Visite à Alger de Jean Pierre Raffarin
Le pragmatisme prend le pas sur le tout politique
Relations "tendues", relations "houleuses", les rapports, controversés, entre l'Algérie et la France ne cessent d'intriguer. Mais, pourtant de ce " Je t'aime moi non plus !", ce n'est pas ce que déclarent les officiels qui apprécient différemment ces liens.
Bien que l'Algérie n'eut pas apprécié son inscription par la France sur la liste des pays à risque pour les transports aériens et encore moins l'appui de Paris à un plan d'autonomie marocain au Sahara occidental, Algériens et Français s'accordent à dire que les rapports entre les deux rives sont excellents. Pour le président algérien, Abdelaziz Bouteflika, ceux-ci "se portent bien", le même son de cloche nous parvient de l'Hexagone.
De l'avis même de l'émissaire de l'Elysée, Jean Pierre Raffarin, qui s'est livré à notre confrère Liberté "nos relations ne connaissent pas de crise. Nos échanges économiques sont intenses". Voilà qui est définitivement clair et laisse espérer un possible et durable partenariat. Entre la France et notre pays c'est aussi une relation passionnelle où les cultures respectives ne sont plus étrangères et les frontières si proches en dépit du frein empêchant la libre circulation des personnes. Cela est un autre dossier en suspens entre les deux partenaires. Et des dossiers pendants, entre la France et l'Algérie, il en existe et pas moins d'une quinzaine.
Cinq d'entre eux, relatifs au volet économique, ont déjà connu un dénouement et auraient fait, récemment, l'objet d'annonces favorables et de décisions du Conseil national de l'investissement. Il s'agit de celui de la Chambre française de commerce et d'industrie à Alger, des projets de pétrochimie de la compagnie Total, celui du montage des rames de tramway d'Alstom, qui a bénéficié d'un marché de gré à gré pour l'équipement de 20 tramways en Algérie, contre des avantages pour le marché algérien notamment l'installation de la marque Alstom en Algérie, dont le contrat a été signé récemment, l'exportation en France du surplus de production de l'usine d'El Hadjar et le dégagement d'une assiette de terrain dans la périphérie de la capitale algérienne destinée à la réalisation d'un deuxième laboratoire de Sanofi Aventis et enfin le dossier Axa.
Le pragmatisme français l'emporterait-il sur le tout politique des Algériens ? Tant attendue, l'arrivée, aujourd'hui, à Alger, de l'ancien Premier ministre français, Jean Pierre Raffarin, serait-elle l'élément catalyseur ? Le travail de fourmis entrepris depuis quelques années finira-t-il par donner ses fruits ? Le rapprochement entre la France et l'Algérie ne date pas d'aujourd'hui. Il remonte à l'année 2000.
Ce qui a, d'ailleurs, rendu possible la visite d'Etat du président français jacques Chirac en Algérie, en mars 2003, relançant la coopération à travers la construction d'un "partenariat d'exception" entre les deux pays renforcée par la venue, en décembre 2007, du nouveau locataire de l'Elysée, Nicolas Sarkozy.
Un voyage présidentiel qui a confirmé ce partenariat par l'approbation d'un document-cadre et la signature d'une convention de partenariat dont les prémices datent de 1986. Ce pacte scellé a entraîné la signature d'un accord de coopération dans le domaine de l'énergie nucléaire civile et un autre dans le domaine de la coopération en matière de défense.
Mais la France ne compte pas en rester là et espère toujours plus et mieux de l'Algérie. Nicolas Sarkozy avait souligné, dans sa lettre de mission, que la France "(…) demeure l'un des tout premiers partenaires économiques de l'Algérie. Pour autant, nul acquis n'est définitif et nous devons veiller à maintenir et autant que possible accroître nos positions de marché".
Paris compte bien faire accroître ses relations et "contribuer au renforcement des relations économiques, notamment dans le domaine de l'investissement et du partenariat". Selon M. Raffarin, "la France est de très loin le premier investisseur hors hydrocarbures ; les 430 entreprises françaises implantées en Algérie contribuent de manière très significative à la diversification et à la modernisation de l'économie algérienne. Ce sont près de 35 000 emplois directs qui ont été créés, 100 000 si l'on inclut les emplois indirects. Je compte, pour ce faire, sur les quelques grands groupes français qui ne sont pas encore implantés en Algérie et sur les PME françaises qui s'intéressent au marché algérien et sont prêtes à développer des partenariats de toute nature".
Parmi les pays émergents, le marché algérien promet et cela ne passe pas inaperçu. Le cas Algérie suscite beaucoup d'intérêt et augure d'un partenariat que beaucoup d'autres pays, à l'instar des USA, souhaitent établir et faire fructifier.
Azzedine Belferag
Xavier Driencourt, ambassadeur de France à Alger
"L'Algérie est un pays complexe et compliqué"
Les récentes déclarations de l'ambassadeur français en poste à Alger, M. Xavier Driencourt, qui a livré une interview au quotidien arabophone "Sawt Al Ahrar", tombent comme un cheveu dans la soupe en cette veille de la venue de Jean Pierre Raffarin, l'émissaire du président Nicols Sarkozy. Ce dédoublement de langage tenu par le diplomate français, intrigue et jette le doute sur le vœu de ses responsables qui s'attellent à réchauffer les relations entre les deux pays et renforcer les liens économiques.
