Bien des musulmanes ne craignent pas tant l’islamophobie... que leur famille !vendredi 8 février 2008, par Annie Lessard, Marc LebuisSelon une étude britannique (disponible au bas de cet article), les crimes d’honneur dans des communautés
fermées posent un défi de taille. Les politiciens qui ferment les yeux sur ces crimes nient les
droits des femmes qui proviennent d’une
culture étrangère. Ils sont, en bref, des
racistes.
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J’ai parlé à de nombreuses femmes musulmanes ... la plus grande crainte qu’elles ont n’est pas l’islamophobie ou d’être attaquées par des racistes ou arrêtées pour suspicion de terrorisme. Elles craignent avant tout leur propre famille ».
Dans
My family, my killers paru dans le Sydney Morning Herald, James Button fournit un bon aperçu général du phénomène des crimes d’honneur.
[...] La question est très
sensible chez les musulmans britanniques qui se sentent déjà assiégés depuis le 11 septembre 2001 et les attaques terroristes du 7 juillet 2005. Les niveaux de violence familiale rapportés dans les communautés asiatiques britanniques sont inférieurs à la moyenne nationale, selon The Guardian. Mais pour une petite minorité de familles,
la juge britannique Marilyn Mornington a dit : « L’honneur repose sur la
chasteté et l’
obéissance de la femme dans la communauté. Si cela est
transgressé, alors la femme doit être punie, ultimement par la
mort. »
La Grande-Bretagne n’est pas seule : 47 femmes musulmanes ont été tuées en Allemagne entre 2000 et 2006. L’ONU estime que 5000 femmes et filles sont victimes de crimes d’honneur chaque année. Mais l’exemple britannique illustre comment une forme relativiste de multiculturalisme peut entrer en conflit avec les droits des femmes et la façon dont les crimes d’honneur, loin de disparaître
au fil des générations de migrants qui s’établissent dans de nouveaux pays, est peut-être même à la hausse.
En 2006, un sur 10 de 500 jeunes Asiatiques britanniques a déclaré à la BBC que les crimes d’honneur pouvaient être
justifiés. Nazir Afzal du Crown Prosecution Service et l’un des principaux procureurs poursuivant les crimes d’honneur, affirme que lorsqu’il a commencé à travailler sur de tels cas, « je pensais qu’il s’agissait d’une pratique
importée qui s’éteindrait quand la 1ière génération d’une communauté immigrée serait morte. Mais de nombreux jeunes me disent des choses
choquantes ».
Par exemple, un jeune homme Sikh a raconté à Afzal : « Un homme est une pièce d’or et une femme est un morceau de soie. Si vous laissez tomber une pièce d’or dans la boue, vous pouvez la polir. Si vous déposez une pièce de soie dans la boue, elle est souillée
à jamais. » [...]
Une réfugiée kurde du nord-ouest de l’Iran, Nammi est arrivée en Grande-Bretagne il y a 10 ans. À l’école de sa fillette, dans le nord de Londres, elle a rencontré Sobhia Nader, une interprète kurde dont Nammi se souvient comme une personne brillante, aimable et désireuse d’aider. Mais Nader a omis de se présenter pour leur troisième rendez-vous. Nammi a entendu dire qu’elle était retournée chez elle en Irak.
Ce que Nammi a découvet un peu plus tard, dit-elle, est que le mari de Nader l’avait ramenée en Irak parce qu’il la soupçonnait de flirter au travail. Au Kurdistan, Nader a été tirée à deux reprises, la deuxième fois mortellement. Les deux hommes qui ont arrêté sa voiture avant de la tuer n’ont pas blessé son mari, et Nammi croit qu’ils étaient ses membres de la
famille proche. Nul n’a été poursuivi en Grande-Bretagne ou en Irak.
À cette époque, les attitudes envers les
mariages forcés et les crimes d’honneur étaient plus laxistes qu’aujourd’hui. Seul un cas d’homicide sur cinq aboutissait à une condamnation pour meurtre ; l’homicide involontaire coupable pour le reste. Mais en 2000, une vague de cas hautement médiatisés de
mariages forcés ont conduit le ministre Mike O’Brien du gouvernement Blair à dire « la sensibilité multiculturelle n’est pas une excuse pour la cécité morale ». Puis il y a eu le meurtre de Heshu Yones.
Elle était une jeune fille kurde de 16 ans à Londres, dont le père
détestait les vêtements occidentaux et le
petit ami chrétien libanais. Pendant 15 minutes, Abdullah Yones a pourchassé sa fille de chambre en chambre avec un couteau de cuisine, il l’a poignardée à plusieurs reprises et a finalement tranché sa gorge dans le bain.
Le juge a condamné Yones à un minimum de 14 ans, mais semble atténuer la sauvagerie du crime en l’appelant « une histoire tragique découlant d’irréconciliables différences culturelles entre les
valeurs kurdes traditionnelles et les
valeurs de la société occidentale ». On peut soutenir, a-t-il ajouté, que « la conduite de Heshu a provoqué son père ».
