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BENJAMIN STORA ET LE MAGHREB

2 participants

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1BENJAMIN STORA ET LE MAGHREB Empty BENJAMIN STORA ET LE MAGHREB Jeu 31 Jan - 17:32

admin"SNP1975"

admin
Admin

peut-on comparer Algérie et Maroc? L'exercice déplaît souverainement tant aux Algériens qu'aux Marocains... L'historien Benjamin Stora, spécialiste du Maghreb et de la relation des peuples à leur passé, s'est pourtant essayé à cette vision comparative (1). Il relève des singularités fortes, et notamment une différence profonde dans le rapport à l'indépendance. En Algérie, celle-ci est vécue comme une rupture. Le nationalisme cherche à ense-velir le passé. Au Maroc, au contraire, grâce à la monarchie, dont la légitimité est restée intacte, l'indépendance s'apparente à des retrouvailles avec le temps passé. Les deux pays vont ensuite choisir des voies très différentes, sur le plan tant économique que politique.

Pourtant, en dépit de ces différences, l'un et l'autre ont vu émerger des sociétés civiles qui ont pour caractéristique à la fois de ne pas se sentir représentées par les vieilles classes politiques encore aux commandes et d'aspirer à la modernité. Au Maroc comme en Algérie, des sociétés jeunes et urbaines veulent plus de vérité, de justice, d'Etat de droit, de démocratie. Dans les deux pays, aussi, on assiste à un intérêt nouveau pour le passé proche. La découverte d'une histoire récente, sujette à polémique et longtemps occultée, donne parfois lieu à de grands déballages.

La notion de rupture générationnelle est probablement celle qui définit le mieux l'évolution récente des deux plus grands Etats du Maghreb. La génération politique instituée autour de la notion d'indépendance n'est plus représentative des aspirations de populations très jeunes - une majorité de moins de 30 ans - qui sont à la recherche d'une identité. Une quête que traduisent aussi bien la montée de l'islamisme que la réémergence d'un mouvement berbère, ou encore l'aspiration «mondialisée» à une modernité fondée sur les droits de l'homme et la démocratie.

(1) Algérie, Maroc. Histoires parallèles, destins croisés. Maisonneuve et Larose, coll. Zellige, 195 p., 15 €.

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http://www.marocainsdalgerie.net

admin"SNP1975"

admin
Admin

Vous étiez ministre du GPRA, lequel s'est trouvé, dès le lendemain de l'indépendance, en conflit avec l'armée des frontières. Que s'est-il passé?



Il y a eu une énorme crise. Mais cette crise n'était ni idéologique ni relative à un désaccord fondamental sur le plan politique. Il s'agissait d'une lutte pour le pouvoir. Au fur et à mesure qu'approchait l'inéluctable indépendance de l'Algérie, un certain nombre de militaires, plutôt que de se demander ce qu'allait être ce pays, avec quelles options, se préoccupaient de savoir qui allait prendre le pouvoir. C'est ainsi que nous avons assisté à des alliances au sein de l'état-major, avec, à sa tête, Houari Boumediene et Ahmed Ben Bella, pour écarter le GPRA et assumer seuls les affaires du pays. Ils sont donc venus, dès le début, plus avec une culture militaire qu'avec celle de la démocratie. Et aussi avec une allégeance au pouvoir contraire aux aspirations des théoriciens de la révolution algérienne. Il est vrai que nous n'avons pas eu la chance, comme la Tunisie ou le Maroc, de recevoir un Etat clefs en main. Avec le départ massif de toute l'administration française, il a fallu créer des structures étatiques de toutes pièces. C'est pour cela que, dans la perspective de l'Etat, dès avant l'indépendance, nous avions décidé que le parti unique serait nécessaire pour la phase de mise en place de l'Etat, mais qu'il ne pouvait en aucun cas être un choix de système.
Donc, avant l'indépendance, l'objectif était bien le multipartisme?



