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[Berbère] EMIR ABBELKARIM EL KHATTABI

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L’Emir Abd el-Krim el-Khattabi : figure musulmane de la résistance à la colonisation (partie 1/2)[Berbère] EMIR ABBELKARIM EL KHATTABI Arton2394


Par Youssef Girard
jeudi 29 mars 2007

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Le Maroc fut le dernier pays du Maghreb à être colonisé. La dureté de la conquête et l’apprêté des combats n’en furent pas moins grands. Côté marocain, la résistance à la colonisation prit des formes différentes selon les moments et les lieux, elle fut une constante durant les quarante-quatre années d’occupation française. En 1912, au moment de l’instauration du protectorat, le Maroc était l’un des centres d’intérêt des puissances impérialistes depuis plus de trente ans.

Par la convention de Madrid, en 1880, le Maroc reconnaissait le statut de nation la plus favorisée à la France, l’Espagne et l’Angleterre. En 1904, la France et Grande-Bretagne adoptèrent un accord secret sur le Maroc. La Grande-Bretagne reconnaissait à la France de droit de s’installer au Maroc contre la renonciation à toute présence en Egypte. L’accord marquait en fait le début du processus de colonisation du Maroc par la France. A la conférence européenne d’Algésiras sur le Maroc, le 7 janvier 1906, la France et l’Espagne reçurent des droits particuliers sur le plan économique ; notamment des droits spéciaux pour la police des ports marocains.

En Août 1907, les troupes françaises débarquèrent à Casablanca.

Quatre ans après, en mars 1911, un soulèvement berbère menaça le sultan qui fut délivré grâce à l’intervention des Français. Cette intervention fut le prétexte utilisé par les Français pour conquérir le Maroc. L’Allemagne, pour s’opposer à l’intervention française, envoya devant Agadir le pavillon de guerre Panther. L’Allemagne et la France qui se partageaient l’Afrique comme un gâteau, échangèrent 275 000 km de territoire en Afrique équatoriale française contre la reconnaissance par le Reich de la liberté d’action de la République au Maroc.

Cela permit l’instauration du protectorat français sur le Maroc le 30 mars 1912. Parachevant la mise sous tutelle occidentale du Maroc, le 27 novembre 1912, l’Espagne se voyait confié deux zones d’influence : l’une au Nord, la région du Rif, et d’autre au Sud, la région de Tarfaya et Ifni. Malgré cette mise sous tutelle, au Maroc, comme dans l’ensemble du monde arabo-islamique, la résistance à l’impérialisme occidental s’organisait.

Dans le monde arabo-islamique, l’avancée des puissances occidentales entraîna l’apparition d’un mouvement de renaissance nationale-culturelle, la Salafiyya, qui devait organiser la résistance politique et culturelle à l’impérialisme. Les idées de la Salafiyya pénétrèrent au Maroc par les pèlerins et les étudiants revenus du Machrek arabe, les livres et les revues, dans les grandes villes du pays.

Les lettrés prirent connaissance des idées de « fraternité islamique »[1] développées par Djamal ed-Din al-Afghani et reprises par Mohammed Abdouh et Rachid Ridha dans la revue al-Manar [le Phare]. Ces idées venaient régénérer un Maroc englué dans le conservatisme sclérosant et dans un spiritualisme qui s’était transformé en charlatanisme. Les « idées mortes » régnaient, alors que le pays était en proie à l’avancée des puissances impérialistes. La pensée d’al-Afghani devait inspirer dès le début du siècle l’action d’hommes voulant faire face aux défis du temps. Les idées de la Salafiyya de renaissance nationale-culturelle furent le soubassement intellectuel d’hommes qui purent les transformer en « levain » dans la lutte anti-colonialiste et anti-impérialiste au Maghreb.
Face à l’impérialisme occidental, les Marocains organisèrent leur lutte. Ne pouvant pas compter sur le sultan et sur makhzen [2] qui avait capitulé devant les puissances coloniales, la population Marocaine mena seule la lutte pour son indépendance. Menée par des hommes tels que El Hajjami, Akka Bouidmani, Moha ou Hamou Ezzayani, tué en 1921, Sidi Raho des Aît Seghrouchène, Moha Ou Sdid des Ait Seri, Ali Amhaouch, disparu en 1917, Moha N’Ifrouten Semlali mort en 1919, ou Moha ou Saïd assassiné en 1924, les tribus se battaient avec acharnement. Ils parvenaient à infliger de lourdes pertes aux armées impérialistes : à Ksiba en juin 1913, à El Herri en novembre 1914, à Bab El Mrouj en janvier 1915, à Skoura en janvier 1917 ou encore à Gaouz en août 1918.
Après la fin de la première guerre mondiale, la France avait les mains libres pour terminer sa conquête du Maroc. Malgré sa supériorité militaire et le blocus, la France se heurta à la détermination des résistants dans le Moyen-Atlas, le Haut-Atlas et l’Anti-Atlas. Repoussés vers les sommets des montagnes et les pitons décharnés, constamment bombardés et confrontés aux assauts de la Légion et des supplétifs « autochtones », les résistants marocains s’efforcèrent de lutter jusqu’au bout contre les armées impérialistes afin de préserver leur liberté. Le plus célèbre de ces résistants marocains fut sans aucun doute l’Emir Abd el-Krim el-Khattabi.

