, Djamel Zenati, Ali Brahimi, Salah Boukrif, Bacha Mustapha… ont subi, notamment, le supplice de la baignoire. Devrais-je aller plus loin ? Non. Je ne doute de la probité d’aucun des compagnons du 20 Avril 1980. Je ne doute même pas de ceux qui ont failli à un moment important, et ils se reconnaîtront. Je sais qu’il était dur de résister et que personne n’est parfait. Nous n’étions pas des guerriers mais des intellectuels pacifiques. Plus ou moins du FFS, plus ou moins pagsistes, plus ou moins berbéristes. Tous, tout aussi perdus (nous nous cherchions, politiquement) qu’éperdument amoureux de l’Algérie. La force du mouvement de 1980 en Kabylie lui était venue de la justesse des revendications et de la pertinence de la démarche. En son cœur ,il y avait l’alliance (y compris dans la confrontation), entre segments différents de la grande famille démocratique algérienne. En nous dotant d’une procédure formalisée pour trancher les divergences, nous avions mis en œuvre nos complémentarités. Cela nous a permis d’être utiles à la Kabylie et à l’Algérie. En voulant contrôler, seuls, cette formidable promesse, en cherchant à la mettre au service d’ambitions personnelles, d’aucuns vont par la suite la dévoyer. Le pouvoir arabo-islamique qui règne sur l’Algérie est la cause première des maux du pays; il n’est cependant pas le seul responsable du chaos qui règne actuellement en Kabylie. Mon souhait aujourd’hui est que les démocrates et patriotes de l’Algérie, qu’ils soient arabophones ou berbérophones, s’unissent pour que, ensemble, nous édifions l’Algérie de demain, sans le déni apparent ou déguisé de notre berbérité. Je dis aux frères Sadi : attention, vous n’en prenez pas le chemin. J’en profite pour dire à l’intellectuel progressiste Ali El-Kenz, vous n’en prenez pas le chemin également. L’issue pour l’Algérie n’est pas d’écrire le tamazight en graphie arabe, mais d’écrire l’arabe algérien également en graphie latine. Cordialement
R. H.
* Un des animateurs du mouvement d’Avril 1980.
P.S. : À ma connaissance, il n’y avait à l’université de Tizi-Ouzou, en 1980, aucun militant qui soit organiquement militant du PAGS. Hocine Sadi le sait pour avoir été à un moment très proche de Bacha Mustapha, Salah Boukrif et Ali Brahimi. Moi-même, je ne rejoindrais ce Parti (dont je reste fière !) qui n’existe plus depuis une quinzaine d’années, qu’à partir de 1986.

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[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] : PRINTEMPS BERBÈRE QUE S’EST-IL PASSÉ DANS LA NUIT DU 19 AU 20 AVRIL 1980 ?
Réponse à Ramdane Hakem et Gérard Lamari


Par Arab Aknine, étudiant en sciences exactes au Centre universitaire de Tizi-Ouzou en 1980
Notre précédente mise au point cosignée par Ramdane Achab, Hend Sadi et moi-même parue dans Le Soir d’Algérie du 03/10/2010 a suscité les réactions, également parues dans Le Soir d’Algérie, de deux autres acteurs du Printemps berbère : d’abord Ramdane Hakem (06/10/2010), ensuite Gérard Lamari (11/10/2010).
Le point de départ de la controverse est le témoignage de Tari Aziz dans lequel ce dernier met en cause Hend Sadi qu’il présente comme absent volontaire de la réunion du comité anti-répression dans la nuit du 19 au 20 avril 1980, c’est-à-dire la nuit de l’assaut donné par les forces de répression aux campus universitaires de Tizi-Ouzou en grève et occupés. Cette attaque des campus et des autres sites occupés a provoqué l’embrasement général de la Kabylie pendant plusieurs jours. Notre texte se voulait à la fois un correctif à une affirmation infondée impliquant gravement un militant et puis aussi un éclairage autour des faits et des acteurs impliqués. Pour un lecteur non averti, notre contribution peut paraître tout au plus comme une controverse autour d’une présence à une réunion. La teneur des réponses qu’elle a suscitées prouve qu’elle a bien mis le doigt sur de vraies questions. L’analyse des contenus de deux réponses fait ressortir des contradictions qui méritent d’être examinées soigneusement pour faciliter la compréhension des soubassements et des enjeux qui les entourent.