Oui, et la charte de Tripoli [NDLR: 1961] était très claire à cet égard. Le système du parti unique devait constituer une étape, la plus courte possible. Malheureusement, il y a eu usurpation de la souveraineté populaire au profit d'options populistes. Attention, je ne veux pas, ici, faire assumer aux autres le choix du modèle socialiste parce que, finalement, nous étions tous pour ce choix-là. Il faut savoir que nous étions dans une situation particulière: tous les moyens de production qui se trouvaient entre les mains des colons se sont trouvés vacants. Que faire de tout cela, ces usines, ces terres, ces entreprises… abandonnées par les Français? Nous avons été amenés à une sorte de gestion que nous avons appelée socialiste, mais qui était, en fait, plus une récupération de ces biens par l'Etat. Nous n'étions sans doute pas conscients que nous ne disposions pas dans le pays des conditions nécessaires pour faire ne serait-ce qu'une petite expérience socialiste. Alors, ce ne fut pas du socialisme, car tout allait être géré par l'Etat, dans le domaine politique, économique ou social…
«Il fallait effacer de la mémoire du peuple la révolution et tous ses dirigeants»





En 1962, l'Algérie n'avait pas, il est vrai, beaucoup de cadres. Mais il y avait tout de même une élite, dont vous faisiez partie. Qu'est-ce qui vous a empêché de dire: «Attention! là, nous sommes en train de faire fausse route»?



Nous l'avons dit. Mais nous avions un système qui étouffait toute expression. Un système où l'une des principales interdictions était de faire mention du GPRA. Il fallait effacer de la mémoire du peuple la révolution et tous ses dirigeants. Ses responsables étaient interdits d'accès à des fonctions publiques importantes. On a falsifié l'Histoire. On a inventé, afin de le gérer, un passé virtuel servant les intérêts de la clique au pouvoir. Ce système perdure. Ceux qui sont aujourd'hui à la tête de l'Etat et qui parlent de démocratie et de liberté d'expression ont toujours été contre les libertés. Avec le recul, je constate qu'en 1962 nous avons acquis une nationalité, mais pas le droit à l'exercice de la citoyenneté.
Et, après 1965, avec le coup d'Etat de Boumediene, qu'est-ce qui a changé?



Le coup d'Etat de Boumediene a provoqué deux réactions. D'un côté, un mouvement populaire de dénonciation. Ben Bella avait un certain charisme, un discours populiste, il avait engagé de nombreuses réformes qui ont mobilisé la jeunesse. D'un autre côté, les cadres, ceux de la révolution algérienne et ceux qui géraient le pays, considéraient que Ben Bella était, certes, charismatique, mais imprévisible et impulsif. Et qu'il avait, peut-être sans s'en rendre compte, un comportement aventuriste. Ils voyaient donc en lui l'incarnation d'un système moyen-oriental de pouvoir autour d'une personne que l'on appelle un zaïm. C'est pourquoi ces cadres ont soutenu le coup d'Etat. Puis Boumediene est parvenu, avec les années, à surmonter cette difficulté de communication avec la population. Notamment par ses prises de position sur la révolution agraire et le lancement des grands chantiers de la jeunesse, mais surtout par la décision qu'il a prise en 1967, lors du conflit du Moyen-Orient, d'envoyer une brigade, ce qui a permis aux Algériens de s'identifier à la lutte des Palestiniens. A partir de cette date, il y a eu changement de situation et Boumediene est devenu, à son tour, un leader charismatique et populaire. Mais lui aussi a repris cette conception moyen-orientale du zaïm.

http://www.marocainsdalgerie.net

admin"SNP1975"

admin
Admin





L'Algérie indépendante aura 40 ans cette année. A Paris comme à Alger, plusieurs manifestations sont prévues pour commémorer les événements de 1962, à commencer par la signature, le 18 mars, des accords d'Evian. Avec, en guise de lever de rideau, le lancement il y a quelques jours de Guerre d'Algérie magazine, premier magazine - il sera bimestriel - exclusivement consacré à la guerre d'Algérie. Engagé dès la première heure dans le combat pour l'indépendance de son pays, Mohammed Harbi est considéré aujourd'hui comme le meilleur historien algérien. Il a récemment publié aux éditions La Découverte (1) le premier tome de ses Mémoires.

Vous avez été acteur, vous êtes historien. N'y a-t-il pas là une certaine contradiction?



Je crois qu'on peut être acteur et historien, à condition de savoir prendre de la distance à l'égard de sa propre expérience. Nous étions plusieurs qui n'adhérions pas aveuglément à ce qui se faisait. J'étais entré dans la résistance pour que nous devenions des hommes libres et je n'ai jamais accepté que nos dirigeants cherchent, au nom même de cette résistance, à nous inculquer la soumission. Mes Mémoires témoignent des débats qui étaient les nôtres à l'époque, au sein du mouvement de libération. C'est une chose qu'on a un peu oubliée aujourd'hui. On a tendance à assimiler le FLN aux partis uniques des démocraties populaires. C'est une erreur. Il n'était pas, à l'origine, aussi monolithique. Mais, au lieu de tenir compte de ses antagonismes pour concevoir et construire une communauté politique, on les a niés, et on a imposé par le haut une unanimité fondée sur une conception policière de l'action politique.
Dans votre livre, on est frappé par les ruptures qui jalonnent l'histoire du mouvement de libération. La première d'entre elles débouche sur l'élimination de Messali Hadj. L'Algérie sera, de ce fait, le seul pays du Maghreb qui ne sera pas conduit à l'indépendance par le «père de la nation». Est-ce que cela a changé la donne?