De l’administration espagnole à la batail d’Anoual

Fils de qadi, le chef de l’insurrection du Rif qui naquit vers 1882 au sein du clan des Aït Khattab, l’une des fractions de la tribu des Beni Ouriaghel dans le Rif central, fut largement influencé par les idées des penseurs de la Nahdah en général et par la revue al-Manar en particulier. Abd el-Krim avait dans son enfance suivie un enseignement dans des zaouïas traditionnelles à Ajdir, sa ville natale, dans la province d’Al Hoceima, puis à Tétouan.

Il avait découvert les idées de la Salafiyyah en poursuivant ses études à l’université Qaraouiyine de Fès, de 1902 à 1904. Ces idées le convainquirent de l’impérieuse nécessité d’une réforme culturelle et religieuse alliées à une action politique et sociale seul moyen de faire face au défi de l’Occident impérialiste. Une fois ses études terminées et armé des idées de la Salafiyyah, Abd el-Krim s’installa à Melilla et devint rédacteur du journal de langue espagnole « Telegrama del Rif » en 1906.

Un an plus tard, il commença à travailler pour l’administration coloniale espagnole en devenant Secrétaire du Bureau des affaires indigènes avant d’être nommé qadi chef en 1914. Malgré son engagement au service de l’administration coloniale, Abd el-Krim n’avait sûrement pas oublié les idées Salafiys qu’il avait découvertes et appréciées à Fès. En 1917, il fut emprisonné pour avoir défendu l’idée que l’Espagne ne devait pas s’étendre au-delà des territoires déjà occupés, ce qui excluait en fait la plus grande parti du Rif. Après cet emprisonnement et cinq ans après avoir été nommé cadi, en 1919, il quittait l’administration et retournait dans sa ville natale d’Adjir.

En fait, ce retour dans sa ville natale marqua le début d’une deuxième vie d’Abd el-Krim el-Khattabi. De là, il commença à mobiliser les Beni Ouriaghel, sa tribu d’origine, contre les espagnols. La violente répression menée par le général Manuel Fernandez Sylvestre, voulue par les autorités espagnoles, favorisa les ralliements des rifains à la cause du jeune chef. Aidé de son frère M’hamed, celui qui était devenu l’Emir Abd el-Krim commença à mobiliser et organiser les Rifains afin de mener la lutte contre les troupes d’occupations espagnoles.

En avril 1921, la réunion du Jbel El Qama scella l’accord d’union des différentes tribus rifaines dans leur lutte contre les conquérants ibériques. Par « le serment d’el Qama », l’Emir Abd el-Krim parvint à s’imposer aux délégués des tribus et à les engager à respecter les décisions prises en commun. L’investiture d’Abd el-Krim se déroula selon un rite qui rappelait la naissance du première Etat Islamique à l’époque du Prophète Mohammed telle qu’elle fut décrite dans le Coran : « Allah aime les croyants qui te prête serment sous l’arbre. Il connaît leur cœur et leur donne la paix et il les récompense par ses conquêtes ».

Cette unité, dans une région minée par les divisions et les luttes de clan, était nécessaire pour constituer un véritable front anti-impérialiste. Au début les moudjahiddines rifains se contentèrent d’escarmouches et d’actes de sabotages. L’Emir Abd el-Krim, avec ses petits groupes de combattants mobiles qui étaient dans la montagne rifaine comme « des poisons dans l’eau », inaugurait une technique de guerre qui allait faire le succès de toutes les armés de libérations du vingtième siècle : la guerre de guérilla. Reconnaissant la dette qu’ils lui devaient, Ho Chi Min et Mao Tsé-toung le nommèrent « notre précurseur »[3].

En 1921, les troupes espagnoles, pénétrant toujours plus profondément en territoire marocain, commencèrent à se rapprocher du secteur inoccupé du Rif. Face à cette avancée, Abd el-Krim envoya un message au général Manuel Fernandez Sylvestre, lui signifiant que le franchissement du fleuve Amekran serait considéré par les Rifains comme une déclaration de guerre. Le général espagnol se serait gaussé en apprenant le contenu du message du chef rifain.

En réponse, le général Sylvestre, installa un poste militaire sur le fleuve Abarran dirigé par le chef de bataillon Jésus Villar. Le jour même de leur installation, le 1ier juin 1921, les militaires espagnoles furent encerclés par les Rifains qui tuèrent cent soixante dix-neuf soldats ibères et forcèrent le reste à se replier.

Poursuivant son offensive, le 21 juin 1921, Abd el-Krim el-Khattabi lança une grande attaque à Anoual. Trois mille moudjahiddines rifains postés sur les hauteurs du Jbel Gourougou, au-dessus de Mellila, fondirent sur les soldats ibères. Les troupes d’occupations espagnoles furent littéralement écrasées ; plus de quinze mille soldats de l’armée espagnole y trouvèrent la mort, sept cents furent faits prisonniers.

