Enquête de l’ONU, déclarations discourtoises de l’ambassadeur de Grande-Bretagne sur l’état politique du pays et consultations de l’ambassade américaine au sujet du troisième mandat… Devons-nous renoncer à l’illusion de l’estime retrouvée de la communauté internationale ?
Ici comme dans d’autres domaines, il semble que le discours n’arrive pas à forcer la réalité d’un fiasco politique.
Apprivoiser les islamistes et les partenaires étrangers compensait largement la contestation de voix réfractaires à la logique du programme présidentiel. Rendre la paix à l’Algérie, puis lui rendre sa place au sein des nations : “que demande le peuple ?” dirait-on.
Après la “réconciliation nationale”, “l’Algérie de la dignité”. Un tel programme se légitimerait de lui-même. Et justifierait toutes les entorses à la démocratie.
Le bilan de la réconciliation est tel que le slogan de “la paix revenue” est de moins en moins déclamé dans le discours officiel. Une fois consommées les échappatoires des “ennemis de la réconciliation nationale” et de la “main de l’étranger”, le thème du terrorisme est retombé dans le domaine de la stricte sécurité animé par le ministre de l’Intérieur et le directeur général de la Sûreté nationale : il n’est plus question que de vigilance, de stratégie, d’effectifs et de matériels.
La diplomatie n’a pas été plus heureuse. L’écart entre l’activisme diplomatique et son effet est particulièrement illustré par les relations avec la France. Depuis 1999, l’échange de visites ministérielles s’est maintenu à une moyenne de plus de dix déplacements par an dans les deux sens. Avec comme résultat palpable une “déclaration d’Alger”, puis quelques contrats pour cinq milliards d’euros, le tout ne pouvant pas faire oublier la déconvenue du “traité d’amitié”. D’importants contentieux semblent encombrer nos relations avec la Russie, allié traditionnel, à propos de la qualité des avions livrés, et avec l’Espagne voisin au sujet du prix du gaz et du contentieux entre Sonatrach et Repsol.
Plus généralement, les dossiers qui hypothèquent notre stabilité et notre développement, la question du Sahara occidental et la construction du Maghreb n’ont pas beaucoup avancé. Ces encombres sont sûrement le fait de la mauvaise volonté des partenaires. Mais, en tout état de cause, on peut constater qu’en diplomatie, il y a peu de réalisations à faire valoir. Et même quelques reculs à déplorer.
La démarche est d’autant plus déplorable que la stratégie de relance économique avait beaucoup misé sur l’afflux d’IDE, à tel point que les secteurs économiques ont conçu une véritable diplomatie parallèle investissant à tour de bras dans les forums et les visites de délégations. Ni les amabilités des invités des pays occidentaux ni les engagements des frères arabes n’ont été suivis de quelque remarquable effet.
Comme le social, l’éducation, la santé et d’autres secteurs, le développement, laissé pour compte en attendant la consécration de la paix et de notre place dans le concert des nations, a été mis en dépendance de nos relations internationales. Il subit donc le contrecoup de l’échec diplomatique.
Il semble que le pouvoir est en train d’être rattrapé par son choix de l’illusionnisme diplomatique.
Par :Mustapha Hammouche
Liberté
Ici comme dans d’autres domaines, il semble que le discours n’arrive pas à forcer la réalité d’un fiasco politique.
Apprivoiser les islamistes et les partenaires étrangers compensait largement la contestation de voix réfractaires à la logique du programme présidentiel. Rendre la paix à l’Algérie, puis lui rendre sa place au sein des nations : “que demande le peuple ?” dirait-on.
Après la “réconciliation nationale”, “l’Algérie de la dignité”. Un tel programme se légitimerait de lui-même. Et justifierait toutes les entorses à la démocratie.
Le bilan de la réconciliation est tel que le slogan de “la paix revenue” est de moins en moins déclamé dans le discours officiel. Une fois consommées les échappatoires des “ennemis de la réconciliation nationale” et de la “main de l’étranger”, le thème du terrorisme est retombé dans le domaine de la stricte sécurité animé par le ministre de l’Intérieur et le directeur général de la Sûreté nationale : il n’est plus question que de vigilance, de stratégie, d’effectifs et de matériels.
La diplomatie n’a pas été plus heureuse. L’écart entre l’activisme diplomatique et son effet est particulièrement illustré par les relations avec la France. Depuis 1999, l’échange de visites ministérielles s’est maintenu à une moyenne de plus de dix déplacements par an dans les deux sens. Avec comme résultat palpable une “déclaration d’Alger”, puis quelques contrats pour cinq milliards d’euros, le tout ne pouvant pas faire oublier la déconvenue du “traité d’amitié”. D’importants contentieux semblent encombrer nos relations avec la Russie, allié traditionnel, à propos de la qualité des avions livrés, et avec l’Espagne voisin au sujet du prix du gaz et du contentieux entre Sonatrach et Repsol.
Plus généralement, les dossiers qui hypothèquent notre stabilité et notre développement, la question du Sahara occidental et la construction du Maghreb n’ont pas beaucoup avancé. Ces encombres sont sûrement le fait de la mauvaise volonté des partenaires. Mais, en tout état de cause, on peut constater qu’en diplomatie, il y a peu de réalisations à faire valoir. Et même quelques reculs à déplorer.
La démarche est d’autant plus déplorable que la stratégie de relance économique avait beaucoup misé sur l’afflux d’IDE, à tel point que les secteurs économiques ont conçu une véritable diplomatie parallèle investissant à tour de bras dans les forums et les visites de délégations. Ni les amabilités des invités des pays occidentaux ni les engagements des frères arabes n’ont été suivis de quelque remarquable effet.
Comme le social, l’éducation, la santé et d’autres secteurs, le développement, laissé pour compte en attendant la consécration de la paix et de notre place dans le concert des nations, a été mis en dépendance de nos relations internationales. Il subit donc le contrecoup de l’échec diplomatique.
Il semble que le pouvoir est en train d’être rattrapé par son choix de l’illusionnisme diplomatique.
Par :Mustapha Hammouche
Liberté