Un collectif de 150 familles,soit 4.000 soldats mauritaniens accusent l’Algérie et le Polisario de torture et s'apprêtent à porter plainte contre les tortionnaires des deux parties. Ce dernier crie à la machination. Flash-back et témoignages.
« J'ai été mis dans une cellule et on m'a bandé les yeux. Durant cinq ans, je ne savais pas s'il faisait jour ou nuit». Ce témoignage pourrait correspondre à l'enfer vécu par un détenu marocain durant les années de plomb. Il n'en est rien. En réalité, il s'agit de déclarations faites par un Mauritanien, Mohamed Ely Kherchy, au magazine «Reporter» de la chaîne d'infos en continue «Euronews». Ely Kherchy affirme avoir été torturé par le front Polisario en 1979.
Il en porte encore les stigmates. Et des Mauritaniens comme lui, il en existerait 4.000, selon la chaîne «Euronews». Plusieurs sont portés disparus . Leurs familles ne savent toujours pas quel sort leur a été réservé. Ould Moulaya El Hassan est le frère d'une des victime. Officiellement, son frère est porté disparu. Officieusement, tout le monde sait qu'il est mort. «Il a été torturé pendant les sept années qu'il a passées en prison», témoigne El Hassan aux côtés du père, encore sous le choc.
Pendant toutes ces années, le sort de ces soldats mauritaniens est resté un tabou chez notre voisin du sud. Plus maintenant. Un collectif regroupant 150 familles de victimes a été créé l'année dernière sous l'impulsion du Parti communiste démocrate mauritanien. Lors d'une réunion en juin 2007, 140 des 150 familles étaient représentées au cours d'une grande conférence qu'à couverte la presse étrangère et surtout française. Ce qui explique l'intérêt d'Euronews pour le sujet.
Un responsable du collectif affirme : «même si les victimes sont certainement plus nombreuses, les dossiers de ces 150 cas sont extrêmement bien documentés et même Transparency international en tient désormais compte». Ce collectif se préparerait à porter plainte officiellement contre le Polisario. «D'après des amis qui travaillent au sein de ce collectif, un avocat espagnol a été chargé du dossier. Il portera plainte en octobre contre les exactions perpétrées par le Front», poursuit notre source.
Comment tout cela a-t-il commencé ? Nous sommes à la fin des années 1970. Le Maroc est en pleine guerre sur deux fronts : avec les séparatistes du Polisario d'un côté, mais également contre la Mauritanie, qui lorgne le Sahara au même titre que le royaume. Plusieurs Mauritaniens s'engagent au côté du front pour barrer la route aux velléités marocaines qu'ils considéraient expansionnistes. Seulement, la lune de miel ne dure pas longtemps. Les militaires du Polisario se posent des questions sur les motivations réelles de ces nouveaux combattants. En 1988, une vaste campagne «d'assainissement» est orchestrée par le front.
Le Polisario arrête les soldats mauritaniens en grand nombre, dénonçant ce qu'il appelle : «le réseau des Mauritaniens agents du Maroc». Commence alors une chasse aux aveux. Les « indépendantistes » essayent, par le biais de la torture, de faire dire à ces soldats qu'ils travaillent pour les services marocains ou la CIA. D'autres raisons sont avancées. «Comme le Polisario est un mouvement révolutionnaire, il voyait d'un mauvais œil le mode de vie des Mauritaniens. Le port de l'habit traditionnel décontracté, les longues poses thé dérangeaient le Polisario à un très haut point», explique un fin connaisseur du dossier. Le risque que la nonchalance mauritanienne, qui influe sur le moral des troupes séparatistes en pleine guerre, était considérée non négligeable par la « RASD ». Pour le Polisario, ces accusations ne sont guère plus qu'une nouvelle manœuvre marocaine pour discréditer le front. «La meilleure attitude que devrait observer le Maroc, c'est de ne pas intervenir afin de ne pas cautionner les dires du Polisario. Le dossier est assez solide», conclut notre source.