Devant ce désastre, le général Manuel Fernandez Sylvestre mit fin à ses jours. L’écrasante victoire des moudjahiddines permit d’enflammer l’ensemble du Rif. Cette victoire était en totale rupture avec les précédents de Ksiba et d’El Herri, tant par son ampleur que par son rôle déterminant dans l’amorce d’un processus d’élaboration de structures étatiques de type révolutionnaire. L’autre bénéfice de la victoire fut la saisie d’une grande quantité d’armes légères et lourdes sur le champ de bataille déserté par les troupes espagnoles.

Pour l’Espagne, Anoual fut l’une des plus douloureuses défaites de son histoire. Les troupes espagnoles n’avaient pas seulement essuyé une défaite mais avaient perdu la face devant un adversaire jugé inférieur, techniquement mais surtout « racialement ». Dans un monde marqué par les préjugés racistes et ethnocentristes, Anoual était un symbole : c’était celui de la victoire des peuples de « couleurs » sur une nation « blanche » ; c’était l’écrasement de la croix par le croissant ; c’était la revanche de l’Orient sur l’Occident.

La victoire des moudjahiddines rifains venait mettre fin au mythe de l’invincibilité des nations occidentales. Dans les pays colonisés, cette victoire était perçue comme une revanche sur l’Occident après des dizaines d’années d’humiliation.

De fait pour l’Espagne Anoual était plus qu’une défaite. C’était une humiliation civilisationnelle. Cette déroute et la résistance des moudjahiddines rifains, poussa le général Miguel Primo de Rivera, à prendre le pouvoir le 13 septembre 1923, à Barcelone. Résigné, le roi Alphonse XIII l’appela à former un gouvernement et lui donna les pleins pouvoirs. Cela permit à Primo de Rivera de suspendre la Constitution, de dissoudre l’assemblée des Cortes et d’instaurer la censure. En Espagne, l’humiliation d’Anoual provoqua l’avènement d’une dictature militaire.

Suite

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L’Emir Abd el-Krim et la République du Rif

Les victoires des troupes d’Abd el-Krim sur les forces impérialistes espagnoles créèrent un enthousiasme et un espoir dans l’ensemble du monde arabo-islamique qui était dans sa presque totalité sous le joug occidental. L’empire Ottoman venait d’être défait durant la première guerre mondiale et aucun pays musulman n’était en mesure de tenir tête à un Occident conquérant. Certains espéraient voir dans l’Emir rifain l’homme qui allait relever l’étendard de l’Islam pour lui rendre sa dignité perdue.

Selon Benyoucef Ben Khedda, « les espoirs de libération des musulmans s’étaient portés sur le héros rifain avec d’autant plus d’empressement que son prestige était rehaussé à leurs yeux par le fait qu’il se réclamait de l’ascendance de l’illustre Omar Ibn-el-Khattab, le second calife de l’Islam. Chacune de ses victoires était accueillie par les algériens comme étant la leur, et chacune de ses défaites aussi. La guerre du Rif avait par ailleurs beaucoup sensibilisé la communauté algérienne en France. Elle joua un rôle appréciable dans la stimulation de sa conscience militante, au moment de la création de l’Etoile Nord Africaine »[4].

Après la victoire spectaculaire d’Anoual, Abd el-Krim renforça son pouvoir en créant un Etat, la République du Rif, avec un gouvernement et une administration centralisée. La République du Rif fut dotée d’une Présidence dévolue à Abd el-Krim el-Khattabi, d’une Délégation générale attribuée au frère d’Abd el-Krim, M’hamed el-Khattabi, d’un Ministère de la Guerre dirigé par Ahmed Boudra, de l’Intérieur conduit par le caïd Lyazid, des Affaires Etrangères octroyé à Azerkane, des Finances donné à Abd es-Salam el Khattabi, de la Justice et de l’Instruction confié au faqih Zerhouni.

Ces institutions étaient renforcées par l’application d’une justice unitaire qui interdisait les affrontements entre les différentes tribus au sein de la République. Cela était particulièrement important dans une région marquée par les solidarités claniques et où la logique de la vendetta se substituait souvent au droit. De plus, une intense action d’éducation était menée par des cadis et des fouqaha chargés d’expliquer le sens de la lutte et de mesures telles que l’interdiction du thé ou du tabac.