1- De l’article de Tari Aziz
Dans son article, Tari Aziz a tenté un travail de reconstruction de mémoire autour des faits qui se sont déroulés trente ans plus tôt. En soi, c’est un travail d’histoire et le débat sur ce sujet est à l’ordre du jour dans notre pays. Nous connaissons tous l’ampleur des dégâts causés par les manipulations de l’histoire d’Algérie, prise en otage et transformée en source de légitimation du pouvoir de l’arbitraire. Même avertie, notre génération doit rester vigilante pour ne pas sombrer dans les erreurs du passé. Il faut donc s’armer de toute l’honnêteté et l’objectivité requises à l’exercice de reconstruction de la mémoire. Mais bien de la reconstruction de la mémoire. Après avoir affirmé de façon catégorique l’absence inattendue et bizarre de Hend Sadi à la réunion qui s’est déroulée dans la nuit du 19 au 20 avril 1980, l’article de Tari Aziz pousse plus loin dans la subtilité en usant d’un style interrogatif sur la présence de Hend Sadi à Paris alors qu’il le croyait arrêté par la police comme tous ses autres camarades. Il est évident que ce sont là les relents de techniques affinées de manipulation pour cultiver le doute et la suspicion. Cette mise en scène mérite bien d’être cernée et dévoilée au grand jour. Pour ma part, j’ai quitté la réunion vers 22 heures en compagnie de mon ami Tigrine Rachid, étudiant en sciences physiques, laissant derrière nous Hend Sadi et les autres continuer la réunion. Le scénario d’Aziz Tari relève de l’affabulation qu’il a bâtie sur une affirmation et la base de son affirmation est un mensonge pur. Pourquoi Tari Aziz ne s’est-il pas entouré d’un minimum de précautions, de vérifications préalables des faits qu’il relate trente ans plus tard ? N’a-t-il pas été averti par Arezki Aït Larbi, coordinateur de l’ouvrage, qui connaît pourtant assez bien les labyrinthes et les méandres du mouvement ? Les réponses à ces questions nous aideraient, à coup sûr, à bien cerner l’énigme. Sur ce point, je ne reviens pas sur la réponse détaillée que nous avons apportée à l’article de Tari Aziz.
2- De la réponse de Ramdane Hakem
La première réaction à notre déclaration est venue de Ramdane Hakem sur un site Internet qui avait mis en ligne notre déclaration. Par la suite, il peaufine sa réplique qui sera publiée dans Le Soir d’Algérie du 06 octobre 2010. D’entrée, il dit que son propos ne vise pas à défendre Aziz Tari mais vient plutôt pour déjouer une manœuvre. Il s’oublie vite et s’en prend aux frères Sadi, alors que seul Hend Sadi est signataire de la déclaration. Il récuse pourtant le contenu de l’article de Tari Aziz sur un point-clé et affirme que Hend Sadi était bel et bien à la réunion du 19 avril 1980. Il pousse davantage dans la précision et le détail – Hend Sadi était le seul élément du FFS à voter pour la continuité du mouvement, ajoute-t-il. Soulignons d’emblée le recours à la première personne du pluriel : nous. Il en use pour se poser de fait en pôle du mouvement d’Avril 1980 sans apporter davantage de précisions sur la nature et les fondements de ce pôle et laisser ensuite libre cours à sa diatribe contre les frères Sadi et le FFS qu’il présente partagé sur la conduite à tenir dans le mouvement. Cette lecture des événements, déjà présente dans l’article de Tari Aziz, est reprise ensuite à la fois dans la réponse venue de Ramdane Hakem et celle de Gérard Lamari. Cette similitude d’analyses est intéressante, car elle vient de personnes qui, à l’époque, avaient fait de l’attaque aux opposants du régime, le FFS, le PRS et le FUAA – mais jamais du PAGS –, une ligne de conduite permanente et récurrente. Examinons le florilège des déclarations de Ramdane Hakem : «Je confirme également que ce fut l’un des rares (le seul ?) élément du FFS qui était en accord avec nous pour ne pas mettre fin au mouvement de grève avec occupation cette nuit-là. [Il s’agit bien sûr de Hend Sadi]. De fait, à cette réunion de coordination qui dura toute la nuit, des militants FFS (faut-il citer des noms ?) étaient venus nous demander de tout arrêter, sans qu’aucune de nos revendications ne soit acceptée. Toutes nos souffrances pour rien ! Nous étions habitués à ces positions allant de «c’est l’étincelle qui va donner le feu à toute la prairie» à «nous ne pouvons rien. Ils sont trop forts !». «Pour l’histoire, c’est Sidi-Saïd, l’actuel et indigne SG de l’UGTA, qui avait été chargé d’informer les dirigeants FFS de l’université que l’attaque allait avoir lieu.» Ramdane Hakem est censé s’exprimer ici sur le 19 avril 1980. Revenons en arrière de trois jours seulement, c'est-à-dire le 16 avril 1980. Une grève générale sans précédent avait paralysé l’ensemble de la Kabylie touchant tous les secteurs d’activité, administration comprise. Mieux que quiconque Ramdane Hakem sait, pour l’avoir dénoncé en son temps, qui a été à l’origine de cette grève. Revenons encore en arrière de neuf jours, c'est-à-dire au 7 avril 1980. Une manifestation publique sur la place d’Alger a été réprimée par la police. Là encore, Ramdane Hakem sait tout autant que le commun des mortels qui est derrière cette manifestation. Que Ramdane Hakem nous explique bien comment, alors qu’il était engagé dans une logique d’actions allant crescendo, le FFS pouvait lui proposer d’arrêter le mouvement ? Il entoure soigneusement de parenthèses : (faut-il citer des noms ?) Allez-y monsieur Hakem, dites qui des militants du FFS – donnez leurs noms — sont venus vous proposer l’arrêt du mouvement, puisque vous vous êtes investi de l’autorité de démiurge dans le mouvement d’Avril 1980. Je pense qu’en 1980 à l’université, personne n’avait entendu parler de Madjid Sidi-Saïd. Je garde un seul souvenir de lui que je situe aux alentours du 27-28 mai 1980 pendant que nous étions en contact direct dans les ateliers avec les travailleurs de l’unité de confection de la Sonitex de la route du Lycée Polyvalent. D’où tenez-vous que Madjid Sidi-Saïd a «informé les dirigeants FFS de l’université que l’attaque allait avoir lieu» ? Et qui a-t-il donc informé ? Donnez des noms, M. Hakem ! Il est vrai que vous n’êtes pas à une manipulation près, M. Hakem ! Nous étions Djaffar Ouahioune, Rachid Tigrine, deux étudiantes dont j’ai oublié les noms, et moi-même en train de collecter des signatures pour la pétition demandant la libération des 24 détenus et de ramasser des fonds de solidarité. Faut-il rappeler à l’intention de Monsieur Hakem la réprobation qu’il provoqua chez nous lorsqu’il nous a proposé de dissocier les étudiants des non-étudiants parmi les 24 détenus. La même proposition a été colportée par les milieux pagsites à Alger. Le SNESup de l’époque, sous influence du PAGS, s’est même essayé sournoisement à cette manœuvre qu’il a très vite dû abandonner. M. Hakem use de techniques bien connues de la diversion et du subterfuge, il corrige un mensonge mais en fabrique aussitôt un autre. S’il admet la présence de Hend Sadi à la réunion du 19 avril, c’est pour avancer que Saïd Sadi n’a pas été arrêté le 20 avril mais bien après : «Qui a fait en sorte que Saïd Sadi ne soit arrêté que plusieurs jours après ?» Et d’ajouter : «A-t-il subi le même traitement