Oscillant entre un besoin de justice et un nécessaire pardon afin de cimenter son unité nationale, la Mauritanie se penche sur les exactions contre la minorité noire dans les années 1980-1990, à l'occasion du rapatriement prochain de 24.000 réfugiés négro-mauritaniens.
Des "journées de concertation" se sont tenues cette semaine pour évoquer les questions liées au retour, à l'accueil et à la réinsertion de Négro-mauritaniens expulsés, essentiellement vers le Sénégal, lors de violences inter-ethniques à la frontière entre les deux pays entre 1989 et 1991.
Le "passif humanitaire" de l'ancien régime de Maaouiya Ould Taya (1984-2005), auteur d'exactions contre les populations non arabes (20% de la population environ) durant cette période, était également au centre de ces journées.
Après des années de passivité, voire de déni du régime d'Ould Taya, l'étude de ces questions est à mettre au crédit du président Sidi Ould Cheikh Abdallahi, élu le 25 mars au terme d'une transition menée par une junte ayant renversé Taya.
Le nouveau président, qui avait affiché pendant la campagne sa volonté de réconcilier les Mauritaniens autour de ces sujets sensibles, a rapidement honoré ses engagements.
Pour la première fois depuis 1986, son régime a rencontré les principaux mouvements négro-mauritaniens en exil et a conduit en parallèle des négociations avec le Sénégal et le Mali pour le rapatriement des Négro-Mauritaniens "déportés" le long du fleuve Sénégal séparant les deux pays.
Les opérations de retour doivent débuter en décembre, et selon le Haut commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR), 12.600 réfugiés ont déjà exprimé le souhait de rejoindre les 35.000 membres de leur communauté déjà revenus au pays en 1997-1998.
Les journées de consultation, tenues cette semaine pour impliquer tous les acteurs du pays dans le règlement de ces questions, comptaient la présence de représentants des réfugiés, de la société civile, d'ONG et de plusieurs organisations internationales.
Les discussions ont abouti à un consensus sur une solution qui "devra tenir compte des devoirs de mémoire et de pardon pour la Nation, de justice et de réparation pour les victimes", même s'il recommande une poursuite des concertations sur la question "sensible" du "passif humanitaire".
Moustapha Touré, porte-parole des associations de réfugiés mauritaniens au Sénégal et au Mali, s'est déclaré "très optimiste suite à ces journées".
"Nous avons assisté à des débats houleux et c'est un bon signe car tout le monde prend la question à coeur. Même si on doit exclure le principe de plainte collective, (...) tout individu qui se sentirait lésé doit pouvoir réclamer justice", a-t-il affirmé.
Sy Abou, ancien militaire responsable du Collectif des victimes de la répression (CVR), estime que "la responsabilité dans les évènements de 1989-91 est bien celle d'un Etat et non d'individus qui sont sous les ordres de leur chef (Ould Taya) et de ce fait il appartient à l'Etat de trouver les solutions adéquates aux conséquences de ce désastre".
Pour lui, "le pardon doit être demandé individuellement aux victimes, par l'intermédiaire d'une commission gouvernementale qui leur rendrait visite dans leurs foyers".
"Ceux qui réclament le jugement de tortionnaires n'ont rien compris à la Mauritanie, parce qu'ils vivent à l'exterieur", a-t-il affirmé à l'endroit de certains militants de droit de l'Homme.
Pour Meimouna Sy, expulsée et rentrée au pays dans les années 1990, "le pardon se trouve dans notre culture islamique", car souligne-t-elle, "j'ai élevé mes enfants dans la douleur et le besoin mais ils n'ont jamais reçu de moi une quelconque éducation de revanche".
Des "journées de concertation" se sont tenues cette semaine pour évoquer les questions liées au retour, à l'accueil et à la réinsertion de Négro-mauritaniens expulsés, essentiellement vers le Sénégal, lors de violences inter-ethniques à la frontière entre les deux pays entre 1989 et 1991.
Le "passif humanitaire" de l'ancien régime de Maaouiya Ould Taya (1984-2005), auteur d'exactions contre les populations non arabes (20% de la population environ) durant cette période, était également au centre de ces journées.
Après des années de passivité, voire de déni du régime d'Ould Taya, l'étude de ces questions est à mettre au crédit du président Sidi Ould Cheikh Abdallahi, élu le 25 mars au terme d'une transition menée par une junte ayant renversé Taya.
Le nouveau président, qui avait affiché pendant la campagne sa volonté de réconcilier les Mauritaniens autour de ces sujets sensibles, a rapidement honoré ses engagements.
Pour la première fois depuis 1986, son régime a rencontré les principaux mouvements négro-mauritaniens en exil et a conduit en parallèle des négociations avec le Sénégal et le Mali pour le rapatriement des Négro-Mauritaniens "déportés" le long du fleuve Sénégal séparant les deux pays.
Les opérations de retour doivent débuter en décembre, et selon le Haut commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR), 12.600 réfugiés ont déjà exprimé le souhait de rejoindre les 35.000 membres de leur communauté déjà revenus au pays en 1997-1998.
Les journées de consultation, tenues cette semaine pour impliquer tous les acteurs du pays dans le règlement de ces questions, comptaient la présence de représentants des réfugiés, de la société civile, d'ONG et de plusieurs organisations internationales.
Les discussions ont abouti à un consensus sur une solution qui "devra tenir compte des devoirs de mémoire et de pardon pour la Nation, de justice et de réparation pour les victimes", même s'il recommande une poursuite des concertations sur la question "sensible" du "passif humanitaire".
Moustapha Touré, porte-parole des associations de réfugiés mauritaniens au Sénégal et au Mali, s'est déclaré "très optimiste suite à ces journées".
"Nous avons assisté à des débats houleux et c'est un bon signe car tout le monde prend la question à coeur. Même si on doit exclure le principe de plainte collective, (...) tout individu qui se sentirait lésé doit pouvoir réclamer justice", a-t-il affirmé.
Sy Abou, ancien militaire responsable du Collectif des victimes de la répression (CVR), estime que "la responsabilité dans les évènements de 1989-91 est bien celle d'un Etat et non d'individus qui sont sous les ordres de leur chef (Ould Taya) et de ce fait il appartient à l'Etat de trouver les solutions adéquates aux conséquences de ce désastre".
Pour lui, "le pardon doit être demandé individuellement aux victimes, par l'intermédiaire d'une commission gouvernementale qui leur rendrait visite dans leurs foyers".
"Ceux qui réclament le jugement de tortionnaires n'ont rien compris à la Mauritanie, parce qu'ils vivent à l'exterieur", a-t-il affirmé à l'endroit de certains militants de droit de l'Homme.
Pour Meimouna Sy, expulsée et rentrée au pays dans les années 1990, "le pardon se trouve dans notre culture islamique", car souligne-t-elle, "j'ai élevé mes enfants dans la douleur et le besoin mais ils n'ont jamais reçu de moi une quelconque éducation de revanche".
Dernière édition par Admin le Jeu 28 Fév - 0:08, édité 1 fois