L’armée était calquée sur le modèle de l’ancienne armée marocaine. Les formations militaires, fortes de vingt à trente milles hommes, âgés de 16 à 50 ans, étaient divisées en « centuries » et subdivisées en groupes de vingt cinq à cinquante hommes assez bien équipés en armes saisies à l’ennemi ou achetées à l’étranger.
La proclamation de la République du Rif, à l’intérieur des frontières nationales du Maroc, remettait en cause l’autorité du sultan. L’Emir Abd el-Krim lui reprochait son manque de nationalisme et le fait de ne pas lutter pour la libération nationale du Maroc. La République du Rif représentait, aussi, une menace pour le protectorat français. Dans un premier temps, les Français n’avaient pas été mécontents des revers infligés par les Rifains aux Espagnols auxquels ils avaient dû, sous la pression anglaise, céder environ 5% du territoire du Protectorat en 1912.
Par la suite, les Français changèrent de politique lorsqu’ils comprirent le danger qu’Abd el-Krim représentait pour eux. Le risque était pour les français de voir les moudjahiddines rifains embraser l’ensemble du Maroc et au-delà l’Algérie voisine. En 1924, le maréchal Hubert Lyautey, alors résident général qui venait de prendre les commandes des opérations militaires contre les insurgés rifains, déclarait que « l’établissement sur notre flanc de cet Etat musulman autonome, à la moderne, assuré d’appuis extérieurs, à base méditerranéenne, représente un très grave péril ». De fait, cela ne pouvait qu’entraîner l’entrée en guerre de la France contre les moudjahiddines rifains.
Les autorités espagnoles n’arrivaient pas à faire face à un nouvel Etat rifain de plus en plus sûr de sa force. Les soldats ibères n’étaient pas préparés pour faire face à la guerre menée par les montagnards du nord du Maroc. Ceux-ci, moins bien équipés techniquement, utilisaient toutes les ressources offertes par la topographie et par le climat qu’ils connaissaient parfaitement, pour mener leur lutte.
Leurs petits groupes de combattants extrêmement mobiles permettaient de contrôler l’ensemble du territoire de la République et en même temps de mener de nombreuses opérations sporadiques. De plus, une fois le combat terminé les moudjahiddines pouvaient se replier dans les villages ce qui compliquait les manœuvres de répression espagnoles. En 1924, les Espagnols qui n’arrivaient pas à faire face aux combattants rifains, se replièrent sur la côte marocaine et réorganisèrent leurs troupes.
Dans le même temps, la République du Rif et l’Emir Abd el-Krim devenaient les symboles de la lutte anti-impérialiste à travers le monde. Les mouvements de renaissance nationale-culturelle dans le monde musulman supportaient l’action de l’Emir rifain.
En France, le Parti Communiste qui suivait, alors, une politique anti-colonialiste, soutenait la résistance des Rifains. Dans un télégramme adressé à Abd el-Krim, publié dans L’Humanité, Jacques Doriot et Pierre Semard n’hésitaient pas à affirmer : « Groupe parlementaire, Comité directeur du PC, Comité national des jeunesses communistes saluent la brillante victoire du peuple marocain sur les impérialistes espagnols. Ils félicitent son vaillant chef Abdel-Krim. Espère qu’après la victoire définitive sur l’impérialisme espagnol il continuera, avec le prolétariat français et européen, la lutte contre tous les impérialismes, français y compris, jusqu’à la libération complète de sol marocain. Vive l’Indépendance du Maroc ! Vive la lutte internationale des peuples colonisés et du prolétariat mondial ! »[5].

De son côté, Abd el-Krim cherchait à obtenir des appuis aussi bien des forces qui dans le monde arabo-islamique luttaient contre l’impérialisme occidental, que des forces qui en Europe combattait les visés expressionnistes de leur propre pays. Ainsi, l’Emir rifain affirmait la distinction qu’il faisait entre les troupes coloniales espagnoles qu’il combattait sans relâche, et le peuple espagnols avec qui il espérait établir des relations amicales : « Le Rif ne combat pas les Espagnols et ne ressent pas de haine envers le peuple espagnol. Le Rif combat cet impérialisme envahisseur qui veut lui ôter sa liberté à force de sacrifices moraux et matériels du noble peuple espagnol. (…) les Rifains luttent contre l’Espagnol armé qui prétend lui enlever ses droits, et cependant garde ses portes ouvertes pour recevoir l’Espagnol sans armes en tant que technicien, commerçant, industriel, agriculteur, et ouvrier »[6].

A suivre….




[1] Bennabi Malek, Vocation de l’Islam, Ed. Seuil, Paris, 1954, page 47


[2] L’Etat central marocain.


[3] En 1971, recevant une délégation du Fatah, Mao Tsé-toung leur déclara : « Vous êtes venus pour que je vous parle de la guerre populaire de libération alors que, dans votre histoire récente, il y a Abd el-Krim, qui est une des principales sources desquelles j’ai appris ce qu’est la guerre populaire de libération. »


[4] Ben Khedda Benyoucef, Les origines du premier Novembre 1954, Ed. CNER, Alger, 2004, page 34


[5] L’Humanité, 11 décembre 1924


[6] Lettre d’Abdelkrim à Luis de Oteyza, Directeur de La libertad, en 1922



Youssef Girard

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2 éme partie:

L’Emir Abd el-Krim el-Khattabi : figure musulmane de la résistance à la colonisation (partie 2/2)


Par Youssef Girard
jeudi 5 avril 2007


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Défaite et exil
Pour contrer la montée en puissance de l’Emir Abd el-Krim et de la République du Rif, le maréchal Lyautey décida de procéder à des « rectifications de frontière » et d’établir un blocus économique dans les Beni Zeroual. Cela devait rendre plus difficile le ravitaillement des Rifains en produits agricoles de base. Le chef rifain réagit en proposant des négociations avec les autorités françaises.