que les autres militants (notamment du FFS) ? Pourquoi ?» Pourtant, a priori, rien n’autorise M. Hakem à se livrer à de telles divagations. Mais pour bien clarifier les choses, rappelons que Saïd Sadi a été arrêté au matin du 20 avril par les services de la sécurité militaire dans une salle de soins de l’hôpital de Tizi-Ouzou au même moment que la majorité de ses camarades et confrères. Il a été conduit au secteur militaire de Tizi-Ouzou et battu en public sous les regards des habitants de la cité mitoyenne du secteur militaire. L’information de son arrestation s’est répandue rapidement en début de matinée parmi toute la population de la ville. L’éthique des Droits de l’homme, inscrits, je sais, au registre des soucis mineurs de Hakem et ses amis, ne semble nullement le gêner dans la démesure : aucun militant du FFS ou d’un autre parti n’a fait objet de torture à la baignoire en 1980. Que peuvent bien alors cacher ces fabulations à profusion ? Qu’il soit bien entendu, M. Hakem, je ne vous reproche pas votre appartenance politique. Je salue tous les citoyens qui, comme nous, avaient assumé le risque que nous avions encouru. C’était là tout le sens et la signification de notre combat de jeunes militants. Défier publiquement et ouvertement le système de la terreur pour arracher nos compatriotes et toute la société à la peur et à la passivité. Par notre acte d’Avril 1980, nous venions de désarmer la dictature et de rendre espoir à toute la société. Pluralisme, langues populaires, liberté, identité et plus tard Droits de l’homme étaient les maîtres-mots et leitmotivs de notre dynamique. Nous venions par là d’offrir à la société tout entière des thématiques nouvelles de combat qui seront vite adoptées et reprises en chœur. Autant de thèmes qui représentent le parent pauvre dans le parcours de Ramdane Hakem. Il refuse de l’admettre évidemment. La loyauté individuelle représente le premier B.A.- BA de la modernité politique. C’est pour ça que je vous tiens rigueur de vous être livré à des dénonciations de militants de l’opposition politique ; besogne qui, dans un régime de dictature, incombe à la police politique et à ses succursales (organisations de masse…). Au-delà de la réponse publiée dans Le Soir d’Algérie, examinons les sarcasmes de Ramdane Hakem sur son blog : «Alors que vous débarquiez de Paris [évidemment il s’adresse à mes aînés], vous nous apportiez plus d’ouverture sur le monde et nous vous donnions plus d’ancrage dans les luttes ;
[…]Mobiliser autour des revendications irréalistes c’est conduire les gens à l’abattoir ;
[…] et quand des individus ou groupes «extérieurs» viennent parasiter son action (par des tracts, des interventions irresponsables en AG…), il [le mouvement de masse] ne peut l’accepter.
Si ces individus ne comprennent pas l’exigence élémentaire d’autonomie des collectifs en lutte, il convient de les dénoncer publiquement pour les neutraliser. Le sens et l’avenir du mouvement ne peuvent être laissés à la merci des forces extérieures, sinon c’est la catastrophe assurée.» Ces passages représentent des extraits d’un long développement rhétorique stalinien de manipulation des mouvements de masse. Et le mouvement de masse ici n’est autre que le mouvement d’Avril 1980. Je ne vois vraiment pas de quel ancrage pouvait se prévaloir Ramdane Hakem pour l’offrir au mouvement d’Avril 1980. L’Académie berbère a fait l’essentiel de la sensibilisation dans les milieux ouvriers — et j’insiste bien dans les milieux ouvriers — émigrés durant une bonne décennie. Les professeurs Mouloud Mammeri à l’université