A moins d'une quelconque subtilité de la langue française et de celle de la diplomatie, M. Xavier Driencourt affirme, à propos des relations économiques et commerciales entre la France et l'Algérie qu'en sa qualité d'ambassadeur il reçoit beaucoup de patrons et d'hommes d'affaires français venus s'enquérir sur la nature des activités économiques et financières, "je réponds souvent que les conditions d'accès au marché algérien sont très attractives mais compliquées" ! Une phrase qui semble significative compte tenu du manque d'engouement affichés par les investisseurs français qui "boudent" notre pays.
L'ambassadeur français ajoute que dans ses propos tenus à l'adresse de ses compatriotes qu'il conseille de ne pas "penser que nous sommes chez nous" d'afficher un "comportement modeste" et éviter de venir avec leurs grands sabots.
Il est fait état que "tout ce qu'on doit savoir est que l'Algérie est un pays compliqué sur le plan économique et commercial et de ce fait les investisseurs ne doivent pas penser que le pari est gagné d'avance, eu égard à la nature de la législation algérienne qui est différente de celle européenne. Et là j'avertis les entreprises (…) que la situation est plus compliquée qu'on ne le pense" !
Défaitisme empreint d'alarmisme, lapsus ou simples précautions, cela n'est pas pour favoriser la venue d'investisseurs français dans notre pays.
Cela n'est sûrement pas pour attirer, non plus, les operateurs français mais beaucoup plus à les en dissuader. Le lecteur profane croirait cela et penserait que cela va à contrario des vœux de Paris qui n'a de cesse de vouloir relancer la coopération et le partenariat économique avec l'Algérie.
D'ailleurs, cela a nécessité plusieurs allées et venues de la part des diplomates et des élus français qui comptent fertiliser le terrain et pouvoir aspirer à une part qu'offre le marché algérien avec tous ses aléas.
La législation ainsi que le régime douanier et fiscal ont été à leur tour le sujet du débat du diplomate, qui considère que les operateurs français ont l'habitude d'opérer dans l'espace européen qui offre un cadre plus libéral exempt de toute contrainte douanière et autres procédures compliquées et quand ces entreprises décident d'investir en Algérie elles se trouvent confrontées à un système plus compliqué que celui européen.
Le pragmatisme prend le pas sur le tout politique
Relations "tendues", relations "houleuses", les rapports, controversés, entre l'Algérie et la France ne cessent d'intriguer. Mais, pourtant de ce " Je t'aime moi non plus !", ce n'est pas ce que déclarent les officiels qui apprécient différemment ces liens.
Bien que l'Algérie n'eut pas apprécié son inscription par la France sur la liste des pays à risque pour les transports aériens et encore moins l'appui de Paris à un plan d'autonomie marocain au Sahara occidental, Algériens et Français s'accordent à dire que les rapports entre les deux rives sont excellents. Pour le président algérien, Abdelaziz Bouteflika, ceux-ci "se portent bien", le même son de cloche nous parvient de l'Hexagone.
De l'avis même de l'émissaire de l'Elysée, Jean Pierre Raffarin, qui s'est livré à notre confrère Liberté "nos relations ne connaissent pas de crise. Nos échanges économiques sont intenses". Voilà qui est définitivement clair et laisse espérer un possible et durable partenariat. Entre la France et notre pays c'est aussi une relation passionnelle où les cultures respectives ne sont plus étrangères et les frontières si proches en dépit du frein empêchant la libre circulation des personnes. Cela est un autre dossier en suspens entre les deux partenaires. Et des dossiers pendants, entre la France et l'Algérie, il en existe et pas moins d'une quinzaine.
Cinq d'entre eux, relatifs au volet économique, ont déjà connu un dénouement et auraient fait, récemment, l'objet d'annonces favorables et de décisions du Conseil national de l'investissement. Il s'agit de celui de la Chambre française de commerce et d'industrie à Alger, des projets de pétrochimie de la compagnie Total, celui du montage des rames de tramway d'Alstom, qui a bénéficié d'un marché de gré à gré pour l'équipement de 20 tramways en Algérie, contre des avantages pour le marché algérien notamment l'installation de la marque Alstom en Algérie, dont le contrat a été signé récemment, l'exportation en France du surplus de production de l'usine d'El Hadjar et le dégagement d'une assiette de terrain dans la périphérie de la capitale algérienne destinée à la réalisation d'un deuxième laboratoire de Sanofi Aventis et enfin le dossier Axa.
Le pragmatisme français l'emporterait-il sur le tout politique des Algériens ? Tant attendue, l'arrivée, aujourd'hui, à Alger, de l'ancien Premier ministre français, Jean Pierre Raffarin, serait-elle l'élément catalyseur ? Le travail de fourmis entrepris depuis quelques années finira-t-il par donner ses fruits ? Le rapprochement entre la France et l'Algérie ne date pas d'aujourd'hui. Il remonte à l'année 2000.