Après l’échec de ces tentatives de négociations, l’Emir Abd el-Krim lança, en avril 1925, une vaste offensive vers le Sud. La prise de Fès était l’un des objectifs avoués de l’attaque. Les moudjahiddines rifains repoussèrent les troupes françaises vers Fès et Taza. Puis bloqués au Sud, les moudjahiddines se redéployèrent à l’Est et l’Ouest où le ralliement des Jebala les conduisit aux portes du Gharb.

Les pertes infligées aux forces françaises étaient très importantes : deux mille cent soixante-seize morts et huit mille deux cent quatre-vingt dix-sept blessés entre avril et octobre 1925. Les autorités françaises craignaient que l’insurrection rifaine n’embrasa l’ensemble du le Maroc. La proclamation de la prise de Fès comme objectif de l’offensive, décida le gouvernement français à lancer une contre-offensive. Mais après ses échecs le maréchal Lyautey fut contraint de donner sa démission.

La France, qui depuis longtemps avait des prétentions sur le Rif méridional, se rendit compte que laisser une autre puissance coloniale se faire vaincre au Maghreb par des colonisés créerait un dangereux précédent dans les territoires qu’elle contrôlait en Afrique du Nord.

Tentant de créer un rassemblement des différentes forces sociales du Maroc pour constituer le noyau d’un mouvement de libération marocain, Abd el-Krim demanda au sultan Moulay Youssef de se rallier à sa cause. Celui-ci, en raison de la pression de la résidence générale française à Rabat, refusa de lutter contre les puissances coloniales. De plus le sultan marocain percevait l’Emir Abd el-Krim comme une menace pour son propre pouvoir. Selon Charles-André Julien, « la défaite des Espagnols par les Rifains parut aux Marocains l’annonce du triomphe prochain de l’Islam. Pour le peuple, le nouveau sultan « Sidi Mohand » fut le chef de la guerre sainte qui évincerait le sultan de Rabat, prisonnier des Chrétiens »[1].

Après la démission du maréchal Lyautey, le commandement des armées fut confié au maréchal Philippe Pétain, auréolé de la victoire de Verdun. A l’époque les troupes espagnoles étaient dirigées personnellement par le général et chef de gouvernement espagnol Miguel Primo de Rivera, marquant par là l’importance que l’insurrection rifaine avait pris dans la vie politique espagnole. Un accord fut conclu entre les gouvernements français et espagnol afin de déclencher la contre-offensive devant mettre un terme à l’insurrection des moudjahiddines rifains.

Les deux puissances coloniales envoyèrent des renforts et unifièrent leur commandement militaire sous l’autorité du maréchal Pétain. L’Espagne et la France déployèrent des moyens techniques et militaires exceptionnels afin d’anéantir une insurrection de plus en plus menaçante pour leur hégémonie.

Au printemps 1926, une offensive générale franco-espagnole fut lancée avec un demi-million d’hommes et l’appui de quarante-quatre escadrilles d’avions de combat. Les armées impérialistes, suivant la logique coloniale de responsabilité collective, ne distinguèrent pas les objectifs militaires des objectifs civils. Les Rifains étaient collectivement responsables des revers des armés colonialistes et devaient, de fait, être « punies » en conséquence.

Les Français et les Espagnols établirent un blocus rigoureux sur le littoral méditerranéen afin d’étouffer l’ensemble du Rif. Les avions des armées européennes munies de gaz moutarde bombardèrent massivement les villages rifains, faisant des marocains du Rif les premiers civils gazés massivement dans l’histoire, à côté des kurdes iraqiens gazés par les britanniques[2]. La dévalorisation de ces hommes incomplètement humains qu’étaient les Rifains, permettait aux armées coloniales de procéder aux pires exactions.

Les moudjahiddines rifains, beaucoup moins bien équipés que les troupes franco-espagnoles, ne purent résister à l’offensive. Abd el-Krim tenta de négocier avec les puissances coloniales afin d’arrêter le massacre. Après l’échec des pourparlers engagés à Oujda, l’Emir rifain était au pied du mur. Le 27 mai 1926, l’Emir Abd el-Krim était contraint de se rendre aux autorités coloniales. Dans les entretiens qu’il eu avec les négociateurs lors de sa reddition, Abd el-Krim dénonça, en espagnol, « la civilisation de fer de l’occident » qui faisait de lui un barbare parce qu’il était faible et mal armé.

Malgré ce plaidoyer, les autorités françaises déportèrent le chef des Rifains à la Réunion. De plus le chef de l’insurrection rifaine demanda que les civils soient épargnés. Il n’en fut rien puisque, du côté des civils rifains, le nombre victimes fut estimé à cent cinquante milles durant les années 1925-1926.

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La lutte anti-coloniale au Caire

Le 31 mai 1947, après plus de vingt ans d’exil forcé à la Réunion, l’ Emir Abd el-Krim trouva refuge en Egypte alors qu’il venait de s’évader du bateau que les autorités françaises avaient affrété pour le ramener au Maroc. Le gouvernement français voulait utiliser Abd el-Krim comme moyen de pression contre le Sultan Mohammed V jugé, par les autorités coloniales, trop complaisant avec les nationalistes de l’Istiqlal. En Egypte, « le champion de l’Islam »[3] demanda asile et protection au roi Farouk.