d’Alger et M’Barek Redjala à Paris ont créé à leur tour des foyers qui ont rayonné dans les milieux estudiantins et universitaires. Les archives et documents existent au besoin. C’est par ses propres capacités que le mouvement d’Avril 1980 a assuré son ancrage. Je rappelle certaines évidences à Ramdane Hakem sur les milieux syndicaux des deux bastions industriels de Tizi-Ouzou des années 1980 qui ont relayé et étendu notre mouvement (Sonitex Draâ Ben- Khedda et la Sonelec). La pléiade de ces syndicalistes était en majorité proche de nous et seulement deux pouvaient être apparentés au PAGS à Draâ Ben-Khedda. Je sais que cette vérité est amère pour lui, mais il en était ainsi. Ramdane Hakem excelle dans l’art de dire une chose et son contraire en même temps. Dénoncer les militants politiques opposants au régime ne peut être compatible avec les idéaux du mouvement d’Avril 1980. Vous ne pouvez pas vous réclamer du sacerdoce de la démocratie et être en rupture avec ses principes de base. En même temps que vous êtes libre et souverain dans le choix du cadre qui répond le mieux à vos ambitions, vous êtes également libre de revenir sur des choix qui ne vous conviennent pas. Mais il convient de le faire dans la clarté. «Mobiliser autour des revendications irréalistes c’est conduire les gens à l’abattoir.» Ce ne sont ni le FFS ni les frères Sadi qui vous font dire ceci ; c’est en ligne sur votre blog. Même dans les annales de propagande révolutionnaire les plus acerbes, on ne retrouvera pas de telles affirmations. Bien entendu, le surfeur sur les vagues finit toujours par perdre son équilibre. La revendication du droit de cité des langues populaires du mouvement d’Avril 1980 est irréaliste et les militants qui s’en revendiquaient étaient les bouchers de l’abattoir. Même les militants baâth/FLN n’ont jamais trouvé cette dose de courage qu’il faut pour franchir cette ligne. Le chapitre des délires de Ramdane Hakem peut se dérouler à l’infini. A l’en croire aujourd’hui, c’est lui qui a régenté le mouvement pour la culture berbère il y a trente ans. Mais en avril 1980, la réalité était qu’il consacrait l’essentiel de son temps à propager rumeurs et dénigrements sur l’intellectuel bourgeois qu’était Mouloud Mammeri, le chanteur bourgeois qu’était Idir et le poète bourgeois qu’était Ben Mohamed. Alors que peu de temps après, en 1982, il encadrait de jeunes étudiants innocents et naïfs, pour faire une exposition de photos, au hall de la faculté des lettres arabes de l’université de Tizi-Ouzou, sur… les grandes réalisations des dirigeants communistes d’Afghanistan. Pour terminer avec Hakem, je lui demande ceci : plutôt que de spéculer sur d’hypothétiques faveurs dont auraient bénéficié telle ou telle personne, que Hakem nous explique donc comment, lui, qui se présente comme le pôle du mouvement, ne soit même pas interpellé lors de l’assaut du 20 avril 1980? Pourtant, l’agent Khellaf était bien là pour reconnaître et désigner les têtes à arrêter. Par ailleurs, je rappelle que, du 22 avril au 15 mai 1980, nous nous sommes retrouvés repliés à Alger à la Faculté centrale avec quelques étudiants de Tizi-Ouzou dont Ouahioune Djaffer. Je garde le souvenir de ces étudiants d’Alger mobilisés autour de la collecte d’informations sur les arrestations, l’état des détenus, etc. (Hamouda Abderezak, Mustapha Benkhemou, Ghania Moufok, une étudiante du nom de Yasmina). Où était Monsieur Hakem, entre le 20 avril 1980, jour de l’assaut, et le 17 mai 1980, jour de la réouverture de l’université de Tizi-Ouzou où il a réapparu subitement ?