Zakaria Choukrallah
Source: Le Soir Echos
« J'ai été mis dans une cellule et on m'a bandé les yeux. Durant cinq ans, je ne savais pas s'il faisait jour ou nuit». Ce témoignage pourrait correspondre à l'enfer vécu par un détenu marocain durant les années de plomb. Il n'en est rien. En réalité, il s'agit de déclarations faites par un Mauritanien, Mohamed Ely Kherchy, au magazine «Reporter» de la chaîne d'infos en continue «Euronews». Ely Kherchy affirme avoir été torturé par le front Polisario en 1979.
Il en porte encore les stigmates. Et des Mauritaniens comme lui, il en existerait 4.000, selon la chaîne «Euronews». Plusieurs sont portés disparus . Leurs familles ne savent toujours pas quel sort leur a été réservé. Ould Moulaya El Hassan est le frère d'une des victime. Officiellement, son frère est porté disparu. Officieusement, tout le monde sait qu'il est mort. «Il a été torturé pendant les sept années qu'il a passées en prison», témoigne El Hassan aux côtés du père, encore sous le choc.
Pendant toutes ces années, le sort de ces soldats mauritaniens est resté un tabou chez notre voisin du sud. Plus maintenant. Un collectif regroupant 150 familles de victimes a été créé l'année dernière sous l'impulsion du Parti communiste démocrate mauritanien. Lors d'une réunion en juin 2007, 140 des 150 familles étaient représentées au cours d'une grande conférence qu'à couverte la presse étrangère et surtout française. Ce qui explique l'intérêt d'Euronews pour le sujet.
Un responsable du collectif affirme : «même si les victimes sont certainement plus nombreuses, les dossiers de ces 150 cas sont extrêmement bien documentés et même Transparency international en tient désormais compte». Ce collectif se préparerait à porter plainte officiellement contre le Polisario. «D'après des amis qui travaillent au sein de ce collectif, un avocat espagnol a été chargé du dossier. Il portera plainte en octobre contre les exactions perpétrées par le Front», poursuit notre source.
Comment tout cela a-t-il commencé ? Nous sommes à la fin des années 1970. Le Maroc est en pleine guerre sur deux fronts : avec les séparatistes du Polisario d'un côté, mais également contre la Mauritanie, qui lorgne le Sahara au même titre que le royaume. Plusieurs Mauritaniens s'engagent au côté du front pour barrer la route aux velléités marocaines qu'ils considéraient expansionnistes. Seulement, la lune de miel ne dure pas longtemps. Les militaires du Polisario se posent des questions sur les motivations réelles de ces nouveaux combattants. En 1988, une vaste campagne «d'assainissement» est orchestrée par le front.
Le Polisario arrête les soldats mauritaniens en grand nombre, dénonçant ce qu'il appelle : «le réseau des Mauritaniens agents du Maroc». Commence alors une chasse aux aveux. Les « indépendantistes » essayent, par le biais de la torture, de faire dire à ces soldats qu'ils travaillent pour les services marocains ou la CIA. D'autres raisons sont avancées. «Comme le Polisario est un mouvement révolutionnaire, il voyait d'un mauvais œil le mode de vie des Mauritaniens. Le port de l'habit traditionnel décontracté, les longues poses thé dérangeaient le Polisario à un très haut point», explique un fin connaisseur du dossier. Le risque que la nonchalance mauritanienne, qui influe sur le moral des troupes séparatistes en pleine guerre, était considérée non négligeable par la « RASD ». Pour le Polisario, ces accusations ne sont guère plus qu'une nouvelle manœuvre marocaine pour discréditer le front. «La meilleure attitude que devrait observer le Maroc, c'est de ne pas intervenir afin de ne pas cautionner les dires du Polisario. Le dossier est assez solide», conclut notre source.
Zakaria Choukrallah
Source: Le Soir Echos