Ce dernier la lui accorda sous la pression des Frères Musulmans qui réclamaient, alors, la rupture des relations diplomatiques avec Paris. Pour le Parti du Peuple Algérien, l’évasion de l’Emir Abd el-Krim était un évènement d’importance dans la lutte anti-colonialiste au Maghreb : « l’évènement d’une haute portée politique, a eu pour effet immédiat de mettre la question nord-africaine au premier plan de l’actualité »[4].

Au Caire, l’Emir Abd el-Krim reprit son activité politique et se posa en chef de la résistance maghrébine face aux puissances coloniales françaises et espagnoles. Dans la capitale égyptienne, où il avait rencontré Allal el-Fassi, arrivé le 25 mai de la même année, il proclama sa fidélité au sultan Chérifien dans sa lutte pour la reconquête de l’indépendance du Maroc. Lui qui s’était dressé contre la soumission du père de Mohammed V, soutenait le jeune sultan afin de créer une véritable unité nationale pour la libération totale de son pays.

Dans la capitale égyptienne, l’Emir Abd el-Krim ne s’intéressait pas uniquement à l’avenir du Maroc mais à l’ensemble du Maghreb. Ainsi, il fonda, avec l’aide d’étudiants maghrébins, les commandos nord-africains qui avaient pour but de former des cadres militaires dans la perspective d’une insurrection généralisée des trois pays du Maghreb[5].

A côté de cet activisme militariste, l’Emir Abd el-Krim cherchait à fédérer les différents mouvements nationalistes maghrébins en vue de coordonner la lutte anti-colonialiste dans les trois pays. C’est dans ces conditions qu’il fonda, le 9 décembre 1947, le « Comité de Libération du Maghreb Arabe » au Caire. Abd el-Krim, « le Héros National du Maghreb Arabe »[6], fut élu président du Comité dont il avait été le principal architecte alors que la Vice-Présidence revenait à son frère M’hamed el-Khattabi. Autour de lui, le « Comité de Libération du Maghreb Arabe » regroupait Habib Bourguiba et le Docteur Habib Thameur pour la Tunisie, Allal el-Fassi, Abd el-Khalek Torres et Mekki Naciri pour le Maroc et Chadly el-Mekki pour l’Algérie. Seul le PPA représentait l’Algérie au sein du Comité. Le 5 janvier 1948, l’Emir lança un manifeste, contresigné par les représentants des principaux partis nationalistes maghrébins, afin de coordonner la lutte pour l’indépendance de l’ensemble de l’Afrique du Nord.

C’est dans l’effervescence qui entourait la question de l’unité de la lutte anti-colonialiste au Maghreb que le Comité de Libération du Maghreb Arabe chercha à faire valoir cette unité depuis le Caire. Pour le Comité, la libération des trois pays qui était son objectif central, devrait aboutir à « l’évacuation des pays par les troupes d’occupations et la réalisation de leur indépendance totale et leur souveraineté nationale complète ». Le CLMA affirmait clairement son identité arabo-islamique. Selon lui : premièrement l’Afrique du Nord existait « par l’Islam, a vécu pour l’Islam et se guidera par l’Islam dans sa vie future » ; deuxièmement qu’elle était « une partie intégrante du Monde Arabe ». En cela, le Comité pouvait être considéré comme l’héritier des idées de « fraternité islamique » développées par Djamal ed-Din al-Afghani et du nationaliste arabo-islamique de Chekib Arsalan.

Pour le CLMA la lutte de libération nationale devait aboutir à « une indépendance totale pour les trois pays ». Enfin, le Comité envisageait la possibilité de recours à la « critique des armes » puisque le CLMA prévoyait d’employer « tous les moyens possibles pour atteindre son but »[7].

Le CLMA, malgré la personnalité de l’Emir Abd el-Krim, succomba rapidement à des dissensions internes. Habib Bourguiba, le plus « occidentalisé » des leaders nationalistes maghrébins au Caire, supportait mal la prépondérance des éléments marocains au sein du Bureau du Maghreb Arabe et du Comité de Libération du Maghreb Arabe. En effet, Abd el-Krim el-Khattabi et Allal el-Fassi qui avaient tous deux effectué leurs études à l’université Qaraouiyin de Fès, possédaient une vaste culture arabo-islamique à même de favoriser leur contact et leur rapprochement avec les milieux politiques et culturels machrekiens en général et égyptien en particulier.

Cinq ans après son arrivée au Caire, Abd el-Krim déçu par l’échec du Comité de Libération du Maghreb Arabe et par l’attitude des leaders nationalistes maghrébins qui, selon lui, n’étaient pas à la hauteur de leur « mission historique », reprochait à ceux-ci « d’avoir amassé de l’argent pour le Mouvement national et de l’avoir dépensé à leur façon dans une lutte qui s’est limitée à la ville du Caire et l’impression de luxueuses publications »[8].