Mohamed Boudiaf, qui avait programmé l'assassinat de Messali Hadj en 1955, en était venu à penser, après son conflit avec Ahmed Ben Bella, puis son exil en 1963, que l'évolution de l'Algérie aurait peut-être été moins heurtée sans cette élimination. Je le crois aussi aujourd'hui, contrairement à ce que j'ai pensé dans le passé.
L'autre grande rupture, c'est celle qui, au moment de l'indépendance, puis avec le coup d'Etat de 1965, permet à l'armée des frontières de s'imposer au détriment du parti...



Le FLN a servi d'écran à la militarisation de la société politique. Les éléments civils ont dû céder la place aux militaires qui ont exclu la société de la gestion de ses affaires et confisqué le pouvoir. Si on veut vraiment comprendre le devenir de l'Algérie, c'est à la formation d'une armée-Etat qu'il faut se référer.
Vous avez pourtant, au lendemain de l'indépendance, choisi la solution Ahmed Ben Bella-Houari Boumediene, qui était celle des militaires...



J'ai attendu 1963, et j'ai appuyé Ben Bella, pas Boumediene. J'ai d'abord été dans l'opposition. Je considérais, dès 1962, qu'il fallait procéder à un examen critique de ce qu'avait été notre guerre de libération. Or personne ne voulait y toucher. Tout était sacré. Tout était tabou. Je ne me sentais donc proche d'aucun clan. J'ai finalement rallié Ben Bella - en devenant son conseiller - en avril 1963: l'autogestion, qu'il voulait mettre en œuvre, était une idée qui me tenait à cœur.
Que pensez-vous, aujourd'hui, du parcours de Ben Bella?



Il aurait fait un bon chef de l'opposition.
Et Boumediene?



Boumediene avait le sens du pouvoir et une très haute idée de l'Algérie. Mais c'est lui qui a fait de l'Algérie une dictature militaro-policière. Il s'est aussi beaucoup servi de la religion. Jusqu'à ce qu'en 1976 il se rende compte du danger. Mais c'était trop tard. Et ses successeurs ont joué avec le feu.
Comment analysez-vous le succès de l'idéologie islamiste en Algérie à la fin des années 1980?



Toutes les autres idéologies se sont compromises dans l'étatisation de la société. C'était la seule idéologie qui n'était pas «mouillée» et le système éducatif l'a favorisée.
Quel regard portent, aujourd'hui, les Algériens sur la France et quel est celui que portent les Français sur l'Algérie?



Les racines du conflit ne sont pas encore abordées d'une manière correcte, de part et d'autre. En France, la question coloniale, et l'ampleur de ses conséquences sur les sociétés colonisées, n'a pas été analysée au fond. En Algérie, la colonisation française a pulvérisé toutes les instances de médiation qui existaient dans la société civile. Dans les élites, cela se sait. Mais le grand public, en France, n'en est pas assez conscient. En Algérie, parce que le nationalisme a réalisé l'unité des Algériens contre la colonisation, les dirigeants éprouvent, à tort ou à raison, le besoin de se construire un ennemi. Et celui qui s'impose le plus à la mémoire, c'est bien sûr la France.
Comment l'Algérie peut-elle évoluer, et se réconcilier avec elle-même?



A mon avis, il ne peut pas y avoir aujourd'hui d'issue à notre situation si l'on n'accepte pas l'idée d'un compromis pour donner des assises stables à la communauté politique. Pour la première fois, le poids des militaires est mis en cause, y compris par ceux qu'ils ont faits rois. Le président Abdelaziz Bouteflika, qu'ils ont pourtant installé au pouvoir, ne cesse de ruer dans les brancards! Ils peuvent encore faire des dégâts, mais ils vont devoir tenir compte de leur discrédit.

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yaz



merci pour ce topik admin , je respect beaucoups l historien Benjamin Stora et il est d ailleur le plus grand historien de l histoire de l Algerie pour moi et surement aussi pour d autres..encore merci...un algerien..... :arrow:

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