3- De la réponse de Gérard Lamari
En toute sincérité, après lecture et relecture de la déclaration de Gérard Lamari, rien d’important n’a retenu mon attention qui mériterait vraiment d’être analysé et commenté. Rien, sinon l’aigreur qui se dégage de chaque ligne. On a un récit reconstitué trente ans après par un acteur qui, pendant longtemps, a cumulé de l’air vicié dans sa caverne. Une histoire rapportée à sa propre mesure. Quand tu vois, mon cher Gérard, dans notre mise au point une déclaration d’insultes à l’endroit de Tari Aziz, comment qualifierais-tu alors ta propre réponse ? Notre intervention n’est rien d’autre qu’une mise au point relevant du débat contradictoire, vertu cardinale de la démocratie et son corollaire le libre débat. Je passe sur tes «initiatives hautes ou basses» et sur bien d’autres points où la vérité est malmenée. Dès que tu sors de tes affirmations que tu énonces avec véhémence pour leur donner du crédit, la réalité te rattrape. Tu te réfères à Rachid Chaker, enseignant à l’institut des sciences économiques de l’université de Tizi-Ouzou, au travail qu’il a fait, en particulier à son journal chronologique des événements d’avril 1980. Tu as la mémoire courte, très courte, mon cher Gérard. Car Rachid Chaker que tu salues, toi, est le même homme que ton ami Tari Aziz, que tu défends tête baissée, qualifie de traître dans son témoignage. Rachid Chaker, en effet, était très précisément dans le groupe de militants du PRS qui se seraient livrés à une «trahison » en cette fameuse nuit du 19 avril 1980 aux dires de ton ami Tari… Comment peux-tu concilier vos deux points de vue ? Mais pour te rafraîchir la mémoire et te mettre face aux événements tels qu’ils se sont déroulés et non pas tels que tu les reconstitues dans ton film, je te renvoie au même Rachid Chaker. Voici ce qu’il écrit dans son journal :
- Jeudi 20 mars 1980 […] «A Tizi-Ouzou, les étudiants tiennent une AG assez houleuse, au cours de laquelle certains dénoncent les manipulations des partis politiques d’opposition, FFS, FUAA et PRS ; certains y ajoutent le PAGS (qui effectivement manipulerait au moins un ou deux des «meneurs» estudiantins).
- Mercredi 26 mars 1980 […] Une seconde manifestation à Tizi-Ouzou […] outre les banderoles habituelles les étudiants influencés par les «pagsistes» introduisent des banderoles du genre «oui à la charte nationale et au socialisme ». Si je te disais que notre réaction aurait été identique si, à la place de Hend Sadi, c’était toi ou l’un de tes amis qui s’était trouvé mis en cause dans l’article de Aziz Tari, je sais que tu ne croirais pas à la sincérité de mon propos. Rappelle-toi d’octobre 1981, nous (vous et nous en même temps) étions en plein dans le naufrage de la répression et de la clandestinité. Une nuit, nous nous sommes retrouvés par pur hasard. Bien que cela ne fût pas une partie de villégiature pour nous (Djaffer, Hend et moi), nous nous sommes débrouillés pour que vous parveniez à la vallée de la Soummam, en toute sécurité et… avec escorte et éclaireur. Sans doute as-tu oublié cet épisode, je mets cela sur le compte de la défaillance de ta mémoire pour te sauver de l’ingratitude. Pour moi et mes amis, ce n’était qu’un devoir militant. Là se situe justement la ligne de démarcation entre votre groupe et nous. Car en 1985, lorsque la répression s’était abattue sur notre groupe, tes amis, en tout cas ceux que tu revendiques comme tels et qui te le rendent bien, n’ont rien fait pour se monter solidaires des fondateurs de la première ligue des droits de l’Homme, ou plutôt si, ils ont tout fait pour bloquer l’expression de toute solidarité ! Tu crois utile de revenir dans ta déclaration à la revue Tafsut qui t’a étonné par la publication de votre déclaration de grève de la faim à la prison de Béjaïa. La revue Tafsut a couvert pleinement cette période de répression sur deux de ses numéros (le n°3 et le n°4). J’ajouterai, au risque de t’étonner encore davantage, que toutes les informations ont été recueillies par Hend et moimême grâce au concours d’un militant de la vallée de la Soummam, plombier de formation, du nom de Mokrane Baziz. Son aide précieuse nous a permis de bénéficier de la complicité directe de gardiens de la prison de Béjaïa. Grâce à toutes ces informations et à ces deux numéros de la revue Tafsut, j’ai entretenu une correspondance avec Amnesty International (et j’ai encore en ma possession l’écrit d’Anaïk Merdrignac). Pourtant, j’étais bien seul alors que Hend était dans la clandestinité à 600 km de Tizi-Ouzou et Ramdane au service national. Je me souviens avoir informé Saïd Sadi qui se préparait à se rendre en France qui a pu d’ailleurs rencontrer la responsable d’Amnesty International. C’est grâce à ce travail qu’Amnesty avait lancé une campagne d’information et saisi les autorités algériennes pour votre libération. En cette circonstance, seul l’impératif militant nous avait guidés, moi et mes amis, dans nos actes. Trente ans après, nous ne réclamons aucun mérite et ne cherchons à tirer aucune légitimité de cette action. Je suis désolé et même peiné, mon cher Lamari, que tu m’aies contraint à faire étalage de tout ceci. Ceux qui me connaissent savent que le narcissisme, la mégalomanie n’ont jamais été ma tasse de thé. Enfin, par-delà les procès d’intention et les contrevérités que vous avez énoncés et qui sont démentis par les faits, je constate que vos propos ont, sur plusieurs questions, confirmé notre mise au point contre laquelle vous vous êtes insurgés l’un et l’autre. Cette gesticulation n’est-elle qu’un brouillard visant à masquer des desseins inavoués ? L’avenir nous le dira.