Malgré l’échec du Comité de Libération du Maghreb Arabe dans sa tentative de coordonner la lutte anti-colonialiste au Maghreb, l’idée d’une unification de cette lutte resta vivace au sein des différents mouvements nationalistes maghrébins.

Resté au Caire après la libération du Maroc en 1956 par opposition à la monarchie marocaine, l’Emir Abd el-Krim professait toujours les mêmes idées de solidarité intermaghrébine. Il n’était pas le seul Marocain à professer de telles idées mais c’était lui qui le faisait de la manière la plus radicale. Ainsi, le 4 mai 1956, il affirma son refus de voir la question de la décolonisation des trois pays du Maghreb être traitée séparément : « Nous n’acceptons pas de solution de compromis en Algérie, au Maroc ou en Tunisie. Nous voulons l’indépendance totale ». L’Emir Abd el-Krim était partisan d’une solidarité active avec la révolution algérienne qui devait être pour lui le prélude à une révolution maghrébine permettant d’unifier les trois pays. Il déclara refuser revenir au Maroc « avant que le dernier militaire étranger ait quitté le sol maghrébin » et dénonça avec violence la « trahison » des accords d’Evian.

A sa mort le 6 février 1963, le président Gamal Abd en-Nasser lui organisa des funérailles nationales. Depuis cette date, la dépouille de celui qui fut l’un des symboles de la résistance maghrébine à la colonisation, repose en Egypte. Récemment l’Instance Equité et Réconciliation a demandé son rapatriement au Maroc.

Annexe I [9]

Le Manifeste d’Abd el-Krim du 5 janvier 1948

Formation d’un Comité de Libération du Maghreb Arabe

Depuis que Dieu nous a accordé la libération et nous a permis de nous réfugier auprès du grand roi Farouk, nous poursuivons nos efforts pour unir les opinions des dirigeants. Nous le faisons en vue de réaliser la coalition entre tous les partis du Maroc, de l’Algérie et de la Tunisie qui réclament l’indépendance et la constitution d’un seul front afin de poursuivre la lutte pour libérer nos pays du joug colonialiste.

Au moment où les peuples travaillent pour assurer leur avenir, les pays du Maghreb arabe étudient attentivement les moyens de recouvrer l’indépendance dont ils ont été spoliés et leur liberté perdue. Il est donc du devoir de tous les dirigeants maghrébins de s’unir. Tous les partis de l’indépendance doivent également se coaliser et s’aider. Seule cette méthode nous permettra d’atteindre la réalisation de nos buts et de nos aspirations. Les Etats colonialistes, malgré toute leur vanité, ont besoin d’appui et de coopération pour maintenir leur domination impérialiste.

A plus forte raison, nous autres avons besoin d’union. Nous méritons plus encore que justice soit faite et que les bases du colonialisme aveugle s’effondrent. Le colonialisme a été pour nous une calamité. Il a divisé nos opinions et a morcelé notre pays. Il a épuisé nos ressources et nous a entièrement subjugués. Il a dressé des obstacles pour nous écarter de la voie qui mène au progrès, et a tenté, par tous les moyens, de détruire l’ensemble de nos institutions sur lesquelles s’édifient la communauté arabo-islamique.

Je suis heureux d’annoncer que tous les partis maghrébins, dont j’ai consulté les chefs ou les représentants au Caire, ont marqué leur satisfaction à cet appel. J’ai obtenu leur assentiment pour la réalisation et l’expression de leur foi en son utilité pour l’accroissement de nos efforts et l’obtention de l’indépendance que nous souhaitons.

La période que nous avons employée à faire entendre cet appel a été pleine de fécondité et de bénédiction pour nos pays. Je me suis entendu avec les chefs et les représentants des partis, avec lesquels j’ai eu des contacts, pour former un Comité de libération du Maghreb arabe, groupant tous les partis de l’indépendance de la Tunisie, de l’Algérie et du Maroc. Son action s’inspirera des principes du pacte suivant :

1- Le Maghreb arabe doit son existence à l’islam. Il a vécu par l’islam et c’est selon l’islam qu’il continuera à se diriger au cours de son avenir.

2- Le Maghreb arabe fait indissolublement partie des pays arabes et sa collaboration avec la Ligue arabe est chose naturelle et nécessaire.

3- L’indépendance espérée pour le Maghreb arabe est une indépendance complète pour l’ensemble des trois pays qui le composent : la Tunisie, l’Algérie et le Maroc.

4- Aucun autre but ne sera poursuivi préalablement à l’indépendance.

5- Aucune négociation sur des points particuliers avec l’occupant colonialiste, tant que durera le régime actuel.

6- Pas de négociation avant l’indépendance.

7- Il appartient aux partis membres du Comité de libération du Maghreb arabe d’ouvrir des pourparlers avec les représentants des gouvernements français et espagnol, à la condition de tenir le Comité au courant, point par point, de l’évolution de ces pourparlers.

8- L’obtention, par l’un des trois pays de l’indépendance complète, ne dispensera pas le Comité du devoir de poursuivre la lutte pour la libération des autres.