Ce qui a, d'ailleurs, rendu possible la visite d'Etat du président français jacques Chirac en Algérie, en mars 2003, relançant la coopération à travers la construction d'un "partenariat d'exception" entre les deux pays renforcée par la venue, en décembre 2007, du nouveau locataire de l'Elysée, Nicolas Sarkozy.
Un voyage présidentiel qui a confirmé ce partenariat par l'approbation d'un document-cadre et la signature d'une convention de partenariat dont les prémices datent de 1986. Ce pacte scellé a entraîné la signature d'un accord de coopération dans le domaine de l'énergie nucléaire civile et un autre dans le domaine de la coopération en matière de défense.
Mais la France ne compte pas en rester là et espère toujours plus et mieux de l'Algérie. Nicolas Sarkozy avait souligné, dans sa lettre de mission, que la France "(…) demeure l'un des tout premiers partenaires économiques de l'Algérie. Pour autant, nul acquis n'est définitif et nous devons veiller à maintenir et autant que possible accroître nos positions de marché".
Paris compte bien faire accroître ses relations et "contribuer au renforcement des relations économiques, notamment dans le domaine de l'investissement et du partenariat". Selon M. Raffarin, "la France est de très loin le premier investisseur hors hydrocarbures ; les 430 entreprises françaises implantées en Algérie contribuent de manière très significative à la diversification et à la modernisation de l'économie algérienne. Ce sont près de 35 000 emplois directs qui ont été créés, 100 000 si l'on inclut les emplois indirects. Je compte, pour ce faire, sur les quelques grands groupes français qui ne sont pas encore implantés en Algérie et sur les PME françaises qui s'intéressent au marché algérien et sont prêtes à développer des partenariats de toute nature".
Parmi les pays émergents, le marché algérien promet et cela ne passe pas inaperçu. Le cas Algérie suscite beaucoup d'intérêt et augure d'un partenariat que beaucoup d'autres pays, à l'instar des USA, souhaitent établir et faire fructifier.
Azzedine Belferag
Xavier Driencourt, ambassadeur de France à Alger
"L'Algérie est un pays complexe et compliqué"
Les récentes déclarations de l'ambassadeur français en poste à Alger, M. Xavier Driencourt, qui a livré une interview au quotidien arabophone "Sawt Al Ahrar", tombent comme un cheveu dans la soupe en cette veille de la venue de Jean Pierre Raffarin, l'émissaire du président Nicols Sarkozy. Ce dédoublement de langage tenu par le diplomate français, intrigue et jette le doute sur le vœu de ses responsables qui s'attellent à réchauffer les relations entre les deux pays et renforcer les liens économiques.
A moins d'une quelconque subtilité de la langue française et de celle de la diplomatie, M. Xavier Driencourt affirme, à propos des relations économiques et commerciales entre la France et l'Algérie qu'en sa qualité d'ambassadeur il reçoit beaucoup de patrons et d'hommes d'affaires français venus s'enquérir sur la nature des activités économiques et financières, "je réponds souvent que les conditions d'accès au marché algérien sont très attractives mais compliquées" ! Une phrase qui semble significative compte tenu du manque d'engouement affichés par les investisseurs français qui "boudent" notre pays.
L'ambassadeur français ajoute que dans ses propos tenus à l'adresse de ses compatriotes qu'il conseille de ne pas "penser que nous sommes chez nous" d'afficher un "comportement modeste" et éviter de venir avec leurs grands sabots.
Il est fait état que "tout ce qu'on doit savoir est que l'Algérie est un pays compliqué sur le plan économique et commercial et de ce fait les investisseurs ne doivent pas penser que le pari est gagné d'avance, eu égard à la nature de la législation algérienne qui est différente de celle européenne. Et là j'avertis les entreprises (…) que la situation est plus compliquée qu'on ne le pense" !
Défaitisme empreint d'alarmisme, lapsus ou simples précautions, cela n'est pas pour favoriser la venue d'investisseurs français dans notre pays.
Cela n'est sûrement pas pour attirer, non plus, les operateurs français mais beaucoup plus à les en dissuader. Le lecteur profane croirait cela et penserait que cela va à contrario des vœux de Paris qui n'a de cesse de vouloir relancer la coopération et le partenariat économique avec l'Algérie.
D'ailleurs, cela a nécessité plusieurs allées et venues de la part des diplomates et des élus français qui comptent fertiliser le terrain et pouvoir aspirer à une part qu'offre le marché algérien avec tous ses aléas.
La législation ainsi que le régime douanier et fiscal ont été à leur tour le sujet du débat du diplomate, qui considère que les operateurs français ont l'habitude d'opérer dans l'espace européen qui offre un cadre plus libéral exempt de toute contrainte douanière et autres procédures compliquées et quand ces entreprises décident d'investir en Algérie elles se trouvent confrontées à un système plus compliqué que celui européen.