peut-on comparer Algérie et Maroc? L'exercice déplaît souverainement tant aux Algériens qu'aux Marocains... L'historien Benjamin Stora, spécialiste du Maghreb et de la relation des peuples à leur passé, s'est pourtant essayé à cette vision comparative (1). Il relève des singularités fortes, et notamment une différence profonde dans le rapport à l'indépendance. En Algérie, celle-ci est vécue comme une rupture. Le nationalisme cherche à ense-velir le passé. Au Maroc, au contraire, grâce à la monarchie, dont la légitimité est restée intacte, l'indépendance s'apparente à des retrouvailles avec le temps passé. Les deux pays vont ensuite choisir des voies très différentes, sur le plan tant économique que politique.
Pourtant, en dépit de ces différences, l'un et l'autre ont vu émerger des sociétés civiles qui ont pour caractéristique à la fois de ne pas se sentir représentées par les vieilles classes politiques encore aux commandes et d'aspirer à la modernité. Au Maroc comme en Algérie, des sociétés jeunes et urbaines veulent plus de vérité, de justice, d'Etat de droit, de démocratie. Dans les deux pays, aussi, on assiste à un intérêt nouveau pour le passé proche. La découverte d'une histoire récente, sujette à polémique et longtemps occultée, donne parfois lieu à de grands déballages.
La notion de rupture générationnelle est probablement celle qui définit le mieux l'évolution récente des deux plus grands Etats du Maghreb. La génération politique instituée autour de la notion d'indépendance n'est plus représentative des aspirations de populations très jeunes - une majorité de moins de 30 ans - qui sont à la recherche d'une identité. Une quête que traduisent aussi bien la montée de l'islamisme que la réémergence d'un mouvement berbère, ou encore l'aspiration «mondialisée» à une modernité fondée sur les droits de l'homme et la démocratie.
(1) Algérie, Maroc. Histoires parallèles, destins croisés. Maisonneuve et Larose, coll. Zellige, 195 p., 15 €.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]
Pourtant, en dépit de ces différences, l'un et l'autre ont vu émerger des sociétés civiles qui ont pour caractéristique à la fois de ne pas se sentir représentées par les vieilles classes politiques encore aux commandes et d'aspirer à la modernité. Au Maroc comme en Algérie, des sociétés jeunes et urbaines veulent plus de vérité, de justice, d'Etat de droit, de démocratie. Dans les deux pays, aussi, on assiste à un intérêt nouveau pour le passé proche. La découverte d'une histoire récente, sujette à polémique et longtemps occultée, donne parfois lieu à de grands déballages.
La notion de rupture générationnelle est probablement celle qui définit le mieux l'évolution récente des deux plus grands Etats du Maghreb. La génération politique instituée autour de la notion d'indépendance n'est plus représentative des aspirations de populations très jeunes - une majorité de moins de 30 ans - qui sont à la recherche d'une identité. Une quête que traduisent aussi bien la montée de l'islamisme que la réémergence d'un mouvement berbère, ou encore l'aspiration «mondialisée» à une modernité fondée sur les droits de l'homme et la démocratie.
(1) Algérie, Maroc. Histoires parallèles, destins croisés. Maisonneuve et Larose, coll. Zellige, 195 p., 15 €.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]