A. A

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boumedienne

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C’était en juin 1981 qu’avaient éclaté les émeutes de Casablanca connues sous le nom «des émeutes du pain». Une des périodes sombres de l’histoire de Casablanca. Ce soulèvement, qui a coûté la vie à des centaines de personnes, a refait surface après la récente découverte d’un cimetière jouxtant la caserne des sapeurs-pompiers de la métropole.
L’origine de cette soudaine flambée de violence était la hausse des prix des principales denrées alimentaires. Cette mesure prise par le gouvernement de l’époque, avait ainsi mis le feu aux poudres.
La colère des masses populaires était alors largement nourrie par les contradictions sociales et ce fut la goutte qui a fait déborder le vase.
En guise de protestation, la CDT avait appelé à observer une grève générale le 20 juin 1981.
Les manifestations se sont multipliées durant deux jours donnant lieu à une série d’émeutes et d’affrontements entre forces de l’ordre et protestataires.
Les masses s’attaquèrent à tous les symboles de la bourgeoise et du capitalisme : agences bancaires, villas, palais de la colline d'Anfa, voitures de luxe de la grande bourgeoisie... Face à cette situation qui ne faisait que s’aggraver, Driss Basri, alors ministre de l’Intérieur, employa la méthode forte. Le mot d’ordre était la répression. Mais pas n’importe laquelle. Il s’agissait d’arrestations et inculpations en masse, procès en série, fermeture de locaux et interdiction de journaux. C’était toute une panoplie policière et judiciaire qui fut déployée à l’encontre de la C.D.T et de l’U.S.F.P, accusées d’avoir été les instigateurs du soulèvement populaire. Une longue série de procès s’ouvre dans les grandes villes du pays, même dans celles où aucune violence n’a été signalée.
Les poursuites visent indistinctement les manifestants et les militants syndicalistes et politiques. Les verdicts étaient sévères et reflètent la volonté du pouvoir, notamment du ministère de l’Intérieur, de briser l’influence politique de l’opposition socialiste. Une véritable chasse aux sorcières.
La préfecture de Casablanca, qui abrite 3,2 millions d’habitants, est découpée en cinq nouvelles préfectures de manière à assurer, sous couvert d’une gestion plus efficace, un contrôle renforcé de la population, en même temps qu’est décidé un plan de promotion des zones rurales et des quartiers populaires des villes.
Abdelkamel Reghaye du parti RNI, qui était à l’époque ministre des Finances, devait lui aussi payer les pots cassés. Ces évènements lui avaient coûté son poste d'argentier du Royaume.
Récemment, une fosse commune vient d’être découverte à Casablanca où étaient enterrés 77 corps de personnes tuées lors des affrontements de 1981.
Une commission d’enquête a entamé ses travaux à Casablanca pour l’identification de ces victimes enterrées dans un cimetière jouxtant la caserne des sapeurs-pompiers de la métropole.
Il s’agira de déterminer avec exactitude s’il s’agit de fosses communes comme il a été avancé par plusieurs sources ou de tombes individuelles. Cette Commission d’enquête comprend des membres de l’IER, dont le président Driss Benzekri, ainsi que des représentants des départements de la Justice, de l’Intérieur, des Affaires islamiques et des Habous en plus du chef du parquet de Casablanca qui en préside les travaux.

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