Assise au tribunal, Nammi a ressenti de la colère. « Ce qu’on appelle la sensibilité culturelle est un moyen de laisser tomber les femmes », dit-elle. « Pourquoi une femme ne devrait pas avoir les mêmes
droits qu’une femme britannique ?
Un meurtre est un meurtre ».
Afzal cite également les commentaires du juge et le fait que Yones a été condamné à seulement 14 ans de prison, à titre de preuve que des réformes étaient nécessaires. Maintenant, les juges imposent des termes de 25 à 27 ans, dit-il. « Au cours des six dernières années, il y a eu un changement radical dans la façon dont chacun d’entre nous - les juges, les procureurs et les
enquêteurs – approche ce crime. »
Nammi est d’accord que la loi s’est améliorée, mais dit que la police doit changer plus. Banaz Mahmoud les a approchés à plusieurs reprises, et a même fourni une liste précise de ceux qui la tueraient. La police lui a offert l’accès à un refuge, mais a commis l’erreur, dit Nammi, de lui rendre visite dans sa maison, où elle ne pouvait pas parler.
(...)
Il y a tout juste trois jours, Nammi a reçu un message texte qui dit : « Je suis une femme iranienne qui a besoin d’informations confidentielles. S’il vous plaît
aidez-moi ».
Afzal explique que les communautés
doivent répondre à de tels appels. "J’ai entendu des gens me dire, « Ne parlez pas de ces choses, parce que nous sommes assiégés. Ne lavons pas notre linge sale en public ». Mais j’ai parlé à un très grand nombre de femmes musulmanes, et je peux vous dire que la plus grande crainte qu’elles ont n’est pas l’islamophobie ou celle d’être attaquées par des racistes ou d’être arrêtées pour suspicion de terrorisme. Elles craignent leur propre famille.
Rapport Crimes of the Community, par le Centre for Social CohesionUn rapport dévastateur sur la montée des « crimes d’honneur » contre les femmes de communautés d’immigrés en Grande-Bretagne vient d’être publié (une copie du rapport est accessible en cliquant au bas de cet article). Il est dévastateur non seulement parce qu’il révèle la complicité de certains «
leaders communautaires » dans les meurtres, les tentatives de meurtre et les passages à tabac, mais aussi parce que ses sources sont tellement dignes de foi.
Crimes of the Community, par un nouveau Think Tank apolitique appelé le Centre for Social Cohesion, est fondé sur le témoignage de groupes de femmes asiatiques qui ont courageusement décidé de dénoncer le nombre croissant d’agressions sur les femmes rendues possibles par une alliance de religieux
fondamentalistes et le «
politiquement correct » financé par l’État.
Le rapport a également le soutien de Nazir Afzal, directeur de la West London Crown Prosecution Service et l’expert du CPS sur les crimes d’honneur. Selon le CPS, une femme meurt d’un crime d’honneur à chaque mois.
Ces atrocités ne sont pas toutes commises par les musulmans : les hindous et sikhs en souffrent également, et sont impliqués dans les pratiques épouvantables de crimes d’honneur, les passages à tabac d’inspiration religieuse et les mariages forcés. Mais les musulmans traditionalistes sont les premiers contrevenants, et leurs dirigeants
plus rapides à rejeter les allégations.
Le UK Sharia Council décrit le mariage forcé comme une
exagération des médias ; les
mosquées refusent de recevoir les représentants de groupes de femmes asiatiques, et lorsque Mohammed Arshad, président de la mosquée de Dundee et un conseiller religieux au NHS, a essayé d’organiser le meurtre de son gendre, le Tayside Islamic and Cultural Education Society a demandé que sa sentence de sept ans de prison soit commuée en service communautaire parce qu’il était un membre tellement « respecté et
honoré » de la communauté.
Crimes of the Community décrit des sociétés qui sont à peine reconnaissables en tant que parties de la Grande-Bretagne du
21e siècle. Selon un refuge de femmes à Derby, certains compagnies de taxi asiatiques ramènent les filles menacées « directement à l’endroit d’où elles se sont échappées ».
Dans de nombreux cas, explique le rapport, « les femmes qui fuient la violence domestique ou un mariage forcé ont été délibérément retournées dans leurs foyers ou trahies à leur famille par des policiers, des conseillers et des fonctionnaires d’origine immigrée ».
Le
Domestic Violence Pennines Groupe accuse les conseillers asiatiques à Huddersfield de
bloquer leurs activités, avec l’appui de conseillers blancs. Le plus épouvantable, c’est que les groupes de femmes asiatiques disent qu’elles ne font pas confiance à la police asiatique, qui risque de livrer les jeunes filles à leurs familles abusives.
Il est clair que les crimes d’honneur dans des communautés fermées posent un défi de taille pour les forces de
police. Pourtant, il doit être relevé. M. Afzal fait le point inquiétant que les régions du
terrorisme islamiste et celles des crimes d’honneur coïncident presque exactement : nous sommes en présence d’une
menace à la sécurité, ainsi qu’aux libertés.
En attendant, cette étude conclut que les politiciens qui
ferment les yeux sur ces crimes
nient les droits humains fondamentaux des femmes simplement parce qu’elles proviennent d’une
culture étrangère. Ils sont, en bref, des
racistes.