Tel est le pacte que nous avons noué, qui inspirera notre conduite et dont les principes guideront notre action. Je lui ai donné mon agrément, avec mon frère M’hamed, de même qu’ont fait tous les chefs et tous les représentants des partis maghrébins dont les noms suivent :

- Le Vieux Destour (Tunisie)

- Le Néo-Destour (Tunisie)

- Le Parti du Peuple Algérien

- Parti Wahda (Maroc)

- Parti de la Réforme Nationale (Islah, Maroc)

- Parti Démocratique marocain (Choura)

- Istiqlal (Maroc)

Nous avons écrit à tous les autres partis pour leur demander leur accord définitif sur la constitution d’un Comité. Nous leur avons également demandé de ratifier le Pacte et de désigner officiellement leurs représentants.

Désormais, notre cause entre dans une phase décisive. Nous affronterons dorénavant les usurpateurs comme un seul bloc, se composant de vingt-cinq millions d’hommes rassemblés autour d’un programme et déployant leurs efforts vers un objectif unique : l’indépendance complète pour l’ensemble des pays du Maghreb arabe.

Nous nous emploierons à atteindre cet objectif, par tous les moyens, aussi bien à l’extérieur qu’à l’intérieur de nos pays, chaque fois que nous en trouverons la possibilité. Désormais, l’occupant colonialiste ne trouvera plus l’opportunité de contrecarrer notre résolution. Il ne sèmera plus de discorde entre nous, en exploitant la multiplicité des partis et les divergences d’opinion pour nous asservir et consolider ses positions dans nos pays.

Nous considérons que, dans nos trois pays, notre cause est une seule et même cause. Nous affronterons le colonialisme, solidement unis. Nous n’accepterons aucune solution ne réalisant pas notre indépendance complète et notre souveraineté totale.

Nous espérons cependant que les Français et les Espagnols feront droit à nos revendications, sans effusion de sang. Sans doute auront-ils compris, grâce à leurs expériences passées, que l’emploi de la force et de la violence pour continuer à asservir nos patries et imposer le silence à la voix que nous élevons pour réclamer la liberté et l’indépendance est maintenant inopérante, et qu’il vaut mieux, dans leur propre intérêt, se hâter de dénoncer les chaînes du colonialisme, grâce à une compréhension mutuelle, qui permettrait de prendre en considération les intérêts respectifs de chacune des deux parties.

Mais s’ils s’écartent de cette voie, ils seront, certes responsables des modifications que nous apporterons à notre ligne de conduite ; car nous ne serons pas longs, si nous désespérons d’obtenir notre liberté par la compréhension et la persuasion, à l’obtenir grâce au sacrifice de vies humaines.

En proclamant la constitution du Comité de libération du Maghreb arabe, j’adresse aux peuples du Maghreb mes félicitations, espérant que Dieu, le Très-Haut et le Tout-Puissant, les aidera dans leur lutte, affermira leur résolution et rendra durable leur union.

En adressant également mes félicitations et mes remerciements aux Etats et aux peuples arabes, pour l’aide qu’ils ont apporté à la cause de Maghreb arabe, je ne doute pas un instant qu’ils n’accueillent favorablement la constitution de ce Comité et qu’ils ne l’aident dans sa tâche.

Je me réjouis, pour terminer, de pouvoir féliciter nos frères, qui mènent le Djihad pour la Palestine-sœur, leur souhaitant la libération et les assurant de la collaboration de tous les pays maghrébins et de leur résolution de prendre toutes les dispositions pour participer à la délivrance de leur pays et pour la conservation de son unité et de son caractère arabe.
Le Caire, 5 janvier1948
Abd el-Krim






[1] Julien Charles-André, L’Afrique du Nord en marche, Omnibus, Paris, 2002, page 130


[2] Les conséquences de l’utilisation de ces gaz se fait encore sentir dans la région.


[3] Julien Charles-André, L’Afrique du Nord en marche, op. cit., page 318


[4] Bulletin intérieur du PPA-MTLD n°9, août 1947, CAOM 4I 9


[5] Un certain Mohammed Boukharouba, plus tard connu sous le nom de Houari Boumédienne, fut membre des commandos nord-africains de l’Emir Abd el-Krim.


[6] Cf. annexe I


[7] Cf. annexe I


[8] Julien Charles-André, L’Afrique du Nord en marche, op. cit., page 319


[9] Kaddache Mahfoud, Histoire du nationalisme algérien, tome II, , op. cit., page 914-916



Youssef Girard

http://www.marocainsdalgerie.net

lurchar21

lurchar21

La seule question que je me pose.
C'est , pourquoi l'histoire de cet honorable homme n'a jamais etait programmee et enseignee dans les ecoles des pays Arabes tels que le Maroc, l'Algerie ainsi que la Tunisie?
L 'histoire de Abdelkarim et le Rif se repose et peut s'apprendre seulement dans les bibliotheques des pays sois disants ennemis , comme l'Espagne , la France et l'Angleterre.
L'histoire de Abdelkarim et les combattants Rifains ,moi personnelement je l'est appris par mes parents et dans les Bibliotheques Anglaises et Francaises.
Qu'elles sont les raisons derriere cette decision a isoler cette histoire heroique?

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